BARBENTANE

en septembre 1918

Septembre 1918 dans le monde en guerre, suite...

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Guy

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Le 29, c'est l'ensemble des troupes franco-britannique-US, accompagné par 150 chars, qui se ruent sur les fortifications. Dans les heures qui suivent, le souterrain en construction de Riqueval, puissamment fortifié par les Allemands, est aux mains des troupes US et les Australiens franchissent le canal de Saint-Quentin sur le pont de Riqueval, le seul encore intact, pour poursuivre leur offensive en direction de Montbrehain au nord de Saint-Quentin. Le soir, ils sont sur une ligne Bony-Bellicourt-Bellenglise. Le 30, l'armée française du général Marie-Eugène Debeney qui arrive par le sud attaque directement Saint-Quentin. Les Britanniques prennent Beaurevoir et progressent dans la ligne Hindenburg jusqu'à sa troisième ligne de défense. Le soir, le général Henry Seymour Rawlinson écrit pour ses mémoires "Si les boches n'avaient pas montré de tels signes de démoralisation, je n'aurais jamais envisagé d'attaquer la ligne Hindenburg. Si elle avait été défendue par les Allemands d’il y a deux ans, elle aurait certainement été imprenable"...

La Cinquième Bataille d’Ypres. C'est la dernière offensive de septembre voulue par Foch. Sous le commandement d’Albert Ier, roi des Belges, elle est menée par 12 divisions belges, 10 divisions britanniques et 6 divisions françaises. Elle débute le 28, dès l'aube, sur une ligne entre Dixmude-Ploegsteert. La poussée est irrésistible, en terrain plat, soutenus par des chars, les Alliés progressent de près de 10 kilomètres dès le premier jour. Ils enlèvent la forêt d'Houthulst, Gheluwelt et Passchendaele. Le lendemain, l'attaque atteint la route Menin-Roulers. Le 30, ils prennent Dixmude à 17 kilomètres au nord-est d'Ypres. Mais la progression est victime de son succès, le ravitaillement ne parvient plus à suivre...

Dans la Guerre Aérienne. Elle est devenue très efficace, du moins pour les Alliés, mais très dangereuse pour les soldats des Empires centraux. Sur tous les fronts, de la mer du Nord aux confins du Moyen-Orient, elle sert maintenant à tout. A faire la guerre, à transporter le courrier, des bombardiers démunis de leurs bombes transportent du fret. En Palestine, elle est aussi indispensable que des milliers de fantassins et de cavaliers. Les avions sont les yeux par la reconnaissance aérienne, la cavalerie par ses actions de bombardement sur les arrières turcs, mais aussi le service de transport de l'armée britannique. Le commandant Lawrence, isolé, ne cesse de la réclamer pour assister et approvisionner ses Bédouins...

Le 7 septembre, Rudolf Hess, 24 ans, inapte aux combats de fantassins pour cause  de blessures de guerre, devient pilote de chasse au camp de Lechfeld près d'Augsbourg(5). Le 12, l'as US aux 16 victoires, le lieutenant David Putnam âgé de 22 ans, spécialiste des actions en profondeur derrière les lignes ennemis, est abattu par l'as allemand Georg von Hantelmann près de Limey dans la Meurthe-et-Moselle. Le 16, l'as français aux 35 victoires, Maurice Boyau est tué à Mars-la-Tour dans la Meurthe-et-Moselle lors de la bataille du saillant de Saint-Mihiel. Cet international de rugby à XV a 6 sélections en équipe de France et il était le capitaine de l'équipe lors des deux derniers matches du tournoi des Cinq Nations en 1914. Le 21, l’aviation alliée abat une quarantaine d’appareils allemands dans la journée. Les villes de Cologne, Coblence, Mannheim, Karlsruhe, Mayence, Stuttgart et Metz sont régulièrement bombardées...

Le 26, l'as français, le lieutenant René Fonck, renouvelle son exploit du 9 mai précédent et abat de nouveau 6 avions ennemis dans la journée. Il finira la guerre comme probablement le militaire français le plus décoré pour faits de guerre : il est titulaire de la Médaille militaire ; la Croix de guerre à 28 palmes pour ses citations à l'ordre de l'armée, et une étoile de bronze pour sa citation à l'ordre du régiment ; chevalier de la Légion d'honneur, puis officier (plus tard il sera nommé commandeur, puis Grand officier) ; il reçoit du Royaume-Uni la Distinguished Conduct Medal (médaille de la Conduite distinguée), la Croix et la Médaille militaire ; il est titulaire de la Croix de guerre belge...

Dans la Guerre Maritime. En septembre, malgré un accroissement phénoménal de la circulation maritime, c'est le grand déclin des U-Boote. S'approcher des navires alliés qui circulent quasiment tous en convois devient de plus en plus dangereux, alors ils s'attaquent au menu fretin et le tonnage coulé s'en ressent, il passe à moins de 200 000 tonnes de navires coulés. Comme pour les avions, les sous-marins arrivent à bout de souffle, même les derniers sortis, ne peuvent rivaliser avec la multiplication des patrouilles dont les grenades maritimes deviennent plus puissantes et peuvent blesser un sous-marin à près de 100 mètres de distance. De plus, des navires de guerre commencent à être équipés avec des Sonar, moyen acoustique qui permet déjà à cette époque de repérer des sous-marins à plus de 500 mètre de distance...

Le bilan du mois pour les U-Boote est catastrophique, le pire depuis plus de deux ans. Au total, 109 navires sont coulés et 14 autres endommagés. Comme toujours, ce sont les Britanniques qui payent le plus cher avec 57 navires touchés, ils sont suivis par les Français et les Italiens avec 12 navires, 11 Portugais, 10 Grecs, 9 Étasuniens, 6 Norvégiens, 3 Danois, 2 Suédois et 1 Belge...

En septembre, c'est le retour des terre-neuvas chargés de morues, ce sont des proies faciles, lentes et désarmées, les sous-marins s'en régalent. Le 1er septembre, le terre-neuvas français Ami de Dieu est coulé au canon sans perte humaine au large de Brest par l'U-53. Un peu plus tard, le même sous-marin coule toujours au canon un autre terre-neuvas français l'Étoile Polaire, un marin est tué. Le lendemain il récidive avec l'Hirondelle et le Nicolazic. Le 3, le vapeur portugais Brava est coulé à la torpille près des côtes britanniques par l'UB-125, 17 marins périssent. Le 4, l'U-22 rentre dans la baie de Lisbonne et coule 2 petits voiliers, le Santa Maria et le Villa Franca. Le 5, alors que le paquebot US Mount Vernon, un ancien navire allemand réquisitionné en 1917, rentre aux USA après une livraison de Sammies à Brest, il est touché par une torpille lancée par l'U-82. Elle frappe le navire à la hauteur de ses chaudières, 36 marins sont tués, 13 sont blessés. Les équipes de réparation réussissent à sauver le navire gravement endommagé qui parvient à rejoindre Brest par ses propres moyens. Le même jour, l'UC-91 coule après avoir heurté le vapeur allemand Alexandra Woermann dans la mer Baltique, 16 marins sont tués. Le 7 dans le golfe de Thessalonique, l'UB-82 coule le cargo italien Vicenza sans faire de victime. Le 8, les destroyers britanniques Amphitrite et Nessus entrent en collision dans la mer du Nord, le Nessus coule peu après sans perte humaine. Le 9, l'U-89 saute sur une mine dans la mer du Nord, ses 39 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le même jour, l'U-92 disparaît au nord de l'Écosse probablement victime d'une mine, ses 42 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 10 dans la mer du Nord, le destroyer britannique Ophelia coule à la grenade l'UB-83, ses 37 marins sont tous portés disparus. Le 12 dans le golfe d'Alexandrie, l'U-65 coule à la torpille le paquebot britannique Sania, 55 marins sont tués. Le 13, le cargo français Amiral Charnier qui fait route de Marseille vers Salonique chargé de chevaux et de fret est torpillé à mort par l'U-41 au large de la Sicile. Les marins ne peuvent pas sauver les bêtes, mais aucun homme n'est tué. Le 14, l'UB-133 disparaît en longeant les côtes belges, ses 39 servants sont tous portés disparus. Le 15, le cargo britannique Kendal Castle est coulé dans la Manche par l'UB-104 au large du Havre, 18 marins périssent. Le 16 à 18h15, dans le port de Douvres, le magasin d'obus de 6 pouces du monitor britannique Glatton prend feu. L'incendie est tel qu'il devient impossible à maîtriser, ce qui met tout le port en émoi car à proximité se trouve le cargo britannique Gransha chargé de munition qui, s'il vient à exploser, peut raser la ville. Alors le vice-amiral britannique, Roger Keyes, prend la décision de couler le navire avant son explosion. Il ordonne au destroyer Cossack de torpiller le navire en feu, mais les deux torpilles lancées de trop près sont défaillantes. Ordre est alors donné au destroyer Myngs d'en faire de même. Enfin, à 18h30 le navire coule et l'incendie s'éteint. Le bilan est lourd, 60 marins sont directement tués, 124 sont blessés et 19 mourront des suites de leurs brûlures. Le même jour à 20h45, le cargo US Buena Ventura qui fait route vers les USA est coulé par 2 torpilles tirées de l'U-46 au large du golfe de Gascogne. Les explosions tuent 18 marins, 45 des marins survivants montent dans deux chaloupes et ils seront secourus dans la nuit par le destroyer Téméraire. Le commandant avec 27 autres membres d'équipage partent en dernier dans une troisième chaloupe passablement abîmée ils seront secourus le lendemain par le navire espagnol Lola. Le 17, l'U-27 coule au canon deux voiliers italiens le Portaritissa et le Sofia au nord de la Crête sans faire de victime. Le 18, il récidive en coulant deux voiliers grecs l'Adelphotis et le Agios Amma dans la même zone. Le 19, c'est la mise en service opérationnelle du porte-avion britannique Argus, premier navire au monde spécialement conçu pour lancer et récupérer des avions à roue. Le 20, de nouveau l'U-27 coule 6 voiliers grecs encore au nord de la Crête et toujours sans faire de victime. Le 21, l'UB-104 disparaît dans la Manche, ses 36 servants sont tous portés disparus. Le 22, le remorqueur britannique Elise est coulé par l'UB-34 dans la mer du Nord, 14 marins périssent. Le 25, le terre-neuvas français Gloire à Jésus est coulé par l'U-46 au sud-ouest des îles de Scilly sans perte humaine...

Fin de l'épopée de l'U-156. Le 25 septembre, après sa campagne sur les côtes des USA, il signale par radio qu'il va aborder le champ de mines de la mer du Nord pour rejoindre l'Allemagne. Le message est capté par les Britanniques qui dépêchent sur place un sous-marin pour tenter de le couler. Peu après, il périt sans laisser de traces. Ses 77 membres d'équipage sont tous portés disparus. En un an de guerre, il disparaît avec un bilan impressionnant : 45 navires coulés, dont un navire de guerre (le croiseur US San Diego) et 2 navires endommagés, soit la perte totale de 65 000 tonnes pour les Alliés...

Le 26, le croiseur garde-côtes US Tampa est torpillé dans le canal de Bristol par l'UB-91, le navire explose, 115 marins et 16 civils sont tués. Le 27, le terre-neuvas français En Avant est coulé à la torpille près de Boulogne par l'U-54, 6 marins sont tués. Le 28, le cargo britannique Baldersby est torpillé dans la mer d'Irlande par l'UB-91, 2 marins sont tués. Le 29, le cuirassé étasunien Minnesota, de conception ancienne et qui sert de navire école, heurte une mine laissée par l'U-117 près des côtes Nord-Américaines. Gravement endommagé, il parvient à rejoindre le port de Philadelphie où il est réparé. Le même jour, l'UB-115 est pris en chasse à la grenade dans la Mer du Nord le long des côtes de la Grande-Bretagne par les destroyers Ouse, Star et Viola ainsi que par le dirigeable R-27, tous britanniques. Il coule sans laisser de trace et ses 39 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 30 est une journée noire pour la marine. Déjà, l'UC-53 détruit au canon sans perte humaine 4 voiliers italiens dans golfe de Salerne, Puis le dragueur de mines britannique Seagull coule dans la rivière Clyde après sa collision avec un autre navire. Ensuite, c'est le patrouilleur Sealark II qui coule après avoir heurté un autre navire au nord de l'Irlande. Puis c'est le vapeur de la Navy Ticonderoga qui sert de navire de transport qui peine à rester dans un convoi au beau milieu de l'Atlantique à cause d'une avarie de machine. A 5h20, il est attaqué au canon par l'U-152 dans une bataille navale qui dure deux heures. Les deux gros canons du sous-marin ne cessent de ravager le vapeur dans un combat inégal, presque tous les hommes sont blessés, et à 7h45 il commence à couler. Sur les 237 marins et soldats embarqués, 213 périssent, les 22 qui s'embarquent dans un canot de sauvetage seront secourus 4 jours plus tard par le vapeur britannique Moorish Prince, 2 officiers sont faits prisonniers par le sous-marin. Son commandant, le capitaine de corvette James Jonas Madison, recevra la médaille d'honneur à titre posthume pour sa conduite lors de l'attaque. Toujours le même jour, l'U-102 et l'UB-127 sont victimes de mines dans la mer du Nord, leurs 76 servants sont tous portés disparus.

Le Front Italien. Les Austro-Hongrois ne se sont pas résignés à la perte le 13 août de la Punta San Matteo, le plus haut pic de toute la grande Guerre. Depuis cette date, des spécialistes de la montagne nommés Kaiserschützen (protection impériale), sont envoyés pour le reconquérir. Pendant ce temps, les Italiens continuent d'organiser sa défense. Le 3 septembre, précédée d'une intense préparation d'artillerie, dans une opération nommée Gemse (chamois) 150 Kaiserschützen se ruent à l'assaut et, après 4h00 d'effort, ils franchissent le glacier et prennent pied sur le sommet. Du bas, les Italiens considèrent la position comme perdue et effectuent un contre-bombardement à l'aveugle sur les positions fortifiées. Il est meurtrier, aussi bien pour les assaillants que pour les défenseurs. Les Austro-Hongrois perdent 17 hommes, les Italiens 10. C'est la dernière victoire austro-hongroise de la Grande Guerre, un bout de rocher qui culmine à 3 678m entourée de neige éternelle, tout un symbole(6)...

Le 9, les Italiens progressent sur l'Asolone au nord du front, où ils font 61 prisonniers, mais ce ne sont que des raids, pas des batailles. Jusqu'au 24 octobre aucune action d'envergure n'est menée en Italie. Seules des actions locales secondaires sur le Grappa et l'Asiogo sont signalées...

Le Front d'Orient. En dépit de son nom, toutes les batailles dans la région des Balkans se passent en Europe. Mais une Europe un peu particulière, une contrée très morcelée, montagneuse, au climat rude, où chaque vallée a une langue avec une histoire particulière, de petits pays où les maladies endémiques et infectieuses sont légions. Les quasis totalités des États concernés sont toujours agricoles, bien loin de la révolution industrielle, seules une toute petite partie de la Roumanie ainsi qu'une partie du nord de l'Ukraine sont industrialisées. De plus, la Serbie, le Monténégro, l'Albanie, la Bulgarie et la Grèce, n'ont qu'une agriculture de montagne, elle est très rustique, réclame beaucoup de main d'œuvre, toujours à la limite de la disette. On vit chichement, pour ne pas dire très pauvrement. Toutefois les habitants sont farouches, guerriers, les règlements de compte sont ancestraux et toutes les personnes qui se déplacent sont armées...

Les contingents d'Européens de l'ouest qui sont présents sur place, qu'ils soient Allemands ou Alliés, ont d'énormes difficultés pour maintenir les hommes en état de combattre. Le plus souvent la moitié des effectifs est sur le flanc, malade. Pour les Alliés, il faut tout amener par les voies maritimes, y compris les balles des fusils qui ne sont pas, loin s'en faut, aux 'normes' des pétoires locales qui fonctionnent toujours avec de la poudre noire, des billes d'acier quand ce ne sont pas des cailloux. Même la nourriture doit arriver ainsi, y compris le fourrage que les milliers de chevaux importés réclament. Dans ces conditions préparer une offensive demande des délais que ne connaissent pas les armées sur le front franco-belge, ni même sur le front italien...

Il aura fallu près de deux ans, pour que les armées alliées finissent par occuper une ligne de combat continue qui part de la mer Adriatique pour aboutir à la mer Égée. Dans ces pays aux intrigues politiques compliquées, la bataille a été aussi sévère entre les fractions politiques dirigeantes que sur les champs de bataille. Sans oublier les distensions entre les Alliées, souvent en désaccord entre eux sur les objectifs, donc les moyens à accorder à ce front dit secondaire. Les Britanniques préférant, et de loin, accorder plus d'importance à la guerre au Moyen-Orient bien plus prometteuse en retombées économiques. Les Italiens seulement préoccupés par de nouvelles conquêtes coloniales à faire en Albanie et même en Grèce à moindre coût. Les Grecs, qui ne participent que du bout des lèvres, mais qui aimeraient bien conquérir la Macédoine. Les Français, qui eux sont plus vindicatifs, avec le plus de troupes et pour finir les Serbes, certainement les plus engagés pour la reconquête de leur pays. Sans oublier un petit contingent de Monténégrins et aussi de soldats russes, loyalistes au moins aux alliés, qui ne posent aucun problème aux états-majors. Au final, les batailles d'Orient sont menées sur plusieurs fronts. Un front politique, un front sanitaire, un front intra-alliés et en dernier un front militaire. Depuis deux mois, l'avantage numérique est aux Alliés, 650 000 soldats, contre 450 000 Germano-Bulgares, la troupe est quand même essentiellement Bulgare. Question équipement, il en est de même. L'artillerie alliée est maintenant bien équipée avec des canons français de 155mm courts et une petite artillerie de montagne aisément transportable. L'artillerie de tranchée est aussi bien supérieure aux moyens très limités des soldats bulgares, peu équipés de ce genre de matériel et chez qui les grenades sont données au compte-goutte...

A part deux lignes de chemin de fer qui relient la Grèce à la Serbie, moyens indispensables pour mener une guerre 'moderne', tout le reste des acheminements alliés doit se faire en transport hippomobile, ce qui est très pénalisant, surtout en cas d'offensive qui forcément implique des déplacements rapides. Face à cette réalité, les commandants alliés successifs ont toujours préconisé des offensives dans les deux plaines qui sont dotées de la voie ferrée, la vallée de La Cerna à l'ouest et celle du Vadar à l'est. Bien sûr, ce sont aussi des positions que les armées des Empires du centre ont puissamment bétonnées et défendent avec vigueur malgré des effectifs qui ne cessent de diminuer. Petit à petit, les soldats allemands quittent leurs positions pour assurer la guerre en Italie au départ, et ensuite sur le front franco-belge, il en est de même pour les Austro-Hongrois. Par contre, si les soldats allemands sont partis, à part quelques artilleurs, l'essentiel des officiers décideurs sont toujours germaniques. C'est d'ailleurs le général allemand August von Mackensen qui commande l'ensemble des forces germano-austro-bulgares. Mais les soldats bulgares qui en sont à leur septième année de guerre sans discontinuer depuis 1912 et le début des guerres balkaniques, commencent à lâcher pied. De plus, en cette saison, il faut assurer les récoltes qui ne s'annoncent pas fameuses, sinon c'est la famine assurée...

Du coté des Alliés, si comme ses prédécesseurs le général Louis Franchet d'Espèrey a l'œil rivé sur les vallées de la Cerna et du Vadar, il tranche le problème différemment. Si les vallées sont fortifiées, les montagnes ne le sont quasiment pas, alors il décide de bousculer ses ennemis en passant par là. Et, seulement après, il s'affranchira des points fortifiés des plaines en les prenant à revers. C'est un pari, mais toutes les offensives sont des paris. En fait, militairement parlant, il frappe du fort au faible. Pour occuper toute leur ligne défensive, les Bulgares qui ont l'avantage du terrain, sont dispersés, sauf devant Monastir dans La Cerna et au sud de Stroumitza dans le Vadar. Alors, il prépare sa percée sur le massif entre les deux. C'est une chaîne montagneuse, avec le massif du Dobropolié en son centre, à une altitude moyenne de 1 800m, qui monte en pente raide du sud vers le nord, mais redescend en pente douce une fois les cols franchis. Les Bulgares n'ont, à cet endroit, nature du terrain oblige, que deux tranchées défensives, assez rapprochées d'ailleurs, peut-être trop. De plus ils sont en nette infériorité numérique, la valeur de deux divisions contre cinq. C'est seulement dans les plaines plus au nord que certaines défenses en profondeur ont été élaborées, mais peu fortifiées. Pour les stratèges alliés, il suffira de frapper fort, en quelques points concentrés, pour passer les lignes bulgares, et après une fois les verrous des plaines franchis, l'offensive devrait se développer sans peine...

Une guerre de montagne se fait avec des montagnards, pour cela les Alliés sont avantagés, les troupes Serbes et les troupes Coloniales françaises sont des atouts précieux. Tout le monde sait que les attaques vont être rudes, les soldats encore plus que les officiers, mais c'est le propre de ces unités de ne se faire aucune illusion sur leur sort. La préparation est longue, il faut charrier de nuit le plus souvent et à dos de mulets tous les canons de montagne, les mortiers indispensables, les caisses de grenades, les munitions individuelles, en faisant d'incessants voyages sur des pentes raides, mais qui offrent en certains points des abris naturels. Depuis deux mois que la décision est prise, tout l'indispensable est maintenant transporté à proximité des lieux de l'assaut. De son côté, le responsable du secteur le général allemand Friedrich von Scholtz sent bien que les choses bougent, mais que peut-il faire ? S'il déplace ses maigres troupes de réserves vers les montagnes, il dégarnit les plaines, et comme les alliés sont très bien renseignés grâce à leurs avions de reconnaissances, il leur donne de bonnes raisons d'attaquer à cet endroit. De plus il craint une ruse, alors il ne fait rien. Il attend le choc, après il pense pouvoir manœuvrer pour faire face. Du côté des Alliés, Franchet d'Esperey reçoit enfin l'aval des Britanniques pour une attaque que Foch réclame afin de mener la guerre partout où cela est possible. Bien qu'aucune troupe d'assaut britannique ne soit engagée dans l'attaque principale, elles sont indispensables après pour remonter dans la vallée du Vadar. Pour les Italiens, on ne leur demande rien, mais comme ils ne sont pas présents sur place à part une toute petite brigade, c'est sans importance. Le 5 septembre, Franchet d'Esperey avise Foch qu'il sera prêt pour le 15 si la météo reste favorable...

Au matin du 14 les 8 divisions alliées, 6 serbes et 2 françaises, sont prêtes, à 8h00 la préparation d'artillerie qui est prévue d'être courte, mais violente, commence. Alors c'est une pluie d'obus qui tombe sur les 8 kilomètres environ du front de l'attaque entre Kamene et Sokol. Par manque de moyens, elle n'a pas l'intensité des préparations du front occidental, mais elle se révèle largement suffisante pour détruire en partie, surtout désorganiser le système défensif bulgare. Le 15 à 5h30, le temps est gris et brumeux, parfait pour une attaque. Les assaillants s'élancent et c'est relativement facilement qu'ils prennent pied dans les deux tranchées défensives, les Bulgares ne faisant pas front avec l'énergie du désespoir. A 8h00, le secteur ouest du front est conquis, les éléments commencent à descendre vers la plaine. Le secteur est se révèle plus compliqué, les combats sont plus durs, mais au final dans le milieu de l'après-midi, les positions bulgares sont toutes submergées. C'est une victoire loin d'être facile, les canons de montagne français ont eu une importance capitale, précis et mortels pour les défenseurs. Les assaillants déplorent la perte de 1 640 hommes, dont 420 tués, les pertes bulgares sont inconnues, mais plus du double, l'artillerie n'a pas fait de cadeau. A 20h00, les 8 kilomètres sont enfoncés et toutes les unités commencent une descente rapide vers les vallées en faisant au passage de nombreux prisonniers...

Conformément aux plans d'attaques, sûrs maintenant de la percée sur le Dobropolié, dès le 16, les Grecs et Britanniques attaquent de part et d’autre du lac Doiran pour empêcher la 1ère armée bulgare de se retirer sur la rive gauche du Vadar. Les assauts sont frontaux et se terminent par des échecs, l'absence d'une énergique préparation d'artillerie se fait cruellement sentir. Le 18, les attaques reprennent, elles sont menées par quatre divisions britanniques et trois divisions grecques. La préparation d'artillerie n'est guère plus efficace que celle du 16, malgré cela les Greco-Britanniques partent à l’assaut, mais les Bulgares bien retranchés ripostent avec énergie et causent d’importantes pertes aux attaquants. Toutefois, les assaillants finissent par prendre les deux premières lignes de tranchées ennemies. Les combats cessent le lendemain, les défenseurs reculent rapidement de peur d'être encerclés par les éléments franco-serbes qui arrivent sur leur arrière. La bataille du lac Doiran est une victoire très coûteuse pour les forces alliées. Alors que les troupes gréco-britanniques ont perdu 14 000 hommes (tués, blessés ou disparus.), les Bulgares ne déplorent que 2 000 victimes. Mais maintenant la vallée est ouverte et c'est avec célérité que les Alliés remettent en service la ligne ferroviaire pour maintenir la percée...

Il n'en est pas de même dans la vallée de La Cerna. Là, les Franco-Serbes contiennent facilement les quelques tentatives désespérées des Bulgares pour colmater la brèche. C'est quasiment en ordre de marche qu'ils atteignent la ville Gradsko sur La Cerna le 24, à près de 50 kilomètres du front. Cette ville est le plus important nœud ferroviaire des Balkans, donc son centre névralgique. Dans cette progression, ils rencontrent plus de problèmes techniques comme le manque d'eau et le mauvais état des chemins, que les quelques combats qu'ils ont à mener. Aussitôt, la ligne ferroviaire qui arrive de Salonique ainsi que les quelques ponts détruits sont remis en état...

Les Bulgares sont aux abois et avant la déroute complète de leurs armées en rase campagne, ils demandent des renforts massifs à leurs alliés germano-austro-hongrois. Mais aucun des deux n'a les moyens d'accéder à une telle demande...

A l'ouest de la percée, après avoir fait sauter le verrou de Monastir, la brigade de cavalerie française Jouinot-Gambetta, soutenue par des éléments d'infanterie français et une petite brigade italienne remonte la route du nord en direction de la ville serbe de Veles. Le 23, dans la débandade générale, Prilep est prise plutôt que conquise. Alors, tous les éléments entre Veles et Gradsko qui n'ont pas combattu, comme la 11ème armée allemande, sont condamnés à marcher vers le nord s'ils ne veulent pas être encerclés. Mais remettre en route des armées statiques depuis près de deux ans est encore plus compliqué que de les amener sur place. Finalement, la brigade Jouinot-Gambetta devance tout le monde, et arrive à Uskubs (aujourd'hui Skopje) le 28. Elle est rapidement rejointe par la 1ère armée serbe et la division d'infanterie coloniale française qui arrivent à marche forcée depuis Gradsko. La 11ème armée allemande, dont la retraite est maintenant impossible capitule. C'est un sacré butin que font les alliés : 77 000 prisonniers germano-bulgares et 1 600 officiers bulgares dont 5 généraux ; 500 canons moyens et lourds et 10 000 chevaux. Seul l’encadrement allemand parvient à quitter la zone des combats sans se faire prendre. A partir de là, Franchet d'Esperey lance des ordres on ne peut plus simples : aux troupes franco-serbes dirigez-vous vers Belgrade, et aux troupes gréco-britanniques dirigez-vous vers Sofia. Le 26, les Gréco-Britanniques arrivent devant Stroumiza, la Bulgarie est envahie...

La victoire du Dobropolié brise le moral de l’armée bulgare. Comme en leur temps les soldats de l'armée du tsar, ils décident tout simplement de rentrer au pays. En l'absence d'officiers allemands qui sont rentrés en courant chez eux, les officiers bulgares se bornent à organiser le rapatriement pour éviter le maximum de pertes. Ils préfèrent sauver les hommes que de tenter une résistance autant désespérée, qu'inutile. Les soldats abandonnent sur place tout le matériel et rentrent à la maison aussi vite qu'ils le peuvent, mais en bon ordre. Ils laissent alors aux politiques le soin de régler les problèmes de la défaite. Dans son palais de Sofia, Ferdinand Ier, le roi de Bulgarie, se trouve dans une situation désespérée, le 26 il demande une suspension d'armes d'une durée de 48 heures au seul commandement britannique, elle est immédiatement refusée. Le 27, les Italiens occupent les hauteurs de Topociani en Macédoine. le 29, les forces gréco-britanniques rentrent dans Stroumitza pendant que les troupes franco-serbes refoulent des germano-bulgares à l'ouest de Krusevo. Le même jour, par l'intermédiaire du consul des États-Unis à Sofia, une demande d'armistice parvient au commandant de l'armée française d'Orient. Le 30, les troupes austro-hongroises commandées par Karl von Pflanzer-Baltin se retirent des Balkans...

Près de 300 000 soldats français, dont plus de 50 000 ne sont jamais revenus, ont combattu sur ces terres balkaniques où ils ont vécu une fraternité d'arme avec leurs alliés Serbes, Italiens, Grecs et Monténégrins...

La Bataille pour Bakou. Les troupes turques du général Mürsel Bakû sont devant la ville, mais elles sont très affaiblies et elles sont obligées de se reposer avant l'assaut définitif. A l'intérieur de la ville, les forces britanniques du général Lionel Dunsterville et les Russes blancs du général Lasar Bitcherakhov tentent de se réorganiser. Mais Dunsterville est pessimiste, il annonce aux représentants de la République de la Caspienne centrale qu'il se retire si la situation devient catastrophique. Pendant ce temps, les Russes blancs du Don prennent la ville de Petrovsk au Daghestan (maintenant Makhatchkala, capitale du pays) et, par la mer Capsienne, parviennent à envoyer 600 cosaques correctement équipés pour prêter main forte aux défenseurs. Dans la ville, la situation devient alarmante et dans son journal, Dunsterville note que des atrocités sont commises par des Arméniens sur des musulmans. Le 12, un officier turc déserteur laisse à penser que l'assaut final aura lieu le 14, ce que confirment les patrouilles aériennes britanniques. Dans la nuit du 13 au 14, l'attaque commence à l'ouest de Bakou. Après une contre-attaque qui arrête les forces ottomanes, la situation devient critique et les derniers défenseurs parviennent à s'échapper par bateaux vers la ville perse d'Anzali. La ville de Bakou est maintenant aux mains des Turcs. En représailles aux massacres précédents, des milliers d’Arméniens sont massacrés. Nuri pacha fait une entrée triomphale et invite le gouvernement azéri transféré à Iélisavetpol (maintenant Gandja) à venir à Bakou pour en faire la capitale de l’Azerbaïdjan, ce qu'elle est encore. Les Turcs vont y rester jusqu'au 30 octobre, jour où est signé l'Armistice de Moudros qui oblige les forces ottomanes à se retirer de l'ensemble du Caucase pour se replier jusqu'en Anatolie...

Le 20 septembre, l'Arménien Stepan Chahoumian, dit le Lénine du Caucase, et quelques uns de ses lieutenants sont toujours prisonniers dans la ville turkmène de Türkmenbaşy, située en face Bakou sur la mer Capsienne. Ils sont alors exécutés par des forces antibolcheviques qui viennent de prendre la ville...

Sur le front de la Palestine. En ce début septembre, la situation stratégique de l'Empire ottoman semble être meilleure que celles des autres puissances centrales. Les Turcs ne résistent pas si mal que ça en Mésopotamie et, ils sont conquérants dans le Caucase. Les soldats ottomans peuvent même prendre un bain dans la mer Caspienne ce qui ne s'est plus produit depuis au moins deux siècles. Après la prise de Jérusalem en décembre 1917, le front de Palestine s'est plus ou moins stabilisé. Au final, seules les actions de guérillas que mènent le capitaine Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie, avec les troupes bédouines du roi Fayçal sont pénalisantes. Mais, cette situation n'est qu'une façade et elle se lézarde de partout. En Palestine, les soldats turcs n'y croient plus, avec de bonnes raisons. Le ravitaillement devient de plus en plus précaire et tous les jours la supériorité aérienne des Alliés leur signifie que les jours de relative tranquillité sont comptés...

Chez les Alliés, disons plutôt chez les Britanniques tant les forces franco-italiennes sont insignifiantes dans cette partie du monde en guerre, on se prépare. Pour compenser les départs de troupes métropolitaines pour l'Europe, l'état-major fait venir de Mésopotamie des troupes indiennes déjà grandement aguerries. Les troupes de cavalerie britanniques, indiennes et australiennes, impossibles à mettre en œuvre en Europe sont ici considérablement renforcées malgré les inconvénients que cela entraîne en consommation d'eau et de fourrage. Pour ça, les Bédouins sont mieux adaptés avec leurs chameaux, mais ils ne peuvent pas en fournir plus que ceux qu'ils utilisent, de plus ce sont des montures pas si faciles à maîtriser pour les soldats du corps expéditionnaire, du moins rapidement. Donc, en ce début septembre aux conditions climatiques plus favorables qu'en plein été, le général britannique Edmund Allenby sait où, et comment, il va frapper pour emporter la victoire. Déjà, sa supériorité aérienne fait la différence, les avions germano-turcs sont petit à petit cloués au sol, et quasiment aucune reconnaissance aérienne n'est possible pour voir les préparatifs de la bataille. Dans la ville de Nazareth, l'état-major du général allemand qui commande le secteur, Otto Liman von Sanders, est totalement aveugle depuis près d'un mois. Ses officiers turcs subalternes s'en inquiètent, ils préfèreraient prendre du recul pour compenser l'insuffisance de leurs effectifs et leur faiblesse matérielle. Sanders, toujours auréolé de la gloire de sa victoire aux Dardanelles en 1915, passe outre et il compte bien être victorieux de la même manière en Palestine, sans bouger d'un iota...

De leur côté, les Bédouins se sont considérablement renforcés depuis la prise du port d'Aqaba par les Britanniques. Ce n'est plus une force secondaire, mais bel et bien une armée indispensable car magnifiquement adaptée au désert. Elle se déplace constamment, rapidement, insaisissable, vit de peu, sa seule concession à la modernité ce sont quelques automitrailleuses très efficaces et des ravitaillements en avion quand ils sont indispensables, notamment pour l'essence des engins blindés. Sans oublier une petite artillerie de montagne française composée de troupe algérienne et des escouades de mitrailleurs indiens. Depuis des mois, sans répit, ces forces harcèlent les voies de communication ottomanes, ce qui oblige ces derniers à maintenir des quantités d'hommes loin du front pour essayer, sans trop y parvenir, à sauver leurs fragiles voies de ravitaillement. Cette armée du désert va jouer un rôle essentiel dans la bataille qui s'annonce. A cette force, il faut ajouter l'Armée chérifienne, forte de 4 000 hommes, qui, sous les ordres d'un ancien officier turc, Jaafar Pacha, maintenant rallié à la cause arabe, fait le siège de la place forte turque de Ma'an au centre de la Jordanie actuelle. La plupart de ces soldats sont d'anciens conscrits arabes plus ou moins déserteurs qui ont changé de camp après leur capture, ils n'avaient guère le choix, les bédouins ne s'embarrassent pas de prisonniers. Depuis la défaite d'Allenby sur le Jourdain en avril, les attaques incessantes des Bédouins rendent le chemin de fer du Hedjaz quasiment inutilisable...

Pour détruire les 3 armées turques en Palestine, désignées sous le nom de groupe d'armées Yıldırım (coup de foudre), les seules qui soient encore en état de combattre vraiment, les Britanniques élaborent un plan d'attaque relativement complexe. Ils programment toute une série d'attaques, mais aucune n'est vraiment de diversion, toutes sont utiles. Plusieurs opérations doivent se dérouler en même temps pour dérouter les Turcs sur le point principal de l'offensive. En premier, deux divisions britanniques doivent exécuter une attaque de nuit dans les collines de Judée, elles doivent attirer l'attention des Turcs, mais aussi prendre des points défensifs d'où il sera possible de bloquer les lignes de retraite à travers la Jordanie d'un coté, et la Cisjordanie de l'autre. Après, l'offensive principale doit être déclenchée à Jisr ed Damieh au centre de la Palestine avec pour objectif la ville de Naplouse et si possible, trouver le moyen de capturer en entier le quartier-général de la VIIème armée ottomane. Le lendemain, une seconde attaque d'envergure est prévue, mais cette fois-ci beaucoup plus à l'ouest, avec pour objectif la ville quasiment côtière de Tulkarem et le nœud ferroviaire important de Messudieh. C'est par là que passe la ligne de chemin de fer transversale qui relie Haïfa à Damas et qui permet à la VIIème et la VIIIème armées ottomanes d'être ravitaillées. C'est aussi par cet endroit, que la plus grosse partie de la cavalerie australienne doit s'engouffrer pour se diriger vers le nord-est et tenter de s'emparer des centres de communication d'Afoula et Beït Shéan situés à 100 kilomètres, distance limite pour des unités de cavalerie. Si ces deux villes sont prises, toutes les armées ottomanes à l'ouest du Jourdain seraient isolées. Enfin, près du Jourdain, 11 000 hommes, des cavaliers, des fantassins britanniques et la brigade juive, doivent capturer le pont de Jisr ed Damieh, pour empêcher l'arrivée de renforts venus de l'est. Ils doivent aussi faire le plus de 'bruit' possible pour attirer vers eux le maximum de Turcs, et ainsi dégarnir au moins temporairement les autres lieux attaqués. Pour ce faire, les Britanniques adoptent une tactique de mouvement de troupes très élaborée. Tous les mouvements vers le Jourdain se font de jour, et tous ceux vers l'ouest se font de nuit. Les troupes défilent ouvertement vers la vallée du Jourdain en journée et sont déplacées par camion la nuit vers leur point de départ pour recommencer leur mouvement le lendemain. Une petite brigade de cavaliers avec des mulets traînent des herses le long des voies de communication pour soulever des nuages de poussière et simuler d'autres mouvements de troupes. Des camps factices sont construits où, par subterfuge on invite les espions turcs, et ils sont nombreux, à venir les voir de loin, sans qu'ils puissent s'approcher. Pendant ce temps, un bataillon britannique de chameliers rejoint les Bédouins lors d'un raid à l'est du Jourdain. Ils capturent et détruisent la gare de Mudawara et coupent la voie ferrée du Hedjaz. Ils montent ensuite une reconnaissance près d'Amman et dispersent des documents et des vivres comme preuve de leur passage. De son côté, et en payant comptant, Lawrence envoie des agents acheter de grandes quantités de fourrage dans cette même zone. Enfin les journaux britanniques et les messages sont remplis de rapports signalant une réunion de courses hippiques pour le 19 septembre à Jérusalem, le jour prévu pour l'attaque principale. Rarement dans l'histoire militaire, et pour un front sommes toute secondaire, autant de leurres ont été employés en même temps...

De leur côté, les Turcs ont 3 armées sur place. La VIIIème armée dirigée par Jevad Pacha qui occupe le front entre la côte méditerranéenne et les monts de Judée ; la VIIème armée, dirigée par Mustafa Kemal Pacha, occupe le front entre les monts de Judée et le Jourdain et la IVème armée dirigée par Jemal Pacha Mersinli, occupe le front sur la rive est du Jourdain jusqu'au sud d'Amman. Toutes ces troupes comportent des divisions de cavalerie et des éléments allemands de l'Asien Korps ainsi qu'une maigre brigade austro-hongroise. Par contre, leur aviation de reconnaissance a été quasiment anéantie pendant l'été et ils sont très faibles en artillerie. Au total, l'ensemble que forment ces trois armées est de 44 000 fantassins, 273 mitrailleuses légères, 696 mitrailleuses lourdes et 402 canons. Sanders n'a quasiment pas de réserve. Il est bien au courant des préparatifs britanniques, mais il ne peut même pas modifier son dispositif tellement il est aveuglé par la 'poussière' des ruses britanniques. De plus Allenby, qui a été patient, a pu concentrer 70 000 hommes. Ses soldats sont reposés, mieux armés, plus mobiles et il possède la supériorité tactique. La bataille paraît nettement déséquilibrée avant même de commencer...

Le 16 septembre, les Bédouins de Lawrence et de Nouri Saïd commencent à détruire les lignes de chemin de fer autour du centre ferroviaire de Daraa. Cette ville est le point de jonction de la ligne ferroviaire Médine-Damas, d'où part la ligne transversale qui rejoint la Méditerranée. Ils ont ordre de faire, au moins pendant 8 jours, toutes les destructions possibles, aucun train ne doit circuler. Les troupes bédouines habituelles sont renforcées par des artilleurs français, des mitrailleurs gurkhas et des véhicules blindés. Ils sont vite rejoints par 3 000 arabes des tribus Howeitat, antiturques de longue date, elles sont sous le commandement des chefs de guerre Auda Abu Tayi et Nuri es-Shaalan. Ces Bédouins venus du nord, savent très bien que, dans leur retraite, ils seront massacrés par les turcs, alors ils prennent les devants en se joignant aux forces conquérantes, même si cela déplaît à Lawrence qui ne veut pas de soulèvement arabe immaîtrisable. Les Ottomans réagissent comme prévu et commencent à dégarnir le front du centre pour renforcer Daraa. Le 17, les collines de Judée sont envahies sans trop de pertes et le front turc est maintenant scindé en deux. Le 18, en prémices à l'attaque principale à Jisr ed Damieh, des assaillants s'attaquent à une position connue sous le nom de Nairn Ridge, c'est un point dur d'autant plus qu'avant l'attaque un déserteur indien a prévenu les défenseurs. Il faut une journée de durs combats aux Britanniques pour enlever la place. Le 19, à 1h00, un seul bombardier britannique détruit le central téléphonique principal installé sur la gare d'Al-Afuleh et d'autres avions détruisent les centraux secondaires. Pendant deux jours, plus aucune communication téléphonique n'arrive au quartier de général de Sanders à Nazareth. Toujours le 19 à 4h30, l'attaque près de la côte méditerranéenne débute avec un tir de barrage de 385 canons dont une partie est fournie par des destroyers alliés qui ont pris position près de Haïfa. Il est bref, à peine 20 minutes, mais il a tout détruit et les fantassins franchissent la ligne de front ottomane. Aussitôt après, toujours avec le soutien des destroyers et de l'aviation, toute la cavalerie australienne se déplace vers le nord, sans être beaucoup inquiétée. Ce mouvement, peut-être le dernier au monde avec ce moyen de combat, fait écrire au lieutenant-colonel Rex Osborn dans son Journal de cavalerie "A partir de 10h00, une observation aérienne ennemie aurait vu, si cela avait été possible, en survolant la plaine de Sharon un spectacle remarquable. Quatre-vingt quatorze escadrons de cavalerie, disposés dans une grande largeur et en profondeur, se hâtant vers l'avant sans relâche pour une mission décisive. Une mission dont tous les cavaliers ont rêvé, mais seuls quelques-uns ont le privilège d'y participer". A la fin de la journée Tulkarem est prise. Les restes de la VIIIème armée ottomane sont en déroute, constamment mitraillés par des attaques aériennes. Son général Jevad Pacha a pris la fuite encore plus vite, pressé de rejoindre la Turquie en voiture. Mustafa Kemal Pacha au quartier-général de la VIIème armée ottomane à Naplouse est incapable de reprendre le contrôle de cette armée en déroute...

Le 19 encore, le front est percé au centre de la Palestine. Là, la bataille est plus lente, plus opiniâtre. Dans l'après-midi, les Britanniques prennent Jenin, puis une brigade australienne arrive le soir à Nazareth où se trouve le quartier-général de Liman von Sanders. Il parvient à s'échapper et va se réfugier à Beyrouth. Le lendemain les forces britanniques se regroupent et partent à la conquête de Naplouse où se trouve Mustafa Kemal. Alors le général turc décide qu'il n'a pas suffisamment d'hommes pour combattre les forces ennemies, il ordonne la retraite générale. Une partie de son armée se fait piéger par l'aviation britannique en empruntant le défilé de Wadi Fara dans la vallée du Jourdain. Les avions de la RAF font de cette route relativement étroite un cimetière humain et matériel...

A l'aube du 20, des cavaliers australiens sécurisent les défilés du mont Carmel, au sud-est d'Haïfa. Plus au nord d'autres pénètrent à Afulah et Beit Shean, et font prisonniers deux régiments de territoriaux qui lèvent les mains sans combattre. Le 23, les cavaliers entrent victorieux à Haïfa, sous la protection des destroyers qui n'ont jamais cessé leur appui d'artillerie, ils remontent la côte et prennent Saint-Jean-D'acre...

Dans la nuit du 20 au 21, la VIIème armée évacue Naplouse. Elle représente la dernière force ottomane combattante à l'ouest du Jourdain. Constamment malmenée par l'aviation qui ne cesse de la harceler, habillement menée par Mustafa Kemal même dans la défaite, elle parvient à sécuriser des corridors par où s'échapper, en laissant quand même de nombreux tués. Dans ses mémoires Lawrence écrit "La RAF a perdu quatre tués, les Turcs ont perdu un corps d'armée". La ville est prise le 21 vers midi...

Les jours suivants, les cavaliers australiens rassemblent un grand nombre de soldats ottomans démoralisés et désorganisés dans la vallée de Jezreel. D'autres, tentent de s'enfuir par la Jordanie, ils sont capturés par les Bédouins quand ils s'approchent ou tentent de contourner Daraa. Dans le camp retranché, des avions germano-turcs parviennent à bombarder des détachements nomades. Alors, sur l'instance de Lawrence des pistes de fortune sont créées à proximité d'Um el Surab, ravitaillés par des bombardiers, des chasseurs britanniques réduisent en peu de temps l'aviation de Darra au silence...

Le 22, les Britanniques prennent le pont de Jisr ed Damieh sur le Jourdain. Ils mettent aussitôt en place des éléments préfabriqués à l'avance et jettent plusieurs autres ponts sur la rivière. Dans la journée, plusieurs grandes unités passent le fleuve et se mettent en route vers le sud en direction d'Aman. La IVème armée ottomane n'est toujours pas au courant officiellement de la déroute militaire des autres armées à l'ouest du Jourdain, sauf par quelques éléments isolés qui parviennent à se réfugier dans leurs postes avancés. Le 23, elle reçoit l'ordre de se retirer jusqu'à la place forte de Daraa. Sans chemin de fer, quasiment sans transports, constamment harcelée par l'aviation et les Bédouins, sa retraite devient impossible. De plus elle est devancée à Salt par les forces britanniques qui descendent vers Aman. Des soldats essayent de s'enfuir par le désert, mais au final la IVème armée de Jemal Pacha Mersinli parvient à garder un semblant de cohérence. Devant l'impossibilité manifeste de parvenir à Daraa, elle se rend en entier aux premières forces Britanniques qu'elle rencontre...

Le 25, des Britanniques qui arrivent de l'ouest entrent à Aman déclarée ville ouverte. Plus au sud, la garnison ottomane de Ma'an essaie de se replier mais elle trouve sa ligne de retraite bloquée à Ziza, au sud d'Amman. Le 28, elle se rend alors à une division montée néo-zélandaise plutôt que de risquer des exécutions sommaires en cas de capture par les Bédouins...

Le 26, dans son communiqué de victoire, Allenby proclame "Je désire transmettre à tous les grades et toutes les armes de la Force expéditionnaire égyptienne sous mon commandement, mon admiration et mes remerciements pour leurs grands exploits de la semaine passée, pour leur bravoure et leur détermination, qui ont abouti à la destruction totale de la VIIème et la VIIIème armées turques opposées à nous. Une telle victoire complète a rarement été vue dans toute l'histoire de la guerre"...

Plus au nord, au grand dam de Lawrence, tous les Bédouins prennent alors la direction de Damas, dans une course qu'ils espèrent victorieuse, sur les forces classiques britanniques. Le 27, les britanniques entrent dans Daraa sans combattre, et prennent eux aussi la direction du nord. Dans leur retraite, les troupes ottomanes commettent plusieurs atrocités sur des villages arabes hostiles. En représailles, les Bédouins ne font pas de prisonniers et presque toute une brigade ottomane, avec quelques soldats allemands et austro-hongrois, est massacrée près du village de Tafas le 27. Leur général, Jemal Pacha Mersinli, échappe de justesse à l'exécution. Les Bédouins répètent les exécutions le lendemain, s'ils perdent quelques centaines d'hommes dans des combats décousus, ce sont près de 5 000 soldats turcs qui sont massacrés au cours de ces deux journées. Dans la course à Damas, les cavaliers australiens entreprennent d'y parvenir par le plateau du Golan, au nord du lac de Galilée. Le 29, les Turcs évacuent Damas, ils sont vite bloqués par les cavaliers australiens qui font près de 7 000 prisonniers. Le 30, la ville est envahie par les Bédouins qui attendent sagement l'arrivée des autres vainqueurs de la Palestine. Le lendemain, 1er octobre, les Bédouins font une haie d'honneur avec une grande ovation lorsque les troupes britanniques se présentent, en bon ordre, avec toute la pompe que ces soldats savent mettre dans leurs grandes victoires, même si Allenby est très courroucé à leur tête...

C'est un énorme triomphe pour les Alliés, une défaite très coûteuse pour l'armée ottomane. Près de 38 000 soldats germano-turcs sont tués, disparus ou fait prisonniers, pour 5 343 soldats alliés dont 782 tués. Ces nombreuses batailles de septembre 1918 sont regroupées sous le nom de la bataille de Médiggo chez les Alliés, mais nommée Naplouse Hezimeti (la déroute de Naplouse) chez les Turcs. C'était la dernière possibilité pour les Turcs de remporter une victoire, ils l'ont perdue. Pendant des siècles les Turcs ont régné sur quasiment les trois quarts du pourtour méditerranéen, l'ensemble de la mer Noire, les deux rives de la mer Rouge, atteint le golfe Persique et la mer Caspienne. Mais depuis 1830, et leur départ d'Algérie, en moins de 100 ans, l'Empire s'est désintégré, réduit à sa métropole. Et l'émiettement n'est pas fini, il va encore subir d'autres fractionnements qui sont la conséquence directe de cette dernière défaite...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. Il n'y pas d'Écho spécifique en octobre, il faut attendre celui de novembre-décembre pour avoir des nouvelles de septembre au village...

En Septembre 1918, trois Poilus barbentanais sont tués pour la France :

· Xavier Pierre, dit Pierre, Linsolas. Né à Barbentane, 36 ans, expéditeur mais aussi cafetier et poissonnier, marié, père de famille. Il est ajourné pour faiblesse en 1903, mais bon pour le service en 1904. Il est incorporé pour son service ordinaire le 16 novembre 1904 au 141ème régiment d'infanterie. Il devient soldat secrétaire du major le 23 novembre 1905. Il est libéré le 18 septembre 1906. Il est mobilisé le 1er août 1914 au 58ème RI, puis versé au 61ème RI le 1er octobre 1914 et nommé caporal fourrier le 10 octobre 1914. Il est fait prisonnier au bois de Malancourt (Meuse, nord de Verdun) le 20 mars 1916 et interné au camp de Bautzen en Allemagne. Il décède le 16 septembre 1918 au lazaret du camp après 21h d'agonie et il est enterré sur place. Un service funèbre à sa mémoire est célébré le 4 novembre 1918 en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe de l'église. Il repose maintenant à la Nécropole nationale "Prisonniers de guerre" à Sarrebourg dans la Moselle ;

· Benoît Jean Marie, dit Jean (ou Jean-Marie), Mouret. Né à Barbentane, cultivateur, 32 ans, marié, un enfant. Il est incorporé pour son service ordinaire le 7 octobre 1907 au 112ème régiment d'infanterie, libéré le 25 septembre 1909. Mobilisé le 4 août 1914, il est nommé caporal le 12 septembre 1914 au 311ème RI. Il est cité à l'ordre de son régiment le 27 juin 1916 "Sous un bombardement des plus violent, a transmis à l'artillerie, par projecteur, les renseignements qui pouvaient lui être utiles. Faisait partie de la première vague d'assaut". Pour cet acte de bravoure, il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze. Il est trouvé mort sur le camp de bataille le 27 septembre 1918 à 22h00 au Mont-Haut près de Prosnes dans la Marne. Il est inhumé à Mourmelon-le-Grand. Un service funèbre à sa mémoire est célébré le 30 octobre 1918 dans l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts avec son prénom usuel de Jean et avec celui de Jean-Marie sur le nécrologe qui est dans l'église. Il repose maintenant à l'Ossuaire du vieux cimetière de Barbentane ;

· Marius Joseph Cornillon. Il est né à Maillane, 27 ans, cultivateur, jeune marié à une Barbentanaise, depuis le 8 juillet 1918, sans enfant. Il est incorporé pour son service ordinaire le 1er octobre 1912 au 17ème régiment de dragons. Il est cité une première fois à l'ordre de son régiment le 11 janvier 1917 "Le général de division est heureux d'adresser ses félicitations au cavalier Cornillon qui, par deux fois comme coureur le 28 décembre 1916 à pris des renseignements urgents pour les porter au plus vite, son itinéraire étant particulièrement arrosé par l'artillerie de tranchée ennemie". Il est cité une nouvelle fois à l'ordre du jour de son régiment le 14 février 1918 "Cavalier toujours volontaire pour les missions pénibles, a dans la journée du 10 août 1918 marché avec la première vague d'infanterie d'attaque avec un grand courage pour apporter les renseignements recueillis et n'a pas hésité à traverser plusieurs passages fortement arrosés par des mitrailleurs ennemis". Pour ces actes de courage, il reçoit la Croix de Guerre. Il est tué à 2h00 par une bombe d'avion pendant son sommeil le 29 septembre 1918 à Bœsinghe près d'Ypres en Belgique. Il est enterré sur place. A Barbentane, il n'est inscrit que sur le nécrologe de l'église. Il est retranscrit à Graveson et il figure sur le Monument aux Morts de Graveson.

Guy

(1) Toutes les grippes sont classées selon des noms de code "HxNx". 'H' pour "hémagglutinine" (c’est une protéine qui permet au virus de se fixer sur les cellules de l’appareil respiratoire qu’il veut infecter, et d’y pénétrer) ; 'N' pour "neuraminidase" (c’est une protéine qui permet au virus de s’extraire de la cellule qu’il a infectée, après s’être multiplié à l’intérieur, et donc de se disséminer dans l’organisme pour aller infecter d’autres cellules). Chaque type de grippe possède une forme différente de H et de N, d’où les nombreux termes utilisés pour les répertorier : H1N1 jusqu'à H5N8, mais il n'est pas impossible que d'autres formes arrivent bientôt !!! A ce jour, il existe au total 16 formes de 'H' et 9 formes de 'N'. Il y a donc 144 grippes différentes. Chez l’homme, seuls les virus de type H1, H2, H3 et N1, N2 sont transmissibles. Mais les oiseaux, eux, peuvent être infectés par tous les types de virus, d’où l’importance du nombre de cas de grippe aviaire.

(2) En février 1915, Mikhaïl Toukhatchevski est fait prisonnier par les Allemands. Il est alors interné au fort d'Ingolstadt avec deux jeunes officiers français, Charles de Gaulle et Rémy Roure. Il réussit à s'évader à la fin de l'été 1917. Aux deux hommes, il laisse le souvenir d'un jeune officier, au patriotisme très vif, très hostile au régime tsariste, bien qu'il soit issu de la noblesse. Il faisait profession d'athéisme tout en faisant l'éloge de Péroun, le dieu slave de la guerre. Maréchal soviétique, il est victime des purges staliniennes de 1937, arrêté le 22 mai, il est condamné et exécuté le 12 juin 1937. En 1957, Nikita Khrouchtchev le réhabilite au titre de la déstalinisation.

(3) Le canal du Nord, imaginé en 1878, du temps de Charles de Freycinet, doit permettre aux péniches de 300 tonnes de relier le grand bassin industriel du Nord à la Seine navigable. Il est prévu que cet ouvrage ferait baisser le prix des transports de 30%. Financé en 1903, les travaux ne débutent réellement qu'en 1908. En 1914, les ¾ des terrassements sont effectués, 11 écluses construites ainsi que la totalité des ponts. Le percement des souterrains est en cours. Sa taille est impressionnante, il est large de 37m avec des rives hautes entre 3 et 5m le plus souvent bétonnées. Les combats de la Première guerre mondiale détruisirent en partie ces travaux, notamment tous les ponts, mais l'essentiel reste et les Allemands en font un redoutable obstacle défensif. Le projet reste en suspens jusqu’à la fin des années 1950 où la croissance du trafic fluvial le rend à nouveau nécessaire. Sa finalisation est relancée avec un gabarit plus large que celui décidé à l'origine et il est ouvert à la navigation en 1966.

(4) Les 119 mutins australiens du 18 septembre sont immédiatement relevés et mis en prison. Toutefois, en signe d'apaisement, au lieu d'être accusé d'abandon de poste face à l'ennemi, ce qui les condamnerait à mort, ils sont jugés pour "absentéisme scolaire". Tous ces soldats, sauf un, seront acquittés après l'armistice, l'armée jugeant l'ordre initial impossible à exécuter.

(5) A peine nommé pilote d'avion, pour essayer d'impressionner ses cousins qui vivent à proximité, Rudolf Hess écrase accidentellement son Fokker D-VII dans un pré proche de Ried en Bavière. Il s'en sort indemne. Son entraînement se termine en octobre 1918 et il est transféré à l'escadron de chasse n°35 sur le front ouest. Son engagement ne dure qu'une seule semaine et se limite à quelques missions de vol sans incident lors de la bataille aérienne finale au-dessus de Valenciennes.

(6) A l'été 2004, les corps de trois Kaiserschützen tués lors de la bataille du 3 septembre 1918 sont retrouvés dans la glace à 3 400 mètres, près du pic. Ils sont descendus dans la vallée et enterrés avec les honneurs militaires.

Premiers soins à un soldat australien en Palestine (photo colorisée)

Le front franco-belge en septembre 1918

La complexité des combats dans le Caucase

Soldats afro-américains dans un camp en Haute-Marne

Soldats coloniaux français dans les Balkans

Soldats austro-hongrois sur le front italien (photo colorisée)

Soldats indiens sur le front britannique

Construction d'un pont sur le Jourdain en Palestine

Soldats US dans une ville en ruine dans la vallée de la Meuse

Laurence d'Arabie quelque part dans le Hedjaz

Cavaliers tchèques en Russie

Restes d'un Kaiserschützen trouvé dans le glacier du Punta San Matteo en Italie

Dans le grand nord de la France, tout n'est plus que ruines

Au Mont de Vidaigne dans les Flandres, Poilus attablés pour se restaurer

Lavoir de campagne en vigueur dans l'armée australienne

Ambulance allemande touchée par un obus

Évacuation des blessés vers l'arrière dans la Somme (photo colorisée)

Avion britannique abattu par les Turcs dans le Hedjaz

La réduction du saillant de Saint-Mihiel

Troupes italiennes dans les premières neiges

Poilus dans une tranchée de fortune (photo colorisée)

Soldats sikhs à la garde de prisonniers turcs en Mésopotamie

Soldats turcs à la prière en Palestine

Mise en terre des derniers tués (autochrome)

Servants canadiens d'un canon de 50mm en Russie du nord

Plan de la bataille du Dobropolié dans les Balkans

Soldats US des transmissions dans la vallée de la Meuse

Troupe rhodésienne en Afrique de l'Est

Troupe franco-US en Argonne

Lanciers tchèques en Russie blanche (photo colorisée)

Charles Nungesser devant son Nieuport 17

Représentation du théâtre aux armées avec orchestre

Australiens au bain de mer en Palestine

Britanniques dans les ruines d'un pont sur le canal du Nord

Colonne de chars français Schneider dans l'Oise

Ambulanciers US en Italie

Prisonniers allemands transportant une mitrailleuse lourde (photo colorisée)

Même si la 'salle' est rustique, les Poilus sont décontractés