BARBENTANE en août 1918 |
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Sur le Front des Combats. Au Conseil de Guerre. En ce début août, l'euphorie règne dans les états-majors alliés. Depuis mars, la coalition a résisté non sans mal aux nombreuses et puissantes attaques allemandes. Depuis juillet, elle oblige les Allemands à se mettre sur la défensive... Cela n'est pas surprenant. Militairement, les Alliés sont maintenant supérieurs dans tous les aspects de la guerre. Pour la première fois depuis le début du conflit en France et en Belgique, les soldats de la coalition sont supérieurs aux effectifs allemands. Et encore, l'armée US n'est pas vraiment opérationnelle, elle réclame toujours des délais pour se mettre en ordre de bataille. Dans les airs, sur mer, dans l'artillerie, comme dans la nouvelle arme blindée, l'Allemagne est dépassée. Elle comptait se refaire grâce aux ressources de l'immensité russe, mais c'est un mirage. Avoir des mines de fer et de charbon, ne sert strictement à rien si aucune usine ne coule l'acier et surtout si aucun travailleur n'est là pour le forger. C'est tout juste si la Roumanie et l'Ukraine arrivent à fournir du ravitaillement aux populations affamées des Empires centraux et encore faut-il employer la force pour arracher leurs produits aux paysans qui ne donnent jamais rien spontanément... Il en est de même sur le front italien et dans les Balkans où, malgré les difficultés d'approvisionnement, patiemment les généraux transalpins garnissent leurs arsenaux en vue d'une offensive qui, selon leur prévision, doit tout balayer... A partir du 8 août, ce sont toute une série d'offensives qui vont détruire les armées allemandes, mais aussi austro-hongroises ainsi que bulgares et turques. Les Britanniques, friands d'épopées antinapoléoniennes, nommeront ces batailles "Les cent jours", même si ce n'est guère flatteur pour la mémoire des Français... Pour le généralissime Ferdinand Foch, maintenant maréchal, sa stratégie est simple il faut attaquer partout et tous en même temps. Il ne cesse de presser les généraux John Pershing dans la vallée de la Meuse, Armando Diaz sur le front italien et Louis Franchet d'Espèrey dans les Balkans de se mettre eux aussi à l'offensive. Pershing, toujours tributaire des transports de troupes, réclame encore quelques jours pour être opérationnel, il promet qu'il attaquera à Saint-Mihiel avant le 15 septembre. Ne voulant en aucun cas répéter les successions de défaites sur l'Isonzo de son prédécesseur, Armando Diaz en réclame beaucoup plus. Il se dit incapable d'attaquer avant octobre et à la condition que les Alliés augmentent considérablement leurs approvisionnements car il manque de tout. Franchet d'Espèrey qui a complètement réorganisé les plans d'attaques de son prédécesseur, promet d'attaquer avec force vers le nord à la mi-septembre... Le 23, au château de Bombon qui lui sert de quartier général, devant tout son état-major et la plupart des généraux d'armées français, le général Ferdinand Foch reçoit son bâton de maréchal en présence du Président de la République Raymond Poincaré et de nombreuses personnalités tant françaises qu'étrangères. Le 24, Foch nomme l'ancien Premier ministre russe déchu alors présent à Paris, Alexandre Kerenski, commandant en chef des forces alliées en Russie. Il lui assigne la mission d'embarquer les troupes tchèques, présentes sur le territoire russe, vers l'Europe... Le 25, le général portugais Fernando Tamagnini de Abreu e Silva est remplacé par général Tomás António Garcia Rosado à la tête du Corps expéditionnaire sur le front de l'ouest. Depuis la défaite de la vallée de la Lys en avril, les unités qui restent sont maintenant dispersées au sein des troupes britanniques... Sur le Front en France et en Belgique. Dans le Soissonnais. Après la prise de Soissons le 2 septembre, les armées françaises poursuivent leur progression et atteignent l'Aisne et la Vesle au sud de Fismes. Le 4, les troupes US prennent la ville de Fismes. Les Allemands résistent au nord de la rivière. Au sud de la Somme, ils retirent leurs avant-postes sur la rive droite de l'Avre, immédiatement suivis par les troupes de la 1ère armée française, mais ils résistent fermement sur la rive gauche à l'ouest de Montdidier... La Bataille d'Amiens. C'est la première bataille de la campagne finale. Le général Douglas Haig veut reconquérir tout le terrain perdu lors de l'offensive germanique de mai. Accessoirement, il veut surtout reprendre la voie de chemin de fer Paris-Amiens pour pouvoir ravitailler correctement ses futures conquêtes. Comme toujours sur le front du nord de la France, c'est un conglomérat de troupes anglophones qui va mener l'assaut, mais on trouve aussi la 1ère armée française avec le général Marie-Eugène Debeney à sa tête, ainsi que des éléments de la 3ème armée du général Georges Louis Humber. Même si les effectifs sont difficiles à comptabiliser, ce sont environ 150 000 alliés qui vont affronter 100 000 allemands plus ou moins épuisés. Depuis quasiment un mois qu'elles sont au repos à proximité immédiate du front, les troupes d'assauts sont largement opérationnelles, les caissons copieusement garnis et les réserves d'eau abondamment approvisionnées car on craint la canicule... L'offensive démarre le 8 août à 4h20 par un bref tir de barrage d'artillerie. Accompagnées par 400 tanks, tous britanniques, avec une puissante couverture aérienne, les troupes anglophones s'élancent sur un front de 25 kilomètres. Du côté français, les moyens mis en œuvre sont nettement plus faibles, mais la préparation d'artillerie dure 45 minutes... Comme à la fin juillet sur la Marne, le comportement des soldats allemands surprend. Si certaines unités donnent des signes évidents de faiblesse, d'autres fuient carrément le combat sans opposer beaucoup de résistance. En quelques heures, les Britanniques font 15 000 prisonniers et s’emparent de 2 000 pièces d'artillerie. Quand la nouvelle de ces débandades arrive au général allemand Erick Ludendorff, il qualifie le 8 août de "jour de deuil de l'armée allemande"... Le lendemain, la bataille se durcit, les troupes germaniques amenées en renfort sont plus combattantes. Alors, habilement, Haig déplace l'axe de la bataille vers le sud. Là, les Poilus des 1ère et 3ème armées se dirigent vers Lassigny, puis Montdidier où, s'ils ne veulent pas être encerclés, les allemands sont obligés d'abandonner la ville. Le soir du 11, les Alliés sont maîtres de la ligne de chemin de fer Amiens-Paris. Dans la nuit du 14 au 15, le corps canadien enlève Damery et Parvillers. Sur le front britannique, les Allemands reculent en face d'Hébuterne. Le 16, les Français enlèvent Dancourt et Popincourt, la IIIème armée britannique s'empare de Puisieux mais ne peut aller au delà. Le 19, la 3ème armée française enlève Fresnières et Canny-sur-Matz et atteint la route Roye-Lassigny. Comme devant les Britanniques, les défenseurs se raidissent et les pertes deviennent trop élevées pour poursuivre les attaques, l'offensive est maintenant à son terme sur ce secteur du front... Au final, les Canadiens avancent de 13 kilomètres, et prennent avec gloire le village du Quesnel ; les Australiens progressent de 11 kilomètres ; les Français et les Britanniques dans des secteurs plus difficiles parviennent quand même à progresser de plusieurs kilomètres. La nouvelle ligne de front passe maintenant par les villages de Chipilly, Harbonnières et Beaucourt-en-Santerre soit 12 kilomètres plus à l'est. Les Français sont aux portes des villages de Villers-aux-Érables et La Neuville-Sire-Bernard. Jamais, depuis le début du conflit, 4 ans de guerre quasiment jour pour jour, les Alliés n'ont autant progressé. La défaite allemande est nette, leurs pertes conséquentes avec 40 000 hommes mis hors de combat et 33 000 prisonniers. C'est aussi une victoire coûteuse, les pertes britanniques et françaises se montent à 46 000 combattants hors de combat... Chars Whippet. Dès sa mise en service, les pertes britanniques sont si élevées que les plans dressés afin d'équiper cinq bataillons de 36 Whippets sont abandonnés. En fin de compte, seule une brigade, composée de deux bataillons, peut être formée au maniement de ces nouveaux engins blindés pas si facile à manœuvrer. Au total, 96 de ces machines sont disponibles avant le 8 août, début de la bataille d'Amiens. Aux côtés des chars Mark IV et V, les Whippets pénètrent dans les zones arrières allemandes et s'engagent pour détruire les installations d'artillerie lourde. Une manœuvre dévastatrice que les Allemands sont incapables de contrecarrer. Au cours de cette bataille, un Whippet, nommé le Musical Box, se comporte à lui seul comme une brigade de cavalerie. Pendant neuf heures, il erre sans être gêné dans les arrières allemands. Avec ses trois hommes d'équipage, un conducteur et deux mitrailleurs, il parvient à détruire une batterie d'artillerie, un ballon d'observation, les installations fixes d'un bataillon d'infanterie et une colonne de transport de la 225ème division allemande en causant de lourdes pertes. A un moment donné, des bidons d'essence transportés sur le toit du Musical Box sont détruits par des tirs d'armes légères et des vapeurs nocives intoxiquent l'équipage qui est obligé de s'équiper de masques à gaz. Finalement, un obus allemand détruit une de ses chenilles ce qui le stoppe immédiatement. Un de ses servants est tué, les deux autres sont faits prisonniers... La Bataille de l'Ailette. Tout à fait rassuré par les progressions effectuées lors de la bataille d'Amiens, Foch planifie une seconde offensive plus au sud. Il ambitionne, entre Soissons et Laon, de repousser les Allemands derrière le canal de l'Oise à l'Aisne qui longe l'Ailette sur ce parcours. C'est une offensive totalement Française, mené par le général Charles Mangin avec la 10ème armée. L'essentiel de la bataille le premier jour va se dérouler sur 10 kilomètres entre Noyon et Soissons. Les Poilus de Mangin vont se heurter aux Feldgraus du général Johannes von Eben. Les forces en présence sont sensiblement équivalentes, soit 50 000 combattants de chaque côté, mais la supériorité aérienne et blindée alliée, va faire la différence... Le 15, Mangin constate qu'une partie de la première ligne du front ennemi dans son secteur n'est pas si dense qu'ailleurs. Alors, il prépare son attaque principale à Autrèches, entre Audignicourt et Morsain. Le 17, à 5h00 l'assaut est donné et dès les premières minutes les Poilus surclassent les défenseurs, le front est percé. Le jour même le village de Villers-les-Roye est investi. Le lendemain à 18h00, toute la 10ème armée se lance à l’assaut sur les 10 kilomètres du front et progresse de 2 kilomètres en faisant 2 000 prisonniers tout en ne déplorant que 60 tués et 300 blessés. Le 19 au soir, Mangin a progressé de près de 2 kilomètres de profondeur sur les 30 kilomètres de front entre Namcep et Fontenoy. Le 20, malgré une résistance acharnée Tartiers, situé au nord-ouest de Soissons est pris. Les Allemands bousculés, reculent vers Ourscamp. Au centre, les Poilus accèdent au plateau d’Audignicourt, ils investissent Lombray et Blérancourdelle. Au cours de ces deux jours, ils font 8 000 prisonniers, prennent 100 gros canons. Nampcel, Carlepont, Caisnes sont repris et au soir du 20, le Mont de Choisy qui domine la route de Noyon est enlevé. Le 21, avec l'appui des chars, Cuts est pris, rapidement perdu mais aussi vite repris. Blérancourt est enlevé à l’issue d’un dur combat. Sur la route de Noyon entre Sampigny et Pontoise, un raid atteint l’Oise et fait tomber les bois de Carlepont et d’Ourscamps. Le 22, la 1ère division bavaroise arrive en renfort. Elle est bousculée dans l’après midi et les troupes françaises bordent l’Oise jusqu’à Quierzy. Sur la droite, vers midi, elles occupent la route à l’est de Pommiers, au nord elles atteignent Bagneux et plus loin contournent Pont-Saint-Mard. Au soir du 23, après avoir pris Quierzy et Manicamp, la 10ème armée de Mangin borde le canal de l’Ailette jusqu'à Guny, occupe la station de Juvigny et le plateau entre Cuffies et Pasly... Le 21, en complément de cette offensive, la 3ème armée du général Georges Louis Humbert attaque les pentes nord du Plémont, franchit la Divette, et occupe Lassigny le lendemain. Par leur avance, ces deux armées françaises menacent maintenant le Chemin des Dames que tient la XVIIIème armée allemande sur la ligne Chaulnes-Roye... Le 29, la 3ème armée s'empare de Noyon et le lendemain du Mont Siméon. La 10ème armée prend Crouy et le 2 septembre deux bataillons marocains forcent le passage du canal de l'Aisne, puis celui de l'Oise. En fin de journée, ils franchissent l'Ailette, puis ils enlèvent les bois de Monthizel et celui de la Binette. Plus au sud, la 5ème armée française du général Henri Berthelot prend Coucy-le-Château et passe la Vesle... Prise de Quéant par les Canadiens. Le 25, le corps canadien, qui forme l'aile droite de la 1ère armée britannique du général Henry Horne, avance de 7 kilomètres et s'empare de la forte position de Monchy-le-Preux. Au nord de la Scarpe, ils enlèvent Rœux et arrivent le 31 août en face des avancées de la ligne Drocourt-Quéant, le saillant ouest de la ligne Hindenburg. Dans la matinée du 2 septembre, après une bataille intense, les Canadiens prennent le contrôle de la ligne Drocourt-Quéant. Les Allemands subissent de lourdes pertes, et les Canadiens capturent plus de 6 000 prisonniers non blessés, pour la perte de 5 6000 combattants... Le 2 septembre à midi, Ludendorff, décide de se retirer derrière le Canal du Nord et sur la totalité du front de l'Aisne, les armées allemandes regagnent la ligne Hindenburg. Toutes les progressions allemandes de la Somme à la Marne, faites depuis le printemps, sont perdues... De fiers conquérants printaniers, ils sont maintenant débordés sur tout le front de l'ouest et dans tous les aspects des combats. La cohésion de l'armée allemande est définitivement affaiblie. C'est à partir des défaites de juillet et d'août que les cas d'insubordination se multiplient chez les feldgraus qui viennent de traverser 4 ans d'une guerre terrible. Tous sont las, maintenant sans espoir de vaincre et ils ne peuvent compter sur aucune relève. Il ne leur reste plus que l'espérance de s'en sortir vivant au plus tôt. Les chiffres parlent, l'armée allemande comptabilisera entre 750 000 et un million de soldats qui, à partir de septembre et le 11 novembre, vont soit ouvertement se rebeller, soit se mutiler volontairement, soit déserter... Mais ce ne sont pas des victoires faciles, bien au contraire. Durant ce mois d'août, aux batailles intenses et quasiment toutes à découvert, sans la relative 'protection' des tranchées, les pertes françaises se montent à 29 000 morts, comme en juillet. C'est un bilan à peine moins terrible que la défaite du Chemin des Dames en 1917 (40 000 morts) et plus que pendant les abominables mois de la bataille de Verdun en 1916 (20 000 morts en moyenne)... En Lorraine. Conformément aux assurances du Général Pershing, tous les régiments US, installés en arrière du front pour parfaire leurs instructions commencent à se rapprocher de la Meuse entre Verdun et Saint-Mihiel. Entre cette ville et Pont-à-Mousson sur la Moselle, ce sont les IIème et VIIème armées françaises qui se regroupent en vue de la prochaine grande bataille de septembre, la réduction du saillant de Saint-Mihiel où les Allemands sont maîtres du terrain depuis septembre 1914... Dans la Guerre Aérienne. C'est quasiment devenu la routine, en ce mois d'août aux conditions météo favorables, tous les jours et toutes les nuits, les raids aériens alliés se succèdent. Nettement surclassée, l'aviation allemande perd jour après jour ses 'as' et, à l'inverse, ceux des alliés collectionnent de nouvelles victoires. L'apport des pilotes US, maintenant bien approvisionnés en avions, est un atout supplémentaire. Dans les airs, la guerre des alliés est déjà gagnée... Dans la Guerre Maritime. Avec 169 navires touchés, dont 151 coulés, le nombre de navires touchés en août est en nette progression par rapport à juillet (+20%). Cette progression est due essentiellement aux navires US qui se font piéger sur leurs propres côtes par des sous-marins qui traversent maintenant l'Atlantique sans trop de problèmes. Mais c'est une progression en trompe-œil, car pour l'essentiel, le tonnage détruit est inférieur de 10% par rapport à celui de juillet. Ce qui confirme que couler des bateaux de pêche ne fait pas gagner une guerre. Si ce sont toujours les Britanniques qui sont les plus impactés avec 57 navires touchés, ils sont maintenant suivis de près par les 35 navires US, viennent ensuite 13 canadiens, puis 19 grecs, 11 français, 10 finlandais, 10 norvégiens, 9 hollandais, 8 danois, 7 portugais, 5 italiens, 4 suédois, 4 russes, 2 espagnols, 1 brésiliens, 1 belge, et 1 japonais... L'épopée de l'U-156. Après avoir bombardé la ville d'Orléans dans le Massachusetts, le sous-marin remonte vers le nord pour attaquer la flotte de pêche des États-Unis. Il coule 21 bateaux de pêche dans la région du golfe du Maine. Le 2, il incendie la goélette canadienne Dornfontein près de la Nouvelle-Écosse. Le 5, il coule le pétrolier Luz Blanca près des côtes canadiennes et tue 2 marins. Le 20, il capture le chalutier canadien Triumph au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Il va s'en servir d'appât pour couler 7 autres bateaux de pêche dans la région des Grands Bancs, avant de le saborder... Sur Mer. Entre le 1er et le 2 août, une flotte de destroyers britanniques, dont le Vehement et Ariel, quitte l'estuaire du Humber pour une campagne de minage dans la mer du Nord. Mais au moins un sous-marin allemand a posé lui aussi des mines et les deux destroyers explosent à leur contact. Au total, 98 marins sont tués. Le 2, le sous-marin français Floréal est abordé accidentellement par le croiseur auxiliaire britannique Hazel aux Dardanelles. Il est immédiatement pris en remorque par le contre-torpilleur Baliste, mais il coule quelques heures après sur la route de Salonique. L’équipage est secouru par le Baliste. Le 3, l'UB-53 explose au contact d'une mine du barrage d'Otrante dans la mer Adriatique, ses 10 servants sont tous portés disparus. Le 3 encore, alors qu'il transporte des blessés entre le Havre et Southampton, le navire hôpital australien Warilda, malgré tous ses marquages, est coulé dans la Manche par l'UC-49 commandé par l'oberleutnant Zur See Hans Kükenthal. Sur les 803 personnes à bord, 123 sont tués. Le 4, le cargo britannique Clan Macnab est coulé dans la mer d'Irlande par l'U-113, 22 marins sont tués. Le 6, le destroyer britannique Comet coule mystérieusement au large de la Sicile, 6 marins sont portés disparus. Le 6 encore, l'U-140 après avoir ordonné aux marins d'abandonner le navire, attaque au canon le cargo US Merak au large de la Caroline du Nord. Immédiatement après, il en fait de même pour le bateau phare Diamont. Tous les matelots de ces deux navires peuvent regagner la côte avec des baleinières sous le regard des badauds attirés par le bruit de la canonnade. A ce jour, le Diamont reste toujours le seul bateau phare US détruit par un ennemi en temps de guerre. Le 7, le croiseur-cuirassé français Dupetit-Thouars est torpillé à 800 kilomètres au large du Finistère par l'U-62. Sur ses 566 marins à bord, 551 peuvent s'embarquer dans des baleinières ou sur des radeaux de fortune. Ils erreront pendant plus de 24h avant d'être recueillis par le destroyer US Tucker qui les déposera à Brest le 12 août, 15 marins sont portés disparus. Le 8, l'UC-49 qui a délibérément coulé le navire hôpital Warilda le 3 août, est grenadé à mort par le destroyer britannique Opossum, ses 31 servants sont tous portés disparus. Le 8 encore, le destroyer allemand V68 saute sur une mine au large des côtes de Flandre, 18 marins sont tués. Le 10 est une journée noire pour la marine étasunienne, l'U-113 lui coule 7 voiliers sans faire de victimes et l'U-117 lui en rajoute un autre. Le 10 encore le voilier français Patra chargé de fruits et de sucre est coulé sans perte humaine au large de Port-Saïd par l'UC-34, et le paquebot français Polynésien est coulé par l'UC-22 aux abords de l'île de Malte. Le navire met 12h avant de couler, et si tous ses passagers sont sauvés, 12 membres de son équipage sont tués. Le 11, 3 vedettes rapides britanniques, les CMB-40, 42 et 47, se volatilisent dans la mer du Nord, tous les matelots sont portés disparus. Le 13, la marine italienne fait délibérément exploser son vieux cuirassé Étrurie à Livourne pour renforcer auprès des Austro-Hongrois la valeur de ses espions en Italie qui sont en fait des agents doubles. Le 13 encore, le lance-torpilles allemand T67 explose après avoir heurté une mine en mer du nord, 2 marins sont tués, guère après l'UB-30 disparaît sur le barrage de mines au large de l'Écosse, ses 26 servants sont tous portés disparus. Le 14, l'UB-57 explose sur une mine dans la mer du Nord, ses 34 servants sont tous portés disparus. Le même jour, l'UB-103 explose lui aussi sur une mine au barrage de Douvres, ses 37 servants sont tous portés disparus. Le 15, les destroyers britanniques Scott et Ulleswater s'engagent dans un champ de mines allemand dans la mer du Nord, tous les deux explosent à quelques minutes d'intervalle, 44 marins sont tués. Le 16, c'est le torpilleur allemand A-58 qui explose sur une mine au barrage de Douvres, 3 marins sont tués. Le 17, le transport de troupes français Le Balkan avec 519 passagers à bord, dont 300 permissionnaires en destination de la Corse, est torpillé par l'UB-48 au large de Calvi. Seules 102 personnes peuvent être secourues, les 417 autres passagers et marins sont portés disparus. Le 18, le cargo US Montanan est torpillé par l'U-90 aux abords de la Gironde et il coule rapidement, sur ses 86 membres d'équipage, 5 sont tués ou portés disparus. Le 19, l'UB-12 disparaît au large de la Belgique, ses 18 servants sont tous portés disparus. Le 21 après 1h, le cargo frigorifique français Champlain est torpillé au large du Portugal par l'UB-128, ses marins peuvent quitter le navire qui menace de couler, mais son capitaine, Auguste Leclère est emmené prisonnier. Le cargo est ensuite canonné par le sous-marin. Les survivants sont recueillis dans la soirée par l'escorteur Kilfenora qui les déposera à Gilbratar le 23. Le Champlain sera la seule victime de l'UB-128 qui, sous les ordres du Kapitänleutnant Wilhelm Canaris(5), fait le trajet de Kiel en Allemagne pour rejoindre le port de Pola en Croatie. Le 22, la vedette rapide britannique 403 qui tente de récupérer une torpille allemande intacte, est littéralement soufflé lorsque cette dernière explose, sur ses 12 membres d'équipage, 11 sont tués. Le 22 encore, le voilier français Notre Dame de la Garde chargé de 140 tonnes de morues est arraisonné au large de Terre-Neuve par l'U-156. Après avoir pillé le navire de son ravitaillement, des sous-mariniers le font exploser. Les 27 hommes de son équipage peuvent atteindre sans encombre le port de North Sydney en Nouvelle-Ecosse, puis Bordeaux via New York. Le 23, le lance-torpilles allemand A-19 mène sa petite bataille navale contre des destroyers britanniques au large des côtes des Flandres, il est vite détruit et coule avec 19 de ses servants... Le 23, le cuirassé Nevada, un des plus modernes des USA, se positionne dans la baie de Bantry en Irlande pour protéger les convois d'approvisionnement entre les États-Unis et la Grande-Bretagne. En compagnie des cuirassés Utah et Oklahoma, ils seront vite surnommés "l'escadron de la baie de Bantry"(6)... Le 24, l'UB-111 fait un carnage dans une flottille de pêche néerlandaise, sans tuer un seul homme. L'un après l'autre le Hollandia, Majoor Thompson, Maria Johanna, Neerlandia II, Neerlandia III, Secunda et le Stella sont coulés au canon. Le 25, le cargo français Pontet Canet est coulé dans la manche par l'UB-109 au large des Côtes-d'Armor, 7 marins sont tués. Le 26, le voilier étasunien Rush est coulé au canon sans victime par l'U-113 près de la presqu'île de la Nouvelle-Ecosse au Canada. Le 27, le transport de troupe français Pampa qui navigue en convoi est torpillé par l'UC-22 au large de malte, 107 personnes périssent dans le naufrage et les rescapés rejoignent l'île rapidement. Le 28, l'UC-70 est coulé à la grenade par le destroyer britannique House dans la mer du Nord, ses 31 marins sont tous portés disparus. Le 29, l'UB-109 saute sur une mine au barrage de Douvres, sur ses 36 servants, 28 périssent et les 8 rescapés sont rapidement faits prisonniers. Le 30, le cargo US Onega est torpillé près des côtes des Cornouailles par l'UB-125, 26 marins sont tués. Le 31, le voilier portugais Gamo est coulé aux Açores par l'U-155 et le chalutier lui aussi portugais Norte est coulé au canon par l'U-22 au large du Maroc, il n'y a pas de victime... Sur le Front Italien. Pour l'essentiel, le front est calme. Si le général Armando Diaz peaufine ses plans pour sa future offensive, il compte surtout sur les approvisionnements Alliés pour garnir ses dépôts affreusement vides. L'aide matérielle étasunienne et alliée est pour lui indispensable, sinon il ne peut rien faire car la plus grande partie des usines d'armements du pays sont maintenant en territoire ennemi... Le 8 août, à la pointe nord-est du front italien, une offensive italo-franco-britannique se déroule avec succès sur le plateau l'Asiago, aux abords du Monte Sisemol et dans la région Tonale-Monticelli. Le 13, un petit groupe d'alpins italiens lance une attaque surprise pour prendre la position fortifiée du San Matteo, un pic glacé et enneigé situé à 3 678m d'altitude. A cet endroit, les troupes de montagne austro-hongroises ont installé une pièce d'artillerie qui domine toute la vallée ce qui gêne considérablement les ravitaillements italiens. En quelques minutes, la moitié des soldats austro-hongrois sont faits prisonniers et l'autre moitié s'enfuit vers une position moins élevée(7). Les vaincus n'acceptent pas cette défaite et ils procèdent immédiatement à des préparatifs pour reprendre ce sommet pour le moins inhospitalier. Le 15 les Austro-Hongrois, quasiment sans combattre, abandonnent le Monte Mantello et le 23, les Italiens prennent le village de Rivalta dans le Val Brenta... Dans les Balkans. Depuis son arrivée à Salonique, le général Louis Franchet d'Espèrey ne cesse de remanier les plans de l'offensive laissés par son prédécesseur, le général Alphonse Guillaumat. Il entend porter un coup décisif aux Bulgaro-Germano-Austro-Hongrois dans les montagnes du Dobropolié et du Vétrenik au centre de la ligne de front. Pour cela, il dispose enfin de la supériorité numérique, soit 650 000 soldats, contre 450 000 ennemis, pour l'essentiel des soldats bulgares, mais sous l'autorité du maréchal allemand August von Mackensen. Le corps expéditionnaire est composé de 4 armées distinctes : Française, Britannique, Italienne et une armée 'locale' Greco-Serbe. Chacune comprend environ 160 000 hommes, mais la cohésion de l'ensemble est très douteuse. Si les soldats serbes et français sont très combatifs, les Grecs et les Italiens le sont beaucoup moins et les Britanniques sont attentistes. Malgré les appels de Foch pour lancer l'offensive, Franchet d'Espèrey est toujours dans l'attente d'un accord de principe des gouvernements britannique et italien toujours réticents à une action d'envergure dans la région... Au Moyen-Orient. C'est la pleine saison estivale ce qui rend les actions guerrières d'envergure impossibles. Tout le monde en profite pour se refaire une santé et se reposer. Mais une grande activité règne dans les états-majors où on prépare les futures offensives de l'automne... Le 20 août, Mustapha Kemal Atatürk prend le commandement, pour la deuxième fois, de la 7ème armée turque sur le front de Palestine. Elle est composée de deux corps d'armées commandés par les colonels İsmet İnönü et Ali Fuat Cebesoy. Il est toujours sous les ordres du général allemand Otto Liman von Sanders qui commande l'ensemble des troupes dans cette partie du Moyen-Orient. L'état des troupes ottomanes est déplorable, beaucoup de régiments ne se composent plus que de10% de leurs effectifs de principe. Les hommes, privés de nourriture et d'eau, meurent quotidiennement. Le moral est au plus bas et des patrouilles en camion, armées de mitrailleuses, sillonnent les arrières avec l'ordre d'abattre tous les soldats désœuvrés, ce qui n'empêche pas les désertions. Pour défendre leurs bases, les Turcs ne disposent que de 8 avions et de 2 batteries de DCA, tandis que les Britanniques, alliés avec les Bédouins de l'émir Fayçal, parviennent à masser des effectifs très supérieurs en quantité, qualité et aux moyens matériels nettement supérieurs. Les efforts de réorganisation de Kemal sont stoppés par une crise de colique néphrétique qui le contraint à rester alité dans son quartier général de Naplouse... Dans le Caucase, la Bataille pour Bakou. Le 18 août, les forces britanniques du général Lionel Dunsterville arrivent à Bakou. La bataille de Bakou commence le 26, lorsque l'armée islamique du Caucase lance une attaque contre une entrée de la ville. Malgré un manque d'artillerie, les forces britanniques et les Russes blancs du général Lasar Bitcherakhov résistent dans un premier temps. Cependant, devant la puissance de feu ottomane, elles doivent se retirer jusqu'à une ligne de chemin de fer transformée en rempart défensif. Le 28, les forces ottomanes pilonnent la ville puis, le lendemain, avec guère plus de 500 hommes, elles prennent le verrou défensif qu'est la colline Binaghadi au nord de Bakou. Les troupes britanniques beaucoup moins nombreuses doivent se retirer plus au sud. Le 1er septembre les forces ottomanes prennent Dina pour tenter de couper la fuite des défenseurs vers le sud. Les troupes britanniques et russes blanches ont subi de lourdes pertes, mais celles des troupes ottomanes sont si élevées que le général turc Mürsel Bakû qui commande l'attaque n'est pas en mesure de poursuivre son offensive... En Afrique de l'Est. En août 1918, dans le sud du Mozambique-Portugais, le major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck remonte plein nord. Il livre bataille à Numarroe, et franchit la frontière de l'Est-Africain, pays d'où il vient, à la fin du mois…
Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de juillet-août qui donne les nouvelles du village. Il est copieux, 20 pages, on sent que le curé Aimé Guigues est revenu aux commandes, et ce sont deux photos qui font sa Une. La première est une vue générale de Loublande, la deuxième, c'est le reposoir de la Fête-Dieu dans l'avenue Berterigues (dans sa graphie de l'époque) à Barbentane. Il est impossible de reconnaître quelqu'un sur cette photo, sinon 3 enfants de chœur en aube avec des surplis blancs et des femmes agenouillées avec des canotiers. A noter quand même que le photographe a laissé son nom, J. Meyer... La page 2 est entièrement consacrée à Loublande où près de 10 000 pèlerins sont venus célébrer les fêtes du Sacré-Cœur au début juin. Sont relatées la fête du Sacré-Cœur à Barbentane et aussi la fête de la Saint-Jean. A l'initiative du pape, une messe pour la paix s'est tenue le 29 juin. L'Écho relate la fin des travaux dans la chapelle de la Sainte-Vierge ainsi que le transport de la grande croix. Elle était installée temporairement dans la chapelle Mondragon, pour être repositionnée entre la nef centrale et la nef sud, telle que nous l'avons connue jusque dans les années 1970 où elle a disparu lors d'une réfection de l'église(8). A noter que cette croix en bois, plus grande que nature, est d'un poids de 300 kilos et que son nouveau piédestal en fine et dure pierre de Lynx (?) pèse entre 500 et 600 kilos. Cette nouvelle érection s'est faite sans difficulté, comme par "enchantement" (dixit l'Écho). C'est aussi le début de la construction du nécrologe de l'église avec l'estimation de son inauguration vers le 15 août(9). Dans cet article, sont précisés le référencement pour l'inscription des noms, ainsi que l'ajout d'une étoile pour les Barbentanais d'origine. Tous ces travaux ont été faits par souscription auprès de généreux Barbentanais, et le curé leur adresse ses très sincères remerciements... Au livre d'or, Edmond Pialot et Jean Brémond sont nommés sous-lieutenants, Gaston Nazon est nommé caporal. Le sous-lieutenant observateur Marcel Tourniaire du 2ème génie est cité à l'ordre de son corps d'armée pour faits de bravoure. Gabriel-Elie, le frère de Marcellin Gourret, un bon ami de l'Écho (?), est cité à l'ordre de sa division. Chez les blessés, de son hôpital à Lyon, le nouveau sous-lieutenant Pialot raconte sa grave blessure et surtout comment il a pu échapper aux Allemands. A Carcassonne, le sous-lieutenant Rossi se remet doucement ; Adrien Chauvet, blessé à Beauvais le 30 juin, a passé quelques jours à Issoudun, il est maintenant à Talence près de Bordeaux dans un hôpital US. A Arles, Léon Chauvet qui est passé 7 fois sur le billard, fait du sport pour s'habituer à marcher avec des béquilles ; à Lyon, après des souffrances exceptionnelles, Buravand se considère hors de danger ; à Menton, Antonin Lambert qui vient d'être blessé une deuxième fois, se fait soigner d'un éclat d'obus dans l'épaule. Alfred Chalas a été blessé puis fait prisonnier et Louis Meyer a été grièvement gazé. En plus d'Alfred Chalas, Louis Ollier et le commandant Barthélémy ont aussi été faits prisonniers. D'ailleurs le commandant Barthélémy narre sa capture dans une lettre à sa famille envoyée le 19 avril. François Marteau, blessé le 13 juin, décède le lendemain à l'hôpital de Meaux. C'est le 63ème inscrit au Martyrologe et un service funèbre à sa mémoire est célébré le 9 juillet... De nombreuses Barbentanaises se sont inscrites à l'Union des Femmes Françaises, œuvre de la Croix Rouge. Un accusé de réception ainsi qu'un cordial merci sont adressés à un brave poilu qui en a marre (sic) de la guerre et qui a fait un don anonyme pour la restauration de la chapelle de la Vierge à qui il doit sa protection... Un seul Poilu barbentanais meurt pour la France en août 1918 : Léon Honoré Glénat. Né à Barbentane, 30 ans, employé de commerce, célibataire. Au moment de son conseil de révision, il est en Égypte. Il est incorporé pour son service ordinaire le 4 octobre 1909 au 173ème RI à Bastia, mais versé au service auxiliaire le 9 octobre 1909 pour "genu valgum" (genoux cagneux) par la commission de réforme de Bastia. Il est libéré le 22 octobre 1911 et rejoint la ville d'Alexandrie (Égypte). Mobilisé, il passe en commission de réforme à Marseille le 18 septembre 1914, il est confirmé dans le service auxiliaire mais maintenu au corps. Il est nommé caporal le 11 février 1916, puis caporal fourrier 31 mai 1916. Il rejoint le 2ème groupe d'aviation de Bizerte le 13 janvier 1917, puis il est nommé sergent fourrier le 9 mai 1917. Il décède d'une pneumonie le 20 août 1918 à l'hôpital du Caroubier de Bizerte. Un service funèbre à sa mémoire se déroule le 23 septembre 1918 dans l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe de l'église. Au courrier militaire, Fernand Barral, dans les Balkans, a rencontré Bouisseau, ainsi que Chancel qui doit se faire soigner les dents à Florina ; Marius Escalier se trouve très bien à Salonique ; actuellement au repos, Henri Bruyère va repartir au front ; Léon Reboul est avec des Étasuniens qui trouvent leur secteur calme [en Lorraine probablement] ; André Augustin est toujours dans son gourbi en bois ; Paul Fontaine est heureux du retour des prisonniers ; Adrien Rey donne des nouvelles de sa convalescence ; Simon Laget est toujours dans la Somme où ça barde ; dans le Pas-de-Calais, Louis Fontaine est au repos ; Joseph Froment monte la garde avec l'ami Fontaine (?) ; Jean-Marie Auzépy adresse des prières aux soldats vivants et aux morts ; Claudius Raoulx est pour 21 jours en stage, après il espère avoir une permission ; dans le secteur de Reims, Henri Rouqueirol rentre d'un stage pour mortier de 75 et il se désespère de ne pas avoir une permission qui n'arrive pas vite ; Etienne Martin [en Italie] envoie sa nouvelle adresse sur une jolie carte de Venise ; Pierre Dayre, avec Constant, Cardelin et Louis Gauthier se préparent à embarquer pour Malte ; Gaston Nazon qui depuis le 1er avril s’est beaucoup déplacé à pied, en chemin de fer et en auto se retrouve dans un coin "où il fait chaud" sur le front de France ; Jean-Marie Ginoux considère que l'Écho fait très bien son office d'agent de liaison ; Bernard Dodo est dans le Sud-Oranais où il a rencontré le caporal Petit en séjour à Bou-Denib ; dans une phrase assez énigmatique le jardinier Louis Ayme laisse à d'autres le soin de faire pousser la carotte ; dans la neige et à 1 750m d'altitude, le téléphoniste François Veray a lu avec plaisir que son fils Gaston vient de faire sa communion ; Léon Reboul qui doit partir pour "la grande bataille" espère s'en tirer à bon compte ; Claude Mouret, avec Albert Moucadeau et François Ollier sont dans un village de Seine-et-Oise ; au repos, Henri Rouqueirol est allé prier sur la tombe de Louis Courdon à Mailly ; le musicien-brancardier Jean Fontaine se prépare à partir pour la "grande bataille" et pour finir ce riche courrier, c'est de nouveau le jardinier Louis Ayme qui cultive la métaphore, après avoir trouvé dommage que l'Écho ne soit pas un grand quotidien où il tiendrait la rubrique agricole, il a "agrandi" son action "ce ne sont plus des coups de main que je fais, mais des attaques de grandes envergures, comme Hindenburg, mais plus heureux que lui, je terrasse mon ennemi à chaque rencontre, il faut me voir le matin, avec mon grand couteau à la main, les pauvres salades crient pitié, mais je suis impitoyable, je coupe, je tue, j'assassine"... Dans la vie paroissiale, j'ai noté 8 baptêmes, 2 mariages(10) et 4 décès, dont un cas probable de grippe espagnole, la pandémie qui commence à faire des ravages... Pour finir cet Écho, une courte note d'Hervé Bazin sur les Territoriaux, et une autre sur la liberté et la mode qui vient du Québec... Guy |
Britanniques près d'Arras (photo colorisée) |
Évolution du front à l'est d'Amiens d'août à octobre 1918 |
Pont de Béthencourt détruit par les Allemands dans les Flandres |
Toilette sommaire dans un trou d'obus (photo colorisée) |
Prisonniers allemands sous la surveillance de Britanniques |
Déblaiement de la ville Roye dans la Somme par des territoriaux |
Quinones de Leon, le nouvel ambassadeur d'Espagne dans son bureau à Paris |
Regroupement de blessés près d'Amiens |
Armurier britannique inspectant du matériel allemand abandonné |
Nouvelles automitrailleuses canadiennes semi-blindées |
Dans le Monde en Guerre La Grippe Espagnole. En août, alors que les cas compliqués de grippe se multiplient un peu partout, la presse française n’est guère bavarde. Dans La Croix du 4 août, on apprend que cette maladie se propage surtout dans l'Allemagne et que la famille impériale a été touchée. Le 7, dans Le Journal, on peut lire que la grippe n’est pas si grave. Que ce n’est, au final, qu'une grippe "pure et simple", que l’on s’en défend par des soins du nez, de la gorge et en s’abstenant d’assister à de grandes réunions. Le 18, Le Petit Parisien laisse passer un article qui signale que "La grippe espagnole est signalée à Cahors et dans les environs. Des cas mortels, au nombre d’une dizaine, dont trois dans une même famille du village de Trespoux, se sont déjà produits". Le lendemain, le même journal explique que le retour des prisonniers français, pour l'instant internés en Suisse, est retardé pour cause de grippe. Le 31, Le Matin parle d’une "petite épidémie". Toutefois, et durant tout le mois, les grands titres des journaux sont surtout consacrés aux combats, aux avancées victorieuses des Britanniques à Amiens et aux victoires françaises sur l'Ailette. Pourtant, à la fin du mois, l’épidémie s’aggrave brutalement dans le sud de la France. A Marseille, Toulon, Hyères, Aubagne et ailleurs, militaires, civils, prisonniers, plus personne n’échappe à la maladie. Elle défie tout pronostic. Un cas qui semblait bénin se transforme du jour au lendemain en cas grave avec une évolution fatale. Un responsable du secteur médical en Provence écrit "Le plus souvent, brusquement, parfois après quelques jours de maladie, un individu jeune, vigoureux et jusque-là bien portant est atteint de fièvre et d’accident pulmonaire. (...) Quelques heures après la mort, le cadavre se violace, la face se bouffit, et presque toujours une écume rose et sanglante sort par la bouche et les narines. L’autopsie montre des poumons gonflés, tuméfiés, d’une coloration noire, violet"...
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Soldats austro-hongrois sur le front d'Italie |
Soldats britanniques dans la poussière près d'Amiens (photo colorisée) |
Le général français Franchet d'Esperey passe en revue un bataillon grec |
Échange de cigarettes entre Poilus et Tommies |
Circulation entre Amiens et Roye dans la Somme |
Transport d'un canon lourd britannique dans la Somme (photo colorisée) |
Août 1918 - Dans le Monde Politique. En France. Le 1er, par un vote majoritaire, la Chambre adopte le projet autorisant l'appel de la classe 1920, c'est à dire les jeunes ayant 18 ans dans l'année. Il est validé par le Sénat le lendemain. Le 6, sur proposition du président du Conseil Georges Clemenceau, le général Ferdinand Foch est promu maréchal de France, titre honorifique qui ne peut être décerné qu'en temps de guerre. Le général Philippe Pétain reçoit la médaille militaire. Le 7, la Haute-Cour de justice déclare que Louis Malvy, ancien ministre de l'Intérieur, est coupable de forfaiture. Elle le condamne à une peine de 5 ans de bannissement. Ce jugement suscite de vives réactions de la part de la presse de gauche qui évoque alors "une nouvelle affaire Dreyfus". Les partis de gauche, les mouvements syndicaux et ouvriers sont tout autant indignés. Malvy, refuse la proposition de Léon Jouhaux, alors secrétaire général de la CGT, qui envisage de lancer une grève générale. Il part en exil à Saint-Sébastien en Espagne tout en demeurant jusqu’à la fin de son mandat député du Lot car, par oubli, la Haute Cour ne l'a pas destitué de ses droits civiques... Le 17, c'est l'inauguration d'une ligne postale aérienne régulière entre Paris et Saint-Nazaire, là où sont stationnés de nombreux soldats US et où les navires repartent pour les USA quasiment à vide. Peu après, mais avec beaucoup moins de publicité, un service postal militaire régulier se met en 'route' entre Paris et Londres... Le Racisme US se Propage dans l'Armée Française. Le 12 août, une note confidentielle destinée au bureau franco-us de l’état-major des armées, est répercutée par le général Jean Vidalon à l’ensemble des régions militaires, ainsi qu’aux gouverneurs militaires de Lyon et de Paris. Cette note, totalement inspirée, sinon directement écrite, par des suprématistes blancs, fait bondir certains généraux français. En fait cette circulaire, dite Linard(1) stipule, Point I : Il importe que les officiers français appelés à exercer un commandement sur des troupes noires étasuniennes, ou à vivre à leur contact, aient une notion exacte de la situation des nègres aux États-Unis. Les considérations exposées dans la note suivante devraient donc leur être communiquées, et il y a un intérêt considérable à ce qu’elles soient connues et largement diffusées ; il appartiendra même aux autorités militaires françaises de renseigner à ce sujet par l’intermédiaire des autorités civiles, les populations françaises des cantonnements de troupes étasuniennes de couleur. Point II : Le point de vue étasunien sur la "question nègre" peut paraître discutable à bien des esprits français. Mais il ne nous appartient pas à nous Français de discuter ce que certains appellent un "préjugé". L’opinion étasunienne est unanime sur la "question noire" et n’admettrait pas la discussion. Le nombre élevé de nègres aux États-Unis (15 millions environ) créerait pour la race blanche de la République un danger de dégénérescence si une séparation inexorable n’était faite entre noirs et blancs. Comme ce danger n’existe pas pour la race française, le public français s’est habitué à traiter familièrement le "noir", et à être très indulgent à son égard. Cette indulgence et cette familiarité blessent profondément les Étasuniens. Ils les considèrent comme une atteinte à leurs dogmes nationaux. Ils craignent que le contact des Français n’inspire aux noirs étasuniens des prétentions qu’ils considèrent comme intolérables. Il est indispensable que tous les efforts soient faits pour éviter d’indisposer profondément l’opinion étasunienne. Bien que citoyen des États-Unis, l’homme de couleur est considéré par l’Étasunien blanc comme un être inférieur avec lequel on ne peut avoir que des relations d’affaires ou de service. On lui reproche une certaine inintelligence, son indiscrétion, son manque de conscience civique ou professionnelle, sa familiarité. Les vices du nègre sont un danger constant pour l’Étasunien, qui doit les réprimer sévèrement. Par exemple, les troupes noires étasuniennes en France ont donné lieu à elles seules à autant de plaintes pour tentatives de viol(2), que tout le reste de l’armée, et cependant on ne nous a envoyé comme soldats qu’une élite au point de vue physique et moral, car le déchet à l’incorporation a été énorme. Conclusion : Il faut éviter toute intimité trop grande d’officiers français avec des officiers noirs, avec lesquels on peut être correct et aimable, mais qu’on ne peut traiter sur le même pied que des officiers blancs étasuniens, sans blesser profondément ces derniers. Il ne faut pas partager leur table, éviter le serrement de main et les conversations ou fréquentations en dehors du service. Il ne faut pas vanter d’une manière exagérée les troupes noires étasuniennes surtout devant les Étasuniens. Reconnaître leurs qualités et leurs services, mais en termes modérés conformes à la stricte réalité. Tâcher d’obtenir des populations des cantonnements qu’elles ne gâtent pas les nègres. Les Étasuniens sont indignés de toute intimité publique de femme blanche avec des noirs. Ils ont élevé récemment de véhémentes protestations contre la gravure de la "Vie Parisienne" intitulée "L’enfant du dessert" représentant une femme en cabinet particulier avec un nègre. Les familiarités des blanches avec les noirs sont du reste profondément regrettées de nos coloniaux expérimentés, qui y voient une perte considérable du prestige de la race blanche. L’autorité militaire ne peut intervenir directement dans cette question, mais elle peut influer sur les populations par les autorités civiles. Signé Linard... Immédiatement, des généraux qui reçoivent la circulaire émettent de vives protestations. Certains voulant traîner ce 'Linard' en Conseil de guerre pour atteinte au moral des troupes combattantes. Ceux bien au fait de la vie aux USA, disent que c'est là un texte du Ku Klux Klan et si cela les indigne, cela ne les surprend guère. Quelques jours plus tard, les 23 exemplaires diffusés sont repris par le général Vidalon et brûlés, sauf l’exemplaire directement remis à Clémenceau et destiné au gouverneur militaire de Paris. C'est cet état d’esprit raciste qui a obligé les aviateurs à évincer Eugène Bullard de l’aviation française en novembre 1917 à la demande expresse des autorités US. Même si certains généraux français pensent la même chose des troupes coloniales, jamais aucun ne l'a exprimé pas écrit. D'ailleurs Foch la condamne immédiatement et Mangin n'en pense pas moins. Cette circulaire sera dénoncée officiellement par le député sénégalais Blaise Diagne dans une lettre en date du 16 novembre 1918 adressée au ministre de la Guerre. La brillante carrière du lieutenant-colonel Jean-Louis Linard n'ira jamais plus loin... Le Pariser Kanonen ou Grosse Bertha. Revenu sur ses positions initiales dans la forêt de Crépy-en-Laonnois, prés de Laon, le canon tire de nouveau le 5 août et pendant 5 jours de suite. Menacé par la contre-offensive française, les derniers tirs ont lieu le 9 août, puis il s'arrête définitivement. Après cette date ces canons sont rapatriés en Allemagne et directement fondus dans les usines Krupp pour ne pas tomber intacts aux mains des Alliés. Après la guerre, aucune commission de recherche ne trouvera la moindre trace matérielle de ces canons... En Belgique occupée. Le Conseil de la couronne. Les 13 et 14 août, il se réunit au Grand Quartier Général des Allemands à Spa en Belgique. Convoqué à la suite de la défaite du 8 août, il se tient sous la présidence du Kaiser Guillaume II avec le Chancelier impérial Georg von Hertling, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères Paul von Hintze, prince-héritier impérial Guillaume de Prusse ainsi que les généraux Paul von Hindenburg et Erick Ludendorff... En fait, l'Allemagne va mal et la situation empire de jour en jour. Les effectifs militaires sont laminés par les pertes. Même en intégrant les nouveaux soldats de la classe 1920 et les ouvriers sursitaires, ces nouveaux enrôlements sont très loin de parvenir à combler les pertes. Entre mars et juillet, l'armée impériale enregistre la perte de 226 000 morts et près de 750 000 blessés. De plus, il est impossible de maintenir constants les effectifs des unités combattantes par des hommes trop jeunes ou trop vieux pour être envoyés au front. Ce sont 80 000 hommes par mois qui disparaissent des armées allemandes par le retrait des blessés, tués et malades, malgré l'arrivée des nouveaux mobilisés... Depuis la puissante offensive britannique à Amiens, Ludendorff est très pessimiste sur une issue victorieuse du conflit. Toutefois, Hindenburg escamote beaucoup la situation auprès de l'Empereur en prétendant qu'en se mettant sur la défensive derrière sa ligne bétonnée on peut encore tenir longtemps. Malgré cela, Guillaume II n'est pas dupe. Au début de la conférence, il espère un compte-rendu clair et honnête sur les perspectives militaires. Ludendorff est honnête, il dit qu'il est le général en chef d'une armée vaincue. Il annonce officiellement aux responsables politiques, y compris à Guillaume II, que l'Allemagne ne dispose plus des capacités militaires pouvant lui permettre de remporter la victoire sur le front de l'ouest. Les responsables politiques sont atterrés devant la gravité de la situation. Ils étaient toujours bercés par les victoires du printemps et ne peuvent admettre qu'en si peu de temps le pays soit obligé de se soumettre. Guillaume II, mieux renseigné, déclare "Nous sommes à la limite de nos forces". Il prend alors la décision d'arrêter les hostilités avant que la guerre ravage l'Allemagne comme le sont alors les provinces françaises de l'est et du nord de la France ainsi que la Belgique. Mais pas question d'alarmer les civils, alors Ludendorff dit qu'il va évoquer un simple changement de stratégie. Il se propose d'annoncer à la face du monde que l'Allemagne passe à la défensive, afin de "paralyser graduellement la volonté de combattre de l'ennemi". Cet échec se matérialise aussi par un changement d'attitude des Dioscures à l'égard des membres du gouvernement, ils abandonnent leur morgue habituelle et en deviennent presque obséquieux. Les buts de guerre sont réaffirmés par les participants, Hindenburg affirme même pouvoir continuer à occuper de larges portions du territoire français. Du coup, von Hertling et von Hintze entendent négocier avec les Alliés une paix blanche à l'Ouest et le maintien d'un statu quo très avantageux pour l'Allemagne à l'est. Le sort des territoires sous contrôle des troupes des Empires centraux est étudié. Von Hintze souhaite le maintien de troupes allemandes en Belgique, pour que l'Allemagne puisse récupérer en échange ses colonies lors des négociations de paix. Il est toutefois envisagé de dédommager modestement la Belgique d'une partie des destructions opérées volontairement sur son sol. Von Hintze reçoit alors la consigne de préparer la paix avec les Alliés... La Dernière Grande Conférence Austro-Allemande. Le 14, Charles Ier, l'empereur d'Autriche-Hongrie arrive à Spa. Il est accompagné de son ministre des affaires étrangères, Stephan Burián von Rajecz. Le 15, lors de la rencontre officielle entre les Empires centraux, Charles Ier a revêtu l'uniforme allemand et Guillaume II l'uniforme d'Autriche-Hongrie. Malgré la différence d'âge, les deux hommes se tutoient comme il est de rigueur entre monarques du même rang. Les mondanités s'arrêtent là. D'emblée, Charles Ier, appuyé par son ministre des Affaires étrangères, annonce l'impossibilité de poursuivre les hostilités. Épuisé par quatre années de conflit, son pays ne peut faire face à un cinquième hiver de guerre. En raison de cet épuisement, Charles Ier souhaite l'ouverture de négociations de paix dans les plus brefs délais, sans plus attendre. Le sort de la Pologne est aussi évoqué dans ces pourparlers germano-austro-hongrois, mais les deux empires n'arrivent toujours pas à s'entendre sur un partage du pays. Pendant ces 3 jours, il n'est jamais fait état des revendications territoriales françaises sur les provinces d'Alsace et de Lorraine. Elles sont définitivement Allemandes, c'est pour eux, indiscutable... Dans une conférence subalterne, à contre-courant des idées de paix des monarques, les généraux allemands et austro-hongrois exposent leurs projets opérationnels respectifs. Les Austro-hongrois souhaitent lancer une nouvelle offensive dont Gênes constituerait l'objectif final. Face à ces projets offensifs chimériques à ce stade de la guerre, les militaires allemands annoncent à leurs collègues austro-hongrois que leur objectif prioritaire est alors de renforcer le front français... Mais dès le lendemain, les divergences s'accentuent entre les deux empires. Guillaume II nerveusement épuisé va se reposer au château de Wilhelmshöhe pendant que von Rajecz lance à ses homologues allemands "chez nous, c'est absolument terminé". Il souhaite une initiative rapide, "immédiatement et directement" en vue de faciliter la paix. Les Allemands ne l'entendent pas ainsi, ils prévoient une grande action de propagande sur deux axes. L'une interne au pays, l'autre à destination des opinions publiques neutres et alliées. Elle serait menée par un "Comité de propagande" composé de personnalités reconnues. L'une des premières manifestations de ce Comité se déroule le 21, lorsque von Hintze calme, par des contre-vérités, les craintes des responsables des partis politiques représentés au Reichstag sur la situation militaire et économique de l'Allemagne... Pas tout à fait conscient de la gravité de la situation militaire du pays, von Hintze prépare une note à destination des États-Unis en insistant sur la conclusion d'une paix aux clauses satisfaisantes pour l'Allemagne. Mais cette note doit être adressée au "moment opportun", après la stabilisation du front et le succès défensif promis par Hindenburg... Le 21, soutenu par la Bulgarie et l'Empire ottoman, von Rajecz fait parvenir à Berlin le texte de la note qu'il compte adresser directement aux Alliés. Affolés, les dirigeants allemands tentent alors de stopper cette démarche, mais ils ne peuvent répondre précisément aux interrogations sur leurs succès militaires actuels que réclame Charles Ier en personne... En Grande-Bretagne. Le 13 août, le gouvernement britannique reconnaît le Conseil national tchécoslovaque comme un gouvernement allié. Le 23, le diplomate Robert Cecil est chargé par le gouvernement britannique de préparer les textes de la future institution de la Société des Nations. Il juge les déclarations de l'Allemand Wilhelm Solf relatives à la Belgique comme "insatisfaisantes". En outre, il estime que le militarisme prussien est incompatible avec l'établissement d'une Société des Nations... En Italie. Le 9 août, Gabriele d'Annunzio, à la tête d’une escadrille de 8 avions, effectue le survol de Vienne sur laquelle il jette des tracts antiautrichiens... En Yougoslavie. Le 16 à Laybach en Slovénie, dans une réunion ultrasecrète, sont jetées les bases d'un futur Conseil national yougoslave... Aux États-Unis. Le 3 août, pressé par les Alliés, le président Woodrow Wilson finit par accepter l'envoi de troupe en Sibérie, mais uniquement dans le but de protéger les dépôts alliés. Il déclare solennellement au Congrès que son gouvernement respectera l'intégrité territoriale de la Russie et se gardera de toute immixtion dans ses affaires intérieures. Le Japon s'associe à cette déclaration. Le 5, le Congrès entame des discussions sur la proposition de loi qui veut établir un service militaire obligatoire pour tous les hommes de 18 à 45 ans. Le 24, cette proposition est adoptée à la Chambre des Représentants par 336 voix contre 2. Le 30, elle est définitivement adoptée par le Sénat et le lendemain, le président Wilson la signe. Potentiellement, les USA peuvent dorénavant lever une armée de 13 millions de soldats... Au Canada. C'est en août, et sur l'insistance du gouvernement britannique, que le gouvernement autorise la préparation et l'embarquement d'une force expéditionnaire en Sibérie. C'est un petit contingent de 4 192 soldats qui, déjà entraînés, se prépare à rejoindre les forces expéditionnaires alliées à Vladivostok. Commandée par le général James Elmsley, elle n'arrivera dans le grand port russe qu'au début novembre... En Allemagne. Le 3 août, l'amiral Franz von Hipper remplace l'amiral Reinhard Scheer à la tête de la Hochseeflotte (flotte de haute mer). Le 20 août, faisant suite aux directives arrêtées à Spa, le diplomate Wilhelm Solf, ancien administrateur des colonies allemandes, fait dans son discours au Reichstag de nouvelles propositions sur la question belge, le traité de Brest-Litovsk et la question coloniale. Le 27, à Berlin un accord commercial secret est signé entre l'Allemagne et la Russie bolchevique. L’Allemagne s’engage à faire restituer à la Russie une partie du bassin industriel du Donetz alors situé en Ukraine, il autorise aussi les Bolcheviks à acheter des céréales dans la zone d’occupation allemande en Ukraine. Il se dit prêt à aider la Russie contre les troupes alliées débarquées à Mourmansk et à Bakou. Elle est prête à évacuer les territoires qu’elle occupe à l’est de la Berezina en Biélorussie. En contrepartie, le gouvernement bolchevique reconnait l’indépendance définitive de la Livonie, de l’Estonie et de la Géorgie. Le 29, au château de Wilhelmshöhe où il se repose, Guillaume II reçoit le roi Ferdinand Ier de Bulgarie. Ce dernier, soucieux de la situation militaire des troupes bulgares de plus en plus esseulées en Macédoine, est venu chercher des assurances militaires auprès du Kaiser. Bien sûr, il reçoit la garantie qu'à la première attaque d'envergure, il sera immédiatement soutenu par la puissante armée allemande... Grèves en Allemagne. En août, dans la seule province de Freiburg, 200 ouvriers du bois de quatre entreprises différentes se mettent en grève ! La volonté de tenir et d’accepter les contraintes s’effondre, d'autant que les organismes sont affaiblis par des journées de travail très longues. On travaille le plus souvent plus de douze heures par jour dans les usines d’armement. Dans les entreprises les cadences sont infernales, le ravitaillement est source d'angoisse, la faim est toujours présente dans le peuple. L'appel au patriotisme, comme le constate la police de Freiburg, est devenu sans effet. Peu à peu les ouvriers et les femmes expérimentent la lutte sociale, ou la retrouvent... En Autriche-Hongrie. Le 3 août, le quartier général austro-hongrois reconnaît que la propagande entreprise par l’Italie parmi les troupes combattantes a un certain succès. Il admet que de nombreux soldats tchèques ont déserté le front pour se constituer prisonniers chez les Italiens où ils sont très bien traités... En Pologne Occupée. Notamment en Silésie, dans le sud du pays, de nombreux jeunes en âge de combattre fuient dans les forêts pour échapper à l'incorporation militaire dans l'armée allemande... En Russie. Le 1er août, le commissaire du peuple aux Affaires étrangères, Gueorgui Tchitcherine, sollicite la "collaboration" de l'Allemagne contre les mouvements contre-révolutionnaires. L'économiste et financier, Karl Helfferich, qui est l'ambassadeur allemand depuis le 24 juillet, poursuit des pourparlers économiques avec les dirigeants du gouvernement bolchevique en vue d'établir un futur traité commercial équitable. Cela déplaît encore plus aux pangermanistes qui l'avaient fait nommer à Moscou justement pour l'écarter du gouvernement allemand. Il est rappelé à Berlin dès le 5 août et en cela il détient le record de la durée en poste la plus brève de toute l’histoire diplomatique. Le 5 encore, c'est l'arrestation à Moscou des sujets français et britanniques accusés d'espionnage. Ils sont incarcérés en attendant leur expulsion qui s'avère, dans les faits, très problématique dans l'Europe en guerre... Pour répondre aux besoins cruciaux d'approvisionnement des villes, les bolcheviks décrètent la division de la paysannerie russe, selon un schéma marxiste simpliste, entre koulaks (paysans riches), paysans moyens et paysans pauvres. Les réquisitions, opérées de manière totalement inadaptée, touchent l'ensemble de la masse des populations paysannes. Ces saisies injustes et autoritaires exacerbent les tensions et provoquent des soulèvements. En août, Lénine envoie une série de télégrammes qui ordonnent une répression impitoyable de l'opposition paysanne. Le 9, il télégraphie au Comité exécutif du Soviet de Penza l'ordre d'enfermer "les koulaks, les prêtres, les Gardes blancs et autres éléments douteux dans un camp de concentration". En complément, pour les koulaks, il demande de les "pendre pour que les gens les voient, de publier leurs noms, de réquisitionner tous leurs grains et de tout faire pour que cela se sache à des lieues à la ronde"... Le 30, Moïsseï Ouritsky, le chef de la Tcheka de Petrograd, est assassiné. Le même jour, une activiste de 28 ans, Fanny Kaplan (Feiga Chaimovna Roytblat de son vrai nom), membre du Parti Socialiste Révolutionnaire, tente d'assassiner Lénine. Elle l'approche alors qu'il regagne sa voiture après un meeting à l'usine Michelson de Moscou, et elle lui tire dessus à trois reprises. Deux balles atteignent Lénine, l'une à la poitrine, l'autre à l'épaule. Il est immédiatement amené à son appartement privé au Kremlin et il refuse d'aller à l'hôpital, où il craint que d'autres assassins y soient présents. Les médecins appelés à son chevet renoncent à retirer la balle qui s'est logée dans son cou, elle se trouve trop proche de la colonne vertébrale pour tenter une opération chirurgicale. Fanny Kaplan est immédiatement arrêtée et amenée dans les locaux de la Tcheka pour son interrogatoire. La réaction est immédiate, le consul général britannique, Bruce Lockhart, accusé de menées contre-révolutionnaires est arrêté. En deux jours, 1 300 "otages de la bourgeoisie" sont massacrés par des détachements de la Tcheka dans des prisons de Moscou et de Kronstadt. Avant le 4 septembre 500 autres otages sont exécutés à Petrograd... Terreur Blanche. La "Terreur blanche" en Russie renvoie à toute une série d'actions contre-révolutionnaires, en réponse au soulèvement de la population contre le tsar depuis le début du XXème siècle. Cette terreur envers les "rouges" est officialisée dès novembre 1917, elle est menée sous le commandement des officiers de l'ancienne armée tsariste. Tous les généraux de l'Armée blanche la pratiquent : Lavr Kornilov, Anton Dénikine, Piotr Nikolaïevitch Wrangel, Piotr Krasnov et Alexandre Koltchak. Elle est totalement assumée et revendiquée, Kornilov déclare dès décembre 1917 "Même si nous avons à brûler la moitié de la Russie et à verser le sang des trois quarts de la population, nous devrons le faire si c'est nécessaire pour sauver la Russie"... Dans les faits, la terreur blanche relève d'une idéologie : les Juifs, assimilés au communisme, devaient être éliminés car considérés comme "nuisibles". Les chefs militaires blancs pratiquent le "filtrage" : Les prisonniers de guerre sont triés et les officiers mettent à part ceux qu'ils considèrent comme indésirables et irrécupérables (les Juifs, les Baltes, les Chinois, les communistes) et les font ensuite exécuter tous ensemble(3)... Programme Politique pour les Armées Blanches. En fait, il n'y en a pas !!! Le 18 août, bien malade, le général Mikhaïl Alekseïev (il décèdera de mort naturelle le 25 septembre), sur la base d’un projet élaboré par le démocrate Vassili Choulguine, crée la Conférence spéciale. Cet organisme consultatif est chargé d’élaborer des propositions législatives dans les domaines les plus divers. A l’origine la conférence spéciale est présidée par Alexeiev, flanqué comme suppléants des généraux Denikine, Abraham Dragomirov et Ivan Romanovski, ce dernier est chef de sa direction militaire. Son futur président, Constantin Sokolov, précise "Le pouvoir du commandant en chef ne supporte aucune limitation". Ainsi, sans aucune définition générale ni déclaration solennelle, le principe de la dictature militaire est inscrit de fait dans le règlement de la Conférence spéciale. Le 26, lors de sa première visite à Stavropol, Denikine définit un programme visant à répondre, dit-il à "tous les cercles de la population soucieux de l’État". La formulation apparemment large n’embrasse en réalité pas grand monde, car elle exclut à l’évidence tous ceux qu'il qualifie de "populace". Denikine range sous cette étiquette les paysans qui ont saisi la terre des grands propriétaires, les soldats qui hier désertaient les rangs de l'armée tsariste, et les ouvriers qui veulent être maîtres de leur usine. "L’armée des Volontaires, dit-il, ne peut être l’instrument d’un quelconque parti politique ou d’une quelconque organisation sociale. Elle doit être étrangère à la lutte sociale et à la lutte des classes. Dans la situation difficile et pénible où nous vivons, ce n’est pas le moment de chercher à résoudre les problèmes sociaux”. C'est donc sur la base d'une dictature militaire qu'agissent les généraux blancs, avec un éventuel retour politique au système archaïque tsariste qui les motive. Il n'est même pas sûr que leurs soldats, par définition obéissants, aient exactement connaissance de la finalité des combats qu'ils mènent... Guerre Civile et guerre des Alliés en Russie. Le 2 août, des unités britanniques parviennent à relier par voies terrestre Mourmansk à Arkhangelsk. Ils s'installent dans ce territoire semi-désertique et établissent un gouvernement pro-alliés. Le 3, le général Anton Denikine et l’ataman du Kouban Alexandre Filimonov, à cheval et à la tête de leurs nombreux états-majors, entrent solennellement dans Ekaterinodar au son des cloches qui sonnent à toute volée. Selon le rituel, une messe tout aussi solennelle salue leur arrivée, puis Denikine et Filimonov passent en revue les troupes de l’armée des Volontaires et la cavalerie cosaque. Le commandement de l’Armée choisit de s’installer dans cette ville où siègent le gouvernement régional et la Rada du Kouban. Leur coexistence va s’avérer de plus en plus difficile au fil des semaines. Le 6, l’armée du gouvernement Socialiste Révolutionnaire de Samara, soutenue par les troupes tchécoslovaques, prend Kazan sur les bords de la Volga. Les assaillants mettent la main sur les réserves de devises de la Banque Impériale Russe, soit 651 millions de roubles-or. Cette ville tartare, est le centre religieux des musulmans russes et, de ce fait, elle est parsemée de multiples mosquées. Elle marque aussi l'extrême limite de l'avancée vers l'ouest des forces contre-révolutionnaires. Le 11, les premiers éléments du bataillon français envoyé en Sibérie, environ 1 500 soldats(4), commencent à débarquer à Vladivostok. En accord avec le gouvernement étasunien, le Japon renforce considérablement son corps expéditionnaire. Près de 70 000 hommes pénètrent en Russie orientale par la Mandchourie, une petite partie débarque directement à Vladivostok. Après une demande des USA, le gouvernement chinois envoie lui aussi un corps expéditionnaire de 2 000 hommes en Sibérie. Entre le 15 et 21, 3 000 soldats US débarquent à Vladivostok. Ils sont rapidement assignés à des opérations de contrôle de la voie ferrée entre le port et la ville d'Oussourisk située au nord de la péninsule. Le 16, l'armée des Volontaires avec l'appui des troupes tchécoslovaques prend Ekaterinbourg. Avec l'appui des Japonais, le général cosaque Grigori Semenov prend le contrôle de la Transbaïkalie et fonde un gouvernement blanc à Tchita. Le 17, des troupes tchécoslovaques avec des Russes blancs de Sibérie s’emparent d’Irkoutsk et y installent un gouvernement favorable aux alliés. De ce fait, les Bolcheviques sont maintenant chassés de toute la Sibérie du Détroit de Béring aux rives de la Volga. Dans cette immensité, seuls quelques îlots résistent encore aux armées Blanches et Alliées. Avec les territoires occupés par les Empires centraux à l'ouest et les Alliés au nord, jamais le pouvoir des Bolcheviques n'a gouverné aussi peu de personnes dans un si petit territoire... Dans les pays Baltes. Le 6 août, le Conseil national lituanien élève une vive protestation contre l'Allemagne qui tente de soumettre son pays et la Courlande à une colonisation systématique. En Estonie, le commandement allemand exerce un régime de terreur et incorpore de force des jeunes gens et des adultes dans l'armée germanique... En Finlande. Le 9 août, les conservateurs rétablissent la monarchie et offrent la couronne au prince allemand Frédéric-Charles de Hesse, beau frère de Guillaume II... En Espagne. Malgré sa neutralité bienveillante, Madrid proteste avec véhémence auprès de l'Allemagne suite aux trop nombreux torpillages de ses navires. Malgré les accords passés, la perte de 2 navires en juin et 3 autres en juillet (sans pertes humaines), devient insupportable à l'ensemble du gouvernement. Le 16 août, ulcéré, Madrid décide de réquisitionner tous les navires allemands présents dans ses ports. Le 26, après le torpillage du vapeur Carasa près des côtes britanniques qui coûte la vie de 6 marins, le gouvernement annonce qu’il va, pour chaque navire coulé, prélever le tonnage équivalent dans les navires allemands réquisitionnés... En Inde. Le 19 août, une force expéditionnaire indienne, dite C, quitte l'Inde pour une campagne en Afrique de l'Est... Au Japon. Comme une traînée de poudre, la jacquerie des femmes de pêcheurs dans le port Ōtsu commence à gagner la côte ouest du pays. Elle prend de nouvelles proportions et des émeutes suivies de pillages se développent dans plusieurs villes et villages. A partir du 8 août, les troubles gagnent les départements de l’ouest, et le 10, c'est à Kyôto, l'ancienne capitale impériale, que la population toute entière manifeste. Le préfet juge la situation assez grave et fait appel à l'armée pour réprimer les manifestants. A partir de là, les émeutes s'intensifient et les pillages commencent à gagner toutes les villes du pays. De nombreux chantiers navals se mettent en grève, parfois avec violence comme à celui de Mitsubishi à Kobe. En même temps, des conflits sociaux de natures diverses, se greffent aux émeutes. Toujours à Kobe, les habitants des quartiers pauvres donnent l’assaut au siège d’une gérance d'immeubles qui vient de procéder à une augmentation de loyer. Dans les campagnes, des paysans s’insurgent contre les propriétaires, au sujet des contrats de métayage. Le 17, les mineurs d'Ube se révoltent et réclament une augmentation de salaire. Les habitants des agglomérations voisines manifestent contre la cherté de la vie. La répression militaire est féroce, 13 manifestants sont tués et 16 sont gravement blessés. Le même jour, de graves troubles éclatent dans les mines de Fukuoka. En fait tout le pays s'embrase et les troubles, parfois violents, vont se poursuivre jusqu'à la fin du mois.... En Chine, Tibet, Mongolie et Inde. Depuis des siècles, ces quatre pays sont en conflits perpétuels au sujet de leurs frontières respectives. Le plus 'maltraité' reste le Tibet qui n'a guère les moyens militaires pour s'opposer aux revendications territoriales chinoises. Toutefois, il parvient vaille que vaille à garder une forme d'autonomie politique même si elle est le fait de l'autorité religieuse du Dalaï-lama aussi bien Dieu vivant que monarque temporel. Après une histoire compliquée, le Tibet et la Mongolie finissent par signer un traité d'amitié et d'alliance et leur reconnaissance mutuelle. Ils proclament leur indépendance de la Chine en 1913. En 1914, un autre traité, la Convention de Simla, est négocié avec l'Inde. Il implique des représentants plénipotentiaires de la Chine, du Tibet et de la Grande-Bretagne. Dans les textes, le Tibet passe alors sous la suzeraineté chinoise. Mais dans les faits, la Grande Guerre laisse le Tibet indépendant, si bien que le 13ème dalaï-lama peut gouverner le pays sans aucune ingérence. Début 1918, le général chinois de la province de Chamdo, Peng Risheng, envahit la province tibétaine du Kham avec comme objectif Lhassa. C'est encore une vraie guerre moyenâgeuse, malheur aux vaincus, aucune pitié pour les prisonniers, chaque camp rivalise dans la barbarie. Toutefois, les troupes tibétaines, bien mieux armées, formées par les Britanniques et les japonais, finissent par battre les armées chinoises. Les vaincus survivants doivent défiler à Lhassa derrière les cadavres démembrés de leurs camarades morts en route. Les Chinois demandent alors aux Britanniques d'user de leur influence pour empêcher les Tibétains d'envahir la Chine. Ces derniers vont d'abord limiter l'approvisionnement militaire des Tibétains et, par le diplomate Eric Teichman, faire signer des traités de non-ingérence. Un armistice est déjà conclu en mai 1918, puis un traité de paix qui délimite les frontières entre la Chine et le Tibet est signé à Chamdo le 19 août 1918. Ces accords tripartites, dit Accords de Chamdo et de Rongbatsa, sont signés par Eric Teichman pour la Grande-Bretagne, par le général chinois Liu Tsan-ting et par l'homme fort du Tibet, le général Djampa Tendar... Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. En avril, le francophile Marc Chagall qui a étudié à Paris devient le "Commissaire aux beaux-arts". Il est responsable de la vie artistique de Vitebsk en Biélorussie et il organise de nombreuses expositions d'artistes de Moscou et de Vitebsk. Le 9 août à Cranston aux USA, c'est la naissance du réalisateur Robert Aldrich. Son film, Bronco Apache en 1954, est le premier western hollywoodien à prendre fait et cause pour les Indiens. Son autre film, Les Douze Salopards en 1967, tout aussi détonnant, aura un immense succès. Aldrich décède d'une maladie des reins le 5 décembre 1983 à Los Angeles à l'âge de 65 ans. Le 21 à Casablanca au Maroc, c'est la naissance de l'acteur français Jacques Monod. Créateur d'une compagnie de théâtre avant la deuxième guerre mondiale, il s'engage dans l'Armée française de la libération et il est blessé lors de la bataille du Monte Cassino en 1944 en Italie. Après la guerre, sans jamais avoir le rôle principal, son visage devient familier car il tourne dans de nombreux films pour le cinéma et la télévision. Monod décède d'une crise cardiaque le 25 décembre 1985 à Paris à l'âge de 67 ans. Le 25 à Lawrence dans le Massachusetts, c'est la naissance de Léonard Bernstein. Pianiste et compositeur reconnu très tôt dans le monde musical, il est le créateur de la partition de West Side Story en 1957, l'une des plus célèbres comédies musicales du monde. Compositeur prolifique il laisse de nombreuses œuvres aux styles très différents et il sera pendant 11 ans le directeur de l'Orchestre philharmonique de New York. Bernstein décède à New York le 14 octobre 1990 à l'âge de 72 ans... |
Réfugiés revenant à la maison après l'exode de mars 1918 |
Artilleurs franco-étasuniens dans la Marne |
Assaut français dans la Marne |
Canadiens à la pause près d'Amiens |
Canadiens en progression avec un engin blindé près d'Amiens |
Distribution de vêtements près du front |
Obusier allemand, dit 'Grosse Bertha' monté sur rail |
Allemand blessé secouru par un ambulancier allié (photo colorisée) |
Poilus en progression derrière un FT-17 |
Colombophile belge près d'Ypres |
Contre-attaque allemande en Champagne (photo colorisée) |
Dans une ville française en ruines |
Cuisines roulantes britanniques près d'Arras |
Colombophile de campagne dans la Marne |
Cimetière temporaire du 43e RIC à Vrigny dans la Marne |
A Belloy dans l'Oise, identification d'un Poilu tué |
Mitrailleurs britanniques dans la Somme |
Premiers soins à un blessé dans un hôpital de campagne britannique (photo colorisée) |
(1) Le lieutenant-colonel Jean-Louis Linard, brillant officier d’artillerie polyglotte, est affecté le 24 juin 1918 comme chef d’état-major au bureau de la mission militaire franco-étasunienne du général Camille Ragueneau. A Chaumont, siège des troupes US en France, il signe le 7 août un document essentiel pour comprendre la position des Étasuniens sur la "question noire" et la consternation des hauts responsables militaires US. Elle fait suite à l’intégration des régiments de la 93ème division d’infanterie US, composée essentiellement d'Afro-Américains, dans l’armée française sans discrimination. (2) Cette affirmation, que les troupes noires, ou que les troupes coloniales, seraient coupables de viols bien au-delà des troupes 'continentales' n'a jamais été prouvée. Bien sûr que des viols ont été commis, toutes les armées du monde sont confrontées à ce fléau, certaines en font même un moyen de combat contre les civils. Mais, en général, ce sont le plus souvent le fait d'hommes armés, parfois en bandes, qui ne se contrôlent plus et se sentent invulnérables... (3) Dans ses mémoires le général Anton Tourkoul rapporte que les commissaires rouges étaient souvent exécutés sommairement par des soldats initialement enrôlés de force dans l’armée rouge puis faits prisonniers et engagés 'volontaires' dans les armées blanches. (4) Le bataillon colonial français de Sibérie, aux ordres du commandant Mallet, comprend : un détachement d'Indochine (7 officiers, 731 marsouins dont 277 tonkinois), un détachement venu de Chine (5 officiers et 460 marsouins) et un régiment de Zouaves (4 officiers et 202 zouaves). En complément il y a 2 sections de mitrailleuses et 2 batteries de 75 de l’artillerie Coloniale. Après une courte mais dure campagne d'hiver contre l'armée Rouge, ce qui lui vaut une citation à l'ordre de l'armée, tout le bataillon sera rapatrié au Tonkin en mars 1919. (5) Nonobstant ses infortunes de mer, le kapitänleutnant Wilhelm Canaris va devenir amiral et malgré son peu de goût pour le nazisme, il devient le chef du contre-espionnage allemand (Abwehr) le 1er janvier 1935. Il va occuper ce poste jusqu'en juillet 1944 où il est alors incarcéré pour complot contre Hitler. Après un simulacre de procès, il est exécuté par pendaison le 9 avril 1945, ses bourreaux s'amusant à le pendre une première fois "pour lui faire sentir le goût de la mort", puis une deuxième fois définitivement. En 1996, sa condamnation pour haute trahison prononcée contre lui par le Troisième Reich est annulée. Le 5 août 2009, des juifs Loubavitchs, un courant ultra-orthodoxe, demandent que l'amiral soit honoré à titre posthume et inscrit au mémorial Yad Vashem pour avoir sauvé du ghetto de Varsovie un rabbin et plus de 500 autres juifs, ce qui est vrai. (6) Ces 3 cuirassés, le Nevada, l'Utah et l'Oklahoma vont tous les trois être bombardés le 7 décembre 1941 à Hawaï dans le port de Pearl Harbor par des avions japonais. L'Utah et l'Oklahoma sont irrémédiablement détruits. Grièvement touché, le Nevada sera le seul cuirassé à pouvoir se mouvoir durant l'attaque, mais il s'échoue en tentant de regagner le Pacifique. Après son renflouage, il fera une partie de la guerre dans le Pacifique. Puis il participe aux débarquements de Normandie et de Provence où ses 10 énormes canons de 357mm, et ses 22 autres canons de moindre importance, font de lui, à l'époque, la plus grosse artillerie flottante des USA. Déclassé, il va servir de cible test lors de deux explosions nucléaires sur l'atoll de Bikini. Toujours à flot, mais fortement radioactif, il sera finalement coulé par une torpille 'amie' lancée par le cuirassé Iowa le 31 juillet 1948 à 100 kilomètres au sud-est de Pearl Harbor. (7) La bataille du San Matteo est celle qui gagne le record de s'être réalisée à la plus haute altitude de l'Histoire avant d'être surpassée en 1999 par le conflit de Kargil entre l'Inde et le Pakistan à 5 600 mètres d'altitude. (8) Je manque de renseignements précis au sujet de la disparition de cette grande croix. Je suppose que cela s'est fait en même temps que l'on mettait le premier chauffage au sol dans l'édifice, dans les années 1970. (9) Même s'il n'est pas unique, ce nécrologe a "failli" être classé Monument Historique tellement il est "remarquable", c'est vraiment dommage que cela n'ait pas réussi. (10) Hélas, guère après son mariage célébré le 8 juillet, Joseph-Marius Cornillon est tué dans son sommeil le 29 septembre 1918 à 2h00 dans la commune de Bœsinghe, près d'Ypres en Belgique, par une bombe larguée d'un avion.
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Un Pipe band écossais fêtant la libération d'une ville en ruines |
Démineur neutralisant un obus à Noyon dans l'Oise |
Obusiers britanniques sur le front de la Somme |
Convoi allemand détruit par un bombardement |
Barbelé sur le San Matteo à 3 678 mètres d'altitude |
Derniers adieux (photo colorisée) |
Quelle folie la guerre ! |
Barbentane, le plus beau village de l'Univers |
Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres… Guy |
C'est l'Écho de septembre-octobre qui relatera les évènements d'août 1918 à Barbentane... |
Artilleurs italiens positionnant un gros canon sur le Piave |
Ambulanciers canadiens posant pour une photo souvenir (photo colorisée) |
Viaduc détruit sur la Somme |
Fouille des prisonniers allemands par un officier britannique avant internement |
Char Whippet dans le Pas-de-Calais (photo colorisée) |
Le navire hôpital australien Warilda coulé par l'UC-49 le 3 août |
Dans la Marne, Officiers français, étasuniens et italiens buvant à la victoire |
Préparation pour la projection d'un film par le théâtre aux armées |
Rassemblement de prisonniers allemands à Moreuil dans la Somme |
Artilleurs britanniques positionnant une pièce à l'est d'Amiens |
Butin récupéré sur des pillards allemands |
Matériel allemand récupéré par les soldats US au Bois Belleau |
Dépôt d'obus de 75 près d'une voie de 60 cm pour alimenter des positions de tir |
Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane de juillet-août 1918 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter |
Écho de Barbentane de juillet-août 1918 |