BARBENTANE

en Juin 1918

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Dans la forêt de Villers-Cotterets, la VIème armée française parvient à contrer l'assaut allemand, les stoppant dans leur progression. Toutefois, le 2 Juin, les Allemands s'emparent des villages de Belleau, Torcy et Bussiares. Ils déposent dans le bois de Belleau des systèmes de défense à base de nids de mitrailleuses et de réseaux de barbelés...

A l'époque, la 4ème brigade est la plus grande unité de Marines des États-Unis, elle totalise près de 9 500 hommes. Dans la nuit du 5, les soldats US contre-attaquent et prennent pied dans le bois de Belleau. La bataille est féroce. Le 10 juin, les Marines forcent le sud du bois et il leur faut deux jours d'une lutte acharnée pour en conquérir les deux tiers, mais les allemands, solidement retranchés dans la dernière partie, résistent à tous leurs assauts. Les Sammies s'emparent de 35 mitrailleuses avec leurs réserves de munitions et font 500 prisonniers. Soumis pendant 8 jours à de violentes contre-attaques, ils résistent héroïquement au prix de lourdes pertes. Le 23, les Marines reprennent l'attaque et s'emparent du bois Belleau encore tenue par l'ennemi. Mais les Allemands, appuyés par de nombreuses mitrailleuses, parviennent à les repousser. Ce n'est que le 25, après un intense pilonnage d'artillerie, qu'ils parviennent à chasser les derniers Allemands retranchés et qu'ils prennent position du côté nord du bois. Ils font encore 300 prisonniers et, dans la foulée, s'emparent du village de Bouresches. Après trois semaines de combat, le bois est entièrement conquis. Pendant ce temps le 9ème régiment d'infanterie US barre la route de la Marne à guère plus d'un kilomètre de Château-Thierry. Au cours de la nuit du 1er juillet, l'attaque de Vaux est menée par le 23ème régiment d'infanterie commandé par le colonel Paul Malone. Les soldats engagés seront relevés le 6 juillet par la 26ème division US(7)...

C'est la première grande bataille du corps expéditionnaire US en Europe. Elle est saluée par toutes les armées, y compris allemandes qui, après coup, qualifient le corps des Marines de Sturmtruppen (troupes de choc ou unités d'élite). Côté français, le général Jean-Marie Degoutte qui commande la VIème armée française depuis le départ du général Paul Maistre, proclame le 10 juillet "En raison de la brillante conduite de la 4ème brigade des Marines de la 2ème division d'infanterie des États-Unis qui a enlevé de haute lutte Bouresches et le point d'appui du Bois Belleau défendu avec acharnement par un adversaire nombreux, le général commandant la VIème Armée décide que dans toutes les pièces officielles, le Bois Belleau portera désormais le nom de Bois de la Brigade des Marines". Mais ce sont aussi des pertes sanglantes pour les soldats engagés. Exception faite des combats de la Guerre de Sécession, avec 1 811 morts et 7 966 blessés, cette bataille détient le triste record du nombre de militaires étasuniens tués dans une seule bataille jusqu'à la Seconde Guerre mondiale...

En parallèle à la bataille du Bois Belleau. Depuis le début du mois, des luttes très violentes se poursuivent tout le long de la poche creusée par l'ennemi près de la Marne : à Corcy ; à Faverolles ; sur le Clignon ; à Veuilly-la-Poterie ; à la cote 204, près de Château-Thierry, défendue par les marsouins et par des soldats US ; sur la Montagne de Reims ; à Bligny où Français, Britanniques et Italiens rivalisent de courage, mais aussi devant Reims où les Allemands piétinent...

Devant la résistance des Alliés et l'essoufflement de ses armées en direction de l'Ourcq, le général Erick Ludendorff met fin à l'offensive en cours. Il préfère repositionner des divisions vers Compiègne. Cette nouvelle offensive qui débute le 3 juin, est dite opération Gneisenau pour les Allemands, Bataille du Matz pour les Français mais aussi la Bataille de Montdidier-Noyon pour les Étasuniens. L’engagement de l'artillerie allemande est très importante, 30 batteries au kilomètre, avec une majorité de canons de gros calibre. Le 8 à 23h30, la région de Rollot dans la Somme est bombardée par 29 batteries de campagne. Le plateau de Saint-Claude à Mareuil-La-Motte est intensément pilonné. Le 9 à midi, les Stosstruppen attaquent les positions françaises sur un front de 30 kilomètres, ils espèrent surprendre les Français et prendre la ville de Compiègne dans la journée. Correctement informés grâce au lieutenant Painvin, Foch et Pétain ont mis les moyens nécessaires pour contrer l'attaque. A la fin de la journée, les assaillants ont progressé de 5 kilomètres, mais cette progression est plus due au retrait des troupes pour échapper à la puissance destructrice qui s'abat sur les premières lignes qu'à la conquête des Allemands. Ils occupent la ville de Ressons qui est leur principale conquête du jour. Le lendemain, l'opération Gneisenau se poursuit, les assaillants prennent la ville de Ribécourt et progressent jusqu'à 10 kilomètres de Compiègne. Le soir, ils sont à Mélicocq et les troupes françaises ont dû se replier derrière l'Oise et le Matz. Les combats sont féroces, rien que le 9ème régiment de cuirassiers français perd 4 915 hommes vers Plessis-de-Roye. Malgré cela, les Allemands butent sur la seconde ligne française, la tranchée Bretagne. Le 11, le général Charles Mangin, qui est revenu de sa disgrâce de l'année précédente, prend le commandement de la 10ème armée qui revient d'Italie. Après avoir installé son poste de commandement à Pronleroy, il attaque dans le secteur du Matz avec l'appui de quatre groupements de chars Schneider et Saint-Chamond qu'il déploie en petites unités. Si la surprise est totale chez les Allemands, les Français subissent de lourdes pertes et ne peuvent regagner, par endroit, que quelques centaines de mètres. Pour autant, l'opération Gneisenau est stoppée, elle n'ira pas plus loin. Le 12, Ludendorff met fin à cette nouvelle offensive sans avoir rompu les lignes alliées...

Le lendemain, pas découragés, les Allemands lancent l'opération Hammerschlag. C'est une nouvelle offensive lancée par deux armées allemandes dans le secteur de Château-Thierry. Ils attaquent en force à Corcy, Longpont, Saint-Pierre-Aigle, où ils échouent. Immédiatement des contre-attaques sont lancées par Mangin. Cette opération n'a pas la puissance de celles lancées auparavant, ce sont des attaques de faible ampleur qui vont perdurer pendant trois semaines...

Le front recommence à se stabiliser, les troupes s'enterrent de nouveau dans les tranchées. Les Alliés sont exsangues, à la mi-juin Pétain ne dispose plus que de 71 divisions en ligne et 6 en réserve, les Britanniques n'ont plus que 34 divisions, les Étasuniens 7 divisions plus ou moins instruites, 10 à l'instruction et 6 encore en mer (en juin, 150 000 soldats US arrivent en France)...

Le 18, les Allemands attaquent à nouveau le saillant de Reims, de Vrigny au fort de la Pompelle, sans résultat notable hormis de lourdes pertes. Partout, les unités françaises se battent avec acharnement. Le 28, une violente attaque surprise des Français permet d'avancer sur une profondeur de 1,5 kilomètre et sur 7 kilomètres de front dans la région de Saint-Pierre-l'Aigle au sud de Soissons. Les assaillants font 1 100 prisonniers. Cette position doit servir de base de départ en vue d'une offensive en juillet...

Dans la Guerre Aérienne.

Rien de nouveau dans le ciel européen. Les nouvelles escadres aériennes US commencent à fonctionner efficacement. Le 12 juin, et pour la première fois, une formation de bombardiers pilotés par des aviateurs US va opérer sur le front de la Meuse. L'aviation allemande ne peut plus suivre. Non seulement tous ses appareils sont maintenant surclassés sur le plan technique par ceux des Alliés, mais la pénurie de matériaux nobles qui sévit dans le pays les rend compliqués à construire, encore plus à entretenir...

Sur le front des combats, l'aviation est maintenant indispensable. D'ailleurs, toutes les attaques d'importances sont tributaires des conditions météos, sans un ciel favorable, elles sont tout simplement reportées. Si la chasse est noble dans l'art du combat, ce sont les reconnaissances qui sont les plus indispensables aux belligérants. D'ailleurs, les chasseurs sont le plus souvent employés comme auxiliaires aux missions de reconnaissances. L'aviation stratégique, le bombardement, commence à montrer des dispositions opérationnelles. Mais ses capacités d'emports sont toujours faibles, les destructions qu'elle opère ne sont le plus souvent que très superficielles, vite réparées, donc peu efficaces. Néanmoins, la soudaineté de ses attaques a un avantage que l'artillerie n'a pas. Utilisée à bon escient, elle est utile. L'attaque au sol est un atout très précieux dans la nouvelle guerre de mouvements que les Allemands imposent sur le front de la Marne. Mais ce sont aussi eux qui en font les frais. Quasiment tous les ponts de campagne que les armées impériales installent sur les fleuves et les rivières dont les ouvrages en pierres ont été détruits par le génie français ou britannique, le sont à leur tour par l'aviation. Lents à installer, ils sont une proie facile pour des pilotes expérimentés. Les locomotives et les barges de transports deviennent elles aussi des cibles d'importances, même si leurs mobilités et leurs faibles dimensions n'en font pas des objectifs faciles à atteindre avec les avions de l'époque. En parallèle, la défense antiaérienne prend tout autant de l'importance. Ce sont quasiment les premiers éléments défensifs qu'installent les armées qui avancent...

Le 2 juin, le lieutenant Hermann Göring aux 18 victoires homologuées et qui commande la 27ème Jasta (escadrille), est décoré par le Kaiser lui même de la médaille du Mérite. C'est la plus haute distinction allemande, que reçoivent aussi les pilotes et sous-lieutenants Erich Löwenhardt et Ernst Udet...

Le 12 à 16h30, 8 avions Breguet 14B-2 du 96th Aera Escadron sous le commandement du major Harry Brown décollent de la base de Maulan dans la Meuse pour effectuer le premier raid de bombardement US sur le front de l'ouest. L'objectif est l'ensemble ferroviaire de Dommany-Baroncourt dans la Meurthe-et-Moselle. Le travail est correctement fait et les installations sont partiellement détruites. Tous les avions, certains touchés par les tirs antiaériens, reviennent se poser à la base...

Le 19, alors que la bataille du Piave fait rage, le plus grand As de la chasse italienne, le général Francesco Baracca, crédité de 34 victoires, est tué lors d'une mission d'attaque au sol à Nervesa della Battaglia près de Trévise. Ce sont les armoiries de sa famille, un cheval noir cabré sur ses deux pieds arrière, qu'il affichait sur son avion, qui a inspiré le logo de constructeur Ferrari. Il était le vainqueur du premier combat aérien que les Italiens ont remporté le 7 avril 1916. Son avion, un vieux Spad VII sera retrouvé là où il a été abattu, mais son corps n'est découvert qu'après la retraite des Austro-Hongrois. Même s'il a reçu une balle en plein front, personne ne sait exactement comment il est mort, d'aucuns prétendent qu'il s'est suicidé pour ne pas tomber aux mains de l'ennemi. Le 24, fuyant la Révolution bolchevick, le concepteur d'avions Igor Sikorsky offre ses services au gouvernement français. Il va travailler quelques temps en France comme ingénieur avant d'émigrer aux États-Unis.

Dans la Guerre Maritime.

Avec 116 navires coulés et 16 autres endommagés, c'est la lente, mais inexorable, décroissance de l'activité mortifère des sous-marins allemands. Sur ces 132 navires touchés, 73 sont britanniques, 17 norvégiens, 11 étasuniens, 7 français, 6 italiens, 6 suédois, 3 danois, 3 grecs, 2 néerlandais, 2 espagnols, 1 belge et 1 tunisien. Si l'on excepte les navires de Sa Gracieuse Majesté, avec 26 navires touchés, les pertes Alliés ne sont guère supérieures aux pertes des pays neutres qui ont 20 navires atteints. Certes, ce sont le plus souvent de la poussière maritime, mais les Allemands se gardent bien de le dire dans leurs communiqués mensuels...

L'Épopée de l'U-151. Le 2 juin est connu sous le nom de Black Sunday (Dimanche Noir) dans l'histoire maritime des USA. Dans cette seule journée ce sous-marin allemand commandé par le capitaine de corvette Heinrich von Nostitz und Jänckendorff coule 6 navires et en endommage 2 autres sans être inquiété. Cela débute vers les 6h par une alerte radio lancée par la goélette US Isabel B Wiley qui signale qu'elle est attaquée au canon par un sous-marin au large d'Atlantic City dans le New Jersey, elle est promptement coulée sans faire de victime. Aussitôt, le cargo mixte désarmé Carolina qui tente de rejoindre New York avec sa cargaison de sucre et 335 personnes à bord, dont 218 passagers, pousse ses moteurs à fond pour s'éloigner le plus vite possible de la zone. Après quelques minutes, l'U-151 fait surface à sa proximité, tire 3 obus d'avertissement et demande l'évacuation du navire. Sans hésiter, son commandant, le capitaine Barber obtempère et toutes les chaloupes sont mises à l'eau pour sauver les passagers. A 6h30, les chaloupes chargées commencent à s'éloigner du navire qui sera coulé au canon. Les chaloupes tentent de rester ensemble malgré le mauvais temps, une partie est secourue par la goélette Eva B Douglas à 11h le lendemain, une autre par le vapeur britannique Appleby, une embarcation parvient à rejoindre la côte. A 16h, le paquebot danois Bryssel trouve une autre chaloupe mais ses 8 passagers et les 5 membres d'équipage qui les accompagnent, sont noyés. Puis, toujours avec le même mode opératoire, l'U-151 coule ou endommage les voiliers Edward H. Cole, Edward R. Baird, Jacob M. Haskell, ainsi que les vapeurs Texel et Winneconne, sans faire de nouvelle victime. Le 3, c'est le pétrolier Herbert L. Pratt qui heurte une de ses mines posée dans sa zone de maraudage, mais il ne coule pas. Le même jour, le voilier US Samuel C. Mengel à moins de chance. Le 4, le vapeur norvégien Eidsvold est envoyé par le fond. Le 5, c'est au vapeur britannique Harpathian puis au vapeur norvégien Vinland de subir le même sort. Le 8, c'est le vapeur US Pinar Del Rio de qui est coulé. Le 10, le vapeur norvégien Henrik Lund va lui aussi au fond de l'eau, puis l'U-151 arraisonne un autre vapeur norvégien, le Vindeggen, pour le piller de ses vivres ainsi que de 70 tonnes de lingots de cuivre en provenance d'Afrique du Sud qu'il est chargé de récupérer. Il se fait oublier jusqu'au 14 où il coule les voiliers norvégiens Kringsjaa et Samoa. Le 18, sur le chemin de retour il passe par les Bermudes et toujours avec le même mode opératoire, il attaque le paquebot britannique Dwinsk. Son capitaine Henry Nelson fait aussitôt évacuer le navire sur 7 grosses chaloupes. Alors l'U-151 reste à proximité dans l'espoir qu'elles vont attirer d'autres navires. Voyant l'épave, le paquebot US Von Steuben, ex-navire allemand réquisitionné, s'approche et évite de justesse une attaque à la torpille. Dans la journée, 4 chaloupes à la dérive du Von Steuben sont récupérées par divers navires, 2 autres le sont plus tard avec un mort à bord, mais la 7ème disparaît à jamais, 22 marins et passagers étaient à bord. Le 22, il coule le vapeur belge Chilier à la torpille et tue 6 marins. Le lendemain c'est autour du vapeur norvégien Augvald, lui aussi coulé à la torpille par manque d'obus pour ses canons, un marin est tué dans l'attaque. Le 28, c'est le voilier britannique Dictator qui est torpillé. Ce sera sa dernière victime et il retourne à Kiel le 20 juillet après une croisière de 94 jours au cours de laquelle il a couvert une distance de 20 215 km. Son commandant rapporte qu'ils ont coulé ou endommagé 23 navires totalisant 61 000 tonnes et que leurs mines sont responsables du naufrage de 4 autres navires(8)...

Sur Mer. Le 1er juin, pendant un entraînement, des canonniers du cuirassé US New Hampshire tirent accidentellement avec leurs canons de 180mm sur le chasseur de sous-marins Louisiane, qui l'accompagne. Ils tuent un matelot et en blessent plusieurs autres. Le 3, le Mécanicien Donzel, un cargo français tout neuf qui arrive du Japon où il a été construit, est torpillé par UB-49 au large de la Corse, tout son équipage est secouru par le cargo français Marguerite-Marie qui l'accompagne. Le 4, le lance-torpille allemand T-68 coule après avoir heurté une mine dans la mer du Nord, 7 marins sont portés disparus. Le 5, le cargo US Argonaut (ex navire allemands réquisitionné) est coulé dans l'Atlantique par l'U-82, il n'y a pas de victime. Le 6, le voilier italien Christophero Colombo est coulé dans le détroit de Messine par l'UB-48, il n'y a pas de victime. Le 7, le vapeur espagnol Axpe Mendi est torpillé au large de Brest par l'UB-80, il n'y a pas de victime. Le 8, le cargo français Bayonnaise est torpillé dans la mer Ionienne par l'UC-33, son équipage est recueilli par le patrouilleur Marguerite-II qui l'accompagne. Le 9, le vapeur britannique Clan Forbes est coulé au large d'Alexandrie par l'UB-105, 2 marins sont tués...

Le nouveau commandant de la flotte austro-hongroise, l'amiral Miklós Horthy, décide d'attaquer à nouveau le barrage d'Otrante pour détruire la flottille d'harenguiers britanniques qui entravent la navigation des sous-marins. Dans la nuit du 9, Horthy quitte la base navale de Pola avec les cuirassés Prinz Eugen, Viribus Unitis, Tegetthoff et Szent István. Ils sont escortés par un destroyer et six torpilleurs. Vers 3h15 le matin du 10, deux frêles mais rapides torpilleurs italiens les MAS-15 et MAS-21 repèrent l'escadre et l'attaquent à la faveur de la nuit. Les torpilles du MAS-21 loupent le Tegetthoff, par contre celles du MAS-15, avec pour commandant Luigi Rizzo, blessent à mort le Szent István. Malgré une tentative de remorquage, il coule rapidement avec 89 marins sur les 1 094 membres de son équipage. Repéré, affaibli, l'amiral Horthy ordonne le retour à Pola où ses navires resteront au port jusqu'à l'armistice...

Le 12, le cargo français Afrique est coulé en mer du Nord par l'UC-40, 12 marins sont tués. Le 13, le vapeur armé Patia est torpillé dans l'océan Atlantique par l'UC-49, 16 marins sont tués. Le 17, le convoyeur britannique Lychnis repère et grenade l'U-64 au large de la Sicile, obligé de faire surface, ce dernier est accueilli par des tirs de canons et coule rapidement, 5 marins sont secourus, 38 autres sont tués. Le 18, pour ne pas tomber intacts aux mains des Allemands, 9 destroyers russes : Smyetlivi, Stremitelni, Fidosi, Kerch, Pronzitelni, Gromki, Kapitam-Leitenant Baranov, Leitenant Shestakov et le cuirassé Svobodnaya Rossiya se sabordent dans le port de Sébastopol sur la mer Noire. Le 20, l'UC-64 disparaît après avoir heurté une mine près de Douvres, ses 30 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 21, le croiseur léger US Carl Schurz est éperonné et coulé par le vapeur Fluida qu'il escorte, un marin est tué. Le 22, le cargo US Californian heurte une mine dans le golfe de Gascogne, son équipage est secouru par le navire océanographique US Corsair qui navigue avec lui. Le 24, le sous-marin britannique D-6 est coulé dans l'océan Atlantique par l'UB-73, 24 marins périssent, seuls 2 survivants sont récupérés par son assaillant. Le 25, le torpilleur allemand T-59 coule après une collision avec un autre navire dans la mer Baltique, 21 marins sont tués. Le 26, l'UC-11 explose sur une mine près de Douvres, 18 membres de son équipage sont portés disparus, seul un survivant est secouru...

Le 27, le grand navire hôpital canadien Llandovery Castle qui navigue tous feux allumés et qui arbore ostensiblement les insignes de la Croix-Rouge, fait route à vide d'Halifax au Canada vers Liverpool en Grande-Bretagne. Il est capable d'emporter 622 blessés, et il fonctionne avec un équipage de 164 marins et 94 personnes du corps médical, dont 14 infirmières, soit 258 personnes. A 21h30, sans avertissement, il est brutalement torpillé par l'U-86 à 250 kilomètres environ des côtes irlandaises. Il met 10 minutes pour sombrer ce qui laisse le temps à de nombreuses personnes de monter dans les chaloupes. L'U-86 fait alors surface et interroge les rescapés pour tenter d'obtenir des preuves de l'utilisation abusive du navire-hôpital comme porteur de munitions. Comme son commandant, le lieutenant Helmut Brümmer-Patzig n'obtient pas la réponse qui le dédouanerait de son forfait, il fait descendre ses matelots dans le sous-marin et avec ses deux officiers subalternes Ludwig Dithmar et John Boldt, ils mitraillent tous les survivants qui sont à proximité. Seul un canot échappe au massacre et ses 24 rescapés, dont 6 soignants, sont recueillis 36h plus tard par le destroyer britannique Lysander. Bien que toutes soient équipées de gilet de sauvetage, aucune des infirmières ne survit, quasiment toutes sont mitraillées par les officiers de l'U-86. Le commandant du Lysander précise dans son livre de bord avoir vu ces malheureuses flotter au-dessus des vagues et que leurs jupes faisaient comme des petites voiles que le vent gonflait. Cette attaque délibérée sur un navire protégé par les lois internationales est devenu l'une des pires atrocités de la guerre(9)...

Le 28, le cargo britannique Queen est coulé dans le golfe de Gascogne par l'U-53, 20 marins périssent. Le lendemain, le cargo britannique Sixty-six est coulé par l'U-88 dans la mer du Nord, 20 marins sont tués. Le 30, le cargo britannique Origen est coulé près de la pointe de l'Espagne par l'U-53, 4 marins sont portés disparus...

Sur le Front Italien. Planifiée durant le premier trimestre de l'année 1918, conjointement avec le commandement allemand, cette offensive vise à obtenir la sortie de l'Italie du conflit. Lors de la conférence de Spa, le 12 mai, le commandant des unités austro-hongroises, Arthur Arz von Straußenburg, annonce à ses homologues allemands, qui l'approuvent, sa volonté de lancer une offensive contre le front italien dans le mois suivant. Différents plans sont élaborés mais l'indécision de l'empereur, incapable de choisir entre deux idées, aboutit à la préparation de deux offensives, les affaiblissant l'une et l'autre. En effet, Charles Ier donne son accord pour deux attaques conjointes : l'attaque frontale sur le Piave, l'opération Albrech, préparée par le maréchal Svetozar Boroevic von Bojna et la manœuvre de contournement, l'opération Radetzky, dans le nord élaborée par Franz Conrad von Hötzendorf. La mise en œuvre de ces plans, du moins dans leur phase de préparation, est rapidement connue des commandants alliés, qui planifient des contre-mesures pour contrer ces deux offensives. Dans le détail, Hötzendorf, qui opère dans la région du Trentin, doit prendre la ville de Vérone et Bojna doit traverser le Piave et prendre la ville de Padoue. Si tout se passe comme prévu, les armées italiennes et franco-britanniques, cramponnées au Piave, seront alors encerclées et détruites en détail. L'armée impériale attaque avec 60 divisions, soit un total de 1 100 000 hommes, sur un front de 100 kilomètres entre le golfe de Venise et le lac de Garde. Seulement les soldats de la double couronne sont fatigués, le moral n'est pas fameux il y a belle lurette que les exploits guerriers ne les motivent plus. De plus, le ravitaillement n'est pas de meilleure qualité et en plus pas vraiment assuré par les grèves et la disette qui secoue de pays depuis de nombreux mois. Pour s'opposer, les Italiens ont 58 divisions, mais toutes ne sont pas égales, loin s'en faut. Il y a aussi 6 divisions françaises et 5 divisions britanniques qui elles, sont d'excellentes qualités combattantes...

Prévue pour le 28 mai, l'attaque est plusieurs fois ajournée. Elle est finalement programmée pour débuter le 12 juin par l'opération Lawine, une attaque de diversion près du col du Tonale en Italie du nord. Les Italiens, prévenus, résistent facilement et infligent de lourdes pertes aux assaillants. Le 15, les deux attaques principales débutent dès les premières lueurs de l'aube. Dans le nord, les Xème et XIème armées de l'opération Radetzky sont arrêtées dès le deuxième jour. Parfaitement informés par les nombreux déserteurs, les unités italiennes attendent fermement les assaillants. Les Austro-Hongrois subissent ensuite les puissantes contre-attaques des réserves constituées par les Vème et VIème armées italiennes renforcées par des unités britanniques et françaises. Contraints de battre rapidement en retraite, les assaillants perdent 40 000 hommes. Sur le Piave, l'opération Albrech sur un front large de 24 km remporte quelques succès initiaux. Mais l'aviation et l'artillerie mettent rapidement à mal les ponts sur le Piave ce qui arrête l'offensive après seulement 4 kilomètres. Le 18, les Italiens attaquent en masse avec toutes les réserves disponibles et le 22, les assaillants se replient sur leurs lignes de départ et se mettent sur la défensive derrière le Piave. L'échec est cuisant...

Dans ces attaques, les Austro-Hongrois perdent plus de 180 000 hommes (environ 60 000 morts, 80 000 blessés, 30 000 prisonniers et 10 000 disparus). Pour eux, c'était la dernière offensive possible. Après cet échec, dont tous les soldats ont conscience, les unités austro-hongroises connaissent une crise morale aggravée, focalisée notamment sur la faillite du commandement. Pour y faire face, l'empereur Charles Ier relève définitivement de son commandement Franz Conrad von Hötzendorf, considéré comme le responsable. De même, le chef d'état-major autrichien, Arthur Arz von Straußenburg, présente sa démission que l'empereur refuse pour des raisons politiques. A partir de ce moment-là, tout le pays commence à se déliter, les grèves et les émeutes vont être encore plus violentes. Pour le peuple, la partition du pays devient la solution pour échapper à des lendemains qui ne s'annoncent pas gais...

Chez les Alliés, les pertes sont moindres, environ 80 000 morts et blessés, surtout Italiens. Alors, malgré les suppliques de Foch pour lancer rapidement une contre-attaque, le patron de l'armée italienne, le général Armando Diaz, temporise. Il décide de ne pas poursuivre, il préfère renforcer ses troupes pour une offensive ultérieure qu'il espère décisive. Il réclame aux Alliés un certain nombre de moyens, comme des chars, des obus au gaz et des renforts US, afin de lancer une offensive définitive...

Dans les Balkans. Il faut attendre fin 1917 pour que Clemenceau réussisse à remplacer le général Maurice Sarrail qu'il considère comme un incapable, par le général Adolphe Guillaumat. En six mois, ce dernier redresse la situation dans tous les domaines : instruction, organisation, moral des soldats, soins aux milliers de malades et il rétablit la confiance entre les armées alliées. Il envisage une attaque frontale par le Vardar, couplée à une attaque secondaire en Macédoine orientale, appuyée par les canons de la flotte. Le 6 juin 1918, alors qu’il est en train d’étudier les plans de sa grande offensive prévue fin août, il reçoit un télégramme le rappelant de toute urgence en France pour venir défendre Paris menacé. L’outil militaire qu’il laisse à son successeur, est prêt à servir. Ce dernier, le général Louis Franchet d'Esperey arrive le 18 à Salonique. Après avoir pris connaissance des plans de son prédécesseur, connaissant la région, il décide de les changer par une attaque plus audacieuse qui passerait par la montagne. Il n'est même pas sûr de pouvoir lancer son offensive, car les Italiens et les Britanniques ne sont pas trop chauds pour une offensive d'envergure dans cette région du monde...

Durant tout le mois, les Albanais lancent des attaques pour tenter de reprendre le Skra-di-Legen aux Grecs, mais ils résistent avec autant de volonté que celle qu'ils ont mise pour les déloger. Sur le reste du front, hormis les raids bulgares et le bombardement toujours aussi régulier de Monastir, l'ensemble front reste calme. Pour briser la routine, l'aviation franco-britannique va de temps en temps bombarder les camps bulgares...

Au Moyen-Orient. L'été et ses grosses chaleurs arrivent, de ce fait il n'y pas d'action significative dans l'ensemble du Moyen-Orient. Sauf le 7 juin, où les troupes bédouines de l'émir Fayçal occupent Keratz sur la mer Morte et le 13, où l’armée d’Ibn Séoud conquiert le massif montagneux de l’Asir afin de se positionner pour prendre La Mecque...

Dans la Guerre Civile Russe. Le 23 juin, l'armée des Volontaires, forte de plus de 8 000 hommes, sous le commandement d'Anton Dénikine débute sa seconde campagne du Kouban. A la fin du mois, elle est considérablement renforcée avec l'apport des cosaques du Don de l'ataman Piotr Krasnov. Cette campagne va se poursuivre durant tout l'été pour se terminer aux premières rigueurs de l'automne...

Dans le Caucase. La situation dans le Caucase devient très embrouillée. Afin d'aider militairement la Géorgie des visées turques, une petite expédition allemande venant de Crimée débarque dans le nord du pays le 3 juin. Bien que les Arméniens aient réussi à infliger une série de défaites aux ottomans, les forces turques ne sont plus qu'à quelques kilomètres de la capitale Erevan. De ce fait, le 4 juin, la République démocratique d'Arménie doit signer le traité de Batoumi. Par ce traité, les Turcs obtiennent le libre usage des voies ferrées d'Arménie. Le gouvernement d'Enver Pacha promet d'aider l'Azerbaïdjan à reprendre Bakou, tenue par les Bolcheviques. Le 10, les troupes ottomanes s'emparent par la force du chemin de fer transcaucasien et désarment les troupes allemandes et géorgiennes. Seul le général Arménien Andranik Ozanian refuse de reconnaître cette paix. Avec ses soldats, il se lance dans une guérilla dans les montagnes du Karabakh et du Zankézour. Ces soldats harcelleront les Turcs jusqu'à l'armistice de Moudros le 30 octobre 1918...

La Bataille pour Bakou. Le 1er juin, la commune de Bakou appelle à l'aide les Russes blancs du Don pour les délivrer des Bolcheviques qui occupent la ville. Le 4 juin, l'Azerbaïdjan et l'empire ottoman signent un traité d'amitié et de coopération qui précise que l'armée ottomane assurera un appui militaire s'il est nécessaire pour assurer la paix et la sécurité du pays. L'armée islamique du Caucase, commandée par le général Nouri Pacha, est forte d'environ 14 000 fantassins, 500 cavaliers, et 40 pièces d'artillerie, 30% des soldats sont des Turcs sunnites, les autres des Azéris chiites sous le commandement du général Ali-Agha Shikhlinski et des volontaires du Daguestan orthodoxes. A ce moment là, Bakou est dirigé par le Bolchevique arménien Stepan Chahoumian, dit le Lénine du Caucase. Les forces rouges de la ville sont dirigées par le général Dokoutchaev, aidé par le colonel arménien Avetisov. Ils commandent 6 000 hommes, dont une grande majorité sont arméniens catholiques, d'autres sont russes orthodoxes et ils voient tout musulman comme un ennemi à abattre. Ils disposent de 40 canons de campagne. Plus au sud, arrive la mission britannique du Général Lionel Dunsterville qui partie de Bagdad le 27 janvier, vient de traverser toute la Perse et arrive au port perse de Bandar-e Anzali sur la mer Capsienne. Il a pour mission de débarrasser Bakou des Bolcheviques mais aussi de faire la guerre aux Turcs. C'est une force composée de 1 000 soldats avec des canons de campagnes, des mitrailleuses, 3 voitures blindées et 2 avions. A ces multitudes de soldats aux origines très disparates, il faut ajouter des forces locales iraniennes, les Jangalis qui sont en rébellion ouverte contre la monarchie perse de Téhéran...

Le 6, l'armée Rouge de Grigory Korganov reçoit l'ordre d'attaquer Gandja, la ville dont Azerbaïdjan vient de faire sa nouvelle capitale. L'Azerbaïdjan, incapable de se défendre demande logiquement de l'aide à l'Empire ottoman. Les troupes rouges pillent et tuent les musulmans pendant leur avance vers Gandja. Cependant, une partie des troupes devant attaquer la ville reste à Tsaritsyne (maintenant Volgograd, mais anciennement Stalingrad) par ordre de Joseph Staline qui garde aussi tous les approvisionnements destinés à Bakou qui meurt de faim(10). Vers le 15, une armée russe oubliée en Perse, celle du général tsariste Lasar Fedorovich Bitcherakhov, se dirige alors vers le nord pour rentrer en Russie et tenter de rejoindre l'armée blanche du Don. Elle quitte la ville perse de Qazvin et après avoir vaincu des Jangalis, elle se dirige vers Bakou. Conjointement la mission Dunsterville, harcelée elle aussi par les Jangalis, en fait de même. Du 27 au 1er juillet, près de Göyçay, l'armée ottomane défait l'armée Rouge Grigory Korganov, puis marche vers Bakou...

En Afrique de l'Est. Pour clore définitivement l'errance mortifère des troupes du major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck sur les comptoirs portugais au Mozambique, une force britannique débarque dans le port de Quelimane à l'extrême sud du pays...

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. Comme en mai, aucun Écho ne paraît en juillet pour donner des nouvelles de juin, il faut attendre l'Écho de juillet-août pour avoir des nouvelles du village...

Un seul Poilu barbentanais est tué pour la France en juin 1918 :

· François Marteau. Il est né à Barbentane, cultivateur, 27 ans, célibataire. Il est incorporé pour son service ordinaire le 8 octobre 1912, au 6ème bataillon de chasseurs. Il est nommé chasseur de 1ère classe le 8 octobre 1913. Il reste sous les drapeaux et il est muté au 14ème bataillon de chasseurs le 10 décembre 1916. Soldat émérite, salué pour son courage, il est cité à l'ordre de son régiment le 9 août 1917 "Depuis 3 ans à pris part à de nombreux combats faisant constamment preuve de courage et du plus grand dévouement". Il est grièvement blessé au genou et à la jambe gauche le 13 juin 1918 à Vailly-sur-Aisne dans l'Aisne. Il meurt le 14 juin 1918 à l'hôpital mixte de Meaux (Seine-et-Marne) des suites de ses blessures. Il est cité une nouvelle fois à l'ordre de son régiment le 26 juin "Chasseur d'élite, d'un courage et d'un dévouement remarquable, grièvement blessé à son poste de sentinelle à fait preuve d'une force d'âme admirable". A noter que son frère aîné Henri, est lui aussi mort pour la France le 14 novembre 1914. François est titulaire de la Croix de guerre, de l'Etoile d'argent avec Palme. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 9 juillet 1918 en l'église de Barbentane. Il figure sur le monument aux Morts et sur le nécrologe de l'église. Il est enterré au carré militaire du cimetière de Meaux à la tombe numéro 280.

Guy

Sammies à leur arrivée dans un port français

Le front de la Marne en mai-juin 1918

Construction d'une citerne par des soldats britanniques et US dans le Pas-de-Calais

Char Saint-Chamond embourbé dans la Somme

Un Caterpillar servant de véhicule-école pour l'artillerie

Boucherie de campagne sur le front français

Un cagna près du front à Verdun (photo colorisée)

Fusiller-marins français affectés au passage de l'Yser en Belgique

A Salonique, arrivée du général Bordeaux avec le général Paraskevopoulos

Char Saint-Chamond en Champagne

Transport de chars britanniques récupérés par les Allemands

Juin 1918 - Dans le Monde en Guerre

La Paix dans le Monde. Le 4 juin, dans la ville de Batoum qu'ils occupent, l'Empire ottoman signe trois traités de paix séparés avec les républiques d'Arménie, de Géorgie et d'Azerbaïdjan. Aux termes de ces accords, la province d’Erevan en Arménie est amputée de 3 districts, les Turcs s'approprient la vallée de l’Aras ainsi que la voie ferrée Alexandropol-Djoulfa. Si l'Empire ottoman reconnait l'indépendance de l'Arménie, celle-ci doit renoncer à ses ambitions sur l'Anatolie orientale. La Géorgie doit céder les villes de Batoum, Artvin, Akhalkalak et Akhaktsikha. L’Azerbaïdjan, amputé de Bakou aux mains des Bolcheviks et des Socialistes-Révolutionnaires depuis le mois d’avril, devient un protectorat turc. Ce traité laisse en suspens la question des frontières entre ces 3 États...

La Grippe Espagnole. Cette première pandémie, peu mortelle, qui s'est propagée des États-Unis à l'Europe occidentale atteint un premier apogée en juin 1918. Quasiment tout le monde, soldats comme civils et tous les pays(1) sont touchés. Mais cette première vague, si elle est très contagieuse, n'est pas vraiment virulente. Comme d'habitude pour chaque épidémie de grippe, même maintenant, seuls les plus fragiles, essentiellement des enfants et des personnes âgées en meurent. Fin juin, les services militaires de santé considèrent l'épidémie comme pratiquement terminée. Ils notent qu'elle est de courte durée, un à deux jours d'alitement pour la moyenne des soldats malades, avec des symptômes classiques peu alarmants...

Dans le Monde Politique.

En France. Le 4 juin, à la Chambre et dans une séance agitée, des élus demandent des sanctions contre "les généraux responsables" de la surprise du Chemin des Dames de mai 1918. Le Président du Conseil, Georges Clemenceau, prend la défense du commandement français. Dans un discours enflammé, il proclame "Tant que nous serons là, la patrie sera défendue à outrance... La victoire dépend de nous, si les pouvoirs civils sont à la hauteur de leur devoir... Il reste aux vivants à parachever l'œuvre des morts" et il conclut par cette injonction "Ne cédez à aucun prix". Lors du vote de confiance, il obtient une majorité de 337 voix contre 110. En interne, il approuve grandement les mesures d'éloignement prises par les généraux Ferdinand Foch et Philippe Pétain au sujet du général Denis Auguste Duchêne qui a failli le 10 juin sur le front de l'Aisne. Le 6, le gouvernement signe le décret instituant un "Comité de défense du camp retranché de Paris" sous l'autorité du ministre de la Guerre. Comme la percée des Allemands au Chemin des Dames les amène à 75 km de Paris, Clemenceau est inquiet. Alors le 8 juin il rappelle des Balkans le général Alphonse Guillaumat, un des rares généraux en qui il a une entière confiance, pour venir défendre la capitale. Le général Augustin Dubail qui occupait le poste depuis 1916, atteint par la limite d'âge, 67ans, est élégamment nommé grand chancelier de la Légion d'honneur, poste qu'il occupera jusqu'en 1933. Guillaumat est remplacé par le général Louis Franchet d'Espérey à la tête de l'armée d'Orient...

Tranchée allemande quelque part en France

Officiers allemands en Afrique de l'Est (photo colorisée)

Poilus dans une tranchée sur le front de l'Argonne

Artillerie française dans les Balkans

Territoriaux allemands préposés à la récupération de pièces d'avion pour réutilisation

Cyclistes sikhs en Palestine (photo colorisée)

Le 10, se tient à Marseille le Congrès international de l'essence. On y présente plusieurs produits de substitution et des innovations technologiques dont l'objectif est d'économiser le carburant. Le même jour, après s’être entretenu avec le général Pétain, Clemenceau décide un remaniement de l’état-major. Le 26, devant la progression des Allemands dans la Marne et pour assurer les réquisitions nécessaires selon les besoins des opérations, la ville de Paris et sa proche banlieue sont classées dans la zone des armées. Le 29, sous la pression du gouvernement des USA qui demande qu'on légitime les petites nations, le ministre des Affaires étrangères, Stephen Pichon au nom du gouvernement reconnaît le Conseil national tchécoslovaque de Tomáš Masaryk et promet que la France défendra le droit des Tchèques à l'indépendance. Le 30, à Darney dans les Vosges, le Président Raymond Poincaré remet un drapeau à l'armée tchécoslovaque de France...

Pariser Kanonen ou Grosse Bertha. Depuis le 27 mai, Paris est de nouveau journellement bombardée. Dans la soirée du 6, 44 obus tombent sur la capitale faisant 1 mort et plusieurs blessés. Jusqu'au 11 juin, les canons tirent 104 obus de Beaumont-en-Beine dans le bois de Corbie à 110 km de Paris avant d'être démontés à nouveau et transférés à 15 kilomètres au nord de Château-Thierry, dans le bois de Bruyère-sur-Fère à Fère-en-Tardenois. Là, ils ne sont plus situés qu'à seulement à 91 km de la capitale. Cette position rapprochée entraîne une diminution de la puissance des charges propulsives et, par conséquent, de l'usure des tubes des canons. Le 26, les obus tombent de nouveau sur Paris...

Le lieutenant Georges Painvin. Ce polytechnicien, ingénieur des mines, mais aussi ancien premier prix de violoncelle au conservatoire de Nantes, sa ville natale, était professeur de géologie et paléontologie avant la Grande Guerre. Il n'a aucune formation en cryptologie, mais il se passionne pour ces 'chiffres'. Il se lie d'amitié avec le capitaine Victor Paulier qui lui fait découvrir les télégrammes et les codes de cryptage. Alors, il demande qu'on lui remette des textes chiffrés transmis par les Allemands pour tenter de les décoder. Le 21 janvier 1915, il propose une méthode, le système ARC, qui permet de retrouver la clé employée par les Allemands dans tous leurs messages. Il est immédiatement transféré au 'Cabinet noir', le service du chiffre, poste qu'il occupera jusqu'à la fin de la guerre. En quelques jours, il 'casse' les codes de la marine allemande, puis celui de la marine austro-hongroise, permettant une meilleure chasse des U-Boote par les Alliés. Avec son supérieur, le colonel Henry Ollivari et en deux semaines ils cassent le code ABC de l'armée allemande, puis leur nouveau code KRU. Au printemps 1918, le nouveau code ADFGVX des Allemands est un vrai casse-tête, mais le 5 avril, Painvin parvient de nouveau à le déchiffrer. C'est alors que l'ingénieur et colonel allemand Fritz Nebel complexifie un peu plus ce chiffrage en lui rajoutant la lettre V, et ce au moment même où les Allemands attaquent avec succès sur le Chemin des Dames. Après 26 heures d'un travail acharné, Painvin réussi de nouveau à déchiffrer les messages ennemis et le 2 juin, exténué prêt à s'effondrer de fatigue, il transmet en clair au quartier général de Foch le dernier message envoyé par l'armée allemande à ses généraux. Foch et son quartier général sont alors convaincus de l'imminence d'une grosse attaque sur Compiègne. Ils déplacent des troupes de réserves autour de la ville et les Français repoussent l'attaque. Ce message va devenir historique et prendra le nom du "Radiogramme de la Victoire". Le 10 juillet 1918 Georges Painvin est fait Chevalier de la Légion d'honneur avec la mention "a depuis le début de la Campagne rendu des services exceptionnels aux Armées". Il ne pourra toutefois pas en parler, car les activités du service du chiffre resteront secrètes pendant 50 ans(2)...

En Grande-Bretagne. Le 7 juin, le gouvernement britannique informe la Hollande qu'il ne renonce pas à son droit de visite sur le convoi en destination des Indes Néerlandaises. Du coup, tous les navires restent à quai. Le 12 à Londres, c'est la conférence impériale de Guerre, ses travaux sont toujours tenus secrets. Mais tout laisse à penser qu'ils portent sur le futur partage du Moyen-Orient que les Britanniques considèrent comme leur nouvelle colonie. Le 26, l'ancien Premier ministre russe, Alexandre Kerenski, qui vient d'arriver à Londres, participe aux travaux du parti Travailliste. A cette occasion, il réclame l'appui de tous les partis socialistes européens pour lutter contre les Bolcheviks...

En Irlande. Le 18 avril 1918, à la suite de la mise en place de la conscription en Irlande, le lord-maire de Dublin, Laurence O'Neill, tient une conférence à la mairie de la ville. Un Comité anti-conscription est créé pour élaborer des plans de résistance. Sont présents toutes les sensibilités nationalistes : John Dillon et Joseph Devlin pour le Parti parlementaire irlandais ; Éamon de Valera et Arthur Griffith pour Sinn Féin ; William O'Brien et Timothy Healy pour le parti All-for-Ireland ; Michael Egan, Thomas Johnson et William O'Brien représentent le parti travailliste et les syndicats. Dans la soirée du même jour, les évêques catholiques tiennent leur assemblée annuelle et déclarent que le décret de conscription est une loi oppressive et injuste. Ils appellent tous les Catholiques à résister. Du coup, c'est quasiment tout le pays, à l'exception des loyalistes protestants très minoritaires, qui est mobilisé contre l'enrôlement. Une première réponse est faite en commun par le Comité anti-conscription et les évêques. Ils proposent l'affichage et la lecture d'un manifeste dans chaque paroisse le dimanche 21 avril : "Nous nions le droit du gouvernement britannique d'imposer le service obligatoire dans ce pays, nous nous engageons solennellement à résister à la conscription par les moyens les plus efficaces dont nous disposons". Le mouvement ouvrier, en fait celui qui représente la majorité des hommes qui seraient enrôlés en premier, apporte sa propre contribution. Elle est immédiate. Il organise une grève générale d'une journée, le mardi 23 avril. Ce jour-là, tout s'arrête : dans les champs, dans les chemins de fer, sur les docks, dans les usines, dans les moulins, dans les théâtres, dans les cinémas, dans les tramways, dans les services publics, dans les chantiers navals. La grève est décrite comme "complète et totale, un événement sans précédent en dehors des pays continentaux". Au cours des semaines suivantes, des rassemblements anti-conscription se tiennent dans les grandes villes. Dans le comté de Roscommon au début du mois de juin, 15 000 personnes assistent à une réunion publique, où John Dillon, le chef du parti parlementaire irlandais et Éamon de Valera, le chef du Sinn Féin, se partagent l'estrade et la parole. Cela est d'autant plus remarquable que, tout en partageant des vues nationalistes finalement proches, ces deux partis sont en désaccord complet sur les moyens pour y accéder (légalement d'un coté, plus radical de l'autre). En fait, le mouvement anti-conscription est en train de réunir tous les nationalistes irlandais dans une concrétisation sécessionniste. Du coup, le gouvernement britannique s'inquiète de la tournure des évènements. Pour essayer d'entraver le processus, il ne lui reste d'autre choix que de mettre un homme 'fort' comme Lord lieutenant d'Irlande. Pour cela, il désigne le maréchal John French, le vaincu à la tête du BEF en France en décembre 1915, et cherche une raison pour avoir les moyens juridiques d'emprisonner les leaders de la révolte. Ce sera le "complot allemand". Il débute le 17 mai par l'arrestation de 150 personnalités (Arthur Griffith, Edmond de Valera, le comte Plunkett, etc...), en fait tous ceux qui prônent ouvertement l'indépendance du pays. Dans un livre bleu publié le 24, le gouvernement britannique les accuse d'intelligences avec l'ennemi. Selon ce document, depuis 1914 l'Allemagne fait d'inlassables tentatives pour aider les séparatistes irlandais, en armes et en moyens financiers. Mais ce document de circonstance ne convainc personne, même pas l'opinion publique britannique, encore moins irlandaise. Alors, au lieu de désamorcer la situation, cela ne fait que l'aggraver. Peu étayé, même s'il est vrai qu'avant la guerre l'Allemagne a fourni du matériel militaire aux indépendantistes, le complot allemand fait long feu. Du coup, tous les Irlandais expatriés aux USA et ailleurs, se manifestent pour dénoncer cette parodie d'accusation. Pire, au pays même, cela donne encore plus de poids aux indépendantistes qui élaborent une nouvelle rébellion encore plus pernicieuse, le "Plan Hay". Ce plan est élaboré par Stuart Hay, un ancien capitaine de l'armée britannique, dont les chefs indépendantistes lui demandent de faire une proposition crédible contre la conscription. En bon militaire, pas question pour lui de refuser d'aller faire la guerre, mais au contraire de la faire sous le drapeau tricolore de l'Irlande et non pas sous la bannière de l'Union Jack. Il propose la création, sous le giron de l'Armée français, d'une Légion irlandaise comme le font les Polonais et les Tchèques. Il sait que la France, avec ses millions de blessés, ne manque pas d'armes, ni de matériels, mais de soldats. Donc, elle ne pourra pas refuser ce contingent inattendu de soldats. Pire, il envisage de faire 'transférer' dans cette Légion, les soldats irlandais qui combattent déjà sous le drapeau britannique. Et là, ce sont plus de 250 000 hommes immédiatement opérationnels. Pour les indépendantistes et le pouvoir ecclésiastique, c'est une idée de génie, car l'Irlande peut ainsi se doter d'une armée autonome, ce qui renforcera d'autant l'indépendance réclamée en unifiant le peuple irlandais derrière une armée nationale avec le symbole du trèfle à quatre feuilles. Bien sûr, le gouvernement britannique à vent du plan Hay et il prend peur. D'autant plus que la puissante diaspora irlandaise, surtout celle établie aux USA et qui déteste ouvertement la Grande-Bretagne, va soutenir ce plan. Alors, afin de désamorcer la crise, le gouvernement britannique capitule. Le 21 juin à Londres, le secrétaire aux Affaires étrangères George Curzon déclare que, provisoirement, le service militaire obligatoire ne sera pas appliqué en Irlande. Le 25 juin, Lloyd Georges officialise le retrait de la conscription en Irlande dans son discours aux Communes...

En Belgique occupée. Le 20 juin c'est la parution d'un manifeste du Conseil de Flandres qui fait appel au concours du "peuple frère allemand contre le gouvernement royal de la Belgique…

Aux États-Unis. Le 17 juin, le peintre Bernhardt Wall, le roi de la carte postale patriotique, offre une gravure au Président Woodrow Wilson qui le représente en uniforme. Craignant d'être accusé de militarisme, Wilson refuse de la rendre publique. Le 28, dans un communiqué aux puissances alliées, le gouvernement se déclare en faveur de la libération des peuples slaves opprimés par l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie...

Légion Tchèque en Italie. En comparaison avec la France ou la Russie, l'Italie est dans une position particulière. Elle ne veut pas détruire l’Autriche-Hongrie parce qu’elle a peur du nationalisme croate et slovène en Dalmatie et en Istrie. Son but est d’affaiblir l’Autriche-Hongrie, de prendre le contrôle de la région de Trentin, d'annexer l’Istrie avec Trieste et la Dalmatie. L'Italie ne soutient donc pas la création de la Tchécoslovaquie. Par ailleurs, la minorité tchèque ou slovaque en Italie est très petite, quasi inexistante. La seule possibilité pour former une unité militaire tchécoslovaque est donc de recruter les prisonniers de guerre ou les déserteurs. Le haut commandement de l’armée italienne s'y oppose, arguant que l’usage des prisonniers de guerre pour des buts militaires est contre les lois internationales de la guerre. C’est pourquoi, quand Milan Rastislav Štefánik qui est chargé par le Conseil national tchécoslovaque de créer des unités tchécoslovaques avec des prisonniers en Italie arrive à Rome en 1916, la réponse du ministre des Affaires étrangères Sidney Sonnino est négative...

Ce n’est qu’en janvier 1917 que le "Comité italien pour l’indépendance de la Tchécoslovaquie" est créé. A la fin d'octobre 1917, une Ligue des volontaires tchécoslovaques prend corps avec 3 194 soldats. En février 1918, les volontaires sont libérés du statut de prisonniers de guerre et peuvent être utilisés pour les travaux de génie (constructions de tranchées, de routes et de fortins). Il n'y a, à cette date que 11 200 'travailleurs' dans 7 bataillons. Le 15 avril, les légions tchécoslovaques sont officiellement reconnues par le gouvernement. L'acte de reconnaissance est signé par le ministre des Affaires étrangères Sonnino et par le ministre de la guerre Vittorio Italico Zupelli. Štefánik le signe pour la Tchécoslovaquie. Les légions sont alors rapidement armées et dès le 26 avril 4 régiments sont créés, chacun avec 3 bataillons, sous le commandement du général italien Andrea Graziani. Le 25 mai, au troisième anniversaire de l’entrée de l’Italie dans la guerre contre l’Autriche-Hongrie, le colonel Štefánik remet solennellement, à Rome, devant le monument à Victor-Emmanuel II, le drapeau de l'unité au général Graziani. En juin, le roi Victor-Emmanuel III est présent lors du défilé militaire des légions tchécoslovaques à Orgiano, et confirme par sa présence le récent soutien de l'Italie à la cause tchécoslovaque. Les premières unités sont déjà au front et quelques compagnies participent courageusement aux combats près du lac de Garde lors de l'offensive du 15 juin(3). Le premier ministre italien Vittorio Orlando envoie à cette occasion un télégramme de félicitations à Tomáš Masaryk, président du Conseil national tchécoslovaque à Paris. Le recrutement des soldats parmi les prisonniers continue jusqu'à la fin de la guerre. En 1919 les légions tchécoslovaques en Italie comptent 60 000 hommes, qui seront transportés vers leur patrie libérée pour la formation de la nouvelle armée de la Tchécoslovaquie...

En Allemagne. Le 7 juin à Berlin, le gouvernement informe les Russes qu'il refuse d'évacuer les territoires envahis. Le 21, c'est la discussion au Reichstag du traité de paix avec la Roumanie. Le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, Richard von Kuhlmann, partisan d'une paix de compromis, essaie de provoquer des négociations secrètes avec William Tyrrell, le chef du Service de renseignement politique britannique. Il envisage une rencontre aux Pays-Bas pour préparer une fin supportable à une guerre qu'il n'estime plus devoir être victorieuse. Dans son discours au Reichstag le 24 juin, Kuhlmann déclare "la fin de la guerre ne peut être obtenue par des décisions militaires seules", il précise que "si les Alliés énumèrent leurs conditions de paix, les Empires Centraux sont prêts à les entendre". Ses doutes, ouvertement exprimés sur une victoire purement militaire, et son allusion à un compromis avec le Royaume-Uni par voie de négociation, le fait désigner comme traitre par le haut état-major. L'empereur Guillaume II, qui a d'abord accueilli l'idée avec bienveillance, la rejette sous la pression du haut état-major et demande sa démission. Il sera remplacé dans son poste le 9 juillet par Paul von Hintze, un pangermaniste convaincu...

En Autriche-Hongrie. Le 7 juin, pour se conformer aux accords de Spa du 12 mai, une rencontre politico-commerciale informelle se tient à Salzbourg en Autriche. Les Allemands arrivent divisés, ils sont surtout inquiets du déséquilibre financier entre les deux monnaies, entre le Mark et la Couronne austro-hongroise qui ne vaut plus grand chose. Malgré cela, Hans Karl von Stein, ministre prussien du commerce, voudrait une union douanière globale entre les deux pays. Ce que refusent tous les autres ministres allemands ainsi que le directeur de la banque centrale allemande. Face à cette division, Stephan Burián von Rajecz, alors ministre austro-hongrois des affaires étrangères, envisage les négociations à venir avec une très grande prudence, du moins dans les entretiens avec son homologue allemand Richard von Kuhlmann, prévus  pour les 11 et 12. Lors de ces réunions, les représentants austro-hongrois exposent implicitement leur intention de vider les accords du 12 mai de son volet commercial et substituer des accords douaniers préférentiels à une union douanière entre le Reich et la double monarchie...

Malgré la reddition de la Roumanie, le rationnement des vivres perdure, ce qui provoque de nombreuses grèves. En fait, depuis un an elles n'ont jamais cessé, surtout à Vienne. Plus grave la famine se pointe en Autriche même. Le 5 juin à Budapest, le Premier ministre hongrois, le comte István Tisza commente, à la diète hongroise, le resserrement de l'alliance austro-allemande. Le 24 à Vienne, le ministre-président, Ernst Seidler von Feuchtenegg, présente une nouvelle fois sa démission. Elle est de nouveau refusée par l'empereur Charles Ier...

En Bulgarie. Le 16 juin à Sofia, le libéral pro-russe Alexandre Malinov succède au libéral, mais pro-allemand, Vasil Radoslavov à la présidence du Conseil et aux Affaires étrangères. Le 30, devant les attaques grecques en Macédoine, le gouvernement demande par la voie officielle que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie déclarent la guerre à la Grèce...

En Russie. Le processus d'émiettement du pays Se poursuit. Le 1er juin, c'est au sud de l'Ukraine, que se forme une nouvelle république qui se dote d'un gouvernement Criméen-Tartare et qui prend Sébastopol pour capitale. Le 5, la province du Don, à l'ouest de l'Ukraine, se proclame république indépendante. Selon une rumeur, l'ambassadeur allemand à Moscou, Wilhelm von Mirbach, aurait proposé 3 millions de marks à des hommes politiques russes pour empêcher le gouvernement soviétique de passer dans le camp des alliés. Le 14, le gouvernement bolchevique conclut un armistice avec l'Ukraine de Pavlo Skoropadsky. Le 17, la rumeur enfle, ce serait maintenant plus 40 millions de marks qui auraient été mis à la disposition du gouvernement soviétique par le ministre des finances allemand pour que la Russie reste en dehors du conflit. A partir du 20, l'industrie pétrolière, puis le 28 toute les grandes industries : mines, métallurgie et textile, sont nationalisés sans compensation. Le 30, pour éviter sa désintégration, le soviet de Mourmansk accepte de coopérer avec les forces alliées débarquées et de ce fait la population locale peut profiter d'une partie du ravitaillement alimentaire amené par les Franco-Britanniques...

Négociations Russo-Allemandes. Alors que le Reich s'épuise de plus en plus dans de vaines offensives, ses négociateurs se montrent rapidement plus conciliants envers les demandes formulées par leurs homologues russes. Grâce à la Roumanie, les Allemands proposent de ravitailler la Russie bolchevique en céréales, en charbon, en fer et en pétrole. Les liaisons ferroviaires entre les territoires caucasiens et la Russie sont promises à un rapide rétablissement. Sur le plan politique, l'accord prévoit de fixer définitivement les frontières russes selon le tracé décidé à Brest-Litovsk, ce qui oblige la Russie à reconnaître l'indépendance de la Lituanie, du Duché de Courlande, de l'Ukraine et de la Géorgie. En échange de cette reconnaissance, les Allemands s'engagent à faire restituer Bakou alors aux mains des socialistes arméniens à la Russie, contre la garantie de la livraison d'un tiers du pétrole produit dans cette région. Enfin, ces clauses obligent les Allemands à remettre en cause le soutien qu'ils apportent aux Armées blanches des généraux Piort Krasnov et de Mikhail Alekseïev. Il n'échappe cependant pas à Adolf Joffe, le principal négociateur russe, que la conclusion de l'accord sur les bases proposées par les Allemands renforcerait le contrôle économique du Reich sur la Russie, déjà important avant la guerre.

La Famille Impériale. Fin juin, la garde des prisonniers est changée. C'est un Bolchevick de toujours, Iakov Iourovski, membre du comité exécutif du soviet de l’Oural et surtout membre du collège de la Tcheka qui remplace l'ancienne garde. Nicolas II écrit dans son journal le 21 juin "On nous a changé la garde du commandant Alexandre Avdeïev, si désagréable. Il est remplacé par Iourovski... Il nous a pris nos bijoux… et nous les a rapportés dans une boîte qu’il a cachetée en nous priant d’en vérifier le contenu. Puis il nous l’a remise en garde… Iourovski a compris que les gens qui nous entouraient gardaient pour eux la plus grosse partie des provisions qui nous étaient destinées…". Si Iourovski est russe, ses soldats ne le sont pas, ce sont des étrangers, des Autrichiens, des Hongrois, des Lettons, tous très peu instruits, sans une connaissance approfondie du russe, ils n'échangent quasiment jamais avec les prisonniers et ne cherchent même pas à les comprendre...

En Ukraine. A la fin du mois, des insurrections éclatent à Kiev, mais aussi dans de nombreux endroits contre les réquisitions opérées les Allemands. Le gouvernement de Pavlo Skoropadsky qui collabore avec les allemands commence à se faire détester...

Les Troupes Tchèques et Slovaques en Russie. Elles ne restent pas inactives depuis la prise de Syzran le 30 mai. Elles s'emparent d’un territoire très vaste dans l’Oural et la Sibérie, elles prennent la ville de Troïk, où elles perpètrent un massacre. Le 8, elles occupent Samara au bord de la Volga non loin de la frontière avec le Kazakhstan. Les soldats tchèques installent au pouvoir des Socialistes révolutionnaires antibolcheviques qui forment un gouvernement local appelé le Komutch. Partout où elles s'installent, elles mettent en place ou appuient des gouvernements locaux antibolcheviques comme les Alliés le réclament. Elles s'emparent aussi des principales gares de la voie de chemin de fer entre la Volga et Vladivostok. Le général Anton Dénikine, chef des armées blanches du Sud, est bien conscient du rôle crucial que réalise cette armée en déshérence dans la situation du pays. Il écrit "Au delà de la Volga, dans l’Oural et en Sibérie, la lutte contre le pouvoir soviétique se déploya largement à une échelle correspondant aux immenses espaces de l’Est. C’est le soulèvement des Tchécoslovaques qui donna la principale impulsion. Le rôle que joua au début le corps de troupes tchécoslovaques de 30 000 à 40 000 hommes sur le plan militaire et stratégique illustre concrètement la totale impuissance dans laquelle se trouvait le gouvernement soviétique au printemps et à l’été 1918". Mais le comportement des soldats tchèques et slovaques vis à vis des populations locales est épouvantable. Ils pillent toutes les ressources alimentaires et font partir au moins 250 trains de marchandises volées vers Vladivostok. Le 29, une partie des soldats arrive enfin à Vladivostok où ils s'allient au gouvernement d'occupation anglo-japonais qui contrôle déjà la ville et le port. Leur rapatriement vers l'Europe est envisagé, mais il sera très long à venir...

En Hollande. Depuis des années les Néerlandais espèrent la réalisation d'un grand projet qui permettrait de maîtriser leur fantasque et très dangereuse mer intérieur, le Zuiderzee. Ils espèrent depuis plus de 10 ans, la construction d'une immense digue pour la séparer de la Mer des Wadden, une autre mer intérieure qui elle communique directement avec la mer du Nord. L'assèchement du Zuiderzee permettrait aussi de construire de nombreux polders. D'autant plus qu'avec sa démographie galopante, les Pays-Bas ont un grand besoin de terres cultivables et aussi de terrains constructibles. Ce n'est qu'à la suite des inondations catastrophiques de 1916, que le parlement approuve le projet de l'ingénieur hydraulique et homme d'État Cornelis Lely qui est aussi le ministre des Transports. Il faudra près de 15 ans pour réaliser ce barrage long de 32 kilomètres, large de 90 mètres dans sa partie supérieure et de 180 mètres au fond de la mer...

Le 8 juin à la Haye, se tient une conférence anglo-allemande pour l'échange de prisonniers sur la base des accords que la Croix-Rouge a négociés en Suisse avec les belligérants...

En Argentine. Depuis plus deux mois qu'elle a commencé, la révolte étudiante gronde toujours. Le 15 juin, la Fédération universitaire de Córdoba lance un manifeste qui remet en cause totalement le fonctionnement de l'université. Il commence par une condamnation "Notre régime universitaire est anachronique. Il est fondé sur une sorte de droit divin : le droit divin du professeur". Depuis avril, le président Hipólito Yrigoyen, vieux routier de la politique et son gouvernement font du replâtrage en proposant une réforme superficielle, qui a surtout pour objet de sauvegarder l’essentiel des structures traditionnelles. Le monde étudiant n'est pas dupe, et toujours le 15, les universitaires de Cordoba expulsent le recteur, proclament la grève générale et occupent les locaux(4). Du coup, le manifeste devient un objet de revendication révolutionnaire. Il se propose d’extirper des universités "l’archaïque et barbare concept de l’autorité" et déclare que "Le démos(5) universitaire, la souveraineté, le droit d’autogouvernement, résident principalement chez les étudiants". Il est complété le 21 juin par "Nous, les membres de la république libre, venons de briser le dernier maillon de la chaîne qui au XXème siècle nous attachait encore à la vieille domination monarchique et monacale. Nous avons décidé d’appeler toutes choses par leur nom. La ville de Córdoba s’est rachetée. A partir d'aujourd’hui notre pays compte une honte de moins et une liberté de plus. Les misères restantes sont les libertés dont nous sommes encore dépourvus. Nous ne pensons pas que nous nous décevions, car nos cœurs nous le disent. Nous sommes en train de faire une révolution, et nous vivons une heure vitale pour l’Amérique". Ces prises de position, évidemment contraires aux idées de l’époque, sont passivement tolérées par le gouvernement Yrigoyen. Ce dernier, qui appartenait à la lignée des démagogues paternalistes et roublards, espère que le mouvement étudiant finira par se déconsidérer par ses excès et se délitera dans une impuissante logomachie. Mais c'est le contraire qui se produit, les étudiants restent très sages et tout autant fermes. Du coup, le manifeste rencontre un écho favorable dans les milieux politiques, à tel point que le 7 octobre 1919, un décret du président Yrigoyen le reprend presque intégralement. Les dispositions sont appliquées aussi aux autres universités argentines, mais surtout, le manifeste de Córdoba se diffuse dans toute l’Amérique latine et contribue à un renouvellement des luttes politiques...

En Afrique du Sud. Malgré la dureté des temps d’alors avec les lois martiales réprimant toute réaction ou mouvement de protestation, une vague de grèves sans précédent submerge le pays. Elles réclament essentiellement des augmentations de salaire. Elles rassemblent des ouvriers blancs, métis et de couleur. A Johannesburg, pendant la grève des éboueurs, le juge McFie ordonne de mettre en prison 152 ouvriers municipaux noirs tout en leur enjoignant de continuer "d’effectuer le même travail qu'auparavant mais sous surveillance d’une escorte armée", les Africains, mais aussi les progressistes blancs, sont outragés. En réaction, l'organisation noire TNT (Transvaal Native Congres, ancêtre de l'African National Congress dit ANC) appelle à un rassemblement de masse des ouvriers africains dans cette ville le 10 juin. La répression sera féroce, on comptera des centaines de morts, surtout dans les mines où de nombreux grévistes disparaissent mystérieusement(6). Le 5, c'est la fondation à Johannesburg de l'Afrikaner Broederbond (Ligue des frères afrikaners). C'est une organisation fraternelle secrète, mais aussi une société d'entraide. Elle est dédiée à la promotion des intérêts de la communauté des sud-africains blancs qui sont d’origine néerlandaise, française, allemande ou scandinave et qui s’exprime dans une langue dérivée du néerlandais du XVIIème siècle l’afrikaans. Cette organisation secrète est particulièrement impliquée dans la montée du nationalisme afrikaner et dans la réflexion sur la mise en place du dogme de l'apartheid par le Parti national après la deuxième guerre mondiale...

A Haïti. Depuis le 27 juillet 1915, la marine des États-Unis occupe le pays. Il est alors codirigé par un président haïtien fantoche et le général US qui commande les forces d'Occupation ainsi que la Gendarmerie nationale composée de forces locales. Mais l'Assemblée nationale refuse d'approuver le projet de Constitution proposé par les USA (rédigé, selon certaines sources, par Franklin Roosevelt, alors secrétaire d'État à la marine). Le mercredi 12 juin, le projet de Constitution est finalement approuvé lors d'une consultation populaire totalement truquée qui donne 98 294 'Oui' contre 769 'Non'. Cette Constitution est d'inspiration libérale. Mais durant la longue révolte paysanne contre l'occupation, le seul article appliqué fut l'article spécial qui garantit l'impunité aux forces US et à leurs agents haïtiens. Un Conseil d'État dont les membres sont nommés par le Président, remplace le Sénat. Et ce sont les USA qui désignent le Président du pays ! Le traité du 16 septembre 1915 est l'instrument juridique de cette occupation. Il place les finances haïtiennes sous le contrôle d'un conseiller financier "proposé" par le président des États-Unis. Les droits de douane sont perçus directement par un Receveur général, également proposé par le président des États-Unis, pour assurer le remboursement de la dette d'Haïti à l'égard des banques US et aussi pour financer la gendarmerie haïtienne. Cette dernière est encadrée par des officiers US plus spécialement chargés de réprimer les révoltes suscitées par l'imposition de la corvée. C'est seulement le 21 août 1934 que le président haïtien Sténio Vincent obtiendra du Président Franklin Roosevelt la fin de l'Occupation...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 10 juin, dans le 12ème arrondissement de Paris c'est la naissance d'Henriette Rangon, dite Patachou. Après divers métiers, un mariage et un divorce, elle ouvre en 1948 avec son deuxième mari, Arthur Lesser, une pâtisserie à Montmartre qu'elle nomme Chez Patachou. Entreprenante, elle transforme vite l'établissement en un restaurant où elle engage un accordéoniste pour faire de l'animation. Comme elle a une belle voix et adore chanter, elle attire vite le succès. Du coup les journalistes parisiens la surnomment comme son restaurant Patachou qui devient cabaret par la même occasion. Jacques Brel, puis Gorges Brassens y assurent le spectacle pendant des années. Pour elle, Brassens compose Le Bricoleur ainsi que Maman-Papa qu'ils chanteront en duo. Elle se lance alors dans des tournées, devient actrice pour le cinéma, le théâtre et la télé. Officier de la Légion d'honneur en 2008, elle s'éteint le 30 avril 2015 à son domicile de Neuilly-sur-Seine, à l'âge de 96 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise à Paris...

Sur le Front des Combats.

Conseil Supérieur de la Guerre. Lors de la réunion du 1er juin, pendant que les armées allemandes prennent Château-Thierry mais échouent à conquérir Reims, David Lloyd George, Georges Clemenceau et Vittorio Emanuele Orlando demandent au président Woodrow Wilson l'accélération de l'envoi de troupes en Europe. Les expéditions de Vladivostok, Mourmansk et d'Arkhangelsk sont évoquées, mais cruellement à court de troupes, les Britanniques et les Français demandent au président des États-Unis une nouvelle fois de l'aide pour intervenir en Russie. Pour l'instant, Wilson ne répond pas, mais son Département de la guerre est farouchement contre. Les Alliés se déclarent favorables à la création d'un état Polonais indépendant ayant un libre accès à la mer. Le Conseil exprime sa sympathie au Conseil yougoslave, mais aucun État ne lui accorde de reconnaissance officielle. Les Alliés avisent le gouvernement bolchevik que la Légion tchèque se trouve désormais placée sous leur protection. Dans son communiqué final, le Conseil déclare "Nous mettons l'ennemi en échec et, le temps venu, nous le battrons"...

Pour rester au plus près de la réalité du front, le Grand Quartier Général des Armées Alliées, quitte le 1er juin Sarcus dans la Somme où il s'était installé le 7 avril, pour Mouchy-le-Châtel. Il ne reste pas longtemps dans l'Oise par crainte d'une invasion allemande et 4 jours plus tard il va s'installer à Bombon dans la Seine-et-Marne. Le 17, Pétain refuse de prêter plusieurs régiments de son armée aux Britanniques comme le lui ordonne Foch. Il en appelle directement au gouvernement français. Clemenceau lui ordonne d'obtempérer immédiatement sous peine d'être relevé de ses fonctions comme le général Duchêne. La menace porte, Pétain se soumet...

Le 23, Clemenceau et des représentants alliés se rendent au Grand Quartier Général du général US John Pershing à Chaumont dans la Haute-Marne. L'essentiel de la réunion porte sur le nombre de soldats étasuniens attendus en France au printemps 1919. Entre 80 à 100 nouvelles divisions sont espérées...

Sur le Front en France et en Belgique. Début juin, Pétain s'interroge sur le lieu de la prochaine attaque allemande. Ceux-ci disposent maintenant de 210 divisions dont 55 fraîches ou reconstituées. L'aviation alliée a repéré des pontons, des barges et des ponts flottants sur la Marne. Contrairement à avril, Foch et Pétain sont maintenant bien renseignés. Les reconnaissances profitent pleinement de la supériorité aérienne des Alliées et les messages codés allemands sont correctement interprétés. Pour prévenir l'attaque probable des 33 divisions du général Oskar von Hutier et les 35 divisions du général Max von Boehn vers le sud, Pétain place deux armées au sud de la Marne dont la 9ème du général Antoine de Mitry. Foch, est plus offensif. Il prévoit de lancer la 5ème armée du général Joseph Micheler pour dégager Reims et la 10ème du général Paul Maistre sur le flanc de la poche de Château-Thierry en direction de Soissons. Le 1er juin la ville de Château-Thierry, abandonnée sans combat par les Alliées pour éviter sa destruction complète, tombe aux mains des Allemands. Paris n'est plus qu'à 60 kilomètres. Mais ce sera la dernière victoire allemande vers la capitale française, car l'attaque commence à s'essouffler. Pour ravitailler le front de la Marne les Allemands ne disposent que d'une liaison ferroviaire, en plus elle est à voie étroite, ce qui est nettement insuffisant...

Belleau Wood ou la bataille du Bois Belleau. Cette bataille se déroule dans le bois située au sud-ouest du village de Belleau dans l'Aisne, tout près de la Marne, entre le 1er et le 26 juin. Elle oppose une unité de la 2ème division US, composée d'un régiment d'infanterie et de la 4ème brigade de Marines (fusiliers marins). Tous ces soldats sont placés sous le commandement du général James Harbord...

L'as italien, le général Francesco Baracca qui sera tué le 19 juin

Chambre de lancement des torpilles dans l'UB-110

Soldats étasuniens se dirigeant vers la douche

Chars Renault FT-17 à Meudon pour la formation des servants

Le navire hôpital canadien Llandovery Castle coulé par l'U-86 le 27 juin

Manifestation de grévistes en Afrique du Sud

Le petit mais très efficace char Renault FT-17

Matelots sur les ballasts du sous-marin français Amarante

Le Russe Alexandre Kerenski en exil à Paris en compagnie de son secrétaire

Munitionnettes préposées au chargement des obus en Grande-Bretagne (photo colorisée)

Le front très compliqué du Caucase

Ensemble ferroviaire sous contrôle allemand détruit dans les Ardennes

Berlinoises en attente de ravitaillement

Après le bombardement du 1er juin à Paris

Poste canadien de DCA dans la Somme (photo colorisée)

Service des fractures à l'hôpital de Froidos dans la Meuse,

Artilleurs US en formation au camp Zachary Taylor (Kentucky, USA)

Un "nettoyeur de tranchée" italien

Poste de premiers secours sur le front de la somme (photo colorisée)

Soldats italiens sur le front de la Marne

Soldats français dans la Marne

Le croiseur austro-hongrois Szent István prêt à sombrer

(1) Si l'origine exacte de la pandémie de grippe de 1918 reste toujours très controversée, ses conséquences le sont tout autant. Dans les pays occidentaux et en Océanie les statistiques des décès sont plus ou moins fiables, au moins jusqu'à la fin de 1919. Mais c'est loin d'être le cas pour l'Asie (y compris la Russie), l'Amérique du Sud et l'Afrique. Du coup, les chiffres de la pandémie vont de 20 à 100 millions de morts.

(2) A la sortie de la guerre, Georges Painvin reprend ses cours de paléontologie. Puis il commence une carrière très fructueuse dans la banque et l'industrie. Aux industries électrochimiques d'Ugine en 1922, il met au point les procédés de fabrication des aciers inoxydables. Comme Président du Crédit commercial de France de 1941 à 1944, il sera accusé de collaboration après la deuxième guerre mondiale. Ce n'est qu'en 1967 qu'il rencontre l'inventeur du code allemand ADFGVX, le colonel Fritz Nebel, qui est tout surpris de savoir que son code avait été cassé dès les premiers jours de juin 1918. Dans son livre, le 'cryptologue' l'étasunien Herbert Yardley écrit "Le capitaine Georges Painvin, le plus grand expert en code qu'ait eu la France, génie analytique de premier ordre, avait une manière de résoudre les messages cryptés qui tenait de la sorcellerie". Le 19 décembre 1973, Painvin est élevé au grade de Grand Officier de la Légion d'honneur et il décède à Paris le 21 janvier 1980 à l'âge de 93 ans.

(3) Sur le front d'Italie, 46 légionnaires tchèques sont faits prisonniers par les austro-hongrois. Comme citoyens austro-hongrois, ils sont jugés par un tribunal militaire pour haute trahison et condamnés à la peine de mort par pendaison. La sentence est exécutée immédiatement. Après la guerre, en 1920-1921, leurs restes sont exhumés, transportés à Prague et ensevelis, avec les honneurs militaires, au cimetière de Prague-Olšany.

(4) L’anniversaire du 15 juin 1918, cette "journée d’avènement de l’Université nouvelle" est encore fêtée chaque année dans toute l’Amérique latine.

(5) Démos en Grec veut dire peuple et il est à l'origine du mot démocratie.

(6) En juin 1918, la Transvaal Native Congres (TNT) innove car c'est la première fois qu'une organisation politique noire est impliquée dans un mouvement social. C’est certainement une des raisons qui explique le fait que cette fraction nationaliste ait pu par la suite avoir une influence au sein de la classe ouvrière noire.

(7) La bataille du bois Belleau est devenue l'événement fondateur de la réputation des Marines. Leurs chefs envoient chaque année une délégation pour le Memorial Day, ainsi que pour la célébration nationale de l'indépendance des États-Unis le 4 juillet. En hommage aux soldats qui ont combattu dans ce bois, en 1943 un porte-avions US prendra le nom de Belleau Wood et il s'illustrera dans la guerre du Pacifique. Le 5 septembre 1953, sous le nom de Bois Belleau, il passe sous pavillon tricolore jusqu'au 12 septembre 1960 où il est rendu à la marine US, pour être démantelé. De 1978 à 2005, un porte-hélicoptères d'assaut, basé à Sasebo au Japon et affecté à la flotte du Pacifique, va de nouveau porter le nom de Belleau Wood...

(8) Cette quasi impunité des U-Boote près des côtes d'Amérique du Nord va se renouveler en 1942, après l'entrée en guerre des USA contre l'Allemagne. D'abord, le black-out n'est pas appliqué par les villes côtières ce qui permet aux submersibles ennemis de se diriger très facilement, les navires circulent tous leurs feux allumés et les gardes-côtes US ne sont pas équipés pour la lutte anti-sous-marine. De janvier à août 1942, c'est carrément un tir aux pigeons pour la marine allemande qui en profite pour couler 609 navires, dont 400 tankers contre la perte de 22 sous-marins. Les Allemands appelleront cette période "Les temps heureux" ou "période dorée". Cette désinvolture met Winston Churchill en colère et il qualifie la côte atlantique des USA de 'U-Boote Paradise'.

(9) Selon la Convention de La Haye sur les lois de la guerre, un navire ennemi a le droit d'arrêter et de fouiller un navire-hôpital, mais pas de le couler. L'U-86 n'a fait aucune tentative pour fouiller le navire, avant de le torpiller. En 1921, le cas du Llandovery Castle est l'un des six cas britanniques présentés aux procès de Leipzig sur les criminels de guerre allemands. Le lieutenant Helmut Brümmer-Patzig n'est pas retrouvé et n'a donc jamais été traduit en justice. Il reprend du service pendant la deuxième guerre mondiale jusqu'à l'armistice de 1945 et il meurt tranquillement dans son lit le 11 mars 1984. Ses deux officiers subalternes, Ludwig Dithmar et John Boldt, sont jugés, reconnus coupables et condamnés à 4 ans de travaux forcés. Avec l'aide de militaires allemands, ils parviennent à s'enfuir avant leur incarcération, on ne retrouvera pas leur trace dans une Allemagne en pleine décomposition sociale.

(10) Si Bakou meurt de faim, Tsaritsyne, la grande ville sur la Volga cernée par les armées Blanches en est au même point. En détournant le ravitaillement prévu pour Bakou, Joseph Staline sauve sa population d'une famine assurée. C'est pour cette raison que, lors de la grande vague de 'renommage' des villes aux noms des dirigeants bolcheviks en 1925 elle prend naturellement le nom du dictateur qui ne cesse de la cajoler en la dotant de nombreuses industries. C'est aussi pour cette raison que dans sa folie expansionniste Adolf Hitler va tout mettre en œuvre pour la conquérir à partir de l'été 1942. Après une bataille à la Verdun qui va durer plus 6 mois, les armées allemandes vont subir une défaite qui fait date dans l'histoire du monde. En 1961, dans le cadre de la déstalinisation lancée par Nikita Khrouchtchev, la ville prend le nom de Volgograd (Ville de la Volga). Cette décision reste sujette à polémique en raison du passé glorieux de la ville et il y eut une proposition sérieuse de rétablir le nom de Stalingrad pendant le court mandat de Konstantin Tchernenko, en 1985. Il existe toujours un fort engouement local pour un retour au nom de Stalingrad, et des propositions font leur apparition de temps à autre, jusqu’ici toujours refusées par le gouvernement russe. En janvier 2013, la ville annonce revenir au nom de Stalingrad de façon exceptionnelle pour une durée d'un jour, commémorant les 70 ans de la bataille de Stalingrad.

Soldats italiens dans un glacier des Alpes

Acheminement d'un obusier sur le front italien

Blessés sénégalais dans l'attente d'un transport vers l'arrière

Officiers polonais, britanniques et belges sur le front en Belgique (photo colorisée)

Défilé de soldats grecs devant le général Franchet d'Esperey dans les Balkans

Pont de bateaux austro-hongrois sur le Piave en Italie

Équipages des appareils du premier bombardement US en France

Soldats allemands dans un match de foot

Soldat italien en famille (photo colorisée)

Quelle folie la guerre !

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Guy

C'est l'Écho de juillet-août qui relate les évènements de mai et juin 1918 à Barbentane...

Écho de Barbentane de juillet-août 1918

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de juillet-août 1918 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Avion allemand abattu sur le front franco-belge

A Conty dans la Somme, vache fabriquée par la section de camouflage

Carte du front italien en juin