BARBENTANE

en octobre 1918

Documents annexes

à télécharger

au format PDF

Soldats australiens dans Péronne en ruine

L'Europe en 1918

PC improvisé à Saint-Juliaan en Belgique

Accident de train à Getå le 1er octobre en Suède

Soldats britanniques accueillis par des enfants à Lille

Soldats australiens faisant de l'humour britannique

Le couple royal belge dans Bruges délivrée

Soldats italiens dans les premières neiges

Fantassins allemands se constituant prisonniers

Octobre 1918 - Dans le Monde en Guerre.

 

La Grippe Espagnole. En octobre, la grippe prend une tournure dramatique. Il y a de plus en plus de cas compliqués, et de plus en plus de morts. Partout, les hôpitaux peinent à faire face à l’afflux de grippés. Les médecins manquent, de même que les médicaments de base comme la quinine, l’antipyrine, le formol ou encore l’huile de ricin. En France, chaque jour ou presque, les journaux publient des conseils de prophylaxie collective et individuelle. On recommande de se laver les mains, de se rincer la bouche régulièrement et de se nettoyer les dents après chaque repas. On conseille de faire des gargarismes matin et soir avec de l’eau oxygénée ou de l’eau dentifrice, de faire des aspirations nasales d’eau chaude additionnée d’eau de Javel, et d’éviter le refroidissement. Si un cas se déclare dans une famille, on conseille d’isoler immédiatement le malade et, si le logement est trop étroit, de le faire hospitaliser. On demande aussi aux gens de tout désinfecter, de laver les vêtements en particulier ceux qui sont directement en contact avec la peau. On conseille aussi de mettre un masque protecteur car il limite la diffusion des germes. Si on ne dispose pas de masques, on peut aussi, écrit un médecin dans Le Matin, remplacer ce masque par "une simple compresse hydrophile trempée dans l’eau bouillie, posée sur le nez et la bouche et attachée par-dessus les oreilles avec un cordonnet". Pour l’Illustration il faut recueillir les crachats du malade ou faire moucher dans des compresses qui seront jetées dans un récipient d’eau formolée. Les journaux conseillent aussi de ne plus balayer les lieux publics à sec, pas plus du reste que les appartements privés. Enfin, on recommande d’éviter les réunions aussi bien en plein air que dans des lieux fermés, y compris dans les lieux de culte, les théâtres, les cinémas, les grands magasins, le chemin de fer..

Proclamation de l'indépendance yougoslave le 29 octobre 1918 à Ljubljana

Prisonniers allemands sur le front britannique en attente avant évacuation (photo colorisée)

La ville d'Alep en Syrie en 1918

Avion britannique détruit par les Ottomans dans le désert Syrien

Poilus accueillis en héros dans un village libéré de l'Aisne

Char Mark IV spécialement équipé pour franchir les tranchées (photo colorisée)

Affiche de propagande pour le 4e emprunt de la Défense Nationale

Char britannique qui accompagne les troupes portugaises

Section d'automitrailleuses belges sur le front des Flandres

Près de Cambrai, officiers franco-britanniques en observation

Chasseurs alpins dans une tranchée des Vosges (photo colorisée)

Char Renault FT-17 servi par des soldats US dans la Somme

Mouvement d'un obusier belge à Elverdinghe

Section britannique de mitrailleurs en position dans l'Artois

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de septembre et octobre 1918 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Ce qui reste de Montdidier dans la Somme

Le cuirassé Voltaire à Toulon

Dans une tranchée française quelques secondes avant un assaut (photo colorisée)

C'est l'Écho de septembre et octobre qui relate les évènements d'octobre 1918 à Barbentane...

Match de base-ball dans un camp US en France

Affiche de propagande pour le 4e emprunt national

Dans un port britannique, soldats prêts à s'embarquer pour la France (photo colorisée)

Progression des alliés en octobre-novembre 1918

Soldats allemands dans une pause casse-croute

Soldat écossais dans la Somme

Défilé des troupes britanniques dans Lille libérée

La Fère dans l'Aisne, reconstruction du pont à l’entrée de la ville

Le général britannique Campbelle s'adresse à ses troupes sur le pont de Saint-Quentin

Écho de Barbentane de septembre-octobre 1918

En l’absence de connaissances scientifiques suffisantes, on cherche des remèdes. On tâtonne. Les journaux citent le cas de la Grande-Bretagne où, sur avis des médecins impuissants à arrêter le mal, le ministre anglais du Ravitaillement a rendu libre la vente d'alcool comme le whisky, le gin ou le brandy. En France, c’est avec du rhum que l’on pense faire reculer le mal. On apprend aussi que ce sont les personnes de 20 à 30 ans qui paient le plus lourd tribut. Par sa propagation, la maladie fait peur. C’est ainsi que le 17 octobre, les lecteurs du Journal peuvent lire "Le nombre de cas de grippe augmente. Aujourd’hui, on en compte jusqu’à 700 par jour, alors que la semaine dernière il n’y en avait guère que 400". La statistique qui paraît le lendemain au Bulletin municipal de Paris accuse 1 445 décès pour la semaine qui vient de s’écouler au lieu de 989 pour la semaine précédente. Rappelons que la moyenne en temps normal pour la saison est de 700 décès environ. Si les journaux critiquent peu les autorités, c'est que tout le monde se sent démuni. Mais certains, comme le Journal du 19 octobre, accuse le gouvernement de se contenter de donner des conseils comme éviter les rassemblements, prendre des grogs au rhum, de l’aspirine et de la quinine, et appeler le médecin au premier malaise, "C’est facile à dire, poursuit le journaliste, le rhum est hors de prix, vous n’en trouverez pas à moins de 16 Frs le litre, et ce n'est pas la meilleure mesure pour lutter contre l’alcoolisme. Les médicaments sont quasi introuvables. Quant au médecin, difficile d’en trouver un". D'autres accusent les autorités de se contenter de placarder des affiches et de publier des circulaires, sans lancer de luttes sérieuses. C’est aussi au cours du mois d’octobre que les réclames sur les médicaments pour soigner la maladie sont les plus nombreuses. Le 26, Le Petit Parisien publie la formule d’un traitement efficace. Pour le fabriquer, il faut de nombreux ingrédients : aspirine, citrate de caféine, benzoate de soude... et des tisanes d’orge, de chiendent, de queues de cerises, sans compter de la teinture de cannelle, de la teinture de quinquina, du sirop d’écorce d’orange amère... Le prix de cette recette merveilleuse est de 45 Frs. Pire, l’article fait affluer dans les pharmacies un grand nombre de personnes qui réclament que leur soient délivrés les produits dont la liste occupe une demi-colonne du quotidien. Certains prétendent que "La maladie n’a de prise que sur les personnes affaiblies et la suralimentation s’impose pour se préserver des grippes de quelques nationalités qu’elles soient, il faut donc manger entre les repas !!!" Par ces temps de restrictions, plus facile à dire qu'à faire. Un seul aliment est possible "La Farine tutélaire sucrée, lactée ou non lactée" ou encore "Avec la Fluatine fabriquée par les laboratoires des Phocéens, on est certain d’éviter ou d’enrayer la grippe espagnole et toutes les maladies épidémiques : choléra, peste, typhoïde, variole, rougeole, scarlatine, etc..." C'est quasiment le remède universel. Quant au puissant Rheastar, il guérit aussi bien la tuberculose que la grippe espagnole "Non toxique, bon pour l’estomac, bienfaiteur surtout des alvéoles pulmonaires, le Rheastar a vite fait d’atteindre le siège du mal, à cause de sa douceur, il est accueilli en ami par nos cellules... Dès les premières cuillerées on se sent mieux, puis les migraines, névralgie, coryza disparaissent, la toux mûrit et cesse, la fièvre tombe, la faiblesse, les courbatures s’évanouissent, l’appétit reprend, la grippe guérit en faisant place à la gaieté messagère de la santé". On peut aussi prendre les pilules Dupuis qui "chasseront la grippe et ses innombrables conséquences". Il y a encore les gouttes livoniennes "qui soignent aussi les rhumes, la toux, les bronchites, la grippe, les catarrhes et l’asthme" ou encore l’Élixir Bleu Hera aux vertus innombrables. Bref, on n'est pas loin de l'eau médicinale des cowboys. Mais toutes ces potions qui sont autant miraculeuses que de la poudre de perlimpinpin, n'enrayent pas le mal. Les malades de par le monde meurent par millions...

 

La Paix dans le Monde.

La Paix voulue par l'Allemagne. En ce mois d'octobre, militairement, l'Allemagne est vaincue. Malgré ses crises psychiques feintes ou réelles, le général Erich Ludendorff le sait mieux que quiconque. Pour lui, il devient urgent de dédouaner de ses responsabilités la caste des militaires prussiens qui a voulu la guerre au nom du peuple allemand. C'est la seule façon de survivre et avoir la possibilité de conquérir l'Europe avec une nouvelle guerre. Alors, rusé, il prépare une série de manœuvres politiques qui, au final, quelques années après, permettront à l'extrême droite allemande de prendre le pouvoir. Avant même la fin de la Grande Guerre, l'élaboration d'une future guerre de revanche est lancée...

En octobre, le peuple allemand, y compris bon nombre de politiciens, toujours bercés par les victoires du printemps et la reddition de la Russie, sont toujours confiants dans la possibilité d'une grande victoire à l'ouest. La censure veille férocement à ce qu'il en soit ainsi. Pour Ludendorff et les siens, il faut absolument rendre les politiciens coupables de la défaite, même si pour cela Guillaume II et sa famille y laissent leur tête, c'est sans importance. Fins tacticiens, ils comptent utiliser toutes les possibilités que permettent les fameux "14 points" que le président des États-Unis, Woodrow Wilson, ne cesse de mettre en avant dans tous ses discours. Notamment le libre choix des peuples à disposer d'eux-mêmes, ce qui laisse aussi sous-entendre que l'Allemagne physiquement intacte à quelques villes frontières près, va pouvoir se centraliser(1) encore plus, conserver tous ses moyens industriels et économiques pour se reconstruire encore plus forte. Ce sont pour ces raisons que les militaires demandent et obtiennent la tête du chancelier en place, pourtant un pangermanique comme eux, pour le remplacer par un libéral qui va aussitôt réclamer la paix. Toute cela pour que ces nouveaux politiques endossent, seuls, la responsabilité de la défaite. Alors, l'extrême droite allemande aura beau jeu de crier au "Coup de poignard dans le dos" (Dolchstoßlegende), légende selon laquelle l'armée allemande est restée invaincue sur les champs de bataille, mais aurait été abattue par une trahison du pouvoir civil issu de la révolution de Novembre 1918. C'est ainsi que, pendant les deux décennies suivantes, les propagandistes nazis avec Adolf Hitler à leur tête, ne cesseront de déclarer que l’armée allemande n'a jamais été vaincue, la défaite incombant uniquement aux civils. Ce qui est un pur mensonge...

De son côté, le président des États-Unis, Woodrow Wilson, se laisse embarquer par ces manœuvres. Dans cette période, les Français et les Britanniques, qui depuis plus de 4 ans ont supporté l'essentiel des épreuves, sont constamment mis de côtés. Avec eux, Ludendorff et les siens le savent bien, leur stratégie n'aurait pas eu de prise, et ces vainqueurs auraient immédiatement détruit toute possibilité de renaissance du militarisme prussien pour des décennies...

La Paix demandée par l'Autriche-Hongrie. Depuis passablement de temps, les dirigeants du pays ne se font plus d'illusion, la guerre est militairement perdue. Le pays est exsangue, la famine guette, l'éclatement de l'Empire austro-hongrois est inéluctable, ce n'est plus qu'une question de jours. Toutes les minorités, et elles sont nombreuses dans ce que Winston Churchill désignera plus tard comme "Le ventre mou de l'Europe", vont les unes après les autres rejeter le pouvoir central de Vienne et de Budapest. Charles Ier n'a pas le choix, il doit d'abord se désolidariser de l'Allemagne afin d'atténuer l'impact de la défaite et accepter l'émiettement de l'Empire que son grand-oncle, François-Joseph Ier d'Autriche, lui a transmis. Il sait que les Italiens vont attaquer sous peu, c'est inéluctable. Il sait tout autant que les Franco-Serbes vont s'empresser de remonter la vallée du Danube vers Budapest sans rencontrer de grosses résistances. En Autriche même, des forces politiques se réunissent dans une assemblée dite Deutschösterreich et demandent le rattachement du pays historique, la Cisleithanie(2), avec l'Allemagne. Les Alliés, la refuseront....

La Paix en Italie. Le 29, une délégation austro-hongroise arrive à Padoue pour les premiers pourparlers d'armistice. Ces discussions traînent en longueur sur ordre de Charles Ier et n'empêchent en rien les opérations militaires de se poursuivre. Sauf qu'à partir de cette date, de nombreux soldats austro-hongrois se rendent, y compris des officiers car tous pensent que l'armistice est signé, la guerre finie...

La Paix obligée de la Turquie. Là, les choses sont plus simples. Les militaires reconnaissent leur défaite. Ils n'ont pas le choix, soit ils se rendent avant qu'il soit trop tard, soit le pays maintenant réduit à sa plus simple expression, va connaître les horreurs de la guerre. Et ils savent bien qu'après tous les massacres qu'ils ont sciemment perpétrés sur toutes les minorités de l'Empire depuis des siècles, leurs ennemis seront sans pitié et massacreront sans trop se poser de question tous les turcs qu'ils rencontreront. Là aussi, il faut penser à l'avenir. Arrêter la guerre le plus rapidement possible est la dernière chance pour que la nation turque puisse survivre...

Le 26, le nouveau grand vizir Ahmed Izzet Pacha ordonne de libérer le général britannique Charles Townshend. Ce dernier, capturé à Kut-el-Amara en Mésopotamie le 25 avril 1916, passait des jours heureux dans sa prison dorée sur l'île d'Halki, dans la mer de Marmara. Il est mandaté pour porter à l'amiral britannique Somerset Gough-Calthorpe la demande d'armistice turque. Ce dernier avec sa puissante escadre de la Méditerranée a stoppé ses navires près de l'île de Lemnos au nord-est de la mer Égée en face du port de Moudros. Calthorpe répond que si les plénipotentiaires turcs sont accrédités pour signer un armistice, lui a déjà les pleins pouvoirs des Alliés pour le faire. Le lendemain, Raoul Bey le ministre de la Marine, le lieutenant-colonel Saadullah Bey chef l'état-major général et Rechad Hikmet Bey, sous-secrétaire d'état aux Affaires étrangères de Turquie, montent la passerelle du cuirassé britannique Agamemnon où Calthorpe les attend. Les discussions traînent surtout à cause des Britanniques qui aimeraient entrer dans Mossoul avant la cessation des combats, mais cela n'est pas possible. Enfin, le 30 octobre, l'armistice est signé. Malgré sa présence sur place, l'amiral français Dominique Gauchet, pourtant mandaté par la France n'a jamais pu participer aux discussions et encore moins à la signature de cette reddition. Par cet accord, les Ottomans renoncent à leur Empire, réduit à la péninsule anatolienne et largement soumis à une occupation militaire. En 25 points, l'armistice maintenant dit de Moudros, prévoit le libre accès à la mer Noire par les détroits des Dardanelles et du Bosphore qui doivent être débarrassés sous une dizaine de jours de tous les obstacles pouvant empêcher la navigation. La Turquie doit cesser immédiatement toutes ses relations militaires et commerciales avec les pays des Empires centraux toujours en guerre. Tous les pays encore occupés par des forces turques, au Yémen, en Perse, dans les pays du Caucase doivent être évacués. La nouvelle frontière turque de l'est sera tracée ultérieurement. Tous les prisonniers civils et militaires, quelle que soit leur nationalité, doivent être remis aux Alliés sans condition. Tous les militaires en armes, y compris ceux encore présents en Cyrénaïques, Palestine, Mésopotamie, Hedjaz, Yémen, Perse, doivent rendre les armes et se constituer prisonniers aux forces alliées les plus proches. Sa flotte militaire est confisquée. L'armée, et la marine de guerre, doivent être démobilisées, sauf les éléments de police, les marins chargés de la maintenance des bateaux de guerre et les navires garde-frontières. Tous les militaires étrangers, Allemands, Austro-Hongrois et autres, encore présents sur le sol turc doivent être remis aux Alliés. Tous les moyens de communications ottomans sont rendus libres d'utilisation pour les forces d'occupation qui iront s'installer aux points stratégiques de leur choix. L'armistice prend effet à compter du jeudi 31 octobre 1918, à midi, heure locale. L'Empire ottoman, vieux de plus de 600 ans, a vécu...

La Paix en Chine, au Tibet, en Mongolie et en Inde. Le 10 octobre, les représentants chinois et tibétains signent un armistice à Rongbatsa, il entérine les conquêtes des armées du Tibet. Les frontières orientales entre le Tibet et la Chine sont repoussées vers l’est. Le fleuve Yangtzé est reconnu comme frontière. De plus le Tibet se voit reconnaître deux enclaves sur la rive gauche du fleuve : le Dergue et Baiyü. Pendant un temps la paix s'installe aussi dans cette partie du monde...

 

Dans le Monde Politique.

En France. On compte plus de 1 000 morts de la grippe espagnole durant la première semaine d'octobre, c'est un communiqué de champ de bataille. Le 6, c'est le retour à l'heure d'hiver. Le 20, c'est l'ouverture des guichets dans les banques pour collecter le 4e emprunt de la défense nationale, appelé couramment "L'Emprunt de la Victoire". Cette quête durera jusqu'au 24 novembre, elle permet de récolter 55 milliards de francs, somme considérable pour l'époque. Mais surtout, par sa campagne publicitaire, cet emprunt nous laisse une iconographie artistique incomparable avec ses innombrables affiches de propagande. Le 24, les Monts-de-Piété deviennent les Caisses de Crédit Municipal et étendent leurs activités aux comptes de dépôt à vue. Le 26, le généralissime Ferdinand Foch donne à Georges Clemenceau, le président du Conseil, la liste des conditions militaires minimum à adresser à l’Allemagne : évacuation des régions envahies et de l’Alsace-Lorraine dans les 14 jours, puis évacuation de la rive gauche du Rhin dans les 11 jours suivants ; création sur sa rive droite de 4 têtes de pont et d’une zone neutre de 40 kilomètres ; livraison par l’Allemagne de 8 000 canons, 30 000 mitrailleuses, 5 000 locomotives, 15 0000 wagons et le maintien du blocus pendant les discussions jusqu'à la signature définitive de l'armistice. Le 29, la Cour de Justice de la République tient sa première audience dans le procès du pacifiste Joseph Caillaux, ennemi intime de Clemenceau. Le 30, les Alliés se réunissent à Versailles. Sont présents tous les chefs militaires alliés, ainsi que les principaux ministres. Clemenceau fait avaliser les propositions de Foch. Dans l'après-midi, dans un de ses derniers bombardements sur des villes françaises, des obus allemands incendient totalement la bibliothèque universitaire de Nancy...

Aux États-Unis. Depuis plusieurs mois, la société Goodyear travaille à la construction de trois dirigeables triplaces identiques sur ses fonds propres pour les offrir aux militaires du pays. Le 5 octobre, le chargé d'affaires de la république helvétique remet à la Maison Blanche la note allemande du 3, demandant l'ouverture de négociations de paix...

Au Canada. Le 23 octobre, le paquebot canadien Princess Sophia qui navigue dans une violente tempête de neige s'échoue sur un récif quasi invisible à marée haute près de Juneau, en Alaska. Son sauvetage est pris à la légère, mais il s'avère dramatique, les canots mis à l'eau coulent les uns après les autres et aucun navire ne peut s'approcher pour le secourir. Au final, tous les passagers et tous les membres d'équipage périssent, soit 343 personnes. C'est toujours la pire catastrophe maritime de l'Alaska et de la Colombie Britannique. Le 24, lors de l'élection partielle de Manitoulin à l'Assemblée législative de l'Ontario, le candidat du parti de l'United Farmers of Ontario (progressiste) Beniah Bowman est élu. C'est la première fois qu'un fermier devient député dans le pays...

En Allemagne. Depuis la fin septembre, le général Erich Ludendorff, considère la capitulation comme inévitable. Son homologue, le général Paul von Hindenburg est plus mesuré, il espère pouvoir toujours contenir les Alliés. Mais les deux s'associent pour convaincre l'empereur Guillaume II qu'il faut changer de chancelier afin de pouvoir mieux négocier avec les Alliés. Alors, le Kaiser nomme son cousin, le prince Maximilien de Bade, dit Max de Bade, un libéral, à la place du pangermaniste Georg von Hertling. Aussitôt, ce dernier chamboule totalement le gouvernement et nomme à des postes clés des sociaux-démocrates et des catholiques du Zentrum comme Matthias Erzberger, Philipp Scheidemann, Friedrich Ebert et c'est le syndicaliste Gustav Bauer qui occupe le ministère du Travail. Il nomme aussi des partisans de la paix de longue date, comme Wilhelm Solf. En apprenant cela, la Ligue pangermaniste d'extrême-droite proteste vivement contre la démocratie et l'influence supposée des Juifs. Dans la nuit du 3 au 4, Max de Bade signe une note à destination du Président des USA. Elle réclame l'ouverture de négociations de paix sur le programme défini par ce dernier les mois précédents. Le 5, dans son discours d'investiture au Reichstag, Max de Bade annonce l'instauration d'un régime parlementaire et l'introduction du suffrage universel en Prusse, c'est à dire la majeure partie de l'Allemagne. Le 7, dans une conférence clandestine, le groupe Spartakus (extrême gauche) élabore un programme d'action plus ou moins calqué sur celui des Comités de soviet. Le 8, en réponse à Max de Bade, Woodrow Wilson demande si le nouveau gouvernement parle au nom du peuple allemand. De plus, il s'inquiète de savoir si l'Allemagne accepte les "14 points" et si elle consent à l'évacuation immédiate de tous les territoires qu'elle occupe en Europe. A Spa, Ludendorff ravi que sa manœuvre se concrétise, accuse les députés d'être à l'origine de la défaite. Pendant ce même temps, la Ligue spartakiste qui se rapproche de plus en plus du communisme, appelle ouvertement à la révolution et à la formation de "Conseils ouvriers". Le 9, pour éviter la nationalisation de leurs entreprises, les industriels de la Ruhr négocient des accords avantageux pour les ouvriers avec les syndicats sociaux- démocrates. Le 12, Max de Bade déclare, au nom du peuple allemand sur lequel il s'appuie, être prêt à accepter la proposition étasunienne d'évacuation des territoires envahis. Le 14, Wilson fait savoir à l’Allemagne que les conditions de l'armistice qu'elle a sollicité ne pourront être réglées que par les chefs militaires alliés, et que, d'autre part, il exige l'établissement d'un gouvernement démocratique élu avant tout début de discussion sur la paix. Le 17, au nom du parti social-démocrate, Ebert déclare au Reichstag que le pays vient de passer d'un État autoritaire à un État populaire grâce à des réformes pacifiques, à la différence des bouleversements entrepris en Russie. A Spa, dans ce qui semble être une volte-face, Ludendorff déclare que l’armée allemande a les moyens de se retrancher pendant tout l’hiver, pour lancer une offensive irrésistible au printemps suivant. Le 23, dans une nouvelle note, Wilson annonce qu'il transmet aux gouvernements alliés et à leurs conseillers militaires la demande d'armistice de l’Allemagne. Il précise que le parlement allemand doit avoir de nouveaux pouvoirs, que la puissance des militaires et le pouvoir autocratique du roi de Prusse doivent être sérieusement limités. En réponse, afin de montrer sa bonne volonté, Guillaume II signe les écrits pour permettre la libération de tous les prisonniers politiques. Le lendemain, le leader d’extrême gauche Karl Liebknecht, un spartakiste, est amnistié(3). Mais les chefs militaires, trop contents de la tournure des évènements, ne cessent de lancer des initiatives prouvant leur capacité à résister. Dans un communiqué, Hindenburg et Ludendorff ordonnent aux troupes de se tenir prêtes à une "Résistance extrême" (Widerstand mit äußersten Kräften). Le 25, à la tribune du Reichstag, le député Otto Rühle de la Ligue spartakiste appelle à l'abdication de l'empereur et à la révolution socialiste. Le 25 et pour la première fois, Wilson demande la capitulation pure et simple de l'Allemagne. Le 26, fidèle à sa stratégie, Ludendorff critique maintenant ouvertement l’attitude de l’Empereur et comme il ne supporte pas de voir le gouvernement préparer l’armistice, il demande à être relevé de ses fonctions(4). Son successeur est un général prussien plus libéral, Wilhelm Groener. Hindenburg reste en poste sur la requête pressante de Guillaume II qui fait appel à son patriotisme...

Le même jour, la constitution impériale est modifiée. Cet évènement, qui marque le passage officiel à un régime parlementaire, prend le nom de "Réforme d'octobre". Le chancelier dépend désormais de la confiance du Reichstag et exerce des responsabilités accrues, tandis que le pouvoir de l'empereur est constitutionnellement limité. L'accord du Reichstag devient en outre nécessaire pour déclarer la guerre ou conclure la paix. Grœner, le nouveau général des armées allemandes, déclare que les militaires se tiendront à l'écart de toutes les négociations du futur armistice. Le 29, le Kaiser quitte Berlin pour le grand quartier général de Spa sans en informer le gouvernement. Le lendemain, face à la désertion de l'empereur, le Conseil des ministres se prononce pour l'abdication de Guillaume II d'Allemagne...

Le 29, le gouvernement est officiellement avisé du départ raté de la Kaiserliche Marine (marine du Kaiser) pour son raid suicidaire et de la mutinerie qui en a découlé dans le port de Kiel. Il envoie alors le secrétaire d'état Conrad Haußmann et le rapporteur des affaires maritimes du parti social-démocrate, Gustav Noske, pour parlementer avec les marins. Entre-temps, les mutins se sont organisés, ils gagnent en puissance et propagent la nouvelle dans les autres ports allemands, notamment à Dantzig et Wilhelmshaven. Les autorités s'empressent d'isoler les meneurs par des arrestations brutales. Rapidement, 250 marins sont arrêtés, puis 400. A ce stade, les mutins sont plus forts que leurs gardiens. Alors, au lieu de calmer les esprits, ces regroupements de meneurs enveniment la situation et les policiers militaires sont rapidement chassés de l'immense chantier naval Germania du baron von Krupp où les rebelles se sont installés. Maintenant maître de la situation, les marins, mutins ou pas, ainsi que les ouvriers du port, se regroupent en une Assemblée Générale qui décide de créer des Conseils d'ateliers sur le modèle des Soviets russes. Le 30, Noske est accueilli avec enthousiasme, il est immédiatement porté à la présidence du Conseil d'ouvriers et de marins. Il promet une amnistie, mais il ne parvient pas à faire rentrer les révoltés dans le rang. Le soir, le grand amiral Franz von Hipper fait preuve d'autorité, il réitère l'ordre de sortie pour tous les navires de la Kaiserliche Marine. Dans les ports, pas un bateau ne bouge. Par dépit, l'ordre est annulé. Même s'ils ne le savent pas encore, les révolutionnaires des ports allemands vont changer le cours de l'histoire de leur pays...

En Courlande et dans les Pays Baltes. En octobre, le nouveau chancelier Max de Bade ordonne le remplacement de l'autorité militaire encore en place par une autorité civile. La nouvelle politique proposée est résumée dans un télégramme envoyé par le Ministère des Affaires Étrangères allemand à l'administration militaire "Le gouvernement allemand est unanime, nous devons respecter le changement fondamental de notre politique dans les Pays baltes, ce qui se traduit tout d'abord par la nécessité d'impliquer les Baltes dans la gouvernance de leur pays"...

En Pologne. Le 11 octobre, les gouvernements alliés reconnaissent officiellement l'armée nationale polonaise...

Au Danemark. Le 29 octobre est créée la première compagnie d'aviation nationale. C'est le Det Inke Luftfartselskab, ou DDL en abrégé. Sa flotte est composée d'avions allemands : Fokker, Dornier, Airco et Junkers. Mais il faut attendre le 7 août 1920 pour que sa première ligne aérienne soit effective. Après d'innombrables péripéties, elle fusionnera avec les autres compagnies nationales scandinaves pour former le groupe SAS le 18 avril 1948...

En Autriche-Hongrie. Le 4 octobre, le socialiste Victor Adler fait voter au Reichsrat une résolution qui reconnaît à tous les peuples de l'empire austro-hongrois le droit à l'autodétermination. Le 11, à Vienne, Charles Ier reçoit les députés des minorités nationales pour leur exposer son projet d'État fédéraliste. On est très loin de l'indépendance que ces élus réclament, ils repartent déçus. Le 15, lors du dernier conseil des ministres de la double monarchie, Charles Ier propose sa réforme fédéraliste à seize composantes, axée sur le respect des droits des peuples au sein de l'Empire. Le Président du Conseil Hongrois, Sándor Werkele s'élève fortement contre cette réforme qui ne peut que détruire la monarchie des Habsbourg. Il menace même de fermer la frontière entre le Royaume de Hongrie et l'Empire d'Autriche, ce qui aurait réduit les villes autrichiennes à la famine. Il propose que l'Empire soit divisé en trois parties : la Cisleithanie, la Transleithanie et la Bosnie-Herzégovine, c'est le contre-projet "trialiste". A l'issue de ce conseil houleux, il obtient que la Hongrie ne soit pas concernée par le projet fédéraliste. Le lendemain, un écrit impérial prévoit les tracés de ces nouvelles fédérations, il ne rencontre aucun écho favorable. Décidées à la conférence de Spa le 12 mai, débutées le 9 juillet, les négociations de Salzbourg sont toujours en cours. Elles avaient pour objectif un rapprochement économique entre l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Le 19 octobre, par une décision austro-hongroise unilatérale, elles sont ajournées. Le 21, les députés germanophones de Cisleithanie, partisans d'une union d'une partie de l'Autriche à l'Allemande (Deutschösterreich), se réunissent en une Assemblée nationale provisoire et ils demandent officiellement à être rattachés à l'Allemagne. Le 26, de Vienne, Charles Ier envoie un télégramme à l'empereur allemand Guillaume II lui annonçant la fin de leur Alliance militaire. Le 28, il envoie une délégation négocier l'arrêt des combats avec les Italiens, mais ils ont ordre de prendre leur temps. Le 30, alors simple député du PSÖ (Parti ouvrier social-démocrate), Karl Renner forme un gouvernement provisoire et s'oppose fermement au projet des unionistes avec l'Allemagne. Malgré les difficultés du moment, lui et les siens sont pour l'indépendance autrichienne. Le 31 à Vienne, Charles Ier reconnaît le Conseil national yougoslave...

Hongrie. Le 20 octobre, les 3 partis d'opposition, le parti radical, le parti social-démocrate et le parti de l'indépendance du comte Mihály Károlyi, forment le Conseil National Hongrois à tendance indépendantiste. Le 24, les indépendantistes et les sociaux-démocrates avec 200 000 personnes manifestent avec pour signe de ralliement un "aster" (variété de chrysanthème) à la boutonnière. Le matin du 31, les partisans de l'indépendance avec des éléments de l'armée hongroise, dans ce que tout le monde appelle maintenant la "Révolution des Asters", prennent d'assaut plusieurs bâtiments publics de Budapest. Le président du Conseil Hongrois, Sándor Werkele démissionne. Il est alors immédiatement remplacé par Mihály Károlyi qui forme un gouvernement de coalition. Dans l'après-midi, à Pest, l'ancien ministre-président du Conseil hongrois, le comte István Tisza de Borosjenő et Szeged, dit István Tisza, alors âgé de 57 ans, l'homme fort du régime qui est depuis longtemps considéré comme l'un des responsables de la guerre, est capturé à son domicile par les révolutionnaires. Il est immédiatement abattu. A la fin de la journée, le roi Charles IV de Hongrie, alias Charles Ier, accepte le coup d'État et confirme la nomination de Károlyi à la tête du gouvernement...

Naissance de la Tchécoslovaquie. Depuis mai 1918 qu'il est aux États-Unis, Tomáš Masaryk plaide auprès du Président Woodrow Wilson la cause d'une union entre Tchèques, Slovaques et Ruthènes. Le 18 octobre, sans attendre la victoire des Italiens, bien renseigné sur l'état de délabrement des armées austro-hongroises, il proclame l'indépendance de la Tchécoslovaquie sur les marches de l'Independence Hall à Philadelphie. A Paris, son ami Edvard Beneš qui a ses entrées au Quai d'Orsay en fait de même. Le 28, la Bohême, la Moravie, la Silésie autrichienne, la Slovaquie et la Ruthénie subcarpathique (la majorité de ces pays sont sous domination hongroise) fusionnent et proclament leur indépendance. C'est la naissance officielle de la Tchécoslovaquie...

En Slovaquie. Le 30 octobre, les représentants de la province affirment, par la "Déclaration de Saint-Martin", le droit du peuple slovaque à disposer de lui-même ainsi que son souhait d'un avenir commun avec les Tchèques. Plus de 200 élus et politiciens se réunissent dans les locaux de la banque Tatra à Bratislava et créent le Conseil National Slovaque, dirigé par Matus Dula. La nation slovaque y est reconnue comme partie intégrante de la Tchécoslovaquie...

Scission des Pays Slaves du Sud ou Yougoslavie. Durant octobre, les représentants des populations slaves du Sud du royaume de Hongrie et de l'empire d'Autriche estiment la monarchie des Habsbourg comme dépassée. D'autre part, ils ne considèrent pas les tentatives de réformes de Charles Ier comme viables. Le 5 octobre, ils se réunissent à Laybach (maintenant Ljubljana en Slovénie) et créent un Conseil National des Slaves du Sud sous la présidence du leader slovène l’abbé Korosec. Ils sont rapidement rejoints par les responsables politiques du royaume de Croatie-Slavonie. Le 29, le Conseil national proclame le droit à l'autodétermination des Slaves du Sud. Le même jour, après avoir annoncé leur indépendance vis-à-vis de la Hongrie, les représentants du royaume croate rejoignent ce nouvel État. L'adhésion du royaume de Croatie-Slavonie ne suscite pas d'opposition de la part du gouvernement hongrois de Mihály Károlyi. Au contraire, il permet à la Hongrie historique de préserver son indépendance. Le 31, le nouvel État se proclame indépendant de l'Autriche et de la Hongrie, et prend le contrôle de la flotte de guerre germano-austro-hongroise dans les ports de la côte Dalmate. De plus, souhaitant rapidement affirmer cette indépendance par un acte politique fort, ses représentants ferment le passage aux unités austro-hongroises en retraite depuis les positions qu'elles occupent encore en Serbie, en Albanie et au Monténégro...

Au Banat. Le 31 octobre, à l'extrême est de ce qui était l'Empire austro-hongrois au début du mois, les provinces de langues roumaines : la Transylvanie, le Banat, le nord de la Bucovine et la Bessarabie, proclament leur indépendance. Elles forment la République du Banat à Timisoara. Elles prévoient de se rattacher à la Roumanie pour former une Grande Roumanie dans un avenir proche...

En Bulgarie. Le 3 octobre à Sofia, le roi Ferdinand Ier abdique en faveur de son fils Boris, qui prend alors le nom de Boris III, mais il n'a aucun pouvoir. Comme ils craignent une révolution populaire, Ferdinand Ier et les principaux dirigeants qui ont voulu la guerre, s’exilent en Allemagne. Le leader de l’Union des paysans, Alexandre Stamboliyski, devient président du Conseil et commence à œuvrer pour instaurer une république. L'armée bulgare est démobilisée. Le 10, les unités britanniques de l'armée d'Orient, groupées sous le commandement du général George Milne, commencent en s'embarquer dans des trains pour se diriger vers la frontière turque par la vallée de la Maritza. La ville turque d'Andrinople (maintenant Edirne) en Thrace orientale est alors directement menacée car les Turcs sont incapables de lever une armée pour la défendre...

En Roumanie. Dès l'annonce de la capitulation bulgare et devant le départ de ses troupes d'occupation du sud du Dobroudja et du port de Constanța, la population manifeste, parfois bruyamment sa sympathie pour les Alliés. Le monde politique en effervescence commence à dénoncer le traité de Bucarest du 7 mai que le parlement n'a jamais ratifié. Le 24 octobre, le président du Conseil des ministres Alexandru Marghiloman, considéré comme trop proche des Allemands, est déchu. Il est immédiatement remplacé par Constantin Coandă. Le 31, la Roumanie dénonce le traité et reprend les hostilités contre les Austro-Allemands. Les officiers et soldats français de la mission Berthelot réapparaissent alors au grand jour. Certains n'avaient même pas quitté le pays, d'autres étaient en Moldavie où ils menaient une petite guerre contre la Russie, la blanche comme la rouge...

En Turquie. Au début octobre, tous les Turcs, les militaires comme les civils, savent que la guerre est perdue. Ce ne sont pas les maigres victoires dans le Caucase qui peuvent sauver la situation. Le pays, maintenant isolé de l'Allemagne, n'a pas la capacité industrielle pour approvisionner ses armées. De plus, il est impossible au grand quartier général turc de trouver de nouvelles troupes pour faire face au nouveau front qui ne va pas tarder à s'ouvrir en Thrace orientale, le long de la frontière bulgare. Ses soldats, souvent des mercenaires, disparaissent rapidement dans la débâcle. Alors, la seule stratégie raisonnable est celle qui consiste à sauver le maximum de territoire avant de négocier l'armistice...

Dès le 2 octobre, soit quelques jours après la reddition de la Bulgarie, le préfet de Smyrne se rapproche du commandant de l'escadre britannique qui est dans la rade de Moudros, prélude à des contacts plus approfondis. Au gouvernement, les responsables se rejettent la responsabilité de la situation les uns sur les autres. Enver Pacha, le ministre de la guerre, l'homme fort du régime, grand organisateur des massacres des civils, fait office de bouc émissaire. Il est limogé le 7 et le gouvernement de Talaat Pacha tombe. Le 9, le progressiste Ahmed Izzet Pacha est nommé grand vizir (chef du gouvernement) et Ahmed Tewfik est nommé au ministère de la Guerre. Le 14 octobre, Izzet Pacha annonce officiellement que la Turquie demande l'armistice. Aussitôt, les 12 000 conseillers militaires allemands quittent le pays. C'est également le cas des principaux dirigeants du parti des Jeunes-Turcs, dont les anciens ministres Talaat Pacha, Enver Pacha et Cemal Pacha, qui s'embarquent dans la nuit du 1er au 2 novembre à bord d'un U-Boote pour rejoindre l'Allemagne. Ils s'enfuient afin d'échapper aux procès en raison de leurs crimes perpétrés sur des civils et des militaires qui les conduiraient inévitablement à la pendaison. Rien que pour la Grande Guerre, la Turquie avec ses 21,3 millions d'habitants déplore 800 000 militaires tués ou portés disparus, 4,2 millions de pertes civiles (y compris les nombreux civils massacrés par l'armée ottomane), 400 000 blessés militaires et autant de déserteurs...

Au Yémen. Le pays, dirigé par l'iman Yahya Al-Mutakawakkil ‘Ala Allah depuis 1911, est un protectorat turc, mais il ne s'est pas engagé militairement dans le conflit. Le 30 octobre, le jour de l'armistice de Moudros, il déclare son indépendance...

En Russie. Pour le premier anniversaire de la Révolution, de nombreux artistes assistent aux cérémonies officielles. La terreur rouge se poursuit, des milliers de personnes plus ou moins innocentes sont assassinées à Moscou, Petrograd, Tver, Nijni-Novgorod, Viatka, Perm, Ivano-Voznessensk, Toula, etc... Les personnalités de l'ancien régime tsariste emprisonnées font les frais de la tentative d'assassinat sur Lénine. Malgré sa retraite plus ou moins neutre, l'ex-général tsariste Nikolaï Rouzski, est arrêté par les Bolcheviks et emmené comme otage à Piatigorsk, dans le nord du Caucase. Le 18 octobre, sans procès, il est fusillé par la Tcheka. Depuis le 16 mars 1917, Alexandre Protopopov, dernier ministre de l'Intérieur de l'ancien régime est emprisonné à la forteresse Pierre-et-Paul de Saint-Pétersbourg. C'est un homme malade, il souffre de la syphilis, mais il était très lié à Raspoutine et à la tsarine Alexandra Feodorovna, alors sans autre forme de procès, les Bolcheviques l'assassinent le 27 octobre. Le 28, c'est la création de l'Union des jeunesses léninistes communistes, dit Komsomol. Les enfants peuvent y accéder dès l'âge de 12 ans, et y rester jusqu'à l'âge de 28 ans. Sa structure de fonctionnement est calquée sur celle du Parti communiste de l'Union soviétique dont elle constituera la principale source de recrutement. Ses membres sont familièrement appelés les komsomolets pour les garçons et komsomolka pour les filles...

En Ukraine. Le 18 octobre, un nouveau Conseil national ukrainien est formé (Rada). Il est composé d'Ukrainiens, mais aussi des membres ukrainiens du Parlement austro-hongrois et des diètes régionales de Galicie et de Bucovine. Ce Conseil annonce l'intention d'unir les terres de l'ouest ukrainien dans un seul État...

En Suède. Le 1er octobre, suite à un glissement de terrain, un train mixte marchandises-voyageurs, composé d'une locomotive avec dix wagons et voitures est projeté sur une route 10 mètres en contrebas près de la ville de Getå. Parmi les 170 personnes à bord du train, 42 sont tuées et/ou brulées vives dans l'incendie des voitures toutes encore en bois, 42 autres sont blessées. C'est toujours la pire catastrophe ferroviaire de la Suède...

Au Moyen-Orient. Après avoir acclamé le général britannique Edmund Allenby lors de son entrée à Damas, les Bédouins nomment Fayçal ben Hussein al-Hachimi Eljai roi des Arabes sous le nom de Fayçal Ier. Ce dernier installe alors un gouvernement arabe dans la ville. Il a l'ambition d'en faire la capitale d'un nouveau pays qui, plus tard, deviendra la Syrie. Immédiatement, des tensions s'installent entre les Français qui veulent faire de cette zone un protectorat tricolore en vertu des accords Sykes-Picot de mai 1916 et les Arabes qui se sont battus contre toute forme de colonialisme. Ils viennent de se débarrasser des Turcs, ce n'est pas pour les remplacer par des Français. Alors, Allenby partage le Proche et Moyen-Orient en trois zones militaires sous son autorité. Les Britanniques occupent la Palestine de la frontière égyptienne jusqu'au sud de Tyr, avec la limite du Jourdain à l'est ; les Français occupent la frange littorale de Tyr jusqu'au nord du District de Tripoli, dans ce qui va devenir le Liban et les Arabes toute la partie centrale du Moyen-Orient avec un accès à la mer Méditerranée entre le District de Tripoli et la frontière turque. Plus tard, cette immensité le plus souvent désertique sera divisée en plusieurs pays, pour donner naissance en 1920 à la Syrie (un temps sous protectorat français) et à la Jordanie, puis en 1932 à l'Iraq et à l'Arabie Saoudite...

En Chine. Le 10 octobre, Xu Shichang, devient président de la République. Son élection est grandement due à Duan Qirui et à sa clique d'Anhui. Il est choisi du fait de sa position civile et parce qu'il a déjà des liens étroits avec l'armée de Beiyang, ce qui le rend neutre entre la clique du Zhili et la clique d'Anhui. N'ayant pas d'armée personnelle, il doit manipuler Duan, Cao Kun (le chef de Zhili), et Zhang Zuolin (le chef de la clique du Fengtian) pour qu'ils s'entretuent, afin de se maintenir au pouvoir...

Au Japon. Début octobre, les émeutes des mois précédents cessent et le calme revient partout. Au bilan de ces émeutes du riz, plus de 623 soulèvements se sont produits dans 38 grandes villes, 153 villes moyennes et 177 villages, avec plus de 2 millions de participants. Plus de 25 000 personnes jugées responsables sont arrêtées, 8 253 sont jugées. Au verdict, 6 peines de mort sont prononcées pour crimes, l2 meneurs sont condamnés à des travaux forcés à perpétuité, 71 autres sont condamnés à des peines pouvant atteindre 10 ans de prison. Beaucoup sont soumis à des amendes...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 2 octobre, c'est la disparition soudaine à 48 ans de l'écrivain lorrain français Émile Moselly. Il est terrassé par une crise cardiaque dans le train Paris-Quimper. Il est titulaire du Goncourt depuis 1907 pour son roman Jean des Brebis ou Le livre de la misère et Terres lorraines. Le 9, c'est la disparition à Cannes à l'âge de 41 ans du sculpteur Raymond Duchamp-Villon. Né à Cannes dans une famille d'artiste, il devient sculpteur reconnu dès 1905. Pour se différencier de son frère Gaston Émile Duchamp qui signe ses œuvres de nom de Jacques Villon et de son autre frère, Marcel Duchamp, encore plus connu, il signe ses œuvres Duchamp-Villon. De santé fragile, il est affecté aux services médicaux de l’armée française pendant la Grande Guerre. Fin 1916, il contracte la fièvre typhoïde alors qu’il est cantonné en Champagne. Il est évacué à l’hôpital militaire de Cannes où s’achève sa carrière prometteuse. Le 16 octobre à Ath en Belgique, c'est la naissance de Charles-Henri Dewisme dit Henri Vernes. Romancier et journaliste d'expression francophone, il est l'auteur de plus de 200 romans, essentiellement de science-fiction. C'est lui qui crée le personnage de Bob Morane en 1953. Il est toujours parmi nous. Le 17, à New York, c'est la naissance dans une famille de danseurs sévillans de Margarita Carmen Cansino qui deviendra célèbre en tant que comédienne sous le nom de Rita Hayworth. Danseuse professionnelle dès l'âge de 12 ans, régulièrement violée par son père, elle va devenir le sex-symbol des années 40. N'hésitant guère à se dénuder, surnommée "la déesse de l’amour", elle va apparaître de nombreuses fois en figure protectrice sur le nez des superforteresses volantes US de la deuxième guerre mondiale. Elle devient une actrice mythique du cinéma US avec le rôle principal dans le film Gilda en 1946. Après un premier mariage avec un obscur homme d'affaires arriviste de 20 ans son aîné, Edward Judson, qui la transforme à coups de chirurgie esthétique, elle épouse successivement Orson Welles, le prince Ali Khan et l'acteur Dick Haymes. Atteinte très précocement par la maladie d'Alzheimer que personne ne pronostique à l'époque, elle s'éteint le 14 mai 1987 à New York à l'âge de 68 ans. Le 19, à Paris, Léon Morane, un des pionner de l'aéronautique, décède brutalement de la grippe espagnole, il a 33 ans. Le 22 à Los Angeles, c'est le décès tout aussi brutal dû à la grippe espagnole de l'actrice cinématographique la plus connue de l'époque, Myrtle Gonzalez, elle a tout juste 27 ans. Le 25 à Espinho au Portugal, s'éteint de la grippe espagnole le peintre Amadeo de Souza-Cardoso à l'âge de 30 ans. Ce peintre est le véritable précurseur de l'art moderne, il se revendique lui même comme 'abstrait' et ses tableaux influenceront toute la génération d'artistes qui le suit, y compris Picasso. Le 31, à Vienne en Autriche, s'éteint le poète et peintre Egon Schiele, 28 ans, emporté par la grippe espagnole comme des millions d'autres personnes et trois jours après son épouse enceinte. Très tôt reconnu par le peintre Klimt lui même, il est constamment en bute avec les autorités qui considèrent que ses œuvres sont outrancières et pornographiques. Pistonné, il échappe à la guerre en travaillant dans divers services à l'arrière. Il nous laisse plus d'une centaine d'autoportraits qui font référence. Même maintenant ses tableaux sont toujours considérés comme provocateurs car ils mettent en scène la mort et l'érotisme...

Quelle folie la guerre !

Zone de Texte: Pour revenir à la page d'accueil de mon site de Barbentane, cliquez ici !!!
Zone de Texte: Vous pouvez toujours m'écrire, cliquez ici et ce sera fait
Ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr

Barbentane, le plus beau village de l'Univers

Zone de Texte: Pour accéder aux archives des Écho déjà publiés, cliquez ici !!!

A Nancy, unité de cyclistes de la légion étrangère

Chars britanniques empruntant le canal du Nord desséché

(1) Malgré les apparences, en 1918, outre la Confédération de l'Allemagne du Nord, dite le plus souvent la Prusse, qui va de la Prusse Orientale à la Rhénanie, le pays est toujours composé d'une bonne quinzaine de sous-ensembles. Trois royaumes : Bavière, Wurtenberg et Saxe ; deux grand-duchés : de Bade et de Hesse ; des petits États : Bas-Rhin (Moselle et Vosges), République de Weimar, Alsace-Moselle, Deuxième République de Pologne, Lituanie, Tchécoslovaquie, ville libre de Dantzig, Territoire du Bassin de la Sarre, Territoire de Memel et Cantons de l'Est (Belgique). La plupart de ces entités deviendront les Lands (régions) de l'Allemagne actuelle.

(2) La Cisleithanie est la dénomination de la partie la plus à l'ouest de l'Empire austro-hongrois à partir de la rivière Leitha d'où elle tire son nom. Par opposition, l'est de l'empire est nommé la Transleithanie et le sud la Bosnie-Herzégovine.

(3) En mai 1916, pour ses menées antimilitaristes, Karl Liebknecht a été condamné à 4 ans de pénitencier.

(4) Dès 1920, Erich Ludendorff soutient activement le mouvement national-socialiste. En 1925, Adolf Hitler, qui cherche à l'éliminer, le pousse à se présenter à l'élection présidentielle où il sait qu'il n'a aucune chance. Il en sort laminé avec 1,1% des voix. Hitler confie à un de ses proches "C'est parfait, nous lui avons porté le coup de grâce". Ludendorff ne se remettra jamais de cette défaite. Considérant alors qu'il est devenu gênant pour le mouvement nazi, Hitler l'accuse en 1927 d'être franc-maçon alors qu'il est pourtant l'auteur d'un violent livre pamphlétaire antimaçonnique. Marginalisé, il se retire de la vie politique en 1928. Il ne renonce pas pour autant à ses convictions. Le 30 janvier 1933, en apprenant que le maréchal-président Paul von Hindenburg, son ancien collègue, vient d'appeler Hitler à la chancellerie, Ludendorff lui adresse une lettre pleine de reproches "Et moi, je vous prédis solennellement que cet homme exécrable entraînera notre nation vers des abîmes de déshonneur... Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait". Erich Ludendorff meurt le 22 décembre 1937 à l’âge de 72 ans après avoir rejeté, en 1935, l’offre d'Hitler qui lui propose de l’élever à la dignité de maréchal. Néanmoins le général a droit à des funérailles nationales à Munich...

(5) En tant que sportif, Roland Garros était un rugbyman, il avait pour ami l'athlète Émile Lesieur. C’est ce dernier qui, en 1927, devenu président de la prestigieuse association HEC, exige avec une phrase sans appel à propos du nouveau stade en construction à l’ouest de Paris en lisière du bois de Boulogne "Je ne sortirai pas un sou de mes caisses si on ne donne pas à ce stade le nom de mon ami Garros" que le très réputé stade de tennis parisien porte maintenant son nom.

(6) voir Écho de Barbentane de juillet et août 1918.

(7) Le jeune photographe cité, Raoul Coustabeau, est le fils de Jules-Alexandre Coustabeau tué près d'Ypres le 11 décembre 1914...

(8) Un 'agent-voyer' est une personne chargée de gérer les biens communaux et de faire entretenir la voirie. C'était le contremaître des cantonniers, qui eux, faisaient le travail.

(9) Un paroissien écrit dans ses notes que le dimanche 10 novembre 1968, les présents à l'office ont constaté que la chaire n'était plus à sa place, mais aucune explication n'a jamais été fournie sur cette disparition. C'est loin d'être la seule, les confessionnaux, le grand chandelier en forme de roue en fer forgé qui allumait l'église avant l'électricité, lui aussi disparu (il aurait fini chez un antiquaire aixois). Disparue encore, la balustrade en fer forgé classée monument historique qui entourait le maître autel, elle aurait fini comme garde-fou sur le mur de l'ancien hospice. Disparue la grande croix dont il est fait état dans l'Écho, découpée en morceaux, elle aurait fini comme combustible.

(10) Xavier Fage, le frère de Jules, sera tué au front 3 mois plus tard, le 15 octobre, lui aussi dans une bataille de la Somme.

Sur les Fronts des Combats.

Au Conseil de Guerre. A partir du 5 octobre, sur l'ensemble du front, à part dans la vallée de la Meuse et à l'est de l'Aisne, les Alliés dépassent la ligne Hindenburg, dont les fortifications sont devenues obsolètes. Tous les grands théâtres d'opérations de septembre, petit à petit, fusionnent pour n'en faire plus qu'un. A part au sud de Nancy, où règne un calme relatif jusqu'à la pointe sud des Vosges, toutes les autres offensives alliées progressent vers l'est. Les difficultés vont croissant pour alimenter ce front mouvant. Par la force des choses, les distances s’allongent avec les immenses dépôts militaires qui peinent à fournir ce dont les soldats ont besoin. Toutes les armées en pointe notent dans leurs rapports quotidiens que le ravitaillement n'arrive pas, mal ou pas assez. L'artillerie lourde est la plus pénalisée, elle a absolument besoin du chemin de fer pour transporter ses canons et ses munitions, là c'est devenu impossible. Alors, très rapidement ce sont les canons de 75 mm, ainsi que les canons de montagne encore nombreux dans les Vosges qui sont remontés vers le nord pour la remplacer. Les stratèges militaires le savent, tôt ou tard il faudra tout arrêter et rétablir les grandes voies de communications, ça peut prendre du temps. Mais ce n'est pas la priorité du moment, le maréchal Ferdinand Foch ne veut surtout pas en entendre parler. Il faut poursuivre l'ennemi tant qu'il est en position de faiblesse, aux officiers de l'arrière de trouver des solutions pour alimenter correctement les offensives...

A ce moment du conflit, les Alliés peuvent aligner 205 divisions, dont 88 sont en réserve. Il arrive toujours 300 000 Étasuniens par mois, mais ces soldats sont encore loin d'être opérationnels. Les effectif US en France approchent les 2 millions d'hommes, mais seulement la moitié est première ligne sur les différents fronts. Avantage des attaques en terrain libre, les points forts sont contournés, isolés, puis réduits à néant par des troupes venues par l'arrière. Le 10, les Sammies franchissent enfin la ligne Krimhilde en Argonne. Alors, les nouvelles directives de Foch sont simples. Au nord les Alliés doivent se diriger vers Bruges, puis Anvers et nettoyer la côte le plus rapidement possible pour empêcher les sous-marins allemands d'agir. Dans la Somme, ils doivent se diriger vers Bruxelles et prendre toutes les grandes villes Française encore occupées : Lille, Lens, Cambrai, Valenciennes, etc... Dans l'Aisne, ils doivent marcher vers le Luxembourg, tout comme les troupes qui sont en Argonne et celles qui remontent par la vallée de la Meuse. Les armées alliées sont tellement imbriquées les unes dans les autres, qu'il est très difficile d'attribuer un secteur particulier à une nation. Selon le cas, dans chaque grande ville délivrée, d'un commun accord, on fait rentrer en premier le pays le plus méritant selon les batailles passées. C'est ainsi que les Australiens et les Français rentrent dans Saint-Quentin le 1er octobre, les Canadiens dans Arras le 9 octobre et à Cambrai le 10. Les Français investissent Laon le 13, les Britanniques Lille le 17, les Belges Bruges le 19. Les Britanniques rentrent à Roubaix et Tourcoing le 22, les Étasuniens à Rethel à la fin du mois. Le 25, les Alliés décident le blocus de la Russie bolchevique, par contre le ravitaillement des armées opposées aux révolutionnaires russes va s'intensifier maintenant que la mer Noire est devenue accessible aux navires alliés...

Même si les armées alliées sont victorieuses partout, ce mois reste un des plus meurtriers de la guerre. Rien que pour les Français on dénombre 37 400 morts, soit 50% de plus qu'en septembre, c'est un décompte macabre à peine inférieur à ceux du début de la guerre. Il en est de même pour toutes les autres armées, bien sûr les Allemands paient un plus lourd tribut encore. Dans cette guerre de mouvement, à part ceux qui peuvent progresser à l'abri d'engins blindés trop peu nombreux vu l'immensité du front, les soldats à découvert restent des cibles faciles. D'autant plus que l'artillerie encore totalement tractée par des moyens hippomobiles parvient difficilement à suivre. Heureusement, l'aviation alliée arrive à atténuer cette carence et ses actions en profondeur sont grandement appréciées de tous. En moyenne les Alliés progressent entre 30 et 150 kilomètres vers l'est selon les secteurs, le plus souvent à pied et en combattant, cela reste un exploit. A la fin du mois, le front est quasiment une ligne droite entre Bruges et Nancy. Par rapport au début septembre, il s'est raccourci d'au moins 200 kilomètres. La frontière belge du sud est frôlée ainsi que celle du Luxembourg. Toutefois les villes de Mons, Gand, Charleville-Mézières, Sedan, Luxembourg, Dun-sur-Meuse, Longwy, Longuyon, Briey et Metz sont toujours entre des mains allemandes...

Sur le Front Franco-Belge.

La Cinquième Bataille d’Ypres. L’avancée de l'armée cosmopolite conduite par le roi des Belges, Albert Ier, se poursuivit jusqu’au 2 octobre. Cependant, en raison de la perturbation des lignes de ravitaillement, elle prend fin à cette date. Les Alliés ont avancé d'une bonne trentaine de kilomètres en territoire ennemi, ils déplorent la perte de 9 000 hommes, tués, blessés ou portés disparus. Les pertes allemandes, comme toujours pas chiffrées, sont beaucoup plus conséquentes, déjà 10 000 soldats sont faits prisonniers. Le 10, réapprovisionnée, l'offensive reprend. Le 17, les troupes arrivent à Ostende et le 19 elles sont à Bruges. Alors une partie des unités se rabattent vers le sud pour se diriger vers Gand et l'autre poursuit son offensive le long de la côte pour se diriger vers Anvers...

La Prise de Saint-Quentin. Jusqu'au 2 octobre, les Alliés repoussent de violentes contre-attaques mais ils finissent par prendre la ville. Le 3, le Catelet et le passage du canal de L'Escaut sont aux mains des Britanniques, Lens est libéré. Les Australiens prennent le village de Montbrehain le 5, puis tous les villages fortifiés qui entourent Beaurevoir : Montbrehain, Brancourt-le-Grand, etc... A cet endroit, la ligne Hindenburg est percée de toutes parts. Après quelques jours pour rétablir les lignes de ravitaillement, l'offensive reprend le 14 de Dixmude jusqu'à la vallée de la Lys...

La Bataille de Saint-Thierry. Elle se déroule dans la Marne. Commencée le 30 septembre, elle va se poursuivre jusqu'au 4 octobre. Pour le général Philippe Pétain, il faut absolument dégager le massif de Moronvilliers au nord de Reims afin d'atteindre le canal de l'Aisne à la Marne. C'est encore une lutte féroce, les Allemands dans ce secteur sont toujours très combatifs. Mais les Français du général Henri Berthelot et les Italiens du général Alberico Albricci sont irrésistibles, les défenseurs bien obligés de reculer. Le 2, les assaillants acculent les Allemands le dos au canal, ces derniers tiennent encore le bois de Gernicourt, Loivre et Courcy. Le 3, après une préparation d'artillerie courte mais décisive, les Poilus dépassent Loivre et obligent les Allemands à repasser sur la rive est du canal. Les 4 et 5, pour éviter l'encerclement de ses troupes par des actions au nord et au sud, le général allemand Fritz von Below qui commande le secteur donne le signal de la retraite et fait détruire tout ce qui est intransportable. Le lendemain, tout le secteur est évacué par les Allemands. En quatre jours, les Franco-italiens capturent 2 500 prisonniers et prennent 30 canons. La première partie de l'opération terminée, ils s'apprêtent à poursuivre la bataille lorsque les Feldgraus se dérobent de Reims à l'Argonne. Poursuivant leur retraite et afin d'éviter l'encerclement, les soldats de von Below, se retirent jusque derrière l'Aisne, sur la position Brunehild-Kriemhild...

La Deuxième Bataille de Cambrai. Elle est essentiellement menée par des troupes anglophones : britanniques, canadiennes, néozélandais et étasuniennes, elle ne dure que deux jours, c'est un beau succès militaire. Le 8, près de 250 000 soldats se lancent à l'assaut de la ligne Hindenburg au sud et à l'ouest de Cambrai, elle est défendue par 180 000 Allemands. Ils sont appuyés par 324 engins blindés et une aviation irrésistible. Les Canadiens prennent les villages de Niergnies, Forenville et Seranvillers et les Néo-Zélandais occupent Esnes. Le lendemain, dès 4h00, les Canadiens de la 2ème division traversent la grande ville sans trop de résistance, laissant à ceux de la 3ème division le soin de nettoyer la cité maintenant conquise. Le 10, la résistance au nord et à l'est de la ville est nettement plus dure, alors l'offensive s'arrête. Menée comme un rapide coup de poing, cette bataille se solde par 12 000 tués, blessés ou portés disparus chez les alliés, moins chez les Allemands qui, dès qu'ils se sentent acculés, préfèrent se rendre plutôt qu’opposer une résistance désespérée...

Le 28 à Lille, plus de 100 000 personnes se massent aux balcons, sur les toits et dans les rues de la grande ville pour assister à une grande parade de l'armée britannique. Le général William Birdwood marche en tête, suivi de son état-major. Arrivé sur la Grand'Place, il descend de cheval et s'avance vers la tribune où se trouvent le maire, le préfet et l'évêque. Après avoir lu une harangue il se saisit du drapeau de la cité et monte sur l'estrade pour assister au défilé...

La Bataille de Somme-Py. Dans ce secteur, l'offensive reprend le 3 octobre. Les Français enlèvent le plateau de Notre-Dame-des-Champs, puis les hauteurs d'Orfeuil, pendant que la 5ème armée française emporte le massif de Saint-Thierry. Les Allemands évacuent rapidement la région des Monts et battent en retraite, poursuivis par le général Henri Gouraud jusqu'à l'Aisne. La ville de Vouziers est prise le 12. A partir du 16, la Légion tchécoslovaque entre en ligne auprès des soldats français. Ces nouveaux venus occupent le secteur de Voncq et Condé-lès-Vouziers, où les combats sont particulièrement violents. A la pointe sud de cette partie du front, les Franco-Tchécoslovaques progressent en direction de Grandpré pour faire leur jonction avec les troupes qui remontent la vallée de la Meuse...

La Remontée de la Meuse. Elle dure tout le mois, mais pour les soldats franco-étasuniens, elle s'avère plus compliquée que prévue. Si les combattants sont vaillants, le ravitaillement peine à suivre. Pour ce faire, l'armée US utilise toujours les charriots hippomobiles bâchés de la traversée de l'Amérique du Nord par les pionniers du siècle précédent. Dans le cas présent ils sont complètement dépassés. Les combats s'arrêtent souvent pendant deux ou trois jours, puis repartent et s'arrêtent encore. De plus, les Allemands opposent une farouche résistance par peur d'un encerclement total des forces encore présentes dans l'est de la France. C'est dans cette zone que la progression est la plus lente et aussi la plus meurtrière. Après le grand bombardement entre Wavrille et Damvilliers, les Franco-Étasuniens reprennent leur offensive le 10 octobre dans l'espoir d'atteindre la ligne Krimhilde à Brieulles-sur-Meuse, Romagne-sous-Montfaucon et Grandpré, objectif assigné au général Douglas Pershing par Foch. Mais ils peinent à prendre le dessus sur des Allemands bien retranchés. A la fin du mois, les Franco-Étasuniens n'ont progressé que de 30 kilomètres, la ville de Dun-sur-Meuse est toujours aux mains des Allemands. Les champs de batailles de la guerre précédente, celle de 1870 : Sedan et Bazeilles sont encore loin...

Au Sud des Vosges. A partir du 24, les Allemands lancent des attaques en direction de Thann, elles ne sont pas vraiment soutenues et sont facilement repoussées...

Dans la Guerre Aérienne. Sans être vide d'avions allemands, le ciel pourrait s'habiller des couleurs tricolores alliées. Les pilotes allemands se battent maintenant à 1 contre 20 les bons jours, encore plus les mauvais. Par contre, devant l'évidence d'une fin rapide des combats, plus aucun projet aéronautique n'est lancé, ceux sur les planches à dessins sont abandonnés et les quelques-uns en phases de concrétisation se poursuivent mais différemment. Tous les constructeurs étudient le moyen de transformer les avions militaires, surtout les bombardiers, en moyen de transport civil, voyageurs ou fret, l'avenir de l'industrie aéronautique doit passer cette mutation. Les chasseurs, hier les chéris des bureaux d'étude passent au second plan, pour ne pas dire aux oubliettes. On étudie de très près les performances nécessaires pour rendre les avions 'utiles', même s'ils ne sont pas encore indispensables, l'industrie aéronautique n'a pas le choix, soit elle s'adapte à la paix, soit elle disparaît. Après les formidables progrès aéronautiques faits en 4 ans de conflit grâce à d'énormes investissements, les avionneurs jouent maintenant leur survie...

En octobre 1918, Roland Garros(5) n'est plus le fringuant aviateur de 1915, pendant ses 3 ans de captivité en Allemagne son physique s'est nettement dégradé. Il est aussi devenu myope et porte des lunettes en cachette. George Clemenceau veut le garder auprès de lui, mais il refuse et veut combattre. Alors, il s'entraîne dur aux nouvelles techniques du combat aérien et surtout de son nouvel avion, un Spad XIII, qui est à un monde de son Maurane-Saunier de 1915. Le 2 octobre, il remporte sa 4ème victoire. Mais le 5, à la veille de ses 30 ans, à l'issue d’un combat contre des Fokker D-VII, son avion explose en l’air avant de s’écraser sur le territoire de la commune de Saint-Morel, dans les Ardennes. Il sera enterré à quelques kilomètres sur la commune de Vouziers. Le 9, pour la première fois, mais aussi la dernière fois de la Grande Guerre, un raid massif de bombardiers alliés se lance dans le ciel de Lorraine. Il est organisé pour aider les unités franco-étasuniennes qui peinent dans la vallée de la Meuse au nord de Verdun. Afin de détruire les fortifications de la ligne Brunhilde, 250 bombardiers français, britanniques et US prennent l'air, ils sont escortés par 100 chasseurs eux aussi de toutes les nationalités et vont, par plusieurs vagues, déverser 32 tonnes de bombes dans un petit secteur entre Wavrille et Damvilliers. C'est un grand succès militaire, mais aussi une réussite de coordination entre les différentes aviations...

Dans la Guerre Maritime. La défaite des Allemands n'est pas que sur terre, dans le ciel et sur mer. Elle l'est aussi sous la mer. Il faut revenir à mars 1916 pour retrouver des chiffres aussi faibles. Malgré l'augmentation sans précédent de navires en mer, les sous-marins des Empires centraux ne parviennent à couler que 84 navires et en endommager 10 autres en octobre. D'autre part, les bases de départs en mer du Nord au début du mois et ceux de la Méditerranée en fin de mois laissent à penser que dans les prochains jours plus un sous-marin ne pourra naviguer. Pour cette division de la Kaiserliche Marine, sa pièce maîtresse durant le conflit, le constat est amer. Ils ont cru pouvoir gagner la guerre dans ce domaine et faire chèrement payer aux alliés le blocus du pays, c'était une erreur. Les mers sont restées libres pour les Alliés, même si les contraintes de la guerre sous-marine ont été très fortes...

Dans le détail, sur les 94 navires coulés ou endommagés durant octobre, 30 sont britanniques, 18 grecs, 12 français, 8 italiens, 6 norvégiens, 5 portugais, 4 étasuniens, 3 espagnols, 2 suédois, 1 belge, 1 canadien, 1 cubain, 1 islandais, 1 japonais et 1 russe...

Sur Mer. Le 1er octobre, la canonnière de l'Armée rouge Vanya qui navigue sur la rivière Kama, un des affluents de la Volga, est attaquée par de l'artillerie blanche montée sur des barges tractées par des chevaux. Sous les coups elle coule rapidement, 30 membres de son équipage sont tués, y compris son commandant, 48 autres peuvent être sauvés. Le 2, le pétrolier britannique Arca est coulé dans l'océan Atlantique par l'U-118, 52 marins périssent. Le 3, le cargo français Saint-Luc qui navigue dans le convoi BG 68 est coulé par l'UB-105 au nord d'Alger dans la Méditerranée, 29 marins périssent. Le 3, dans le port de Bruges, les destroyers G-41, S-33, S-34, V-74 et le navire-caserne M sont coulés par les Allemands pendant leur retraite. Le 4, le sous-marin britannique L-10 est coulé au canon dans la mer du Nord par les destroyers allemands V-28 et V-29, ses 38 servants sont tous portés disparus. Le même jour, le paquebot japonais Hirano Maru est coulé au sud de l'Irlande par l'UB-91, sur les 320 personnes à bord, 292 périssent. Dans la soirée, l'UB-68 qui a des problèmes techniques est obligé de faire surface, il est rapidement attaqué par les patrouilleurs US Snapdragon et Cradosin qui le coulent au large des côtes libyennes, un seul matelot est tué, les 33 survivants sont faits prisonniers. Le 5, le torpilleur T-122 et le sous-marin UC-4, sont victimes de mines dans la mer du Nord, tous les marins sont portés disparus. Dans le port belge de Zeebrugge, les sous-marins UB-10, UB-40 et UB-59, se sabordent. Le 6, le sous-marin britannique C-12 entre en collision avec un destroyer dans l'estuaire de l'Humber, il coule rapidement, il sera repêché et reprendra du service. Le 7, les cargos US West Gate et American, entrent en collision au large de la côte canadienne, Le West Gate coule et 7 marins sont tués. Le 12, le cargo norvégien Laita est torpillé par l'UB-126 dans la mer d'Irlande, 17 marins périssent. Le 13, l'UC-23 fait un carnage dans la flotte de pêche grecque, il coule 9 navires sans tuer personne. Le 14, le paquebot britannique Dundalk qui repart à vide aux USA est torpillé dans la mer d'Irlande par l'U-90, 21 marins sont tués. Le 15, le sous-marin britannique J-6 est coulé au canon par le Q-ship (bateau-piège) britannique Cymric qui l'a confondu avec un submersible allemand, ses 45 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 16, l'UB-90 est coulé à la torpille par le sous-marin britannique L-12 au large des côtes de Norvège, ses 38 servants sont tous portés disparus. Le 17, le cargo US Lucia est torpillé par l'U-155 au milieu de l'Atlantique, 4 marins sont tués. Le 18, le sous-marin britannique E-3 est coulé en mer du Nord par le l'U-27, ses 28 servants sont tous portés disparus. Le même jour, l'U-34 disparaît au large de Gibraltar, ses 38 servants sont tous portés disparus. Toujours le 18, le cuirassé français Voltaire reçoit deux torpilles de l'UB-48 en mer Égée près de l'île de Milos. De construction solide il reste à flot et sera réparé. Le 19, l'UB-123 est victime d'une mine en mer du Nord, ses 36 servants sont tous portés disparus. Le 20, la canonnière britannique M-21 qui soutient les troupes à terre heurte une mine au large d'Ostende, elle réussit à prendre une remorque mais elle coule dans la Manche avant d'arriver à Douvres. Le 21, l'UB-89 est éperonné par le croiseur léger allemand Frankfurt dans le port de Kiel, 7 marins sont tués, le sous-marin sera relevé à la fin du mois...

Le 22, pas un seul navire ne coule de par le monde, c'est la première fois depuis 3 ans !!! Le 23, le gouvernement allemand donne l'ordre de suspendre la guerre sous-marine et tous les submersibles en mer doivent revenir dans leur port d'attache. Cet ordre n'est pas pris au sérieux par certain commandant de sous-marin, de plus les mines fixes et celles laissées à la dérive tuent encore...

L'ordre allemand n'est pas connu des marines alliées, pour eux la guerre continue. Le 27, l'U-78 est coulé à la torpille par le chasseur de sous-marin britannique G-2, ses 40 membres d'équipage sont tous portés disparus. Toujours le 27, le cargo cubain Chaparra heurte une mine laissée quelques jours plus tôt par l'UB-117 près des côtes des USA, 6 marins sont tués. Le même jour, c'est le cargo britannique Calceolaria qui heurte lui aussi une mine abandonnée par l'UB-12 dans la mer du Nord, 5 marins sont tués. Le 28, l'U-47, l'U-65, l'UB-48, l'UC-25, l'UC-53 et l'UC-53 se sabordent dans le port de Pula à la pointe sud de l'Istrie, l'UC-54 fait de même dans le port de Trieste pour ne pas tomber intact aux mains des alliés. Le même jour, l'UB-116 heurte une mine à la pointe nord de l'Écosse, il disparaît avec ses 36 membres d'équipage. Le 28 encore, l'ancien ferry britannique Bruxelles capturé par les Allemands le 23 juin 1916, plusieurs fois torpillé par les britanniques lors de l'attaque du port en avril, est finalement sabordé par les marins allemands quand ils évacuent Zeebrugge. Le 29, les torpilleurs allemands A-51 et A-82 se sabordent dans le port de Fiume. Le même jour, dans le brouillard, le destroyer britannique Ulysses entre en collision avec le cargo britannique Ellerie dans la baie du Firth of Clyde à l'ouest de l'Écosse, il coule peu après. Le 30, l'U-73 se saborde à Kotor, l'UC-34 fait de même à Pula. Le 31, l'UB-129 se saborde à Fiume...

La Tentative de Suicide de la Marine Allemande. Dans le grand port militaire de Kiel sur la mer Baltique, siège de l'amirauté de la Kaiserliche Marine (Marine militaire allemande), les officiers supérieurs refusent de capituler sans rien faire. Leur rêve le plus secret est de défier la Grande Flotte britannique dans une immense bataille navale, pour savoir, enfin, qui est le plus fort. Depuis des années, ils se préparent pour cet affrontement. Ils se sont 'loupés' lors de la bataille du Jutland au printemps 1916, et ils savent bien que l'Allemagne a maintenant perdu la guerre. A ce moment-là, jamais l'Allemagne n'a eu une flotte aussi puissante mais tout autant inutile. A part ses très efficaces sous-marins et ses petites unités rapides de destroyers, la centaine de gros navires militaires n'a pas pris la mer depuis deux ans par crainte d'une défaite préjudiciable au pays. Maintenant qu'il est militairement foutu, la crainte n'a plus lieu d'être. Alors autant périr dans un ultime affrontement, même s'il est suicidaire. Le 23, quand le gouvernement ordonne aux sous-marins de cesser le combat, en grand secret, les amiraux Franz von Hipper et Reinhard Scheer décident d'appliquer le plan du contre-amiral Adolf von Trotha. Ce dernier, chef d'état-major de la Flotte, préconise de ne négocier l’armistice qu'après "un dernier combat naval décisif de la Flotte allemande contre la Royal Navy, quand bien même ce serait un duel à mort". En effet, selon ses théories "Une flotte paralysée par une paix subie n'a pas d'avenir", ce qui est logique. Des bateaux militaires qui rouillent dans un port ne servent strictement à rien. A l'insu du gouvernement, les grands amiraux préparent activement cette dernière sortie. Sauf que les marins, pas dupes, ne sont pas du tout de cet avis. Ils ont vent du projet par le simple fait des préparatifs auxquels ils participent. Ils ne veulent pas mourir dans un immense holocauste pour faire plaisir à une caste d'officiers qui, en règle générale, les méprisent et les traitent comme du bétail. Alors, dans la nuit du 29 au 30, une partie des équipages des cuirassés König, Markgraf et Großer Kurfürst, tous les trois dans le port de Kiel, refusent de lever les ancres. Ils sont vite rejoints par ceux des cuirassés Thüringen et Helgoland qui eux, ont déjà appareillé, mais dont les mutins refusent de faire monter la pression dans les chaudières pour atteindre la haute mer. L'amirauté ordonne alors le retour de tous les navires déjà sortis du port avant qu'ils ne donnent l'alerte aux sous-marins britanniques qui guettent au large les moindres faits et gestes de l'escadre. Rentrés au port, les ouvriers des arsenaux prennent immédiatement fait et cause pour les mutins et tout le monde se regroupe dans l'immense chantier naval Germania du baron von Krupp...

Le Front Italien. Début octobre, toujours craintif, l’état-major italien a prévu de ne lancer qu'une offensive limitée en direction des plaines à l’est du Piave. Elle servirait de prélude à une offensive générale de plus grande ampleur au printemps 1919. Mais en quelques jours, la situation change. D'abord Foch ne cesse de bombarder de télégramme Armando Diaz pour qu'il lance son offensive sans attendre. Il devient menaçant en lui promettant de retirer toutes les troupes alliées pour les ramener en France en cas d'inertie. Alors, quasiment sous la contrainte, Diaz et ses officiers élaborent en vitesse un plan pour couper le front en deux. L'attaque principale est prévue sur la ville de Vittorio-Veneto, elle est juste à la limite entre la plaine et la montagne, pas trop mal desservie, et c'est surtout le point de jonction entre les deux armées austro-hongroises. Des actions secondaires sont aussi prévues dans le Trentin et le long de la côte adriatique. Les Alliés sont en supériorité numérique, 60 divisions contre 55. De plus, ils ont la maîtrise du ciel, mieux armés, même si les blindés sont absents à part quelques automitrailleuses Lancia, mais surtout le moral est autrement meilleur. Tactiquement ce n'est pas la bonne époque pour attaquer, le Piave est en crue, mais c'est plus pénalisant pour les Austro-Hongrois que pour les Italiens...

A l’aube du 24 octobre, à Vittorio-Veneto et sur le massif de la Grappa situé un peu plus au nord, les positions austro-hongroises sont largement bombardées. A 7h15, une armée italienne commence une attaque de diversion sur le Grappa afin d'y attirer la majorité des renforts autrichiens. Le lendemain il pleut. Toutefois, ces mauvaises conditions météo n'empêchent pas des unités du génie italien et US de lancer des ponts sur le Piave sans trop de pertes. Dans la nuit du 28 au 29, l'attaque générale sur le Piave est lancée. Les Italiens, mais aussi des Britanniques, des Français et des Étasuniens se lancent à l’assaut pour tenter de traverser le fleuve. En ce premier jour, même si des avancées sont notées, la résistance est opiniâtre. Les premières heures sont terribles, le courant est fort et les têtes de pont restent souvent isolées, mais à la fin de la journée le fleuve est franchi à plusieurs endroits. Les assaillants ont l'ordre de remonter rapidement vers le nord afin de tenter d'encercler les troupes qui défendent le Grappa. Une brigade de Marines se bat aux côtés de l'armée italienne dans la bataille de Vittorio-Veneto. Elle gagne toutes les résistances, capture 550 prisonniers, 17 mitrailleuses et 6 canons. Dans le Trentin, la Légion tchécoslovaque d'Italie, forte de 60 000 hommes avec des unités italiennes se lancent à l'offensive contre les Austro-Hongrois...

A partir du 29, un imbroglio s'installe dans les troupes austro-hongroises. Tous ces soldats savent que des pourparlers ont débuté à Padoue, pour eux c'est l'armistice, alors, ils se rendent en masse, officiers en tête, en brandissant les fameux journaux dont depuis deux mois la propagande ne cesse de les abreuver. Les Alliés font près de 300 000 prisonniers en moins de 3 jours. Le 30, les Italiens rentrent dans Vittorio-Veneto. Le 31, ils enlèvent Bellune et Feltre dans la haute vallée du Piave et sur toute la ligne du front, ils refoulent les Austro-Hongrois vers le Tagliamento. Alors en désespoir, l’état-major austro-hongrois décide de reculer de plusieurs kilomètres et de revenir sur l'Isonzo afin de sauver ce qui reste de ses armées en lambeaux...

Dans les Balkans. Depuis la reddition de la Bulgarie, les troupes allemandes installées en Ukraine sont maintenant en grand danger. Celles très isolées dans le Caucase sont prestement invitées à traverser le plus rapidement possible la mer Noire afin de rejoindre la Roumanie pendant que c'est encore faisable. Le 3 octobre, les Italiens rentrent à Berat en Albanie, le port de Durazzo (maintenant Durrës) est directement menacé. L'état-major allemand échafaude des plans en vue de contenir les Alliés en Serbie. Une nouvelle armée germano-austro-hongroise est créée, elle est placée sous la responsabilité de général austro-hongrois Hermann Kövess. Bien ravitaillée par les Allemands, il pense pouvoir arrêter facilement les assaillants qui évoluent dans des contrées pas faciles, à la météo turbulente en automne et à la géographie tourmentée. Mais les Alliés ont prévu d'exploiter la percée avec un groupe mobile composé de trois divisions de cavalerie appuyées par quelques automitrailleuses, commandées par le général français François Léon Jouinot-Gambetta. A ces troupes officielles, il y en supplément un grand nombre de civils qui se comportent comme des forces locales rebelles entraînées depuis des siècles à résister à tout ce qui n'est pas Serbe. On ne dit pas encore des 'partisans', mais le résultat est le même. En dépit de la répression féroce qui s'abat sur les populations civiles, réponse classique de toutes les armées du monde face à des rebellions locales, les forces d'occupation isolées sont constamment harcelées. Les convois de ravitaillement tant routiers que ferroviaires, deviennent des cibles. De leur côté, les troupes franco-serbes maintenant chez elles, sont accueillies en libérateur. Ils trouvent sur place toute l'assistance nécessaire pour progresser facilement, de la nourriture jusqu'au fourrage pour les chevaux. Le pays est pauvre, mais généreux. De cette façon, les Franco-Serbes atteignent rapidement, le plateau du Kosovo...

Le 8, des unités franco-italiennes rentrent à Elbasan en Albanie centrale, les Français sont à Prizren à la pointe sud du Kosovo et se dirigent vers Pristina la capitale. Le 12, ils rentrent à Niš, après avoir forcé les défilés de Vrania et de Leskovats. La ville a été entièrement pillée par les troupes germano-austro-hongroises et ces dernières multiplient les destructions, dynamitent les routes, les ponts et les voies ferrées pour tenter de freiner les Alliés. Le 22, la ville de Paratschin, au sud de Belgrade, est prise. Plus au sud, la ville de Mitrovica tombe le même jour, ce qui donne la possibilité de se rabattre vers le Monténégro et de pénétrer en Bosnie-Herzégovine...

Face à cette situation, Kövess prépare un repli généralisé sur la frontière austro-serbe. Le 21, l'ordre de retraite est envoyé à toutes les unités encore engagées en Serbie. Il sait que le majestueux Danube sera plus efficace pour arrêter les Alliés que de belles fortifications. Pour les assaillants, la ville de Belgrade, capitale de la Serbie, reste l'objectif principal pour toutes les troupes engagées dans la campagne. Le 21, le Danube est atteint par des cavaliers serbes dans la boucle de Smederevo, 3 jours plus tard, les occupants entament l'évacuation de Belgrade. Le 31, les cavaliers de Jouinot-Gambetta sont aux portes de la ville et se trouvent maintenant à 40 kilomètres de la frontière bosniaque...

Dans la Guerre Civile Russe. Début octobre, bénéficiant du ras-le-bol des populations qui sont constamment pillées par la légion tchécoslovaque, l’Armée rouge attaque frontalement ces soldats en déshérence. Les légionnaires se replient alors vers l’est par le Transsibérien et finissent par s'intégrer à l’armée blanche de Koltchak, le chef suprême de Sibérie...

Au Moyen-Orient. Après la chute de Damas, les cavaliers australiens et quelques détachements de l'Armée chérifienne s'avancent vers le nord avec comme objectif la frontière turque. Ils s'emparent d'Alep le 26 octobre et se dirigent ensuite vers Gaziantep. Dans cette ville, Mustafa Kemal, qui remplace le maréchal allemand Liman von Sanders à la tête du commandement du groupe d'armée Yıldırım, rallie quelques troupes de réserve pour tenter d'assurer la défense du pays. Kemal tient ses positions jusqu'au 31, date de la signature de l'armistice de Moudros...

En Mésopotamie. Le 7 octobre, après plus d'un mois de repos plus ou moins forcé, toute l'armée britannique reprend sa marche en avant vers Mossoul. Le général Guillaume Raine Marshall espère pouvoir prendre la grande ville avant que les Turcs ne cessent les combats. Le 24, débutent de durs combats sur le Tigre entre des cavaliers indiens soutenus par des engins blindés et des soldats turcs. Le 30, tous les soldats turcs présents en Mésopotamie se rendent après la prise par les Britanniques du village de Kalat-Chergal juste au sud de Mossoul. Les Britanniques font 7 000 prisonniers...

En Afrique de l'Est. En octobre, les officiers allemands et les Askaris sous les ordres du major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck, maintenant revenus dans l'Est-Africain, progressent toujours vers le nord, puis obliquent vers l'ouest pour rentrer en Rhodésie vers le milieu du mois...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est un Écho de septembre-octobre qui donne les nouvelles d'octobre et il est copieux, il a 20 pages. En Une, deux photos, celle de l'intérieur de l'église de Loublande(6) et celle du nécrologe pas encore terminé dans l'église de Barbentane, du moins aucun nom n'est encore inscrit dans sa partie basse. Dans le premier article de la page suivante, sont données les explications pour ces deux photos(7)...

Le 2 juillet, ce sont les solennités de Sainte-Marguerite. A cette occasion, les 4 prieures, toutes mariées et dont les noms sont cités, sont reconduites dans leur fonction. Dans la seconde quinzaine de juillet s'est déroulée la tournée du Denier du Culte et des Écoles, à noter que le curé est accompagné par au moins un adjoint municipal, parfois le maire par intérim. Si certains s'acquittent avec entrain à payer cet écot, d'autres, parmi les meilleurs et les plus fervents catholiques comme le note l'Écho, sont pour le moins récalcitrants. Le dimanche 4 août est consacré aux prières nationales et un drapeau du Sacré-Cœur, dont l'acquisition est récente, est porté par un Poilu permissionnaire jusqu'à la chapelle Mondragon où il est installé à côté du nouveau nécrologe. Une réunion cantonale sur les Pupilles de la Nation s'est déroulée à Châteaurenard le 11 août en présence d'une cinquantaine de personnes. Un bureau est élu, il est composé à part égale de laïcs et de religieux, dont le curé Guigues et un agent-voyer(8)...

Lors des cérémonies de l'Assomption, le Christ du jubilé de 1852 est transféré en face de la chaire dans la nef principale(9). Le nécrologe de la chapelle Mondragon, appelé 'Autel de la Patrie', est décrit en détail. A cette occasion, est construite une nouvelle tribune qui sera réservée aux choristes. La cérémonie s'est terminée par de chaleureux remerciements aux souscripteurs dont la générosité a permis toutes ces réalisations. Le 18 août, Saint-Roch a été fêté et le 25 août Sainte-Philomène avec la citation des anciennes et nouvelles prieures. Le 1er septembre, c'est l'inauguration officielle du nécrologe de la chapelle Mondragon. A cette occasion le prêche du jour est retranscrit en entier...

L'état et le lieu d'hospitalisation de 5 blessés sont notés. Il est suivi de la citation de 8 prisonniers de guerre mais sans aucune précision. Deux nouveaux Poilus sont inscrits au Martyrologe. Le samedi 3 août, c'est le service funèbre du sergent Jules Fage(10), tué au front le 12 juillet à 8h par une balle, tirée d'un tank, qui lui a traversé la tête. Il laisse une veuve et un orphelin. C'est ensuite une poésie en Français du Barbentanais Louis Ayme, nommée Le Retour, qui est publiée...

En octobre 1918, 3 Poilus barbentanais sont Morts pour la France :

· Joseph Marius CHAUVET. Il est né à Barbentane le 16 mai 1897, 21 ans, cultivateur, célibataire, soldat de 2e classe. Il est incorporé le 9 janvier 1916 au 158e régiment d'infanterie de Bruyères dans les Vosges. Il est tué par balle le 1er octobre 1918 près de la gare d'Autry dans la Marne. Il est inhumé au cimetière de Cernay-en-Dormois dans la Marne. Il est inscrit sur notre monument aux morts et sur le nécrologe de l'église ;

· Louis BAUD. Il est né à Barbentane 15 juillet 1898, 20 ans, cultivateur, célibataire, soldat de 2e classe. Il est incorporé le 3 mai 1917 au 111e régiment d'infanterie d'Antibes. Il est muté au 409e régiment d'infanterie le 6 juillet 1918. Touché plusieurs fois par des éclats d'obus le 27 septembre à la Butte de Souain dans la Marne, il est évacué et décède de ses blessures le 2 octobre 1918 à 21h00 à l'hôpital de Bussy-le-Château. Il est inscrit sur notre monument aux morts et sur le nécrologe de l'église. Sa photo figure sur le tableau d'honneur en mairie de Barbentane ;

· Xavier dit Ernest FAGE. Il est né le 26 mars 1878 à Saint-Romain-de-Mallegarde dans le Vaucluse, 40 ans, marié, pas d'enfant, soldat de 1ère classe. Il est incorporé pour son service ordinaire le 16 octobre 1899 au 112e régiment d'infanterie d'Antibes, il est libéré comme soldat de 1ère classe le 21 septembre 1902. Il est mobilisé le 3 août 1914 et muté au 155e régiment d'infanterie le 8 juillet 1918. Il est tué le 15 octobre 1918 au combat du Mont d'Origny dans l'Aisne. Son frère cadet Jules a été lui aussi tué face à l'ennemi le 12 juillet 1918. Il est inscrit, avec son prénom usuel d'Ernest, sur notre monument aux morts et sur le nécrologe de l'église. Il repose maintenant à la tombe N° 2 987 de la Nécropole nationale de Saint-Quentin sans l'Aisne.

Dans le courrier militaire Joseph Cardelin est en pétard car il n'a pas le plus petit morceau de sucre à mettre dans le café le matin ; François Veray, qui a quitté Koritza [Albanie], est de garde téléphonique au PC de son capitaine, puis il passe à l'optique ; Jean-Marie Ginoux suit avec émotion les faits de Loublande ; Louis Gabriel a assisté aux fêtes de Saint-Pierre Fourrier, un saint local, à Mattaincourt [dans les Vosges] ; Etienne Bernard est dans la Marne où ça barde, mais il a confiance en la protection du Sacré-Cœur ; Claude Bertaud employé à des travaux depuis 4 mois pour la défense de Paris se considère presque comme un embusqué, il a vu défiler 6 000 prisonniers 'boches' qui faisaient peine à voir tant ils étaient maigres ; envoyé à Limoges pour suivre des cours, le caporal Jean Fontaine pense que les 'boches' ont essuyé sur la Marne une douloureuse défaite ; après 12 jours passés dans la fournaise, Léon Reboul est maintenant au repos mais un peu trop près des premières lignes selon lui ; dans son automobile [camion ?] qui transporte des obus dans les Balkans, Marius Escalier n'a même pas le temps d'enlever la poussière qui s'accumule sur ses vêtements ; dans un secteur redevenu calme, Henry Bruyère a été copieusement bombardé avec des obus toxiques dans la nuit du 14 au 15 juillet ; Charles Mouiren a subi le 15 juillet une violente attaque mais les 'boches' ne sont pas passés ; le blessé Antoine Rossi qui a une fracture au bras gauche, a été évacué à Forges-les-Eaux, puis à Rennes ; Louis Fontaine poursuit du 'boche' entre l'Oise et la Somme ; Gaston Nazon a enduré toutes les souffrances entre le 16 juillet et le 4 août ; Léopold Michel est devenu brancardier, il est maintenant au repos dans un village de l'Oise qui a été évacué ; Simon Laget, en ligne depuis 3 mois, considère que les Allemands ont reçu une belle pilule ; Achille Deurrieu qui assure des opérations de ravitaillement, trouve certaines heures bien fastidieuses ; Louis Ayme applaudit de tout cœur à l'embellissement de l'église et il veut apporter son obole pour remercier la paroisse de ce qu’elle fait pour eux [les Poilus] ; Jean-Marie Auzepy est en pleine bataille dans la Somme et sa division a fait un grand nombre de prisonniers ; Jean Froment a été pris par les gaz, mais ça va mieux ; le blessé Claude Marteau qui a reçu un éclat d'obus dans le pied gauche, a été opéré à Beauvais, il est maintenant à Angers mais il va falloir qu'il parte ailleurs car la place manque ; gazé à la prise de Blévencourt, Henri Combet a eu, en plus, une appendicite ; depuis 2 jours dans un hôpital de Paris pour cause de blessure au mollet, Léon Jaoul est bien soigné, bien nourri et bien couché, il pense être évacué du côté de Carcassonne...

Dans la vie paroissiale j'ai noté 7 baptêmes, 2 mariages et 6 décès...

Guy

Soldats allemands blessés soignés par des britanniques (photo colorisée)

Le général italien Armando Diaz

Le front italien entre octobre et novembre 1918

Distribution de repas chauds sur le front de l'Argonne

Derniers hommages pour un officier

A la lisière de la Forêt d’Ourscamps dans l'Oise, petit poste de première ligne

Dans Cambrai, soldats britanniques en lutte contre un incendie

Convoi de ravitaillement US dans la vallée de la Meuse

Le front des Balkans en octobre 1918

Prisonniers allemands dans l'attente de leur incorporation dans un camp

Pas facile de se diriger en territoire nouvellement conquis

Le passe-temps de tous les soldats du monde

Convoi de chars US dans la vallée de la Meuse

Mitrailleur US en position dans la Meuse