BARBENTANE

en Mai 1918

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L'approche allemande est correctement masquée aux reconnaissances aériennes alliées, d'ailleurs très faibles tant le temps n'est pas favorable. Par contre, les Allemands concentrent l'essentiel de leur reconnaissance sur les emplacements d'artillerie alliés afin de pouvoir les neutraliser le jour de l'attaque...

Après la fausse alerte du 20, informé par des déserteurs, Duchêne est plus ou moins au courant qu'une faible attaque de diversion doit avoir lieu dans son secteur mais sans avoir de certitude sur sa date ni sur son lieu exact...

Le 27 mai, à 1h00, plus de 1 000 canons de gros calibre appuyés par 3 000 autres de moindre importance, avec une forte proportion d'obus au gaz, font tomber un déluge de feu et des miasmes mortels sur les tranchées franco-britanniques entre Vauxaillon et Reims. L'artillerie alliée complètement détruite dès les premiers coups de canon ne peut pas riposter. A partir de 3h40, sous la protection d'obus fumigène, les troupes d’assaut allemandes franchissent l’Ailette. Les défenseurs totalement livrés à eux-mêmes, sans le moindre point d'appui ni le moindre espoir de recevoir des renforts, se battent comme ils peuvent. A 4h30, Duchêne comprend la gravité de la situation et fidèle à son choix de livrer bataille sur sa première position, décide d'envoyer 11 bataillons en renfort. Mais ces renforts n'arriveront jamais. Ils sont détruits ou cloués au sol dans l'impossibilité de progresser tant les bombardements sont précis et nombreux. Entre 5h et 7h, la totalité des troupes allemandes occupe le sommet des lignes de crêtes du Chemin des Dames. Une fois cette ligne de défense franchie, les troupes d'assaut se ruent vers les pentes sud du plateau. A 6h, Craonnelle est prise. A 7h, la 22ème division d'infanterie du général Georges Renouard réduite à l'état de fantôme, réclame de l'aide ce qui affaiblit d'autant la maigre seconde ligne de défense. A 8h30, Duchêne ordonne de se préparer à détruire les ponts sur l'Aisne. Mais il est trop tard, l'avance allemande est tellement rapide que les sapeurs n'ont pas le temps de placer les charges explosives. A 9h30, l'état-major réitère l'ordre de mise à feu mais les ponts ainsi que les passerelles sont depuis longtemps tombés intacts aux mains des Allemands ! Totalement submergées par la supériorité numérique et tactique des Allemands, des grappes de défenseurs isolés se battent avec acharnement et parfois parviennent à ralentir l'avance des assaillants, comme sur le saillant de Vauclair qui résiste pendant 45 minutes. A partir de 10h00, les assaillants atteignent l’Aisne à Soupir dont les ponts n’ont pas été détruits, puis la Vesle à Bazoches. Complètement submergés, les Franco-Britanniques ne réagissent pas ou si peu. A midi la ligne de l'Aisne est enfoncée et vers 20h, le front se situe sur la Vesle...

Le 28, devant l'incapacité des Alliés de reformer un front sur la Vesle, avec l'aval de Foch, Pétain écarte Duchêne, et prend le commandement ainsi que la direction tactique des opérations. Il donne l'ordre aux unités engagées de reculer pour venir se positionner sur la Marne, et de se battre comme en 1914. L'attaque allemande se poursuit avec succès, elle force la ligne de la Vesle sur 13 km entre Braine et Courlandon. A son tour, le 9ème corps d'armée britannique cède dans la région de Bouvaincourt. Les Allemands sont étonnés par la facilité avec laquelle ils progressent. Alors, le Grand Quartier Général décide d’exploiter la percée et de faire de cette action au départ secondaire, la grande bataille du printemps. De nouvelles troupes fraîches sont acheminées de la Somme pour renforcer les divisions engagées. En fin d'après-midi, les Allemands ont progressé de 16 à 20 kilomètres au centre de l'offensive. A ce moment, le 2ème bureau français évalue à 65 divisions les réserves allemandes, Ludendorff a les moyens de prendre Paris !!! En fin de journée la brèche est élargie et Soissons est condamnée...

Le 29, malgré de fortes résistances françaises dans ses faubourgs, la ville de Soissons tombe quasi intacte aux mains des Allemands. Toutefois, l'offensive est contenue sur les ailes. A l'est sur la Montagne de Reims, à l'ouest sur les plateaux du Soissonnais. Mais son centre est un trou béant par où s'engouffrent les troupes du général Boehn qui prennent relativement facilement Fère-en-Tardenois. Au Grand Quartier Général Français, le général Foch hésite à donner toutes ses réserves à Pétain...

Le 30, 7 divisions allemandes atteignent la Marne entre Chartrèves et Dormans. Le général français Louis Franchet d'Esperey regroupe toutes les unités disponibles pour en défendre le franchissement et accepte l'aide du Général US John Pershing qui lui propose deux divisions encore en instruction(4). Aussitôt les soldats de la 2ème division US, sous les ordres du général James Harbord, se mettent en position au bois Belleau. Ces 26 665 hommes, dont 1 063 officiers, reçoivent l'ordre de constituer une ligne de défense solide dans le secteur de Château-Thierry. De son côté, Foch commence à faire monter les réserves vers la Marne.

Le 31, Ludendorff engage 30 nouvelles divisions, non pas sur la Marne, mais sur l'axe Soissons/Villers-Cotterêts. La situation des Alliés devient très périlleuse car les Allemands ont les moyens d'arracher une victoire décisive. Au sud-ouest de Soissons, la bataille s'engage à Vauxbuin et à Courmelles défendus par la division d'infanterie marocaine du général Albert Daugan. C'est dans le secteur de Chaudun que les premiers chars Renault FT-17 du 201ème régiment d'artillerie sont engagés. Ils surprennent les Allemands par leurs facilités de manœuvre, mais plus encore les fantassins français qui les accompagnent, par l'abri qu'ils procurent contre les balles des mitrailleuses. Dans la partie est de l'offensive, la 5ème armée livre de furieux combats jusque dans les faubourgs de Reims. Des coloniaux, des marsouins métropolitains et des tirailleurs sénégalais, de l'armée d'Afrique défendent la ville sans céder de terrain, gardant ainsi inviolé ce saillant, charnière du front français...

Dans la Guerre Aérienne. En Allemagne, c'est la première sortie du Junkers J-10, le dixième appareil construit dans l'usine de Dessau-Roßlau en Saxe-Anhalt. C'est un monoplan biplace entièrement métallique créé spécialement pour assurer des attaques au sol. Il est armé de deux mitrailleuses, une manœuvrée par le pilote tire vers l'avant, l'autre mobile à 360° est utilisée par le passager à l'arrière. A peine 43 appareils seront livrés avant l'armistice, et ils ne pèseront pas dans la guerre...

Comme toujours, dès que le temps le permet, les activités aériennes d'attaques et de bombardements se poursuivent. Les Alliés ne cessent de pilonner tous les arrières allemands pour désorganiser les transports et les installations nécessaires pour l'aviation. Sur toute la ligne de front, gares, dépôts ferroviaires, positions d'artilleries, cantonnements, usines et aérodromes sont régulièrement 'visités'...

Le 1er mai, un communiqué officiel de Londres annonce que, pendant le mois d’avril, les Alliés n'ont perdu que 113 avions, alors qu'ils ont détruit 470 appareils ennemis, mais c'est de la propagande, les chiffres exacts sont encore aujourd'hui inconnus. Le 9, pour un pari un peu fou, le déjà titulaire de 36 victoires homologuées sur 75 revendiquées, tout juste promu lieutenant depuis deux jours, l'as français René Fonck abat 6 avions au cours de la même journée. Après une matinée brumeuse empêchant tout envol, Fonck décolle vers 15h avec deux coéquipiers. Au bout de 20 minutes de vol à 4 500m d'altitude, ils voient arriver 3 avions ennemis. Ils se placent alors 'dans' le soleil pour ne pas se faire repérer et découvrent un gros avion de reconnaissance accompagné de deux chasseurs biplaces. Après avoir détruit par surprise les chasseurs dans une manœuvre dont il a le secret, Fonck prend en chasse le lent avion d'observation qui tente désespérément de rejoindre les lignes allemandes. En une rafale de balles incendiaires dans ses réservoirs l'avion prend feu. Après ce premier exploit, félicité par Roland Garos qui vient le saluer dès son atterrissage, Fonck qui a fait le pari de descendre 5 avions dans la journée, demande à tous de se réserver pour les festivités. Les réservoirs remplis, les mitrailleuses réapprovisionnées, Fonck redécolle avec ses coéquipiers vers 17h10. En quelques minutes ils repèrent un Albatros très bas qui fait des réglages pour l'artillerie. Trop occupé par son travail, le pilote allemand ne voit pas arriver Fonck qui en une rafale le détruit. Alors une patrouille allemande composée de 9 appareils alignés sur deux rangs arrive pour venger l'Albatros. Fonck décide d'atteindre le leader de la patrouille et à 300 km/h, à plein régime, il passe au milieu de la patrouille et détruit son 5ème avion. Désorganisés, les autres pilotes se dispersent, un des leurs à la malchance de se retrouver devant le pilote français qui ne le loupe pas. A son nouvel atterrissage, Fonck pense n'avoir que ses 5 victoires, mais ses coéquipiers lui confirment que c'est bel et bien un sextuplé. Le lendemain, 10 mai, il est fait officier de la Légion d'Honneur, il a 24 ans...

Dans la nuit du 19, c'est le dernier raid des avions Gothas sur la Grande-Bretagne. Le commandement allemand (Bogolh) envoie 38 appareils contre Londres, ils tuent 49 personnes et en blessent 177, pour des destructions négligeables. Sur le chemin du retour, l'escadrille subit de lourdes pertes, 6 Gothas sont abattus par des chasseurs ou des tirs antiaériens et 3 s'écrasent à l'atterrissage. Après ce raid, l'action des Gothas se limite à des frappes tactiques sur le front occidental. Au total, les avions de bombardements allemands ont effectué 22 raids sur l'Angleterre, larguant 85 tonnes de bombes, pour la perte de 61 appareils. Le 19 encore, le commandant et pilote Raoul Gervais Lufbery, né d'un père étasunien et d'une mère française, trouve la mort sur la commune de Maron près de Nancy en Meurthe-et-Moselle en sautant de son avion en flammes sans parachute. Français de cœur, il s'engage dès août 1914 dans la Légion étrangère, seule possibilité en raison de sa nationalité. En 1916, il rejoint l'escadrille La Fayette et le 18 février 1918, il est muté en raison de sa nationalité au 103ème escadron de poursuite aérienne. C'est un as qui disparaît avec 17 victoires homologuées et une quinzaine d'autres probables. Le 20, les Allemands bombardent l'hôpital belge de Calais, des baraquements sont détruits, plusieurs patients sont tués, d'autres de nouveaux blessés. Le 22, le lieutenant Paul Frank Baer avec son Spad S-XIII fait tomber sa neuvième victime, ce qui le met à la tête de tous les pilotes US en nombre d'avions abattus depuis la disparition de son compatriote Raoul Gervais Lufbery. Cependant, il est descendu lors de cette attaque et tombe entre les mains des Allemands. Il restera prisonnier jusqu'à la fin de la guerre. Le 23, une escadrille aérienne britannique basée en Italie se spécialise dans le bombardement des ports austro-hongrois de Cattaro et Durazzo où viennent se ravitailler les sous-marins qui écument la Méditerranée. Ces bombardements ne cesseront pas jusqu'à l'armistice. Le 31, en gagnant son 5ème combat aérien au-dessus de Lironville dans la Meurthe-et-Moselle, le lieutenant Douglas Campbell devient le plus titré des pilotes US. Il va aussi devenir une légende dans l'aviation civile mondiale en devenant le directeur de la Pan-American Airways en 1948....

Dans la Guerre Maritime.

L'épopée de l'U-151. On obtient la première indication tangible qu'un sous-marin allemand est en train de traverser l’Atlantique lorsque le poste d'écoute de Kingston en Jamaïque retransmet un rapport selon lequel un navire marchand US a affronté un sous-marin ennemi le 2 mai à environ 650 kilomètres au nord des Bermudes. Ce jour-là, le commandant en chef britannique de la base navale de l'Amérique du Nord et des Antilles informe Ottawa avec un message selon lequel "de l’information de source sûre indique qu'un sous-marin de classe Deutschland a quitté l'Allemagne aux environs du 19 avril dans l’intention d’attaquer des navires de transport de troupes ou des cargos en provenance des États-Unis". Comme le rappelle le message de l’Amirauté de l’Amérique du Nord, les sous-marins de cette classe "interviennent généralement loin des côtes et rarement à moins de 200 mètres de fond. Leur coque unique est très vulnérable au grenadage. Ils attaquent rarement en submersion. On ne connaît qu'un exemple d'attaque par torpillage contre des navires isolés. Ils attaquent presque exclusivement au canon. Les sous-marins sont le meilleur moyen de les affronter. Ils changent de zone dès qu’ils découvrent la présence de sous-marins". En fait, la tendance du Conseil naval à classer la menace que représentent les sous-marins à grand rayon d’action dans la même catégorie que les corsaires de surface n’est étayée par aucune expérience concrète ou analyse opérationnelle de la capacité de ces bâtiments. Il est difficile de trouver une logique dans l’avis de l'Amirauté en dehors de l’intention d'exclure le besoin de destroyers dans les eaux éloignées de la Grande-Bretagne et d'en décourager ainsi la demande. Quoi qu’il en soit, l’usage de sous-marin pour combattre les croiseurs sous-marins allemands se révèle une nuisance plutôt qu’une aide, car leur présence effraie inutilement les navires marchands qui les aperçoivent, ce qui donne lieu à de faux signalements de sous-marins ennemis et à des tirs amis. Néanmoins, l'idée que les sous-marins puissent être utiles, même s'ils ne sont pas le meilleur moyen de faire front, rassure quelque peu la Marine royale du Canada, puisqu'elle fait venir les submersibles CC-I et le CC-Z, puis le Shammter avec l'Esquimalt à Halifax. La Marine étasunienne promet d'envoyer un autre sous-marin. Le 15, l'U-151 révèle sa position lorsqu'il attaque au canon, mais sans succès, le cargo britannique Huntress à quelque 800 kilomètres au nord des Bermudes. Le l9, le cargo US Nyanza transmet un signal radio à une station du New Jersey pour lui indiquer qu’un sous-marin lui tire dessus à quelque 430 kilomètres au large de la côte du Maryland. Immédiatement, un message avertit toutes les autorités navales et les navires en mer du Canada et des États-Unis de l’approche d’un croiseur sous-marin ennemi. Il fait suite à un autre avertissement diffusé trois jours auparavant qui informe les navires que le submersible se servira probablement de ses canons ou de mines plutôt que de torpilles pour attaquer. Ce dernier apporte aussi des précisons "Les navires doivent autant que possible rester en eau profonde sans s’éloigner et éviter, autant qu'une navigation sûre le permette, les promontoires et les phares se trouvant sur les itinéraires fréquentés". On continue de suivre le trajet l'U-151 vers l'ouest lorsque le 21, le vapeur canadien Montcalm retransmet le message radio d’un navire marchand britannique qui dit avoir été canonné à six reprises par un sous-marin ennemi ayant fait surface à seulement 130 kilomètres de la côte du Maryland. Parvenu aux abords de la côte américaine le 22 mai, l'U-151 entre dans la baie de Chesapeake et contrairement aux prévisions de l’Amirauté qui croyait qu‘il ne "fallait pas s’inquiéter d'un minage", il mouille des mines au large de Baltimore, en se servant des phares côtiers pour se diriger. Revenu en haute mer, l'U-151 coule ses premières victimes le 25. Il envoie par le fond les goélettes Hume Dunn et Hauppauge en les arraisonnant pour les piller de leurs vivres et en plaçant des bombes dans la soute. Une troisième goélette, l'Edna, reste à flot car les bombes allemandes n'explosent pas. Les trois goélettes n’ont pas de matériel radio et ne peuvent donc pas envoyer de signal d’alerte. Les actions menées contre les 3 goélettes sont typiques de la tactique employée par les sous-marins allemands pour attaquer de petits bâtiments désarmés...

Le 2ème Raid sur Ostende. Après une première tentative pour obstruer le port d'Ostende le 23 avril qui a été un échec complet, pas découragée, l'amirauté britannique remet ça en mai. Le plan consiste à échouer le croiseur britannique Vindictive au milieu du canal d'Ostende qui relie la mer du Nord à la ville de Bruges. Ce vieux bâtiment a participé à l'opération d'avril et en est revenu très abîmé. Il est remis en état à Douvres, puis lesté de 200 tonnes de ciment dans ses magasins et ses œuvres mortes, puis il va se positionner à Dunkerque. De nombreux officiers et marins qui ont participé à la première tentative de blocage sont volontaires pour apporter leur expérience en participant à la seconde. Mais comme il faut attendre que les conditions météorologiques, de mer et de marée soient favorables, l'amirauté prépare conjointement un autre croiseur, le Sappho, pour la même finalité. Au soir du 9, les conditions paraissent satisfaisantes et les croiseurs sacrifiés prennent le départ de Dunkerque où ils étaient en attente, escortés à distance par plusieurs destroyers. Mais des problèmes de chaudières empêchent le Sappho d'arriver à temps pour participer à l'opération. C'est donc seul, mais protégé par des écrans de fumée que le Vindictive se dirige vers le chenal Ostende. Après trois tentatives pour trouver l'entrée du chenal, à 1h00 il y parvient enfin mais sous la mitraille allemande. C'est le signal qu'attendent les avions britanniques pour bombarder le port et que l'artillerie à longue portée couvre l'opération en canonnant le port d'Ostende depuis Ypres. Dès l'entrée dans le chenal, le lieutenant Victor Crutchley prend alors le commandement du navire sacrifié à la place du commandant Alfred Godsal tué dès les premiers tirs. A mi-chemin de son lieu d'échouage idéal, estimant ne pas pouvoir faire plus, il ordonne l'abandon du navire et la mise à feu des explosifs entreposés à bord. Les membres l'équipage, dont certains sont gravement blessés, sont alors recueillis par la seule vedette qui a réussi à le suivre dans le port. La ML-254 commandé par le lieutenant Geoffrey Drummond, parvient à emporter 38 survivants des 55 membres d'équipage du Vindictive. En sortant du port, Drummond ordonne à la vedette ML-276 restée à l'extérieur d'aller récupérer 3 autres marins blessés qu'il n'avait pu prendre et tous se dirigent ensuite vers le destroyer Warwick resté au large pour couvrir l'opération. A 3h00, en manœuvrant pour repartir, le Warwick est lourdement endommagé en heurtant une mine. Alors, le destroyer Velox l'accoste et le prend en remorque pour rentrer à Douvres. Au final, l'opération coûte aux britanniques : 8 morts, 29 blessés et 10 marins sont portés disparus. Les pertes allemandes sont moindres : 3 tués et 8 blessés. L'opération est présentée comme un succès, mais il est tout relatif. Certes les gros navires, comme les gros sous-marins, ne peuvent plus emprunter le chenal, mais les UC ainsi que les navires de faibles tonnages peuvent toujours circuler. Il faudra quand même attendre 1921 pour que le chenal puisse à nouveau être pleinement opérationnel...

Sur les Mers et Océans. Au mois de mai, il y a une légère remontée des navires touchés par les U-Boote, 194 au lieu de 167 pour le mois précédent. Malgré cela, le tonnage coulé baisse, ce qui veut dire que les navires touchés sont de moindre importance. Dans le détail, ce sont toujours les Britanniques qui payent le plus lourd tribut avec 106 navires touchés, puis viennent 20 français, 18 italiens, 12 norvégiens, 10 grecs, 7 étasuniens, 6 danois, 5 russes, 3 espagnols, 3 suédois, 1 argentin, 1 australien, 1 hollandais et 1 canadien. Mais les Empires centraux payent cher cette progression, car dans le mois ce ne sont pas moins de 15 U-Boote qui sont envoyés par le fond, ce qui dépasse, et de loin, la production mensuelle de sous-marins. Encore plus que la tôle, les marins aguerris qui disparaissent sont encore plus difficilement remplaçables...

Le 1er mai, à 15 heures, les Allemands entrent dans Sébastopol. La flotte russe de la mer Noire tombe entre leurs mains, à l'exception, de deux cuirassés Impératrice Catherine la Grande (Svobodnaya-Rossya) et Volga qui, en traversant le blocus tenu par les croiseurs Goeben et le Hamidieh, peuvent se réfugier à Novorossik avec neuf torpilleurs. Le destroyer russe Zavetni à moins de chance, il s'échoue à peine sorti du port en tentant de s'enfuir. Le 1er mai toujours et par un épais brouillard, le croiseur-cuirassé français Gloire affecté aux escortes dans l'Atlantique aborde le paquebot étasunien City-of-Athens près de New York. Dans son naufrage, le paquebot emporte 14 marins français qui travaillaient à bord. Le 2, l'UB-31 saute sur une mine près de Douvres, ses 26 servants sont tous portés disparus. Le 3, Le destroyer allemand G-9 coule après avoir touché une mine dans la mer du Nord, les 31 membres de son équipage sont tous portés disparus. Le 4, le lance-torpille allemand A-71 coule sur une mine en mer du Nord, 6 membres de son équipage sont tués. Le 5, l'UB-119 est éperonné puis coulé par le vapeur britannique Green Island au nord de l'Irlande, ses 34 servants sont tous portés disparus. Le même jour, un convoi de navires marchands, escorté par le destroyer britannique Basilisk et le yacht armé US Sydonia, passe le détroit de Gibraltar et rentre en Méditerranée. A peu de distance l'UB-70 attend en embuscade, il attaque le convoi à la torpille et blesse à mort le transport britannique Ingleside. Aussitôt les convoyeurs se mettent en chasse et repèrent le sous-marin qui est attaqué avec des grenades sous-marines. En peu de temps, une nappe de fuel indique que le submersible avec ses 33 membres d'équipage est mortellement touché. Ils se dirigent ensuite vers le lieu du naufrage de l'Ingleside et ne peuvent sauver que 11 de ses marins. Cette action est un des rares naufrages confirmés d'un sous-marin allemand par un navire US au cours de la Grande Guerre. Le 6, l'U-27, un submersible austro-hongrois, coule deux voiliers grecs, Aghios Dimitrios et l'Evangelistria au large de la Grèce. Le 7, l'U-105 coule à la torpille le transport britannique Nantes dans la mer du Nord sans tuer personne, un peu plus tard, il croise le vapeur britannique Saxon qu'il envoie aussi par le fond. Dans ce naufrage, 22 marins sont portés disparus. Le 8, l'U-32 est grenadé à mort par le destroyer britannique Wildflower au nord de Malte, ses 41 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 9, Le sous-marin allemand UB-78 est éperonné par le vapeur britannique Queen Alexandra au large de Cherbourg, ses 35 servants sont tous portés disparus. Le même jour, le paquebot français Atlantique est torpillé par l'UB-52 en Méditerranée. Malgré ses blessures et grâce à la robustesse de ses cloisons étanches il réussit à se réfugier à Bizerte où il sera réparé. A cette occasion il obtient une citation (témoignage officiel de satisfaction), et son commandant Gary reçoit la Légion d'Honneur, mais un passager européen et 9 chauffeurs nord-africains perdent la vie. Le 10, le sous-marin britannique E-34 repère un submersible en surface près de Harwich sur la côte est de la Grande-Bretagne mais il n'ose l'attaquer de peur de se tromper et de couler un sous-marin ami, alors il reste sur zone et en plongée pour épier le sous-marin inconnu. A 19h15, maintenant sûr de son fait l'E-94 attaque le submersible qui n'est autre que l'UB-16 en lui lançant deux torpilles. La première torpille loupe son objectif, la seconde touche l'UB-16 juste sous le château et fait exploser le submersible. Quelques minutes après, l'E-34 fait surface pour tenter de récupérer des survivants. Sur les 15 hommes d'équipage de l'U-Boot, le seul qu'il arrive à récupérer est son commandant, Oberleutnant Vicco von der Lühe couvert d'huile(5), les autres sont portés disparus. Le lendemain, c'est l'U-154 qui est torpillé et coulé dans l'océan Atlantique par le sous-marin britannique E-35, ses 77 marins sont tous portés disparus. Le 12, c'est l'U-103 qui est attaqué au canon dans la Manche par le paquebot britannique Olympic, frère jumeau du Titanic, chargé de troupes US qui doivent débarquer à Cherbourg. Dès les premières lueurs de l'aube, l'U-103 qui s'apprête à torpiller l'Olympic subit une avarie qui l'empêche de les lancer. Vite repéré, les artilleurs du grand navire canonnent avec précision le sous-marin en faisant exploser sa partie avant. L'Olympic poursuit sa route sans s'arrêter pour secourir les survivants et c'est le destroyer escorteur US Davis qui repêche les 35 survivants du naufrage, 9 autres marins sont portés disparus. Toujours le 12, le sous-marin britannique D-4 repère l'UB-72 près de l'île de Guernesey. Après avoir attendu le moment favorable il envoie une torpille qui fait mouche. En patrouille pour récupérer des survivants, le D-4 parvient à retrouver 3 hommes vivants sur les 34 servants du sous-marin allemand. Le 13, l'UB-114, navire tout neuf qui sort juste du chantier de construction de Kiel explose lors de son premier essai de flottaison en faisant 7 morts. Le 13, dans le convoi HN-67 qui doit rejoindre le port de la Rochelle en France, au beau milieu de l'Atlantique et par temps de brouillard, le cargo US Zaanland entre en collision avec le pétrolier US Hisko. Le cargo éventré commence à couler, mais son équipage en entier peut être secouru par le cargo US Munson Line qui fait partie du convoi. Le 14, le lance-torpille allemand A-72 explose sur une mine en mer du nord, 25 marins périssent. Le même jour, alors qu'il patrouille sur le barrage d'Otrante dans l'Adriatique, le destroyer britannique Phoenix est torpillé par le sous-marin austro-hongrois U-27 qui lui tue 2 hommes dans la salle des machines. Juste blessé, il tente de rejoindre le port de Valona en Albanie, mais il coule en vue du port, laissant le temps à ses marins de l'évacuer avant son chavirage. Le 16, la goélette française Maonsoura qui navigue au large de l'Égypte est attaquée au canon par l'UB-51, il faut 30 coups au sous-marin pour couler le navire, mais tous ses matelots sont saufs. Le 17, le chalutier armé Ailly, commandé par le premier-maitre timonier Le Roux, remorque deux voiliers sur les côtes de Sardaigne lorsqu'il est attaqué par l'UC-35 qui le canonne à grande distance. Larguant ses remorques pour manœuvrer plus facilement, il riposte et son premier projectile atteint l'avant du sous-marin. Les coups suivants se succèdent et le kiosque du sous-marin est démoli, son canon emporté. Un dernier obus frappe le submersible à la flottaison, il pique et s'enfonce dans la mer en emportant la quasi totalité de son équipage. On ne peut repêcher que cinq hommes, au nombre desquels se trouve le commandant de l'UC-35. Rentré peu après à Toulon, les sous-mariniers allemands sont internés au fort Lamalgue. Pour ce fait de bravoure, c'est l'amiral Lucien Lacaze, ancien ministre de la Marine, qui remet la croix de guerre à l'équipage de l'Ailly. Les premiers-maîtres Le Roux et Caron avec le chef de la pièce de 75, le quartier-maitre fusilier Tanguy, sont cités à l'ordre de l'armée. Le 18, le destroyer français Catapulte entre en collision avec le cargo britannique Warrimoo au large de Bône, il coule sans faire de mort. Dans la Méditerranée orientale, près des côtes égyptiennes, l'UB-51 fait un carnage parmi les goélettes françaises. Successivement, la Mabrouka, la Maria, la Menewar et la Tewfig el Bari sont coulées après avoir été évacuées par les équipages. Le 19, le cargo norvégien Forsøk est coulé dans la mer de Barents par l'U-22, son équipage est sauf. Le 20, l'U-32 qui bat pavillon austro-hongrois coule 2 goélettes grecques l'Agios Dionysios et la Angeliki près d'Olympie après l'évacuation des navires par leur équipage. Le 21, fait exceptionnel depuis 2 ans, seul le navire britannique Chatham est coulé par l'U-32 à la pointe sud de la Grèce. Le 22, le cargo britannique Red Rose est coulé à la torpille par l'UB-57 au large du Cap d'Antifer dans la Manche, 11 marins sont portés disparus. Le 23, l'UB-52 est coulé à la torpille par le sous-marin britannique H-4 dans l'Adriatique, sur ses 34 membres d'équipage, 2 marins seulement peuvent être secourus. Le 24, le chalutier armé britannique Gabirl heurte une mine dans la mer du Nord, 2 marins sont tués. Le 25 au soir, la goélette française à moteur mais non armée qui navigue en direction de l'Espagne, l'Amiral Lafont, aperçoit un sous-marin qui fait feu sur un navire à voile danois. Ce dernier hisse son pavillon national et le sous-marin cesse le feu. Le petit navire à voile essaye de s'enfuir mais le sous-marin UB-50 lui dire dessus au canon. Aussitôt l'équipage abandonne le navire, mais leur youyou est rattrapé par le sous-marin qui leur demande de retourner à bord. Là, l’officier ordonne à l’équipage de ramasser tous les vivres et de les apporter au sous-marin. Il fait ouvrir le grand panneau et dispose une grenade dans la cale et après son évacuation, le navire saute. L'UB-50 se dirige ensuite vers le voilier italien Santa Teresa auquel il applique le même traitement. Le 26, l'UB-74 est éperonné par le yacht armé britannique Lorna, ses 35 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 27, l'UB-57 coule les voiliers Petit Georges et Souvenir de Sainte-Marie au large de Fécamp dans la Manche. Le 28, dans la mer d'Irlande, l'U-101 coule la goélette française Flora au large de Tintagel, 15 marins sont tués. Le 29, le cargo britannique Begum est torpillé par l'U-90 dans l'océan Atlantique, 15 marins sont tués. Le 30 dans la mer d'Irlande, l'U-64 coule 7 navires britanniques : le Cyprus, Le Glad Tidings, le Honey Bee, le Jane Gordon, le Lloyd, le Marianne McCrum et le Never Can Tell, sans tuer un seul matelot. Le 31, dans un convoi en mer du Nord, le vapeur britannique Blaydonian aperçoit un sous-marin et l'éperonne. L'UC-75 est alors obligé de faire surface, et le destroyer britannique Fairy qui escorte le convoi l'éperonne à son tour. Le sous-marin coule rapidement, 17 marins périssent, mais 14 sont secourus. Cependant, le choc a été tellement violent, que le Fairy coule aussi un peu plus tard sans faire de victime...

Sur le Front Italien. Pour l'instant les Italiens qui viennent d'envoyer un corps d'armée en France sous les ordres du général Alberico Albricci et qui ont perdu le plus gros du corps expéditionnaire franco-britannique, n'ont pas les moyens de lancer une offensive. De leur côté, les Austro-Hongrois préparent deux attaques pour juin. L'une sur le plateau d'Asiago, dénommée opération Radetzky qui est préparée par le feld-maréchal Franz Conrad von Hötzendorf, l'autre dénommée opération Albrecht, doit franchir le Piave en direction de Trévise. Cette dernière attaque est préparée par le feld-maréchal Svetozar Borojević von Bojna. Comme ces deux maréchaux se détestent, chacun prépare jalousement la sienne, ce qui n'est pas un gage de réussite dans un pays quasi exsangue, taraudé par la famine et à la limite de la partition. De toute façon, ce sont les dernières opérations d'envergure que peut mener l'Autriche-Hongrie, si elles échouent, nul ne sait ce qu'il adviendra du pays...

Le 2 mai, des tirs italiens allument des incendies et provoquent l'explosion du dépôt de munitions de Costa, au nord du plateau d'Asiago. Le 12, dans un raid, les soldats italiens s'emparent du Monte Corno et capturent une centaine de prisonniers. Le 25, les italiens lancent une petite offensive au nord de l'Adamello, entre le lac de Garde et la frontière suisse. Ils prennent le col de Monticello et en deux jours, ils progressent de près de 1 000 mètres. Ils font près de 1 000 prisonniers et récupèrent 12 canons, des mortiers, des mitrailleuses avec des centaines de fusils. Du 28 au 31, les Italiens lancent une attaque sur la tête de pont de Caposile en Basse Piave. C'est un échec...

Dans les Balkans. Le 3 mai en Macédoine, les troupes serbes avancent dans le Dobropolié, mais sur l'ensemble du front rien ne bouge ou presque, jusqu'aux 3 derniers jours du mois...

La bataille de Skra-di-Legen. Le Skra-di-Legen est un point culminant dans le massif montagneux du Páiko qui se trouve près de la frontière entre la Serbie et la Bulgarie, dans la région de la Macédoine grecque, au nord-est de Thessalonique. C'est une position stratégique car elle offre un excellent poste d'observation qui permet le contrôle d'une route à travers la montagne. Le terrain est très accidenté, avec des pentes abruptes, des ravins, des cimes inaccessibles, des rochers à nu et des zones quasiment infranchissables, un verrou comme aiment à écrire les militaires. Depuis près de 3 ans qu'ils l'occupent, les bulgares ont renforcé les défenses naturelles par d'importantes fortifications. Après une offensive plus ou moins avortée en mai 1917, les Bulgares ont repris en quelques jours les positions difficilement arrachées. Le général français Adolphe Guillaumat qui commande l'ensemble des forces dans les Balkans, décide de l'enlever. Pour ce faire, il dépêche sur place 3 divisions grecques sous la responsabilité du général Panagiotis Spiliadis et la division française Serrès commandée par le lieutenant-colonel Gardicas. Le 29 mai, les 430 canons de l'artillerie franco-britannique bombardent de façon continue les fortifications pour les détruire avant l'attaque. Le 30, les 15 000 grecs en position centrale sur la ligne du front, passent à l'action. Ils ont pour mission de déloger les Bulgares et de prendre la position principale. Au début de l'attaque une faute tactique est commise par un sergent grec qui donne le signal de l'assaut une demi-heure trop tôt. Du coup, l'artillerie légère ouvre le feu sans attendre l'assaut de l'infanterie. Cette faute donne aux Bulgares le temps de mieux se préparer. Malgré cette erreur, des soldats grecs parviennent à franchir les lignes de défense bulgares, et avancent sur 1 500 mètres. Cette manœuvre courageuse et audacieuse permet l'encerclement des défenseurs et donne la victoire finale. Toutefois, mal renseignés, les artilleurs britanniques continuent de tirer sur les positions enlevées, ce qui met en fureur les officiers grecs. Avec près de 600 morts et 2 200 blessés, c'est quand même une victoire sanglante pour cette première action de l'armée grecque dans les Balkans. Toutefois, le général Guillaumat reconnaît que "La victoire de Skra-di-Legen est aussi glorieuse que la prise de Mort-Homme avant Verdun" et le général anglais George Milne fait ouvertement savoir au général grec Panagiótis Danglís qui commande l'ensemble des forces grecques que "Sans l'aide des forces grecques, il n'aurait pas été possible de remporter cette victoire". Ce succès permet aux armées alliées de gagner un point haut important...

Dans le Caucase. Après la prise de nombreuses villes au-delà de la frontière de 1878, l'armée ottomane souhaite écraser l'Arménie et s'emparer de la Transcaucasie pour tenter de relier les minorités de langue turque dispersées. Le gouvernement allemand n'approuve guère l'initiative de son allié et refuse d'aider les Ottomans sur ce front. Bien au contraire, les Allemands proposent à la Géorgie de les protéger des visées turques. La poussée turque se fait sur trois axes. Dans le sud, ils dépassent le mont Ararat et pénètrent en Perse. Au nord, ils longent la frontière géorgienne et prennent la ville d'Akhalsikhe au début du mois, puis celle de Bogdanovka et celle d'Anlexandropol le 16. C'est devant la capitale Erevan, où se sont réfugiés de nombreux arméniens qui fuient un génocide prévisible, que tous les hommes en capacité de porter des armes se regroupent sous les ordres du général Movses Silikyan. Après une bataille de trois jours à Sardarapat ainsi qu'à Abaran et à Karakilisa, les Arméniens stoppent la progression turque au centre du pays...

Au Moyen-Orient.

En Mésopotamie. Le 7 mai, une colonne britannique de l'armée indienne du général Guillaume Raine Marshall entre à Kirkuk (maintenant Kirkout). La remontée vers Mossoul se poursuit à petite vitesse...

En Palestine. Après leur revers d'avril en direction d'Aman, les Britanniques consolident leurs positions sur le Jourdain sans lancer de nouvelle offensive pendant tout le mois...

En Afrique de l'Est. Le 20 mai à Koewa, c'est la rencontre des troupes alliées qui viennent de l'est avec les forces du major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck qui vivotent dans la forêt. De ce fait, Lettow-Vorbeck et sa maigre troupe ne peuvent plus rejoindre la côte pour un sauvetage éventuel et elles sont repoussées vers la frontière rhodésienne...

Le 22 mai, les forces rhodésiennes interceptent une petite colonne logistique allemande près de la frontière avec le Mozambique-Portugais à Marika. Elles la détruisent et font de nombreux prisonniers. Mais des groupes allemands postés non loin réagissent et l'affrontement dure toute la nuit sans que les Askaris puissent reprendre leur précieux ravitaillement. Au petit matin, les soldats allemands ont complètement disparu...

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. Aucun Écho ne paraît en juillet pour donner des nouvelles de mai, il faut attendre l'Écho de juillet-août pour avoir des nouvelles du village...

Aucun Barbentanais n'est mort pour le France en mai 1918.

Guy

Soldats sikhs avec une mitrailleuse allemande MG 08 refroidie par eau (photo colorisée)

Les offensives allemandes en France et en Belgique au printemps 1918

Soldats italiens en Argonne

Acheminement des chars Renault sur le front avec des camions adaptés

Il n'y a pas d'Écho spécifique en juillet 1918, il ne sortira qu'en août pour relater les évènements de mai...

Soldats US de liaison sur une moto Harley-Davidson

Muletiers US quelque part en Lorraine

Char Mark IV britannique rebaptisé allemand (photo colorisée)

Soldats étasuniens chez un photographe

A Salonique, arrivée du général Bordeaux avec le général Paraskevopoulos

Réfugiés de la Marne quittant la zone des combats

Soldats britanniques relevant une position dans les Flandres (photo colorisée)

Mai 1918, Dans le Monde en Guerre.

L'échange de Prisonniers de Guerre. Depuis le début de la guerre, la Suisse fédérale et la Croix-Rouge œuvrent pour des échanges de prisonniers de guerre entre les belligérants européens. Dès le début du conflit, la Croix-Rouge supervise des échanges de grands blessés qui, et pour chaque camp, sont plus un fardeau qu'un cadeau, vu le personnel mobilisé pour leur venir en aide. Une autre entente permet des échanges de "sanitaires" (ambulanciers, docteurs, etc...), ces 'soldats' en uniforme mais sans arme, dont chaque camp ne peut se passer(1). Depuis décembre 1916, toujours en Suisse et toujours sous l'égide de la Croix-Rouge, les belligérants étudient un échange de prisonniers. Sont concernés les captifs depuis plus de 18 mois, les neurasthéniques ou les pères de famille nombreuses. Ce plan d’extension des échanges est suivi d’effet, puisque le 4 avril 1917 sont déplacés d'Allemagne en Suisse 104 prisonniers père de famille français et, le 20 avril, un nombre égal d’Allemands. Du coup, le 26 avril 1917, la Croix-Rouge adresse un appel aux belligérants, pour systématiser cette nouvelle pratique. Tout au long de l’année 1917, tandis que les échanges fonctionnent sur les bases de 1916, les tentatives pour faire évoluer le projet des captifs de plus de 18 mois est très long à aboutir. Il intéresse les sous-officiers et soldats en captivités depuis ce laps de temps et au moins âgés de 48 ans, mais aussi les civils de tout âge. Finalement un accord, dit le Protocole de Berne, sera conclut le 29 avril 1918 et signé par les belligérants le 8 mai. Les premiers convois arrivent en Suisse le 16 juin avec 800 civils Français et Belges. Les États-Unis décident de créer en Suisse, un camp sanitaire destiné à recevoir les grands blessés dont le transport dans les pays d’origines est trop difficile. Pour cette réalisation, des négociations germano-étasuniennes débuteront le 24 septembre et aboutiront le 13 novembre 1918, soit deux jours après l’Armistice…

La Paix en Mai 1918.

En Roumanie. Le 7 mai, le Premier ministre Alexandru Marghiloman signe le Traité de Bucarest imposé par les Empires centraux, cet accord est très restrictif pour son pays. Ce traité ne sera jamais ratifié par les élus roumains. Il officialise la cession du Dobroudja jusqu'au Danube à la Bulgarie et une partie des territoires de l'ouest aux Austro-Hongrois. Toutefois, la Roumanie reçoit la Bessarabie au détriment de la Russie. Les forces d'occupations prennent possession des puits de pétrole et le pays doit livrer d'importantes quantités de vivre aux Austro-Hongrois affamés. Le 11, le général August von Mackensen est nommé commandant en chef des troupes austro-allemandes qui occupent le pays...

Dans le Caucase. Le 11 mai, une nouvelle conférence sur la paix s'ouvre à Batoumi. A cette réunion, les ottomans accroissent leurs ambitions et revendiquent maintenant Tbilissi, Alexandropol et Etchmiadzin ainsi que la construction d'une ligne de chemin de fer pour connecter Kars, Djoulfa et Bakou. Les membres arméniens et géorgiens de la délégation commencent à ne plus s'entendre. Le 21, les ottomans reprennent leur offensive en Arménie...

Soldats français avec un lance-flammes

Assaut allemand dans un nuage de gaz toxique (photo recolorisée)

Infirmière britannique (photo colorisée)

Pilote US devant son Spad XIII

Le lieutenant Douglas Campbell devant son avion

Réparation d'avions par des travailleurs US en France

L'amiral Lacaze décore les matelots de l'Ailly qui ont détruit l'UB-35

La Grippe pas encore Espagnole. Le bilan de l’épidémie du Centre d’instruction automobile de Fèrebrianges dans la Marne, qui dure du 30 avril au 11 mai, est lourd : 30% des Européens et 80% des Indochinois sont malades. Il y a même deux morts chez les Annamites. Les médecins tentent de trouver des explications à cette importante morbidité : la saison restée tardivement fraîche, le manque d’hygiène et l’encombrement du cantonnement leurs semblent des raisons valables. Bien que le nombre de malades se multiplie dans tous les corps d’armée, les explications se veulent encore rassurantes, car la mortalité est faible. D'ailleurs un des médecins de la 182ème compagnie des travailleurs italiens à Saint-Eusoye dans l'Oise note dans son compte-rendu "Cette petite manifestation morbide mérite à peine le nom de foyer". Pourtant, les Services de santé de l’Armée sont rapidement débordés. A la mi-mai, toutes les armées en Europe sont touchées. Le pourcentage des soldats grippés est variable mais très élevé entre 10 et 50%, voire même 75% dans certaines unités. Pour l'instant, rien ne transpire dans la presse nationale française. Il faut dire que l'actualité est d'importance, les nouvelles du front sont même inquiétantes. Paris est bombardée, de plus la censure veille à ne faire fuiter aucune nouvelle qui pourrait donner des indications sur l'affaiblissement des armées sur le front de France et de Belgique...

Le 28 mai, un journal français note que l'Espagne est touchée par une épidémie grippale. Comme ce pays n'est pas en guerre, les nouvelles, tout en étant contrôlées par les autorités, sont quand même plus libres que dans les autres pays européens. C'est une infection qui touche 30% de la province de Madrid, assez forte pour être capable de ralentir la vie économique de la capitale : théâtres et salles de spectacle presque déserts ; service des tramways restreint suite à l’indisposition d’une partie du personnel. Le roi d’Espagne Alphonse XIII contracte lui aussi la maladie en assistant à un office à la chapelle du palais en présence d’une foule nombreuse. Toutefois, le journaliste insiste sur le caractère bénin de l'épidémie. Quand même, le 1er juin, le journal La Croix annonce que 120 000 madrilènes sont alités. Le nom de Grippe Espagnole vient de lui être donné...

Dans le Monde Politique.

En France.

Le 15 mai, c'est la fin du procès du journal antimilitariste et anarchiste Le Bonnet Rouge. Lors des audiences, le sinistre lieutenant Daniel Mornet, commissaire du gouvernement, reconnaît à son administrateur, Émile-Joseph Duval, "une culture profonde, une intelligence remarquable et un talent de plume véritable" mais il demande sa condamnation à mort car il a été arrêté le 15 mai 1917 à la frontière suisse avec un chèque de provenance allemande. Le Président Raymond Poincaré refusera sa grâce et il sera fusillé le 17 juillet 1918 pour "avoir reçu de l'argent de l'Allemagne"...

Grèves de Mai. Le 13 mai au matin, à l'initiative des délégués d'ateliers de Renault, une grande grève éclate dans les usines métallurgistes. Elle mobilise plus 100 000 travailleurs pour une double revendication. L'une purement ouvrière avec des demandes d'augmentations de salaire et de meilleures conditions de travail ; l'autre plus politique, en réclamant la fin de la guerre et le retour des Poilus à la maison. Pour étouffer le mouvement, les revendications ouvrières sont rapidement satisfaites, pas dans leur totalité quand même. L'autre passe plus mal auprès des Français qui ne comprennent pas le sens de cette lutte pacifique quand tant de soldats se font tuer pour défendre le sol de France. Ce qui est aussi à noter ce sont les revendications des Munitionnettes. A Lyon, dans la permanence d'une Union syndicale, elles affichent comme slogans "égalité des salaires homme-femme ; augmentation des salaires ; retour des Poilus". A la réunion du 30 mai, elles décident de créer une "permanence féminine" dont elles justifient l'existence "En raison de l'entrée de plus en plus considérable de la femme dans l'industrie, de la création de sections féminines dans les syndicats, du nombre toujours croissant des femmes venant à l'Union pour des renseignements, et surtout en raison des nombreuses demandes faites à l'Union pour avoir une orateur pour les réunions syndicales. Si nous ne voulons pas voir par la suite de la présence de la femme dans les usines nos salaires avilis, et nos conditions de travail si chèrement acquises, mises en péril, il faut que nous obtenions qu'à travail égal, la femme touche un salaire égal à celui de l'homme. Nous ne voulons pas qu'à l'horrible tragédie succède la lutte des sexes, remplaçant la lutte de classes dont le patronat tirerait tous les avantages"...

Ligne ferroviaire de Feuquières-Broquiers à Ponthoile. Depuis avril les Allemands ont conquis ou rendent inutilisables de nombreuses lignes ferroviaires indispensable aux armées alliées pour alimenter le front de la Somme. Alors, les stratèges décident de construire une double voie de chemin de fer à écartement classique, longue de 90 kilomètres à laquelle il faut ajouter 35 kilomètres de raccordements et de dérivations. Elle devra rejoindre la gare de Feuquières-Broquiers dans la Somme jusqu'à celle de Ponthoile dans l'Oise...

C'est une construction record, commencée le 2 mai, elle est totalement opérationnelle le 15 août, y compris sur tous les raccordements et ils sont nombreux. Il faut dire que les Alliés font le nécessaire pour y arriver. Scindée en 6 chantiers différents, dirigés par des ingénieurs de la Compagnie des Chemins de Fer du Nord, 10 000 cheminots, 2 compagnies de sapeurs du génie, un bataillon de territoriaux, 3 000 mineurs des mines du Nord-Pas-de-Calais en désœuvrement pour cause d'occupation allemande, 5 000 travailleurs italiens, ainsi qu'une armada de travailleurs chinois qui stationnent à Nolette sous la férule des Britanniques, y travaillent en même temps. Dès le 28 juillet, mais sur une seule voie, les trains commencent à passer. Après le 15 août, jusqu'à 144 trains-jours peuvent y circuler lors de l'offensive dite des 100 jours qui va mener les Alliés à la victoire. Devenue sans intérêt après la guerre, les voies commenceront à être déposées dès 1920...

Le Pariser Kanonen ou Grosse Bertha. Il est silencieux presque tout le mois de mai. Le 27, pour la nouvelle offensive allemande, 15 obus tombent sur Paris. L'artillerie française, qui a bombardé son premier emplacement, reste stupéfaite. En fait, par prémonition, le canon a été déménagé dans le bois de Corbie prés de Beaumont-en-Beine, à 110 km de Paris. Comme son âme a été re-chemisée, il tire désormais des obus de 240 mm. Il reste actif pendant quelques jours, puis se tait de nouveau...

Légion Monténégrine. En mai, une nouvelle demande serbe à ce sujet trouve un quai d’Orsay beaucoup plus ouvert que fin 1917. Stephen Pichon, le ministre des Affaires étrangères, prévient Clemenceau de "la nécessité de donner à l’heure actuelle tous les apaisements et toutes les satisfactions possibles au gouvernement serbe". Il faut, lui précise-t-il dépasser les inévitables récriminations monténégrines. Alors que l’offensive allemande se déchaîne sur le front français, des nouvelles inquiétantes font part d’une certaine démoralisation chez les Serbes accompagnée d’intrigues politiques visant à renverser le cabinet de Nicolas Pachitch, considéré comme le meilleur partisan des Alliés. Clemenceau se plie aux arguments de Pichon et donne son autorisation, mais pour des enrôlements individuels et seulement des volontaires...

Soldats Italiens en France. Le 2ème corps d’armée qui arrive d'Italie est d’abord stationné en Argonne, là où la légion garibaldienne s’est battue en 1914. Il est ensuite envoyé en soutien dans la Marne...

La poste aérienne. En juillet 1912 a lieu la première tentative de liaison postale par  aéroplane jamais réalisée en France. Trois sacs de courrier civil (probablement de circonstance) surtaxé à vingt-cinq centimes sont transportés entre Nancy  et  Lunéville par des moyens militaires. C'est un échec total, car pour des raisons météo, le courrier arrive aux correspondants 3 jours plus tard, soit 2 jours de plus que celui prévu. Après le contrat passé entre le général Hubert Lyautey et l'entrepreneur civil Pierre-Georges Latécoère pour l'acheminement du courrier par voie aérienne entre la France et le Maroc, le principe est dans 'l'air'. En mars 1918, deux lignes aériennes postales sont créées à titre d'essai sous l'égide de la Commission de l'Aéronautique civile, et il est prévu qu'elles soient opérationnelles dès le début de juin. Le premier projet, qui reprend une idée d'avant-guerre, consiste à établir une liaison entre Paris et Nice, via Lyon et Marseille, avec de possibles prolongements vers la Corse, Gênes et Rome. Le second, à l'étude depuis l'année précédente, vise à relier Paris et Saint-Nazaire, siège d'une importante base US. En mai 1918, des vols d'essais sont menés par les aviateurs militaires entre Vincennes et Lyon, puis entre Paris et Marseille. D'autres vols sont effectués, toujours par les militaires, sur Paris-Londres. Comme la ligne vers la Corse doit survoler la mer, il paraît opportun de réaliser des essais d'hydravions entre la Côte d'Azur et la Corse. Le 17 mai, un appareil de la Franco-British Aviation, un monomoteur de cent-cinquante chevaux, relie Nice à Calvi sans soucis majeurs. A partir de ce moment-là, malgré les nombreuses vicissitudes dues aux matériels et aux conditions météos, la poste aérienne prend son envol pour acheminer le courrier...

En Grande-Bretagne. Le 5 mai à Londres, le maréchal John French, le vaincu du BEF sur le front de France en décembre 1915, est nommé lord lieutenant d'Irlande. Le 7, dans une lettre à la presse londonienne, le général sir Frederick Maurice, rejette sur le gouvernement la responsabilité de la défaite du 21 mars dans la Somme. Le 8, le ministre des Affaires Étrangères, Arthur Balfour déclare officiellement à la Chambre des communes que, contrairement aux bruits qui circulent, aucune offre de paix n'a été adressée par l'Allemagne à la Grande-Bretagne, par voie directe ou indirecte. Le 9, les débats aux Communes sur les révélations du général Maurice sont très houleux. L'ancien Premier ministre, le libéral Herbert Henry Asquith, attaque le gouvernement sur ce qu'il considère comme une lourde faute et réclame la création d'une commission d'enquête parlementaire. En réponse et au nom du gouvernement, le ministre des Finances, Bonar Law, déclare que le général sera poursuivi pour infraction à la discipline et demande, pour examiner l'attitude du cabinet, la constitution d'un jury d'honneur. Lors du vote, le Premier ministre David Lloyd George obtient la confiance des élus avec une forte majorité. Le 17, c'est l'arrestation en Irlande de 150 chefs Sinn Fein accusés d'intelligences avec l'Allemagne (dont Edmond de Valera, le comte Plunkett, etc...). Le 23, dans un discours à Édimbourg, Lloyd George annonce que la menace sous-marine est maîtrisée par une phrase qui va rester célèbre "Le sous-marin est toujours une menace, mais ce n'est plus un péril". Le 24 à Londres, pour justifier les arrestations en Irlande, le gouvernement britannique publie un livre bleu qui démontre que depuis 1914 l'Allemagne fait d'inlassables tentatives pour aider les séparatistes irlandais, en armes et en moyens financiers...

En Belgique Libre. Le 30 mai, le président du Conseil, Charles de Broqueville, démissionne. Le roi Albert Ier fait alors appel à Gérard Cooreman, ancien président de la Chambre, pour le remplacer...

En Italie. Réformé depuis une blessure de guerre accidentelle, Benito Mussolini reprend le poste de directeur de son journal Il Popolo d'Italia. Depuis l'automne 1917, il reçoit cent livres sterling par semaine du MI5 (service de renseignement britannique) afin de faire de la propagande militariste, mais aussi de publier de violentes tribunes contre les manifestants pacifiques, surtout ceux de Milan, afin d'éviter toute paralysie de l'industrie. De fait, après le retrait de la Russie révolutionnaire, Londres craint en effet que l'Italie ne fasse aussi faux bond. Ces versements, qui durent au moins un an, sont autorisés par le député britannique et homme du MI5 en Italie Samuel Hoare, qui révélera leurs existences dans ses Mémoires publiées en 1954. Le 7 mai, le Premier ministre italien, Vittorio Emanuele Orlando, accepte que les pouvoirs du généralissime Foch soient étendus au front italien...

En Allemagne. Le 4 mai, à Berlin, la revue artistique et politique Die Aktion sort un numéro spécial consacré à Karl Marx et au Manifeste Communiste. Le 11, c'est la signature à Berlin d'un traité de paix entre la Finlande et la Turquie. Le 14, toujours à Berlin, la Chambre prussienne (Sénat) se prononce contre le projet de réforme électorale prévoyant de donner plus de pouvoir au peuple. Le 23 à Berlin, ce sont les déclarations solennelles du Chancelier impérial allemand, le comte Georg von Hertling, et de son ministre des Affaires étrangères, Richard von Kühlmann, sur le resserrement de l'alliance germano-austro-hongroise par le biais d'une alliance offensive et défensive pour une période de 12 ans...

En Autriche-Hongrie. Le 13 mai à Prague, se déroule une grande manifestation publique des minorités tchèques et yougoslaves. Le 20, c'est tout un régiment d'infanterie qui doit rejoindre le front italien qui se mutine à Pest, la révolte est violemment réprimée. Le 24, c'est en Bohême que la minorité tchèque manifeste. A la suite de cette manifestation, les chefs slovaques proclament leur unification avec les Tchèques...

En Belgique occupée. Le 12 mai à Spa, c'est la rencontre entre Guillaume II et Charles Ier pour tenter d'effacer le différend consécutif à la lettre de l'Empereur d'Autriche-Hongrie au prince Sixte de Bourbon Parme écrite en mars 1917. Les souverains examinent "les questions politiques, économiques, militaires se rapportant aux relations présentes et futures des deux monarchies". Ils décident d'élargir et d'approfondir l'alliance actuelle. En fait, Charles Ier est contraint d'accepter un resserrement de l'alliance austro-allemande, il n'a plus la possibilité d'initiative personnelle au sujet de la guerre...

Aux États-Unis. Le 14 mai, la branche aéronautique de l'United States Army est rebaptisée United States Army Air Service. Sur le front en France, cette 'armée' est maintenant forte de 45 escadrons avec 740 avions de combat qui couvrent 137 km de front essentiellement en Lorraine. A Pittsburgh, le chantre de l'indépendance tchèque, sociologue et philosophe, Tomáš Masaryk-Garrigue (bien qu'étasunienne, son épouse est d'origine française) rencontre les représentants de l’émigration slovaque. Un accord est trouvé. Il prévoit la création d’un État tchécoslovaque d’inspiration fédérale. Tchèques et Slovaques d’Amérique du Nord soutiennent massivement le projet. En Europe, les milieux militaires, les francs-maçons, les protestants et les libéraux se mobilisent également...

Poste Aérienne. Le 15, c'est l'inauguration de la ligne postale qui doit relier New York à Washington. Comme le décollage se fait attendre, le président Woodrow Wilson se penche vers sa femme et lui susurre assez fort pour être entendu "Nous perdons ici un temps précieux". Jusqu'au 11 août 1918 cette liaison est assurée par des militaires avec des appareils Curtiss JN4-D modifiés. Ils ont des moteurs plus puissants et le poste de pilotage avant est transformé en compartiment postal. La ligne lancée, les relations Poste-Armée se dégradent rapidement, du fait de conceptions opérationnelles inconciliables. Pour la Poste US, les avions doivent partir à l’heure, quelles que soient les conditions météo, le courrier doit passer à tout prix. Pour l’Armée, ce qui prime, c’est la vie des pilotes. Le point de rupture est vite atteint. L'Armée se retire discrètement et la Poste US prend directement en charge l’exploitation des vols postaux. Elle est maintenant seule maître à bord, mais en retire un bilan mitigé pour sa première année d'exploitation. Satisfaisant au plan technique, avec un taux de régularité supérieur à 90% ; décevant au plan commercial. Sur une trop courte distance, l’avion ne parvient pas à s’imposer face aux trains postaux de nuit dont les horaires, scrupuleusement respectés, sont établis pour répondre aux pratiques du commerce. A ce handicap s’ajoute la perception d’une surtaxe aérienne élevée. Là où il en coûte 10 cents pour une lettre délivrée par porteur, il faut acquitter 24 cents pour le même service par avion...

Au Canada. Le 24 mai, les femmes obtiennent le droit de vote au niveau fédéral. A partir de cette date, ce droit sera accordé progressivement dans toutes les provinces. C'est la province du Québec, où l'emprise de la religion catholique qui est contre est très forte, qui l'appliquera en dernier en 1940...

En Russie. Le pays continue à s'émietter, des gouvernements rebelles se constituent à Omsk en Sibérie et à Samara dans l'Oural. Le 13, pour alimenter les masses populaires, le gouvernement bolchevique décrète la planification des ressources alimentaires et la réquisition des grains. C'est le début de la technocratisation bolchevique. Considérant les masses rurales comme arriérées, les idéologues du parti croient fermement que si l'on définit des quotas de productions, chaque individu ou collectif doit pouvoir les réaliser. Ne pas réussir à répondre aux objectifs du plan est un acte intentionnel et malveillant, la condamnation est donc pénale, dirigée contre la personne du contrevenant. Le décret sur la dictature alimentaire, comme de nombreux autres qui le suivirent, présente le contrevenant comme un ennemi du peuple qui doit être jugé pour ses crimes par un tribunal révolutionnaire. Privilégiant déjà les impératifs de l’État au détriment de toutes les questions locales, quelles qu'elles soient, les planificateurs bolcheviques ont tendance à accorder plus de foi à des objectifs chiffrés publiés qu'aux rapports décrivant la réalité concrète du terrain. Le 25 à Moscou, c'est le premier congrès panrusse des Conseils Économiques Nationaux. Le 29 mai, pour garnir les rangs de son Armée rouge, Léon Trotsky commissaire du peuple à la guerre, rend de nouveau le service militaire obligatoire pour tous les hommes de 18 à 40 ans. Par la même occasion, sur instruction de Lénine, la peine de mort est de nouveau légalisée...

Négociations russo-allemandes. Après le rétablissement des relations diplomatiques, le gouvernement de Lénine propose aux représentants des puissances centrales l'ouverture de négociations. Sur le plan intérieur, les Bolcheviques sont dans une situation politique et économique catastrophique. Ils doivent aussi affronter leurs opposants, y compris leurs anciens alliés, les Socialistes-Révolutionnaires de gauche, partisans, comme l'ensemble des opposants au pouvoir bolchevique, de la poursuite de la guerre. Face aux bolcheviks minoritaires sur cette question, les Socialistes-Révolutionnaires multiplient les actions terroristes, jusqu'à des attentats sur les dirigeants russes et des allemands. Les responsables allemands sont très divisés sur ces négociations. Guillaume II et Erich Ludendorff sont pour le renversement du gouvernement bolchevik à terme, mais le secrétaire d'État Richard von Kühlmann est pour une paix rapide sur tous les fronts et les industriels en manque de matières premières rares sont pour des négociations commerciales. En outre, les négociateurs russes, Adolf Joffe et Léonid Krassine, militants bolcheviques chevronnés, parviennent à convaincre les principaux responsables de la politique économique, en premier lieu Gustav Stresemann, de la solidité du régime qui les a mandatés. Les négociations se tiennent à Berlin et débutent au milieu du mois de mai...

La Famille Impériale. En mai, les enfants de Nicolas II restés à Tobolsk vont rejoindre leurs parents dans la maison Ipatiev à Ekaterinbourg. Tout le monde est optimiste car ils pensent qu'ils vont bientôt être appelés à Moscou pour contresigner le traité de paix de Brest-Litovsk...

Guerre Civile Russe. Le 7 mai débute la marche de la Première brigade de soldats russes stationnés en Roumanie sous le commandement du colonel Mikhaïl Drozdovski. Avec l'accord tacite des Allemands, ils vont traverser toute l'Ukraine pour rejoindre l'armée blanche des Volontaires du Don que commande maintenant le général Anton Dénikine depuis le décès du général Lavr Kornilov. Ces Volontaires, dont les effectifs ont maintenant doublé, vont mener une deuxième guerre du Kouban contre les armées bolcheviques...

Le 16, le général Piotr Krasnov est élu ataman des cosaques du Don à Saratov, une ville sur la Volga. Avec ses soldats, il combat aux côtés des armées blanches mais il représente une tendance minoritaire pro-allemande avec sa Grande armée du Don. Le 20 à Tachkent (maintenant capitale de l'Ouzbékistan), c'est la proclamation par le congrès des Soviets de la république soviétique du Turkestan...

Les Troupes Tchèques et Slovaques en Russie. Les déserteurs et prisonniers de l'armée austro-hongroise qui s'étaient engagés quelques mois plus tôt aux côtés des troupes tsaristes russes tentent de toujours de regagner Vladivostok par le transsibérien pour venir en Europe. Ce sont près de 45 000 soldats, bien équipés et militairement aguerris, qui sont obligés pour survivre de piller le pays, ce qui met les paysans et les Bolchevicks en colère. A leur sujet, les Français qui n'ont pas les moyens de les aider et les États-Unis voudraient les voir remonter vers Arkhangelsk au nord pour prêter main forte aux Britanniques. Mais les Britanniques préfèrent qu'ils restent en Sibérie pour désorganiser le pays bolchevique en aidant les troupes blanches. Dans les faits, ils sont livrés à eux-mêmes. A Tcheliabinsk dans le sud de la Sibérie, ils interceptent un train qui rapatrie des prisonniers Hongrois et abattent un soldat qui tente de s'opposer. Le gouvernement bolchevik local met les suspects en état d'arrestation, mais leurs compagnons prennent la gare, puis la ville. Le 29, Trotski exige le désarmement de la Légion rebelle. Celle-ci s'empare alors d'un important territoire proche du chemin de fer sur la Volga, capturant par ailleurs huit wagons chargés d'or de la réserve impériale de Kazan. Après ce fait d'arme, une partie des légionnaires restent sur place et occupent les villes de Penza puis le 30 de Syzran. D'autres poursuivent leur périple vers Vladivostok où ils seront finalement évacués. Une minorité va rejoindre l'armée sibérienne et anti-bolchevik de l'amiral Alexandre Koltchak...

En Finlande. Le 8 mai, la Finlande, l'Allemagne et la Suède décident d'engager des pourparlers au sujet d'un traité prescrivant la démolition des forteresses de l'archipel d'Åland. Le gouvernement, avec l'aide de l'armée allemande, ne cesse de créer des lieux de rétention dans le sud du pays pour les opposants. Fin mai, on compte 64 camps qui regroupent 81 000 prisonniers, soit près de 6% de la population adulte finlandaise...

En Ukraine. L'armée allemande occupe Kiev et d'autres parties de la province jusqu'au Donetz. Cette occupation a lieu avec l'accord du gouvernement républicain ukrainien de l'Hetman Pavlo Skoropadsky, afin de repousser l'invasion des forces bolcheviques. En retour, le gouvernement s'engage à fournir aux forces allemandes des stocks de nourriture réquisitionnés. Mais cela ne plaît guère aux Ukrainiens. Une dépêche de Berlin fait connaître que les autorités allemandes sont dans l'obligation de prendre des mesures autoritaires contre la population rurale qui renâcle à l'idée de donner aux Allemands leur future récolte. Le 4 mai, la Rada est une nouvelle fois dissoute, des politiciens sont arrêtés, des tribunaux militaires institués. Les autres politiciens accusent Skoropadsky d'être la marionnette des Allemands, soutenue par une grande partie des propriétaires fonciers locaux. Il est également jugé trop pro-russe et dictatorial, son gouvernement est formé des monarchistes russes, favorables à une fédération avec une future Russie non-bolchevique...

En Pologne. Courant mai, le général polonais Józef Haller parvient à rassembler une force polonaise, dite armée bleue, composée de soldats qui fuient la Russie bolchevique. Les Allemands considèrent cette troupe comme illégale. Une bataille va alors se dérouler près de la ville Kaniów où les Polonais, après la perte de 2 500 soldats, échouent à percer les lignes austro-allemandes vers les Russes. Toutefois, Haller et une poignée de légionnaires parviennent à s'enfuir, ils vont gagner Moscou, puis arriveront en France en juillet en passant par Mourmansk...

Dans le Caucase. Le 26 mai, la Géorgie négocie seule des accords économiques (surtout la livraison de manganèse qui lui fait défaut) avec l'Empire allemand. En retour, Guillaume II lui garantit une protection militaire contre les visées annexionnistes des Turcs. Du coup, l'indépendance de la République démocratique de Géorgie est proclamée au nom de tous les partis par Noé Jordania, porte-parole du Conseil national géorgien(2). Par cette proclamation, la République Démocratique Fédérative de Transcaucasie péniblement créée au mois d'avril vole en éclat. Le 28, l'Arménie et l'Azerbaïdjan se proclament indépendantes à leur tour. Le même jour, la Géorgie signe le traité de Poti avec l'Allemagne. Celle-ci reconnait son indépendance et s'engage à la protéger en échange d'un accord de libre passage pour ses troupes et de grandes facilités économiques. Le 28 encore, les musulmans d'Akhalkalaki et d'Akhaltsikhé se révoltent contre la Géorgie en majorité orthodoxe et font appel aux troupes turques pour les aider...

En Arménie. Le 28 mai est créé un Ministère à prépondérance Dachnak (révolutionnaires arméniens) sous la présidence de Hovannès Katchaznouni. Le pays, réduit à 9 000 km2, se doit d'accueillir les 450 000 réfugiés qui viennent s'ajouter aux 310 000 habitants. Dans la ville Erevan, 40 000 réfugiés s'additionnent à la population locale. Cette capitale, aux moyens très limités et qui peine déjà à nourrir ses habitants ordinaires, ne peut plus faire face. La famine, le choléra et le typhus feront plus de 180 000 victimes dans les mois à venir...

En Azerbaïdjan. Comme son voisin arménien, le pays se déclare indépendant le 28, mais totalement occupé par l'Armée rouge, cela n'a aucune conséquence...

En Chine. Le 15 mai à Pékin, la Chine et le Japon signent un accord par lequel les deux gouvernements, pour parer au danger allemand créé par la pénétration germanique vers la frontière est de la Russie, règlent leur conduite en vue d'une action commune possible...

En Hollande. Le gouvernement hollandais dénie à l'Angleterre un droit de visite sur son "convoi"...

Aux Indes Néerlandaises. Le 15 mai, c'est la première réunion du Volksraad, un parlement sans pouvoir. Il est formé de 3 collèges : Néerlandais, sujets Néerlandais d'origine étrangère et Indonésiens. Une partie des conseillers sont désignés. Peu représentatif, il est purement consultatif jusqu'en 1925...

En Suisse. Le 20 mai à Genève, l'anarchiste Luigi Bertoni, rédacteur du journal bilingue français-italien Le Réveil Communiste Anarchiste est arrêté pour une prétendue participation au "Complot de Zurich". En fait, c'est une manipulation pour permettre de poursuivre Bertoni et d'arrêter les antimilitaristes réfugiés en Suisse. Il n'y aura pas de suite. Le 22, après de longues discussions, c'est la conclusion d’un accord entre l'Allemagne et la Suisse sur la livraison de charbon contre des produits alimentaires...

En Argentine. La révolte étudiante occupe toute l'actualité. Les universités sont toujours occupées. Mais même si le gouvernement de l'Union Civique Radicale d'Hipólito Yrigoyen soutient la révolte, les autorités universitaires noyautées par les Jésuites, tiennent bon et refusent toute modernisation...

Au Nicaragua. Le 7 mai, le pays alors occupé par les USA, déclare la guerre à l'Allemagne…

Au Costa-Rica. Le 23 mai, le gouvernement, lui aussi sous la tutelle des États-Unis, déclare la guerre à l'Allemagne...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Tout en formulant des critiques sur la façon de gouverner le pays, l'écrivain bolchevique Maxime Gorki commence une collaboration avec le gouvernement. Après s'être enrôlé dans la légion tchèque, l'anarchiste libertaire, Jaroslav Hašek devient commissaire politique dans la Vème armée rouge, épisode qu'il racontera avec beaucoup d'humour dans son livre "Aventures dans l'Armée rouge". Le 18 mai à Moscou, le peintre, sculpteur et photographe Alexandre Rodtchenko réalise sa première exposition personnelle. Peu après, avec d'autres artistes, ils fondent le Syndicat des artistes peintres dans la fédération la plus avant-gardiste des artistes russes. Rodtchenko fera partie de nombreux instituts officiels et enseignera, comme la plupart des artistes d'avant-garde russe, dans les nouvelles écoles d'art créées à la Révolution (Proletkoult, Vkhoutemas), jusqu'à leur suppression par le pouvoir politique, inquiet des innovations de l'enseignement en 1930. Le 26 à Moscou, c'est la première exposition du Syndicat des peintres de la future capitale russe...

Le 11 mai à New York c'est la naissance de Richard Feynman. Il va devenir une sommité dans le monde de la physique en reformulant entièrement la mécanique quantique. Il participe au développement de la bombe atomique US. Pédagogue remarquable, il est le rédacteur de nombreux ouvrages de vulgarisation reconnus. Atteint d'un cancer à l'estomac, après plusieurs rechutes, il décède le 15 février 1988 à l'hôpital de Los Angeles aux USA. Le 12, c'est la naissance à New York dans une famille d'immigrés polonais juifs de Julius Rosenberg. Ingénieur de formation, il adhère très tôt au Parti Communiste US tout comme sa femme Ethel née Greenglass. En pleine guerre froide, et malgré leurs dénégations, ils sont injustement soupçonnés d'espionnage au profit de l’URSS. Julius est arrêté le 17 juillet 1950 et Ethel le 11 août. Victimes du Maccarthysme, ils sont jugés coupables le 5 avril 1951 et exécutés sur la chaise électrique le 19 juin 1953 dans la prison de Sing Sing. Par son outrance, cette exécution aura un retentissement mondial et sera la dernière que feront les USA envers des espions. Le 19, c'est le décès à Genève du peintre Ferdinand Hodler à l'âge de 65 ans. Né le 14 mars 1853 à Berne, il mène une jeunesse de misère. Après avoir achevé son apprentissage en tant que peintre-décorateur, il s'installe à Genève qu'il ne quittera plus jusqu'à sa mort. Après des tâtonnements artistiques, il se réalise pleinement dans l'impressionnisme. Ses toiles sont maintenant exposées dans les plus grands musées du monde. Le 27, à l'âge de 21 ans, le poète et écrivain français Joë Bousquet est grièvement blessé lors des combats à Vailly dans l'Aisne. Atteint à la colonne vertébrale, paralysé à hauteur des pectoraux, il perd l'usage de ses membres inférieurs et demeurera alité le reste de sa vie, au 53 rue de Verdun à Carcassonne, dans une chambre dont les volets seront fermés en permanence...

Foot. En mai, c'est la création de la Coupe de France de football, qui porte le nom du fondateur du Comité français interfédéral (l’ancêtre de la Fédération française de football), Charles Simon. C'est un Poilu tombé au champ d’honneur à Écurie dans le Pas-de-Calais le 15 juin 1915 à l'âge de 32 ans. Quarante-huit clubs participent à cette première édition, qui sera remportée par l’Olympique de Pantin devant 2 000 spectateurs le 5 mai 1918...

Sur les fronts des Combats.

Au Conseil de Guerre. A la fin de la conférence d'Abbeville le 2 mai, le Comité exécutif du Conseil supérieur de la Guerre de Versailles est supprimé. A partir du 7, avec l'accord du gouvernement italien, le général Ferdinand Foch a désormais seul la charge de coordonner l'action des Alliés sur tout le front occidental, depuis la Mer du Nord jusqu'à l'Adriatique, en passant par le front italien et celui des Balkans. Seuls les combats qui se déroulent au Moyen-Orient et en Asie restent la chasse gardée des Britanniques...

Les chars Renault FT17. Avec ses 40 chevaux mécaniques qui lui permettent de progresser jusqu’à 12 kilomètres à l’heure, il abrite deux hommes d’équipage (le chef de char-tireur et le conducteur). Par sa conception ingénieuse, c'est au final un engin relativement simple à construire et qui se révèlera d'un maniement facile. Il va devenir le symbole même du char de combat moderne par son armement, mitrailleuse ou canon, en tourelle pivotante à 360 degrés (une révolution) et par la présence d’un groupe moteur à l’arrière avec des chenilles débordantes à l’avant. Il se révèle le véhicule de combat blindé le plus efficace de la Grande Guerre. Ses performances ont séduit les membres des commissions invités à assister à ses manœuvres et depuis août 1917, 1 100 chars sont commandés à Louis Renault. Les deux cents premiers qui rejoignent le front sont engagés dans la bataille de Villers-Cotterêts le 31 mai 1918...

Sur le Front Français et le Front Belge.

Durant tout le mois, les attaques alliées comme allemandes sont nombreuses tout le long du front jusqu'au sud de l'Alsace. Seule la partie vosgienne reste moyennement calme. Dans le sud de la Lorraine, les soldats US commencent à prendre des initiatives pas toujours couronnées de succès. Dans la Somme, après l'arrêt de l'offensive d'avril, petit à petit, les Français et les Britanniques grignotent les positions allemandes indéfendables. Le 5, on note une légère avance des Australiens entre Morlancourt et Sailly-le-Sec dans la Somme. Le 9 dans les Flandres, les Britanniques reprennent une partie du terrain perdu au mont Kemmel, puis à Bucquoy et ils chassent les Allemands de la ville d'Albert quasiment rasée jusqu'au sol. Les succès français sont moindres. Toutefois, le 9 un régiment remporte un succès éclair en 20 minutes à Grivesnes. Après une courte mais violente préparation d'artillerie, quelques centaines de soldats s'élancent dans un assaut tel que les Allemands sont débordés. Ils font 290 prisonniers, récupèrent 25 mitrailleuses et 7 mortiers avec une importante quantité de munitions. Malgré 3 contre-attaques, ils ne lâchent pas leur nouvelle position. Le 13, la lutte se déplace sur le front britannique à Robecq, Merville et Kemmel. A partir du 27, les Allemands lancent de violentes actions de diversion sur tout le front pour appuyer leur attaque sur le Chemin-des-Dames...

Premiers combats US. Le 28 mai, dans la Somme, une partie de la 1ère armée US entre en action. A 6h45, environ 4 000 hommes sous les ordres du colonel Hanson Edward Ely se lancent à l'assaut et investissent le village de Cantigny en 45 minutes. Les Français participent à la bataille en fournissant une couverture aérienne, l’appui de 368 pièces d'artillerie lourde, des mortiers, et des lance-flammes. De plus, la poussée des Sammies est assistée par 12 chars Schneider-CA1 du 5e bataillon de tanks. La progression US sur la ligne de front est d'un peu moins de 2 kilomètres. Même s'il elle n'est pas outrancière, c'est un succès, mais elle est passée complètement sous silence car elle a lieu en même temps que les Allemands percent vers la Marne...

A Fournois dans la Somme, le général français Pierre Amable Guignabaudet est grièvement blessé par un obus, il décède peu après de ses blessures(3)…

Offensive sur la Marne. Les Allemands, toujours obnubilés par un succès dans les Flandres, élaborent une puissante attaque de diversion vers le Chemin des Dames pour fixer les armées françaises avant une nouvelle offensive dans la Somme ou les Flandres. Devant son succès, cette dernière, d'attaque de diversion, va passer en une puissante offensive de printemps, la troisième pour les Allemands…

Au départ pour lancer cette attaque de diversion, le général Max von Boehn qui commande la VIIème armée allemande rassemble plus de 40 divisions pour enfoncer un front d'une trentaine de kilomètres sur le Chemin des Dames. C'est un secteur hautement symbolique pour les Français qui ont perdu des milliers des leurs pour prendre cette position aux Allemands il y a tout juste un an. Du coup, il n'est pas question pour le général Denis Duchêne, qui commande le secteur à la tête de la 10ème armée française, de l'abandonner aux Allemands. Mais ses troupes sont maigres, à peine 8 divisions françaises et 3 divisions britanniques. Elles sont composées de soldats fatigués qui viennent de subir l'usure de la Somme et arrivent là pour se 'reposer' dans ce secteur jugé calme. Le général Philippe Pétain qui supervise Duchêne lui conseille de préparer une deuxième ligne de défense en arrière avec des soldats qui arrivent d'Italie. Pétain sait qu'il convient désormais d'éviter de défendre à tout prix une première ligne, condamnée à l'avance par les nouveaux procédés de combat ennemis avec ses troupes d'assaut très percutantes. Il faut établir des défenses en profondeur pour user l'assaillant sur des lignes de défense successives. Pour Duchêne il n'en est pas question, car cela reviendrait à abandonner le Chemin des Dames en cas d'attaque germanique. Faisant fi des recommandations de Pétain, le général néglige l'aménagement des positions de soutien, qui ne seront jamais terminées. Il ordonne même de renforcer la première ligne afin d'interdire l'accès du plateau aux Allemands. Le 20 mai, il prescrit dans une note à ses troupes "de combattre jusqu'au bout sur la première position, afin d'interdire à l'ennemi de prendre pied au sud de l'Ailette et au nord du plateau du Chemin des Dames". Mais, ce jour-là, tout est calme...

Patrouille de destroyers près des côtes britanniques (photo colorisée)

Réparation de wagons avec une soudeuse à l'autogène

Une autre guerre, la chasse aux poux

Sous-marin français Amphitrite

Chars français Saint-Chamond à Cantigny dans la Somme

Char britannique en très mauvaise posture (photo colorisée)

Blessé prêt à être évacué

Sapeurs allemands quelque part en France

Le sous-marin allemand UB-16 coulé dans la mer du Nord

Prisonniers austro-hongrois en Italie

Officier français interrogeant des prisonniers allemands

Soldats britanniques au repos dans les Flandres

Servant de char et officier britanniques devant un tank Mark IV

Dans les Flandres, colonne de soldats allemands (photo colorisée)

L'Olympic, frère du Titanic, qui détruisit au canon l'U-103

Motocyclistes britanniques apportant des pigeons vers le front

Femmes françaises aux travaux pénibles (photo colorisée)

Des cheminots US débarquent en France pour construire des voies ferrées

Soldats allemands avec des moyens de signalisation optique (photo colorisée)

Soldats italiens à Reims

Soldats britanniques en observation aérienne (photo colorisée)

Meeting anti-conscription en Irlande

Au Moyen-Orient, chameaux se désaltérant

(1) C'est dans le cadre de cet accord, que l'ambulancier barbentanais Henri Lautier appelé dans l'Écho "le sympathique gérant du Café du Midi" sera libéré le 5 mars 1918.

(2) Noé Jordania est l'ancien président menchevique du Soviet de Tiflis et l'un des leaders du Parti ouvrier social-démocrate géorgien.

(3) Pierre Amable Guignabaudet (1859-1918) fait partie des 42 généraux officiellement tués et déclarés Morts pour la France pendant la Première Guerre mondiale. Ils figurent sur le monument des Généraux morts au Champ d'Honneur en 1914-1918 de l'église Saint-Louis à l'Hôtel des Invalides de Paris. Ne figurent pas dans cette liste les généraux décédés de mort naturelle pendant la guerre (comme Joseph Gallieni, mort de maladie), ou les suicidés (comme Pierre Peslin, commandant la 9ème DI, le 10 août 1914).

(4) Il faut vraiment que les circonstances soient alarmantes pour que le général John Pershing abandonne l'idée de n'engager ses troupes que lorsque le million de soldats US seront opérationnels sur le sol de France et seulement sous la bannière étoilée.

(5) Le commandant de l'UB-16, l'oberleutnant Vicco von der Lühe sera détenu dans un camp de prisonniers de guerre britannique, où il meurt de la grippe espagnole le 1er mars 1919.

 

Voie ferrée posée à la va vite permettant le ravitaillement en obus d'artillerie

Pas d'Écho spécifique en juillet, il ne sortira qu'en août

pour relater les évènements de mai et juin 1918...

Officiers US avec un raton laveur comme mascotte

Soldats allemands des troupes d'assaut

Char français Schneider en manœuvres au camp de Mailly

Prisonniers bulgares à Skra-di-Legen

Prototype allemand du Junker J-10 entièrement métallique

Installation de lignes téléphoniques

Soldats portugais au départ pour la France à Gibraltar (photo colorisée)

Sniper allemand

Construction d'une voie ferrée dans le sud de la Palestine

Secours britannique à un blessé

Colonne de ravitaillement austro-hongroise à Santa Lucia D'Isonzo

Georges Clemenceau en visite sur le front

Quelle folie la guerre !

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Guy