BARBENTANE en Juillet 1918 |
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Le 16, le Commandement suprême allemand ordonne au groupe d'armée du Kronprinz de persister dans l'attaque. Toutefois, puisqu'il doit commencer l'envoi déjà préparé de batteries lourdes, de détachements lance-flammes etc... au groupe d'armée du Komprinz Rupprecht pour l'offensive prévue dans les Flandres, il est décidé que l'attaque aura moins d'intensité que celle de la veille. La 7ème armée a pour ordre de contraindre les Alliés à renoncer à la position de Reims. Pour les stratèges allemands, il importe surtout de gagner du terrain en direction de Mourmelon-le-Petit et de Mourmelon-le-Grand. Les soldats US interdisent toute progression vers la vallée du Surmelin, tandis que les Français résistent opiniâtrement. Du coup, l'avance des assaillants est enrayée. Les ponts de bateaux lancés sur la Marne sont attaqués par l'aviation alliée et par l'artillerie lourde, ils sont rapidement détruits, ce qui interrompt le ravitaillement allemand. Le front devant la 4ème armée française se stabilise quelque peu. L'action se développe différemment à l'ouest de Reims, sur le front de la 5ème armée française. Là, les Allemands réussissent à progresser en direction de Nanteuil-la-fosse. Ils avancent jusqu'à la lisière ouest de Venteuil, occupent la Cave et Montvoisin. A l'aile droite de la 5éme armée, la 3ème division italienne résiste vaillamment à la poussée de l'ennemi sur ses positions entre Vrigny et le sud de Courmas. A l'extrême gauche du secteur attaqué, en face de la 3ème division US, les Allemands renoncent à agir, et se replient sur la rive droite de la Marne. Plus à l'est, ils s'opposent efficacement aux contre-attaques françaises qui veulent les repousser au nord du fleuve. Au final de la journée, les Allemands réalisent que ni à l'est de Reims ni au sud de la Marne ils ne peuvent progresser. Mais le Commandement croit encore possible d'avancer dans la zone montagneuse au nord du fleuve. Hindenburg écrit "La destinée de Reims semble suspendue à un fil, si le reste de l'opération peut être dès maintenant considéré comme raté, Reims au moins doit tomber. La ville est un objectif militaire de grande importance, sa chute ne sera pas exempte d'un grand effet sur l'adversaire". En conséquence, les ordres pour le 17 prévoient que toutes les unités au sud de la Marne restent sur la défensive, par contre celles qui sont au nord du fleuve, doivent continuer l'offensive... Pétain en arrive aux mêmes conclusions, même s'il reste préoccupé par la situation sur la Marne. Il estime que la bataille défensive est gagnée et qu'à partir de maintenant, l'offensive prévue pour le 18 peut être lancée. Il télégraphie alors à Foch que l'échec subi par les Allemands sur le front de la 4ème armée doit permettre non seulement de renforcer la 5ème armée de façon qu'elle puisse prendre l'offensive et reconquérir ce qu'elle a perdu, mais aussi d'affecter des unités fraîches à la 6ème armée afin qu'elle retrouve une pleine valeur combattante. Il préconise aussi qu'une partie de la 9ème armée soit engagée dans l'attaque française... La journée du 17 est caractérisée par une suite d'attaques et contre-attaques violentes sur le front de la 5ème armée française, elles se concluent en laissant presque inchangée la situation générale. Mais les positions des troupes allemandes deviennent d'heure en heure plus précaires et intenables. Au sud de la Marne, ils réussissent, au prix de graves pertes, à se maintenir sur les positions conquises, mais elles sont dangereusement adossées au fleuve. Du coup, chaque contre-attaque peut devenir fatale. Car, l'artillerie et l'aviation alliées ne laissent aucun répit aux Allemands pour se ravitailler, tous les ponts ont disparu et les barges de ravitaillement sont impitoyablement traquées. Les approvisionnements en hommes, vivres et munitions deviennent de plus en plus difficiles et aléatoires. En 3 jours, les Allemands perdent près de 40 000 hommes, contre 5 000 soldats français, pour des résultats nuls. De plus, ce sont les troupes d'assauts allemandes qui sont décimées, cela va peser lourd dans les mois qui vont suivre. Cette victoire défensive sauve la France et le général Philippe Pétain est alors nommé général en chef de l‘Armée française... La deuxième bataille de la Marne. Pendant tout ce temps, les généraux Charles Mangin avec la 10ème armée et Jean-Marie Degoutte avec la 6ème armée soit près de 200 000 hommes ainsi que les 50 000 soldats de la 1ère armée US se préparent à attaquer. Ce sont les fers de lance de la contre-offensive voulue et organisée par Foch afin de réduire la poche de Château-Thierry et d'enlever tout espoir aux Allemands de marcher sur Paris. Ils partent avec 470 chars d'assauts, des modernes FT-17 aux plus anciens Schneider et Saint-Chamond, ils sont appuyés par 2 000 canons de gros calibre et savent qu'ils vont pouvoir compter sur une aviation qui est maintenant bien supérieure en nombre et en qualité à celle des Allemands... Le 18, à 4h30, depuis Bouresches au nord-ouest de Soissons, jusqu’à Pernant au nord-ouest de Château-Thierry, sur un front de 55 kilomètres toute l'artillerie disponible se met à tirer. Les Allemands ne sont pas surpris, ils attendent et redoutent cette contre-offensive. Ils pensent que, comme d'habitude, la préparation d'artillerie va durer plusieurs heures et c'est là qu'ils sont étonnés car quasi immédiatement c'est un feu roulant qui progressent devant les chars placés en première ligne. La 9ème armée allemande du général Karl Von Einem et la 7ème du général Max Von Boehm supportent très mal le choc. Affaiblies par des mois de lutte, elles sont obligées dès les premières minutes de combat d'appeler à l'aide. A midi, les villages de Dammard, Troesnes, Villers-Hélon sont enlevés et dépassés par les assaillants. La division marocaine dépasse Chaudun et les soldats US s’emparent de Vierzy. Le soir, les assaillants ont fait 12 000 prisonniers, un chiffre record pour une seule journée de bataille. Sur les 55 kilomètres du front, les Alliés ont progressé vers l’est d’une dizaine de kilomètres. Tout le plateau à 3 kilomètres de Soissons est aux mains de la 10ème armée et en enlevant le plateau de Pernant, la 6ème armée à fait 2 000 prisonniers... Le 19, après une courte nuit, la bataille reprend avec la même combinaison que la veille, les chars font des merveilles. Mais des troupes allemandes toutes fraîches amenées par camion prennent position à Chaudun au sud de Soissons ce qui entrave la progression des Alliés. Partout ailleurs, l'avancée continue. Un fait nouveau surprend les soldats des premières lignes, des compagnies entières d'Allemands se rendent sans faire de difficultés, seules les divisions nouvellement formées se battent avec énergie. La 10ème armée française dépasse le Plessis-Huleu et la 6ème enlève Neuilly-Saint-Front, puis conquiert le plateau de Priez. Cet important succès rend la situation des Allemands extrêmement difficile. Du Plessis-Huleu, les Français interdisent la route de Soissons à Château-Thierry et l'artillerie empêche toutes les circulations ferroviaires. Du coup, les armées allemandes sur la Marne sont coupées de leur ravitaillement. De plus, la 9ème armée du général Antoine de Mitry attaque à son tour entre Saint-Aignan et Boursault dans la Marne, ce qui oblige l'armée de Von Boëhm à évacuer rapidement et de nuit la rive sud de la Marne si elle ne veut pas être détruite... Le 20, pour éviter la disparition pure et simple de tous les soldats dans la poche de Château-Thierry, Ludendorff envoie cinq divisions fraîches en renfort. Malgré cela, Mangin parvient à progresser vers Hartennes ce qui permet de consolider les positions prises la veille, mais les attaques françaises restent vaines devant Oulchy-le-Château. De son côté, Degoutte, progresse toujours et parvient aux portes de Château-Thierry, alors que Mitry continue sa pression au sud, et que le général Henri Berthelot nouvellement promu à la tête de 5ème armée attaque la poche par l’est... Le 21, les allemands attaquent furieusement l'armée de Mangin, mais pour ce faire ils sont obligés de dégarnir la partie sud du front. Les Français résistent et tiennent bon. Devant Degoutte la résistance faiblit brusquement, il peut alors reprendre Château-Thierry et refouler les divisions de Von Boëhm, vers l'est. Pour montrer son attachement au vaillant comportement des Sammies, Foch autorise le général John Pershing à commander lui-même la 1ère armée US. Le soir, la 6ème armée progresse d’une dizaine de kilomètres au sud du dispositif, mais le centre résiste toujours. Dans la nuit du 21, ordre est donné à tous les soldats allemands de repasser la Marne. De son quartier général à Spa, le général Paul von Hindenburg commente cette décision par "De tout ce que nous espérions atteindre, il reste bien peu : l'entreprise semble ratée et ne nous apporte aucun avantage positif par rapport au front français. Mais avec cela il n'est pas dit qu'il n'en découle pas une utilité pour notre attaque dans les Flandres". Malgré cette tirade, les Allemands sont sur l'ensemble du front franco-belge maintenant contraint à la défensive, ils n'ont plus, et n'auront plus jamais l'initiative des combats... Les 24 et 25, la progression des Alliés continue. Les villages d'Oulchy-la-ville, Oulchy-le-Château, Ville-en-Tardenois et Romigny sont enlevés de vive force. Le 26, Von Boëhm lâche la Marne et fait sauter les ponts de l’Ourcq. Le soir, les Poilus sont devant Bruyères, Villeneuve-sur-Fère et Courmont. La nuit, ils ne parviennent pas à enlever Ronchères où l’ennemi résiste avec vaillance. Le 27, Mangin attaque Buzancy, Degoutte traverse Fère-en-Tardenois, Berthelot dépasse Ville-en-Tardenois... En trois semaines, les armées du maréchal Ludendorff viennent de perdre la quasi-totalité du terrain conquis lors des offensives de mai et de juin. Pour les Alliés, cette seconde bataille de la Marne a un bilan très positif. Outre une progression inespérée, en seulement 4 jours entre le 18 et le 22, ils ont fait 20 000 prisonniers, pris 400 canons et 3 300 mitrailleuses. La perte de Château-Thierry coûte 60 divisons aux allemands et l’obligation pour Ludendorff d’abandonner très vite la poche de Fère-en-Tardenois qu'il ne peut plus ravitailler. Toutes les voies de communications entre Château-Thierry et Soissons sont maintenant sous le contrôle des Alliés. Le 2 septembre, les Français entrent en vainqueurs dans Soissons... Mais c'est une victoire chèrement payée, rien que pour les Français, 29 000 soldats y laissent leur peau et près de 60 000 sont blessés. Les pertes italiennes et US sont tout autant impressionnantes avec près de 10 000 hommes hors de combat pour des effectifs engagés beaucoup moindres... La Bataille du Tardenois. Elle débute le 29 et va durer jusqu'au 7 août. Son objectif est la réduction de la poche au sud de la Vesle ainsi que la rectification du front entre Soissons et Reims pour le rendre le plus linéaire possible. Les Allemands solidement retranchés résistent sur les hauteurs entre la Vesle et l'Ardre. Le 30, la 6ème armée de Degoutte attaque au bois Brennières, elle se heurte là aussi à une vive résistance ennemie. Toutefois, les soldats progressent au sud de Saint-Gemme jusqu'à Ville-en-Tardenois... La victoire sur la Marne marque un tournant décisif dans la guerre. Longtemps divisés sur la conduite des opérations, et bousculés par les offensives Ludendorff du printemps, les Alliés prouvent qu’ils sont capables de coordonner leurs moyens militaires. Sans exulter, Foch est bien décidé à poursuive rapidement les offensives pour éviter que les Allemands ne se ressaisissent et qu'ils s'enterrent derrière de nouvelles fortifications. Il a bien conscience que la victoire est surtout due à un emploi tactique des chars qui a surpris les Allemands autant par leur nombre que par la souplesse d'action et l'appui feu qu'ils apportent à des troupes en déplacement. De plus, les nouveaux FT-17 par leur vitesse offrent une relative protection aux assaillants, ce qui permet enfin une guerre de mouvement... En supplément de la bataille de Le Hamel, de nombreux raids, que les Britanniques nomment Les pénétrations paisibles se déroulent du nord de la Champagne à la mer du Nord. Il s’agissait d’agresser les patrouilles ennemies en effectuant de petits raids constants dans les lignes adverses afin de rendre la vie des soldats allemands en face d’eux la plus pénible possible. De ce fait, les fronts de Flandres, de l’Artois et de la Somme restent constamment sous tension. Australiens, Néo-Zélandais, Étasuniens, Britanniques, Canadiens, Portugais et Français préparent de nouvelles batailles qui, on l'espère, enfonceront le front. En juillet, la ville d’Arras, soumise à des bombardements incessants, accueille les troupes canadiennes du général Henry Horne. Installés dans les caves, ces soldats patientent dans l'attente de la future offensive britannique. Au sud de la Champagne, c'est un calme relatif, les soldats US pas encore vraiment opérationnels ne prennent aucune initiative et les Allemands sont bien trop occupé ailleurs pour leur mener la vie dure... Dans la Guerre Aérienne. Tous les bureaux d'études alliés planchent sur de nouveaux projets d'avions, mais aucun n'est réalisable. En effet, toutes les industries aéronautiques sont déjà surchargées de travail et ne peuvent même pas réaliser les commandes en cours, encore moins se lancer dans de nouvelles fabrications longues et coûteuses. De plus, les avions qui combattent, malgré leurs défauts, s'améliorent par des versions nouvelles, souvent avec des retouches empiriques qui, si elles ne les détruisent pas, les améliorent quelques peu... Chez les constructeurs allemands, c'est toujours la pénurie. Ils avaient espéré une amélioration des fournitures de matières premières avec la fin de la guerre à l'est. Elle n'est pas probante, d'autant plus que la guerre civile russe accapare les maigres ressources qu'utilisent les Bolcheviques pour leurs propres armées. L'immensité russe qui regorge de matière première est encore moins accessible que les années précédentes. Alors, placés dans une économie de survie, les Allemands récupèrent tout ce qu'ils peuvent sur les champs de bataille afin de continuer à alimenter leurs industries de guerre. C'est vrai pour les chars comme pour les avions... Sur le front de France et de Belgique, les Alliés ont la quasi maîtrise du ciel. Aucune action terrestre ne peut se passer d'elle, de la reconnaissance aux bombardements stratégiques et maintenant tactiques. Le premier soutien aéroporté de livraison de balles de fusils lors de la bataille du Le Hamel est un succès. Il donne plein d'idées aux ingénieurs, mais les capacités d'emports des avions sont toujours aussi faibles, ce qui limite cette utilisation à des actions ponctuelles. Elles sont parfois très utiles comme dans les déserts du Moyen-Orient ou le ravitaillement en nourriture, eau et munitions est très problématique pour des Bédouins loin de tout... Avec l'arrivée toujours croissante de pilotes US, les bombardements stratégiques s'intensifient. En plus des cibles habituelles comme les installations ferroviaires et les usines, une part croissante des pilonnages est aussi consacrée à la destruction des installations fixes des aérodromes allemands. Tout le secteur en arrière du front de la Marne est particulièrement visé, ce qui renforce d'autant la maîtrise du ciel par les Alliés en repoussant les aérodromes sûrs allemands encore plus loin du front... Dans la Guerre Maritime. Pour juillet, on note une légère remontée des navires touchés par les U-boote : 158, soit 26 de plus qu'en juin, cela s'accompagne aussi d'une progression du tonnage coulé. Deux bonnes raisons expliquent cette progression, la mer est plus calme après les tempêtes de printemps ce qui favorise les attaques des submersibles, mais aussi le trafic maritime progresse, ce qui donne plus de cibles. Dans le détail, ce sont toujours les Britanniques qui sont les plus affectés avec 74 navires touchés, puis 16 français, 14 grecs, 10 étasuniens, 10 norvégiens, 9 danois, 8 italiens, 4 portugais, 5 suédois, 3 hollandais, 3 espagnols, 1 belge et 1 islandais... L'UB-40. Entre le 26 mai et le 28 juillet, ce sous-marin sous les ordres du lieutenant Hans Joachim Emsmann va mener une rude campagne dans la mer du Nord. Il va couler 23 navires et en endommager 3 autres. Ce sont surtout des voiliers ou des bateaux de pêches, 25 sont Britanniques, 2 sont Français et un est Belge... L'Épopée de l'U-156. Parti d'Allemagne le 15 juin, l'U-156 avec ses 77 membres d'équipage passe la mer du Nord puis l'océan Atlantique. Il arrive près de New York au début juillet où il pose des mines le long de la rive sud de Long Island. Le 8, il coule le voilier norvégien Manx King après avoir fait évacuer le navire. Les rescapés sont recueillis par le cargo britannique Anchites. Le 19, le croiseur blindé San Diego heurte une de ses mines dans la rade de New York, elle tue 4 marins et le bateau sombre rapidement. Le 21, l'U-156 canonne la ville d'Orléans dans le Massachusetts, puis il coule au canon le remorqueur Lansford ainsi que les trois barges 703, 740 et 766 qu'il tracte. Aussitôt des hydravions se lancent à sa poursuite mais malgré une dizaine de grenades, ils ne parviennent pas à le couler. Ce sera le seul raid allemand sur une ville des USA de toute la Grande Guerre. Un pays qui n'a plus été touché par un obus étranger depuis le siège de Fort Texas en 1846. C'est aussi la première fois dans l'histoire que des aviateurs US engagent un navire ennemi près des côtes Nord-Américaines. Le lendemain, l'U-156 coule la goélette US Robert & Richard puis il se dirige vers le nord pour attaquer la multitude de bateaux de pêche qui travaillent le long de la côte du Canada... Sur Mer. Le 1er juillet, le transport de troupe US Covington, un ancien bateau allemand réquisitionné, qui repart à vide aux USA est torpillé au large de Brest par l'U-86, 776 marins seront secourus, 6 autres périssent. Le 2, le cargo britannique Shirala est torpillé dans la Manche, 2 marins périssent. Le même jour, l'UB-108 heurte une mine près des côtes belges, ses 36 servants sont tous portés disparus. Le 3, l'U-27 coule 3 voiliers grecs entre la Grèce et la Crète, les Agia Trias, Evangelistria et le Panaghia sans faire de victime. Le 4, le submersible austro-hongrois U-20 est repéré puis attaqué dans la mer Adriatique par le sous-marin italien F-12 qui le torpille à bout portant, ses 18 servants sont tous portés disparus(7). Le 5, le sous-marin britannique C-25 est fortement endommagé par un avion allemand dans la mer du Nord, 4 marins sont tués, mais il parvient à être remorqué jusqu'au pays par le sous-marin E-51, il ne sera pas réparé. Le 6, le destroyer allemand G-172 saute sur une mine en mer du Nord, sur les 84 marins à bord, 16 sont tués. Le même jour, un autre destroyer allemand, le S-138, saute lui aussi sur une mine en mer du Nord, 32 de ses marins sont tués. Le 8, le cargo britannique Ben Lomond est coulé à la torpille par l'U-92 dans la mer d'Irlande, 23 marins sont portés disparus. Le 9, le vapeur italien Sylvia est coulé au large de Gibraltar par l'U-91, tous ses marins sont saufs. Le 10, deux autres navires grecs, Agios Georgios et l'Agios Loukis sont coulés par l'U-27 près de la Crète. Le même jour, deux cargos étasuniens Oosterdijk et le San Jacinto qui naviguent en convoi, rentrent en collision au milieu de l'océan Atlantique, l'Oosterdijk coule peu après, son équipage est recueilli par l'autre navire. Le 10 encore, les destroyers allemands S-62 et S-66 ainsi que le lance- torpille A-79 qui naviguent de concert sautent sur un nouveau champ de mines dans la mer du Nord, 156 marins sont tués. Le 11, le cargo français Bacchus est torpillé dans la mer Ionienne par l'UB-51, 23 marins sont tués. Le 12 au japon, à 15h15 une forte explosion ébranle le cuirassé Kawachi dans le port de Tokuyama, 621 de ses 1 059 membres d'équipage sont tués. Le 13, le cargo britannique Elder Dempster est torpillé près des côtes portugaises par l'U-91, son équipage est sauf, mais son capitaine est emmené à bord du sous-marin comme prisonnier de guerre. Le 14, le paquebot français Djemnah qui navigue en convoi est torpillé près des côtes libyennes par l'UB-105, il coule en 2 minutes, emportant 436 personnes sur les 754 qui sont à bord. Le même jour l'UC-77 heurte une mine dans la mer du Nord, ses 36 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 14, l'UB-65 disparaît entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, ses 37 servants sont tous portés disparus. Le 16, le cargo français Lyndiane est torpillé par l'UB-103 dans le golfe de Gascogne, sur les 14 membres d'équipage, 4 sont tués. Mais le sous-marin revient à la charge et canonne les survivants sans les atteindre, ils sont finalement secourus par le navire espagnol Villanil... Le 17, le paquebot britannique Carpathia navigue en tête d'un groupe de sept navires à destination de Liverpool. Au large de l'Irlande, il est torpillé par l'U-55, puis une autre torpille l'atteint au niveau d'une des salles des machines, cette nouvelle explosion met hors service tous les systèmes électriques du navire, radio comprise et tue 5 marins. Aussitôt le commandant donne l'ordre d'évacuation et parvient à prévenir les autres navires pour qu'ils se dispersent. Pendant l'évacuation des 215 survivants, dont 57 passagers, une troisième torpille touche le bateau. Tous les rescapés sont recueillis par le chasseur de mines britannique Snowdrop et seront débarqués à Liverpool le lendemain(8)... Le 18, le paquebot français Australien qui fait route vers Port-Saïd est coulé à la torpille par l'UC-54 au large de la Tunisie vers 18h20, 17 membres d’équipage sont tués et 45 passagers sont portés disparus. Les rescapés sont secourus par une canonnière britannique puis ils sont débarqués à Malte. Le 19, l'UB-110 est éperonné par le destroyer britannique Garry, son avant enfoncé il est obligé de cesser le combat. De fortes présomptions laissent à penser que des matelots du destroyer ont tiré sur des survivants. Au total, 19 marins sont tués et 13 seront faits prisonniers. Le 20, le sous-marin britannique E-34 heurte une mine près de la Hollande, ses 30 servants sont tous portés disparus. Le même jour dans l'Atlantique, l'UB-124 un submersible tout neuf qui fait sa première patrouille est repéré près d'un convoi. Il est aussitôt attaqué par les patrouilleurs britanniques Marne, Millbrook et Pigeon qui le grenadent. Blessé à mort, il fait surface avant de couler. Sur ses 30 servants, 2 sont tués, les autres sont secourus par les patrouilleurs... Le 23, le cargo armé britannique Marmora est coulé par l'UB-64 dans l'Atlantique nord, 6 marins sont tués. Le 24, le chalutier britannique Lochiel saute sur une mine dans la mer du Nord, 12 marins sont tués. Le même jour, par un épais brouillard, le destroyer britannique Pincher s'échoue sur une des îles Scilly à l'entrée ouest de la Manche, il sera irrécupérable(9). Le 26, le pétrolier français Monastir est endommagé par l'UC-74 dans le détroit de Kassos entre la Grèce et la Crète, il parvient à s'échouer et il reprendra du service après réparations. Le 28, le transport de troupes britannique Hyperia est torpillé au large de Port-Saïd par l'UB-51, 65 personnes perdent la vie. Le 30, le Q-ship Stock Force est torpillé à l'entrée est de la Manche par l'UB-80. Avant de couler, il parvient à endommager son assaillant qui rompt le combat pour aller soigner ses dommages... Sur le Front Italien. Le général Armando Diaz refuse toujours de déclencher une offensive générale contre les Austro-Hongrois, ce qui déplaît énormément à Foch. Toutefois, il ne cesse de lancer des raids, souvent avec succès, contre les positions des soldats de la double-couronne. Sur le terrain, les officiers supérieurs italiens commencent à maîtriser les actions de guerre combinées entre les forces terrestres et aériennes, mais ils n'ont toujours pas d'engins blindés dignes de ce nom. Ils doivent encore se contenter des anciennes automitrailleuses Lancia 1ZM de 1915 qui, mêmes améliorées, restent peu fiables. Les nouveaux engins Fiat-Terni, plus modernes, mais qui sont encore à des années lumières des Renault FT-17, ne commenceront à être livrés qu'à partir du mois d'octobre... Le 2 juillet les Italiens remportent un franc succès dans un raid mené dans le delta du Piave. Les soldats austro-hongrois ne combattent pas vraiment et se rendent très vite en abandonnant leur armement. Le 19, dans une attaque un peu plus élaborée qu'un raid, les Italiens, appuyés par des soldats britanniques reprennent une partie des positions perdues en juin dans le massif de l'Adamello entre le lac de Garde et la frontière suisse... Dans les Balkans. Le 6 juillet, dans les montagnes albanaises les Français attaquent des positions austro-hongroises entre le Devoli et la Tomarica en direction des grands lacs. Le 8, ils sont maîtres des crêtes à Bafnia et à Mali-Gjarperit. Près de la mer Adriatique, les Italiens s'emparent de plusieurs hauteurs et atteignent la rivière Semeni vers l'ouest. Le 10, ils entrent dans Bérat, la ville aux mille fenêtres située au centre du pays. Le 15, les Français progressent sur la rive droite du Devoli en prenant plusieurs villages et parviennent jusqu’à la rivière Holte... Dans le Caucase, la Bataille pour Bakou. Dans la ville de Bakou où le ravitaillement arrive au compte-gouttes, le bolchevique arménien Stepan Chahoumian, dit le Lénine du Caucase, essaye de régler le conflit ethnique entre les populations arménienne et azerbaïdjanaise de façon pacifique. Il doit aussi faire face à l'armée islamique qui arrive de l'ouest, à l'armée blanche du général tsariste Lasar Bitcherakhov qui arrive du sud avec les soldats britanniques du Général Lionel Dunsterville. Le 26 juillet, affamée la population renverse les Bolcheviques. Le nouveau gouvernement de la République de la Caspienne centrale tente d'arrêter Stepan Chahoumian, mais lui et ses 1 200 partisans s'emparent de l'arsenal ainsi que de 13 bateaux, pour tenter de s'enfuir par la mer Caspienne en direction d'Astrakhan afin de rejoindre Joseph Staline à Tsaritsyne (maintenant Volgograd, mais anciennement Stalingrad). La flotte azérie de la Caspienne, loyale au nouveau gouvernement, leur fait faire rapidement demi-tour. Chahoumian et ses partisans sont alors jetés en prison. Puis ils sont transférés dans la ville turkmène de Türkmenbaşy, située sur la rive orientale de la mer Caspienne. Le 30, l'armée islamique du Caucase arrive à la périphérie de Bakou, ce qui oblige Dunsterville et les Russes blancs à se porter à sa rencontre pour tenter de sauver la ville... Dans la Guerre Civile Russe. L'armée des Volontaires du général Anton Dénikine et les cosaques du Don poursuivent leur deuxième guerre du Kouban. Le 14 juillet, ils défont des unités rouges du Caucase septentrional, et petit à petit, ils prennent le contrôle de tout le territoire situé entre la mer Noire et la mer Caspienne. Le 5, les troupes tchécoslovaques progressent vers la Sibérie orientale et repoussent une armée rouge vers l'est du lac Baïkal. Dans cette partie de la Russie, le général Grigori Semenov se comporte en vrai seigneur moyenâgeux de la guerre. Théoriquement sous les ordres de l’amiral Alexandre Koltchak qui commande les armées Blanches orientales, il se fixe à Tchita dès le début juillet et, depuis le 4 mai, il dirige à Harbin le gouvernement autonome de Transbaïkalie qui, en fait, ne répond qu'à lui-même. De Harbin, avec ses cosaques, il contrôle le transsibérien, ce qui fait de lui un personnage incontournable. Le 6, la région de Vladivostok est placée sous la protection des Alliés. Le 17, les Tchécoslovaques lancent une offensive sur Kazan tandis qu'une armée tsariste dite des Gardes blancs, aux ordres de Krasnov et Denikine, marche vers Tsaritsyne. C'est maintenant toute la Volga inférieure qui échappe aux Bolcheviques. Le 22, les armées tchécoslovaques prennent Ekaterinbourg... En Finlande. Les troupes allemandes commencent une offensive sur le chemin de fer de Mourmansk qui longe la frontière finlandaise. Ils n'iront pas bien loin, les évènements sur le front franco-belge vont faire cesser très rapidement cette opération... Au Moyen-Orient. C'est l'époque des grosses chaleurs, tout le monde attend qu'elles se terminent pour reprendre les actions de guerre... En Afrique de l'Est. Entre le 1er et le 3 juillet, la dernière résistance des Portugais est écrasée au nord de Quelimane, à Namacurra. C’est une défaite encore plus grande qu’à Negomano en novembre 1917. Pour 8 askaris et un porteur tués, les Portugais perdent 200 soldats africains tués ou noyés, 538 prisonniers dont 117 Portugais et 5 britanniques. Les Allemands récupèrent 10 mitrailleuses, 2 canons, 350 fusils modernes (ce qui permet de mettre au rencart les derniers fusils modèle 1871 encore en dotation dans la troupe noire), des centaines de caisses de cartouches, des médicaments, de vin, des conserves et des vêtements. C'est presque l'opulence dans une troupe habituée aux dures conditions de la vie en forêt. Ces prises sont en partie abandonnées faute de porteurs, mais la troupe, équipée à neuf et reposée peut reprendre sa progression. A ce stade de la guerre, il ne reste plus au major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck que 176 officiers européens et l 500 Askaris. Même si ses soldats sont maintenant correctement armés, von Lettow-Vorbeck ne peut plus faire grand chose. La fuite vers le sud est devenue impossible avec les troupes britanniques qui viennent de débarquer à Quelimane, vers l'est c'est tout autant impossible et la Rhodésie à l'ouest a positionné de nombreuses forces près de la frontière. Alors, et à la grande stupéfaction des britanniques qui le voyaient capituler, von Lettow-Vorbeck reprend son errance africaine mais vers le nord, comme pour renter au pays. Le 22, il livre bataille à Namirrue afin de se ravitailler à nouveau...
Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. Il n'y a pas d'Écho spécifique en août, il faut attendre celui du mois de septembre-octobre pour avoir les nouvelles de juillet... En juillet 1918, 3 Poilus barbentanais sont tués pour la France : · Jules Fage. Il est né à Saint-Jean-du-Gard, cultivateur, 34 ans, marié, un enfant, sergent. Il est incorporé pour son service ordinaire le 16 novembre 1904, nommé caporal le 23 septembre 1905. Il se réengage pour un an le 25 juin 1907, puis encore quelques jours pour être libéré le 16 novembre 1908 avec le grade de sergent. Il est mobilisé à Nice le 31 août 1914 au 6ème bataillon de chasseurs à pieds. Blessé au bras le 23 février 1915 au Sudelkopf (Vosges), il est cité à l'ordre de son bataillon "Pour sa belle conduite aux combats du Sudelkopf du 16 au 23 février 1915". Il est maintenu une année inapte suite à une limitation de ses mouvements avec des lésions à sa main droite et il ne reprend du service qu'en avril 1916. Il est tué à la tête de sa section le 12 juillet 1918 à 8h00 d'une balle de mitrailleuse qui lui traverse le crâne. Elle a été tirée par un tank ennemi à la ferme de l'Espérance sur la commune de Rouvrel dans la Somme. Il est titulaire de la Croix de Guerre. Un service funèbre à sa mémoire est célébré le 3 août 1918 dans l'église de Barbentane. Son frère aîné Xavier sera lui aussi tué le 15 octobre 1918. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église (tous les deux sous le nom de Fages, avec un 's' final). Il est maintenant enterré à l'ossuaire du vieux cimetière de Barbentane ; · Marius Louis Baptistin, dit Claude, Gayaud. Né à Barbentane, instituteur, 24 ans, célibataire, soldat de 2ème classe. En 1913, il est ajourné d'un an pour faiblesse musculaire, appréciation confirmée le 13 octobre 1914. Il est finalement incorporé pour son service ordinaire le 1er février 1915 mais maintenu au service auxiliaire du 3ème régiment d'infanterie après l'avis de 3 médecins le 24 avril 1915. Confirmé dans ce service le 25 novembre 1916. Il est finalement incorporé au 170ème régiment d'infanterie le 30 mai 1917. Il est tué le 18 juillet 1918 à la ferme de Licy dans l'Aisne. Il n'apparaît nulle part dans les Écho et pourtant ses parents habitent toujours Barbentane, d'ailleurs son père a reçu un secours de l'armée de 150 frs le 30 septembre 1918. Il ne figure que sur notre Monument aux Morts avec son prénom usuel de Claude. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane ; · Louis Paul, dit Joseph, Achard. Il est né à Rognonas, 26 ans, cultivateur, célibataire, caporal. Il est incorporé pour son service ordinaire le 8 octobre 1913 au 111ème régiment d'infanterie, nommé caporal le 30 janvier 1916 et muté au 298ème régiment d'infanterie le 26 juin 1916. Il est cité à l'ordre de son régiment le 17 juillet 1917 "Gradé plein d'allant s'est fait remarquer par son zèle et sa bravoure dans l'exécution de missions délicates sous le feu de l'ennemi sur la position conquise le 17 juillet 1917", pour cet acte de bravoure, il reçoit la Croix de guerre avec l'étoile de bronze. Il est tué le 23 juillet 1918 à Rocourt dans l'Aisne. Il est de nouveau cité à l'ordre de sa brigade le 14 août 1918 "Très bon caporal, toujours volontaire pour les missions périlleuses, le 22 juillet 1918 a entraîné ses hommes à l'attaque avec un entrain remarquable. Tué à son poste de combat le 23 juillet 1918". Malgré sa retranscription à Barbentane où ses parents habitent, il n'apparaît nulle part dans les Écho et il ne figure sur aucun de nos Monuments. Sa photo figure sur sa fiche de Généanet et il est inscrit sur le Monument aux Morts de Rognonas. Il repose à la tombe n°582 de la Nécropole nationale de "Neuilly-Saint-Front" dans l'Aisne. Guy |
Soldats italiens dans le Val Brenta |
Le front de la Marne en juillet 1918 |
Soldats US prêts pour la parade du 4 juillet dans un camp aux USA |
Village en ruines dans la Marne |
Train russe spécialement équipé pour aller vers Mourmansk |
Poste d'observation italien dans les Alpes |
Soldat britannique en père de famille dans les Flandres (photo colorisée) |
Tank US et soldats franco-étasuniens dans la Meuse |
Canadiens rebouchant des tranchées allemandes près de Cambrai |
Soldats écossais dans une tranchée des Flandres |
Quelque part en France, soldat britannique s'informant des nouvelles du pays |
Juillet 1918 - Dans le Monde en Guerre La Grippe Espagnole. En juillet 1918, les autorités militaires françaises pensent que l’épidémie est en voie d’extinction, car les rapports des services médicaux indiquent une nette décroissance de la maladie. La presse se montre à présent un peu plus bavarde. Ainsi, en juillet, quelques articles sur la grippe sont publiés dan Le Journal, La Croix, Le Petit Parisien, mais rien dans Le Figaro ni L’Humanité. Déjà l'herméticité des frontières françaises fonctionne, car tous notent que c'est à l'étranger qu'elle sévit, notamment en Grande-Bretagne, en Suisse et en Allemagne. Ainsi, début juillet, les Français apprennent grâce au Matin, un des quatre grands quotidiens de l’époque que, dans plusieurs établissements londoniens, la moitié du personnel est absent car... alitée. Le 4, dans Le Matin toujours, les Français peuvent lire qu’à Londres, un médecin qui avait 52 malades 3 jours auparavant en a 184 maintenant et que 10% du personnel des grands magasins est absent. A Dudley, 4 000 enfants sont atteints et que toutes les écoles sont fermées. A Manchester, 70 tramways ne circulent pas par suite de l’absence de 3 000 conducteurs. A Berlin, les registres du bureau d’assurances contre la maladie montrent, qu’en quinze jours seulement, le nombre de malades a augmenté de 18 000 unités. Mais, ajoute le journaliste, que les lecteurs se rassurent, les Français ont une constitution qui résiste bien au virus de la grippe. Ainsi, dans Le Matin du 6, il est noté qu’en France, la grippe est bénigne, ce qui n’est pas le cas outre-Rhin "Nos troupes, en particulier, y résistent merveilleusement. Mais de l’autre côté du front, les Boches semblent très touchés. Est-ce un symptôme de lassitude, de défaillance d’organismes dont la résistance s’épuise ? Quoi qu’il en soit, la grippe sévit en Allemagne avec intensité". Ce qui est un sacré bobard. Les journaux tentent de trouver les responsables. Plusieurs d’entre eux accusent l’Allemagne. Le Petit Parisien du 7 ose écrire "Il est à noter que cette prétendue grippe espagnole a éclaté il y a plusieurs mois en Allemagne où elle a trouvé un terrain tout préparé par l’insuffisance de la nourriture. Elle a causé dans ce pays de grands ravages qui ont été soigneusement cachés. En réalité, s'il est indéniable que la grippe semble en voie de décroissance, les malades présentent de plus en plus de complications pulmonaires graves et mortelles. En mai, un grippé sur huit seulement présente des complications. En août, ce sera un sur deux... |
Officiers britanniques avec un fusil anti-char allemand |
Dans la nouvelle guerre de mouvement, patrouille britannique à Méteren dans le Nord (photo colorisée) |
Cavalier allemand prêt pour une attaque au gaz (photo colorisée) |
Poilus dans un village marnais en ruines |
Le paquebot français Australien torpillé le 19 juillet |
Maréchal-ferrant au travail en France occupée (photo colorisée) |
Dans le Monde Politique. En France. Au début de l’été 1918, le président du Conseil, Georges Clemenceau, déclare qu’il appartient aux autorités locales "d'encourager ou de provoquer, au besoin, toutes initiatives locales afin de fêter dignement dans des réunions artistiques, concerts, banquets, etc.., l'Independance Day". Pour lui, ces manifestations doivent permettre de "témoigner à nos vaillants Alliés dans un élan unanime, la reconnaissance du peuple français pour l'œuvre splendide qu'ils sont en train d'accomplir". De nombreuses villes de l'ouest répondent à cet appel, surtout dans les ports où les Doughboys(1) sont nombreux et font vivre l'économie locale. C'est le cas à Saint-Nazaire, Brest, Vannes, Meucon, Coëtquidan, La Rochelle, Bordeaux, etc... Fait exceptionnel, les camps d'entraînement s'ouvrent aux civils qui peuvent ainsi assister aux parades et certaines villes sont entièrement pavoisées aux couleurs franco-étasuniennes, comme à Morbihan. A Paris, les soldats défilent devant la statue de Strasbourg, symbole de l'Alsace(2) et l'avenue du Trocadéro est rebaptisée avenue du Président Wilson. Le 14, à l'occasion de la fête nationale française, une revue de troupes de tous les pays alliés se déroule à Paris sur l'avenue des Champs-Élysées. Cette cérémonie militaire prend le caractère d’une grande manifestation de solidarité interalliée. Le 20, c'est le début du procès du radical Louis Malvy, ancien ministre de l'Intérieur obligé de démissionner en juin 1917 suite aux mutineries des Poilus. Les débats occupent une douzaine d'audiences sous la présidence d'Antonin Dubost, président du Sénat. Le procureur général Daniel Merillon reproche à l'accusé sa complaisance envers Vigo, dit Almereyda, et envers Sébastien Faure, l'un des directeurs du journal anarchiste le Bonnet rouge, tous deux fichés par la police comme pacifistes. Il relève aussi la faiblesse de l'accusé à l'égard de la propagande pour la paix au sein de l'armée et dénonce son laxisme face aux grèves ouvrières. Enfin, il met en cause l'attitude de Malvy dans l'affaire de l'espion allemand Lipscher, ainsi que son peu d'empressement à faire arrêter les criminels figurant dans le carnet B, sur lequel sont portés les individus considérés comme dangereux en cas de conflit armé. Malvy se défend de toutes ces accusions jamais étayées, des racontars colportés par la presse de l'Action Française de Léon Daudet et Charles Maurras. Il invoque la politique d'union sacrée, difficilement compatible, selon lui, avec l'application du carnet B ou la répression contre la classe ouvrière. La Haute Cour rend son arrêt définitif le 6 août. Elle déclare Malvy innocent du crime de trahison mais le reconnaît coupable de forfaiture pour "avoir méconnu, violé et trahi les devoirs de sa charge" et le bannit pendant une durée de 5 ans. Il sera réhabilité de suite après la guerre et retrouvera son siège de député du Lot. Le 22, le gouvernement reconnait officiellement le droit des Tchécoslovaques de créer leur propre État indépendant.. Le Pariser Kanonen ou Grosse Bertha. Le supercanon est déplacé au bois de Châtel, à 93 km seulement de Paris. Entre-temps, les allemands réalisent de sérieux progrès dans l'art de construire les plateformes de tir. Un des canons tonne les 15 et 16 juillet, au 14ème obus il se tait car son emplacement est repéré par l'artillerie française. Ces supercanons sont alors précipitamment démontés et réexpédiés à Beaumont-en-Beine dans l'Aisne... Soldats Afro-Américains en tenue Bleu Horizon. Victimes de ségrégation dans l’armée US, 4 500 soldats afro-américains combattent maintenant sous les couleurs françaises. Engagés en 1917, ils se sont ralliés aux discours du président Woodrow Wilson qui ne cesse de répéter que les blancs et les noirs doivent participer à la guerre européenne. Pour les afro-américains, cette guerre est un bon moyen de prouver leur patriotisme et leur courage aux élites blanches, ils espèrent ainsi faire progresser leurs droits civiques. Sur les 2,3 millions de conscrits de couleur, près de 200 000 traversent l’Atlantique. Peu d’entre eux combattront les armes à la main, la plus grande majorité travaille aux services du ravitaillement. La première unité de combattants de couleur est celle du 369ème régiment d’infanterie, elle est basée à New York avec une majorité d'hommes venus de Harlem. Comme les États-Unis refusent d’avoir des soldats noirs aux côtés des blancs dans les tranchées, la France qui manque cruellement de combattants, persuade les stratèges US de réquisitionner ces soldats inutilisés. Ces valeureux militaires ne vont pas porter les armes sous la bannière étoilée, mais bien avec l’uniforme français et sous le drapeau tricolore. Au final, 1 500 d’entre eux seront tués au champ d’honneur, 500 seront décorés de la Croix de guerre française et 3 000 rentreront saufs au pays. Parmi eux se trouvent les musiciens du Harlem Hellfighters -Les Combattants Noir de l'Enfer(3)- Leur histoire demeure aujourd’hui encore méconnue, à tel point que de nombreux livres d’histoire ignorent toujours leur existence... Italiens en France. A partir du 14 juillet, les soldats italiens du 2ème corps d’armée commandés par le général Alberico Albricci, se trouvent engagés dans d’âpres combats à Bligny dans la Marne, à l'ouest de Reims. En 12 jours, près de 10 000 transalpins sont tués, blessés ou faits prisonniers, mais ils empêchent les Allemands de s’emparer d’Épernay et de contourner Reims. Des renforts venus d’Italie, ou issus des régiments de territoriaux italiens qui travaillent en France, permettent de maintenir une valeur combattante à ces unités. Ces soldats vont participer à la dernière offensive alliée, dans le secteur du Chemin des Dames(4)... Polonais en France. Au début du mois, après être partis d'Ukraine en passant par Moscou et Mourmansk, une poignée de Polonais avec le général Józef Haller arrivent en France. Ce dernier prend alors le commandement d'une nouvelle armée bleue (là en hommage à la tenue bleu horizon) composée d'immigrés polonais venus de tous les coins du monde. On compte de nombreux réfugiés en Europe depuis longtemps ou récemment, mais aussi de 22 000 soldats venus des États-Unis, et même 300 du Brésil. Cette armée ira combattre les Allemands dans les Vosges et en Champagne. A la fin de la guerre ce sont 100 000 hommes qui seront passés par cette unité combattante... En Grande-Bretagne. Au début du mois, une première liaison postale est réalisée par le major McLaren entre Londres et le Caire. Il survole la France, l'Espagne, puis la mer Méditerranée et rejoint le Caire en plusieurs étapes en longeant la côte nord-africaine avec le nouveau bombardier britannique un Handley-Page 0/400 à peine modifié... Le 1er juillet, 250 travailleurs sont tués dans l'immense usine de munitions de Chilwell dans le centre du pays lorsque 8 tonnes de TNT explosent. Seulement 32 corps peuvent être identifiés. Le 2, s'ouvre à Londres la Conférence commerciale internationale. Le 6, c'est la publication du rapport Montagu-Chelmsford sur la réforme constitutionnelle de l'Inde. Ils proposent un système de partage des responsabilités gouvernementales et administratives entre Britanniques et Indiens, on est encore loin de l'autonomie, plus loin encore de l'indépendance... Aux États-Unis. Le 3 juillet, un rapport du ministre de la Guerre fait savoir que depuis mai 1917, plus d’un million de soldats US ont traversé l'Atlantique pour aller faire la guerre en Europe. Le 4, jour de l'indépendance nationale, sur la tombe de George Washington au mont Vernon, le président Wilson déclare "Le passé et le présent sont engagés dans un corps à corps mortel... Le règlement doit être définitif. Il ne peut comporter aucun compromis. Aucune solution indécise ne serait supportable ni concevable". Le 17, les USA publient un aide-mémoire qui définit l'attitude des États-Unis à l'égard de l'intervention en Sibérie et il proclame le principe de non-immixtion dans les affaires politiques russes... En Allemagne. Le 1er juillet, se réunissent les généraux Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff avec le chancelier Georg von Hertling. Ils décident alors le limogeage du secrétaire d'État Richard von Kühlmann qui s'est prononcé ouvertement pour une paix de compromis. Le 3, le parti SPD (socialiste), dans son discours au Reichstag son principal orateur, Philipp Scheidemann, signale la situation calamiteuse de la population du pays, puis il se prononce pour une "paix honorable". Le 8, lors d'une entrevue entre Guillaume II avec son secrétaire d'État von Kühlmann, l'empereur lui annonce de manière laconique son renvoi. Cette démission forcée suscite de nombreuses réserves de la part des principaux membres du gouvernement. Le vice-chancelier Friedrich von Payer pressent de "graves conséquences internes". Le 12, dans son discours au Reichstag, le chancelier Georg von Hertling tient à effacer les propos défaitistes aux yeux des pangermaniques de l'ancien ministre des Affaires Étrangères qui voulait une paix de compromis. Il déclare que la politique extérieure du gouvernement reste la même et annonce la nomination de l'amiral Paul von Hintze, un pangermaniste convaincu qui occupe le poste d'ambassadeur au Danemark, aux Affaires étrangères en remplacement de Kuhlmann. Le nouveau secrétaire d'État reçoit le soutien de la majorité du Reichstag lorsque, le 13, il défend devant cette assemblée une hausse des crédits de guerre, rejetée par les seuls membres du SPD. L'économiste et financier, Karl Helfferich, alors ministre d'État, prépare une transition économique entre une industrie de guerre vers une industrie de paix. Cela déplaît très fortement aux pangermaniques qui, pour l'écarter le font nommer à Moscou comme ambassadeur d'Allemagne... En Belgique Occupée. La grande conférence de l'Empire allemand se déroule à Spa les 2 et 3 juillet. Tous les responsables militaires et politiques du pays sont réunis autour de Guillaume II. En fait, après le limogeage de von Kühlmann voulu par les militaires, il ne reste présents que les va-t-en-guerre. Les Dioscures, les généraux Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff, malgré leurs échecs d'avril et de juin, sont toujours persuadés qu'ils peuvent briser le front en France, remettre les Britanniques dans leurs navires et prendre Paris. Ils sont rassurés économiquement car l'Ukraine et la Roumanie commencent à fournir aux puissances centrales des denrées alimentaires, des matières premières ainsi que du pétrole. Alors, les Pangermaniques réaffirment les buts de guerre de l'Allemagne car leurs réalisations semblent maintenant à portée de main. Ils réclament que la Belgique soit placée sous contrôle allemand et occupée militairement. La ville de Bruxelles est promise à une partition entre Flandre et Wallonie, toutes deux intégrées dans l'union douanière allemande (Zollverein), tandis que les chemins de fer belges seront cédés à l'administration des chemins de fer prussiens ; certaines portions de son territoire au sous-sol très riche seront directement annexées. Pour la France, sans parler des régions d'Alsace et de Lorraine confirmées comme allemandes, ils revendiquent tout le bassin ferreux de Briey. Les participants actent l'arrêt des pourparlers avec le gouvernement étasunien, entamés par des voies détournées au printemps par l'ancien secrétaire d'État, et plus aucune réponse n'est donnée aux demandes des USA... En Autriche-Hongrie. A Salzbourg, les délégations politico-commerciales allemandes et austro-hongroises se réunissent de nouveau le 9 juillet. Elles rédigent rapidement une déclaration, appelés par la suite les "accords de Salzbourg". En fait, comme les deux partenaires souhaitent conserver la maîtrise de leur politique commerciale, ils concluent que les directives de Spa du 12 mai, suppression des droits de douanes, sont inapplicables. Ils parviennent à se mettre d'accord sur des droits de douanes identiques avec les autres pays, mais avec des droits de douanes différenciés entre eux. Le 15, déjà mis sur la touche pour cause d'échec, le maréchal Conrad von Hötzendorf donne sa démission à l'empereur Charles I. Le 16, dans son discours au Reichsrat, le ministre-président d'Autriche, Ernst Seidler von Feuchtenegg se félicite sur le resserrement de l'alliance militaro-commerciale avec l'Allemagne. Cela déplaît à l'empereur et il est contraint à la démission le 23. Il est remplacé dans son poste le 27 par le chrétien-démocrate Max Hussarek von Heinlein, ancien ministre de l'instruction publique... En Tchéquie. Un nouveau Comité national pour l'indépendance est formé à Prague sur la base des élections de 1911. Il lance immédiatement un appel au peuple pour soutenir la future indépendance du pays... En Russie. Seul le territoire correspondant à l'ancienne principauté médiévale de Moscou est sous contrôle total des Bolcheviques. Outre les régions occupées par les Allemands : pays Baltes, Biélorussie, Finlande, Pologne... de larges pans du territoire ne sont plus contrôlés par le gouvernement : Sibérie, Russie du sud, Caucase, Ukraine et même la plupart des régions de la Volga, du Don et de l'Oural. En dénonçant "l’abandon par les bolcheviks de la base même du socialisme international et révolutionnaire", les Socialiste Révolutionnaires de gauche tentent une insurrection. Le 6 juillet, le militant SR Iakov Bloumkine pénètre dans la résidence de l'ambassadeur d'Allemagne en utilisant des documents falsifiés, et il tue le comte Wilhelm von Mirbach d'un coup de revolver à bout portant. Cet assassinat est perpétré dans le but de provoquer l'annulation de la paix de Brest-Litovsk avec les Empires centraux. L'insurrection échoue. Le parti est alors interdit et de très nombreux militants sont arrêtés, certains immédiatement exécutés, d'autres sont envoyés au Goulag et leur presse est interdite(5). Le 10, se tient à Moscou le 5ème congrès des Soviets. Il adopte à une large majorité la Constitution de la République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie. Le parti bolchevik devient pratiquement le parti unique de Russie (bien que les Mencheviks continuent d'exister dans des conditions très difficiles, jusqu'à leur interdiction définitive en 1921). Le 12, devant les préparatifs de débarquements de troupes occidentales et japonaises en Russie, Gueorgui Tchitcherine, le commissaire du peuple aux Affaires étrangères émet de vives protestations auprès des Alliés dans ce qu'il considère comme une déclaration de guerre. Les troupes Tchécoslovaques qui circulent en Sibérie s'approchent d'Ekaterinbourg, où est détenue la famille impériale. Dans la nuit du 16 au 17 juillet, les bolchéviques la massacrent dans la crainte qu'elle ne soit délivrée par ces soldats en déshérence. Partout, dans l'immense Russie, les bolchéviques semblent perdus mais ils vont se tirer de cette situation quasiment désespérée grâce à l'énergie et aux talents d'organisateur de Léon Trotski. Il prend le commandement de l'Armée rouge et n'hésite pas à y intégrer d'anciens officiers tsaristes. A bord de son train blindé, il ne cesse de parcourir le pays en galvanisant le peuple dans des discours enflammés et en réorganisant les troupes de l'Armée rouge locale, fusillant au passage les 'ennemis du peuple' sans trop regarder s'ils le sont vraiment. Les Bolchevicks vont profiter aussi des divisions et des querelles chez leurs ennemis, tant de la gauche républicaine que de la droite tsariste. Le 22, tous les corps diplomatiques alliés qui s'étaient réfugiés à Vologda quittent la ville et vont se mettre en sécurité à Arkhangelsk. Le même jour, le gouvernement provisoire de Sibérie autonome demande sa reconnaissance par les Alliés, ce qui sera fait. Le 24, l'économiste et financier Karl Helfferich est nommé ambassadeur d'Allemagne. Il arrive le 28 à Moscou et commence immédiatement des pourparlers économiques avec les dirigeants du gouvernement en vue d'établir un futur traité commercial équitable. Le 29, face aux actions antibolcheviques que manigancent les gouvernements alliés sous des prétextes divers, Lénine proclame l'état de guerre contre toutes les présences étrangères sur le sol de Russie... La famille Romanov. Par peur que les membres de la famille Romanov s'évadent ou soient exfiltrés par les soldats des légions Tchécoslovaques, ils sont regroupés dans la maison Ipatiev à Ekaterinbourg dans l'Oural. Au début juillet, la garde est de nouveau changée, elle est maintenant composée d'hommes en qui Iakov Iourovski, le responsable de la Tcheka (police politique) locale, a entièrement confiance. Avant même son arrivée, il reçoit des instructions du soviet de l’Oural concernant les préparatifs pour une prochaine exécution. Vers le 10 juillet, ce soviet commence à s'alarmer par l'avance de l’armée Blanche et de la légion Tchécoslovaque, Iourovski reçoit bientôt ce message "Informé de la menace que font peser les bandits tchécoslovaques sur la rouge capitale de l’Oural et prenant en considération le fait que le bourreau couronné, en se dissimulant, pourrait échapper à la sentence du peuple, le Comité exécutif, exécutant la volonté du peuple, a décidé de fusiller le ci-devant tsar Nicolas Romanov, coupable d'innombrables crimes sanglants". Au cours des jours suivants, Iourovski et son second, Piotr Ermakov un exécuteur des basses œuvres, examinent les terrains du côté de Koptiaki, à dix-huit kilomètres de la grande ville. Ils finissent par trouver un endroit assez discret pour enterrer les corps et garder secret le lieu de l’inhumation. Le 16, il reçoit d'Iakov Sverdlov, son supérieur à Moscou, l'ordre d'abattre toute la famille. Vers minuit, il ordonne au docteur familial de réveiller les Romanov ainsi que leurs quatre derniers serviteurs afin de les amener vers une destination qu'il doit garder secrète. Aussitôt prêts, ils sont conduits dans une pièce à l’entresol. L’ex-empereur fait apporter deux chaises pour lui et sa femme. Un peloton d’une douzaine d’hommes apparaît et Iourovski déclare "Nikolaï Alexandrovitch, les vôtres ont essayé de vous sauver, mais ils n’y sont pas parvenus. Et nous sommes obligés de vous fusiller. Votre vie est terminée". Alors le peloton d'exécution de la Tcheka, composé de 6 soldats lettons et de 2 hongrois, se précipitent dans la pièce et se mettent immédiatement à tirer. Iourovski tire sur Nicolas II, qui meurt sur le coup. Les autres bourreaux tirent jusqu’à ce que toutes les victimes tombent. Comme le tsarévitch rampe vers la porte, Piotr Ermakov lui défonce le crâne à coups de baïonnette. Leurs 4 filles, dont les diamants cousus dans leurs vêtements servent un temps de gilet pare-balle, sont exécutées tout aussi sauvagement, car leurs cris pouvaient être entendus à l’extérieur. Les victimes sont au nombre de onze : le tsar Nicolas II, 50 ans ; Alexandra Fedorovna sa femme, 46 ans ; leur fille aînée Olga, 23 ans ; leur fille Tatiana, 21 ans ; leur fille Maria, 19 ans ; leur fille Anastasia, 17 ans ; leur fils Alexis, héritier du trône, 13 ans ; le médecin de la famille Ievgueni Botkine, 53 ans ; la femme de chambre Anna Demidova, 40 ans ; le valet de chambre le colonel Alekseï Trupp, 62 ans et le cuisinier Ivan Kharitonov, 48 ans. Les corps sont alors placés dans des draps, puis conduits en camion dans le bois de Koptiaki repéré les jours auparavant. Dépouillés de leurs vêtements et de leurs bijoux, ils sont jetés dans un puits de mine. Mais Iourovski s'avise vite que les armées Blanches ne tarderont pas à les retrouver. La nuit suivante, aidé d'un autre commando, il repêche les cadavres et les emmène plus loin dans la forêt. A un moment, le camion s'enlise définitivement dans un sentier et il décide de les enterrer sur place. Après avoir fait brûler deux corps, les hommes d'Iourovski préparent une fosse commune pour les autres. Ils y installent les corps, les aspergent d’acide sulfurique pour empêcher une identification future, puis remplissent la fosse en plaçant des traverses de chemin de fer par-dessus. Deux jours plus tard, une annonce officielle paraît dans la presse nationale, elle indique que le monarque a été exécuté sur l’ordre de l’Uralispolkom (Soviet de l'Oural) en raison de l’approche des armées Tchécoslovaques. C'est cette annonce, plutôt laconique, qui fait naître des interrogations sur le sort du reste de la famille. Officiellement, elle a été évacuée par les Bolcheviks, selon les déclarations du commissaire du peuple aux Affaires étrangères Gueorgui Tchitcherine(6)... En Ukraine occupée. Le 30 juillet, le gouverneur militaire de l'Ukraine, le Feld-maréchal Hermann von Eichhorn, est assassiné à Kiev par Boris Donskoï, un militant Socialiste Révolutionnaire de gauche... En Turquie. Le 3 juillet, le sultan ottoman (empereur) Mehmed V alors âgé de 74 ans, meurt subitement. Au pouvoir depuis 1909, il a cautionné tous les grands massacres commis par les militaires turcs : contre les Arméniens en 1909 puis en 1915, les Assyriens en 1915 et les Grecs pontique en 1916. En moins de 10 ans, entre le début de son règne et son décès, la Turquie a perdu toutes ses possessions européennes : Albanie, Macédoine, Thrace et Roumélie. Sur le plan intérieur, à cause de l'effort de guerre, la misère et la famine sont maintenant des réalités quotidiennes. Sur les fronts de combat, à part la guerre secondaire que le pays mène victorieusement dans le Caucase, sur les autres théâtres d'opérations ce ne sont que des reculs permanents. A l'est, les Britanniques progressent sans trop de difficultés vers Mossoul ; au sud la perte de la Palestine n'est plus qu'une question de jours et, à part une bande de quelques kilomètres le long de la mer Rouge avec la ville de la Mecque, tout le centre du Moyen-Orient lui échappe totalement. C'est son frère de 57 ans, Mehmed VI, qui le remplace sur le trône... Au Pays-Bas. Le 5 juillet, le fameux convoi de navires qui depuis plusieurs mois doit partir pour les Indes néerlandaises quitte enfin les quais où les bateaux attendaient. Il est accompagné de navires militaires prêts à tirer sur les navires britanniques qui espèrent le fouiller. Le coup de force réussit, et il peut atteindre la haute mer sans être fouillé... Au Japon. Pour nourrir ses soldats en campagne en Chine, en Corée et maintenant en Sibérie, l'armée achète sans regarder quasiment toute la production de riz du pays. Or, les récoltes de ces deux dernières années ne sont pas bonnes et cette céréale qui est la nourriture de base de toute l'Asie, commence à se raréfier. Les prix atteignent des sommets sur le marché intérieur, alors qu'il est toujours payé une misère aux producteurs. De plus, dans les villes, une spirale inflationniste touche également d'autres biens de consommation ainsi que les loyers, si bien que la population urbaine est exaspérée... Le 23 juillet dans le port Ōtsu sur la côte ouest du pays, débute une jacquerie qui va avoir de lourdes conséquences. Tout commence par une pétition élaborée par des femmes de pêcheurs qui travaillent au chargement des navires. Par cette manifestation pacifique elles tentent d’empêcher le départ d’une cargaison de riz pour la Corée. Cela va rapidement dégénérer et gagner tout le pays... En Haïti. Le 13, la république d'Haïti sous la totale dépendance des USA, déclare la guerre à l'Allemagne... Au Honduras. Le 19, le gouvernement déclare la guerre à l'Allemagne... Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. En juillet, Tristan Tzara publie Vingt-Cinq Poèmes chez l'imprimeur Heuberger pour la Collection Dada à Zurich en Suisse. A Paris, Paul Éluard publie Poèmes pour la Paix et Louis Aragon La Demoiselle aux principes. A Moscou, c'est l'effervescence artistique : Arthur Lourié prend la direction du département musical du commissariat à l'Instruction publique ; c'est l'exposition des peintres et sculpteurs juifs ; Marc Chagall est nommé Commissaire à l'Art pour la région de Vitebsk... Le 4 juillet à Nukuʻalofa au Tonga, c'est la naissance de Taufa'ahau qui deviendra roi du Tonga sous le nom de Tupou IV le 16 décembre 1965 après le décès de sa mère, la reine Salote Tupou III. Il va devenir le monarque le plus lourd du monde avec ses 209 kilos. Il s'éteint à Auckland en Nouvelle-Zélande, le 10 décembre 2006 et sera remplacé sur le trône par son fils qui régnera sous le nom de Tupou V. Le 10 à Albi, c'est le décès à l'âge de 85 ans de l'amiral Henri Rieuner. Pionnier de l'Asie et de toutes les batailles de la flotte française avant 1900, il devient ministre de la marine en 1893 et ensuite député républicain de la Charente-Inférieure (maintenant Charente-Maritime). Ses funérailles sont grandioses, quasi nationales dans la grande basilique d'Albi. Le 12 juillet c'est la naissance à Souillac dans le Lot de Roger Couderc. Il deviendra un des journalistes sportifs le plus connu de France. Sa verve de commentateur, ses bons mots dont le plus célèbre est 'allez les petits' pour des types au gabarit très impressionnant, va rendre très populaire le rugby en France. D'ailleurs tous les rugbymen qui l'aimaient beaucoup lui donneront le titre très envié du 'seizième homme du XV de France'. Il décède à Lyon le 25 février 1984 à l'âge de 65 ans et il repose maintenant près de son épouse au village de Mauvezin dans le Gers. Le 14, c'est la naissance à Uppsala en Suède d'Ingmar Bergman. Il va devenir un grand réalisateur et il sera récompensé dans les plus grands festivals du cinéma au monde. Il disparaît le 30 juillet 2007 sur l'île de Fårö en Suède à l'âge de 59 ans. Le 15, c'est la naissance à Lethbridge en Alberta au Canada de Bertram Neville Brockhouse. Il deviendra physicien et colauréat du prix Nobel de physique en 1994 pour ses travaux sur les neutrons. Il décède le 13 octobre 2003 à l'âge de 85 ans dans la ville d'Halmilton en Ontario au Canada. Le 18, c'est la naissance à Mvezo, dans la province du Cap en Afrique-du-Sud de Nelson Mandela. Il devient avocat et membre de l'ANC. Il est le porte-parole de la majorité noire dans le système raciste de l'Afrique-du-Sud. Adepte de la non-violence sur les personnes, il mène une campagne de sabotage contre les installations publiques et militaires. Le 5 août 1962, il est arrêté par la police sud-africaine sur indication de la CIA, puis il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité lors du procès de Rivonia. Dès lors, il devient le symbole de la lutte pour l'égalité raciale et bénéficie d'un soutien international croissant. Au bout de 27 ans de prison dans des conditions souvent très dures, et après avoir refusé d'être libéré pour rester en cohérence avec ses convictions, il est finalement libéré grâce à une forte pression internationale le 11 février 1990. Il reçoit le prix Nobel de la paix en 1993, et il devient le premier président noir de l'Afrique-du-Sud. Il s'éteint le 5 décembre 2013 dans sa maison à Johannesburg à l'âge de 95 ans. Refusé par l'armée US à cause d'un œil défaillant, Ernest Hemingway, 19 ans, finit pas s'engager dans la Croix-Rouge italienne en juin 1918. Il rejoint le front au début juillet. Le 8, de nuit, près de Fossalta di Piave, alors qu'il apporte du chocolat et des cigarettes aux soldats, un tir de mortier le blesse aux jambes. L'explosion, tue un de ses camarades et en blesse grièvement deux autres. Alors qu’il tente de ramener un soldat blessé vers l’arrière, il est de nouveau touché par un tir de mitrailleuse. Il parvient tout de même à se traîner jusqu'à un poste de secours, avant de s’évanouir. Pendant sa convalescence de trois mois dans hôpital de la Croix-Rouge étasunienne "Ospedale Croce Rossa Americana" de Milan, il s’éprend d’une infirmière US d'origine allemande, Agnès von Kurowsky, qui est plus âgée que lui de huit ans. Cette idylle sera déterminante pour l'auteur, elle lui inspirera directement le personnage de Catherine Barkley dans L'Adieu aux armes. Le 18, c'est la naissance à Lannion dans les Côte-du-Nord (Côtes-d'Armor maintenant) de Pierre Sabbagh. C'est un des pionniers de la télévision française et c'est lui qui présente le premier journal télévisé le 29 juin 1949. Le 10 décembre 1954, il épouse Catherine Langeais, autre figure historique de la télévision. Il décède le 30 septembre 1994 à Paris à l'âge de 76 ans...
Sur le Front des Combats. Conseil Supérieur de la Guerre. Cette 7ème session débute le 2 juillet. Malgré la stabilisation du Front en France et en Belgique après les offensives allemandes du printemps, les Alliés sont inquiets. Encore quelques kilomètres et Paris sera sous la menace non pas par un ou deux canons à longue portée qui l'égratignent, mais de tous les gros canons allemands de 380mm. Outre l'effet désastreux sur le moral, il est surtout à redouter de nombreuses conséquences sur les industries de guerre installées dans cette vaste zone. La ville est aussi le principal nœud de communication de tout le front. L'Île-de-France est un gros système nerveux, constamment traversée par des convois routiers et d'innombrables lignes ferroviaires y passent ou la contournent pour desservir les armées en campagne. Ce que les Alliés ignorent, c'est que les troupes allemandes ont épuisé leurs réserves de munitions péniblement amenées sur la Marne par une ligne de chemin de fer à voie unique et, pire que tout, leurs grosses attaques du printemps ont décimé leurs troupes d'élite. Depuis la première offensive de mars, les Allemands ont perdu près d'un million de soldats, tués, blessés, disparus ou faits prisonniers. Malgré tout, le 15 juillet, les Allemands vont attaquer de nouveau en Champagne. Cette fois, il n'y a aucun effet de surprise car l'attaque est connue des Alliés, ils s'y préparent... Lors de cette session, les Alliés s'inquiètent des évènements russes. Ils sont plus animés par un sentiment antibolchevique que par une réelle inquiétude au sujet des forces tchécoslovaques qui mènent la vie dure aux soldats rouges dans le centre du pays. Mais le président des USA, Woodrow Wilson et son département de la Guerre, ne veulent pas s'ingérer dans les affaires intérieures russes. Alors, les Franco-Italo-Britanniques-Japonais prennent le prétexte réel d'une préparation allemande pour prendre possession à partir de la Finlande du chemin de fer qui relie Mourmansk à Petrograd pour monter une expédition conjointe que les États-Unis ne peuvent refuser. Elle va se scinder en deux. Une à Mourmansk et Arkhangelsk, pour assurer la sécurité des stocks militaires alliés contre les Allemands, l'autre à Vladivostok pour assurer le rapatriement de l'armée tchécoslovaque censée venir rejoindre le front européen. Wilson n'est pas dupe de la manœuvre, mais il se laisse convaincre au grand dam de son département de la Guerre... Le 24, devant le succès des armées franco-étasuniennes dans la Marne, le généralissime Ferdinand Foch convoque les responsables des armées alliées à son nouveau quartier général au château de Bombon en Seine-et-Marne. Sont présents les généraux Philippe Pétain pour la France, Douglas Haig pour les Britanniques et John Pershing pour les étasuniens ainsi que leurs chefs d'états-majors. Ils sont là pour décider les nouvelles attaques afin d'empêcher les Allemands de se ressaisir. A ce moment-là, les effectifs disponibles sur le front de France et de Belgique sont de 102 divisions françaises, 60 britanniques, 29 étasuniennes, 12 belges et 2 italiennes. La réserve se monte à 103 autres divisions, mais la plupart sont toujours à l'instruction, surtout du côté des soldats US. Il est prévu pour début août que les blindés doivent dépasser les 1 300 engins opérationnels, dont près de 1 000 Renault FT-17 et de leur côté, les chefs aviateurs se disent prêts à toutes les missions. En cette fin juillet, jamais l'industrie de guerre alliée n'a été aussi puissante, aucune pénurie n'est à redouter, même si de temps en temps des grèves viennent enrayer la production. Mais les industriels ont aussi l'ordre de trouver des solutions au plus vite pour empêcher toute propagation d'un quelconque désordre... Haig se dit prêt pour attaquer en Picardie début août en direction de Compiègne mais, instruit par l'expérience, à la condition que la météo soit favorable. Pétain est confiant, mais il demande quand même un peu de temps afin de donner quelque repos à toutes les unités déjà engagés dans la Marne. Pershing est beaucoup moins optimiste, il n'a pas les moyens de lancer une offensive d'envergure en Meuse, du moins pas encore, pas avant le mois de septembre. Alors Foch qui voulait une offensive générale sur tous les fronts en même temps est bien obligé de composer. Il ordonne à Haig d'attaquer dès que possible, puis à Pétain et Pershing de se tenir prêts à attaquer partout là où c'est possible et dès que c'est possible. Il télégraphie cette décision aux Italiens pour qu'ils en fassent de même sur le Piave. Jusque dans les Balkans, il donne aussi son acquiescement au général Louis Franchet d'Espèrey pour que dès septembre il attaque les Bulgares, en espérant forcer la main aux Britanniques très réticents sur ce front... L'Expédition Russe. La force expéditionnaire pour la Russie par ordre d'importance est composée de 70 000 japonais, 10 000 étasuniens, 4 200 canadiens, 2 400 italiens, 1 500 français et autant de britanniques, il y aussi quelques milliers de Polonais. Ces soldats sont inégalement répartis entre les 3 ports où ils sont débarqués. Les plus nombreux sont à Vladivostok où les Japonais et quelques soldats US tiennent le port. Sur place il y a des Tchécoslovaques et des Italiens anciens prisonniers des Russes quand ils combattaient sous les couleurs austro-hongroises. Les Français vont envoyer un régiment du Tonkin. Il y a aussi l'armée de Russes blancs de l'amiral Alexandre Koltchak et les cosaques du général Grigori Semenov... Pour Mourmansk et Arkhangelsk, si les Canadiens sont des soldats parfaitement équipés et préparés pour affronter les rigueurs du pays, il n'en est pas de même des Britanniques et encore bien moins des Français. Les Poilus 'volontaires' envoyés dans le cercle arctique sont des coloniaux, mal équipés, parfois atteints de maladie tropicale. Ils vont souffrir le martyr et ils finiront par se mutiner. Les Étasuniens nommeront cette expédition Ours Polaire. Elle va se terminer par un fiasco, les USA la regrettent encore... Sur le Front Français et Belge. La bataille de Le Hamel. C'est une attaque exécutée par une partie des troupes australiennes et étasuniennes sur des positions fortifiées allemandes près du bourg picard de Le Hamel dans la Somme. L'offensive allemande d'avril les avait amenés aux portes d'Amiens, mais la résistance australienne dans ce secteur ne leur avait pas permis d'aller plus loin. Foch charge alors le nouveau commandant des troupes australiennes, le Lieutenant-général John Monash, de planifier une opération pour occuper les Allemands sur le front des Flandres. Le Hamel est un petit village à l'est d'Amiens près de la Somme, comme tous les autres bourgs du secteur, il est en ruines. Mais c'est un verrou qui tient toute la zone, donc l'enlever c'est aussi donner une bonne base de départ pour une future offensive. Monash est un soldat méticuleux et inventif. Il va, pour la première fois, combiner l'ensemble de ses forces : infanteries, blindés et aviation en même temps pour mettre le maximum de force dans l'attaque. En premier, tous les blindés n'ouvrent pas la voie, une partie vient en soutien pour trimbaler le maximum de matériel. Chaque engin traîne derrière lui : des barbelés, des piquets à barbelés, des plaques de tôle, des pansements, des bidons d’eau, des obus pour les mortiers, des munitions individuelles et collectives, avec des caisses de grenades. Cela a un double avantage, d'abord il économise une flopée de fantassins pour acheminer tout ce matériel, et en plus les engins se déplacent en même temps que les combattants ce qui leur permet d'être moins chargés individuellement en ayant quand même tout ce dont ils ont besoin sous la main. L'essai est pleinement réussi au point que les chefs de bataillon écrivent "jamais l’approvisionnement n’a atteint le front avec une telle rapidité". D'autres chars Mark IV sont utilisés de manière plus classique en précédant les fantassins pour empêcher les défenseurs de se mettre rapidement en position pour protéger leur tranchée. Monash va aussi, et pour la première fois, utiliser des avions australiens en soutien aéroporté. Il fait équiper chaque avion de deux boîtes de 1 200 cartouches avec un petit parachute. Les aviateurs ont ordre de les larguer sur les assaillants d'une hauteur de 800 m quand ils passent accomplir leur mission habituelle. Au total, 550 canons, 60 engins blindés, 85 avions, 8 000 Australiens et 2 000 soldats US sont prêts à s'élancer le 4 juillet, jour de l'Indépendance Day, sur Le Hamel... La bataille débute par un bombardement des avions de la RAF, il est assez précis pour suffoquer les défenseurs. Puis à 3h10, toute l'infanterie, soutenue par l'artillerie se lance à l'assaut dans un nuage de fumée artificielle pour masquer leur approche. Au sud du Hamel, le bois de Vaire est conquis en quelques minutes grâce aux chars et à la vaillance d'un bataillon du Queensland ainsi que d'un autre de Tasmanie. Le village même ne résiste guère tant la fougue des soldats australo-us est forte. Au bout de seulement 1h30 l'objectif est atteint, la position est immédiatement sécurisée pour affronter les contre-attaques qui ne vont pas manquer dans la journée. A 7h00 du matin, des drapeaux britannique, australien, étasunien et français sont dressés sur la maison la plus à l'est du village... C'est au cours de cette bataille, que le premier soldat US, le caporal Thomas Pope, est récompensé par La Medal of Honor (médaille d'honneur), qui est la plus haute distinction militaire des États-Unis, pour "avoir tué plusieurs soldats allemands en se précipitant avec ses armes de poing sur un nid de mitrailleuse". D'autres soldats australiens seront eux aussi décorés pour fait de bravoure. C'est quand même une bataille coûteuse. Les Australiens comptent 1 062 victimes, dont 975 tués, les soldats US, moins expérimentés comptent 176 tués. Les Allemands perdent près de 2 000 hommes, 1 600 autres sont fait prisonniers... La bataille de Le Hamel n'est qu'un épiphénomène dans la Grande Guerre. Mais par ses innovations tactiques, elle va servir de cas d'école pour toute l'armée britannique. C'est aussi dans cette bataille que les chars Mark IV se réhabilitent auprès des stratèges après leur première utilisation très décevante durant l'automne 1917... Le Friedensturm. L’Allemagne est exsangue mais elle possède encore d’importantes forces. Elle a percé le front 3 fois de suite dont 2 fois sur une profondeur de plus de 50 km, ce que les alliés n’ont encore jamais pu faire. Mais le temps joue contre eux et le général Erick Ludendorff en a bien conscience. Avec l’arrivée toujours plus croissante de troupes US et surtout les incroyables ressources qui les accompagnent, cela ne peut que desservir l'Allemagne si la guerre s'éternise encore. Cette crise des ressources atteint aussi bien le moral des soldats que celui des civils. Le piétinement de ses troupes dans la poche de Château-Thierry exaspère le Grand Quartier Général allemand. Seul un nouveau coup de boutoir peut relancer l’offensive et faire espérer une paix victorieuse. Alors Ludendorff prépare une nouvelle offensive qu'il baptise : Le Friedensturm (Assaut pour la paix)... Le 7 Juillet, les Alliés comprennent que Ludendorff veut prendre le contrôle de la montagne de Reims par un double mouvement en tenaille, au sud-ouest de Reims, puis en se rabattant sur Épernay et vers le sud-est de Reims en direction de Châlons-sur-Marne. Du coup, Foch et Pétain renforcent immédiatement les 4ème et 5ème armées. Ils prévoient pour le 18, de faire passer à l'offensive les 6ème et 10ème armées entre la Marne et l'Aisne... Le 15 à 4h15, le front s’embrase de Soissons à la Main de Massiges. Le Kaiser, de son observatoire du Blanc-Mont à Sommepy dans la Marne est venu assister en personne à la marche en avant de ses armées. Sur la Marne, les Allemands réussissent à se créer une tête de pont entre Gland et Vrigny. Elle mesure 35 kms et ils avancent de 6 kms en direction d'Épernay. Pourtant Paul von Hindenburg n'est pas rassuré, il écrit "Les résultats ne correspondent pas à nos grandes espérances; mais nous attendons du mieux le jour suivant". Du côté français les pertes sont considérables surtout pour les divisions à l'ouest de Reims, lesquelles sont décimées. La 8ème division italienne, la 40ème, la 8ème, la 51ème et même 125ème françaises, sont réduites à quasiment rien. Au cours de la bataille, le général Pétain envisage la possibilité de différer l'offensive du groupe d'armée de réserve et d'utiliser seulement quelques divisions pour soutenir le secteur attaqué. Foch s'y oppose, et seule une division est envoyée pour aider la 6ème armée. Au soir du 15, Foch dispose encore de 6 divisions fraîches et il compte toujours, malgré les craintes de Pétain, attaquer le 18 dans le secteur de Reims... |
Poilus en patrouille dans la Marne |
L'UB-110 qui a été éperonné par le destroyer britannique Garry |
Soldats albanais dans les Balkans |
Parade de soldats US au Havre le 4 juillet jour de l'Independence Day |
Soldats faisant des emplettes dans la ville de La Bassée près de Lille |
Tranchée allemande dans la Marne (photo colorisée) |
Fusiliers-marins construisant un radeau sur l'Yser |
Scaphandrier indien récupérant du matériel turc jeté dans le Tigre |
Officier US devant Château-Thierry en ruines |
Feldgraus dans l'éternel passe temps des soldats |
Réfugiés marnais revenant au pays |
Fête des Étasuniens à Paris le 4 juillet 1918 |
Soldat allemand au courrier |
Ponton austro-hongrois sur le Tagliamento |
Pour lui la guerre est finie |
Prisonniers allemands épuisés |
Défilé du 14 juillet par les fantassins du 169ème RI dans une ville de France |
Soldats italiens dans la Marne |
Soldats austro-hongrois en Italie |
Soldats arméniens dans la Caucase |
Ernest Hemingway sur le front italien en juillet 1918 |
(1) Les soldats US qui débarquent sur le Vieux Continent en 1917 sont en règle générale surnommés les Sammies en référence à l'Oncle Sam, mais aussi les Doughboys. Cette appellation remonte à la guerre de Sécession du fait que les vareuses qui habillaient les soldats de cette époque portaient de gros boutons assimilables à des beignets, les doughnut. (2) Un an plus tard, le 4 juillet 1919, l'enthousiasme populaire de 1918 s'est évaporé. C'est redevenu une fête exclusivement étasunienne. La lassitude des populations locales à l’égard des Doughboys dont elles critiquent les excès, et leurs déceptions suite au positionnement des autorités américaines lors des récentes négociations du traité de Versailles, constituent l'explication de ce retour à une certaine indifférence. (3) Parmi ces afro-américains se trouve l'un des orchestres de jazz le plus célèbre de l'époque. Ces musiciens sont dirigés par le soldat James Reese Europe, personnage alors célèbre de la communauté noire de New York et premier musicien à avoir joué du jazz au Carnegie Hall. Durant toute l'année 1918, ils vont sillonner la France des camps US pour encourager les soldats qui vont partir au front. Musiciens enthousiastes, leurs concerts sont libres et de nombreux Français y assistent. A Paris, les frères Pathé leur font signer un contrat pour enregistrer leur premier disque. Pour venir remonter le moral des soldats malades de la grippe espagnole, ils vont donner un concert mémorable dans les rues de la ville d'Aix-les-Bains. Après la guerre, ils seront de toutes les parades Newyorkaises. Pour le centenaire de la Première Guerre mondiale, le consulat de France à New York a rendu un hommage appuyé aux Harlem Hellfighters et à tous les autres combattants afro-américains qui ont servi sous l'uniforme français pendant les deux guerres mondiales. (4) Plus de 5 400 soldats italiens tués au cours de la première guerre mondiale sont inhumés sur le sol français et 4 421 sont enterrés à la nécropole italienne de Bligny. (5) Malgré la répression bolchevique, certains Socialiste Révolutionnaires de gauche poursuivront une activité militante clandestinement ou en exil. A Genève ils font paraître à partir de fin 1918 la revue Russie socialiste (qui porte comme nom complet celui de Parti des socialistes-révolutionnaires de gauche). (6) Bien que les officiels soviétiques placent la responsabilité de la décision sur l’Uralispolkom, le soviet de l'Oural, 17 ans après les faits Léon Trotsky écrira dans son journal personnel que cet assassinat a été perpétré sous l’autorité de Lénine dans le but de terroriser l'ennemi. En 1920 Iakov Iourovski écrit un compte-rendu détaillé des circonstances entourant la mort des Romanov. Il décrit également de façon minutieuse le site où il a enterré les corps et le moyen de les retrouver. C'est grâce à ce document que Serge Abramov et Alexandre Avdonine pourront découvrir la tombe des Romanov en mai 1979. En 1990, les corps de la famille impériale et de leurs serviteurs sont exhumés, puis identifiés par une analyse ADN. Deux corps manquent pendant un temps, celui du tsarévitch Alexis, et de sa sœur Maria. Le 17 juillet 1998, les restes de Nicolas II et tous ceux retrouvés sont inhumés en présence de toute la famille Romanov, soit plus de 50 personnes, en la Cathédrale Pierre-et-Paul à Saint-Pétersbourg. Maria et Alexis sont finalement retrouvés en 2008, une analyse ADN confirme leurs origines, et ils sont maintenant inhumés avec leurs parents. (7) L'U-20 sera repéré puis repêché en 1962 par la marine italienne. Une partie du sous-marin est maintenant exposée au musée d'histoires naturelles à Vienne. Les restes des membres d’équipage ont été enterrés sur le terrain de l'Académie militaire de Wiener Neustadt. (8) Bien que récent, il a été construit en 1903, le paquebot Carpathia est déjà un navire de légende. Il est le premier à capter le premier SOS du Titanic le 15 avril 1912 et aussi le premier à être sur le lieu du naufrage malgré une navigation en zigzag à cause des nombreux icebergs. C'est lui qui recueille les 705 survivants du grand navire. Pour ce sauvetage, son commandant, Arthur Rostron, sera invité à la Maison-Blanche par le Président William Howard Taft et recevra la médaille d'or du Congrès, la plus haute distinction des États-Unis. Lui et son navire vont aussi recevoir une coupe offerte par les survivants du Titanic. L'épave du Carpathia n'est repérée que le 9 septembre 1999 par 155 m de fond. Elle est régulièrement visitée par des plongeurs et plusieurs objets ont été remontés puis restaurés. La coupe, qui n'a jamais quitté le navire, est toujours à bord. (9) C'est sur un des îlots de Scilly que va s'échouer et s'éventrer le 18 mars 1967 le pétrolier libérien Torrey Canyon. Cet accident va être à l’origine d’une catastrophe écologique majeure et sans précédent dans l’histoire du transport maritime. Elle est à la base d’une prise de conscience par la population occidentale des conséquences funestes des transports de pétrole au rabais. |
Australiens dans une tranchée de fortune à la bataille du Hamel |
Soldats français dans une tranchée en Lorraine (photo colorisée) |
Soldats britanniques épuisés au repos à tour de rôle par manque de place (photo colorisée) |
Soldats US après leur débarquement en France |
Poste de premiers secours dans la Somme |
Mitrailleur français approvisionnant son arme |
Officier britannique avec un chaton sur un obus de 380 mm (photo colorisée) |
Paysans russes |
Quelle folie la guerre ! |
Barbentane, le plus beau village de l'Univers |
Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres… Guy |
C'est l'Écho de septembre-octobre qui relatera les évènements de juillet 1918 à Barbentane... |
Sammies à la pause au bord de la Marne à Sammeron en Seine-et-Marne |
Repas du secours alimentaire pour les mères allaitantes |
Pas d'Écho spécifique en août, il ne sortira qu'en septembre-octobre pour relater les évènements de juillet 1918... |
Char britannique près d'Armentières dans le Nord (photo colorisée) |
Australiens prêts pour aller à la lessive (photo colorisée) |
Cimetière US temporaire près du Bois Belleau |
Transvasement du pinard sur un tonneau adapté à une voie de 60 cm |
Embarquement d'une torpille sur le sous-marin Floréal |