BARBENTANE

en novembre 1915

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En Méditerranée, le 1er, le sous-marin français Turquoise empêtré dans des filets est obligé de faire surface en mer de Marmara, il est pris par les Turcs et son équipage fait prisonnier. Il sera renommé Mustadieh Ombashi(7) et servira surtout pour la propagande anti-alliée. Tara, l'ancien croiseur auxiliaire britannique transformé en transport de troupes, est coulé le 5 près de Gibraltar. Le même jour, le sous-marin français Fresnel s'échoue à l’embouchure du fleuve Buna (Albanie). Les hommes l'abandonnent et se réfugient à terre, le bâtiment est alors détruit au canon par le contre-torpilleur autrichien Waradisner. Après une brève résistance et un tué, les sous-mariniers sont faits prisonniers. Deux jours après, le navire italien Ancona, les Britanniques Nooldfield et Persia, les Français Yser (ex Dacia) et le France, le Japonais Yusukanimaru seront coulés par le U-38 qui bafoue sans pitié les lois de la guerre. Le 13, l'amirauté britannique signale la perte du sous-marin E 20 en mer de Marmara. Le 23, au mouillage pour décharger des vivres à Saint-Jean-de-Medua (maintenant Shëngjin au nord-ouest de l'Albanie) le vapeur français Harmonie est attaqué en vain par le U 16. Le lendemain, vers midi, c'est un Aviatik austro-hongrois qui le bombarde, lui aussi sans le toucher(8). A proximité et un peu plus tard, l'U-16 coulera un petit voilier italien de 25 tonnes l'Unione. Le 24, le Tafna, un vapeur français non armé qui assure la liaison entre l'Algérie et Marseille est canonné au moins trente fois par un U-Boot. Profitant du mauvais temps et par une habile manœuvre, son capitaine réussit à échapper à son assaillant. Malheureusement, quelques passagers et un très petit nombre d’hommes d’équipage parviennent, malgré les injonctions formelles du capitaine, à mettre à la mer une embarcation qui chavire presque immédiatement dans la tempête. Le Tafna arrive sain et sauf le lendemain à Marseille. Le 25, au large des côtes de Sardaigne, le cargo l'Algérien est coulé au canon par l'U-33, y compris les 18 hommes d'équipage réfugiés sur une chaloupe qui sera, elle aussi, coulée sans pitié, seuls 9 marins embarqués sur un youyou en réchapperont. Deux jours plus tard, le même submersible coule les cargos britanniques Tanis et Kingsway, puis le français Omara au large de la Tunisie...

Dans la mer du Nord, le 7 novembre le croiseur léger allemand Undine est torpillé par le sous-marin britannique E-19 près des côtes suédoises...

Dans la Manche, le 17 novembre, le navire-hôpital britannique Anglia heurte une mine dormante, entre Calais et Douvres. Il transporte 390 blessés et soignants ainsi qu'un équipage de 56 hommes. Il coule en quinze minutes emportant avec lui 105 personnes, dont 70 patients. Le vaisseau charbonnier, Lusitania, qui vient à son secours, coule à son tour après avoir heurté une autre mine du même type...

 

Sur le Front Russe, la météo défavorable et le développement de la guerre dans les Balkans font que les Empires-Centraux cessent toute attaque d'envergure sur l'ensemble du front en Russie. De leur côté, les Russes, après leur grand recul de l'été, se réorganisent. Le 8, le général Rousski, commandant en chef des armées du Nord, remet à la municipalité de Saint-Pétersbourg la déclaration ci-après "l’armée fait son devoir et elle est assurée de la victoire". Le 11, l'état-major du tsar estime que "la deuxième phase de la guerre sur le front oriental se termine avec l'arrêt définitif de l'invasion ; la troisième phase s'ouvrira au printemps, quand les Russes refouleront les envahisseurs". Le 26, l'armée tsariste reçoit dans le port d'Odessa la livraison d'une grande quantité de pièces d'artillerie japonaises...

En mer Baltique, la marine impériale russe bombarde régulièrement les forces allemandes à l'ouest de Riga, pas encore encerclée. Par de petites offensives, les Russes desserrent un peu l'étau qui s'était mis en place le mois précédent autour de Dvinsk, mais sans vraiment mettre en danger les forces allemandes...

De Dvink, jusqu'à la frontière roumaine, c'est le calme plat. C'est aussi le lieu où les Russes prélèvent des forces pour les masser plus au sud, près de la Roumanie. C'est aussi l'endroit où les assaillants puisent des troupes pour envahir la Serbie, et pour les Allemands, ramener des éléments en France pour combler leurs pertes en Champagne et en Artois...

De temps en temps, des duels d'artillerie viennent troubler le silence sur une ligne de front gelée et enneigée. Toutefois, aux abords du fleuve Styr les Russes poursuivent le harcèlement des troupes allemandes par des attaques de la cavalerie cosaque en faisant de nombreux prisonniers...

 

Sur le Front Italien, en Italie comme ailleurs, les conditions météo sont mauvaises. Il neige abondamment au nord dans les Alpes, et il pleut à seaux au sud dans la plaine de l'Isonzo...

Malgré cela, l'état-major cisalpin, toujours optimiste, prépare sa quatrième offensive sur le front de l'Isonzo. Des officiers français sont envoyés auprès des officiers supérieurs italiens pour tenter de les en dissuader et essayer de les convaincre d'envoyer des troupes dans les Balkans pour soutenir l'armée d'Orient. Cette requête est de nouveau examinée le 12 par le conseil des Ministres italien, peine perdue...

Après une préparation d'artillerie et de nombreux bombardements aériens, l'offensive démarre le 10 dans le Carso. Le lendemain, dans les Dolomites, le col de Lana, porte d'entrée du Tyrol, est conquis de haute lutte par les Italiens. Malgré des batailles farouches, les troupes transalpines progressent peu autour Gorizia qui reste la seule voie d'accès pour arriver à Trieste. Les austro-hongrois renforcent encore leur puissante artillerie et résistent efficacement malgré leur grande infériorité numérique. Comme en France, l'aviation italienne bombarde avec succès les arrières du front. Les gares de Reigenberg, San-Danielle, Skope, Dortogliane ainsi que des camps d'aviation ennemis sont sévèrement touchés. En réplique, les avions austro-hongrois bombardent Vérone. Mais rien n'y fait, l'attaque sur le bas Isonzo ne débouche pas...

A partir du 29, les conditions météo deviennent si mauvaises que du nord au sud, toutes les opérations militaires cessent...

 

Dans les Balkans, au 1er novembre, près du tiers de la Serbie est déjà perdue. A l'Ouest, les Austro-Hongrois essayent, mais avec des difficultés, de traverser le Monténégro afin de couper la retraite aux Serbes qui seraient tentés de rejoindre la Méditerranée en traversant ce pays...

Au nord et à l'est, l'avancée des Empires-Centraux et de la Bulgarie est profonde, en quelques jours près de la moitié de la Serbie est maintenant occupée. Les villes de Krupanj, Vallera, Belgrade, Skopje sont enlevées sans trop de difficultés. La Macédoine serbe est presque entièrement conquise...

Par manque d'infrastructures de transports, les forces de l'Armée d'Orient peinent à remonter vers le nord à partir de Salonique. Toutefois, elles progressent assez pour dégager le front entre Pabrovo et Gradetz, mais sont loin de pouvoir empêcher la prise de Skopje par les Bulgares. Dans la mer Égée, la flotte franco-britannique poursuit ses bombardements sur Dédé-Agatch dans l'espoir d'empêcher les Turcs de venir prêter main forte aux Bulgares...

Le 2, le duc de Mecklembourg se rend à Sofia, capitale de la Bulgarie, en traversant la Serbie pour démontrer au monde entier que la route qui va de Berlin à Constantinople en passant par Vienne est maintenant ouverte pour les Empires-Centraux...

Le 5, le Bulgares prennent Nish, la capitale de guerre, et surtout s'emparent relativement facilement de son nœud ferroviaire malgré la destruction des tunnels au nord de la ville. De Nish à Pristina, qui reste la seule ville où peut se replier le gouvernement serbe, les forces militaires sont presque absentes. Le sort de la Serbie paraît scellé...

Toutefois, la résistance de l'armée serbe, maintenant acculée au Monténégro et à l'Albanie, est courageuse. Les Empires-Centraux n'ont pas réussi à l'encercler, mais il paraît impossible qu'elle puisse rejoindre les troupes franco-britanniques toujours confinées près de la frontière grecque...

Le 10, la pointe avancée de l'armée d'Orient s'installe à Prilep et des éléments dispersés de l'armée serbe viennent la rejoindre. A ce moment-là, on estime à environ 120 000 hommes la force expéditionnaire, dont près de 70 000 éléments de l'armée française (forces coloniales incluses). Son prochain objectif est d'essayer d'atteindre Stroumitza...

En Macédoine du sud, la poussé bulgare s'accentue, et le 11, Monastir signale sa perte de liaison avec les forces serbes du nord. Son corps consulaire quitte la ville pour essayer d'atteindre la frontière albanaise à Fiorina. Ce même jour, les Bulgares permettent le passage, à travers la Thrace, d'effectifs turcs passant par Dédé-Agatch pour combattre à leurs côtés en Macédoine...

Le 19, les Serbes précipitent leur retraite vers le Monténégro et l'Albanie. Le 22, le Gouvernement serbe abandonne Mitrovitza et se dirige vers Scutari en Albanie...

Le 23, la retraite générale de l'armée serbe est ordonnée. Les forces les plus importantes doivent se diriger, comme elles le peuvent, vers les ports méditerranéens du Monténégro et de l'Albanie encore libres où les forces navales franco-britanniques les attendent en vue d'une évacuation pour les regrouper sur l'île grecque de Corfou. Les forces secondaires, situées plus au sud, doivent rejoindre l'armée d'Orient vers Monastir. Ce sont près de 150 000 hommes, la moitié environ des forces serbes avant l'invasion, qui se mettent en branle pour échapper à la destruction totale...

Le 25, des avions français bombardent le camp bulgare de Stroumitza et les Russes massent de gros effectifs sur la frontière de Bessarabie ainsi que sur certains points du Danube...

Le 28, les Allemands et les Austro-Hongrois, en deux colonnes, avancent en Macédoine. Les Allemands sont à Prichtina, les Austro-Hongrois ont dépassé Mitrovitza, les Bulgares les attendent à Uskub. Le lendemain, Prilep est prise et les civils évacuent Monastir fortement menacée...

 

Au Moyen-Orient, plus exactement en Mésopotamie, après leur victoire sur les Turcs à Kut-el-Amara, dans la vallée du Tigre le 28 septembre, la 6ème division indienne, dite Poona, forte de 14 000 hommes remonte la vallée du Tigre vers Bagdad. Elle est commandée par le général John Nixon secondé par Charles Townshend et, malgré l'absence criante de matériel de transport adéquat, elle utilise des moyens assez originaux pour se déplacer. En effet, pour avancer plus rapidement, l'artillerie, les obus, les provisions ainsi que le matériel lourd sont embarqués sur des canots halés le long du fleuve par des chevaux et des chameaux. Les 30 000 Turcs qui se sont regroupés après la défaite de Kut, sous le commandement de Nouredine Pacha secondé par d'habiles officiers allemands, se réorganisent à Ctésiphon, l'ancienne cité assyrienne, située sur la rive gauche du grand fleuve. Il s'agit de soldats anatoliens, rudes et déterminés à soutenir la cause de leur pays. Après une première victoire britannique, comme les détachements sont trop dispersés, ils sont vaincus l'un après l'autre par des forces ottomanes chaque fois supérieures. Le 22, la défaite est consommée avec près de 4 500 Indo-Britanniques hors de combat. Malgré leur victoire, les Turcs enregistrent des pertes deux fois plus importantes. Mortifié, Townshend ordonne alors la retraite des éléments encore valides sur Kut-el-Amara, leur base de départ...

 

En Afrique Occidentale Française, une importante insurrection éclate à la suite de l'enrôlement de force de 50 000 indigènes dans l'armée française. L’hostilité des populations au recrutement est absolue, et plusieurs régions se révoltent. Depuis février 1915, dans le Beledougou, région située dans le nord du Sénégal et du Niger, 200 villages sont déjà en rébellion. Un des leaders, sommé de se soumettre, répond "puisque nos fils doivent mourir, nous préférons qu’ils se fassent tuer à nos côtés". Dans la région de la Volta et du Bani (Burkina Faso), l’annonce du recrutement massif décidé en octobre déchaîne la haine accumulée contre le colonisateur. Au départ, une simple colonne de répression de 350 soldats armés de canons et de mitrailleuses s'oppose à plusieurs milliers de civils pauvrement armés. Les premiers affrontements mettent en déroute les premières expéditions punitives. Puis, la guerre s’étend au-delà de la Volta, dans l’actuel Mali. En février 1916, une campagne de destruction systématique des villages est engagée, mais il faudra deux autres campagnes en avril et novembre pour venir à bout de ce mouvement insurrectionnel. C'est une véritable guerre qui se déroule puisque l’armée française doit finalement engager 5 000 soldats lourdement armés de 6 canons, de 4 unités de mitrailleuses et 5 000 porteurs pour combattre entre 60 000 et 80 000 guerriers armés de fusils à pierre, d'arcs avec des flèches empoisonnées et de lances. Après 8 mois de conflit, 5 à 6 000 révoltés périssent, des dizaines de villages sont brulés et la répression coloniale qui s'ensuivra sera sanglante...

 

Il est temps de revenir à Barbentane et c'est l'Écho de janvier 1916 qui en relate les nouvelles. Après un rappel pour le renouvellement des abonnements au tarif de 1fr50 en timbres-poste, l'Écho signale qu'il est dans sa 12ème année de parution et qu'il tire à 850 exemplaires, ce qui n'est vraiment pas mal pour un village...

C'est le général Lyautey qui fait sa couverture. En page 2, on trouve un article à sa gloire...

En novembre, la trentaine de dévouées barbentanaises du "Linge du Soldat" ont tricoté 115 paires de chaussettes, et elles en sont vivement remerciées...

Le Comité de Secours Militaires fait appel à la générosité de tous pour fournir aux moins fortunés du village des vêtements chauds...

Le Comité de l'Or pour la Défense Nationale a recueilli 130 320frs...

3 blessés et un prisonnier donnent de leurs nouvelles. Au livre d'or, Louis Petit est nommé caporal et le 6ème bataillon de chasseurs-alpins, bien que stationné à Bizerte en Tunisie, reçoit lui aussi les honneurs...

4 Barbentanais rejoignent le martyrologe. En ce mois de novembre 1915, 3 Barbentanais meurent au champ d'honneur. Ce sont :

· Léon-François Bruyère, dit Martial, né à Barbentane, 38 ans, cultivateur, marié, père de 3 enfants, il était soldat au 145ème régiment d'infanterie. Il meurt le 9 novembre à l'hôpital de Lodi à Marseille, emporté en 3 semaines par la fièvre typhoïde. Un service funèbre en sa mémoire est célébré le 23 novembre en l'église du village. Il est inscrit, avec son prénom usuel de Martial, sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le tableau d'honneur en mairie ;

· Paulin Marius Marteau, né à Barbentane, 28 ans, expéditeur, veuf, père de deux enfants, il était caporal au 115ème régiment d'infanterie. Il décède, en présence de sa famille, le 14 novembre 1915 à 14h à l'hôpital de Dôle (Jura) des suites de blessures occasionnées par des éclats d'obus le 20 juillet alors qu'il faisait construire un fortin dans une tranchée de première ligne. Un service funèbre est célébré sur place, puis son corps est rapatrié en train à Barbentane où il est enterré le 17 novembre. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l’église de Barbentane le 27 novembre. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église ;

· Joseph Fontaine, né à Barbentane, 39 ans, cultivateur, marié, père de deux enfants, il était soldat au 360ème régiment d'infanterie. Il est tué, avec huit de ses camarades, par un éclat d'obus dans une tranchée au Bois de la Folie (Pas-de-Calais) le 28 novembre à 15h00 en allant relever un poste de garde. Il est enterré à Souchez, mais il reposerait maintenant à Notre-Dame-de-Lorette. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 18 décembre. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église.

Sur cet Écho, six discours funèbres sont retranscrits. Ceux de Joseph Rey, Eugène Croset, Jean-Marie Bon, Martial Bruyère, Paulin Marteau et Emmanuel Laurent...

Le courrier militaire est fidèle à sa réputation. C'est Pierre Ayme qui est en pétard parce qu'un gros rat lui a mangé ses réserves de nourriture et il se promet de le manger s'il l'attrape ; c'est Léopold Michel qui a rencontré Bernard, dit Dodo, et ce dernier l'a interpellé en provençal ; c'est Jean Vernet qui signale de la neige dans les Vosges ; c'est Jean Brémond, un Vallabréguant, qui remercie le curé de continuer à fournir des nouvelles à ses chers paroissiens ; c'est Baptistin Sérignan qui en a marre de faire des "colonnes" [marches, ndlr] sur Tadla et Kénifra [villes du Maroc, ndlr] ; c'est Antoine Rossi qui s'apprête à partir pour la Serbie ; c'est Léon Jaoul qui adresse un bonjour de Bizerte ; c'est Léontin Gilles qui barbotte comme un canard dans des tranchées pleines d'eau et de boue ; c'est Baptistin Marteau qui signale que dans l'attaque de Champagne il a reçu plusieurs éclats d'obus, mais qu'il ne se plaint pas car il est toujours en vie ; c'est Jean Fontaine qui à Reims, et malgré les bombardements, fait l'éloge des religieuses qui s'occupent des orphelins et de son linge et, pour finir, c'est le capitaine Barthélémy qui pense qu'à partir de Bizerte ils vont aller délivrer la Terre Sainte depuis trop longtemps restée sous domination étrangère en "continuateurs de Godefroy de Bouillon, des chevaliers du Moyen Âge et de Bonaparte"...

Dans l'état-civil, juste 4 enterrements et toujours pas de mariages...

En dernière page, un article de l'académicien Henri Lavedan sur l'année 1916...

Guy

Lance-flamme allemand

Novembre 1915 - Dans le Monde en Guerre

Dans le monde politique, pour ce mois de novembre 1915, météo oblige, les attaques d'envergure ne sont pas au programme au moins sur les fronts occidental et oriental. Par contre, la guerre de mouvement bat son plein dans les Balkans et c'est la "petite" Serbie, attaquée sur trois fronts simultanément, qui en fait les frais. Pendant tout le mois, l'activité diplomatique est intense, surtout dans les pays de la Quadruple-Entente. Quant à la Grèce, elle subit de très violentes pressions afin qu'elle abandonne sa neutralité...

En France, le 3 novembre, au parlement comme au Sénat, Aristide Briand et René Viviani font l'éloge de l'armée française et de ses chefs. Ils affirment que la France veut hâter la victoire du droit et écraser, avec l'aide des Alliés, le militarisme prussien. Plus direct, Aristide Briand désigne comme unique objectif de la guerre la reconquête de l’Alsace et de la Lorraine. Le lendemain, Georges Clémenceau(1), sénateur radical, est nommé président de la commission sénatoriale de l’Armée et de la commission sénatoriale des Affaires étrangères. Le général Henri Gouraud est envoyé en Italie, auprès de l'état-major et du gouvernement pour tenter de faire différer l'offensive sur l'Isonzo afin que ce pays envoie rapidement un contingent pour combattre aux côtés des Alliés en Serbie. Le généralissime italien, Luigi Cadorna, diffère sa réponse. Le 6, à Paris, Horatio Herbert Kitchener, alors ministre britannique de la Guerre, qui entame une tournée européenne, s'entretient avec Aristide Briand sur les objectifs du conflit...

Infirmerie ambulante de l’armée serbe

Rabat (Maroc) prisonniers allemands partant en captivité

Camp de réfugiés arméniens en Syrie

Convoi de ravitaillement Allié pour la Serbie à travers le Monténégro

Le général Sarrail sur le cuirassé La Provence

Le Moulin de Loos (Nord)

Soldats austro-hongrois au col de Lana dans les Alpes

Le paquebot France coulé en Méditerranée le 7 novembre par l’U-38

Artillerie austro-hongroise au col de Lana

Un Voisin III E de reconnaissance, un avion construit dès 1914 et qui commence déjà à être dépassé (photo autochrome)

Le sous-marin français Turquoise capturé le 1er novembre dans la mer de Marmara

Regroupement de soldats bulgares près de Monastir en Serbie occupée

Caricature d’époque

Artillerie bulgare

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres…

Guy

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Camion Renault destiné à la Russie

Quelque part en France, un champ de bataille sous la neige

Les légionnaires débarquent à Salonique

Le croiseur-cuirassé Prinz Adalbert coulé par le sous marin E8 britannique le 23 octobre 1915 dans le golfe de Finlande

Le 12, à la Chambre, c'est le grand discours patriotique du ministre des Finances Alexandre Ribot pour faire l'annonce d'un nouvel emprunt. Il sera voté à l’unanimité des députés. Le 17, l'Officiel publie le décret relatif à l'emprunt national voté le 12. Dénommé Emprunt de la Victoire, il est émis à 88 francs et rapportera une rente de 5%. Ce même jour, quatre des principaux ministres britanniques, Asquith, Balfour, Grey et Lloyd rencontrent à l'Élysée Poincaré, Briand, Gallieni, Lacaze, Ribot, Malvy et Joffre pour étudier, en commun, la conduite de la guerre en France. Le 15, Winston Churchill, alors en disgrâce après l'échec des Dardanelles, démissionne du poste subalterne qu'il occupait au gouvernement britannique et prend le commandement en France du 6ème bataillon du Royal Scots Fusiliers avec le grade de colonel. Le 23, la chasse aux embusqués entre dans sa phase active. Joseph Gallieni, alors ministre de la Guerre, fait supprimer les lettres de recommandation, les secrétaires de ministère, les porte-fanions et les hommes d'escorte des généraux. Le lendemain, la Commission de l'armée se prononce pour l'appel de la classe 1917, jeunes gens de 20 ans nés en 1897, à la date du 15 décembre. Le 25, c'est le premier jour d'émission de l'Emprunt de la Victoire. La foule se presse devant les caisses publiques et plus de 24 milliards de francs seront levés. Le dernier jour du mois, la Chambre vote à main levée, mais avec des abstentions notables, l'incorporation de la classe 1917 pour le 5 janvier 1916...

En Grande-Bretagne, le 2 novembre, le premier ministre, Herbert Henry Asquith, déclare à la Chambre des communes qu'il demandera la conscription obligatoire si le recrutement volontaire ne suffit pas. Il reste néanmoins persuadé du triomphe final des Alliés. Le 12, le gouvernement précise qu'il établira la conscription obligatoire pour les jeunes gens valides, avant d'incorporer les gens mariés, si ces jeunes gens ne s'enrôlent pas volontairement avant le 30 novembre. Le 22, une note qui émane du ministère de la Guerre indique que les Allemands ont perdu 30 dirigeables. Le 23, au ministère des Munitions à Londres, grande réunion entre les représentants de la Grande-Bretagne, de la Russie, de l'Italie et de la France pour tenter de coordonner les efforts de chacun en vue d'assurer l'approvisionnement en munitions des Alliés sur tous les fronts opérationnels. Le 27, une importante mission militaire russe arrive à Londres, dans le but de conférer sur la conduite de la guerre...

En Italie, le 10 novembre, une note informe que la Bulgarie, en menaçant l'Albanie pour accéder à la mer Adriatique, porte atteinte aux intérêts italiens et que le gouvernement prendra des mesures opportunes pour y parer rapidement. Le 21, Antonio Salandra, président du Conseil et Vittorio Emanuele Orlando, garde des Sceaux, affirment que l'Italie veut la coordination des efforts de la Quadruple-Entente et, en réponse à la visite du général Henri Gouraud, elle étudie la forme de son intervention dans les Balkans. Le 26, après Paris, Horatio Herbert Kitchener arrive à Rome pour des entrevues avec Antonio Salandra et presque tous les ministres du pays...

En Autriche-Hongrie, le 6 novembre le troisième emprunt national lancé depuis un mois rapporte 3,3 milliards de couronnes. Le 29, le gouvernement reconnaît la culpabilité du sous-marin U-38 qui, le 7, a coulé le paquebot italien Ancona. C'est le premier acte de piraterie en Méditerranée, le commandant(2) allemand du submersible a arboré le drapeau austro-hongrois avant de tirer au canon sur les rescapés qui s'embarquent dans les canots de sauvetage, provoquant la mort de 208 passagers, dont une vingtaine de citoyens étasuniens...

En Grèce, le 4 novembre, le premier Ministre Aléxandros Zaïmis est mis en minorité à la Chambre par 147 voix contre 114, il démissionne aussitôt. Le surlendemain, un nouveau ministère est formé par Stephanos Skouloudis qui devient président du Conseil. Sans être aussi proche des Alliés qu'Elefthérios Venizélos, il a toujours témoigné des sentiments amicaux envers la Quadruple-Entente à laquelle, 3 jours plus tard, il demande une avance de 40 millions. Les Alliés lui font savoir que cette demande sera examinée avec bienveillance à condition que le pays se range franchement à ses côtés. En réaction, le 9, un décret du roi prononce la dissolution de la Chambre, et les futures élections sont fixées aux 6 et 19 décembre. Le 13, deux missions ennemies arrivent à Athènes. La première, celle des empires centraux, veut clarifier la situation de ce pays à son encontre. La seconde, celle de la Quadruple-Entente, avec Lord Kitchener et le très catholique ministre d'État français Denys Cochin, veut faire basculer la Grèce du côté Allié ou du moins avoir des garanties fermes sur sa neutralité. Entre-temps, pour faire pression, les autorités britanniques et françaises bloquent dans leurs ports respectifs la centaine de bateaux grecs prêts à l'appareillage. Le 17, Denys Cochin est acclamé dans les rues d'Athènes avant sa visite à Stephanos Skouloudis. A sa sortie, l'ambassadeur de France, Jean Guillemin, déclare "les puissances alliées demandent simplement à la Grèce de conserver à sa neutralité le caractère bienveillant qu'elle a promis, et de continuer à accorder les facilités spéciales qu'elle s'est engagée à donner à nos corps expéditionnaires". Le lendemain, Denys Cochin est reçu par le roi pendant plus d'une heure. Le 18, en signe d'apaisement, les Britanniques autorisent les navires grecs qui ont complété leur cargaison à partir. Mais, à Marseille, les autorités portuaires refusent toujours l'embarquement de marchandises pour la Grèce. Le 20, c'est au tour de Lord Kitchener d'être reçu par le monarque grec. A la suite de ces entretiens, tous très tendus, Athènes publie une note indiquant que "les puissances alliées jugent nécessaire de prendre certaines mesures qui auront pour effet d'interrompre les facilités d'ordre économique et commercial dont la Grèce jouissait de leur part". Le 21, c'est à bord d'un navire britannique que Lord Kitchener a une entrevue avec le général français Maurice Sarrail qui commande l'armée d'Orient. Un peu plus tard, c'est en ville que Denys Cochin s'entretient avec Maurice Sarrail et des généraux français. Le 22, dans une note, la légation de Grèce à Paris souligne qu'il n'y a aucun accord politique gréco-bulgare. Le 23, une information des empires centraux fait savoir que, dans le cas où les Serbes et les Alliés seraient repoussés en territoire grec, ce pays devrait procéder à leur désarmement s'il voulait que sa neutralité fût respectée. En Grande-Bretagne, le gouvernement informe qu'aucun blocus de ports grecs n'est en vigueur, même pas en prévision. Le 24, le roi de Grèce invite de nouveau Denys Cochin à déjeuner au palais royal et le gouvernement lui remet une note qui donne satisfaction, en termes généraux, aux demandes de garanties considérées comme nécessaires par les Alliés (sécurité, facilités des communications par télégraphe et par chemin de fer). Le 28, les négociations se poursuivent entre la Grèce et les Alliés pour peaufiner les détails de l'accord afin d'assurer la libre circulation des troupes alliées en Macédoine. Le 30, après validation des détails de l'accord, Stephanos Skouloudis "assure la continuation de la neutralité bienveillante de la Grèce vis-à-vis de l'Entente, aussi longtemps que les droits souverains ne seront pas violés et que des restrictions d'ordre militaire ne lui seront pas imposées". La crise Grecque est, pour un temps, apaisée...

En Pologne, le 5 novembre, un manifeste austro-hongrois-allemand déclare que les anciens territoires polonais de Russie forment un nouveau royaume de Pologne...

En Suisse, le 15 novembre, plusieurs Allemands et Autrichiens installés dans le sud de la Suisse sont condamnés pour espionnage au profit de l'Allemagne mais aussi de l'Italie. Le 25, à Zurich, des représentants belges et allemands se rencontrent pour examiner les possibilités d’une paix bilatérale. Cette rencontre sera sans suite...

En Europe centrale, le 14 novembre, Tomáš Masaryk, alors en exil en Grande-Bretagne, crée un comité d’action pour fonder un état tchécoslovaque indépendant. Il deviendra le premier président de la République tchécoslovaque en 1918 après l'armistice...

Aux États-Unis, le 8 novembre, une note du gouvernement est adressée à la Grande-Bretagne. Ce pays proteste contre les entraves apportées au commerce par le blocus Britannique envers certains ports internationaux. D'autre part, les USA prétendent que le blocus des ports allemands de la mer Baltique n’est pas effectif. Le 13, Haïti passe sous protectorat étasunien...

Au Japon, le 20 novembre, le gouvernement s'émeut du torpillage du Yusukanimaru au large de Gibraltar par le U-38 au début du mois. Il fait fortement savoir que si le fait se renouvelle, il prendra des mesures contre les résidents et commerçants allemands du Japon...

En Chine, le 20 novembre, le parlement ratifie le rétablissement de la monarchie et le couronnement de Yuan Shikai. Ce dernier est un militaire, il est aussi le représentant officiel de la dynastie des Qing depuis le début de la République de Chine en 1912. Il a servi à la fois la cour impériale des Qing et la république. Il s'est autoproclamé empereur depuis le début du mois car, selon lui "les masses chinoises ont été habituées depuis longtemps à un régime autocratique et la république n'est en fait qu'une phase transitoire pour terminer le règne des Mandchous"...

Dans le monde des arts et des lettres, le 12 novembre à Cherbourg, c'est la naissance de Roland Barthes. Il deviendra critique littéraire, directeur d'études à l'École des Hautes Études en sciences sociales et professeur au Collège de France. Il fut l'un des principaux animateurs du structuralisme et de la sémiotique en France. Il décède le 26 mars 1980 à Paris…

 

Sur le front en France plus aucune attaque d'envergure n'est en cours, tant du côté allemand que français. Dans chaque camp, on tente de soigner les plaies béantes que les attaques précédentes ont laissées. Devant l'impossibilité du moment de franchir les premières lignes de tranchées par des assauts frontaux, les militaires et les ingénieurs décident de les saccager sans pour autant faire suivre ces destructions par des offensives terrestres...

Si, dès le début de la guerre, les Allemands ont déjà des mortiers adaptés dits Minenwerfer, la France, qui table alors sur une guerre de mouvement, n'a aucun engin du même type. Des arsenaux, on ressort en vitesse de vieux mortiers à âme lisse construits sous Napoléon III, capables de tirs presque verticaux. Sur place, l'ingéniosité des soldats français comble ce vide par des créations bricolées à la va-vite avec du matériel trouvé sur place. En Argonne, un polytechnicien, le capitaine d’artillerie Cellerier utilise les douilles d'obus allemands de 77 trouvées intactes et en quantité, pour réaliser un petit mortier qui porte son nom. De son côté, le commandant du génie Duchêne, passant près d’un tas de douilles de 75 a l’idée de les utiliser comme projectiles. La douille, remplie d’explosif, est dotée d’ailettes en zinc puis coiffée d’une grenade. Soutenu par Joffre, et travaillant avec les Services techniques de l’artillerie, il arrive rapidement à mettre au point un mortier de 58mm dont le premier exemplaire arrive au front le 18 janvier 1915. Une deuxième version améliorée, le 58 n°2, arrive en avril. Ces types d'armes, mortiers et mortiers improvisés, de par leurs formes ramassées en crapaud, sont baptisées crapouillots par les poilus. Les bombardements de l'artillerie de tranchée sont surnommés "marmitages" et tous les projectiles d'artillerie de tranchée sont alors désignés sous le vocable de "torpille". Le modèle 58 n°2 reste le plus répandu dans les tranchées françaises. Sa bombe à ailettes devient l’insigne des artilleurs de tranchée, corps spécial que Joffre a créé en février 1915. L’artillerie de ligne en profite pour envoyer ses fortes têtes partager la vie des fantassins, d’où la réputation frondeuse attachée aux "crapouillots". Si les mortiers sont rapides et faciles à mettre en œuvre, comme le vol de la torpille est relativement lent, les soldats du front qui connaissent la caractéristique sonore de chaque obus et torpille peuvent s'en abriter rapidement...

En plus de l'artillerie de tranchée, l'artillerie de ligne ne cesse de tirer. Les soldats de tous bords et dans tous les secteurs du front ne cessent d'écrire à leur famille "jour et nuit la canonnade ne cesse". Le jour, les premières lignes sont relativement calmes, toutefois tout le monde reste aux aguets. Il n'est pas rare que des assauts ou des tirs de mortier surviennent sans raison apparente. Il faut aussi écouter le sol pour détecter au plus vite les coups de pioche des sapeurs qui préparent une mine. La nuit, quand la météo le permet, c'est l'effervescence. Il faut remettre en état les barbelés, transporter les blessés aux "ambulances"(3), alimenter les hommes et les crapouillots en munitions, faire des patrouilles de renseignements. C'est une vie épuisante pour des soldats qui restent parfois plus de 5 jours d'affilée en première ligne. A cause de la boue, des rats, des poux de corps, des mouches, des excréments, de la proximité des cadavres amis et ennemis qui se décomposent, de l'air vicié des abris pollués par les gaz, de la fumée et des vapeurs émises par les armes et munitions, des incendies... la (sur)vie dans les tranchées est particulièrement difficile. Les séquelles psychologiques et sanitaires seront terribles pour tous les soldats. Par l'absence d'antibiotiques, la moindre blessure peut devenir mortelle et, souvent, l'amputation guette...

En ce mois de novembre, le gel et la neige font leur apparition, ce qui rend encore plus dures les conditions de vie des soldats…

 

Dans la guerre aérienne, depuis juillet l'avion allemand Fokker E.III est opérationnel. C'est le premier appareil qui possède, dès l'origine, au moins une mitrailleuse synchronisée qui tire à travers l'hélice. Le plus souvent il en a deux, parfois trois. C'est un monoplan agile et rapide qui surclasse largement tous ses concurrents tant français que britanniques. A partir de septembre 1915, il est en nombre suffisant pour constituer des unités homogènes de chasseurs, les Kampfeinsitzer Kommandos (KEK, en français "commandos de chasseurs monoplaces"). Il va devenir le maître du ciel durant toute l'année 1916 et même empêcher les vols diurnes des bombardiers alliés...

Pour l'instant, quand la météo est favorable, la guerre aérienne se poursuit avec des bombardements de plus en plus "lointains". Munich est bombardée le 17 et Anvers le 20. Mais c'est pour une tout autre raison que l'aviation voit fleurir son premier parachutiste militaire. Lors de l'offensive en Champagne, les aérostiers perdent plusieurs ballons avec leur équipage. Du coup, l'état-major demande au centre de Chalais-Meudon de trouver rapidement une parade. On pense armer les nacelles avec des moyens défensifs, comme une mitrailleuse, mais elles sont lourdes et pas facilement adaptables sur une nacelle en osier. De plus, les douilles brulantes pourraient y mettre le feu. Alors, le lieutenant Jumesch, et le capitaine Letourneur, proposent d’utiliser le parachute. Jumesch, ancien pilote de dirigeable, confectionne rapidement un parachute dans un carré de toile qu'il expérimente à l'aide de sacs de sable de 80kg. Puis, il fait tester son prototype par Constant Duclos, un jeune fusilier marin assez casse-cou de 20 ans, à la carrière militaire déjà bien remplie. N'écoutant que son courage, Constant Duclos se jette alors d'un ballon à Courtellemont le 17 novembre 1915 à 16heures à 300m d'altitude. C'est le premier saut en parachute de l'histoire militaire française(4). Il lui faudra 4 longues minutes pour atteindre le sol. En décembre 1915, le parachute est homologué et sa construction en série est alors entamée(5), c'est un "outil militaire" promis à un grand avenir...

En Italie, le 14 septembre, trois avions austro-hongrois survolent Vérone et lancent des bombes sur la place où se tient le marché. Ils tuent trente personnes et en blessent quarante-huit autres. Le lendemain, deux autres avions bombardent Brescia. Ils tuent sept personnes et en blessent dix autres...

Le 28, dans la mer du Nord, un avion piloté par un officier britannique accompagné d'un officier français, traque et coule un sous-marin allemand. Cela ouvre des perspectives pour la chasse anti-sous-marine près des côtes britanniques pour les mois à venir...

 

Dans la guerre maritime, on devrait plutôt écrire "la guerre contre les navires marchands" tant ce sont eux qui sont les plus touchés. Pour mener sa guerre maritime, l'Allemagne utilise ses sous-marins. Faciles à construire et ne demandant qu'un équipage réduit, c'est l'arme du pauvre. Toutefois, ce submersible n'est pas en état de se battre, loin s'en faut, contre les navires de guerre de haut-bord. Alors, ce sont les navires marchands, proies nombreuses et faciles, qui sont ses cibles privilégiées. Depuis la mise en service du type "océanique", les U-Boots sont capables, seuls, de rallier la Méditerranée. Les ports austro-hongrois de l'Adriatique comme Pola en Istrie, Zara et Spalato en Dalmatie, et surtout le magnifique port naturel de Cattaro(6), en plus idéalement placé, leur servent de bases arrières sûres où ils peuvent se ravitailler et faire reposer les équipages. Ils ne seront jamais plus de deux, trois au maximum, en service en même temps, on est encore loin de la tactique des loups de mer de la deuxième guerre mondiale...

Exécution de civils serbes par l’armée austro-hongroise

Prisonniers serbes emmenés en Bulgarie

Même à la guerre, l’humour ne perd pas ses droits

En Grèce, pont ferroviaire sur le fleuve Vadar

L’Écho de Barbentane de janvier 1916

(1) Juste pour mémoire, Georges Clémenceau a séjourné une nuit en 1900 à Barbentane à l'auberge de La Chambre, rue des Pénitents, ancienne maison Auzépy-Ollier, en face de la chapelle des Pénitents qui est maintenant devenue l'Office de Tourisme.

(2) A la fin de la guerre, le commandant du U-38, Max Valentiner, est accusé de "comportement cruel et inhumain envers les équipages" pour ses différentes attaques de bateaux de toutes nationalités en Méditerranée. Il est condamné comme criminel de guerre. Mais, comme presque tous les criminels de guerre allemands et austro-hongrois, afin d'échapper aux poursuites, il démissionne de l'armée, change de nom et disparaît pendant un moment. Il reprendra du service pendant la guerre 39-45 en devenant commandant de groupe de la Commission d'homologation des sous-marins pour le secteur de Kiel-Danzig, un poste qu'il occupe jusqu'en mars 1945. Il meurt le 19 juillet 1949 à 65 ans à l'hôpital de Sønderborg (Danemark) d'une infection pulmonaire, probablement due à l'inhalation de vapeurs toxiques des moteurs dans les premiers U-Boots qu'il a commandés...

(3) Durant la guerre de 14-18, le terme ambulance ne désigne pas forcément un véhicule transportant les blessés, dans le parler des soldats c'est une unité médico-chirurgicale de campagne au plus près de la ligne de feu.

(4) Depuis 1912 certains pilotes d'avion ont déjà utilisé le parachute pour s'extraire d'un avion en perdition. D'ailleurs, Adolphe Pégoud saute volontairement d'un Blériot, sacrifié pour l'occasion, le 19 août 1913. Il heurta l'empennage de son avion et se fractura l'épaule en atterrissant dans un arbre. Toutefois, en regardant son avion faire des loopings naturels, il connut ensuite la gloire comme premier pilote d'acrobatie aérienne (voir à sujet mon site d'août 1915).

(5) Constant Duclos est alors envoyé en zone de combat afin de convaincre les aérostiers d'utiliser ce nouveau moyen de secours. Il effectue vingt-trois descentes en parachute, établissant ainsi le record du plus grand nombre de sauts de la Première Guerre mondiale.

(6) Le port de Cattaro fait Maintenant partie du Monténégro et s'appelle Kotor.

(7) Mustadieh Ombashi est le nom de l'officier d'artillerie turc qui a arraisonné le Turquoise.

(8) Le vapeur Harmonie sera moins chanceux le 17 mai 1916 quand, chargé de vin et faisant route d'Oran vers Sète, il sera éperonné au large des côtes espagnoles par le vapeur italien Genova. Il coulera presque immédiatement, par bonheur son équipage sera secouru au complet par le Geneva et débarquera à Sète deux jours plus tard.

Carte de la campagne des Balkans

Finition des obus de 75 dans l’usine Citroën des Quais de Javel à Paris

Les canons de 380 (tourelles arrières) du cuirassé britannique Queen Elizabeth

Retraite de l’armée serbe dans des conditions météo très difficiles

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho de janvier 1916 qui relate les événements de novembre et début décembre...

Jeune soldat serbe