BARBENTANE

en Avril 1918

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La bataille de la Lys et du Mont Kemmel. C'est la deuxième grande offensive de printemps pour les Allemands. Elle se déroule du 9 au 29 avril et son objectif essentiel est de reprendre la ville belge d'Ypres pourtant rasée jusqu'au sol. Pour les généraux allemands Ferdinand von Quast et Hans-Sixt von Arnim les choses sont simples. Ils doivent forcer le front dans la vallée de la Lys que tiennent les portugais, reprendre le mont Kemmel que les Canadiens ont arraché de haute lutte en juin 1917. Ces deux objectifs atteints, la conquête de la ville d'Ypres ne sera plus un obstacle...

Le 9 avril, au petit jour, l'artillerie allemande couvre de projectiles et ensevelit sous une épaisse nappe de gaz toxiques le front entre la Lys et le canal de la Bassée. A 6h00, à la faveur du brouillard, les neuf divisions de l'Armée Von Quast se ruent en masses profondes sur un front de 15 kilomètres. Les défenseurs britanniques qui ont déjà été sollicités dans la bataille de la Somme et les Portugais, malgré leur vaillance, sont submergés par des forces 5 fois supérieures. Les Allemands prennent la vallée de la Lys dans la journée, les villes d'Armentières et de Cassel tombent le lendemain. En quelques jours, les armées allemandes réalisent une avancée de près de 15 kilomètres de profondeur. Le général Douglas Haig s'empresse alors de prévenir Foch qu'il ne faut plus compter sur lui pour une quelconque attaque dans la Somme, il a déjà bien trop à faire pour contenir les Allemands. Sans répondre aux demandes de secours de Haig, Foch positionne alors deux armées françaises en réserve derrière les troupes belgo-britanniques pour parer à toute éventualité. Il considère l'attaque dans les Flandres comme secondaire, et il n'est pas question pour lui d'affaiblir le front de la Somme qu'il a eu toutes les peines du monde à rétablir au début du mois. Plus au nord, malgré la violence des combats, les troupes britanniques renforcées par des éléments belges et français, tiennent bon malgré quelques replis ici et là. En fait, les forces en présence sont assez équilibrées. Le 13, les Allemands sont arrêtés à Hazebrouck et le 19 à Béthune...

Dès le 15, des troupes alpines allemandes se présentent devant le mont Kemmel tenu alors par des Français et quelques unités britanniques. Elles se positionnent aussi devant le mont Noir et celui des Cats qui sont les points les plus hauts dans cette grande plaine. Le 17, une première attaque est lancée par les alpins allemands sur le mont Kemmel, mais les assaillants sont fatigués après 8 jours d'une bataille intense et les défenseurs ont reçu quelques unités de renforts français accordés par Foch. C'est un échec et les troupes d'assauts sont décimées par la résistance franco-britannique. Pour les Allemands il faut impérativement prendre le mont Kemmel sinon c'est l'échec complet de l'offensive. Alors ils font venir de nouvelles troupes fraîches et ils ne cessent de noyer l'objectif sous des tonnes d'obus, près de 11 000 seront tirés en deux jours. Une deuxième attaque est prévue pour le 25 et même l'empereur Guillaume II sera là pour assister à la victoire en direct...

Le 18 au matin, les Allemands sont toujours à 3 kilomètres de la ligne ferroviaire Paris-Amiens, et les Français contre-attaquent avec force entre Thennes et Rouvrel, sur un front de 8 kilomètres, à cheval sur l'Avre, ce qui brise l'élan des assaillants vers Amiens. Le 24, toutes les troupes d'assaut allemandes sont positionnées autour du mont Kemmel. A 21h00, les Français maintenant encerclés décident de lancer une courte offensive pour désorganiser l'attaque, ce qui déclenche des tirs d'artillerie si nourris que les assaillants sont obligés de reculer s'ils ne veulent être détruits eux aussi. Le 25, à 3h00 un nouveau déluge de feu tombe sur les défenseurs et s'il dure 3h00 il ne fait que peu de dégâts humains tellement les positions sont fortifiées. A 6h00, dans une poussée irrésistible, les alpins allemands font tomber rapidement les premières lignes alliées et continuent leur ascension appuyés par la force de frappe des mortiers et des lance-flammes. Les défenseurs français sont débordés de toutes parts et ne peuvent plus établir les liaisons avec les autres unités à cause de l’encerclement du mont. Des renforts dépêchés ne peuvent arriver et à 7h45, le mont Kemmel tombe de nouveau aux mains des Allemands. Les derniers survivants du sommet sont rapidement faits prisonniers, mais les pertes sont énormes du côté des assaillants...

Forts de ce succès, les Allemands prévoient une nouvelle offensive sur les différents monts des Flandres et la conquête de la ville d’Ypres. Mais la prise du mont Kemmel a épuisé les soldats et les réserves sont quasi inexistantes. De plus, elle a laissé le temps aux autres troupes alliées du secteur de considérablement se renforcer. Le même jour de la prise du mont Kemmel, les Australiens chassent les Allemands de Villers-Bretonneux en faisant 600 prisonniers et des troupes marocaines nettoient avec succès tout les bois situés au sud de la ville. Le 29, la nouvelle offensive vers Ypres est un échec complet. Les monts Noir et des Cats ne sont même pas attaqués et de nombreuses contre-attaques commencent à grignoter les nouvelles positions allemandes...

Au final, l'opération Georgette se solde par une petite victoire allemande et un échec complet de l'offensive prévue pour atteindre la mer. Sur les 20 000 Portugais sous les ordres du général Fernando Tamagnini de Abreu e Silva en France, 327 officiers et 7 098 soldats sont tués, blessés ou faits prisonniers dans une seule journée. Sur le front depuis 3 longs mois, épuisés, ils se sont battus sans espoir et abandonnent le combat avec soulagement. Le reste est intégré par petites unités aux troupes britanniques. Les Britanniques ont peu de pertes par rapport aux combats et ce sont les Français, les défenseurs du mont Kemmel, qui sont les plus durement touchés avec près de 10 000 morts ou prisonniers. Il est comme toujours très difficile de savoir dans le détail les pertes allemandes, mais entre le 21 mars et le 29 avril, plus de 350 000 soldats disparaissent des effectifs...

A la fin août, le mont Kemmel sera évacué par les Allemands en retraite, il sera totalement repris le 5 septembre par les troupes franco-britanniques...

Dans la Guerre Aérienne. Le 1er avril c'est la création de la Royal Air Force (RAF). En fait c'est la fusion sous un seul commandement des Royal Flying Corps (aviation terrestre) et du Royal Navy Air Service (aviation maritime). C'est maintenant une armée forte de 20 000 appareils de toutes les spécialités, y compris les dirigeables, servis par 300 000 hommes. Sous l'impulsion de Pétain, la France suit le mouvement et elle crée la Division aérienne. Elle se compose de 32 escadrilles de corps d'Armée ; 62 escadrilles divisionnaires. Cela représente 90 escadrilles de chasse, 66 escadrilles de bombardement, 40 escadrilles d'artillerie lourde et 8 escadrilles d'aviation lourde de grande portée. A ces unités, il faut ajouter les escadrilles côtières, celles des théâtres extérieurs et du front d'Orient. A ce moment de la guerre, et directement sur le front aux contacts des Allemands, la France dispose de 432 avions de chasse Spad VII ; de 225 Breguet XIV pour le bombardement et 60 avions Caudron R-XI pour l'observation...

En avril, le lieutenant aviateur allemand Ernst Udet reçoit la croix Pour le Mérite, la plus haute distinction allemande(5). Le 4, un biplace britannique Sopwith Strutter est lancé avec succès depuis une plateforme installée sur une des batteries de 305mm du croiseur de bataille Australia. Le 12, des bombardiers allemands Gotha bombardent Paris, touchant un hôpital, tuant une mère, un bébé et une infirmière. Des bombes sont aussi larguées dans la banlieue nord, la plus peuplée de la capitale. Une seconde vague d'attaque au cours de la nuit suivante fait 26 morts et 72 blessés. C'est aussi le dernier raid de Zeppelins sur la Grande-Bretagne, ils font 7 tués et 20 blessés pour des dégâts insignifiants...

Le capitaine aviateur Manfred von Richthofen alors âgé de 25 ans, commandant de la jasta 11, est déjà une légende car accrédité de 80 victoires, plus que tous les autres aviateurs de l'époque. Il décolle au matin du 21 avril du terrain de Cappy dans la Somme au manche de son triplan Folker DR-1, totalement peint en rouge vif qui a fait sa renommée mondiale. Il est avec neuf autres pilotes parmi lesquels il y a son cousin Wolfram von Richthofen, dont c'est l'une des premières missions. Au même moment, sur le terrain de Bertangles, situé à 45 kilomètres de Cappy, décolle une escadrille canadienne composée de 7 Sopwith Camel et commandée par l'encore plus jeune capitaine Arthur Roy Brown alors âgé de 24 ans. A terre l'offensive Georgette fait rage depuis plusieurs jours. Dans le ciel, les deux escadrilles se rencontrent juste au-dessus de la ligne de front. Dans la bataille aérienne, le jeune lieutenant canadien Wilfrid May remarque que Wolfram von Richthofen reste, comme lui, à l'écart de la bataille, et le prend en chasse. Voyant son cousin menacé, Manfred von Richthofen poursuit à son tour Wilfrid May, dont la mitrailleuse s'est enrayée et qui cherche à s'éloigner. En général, Manfred ne franchit jamais la ligne de front et sa spécialité est de rechercher les avions en difficulté pour les abattre. Emporté par son envie d'abattre May, il se retrouve au-dessus des Britanniques et dès qu'il s'en rend compte il fait aussitôt demi-tour poursuivit par Roy Brown qui est venu à la rescousse de son équipier et qui ne cesse de lui tirer dessus. Dans la poursuite Manfred passe alors à faible altitude au-dessus de la portion la mieux défendue de la Somme et au moins deux batteries de DCA se mettent à tirer. A la surprise générale, le triplan cesse le combat et se pose intact. Des soldats australiens se précipitent pour sortir le pilote qui, en montrant son avion, signale à ses nouveaux geôliers "kaputt" (foutu) et meurt dans leurs bras. Après bien des études, tout laisse à penser que c'est une balle de la mitrailleuse antiaérienne Vickers du jeune australien Snowy Evans situé sur la droite du pilote qui a tué le Baron rouge. L'officier responsable du secteur, le major australien David Blake, en total accord avec les hautes instances militaires, prépare des funérailles solennelles par respect pour cet as des as. Le 22, Manfred von Richthofen est alors enterré au cimetière du village de Bertangles près d'Amiens, avec les mêmes honneurs militaires que les pilotes alliés(6)...

Le 27, c'est le premier vol du chasseur britannique d'attaque au sol Sopwith TF-2 Salamander (salamandre). En fait, si cet avion reprend beaucoup d'éléments de son prédécesseur, le Sopwith 7F-1 Snipe, c'est surtout le premier avion partiellement blindé à l'avant pour protéger le moteur, le radiateur et le pilote. C'est un biplan classique, monomoteur, monoplace (pour compenser le blindage) plus spécialement conçu pour l'attaque au sol avec l'emport de deux mitrailleuses, un nombre impressionnant de cartouches ainsi que l'emport de petites bombes pour 'nettoyer' les tranchées. Capable de monter à près de 8 000 mètres d'altitude, il est équipé de bouteilles d'oxygène et pour la première fois son pilote a droit à des vêtements chauffants. Comme ses essais au front sont concluants, il est commandé à 500 exemplaires, mais peu seront livrés avant novembre 1918...

Bien sûr, pendant tout le mois, là où les batailles terrestres font rage, tout ce qui peut voler participe aux combats. Mais les conditions atmosphériques sont défavorables avec un ciel bas ce qui ne rend pas l'aviation aussi percutante que le mois précédent...

Dans la Guerre Maritime. Si mars avait vu un net regain de l'activité des U-Boote avec 230 navires attaqués, seuls 167 navires sont touchés en avril, ce qui représente une baisse de plus de 25%. Sur ces 167 navires, 139 sont coulés et 28 sont endommagés. Ce sont toujours les Britanniques qui payent le plus lourd tribut à la guerre maritime avec 102 navires impactés, 23 autres sont français, 9 italiens, 8 russes, 7 norvégiens, 5 portugais, 3 grecs, 3 néerlandais, 2 étasuniens, 1 belge, 1 japonais, 1 libérien, 1 espagnol et 1 suédois. Pire, le tonnage coulé lui aussi baisse ce qui laisse entendre que les navires touchés sont de moins en moins importants. En fait, la faillite des U-Boote est complète par rapport aux objectifs que les Allemands s'étaient donnés en décembre 1916...

L'amirauté britannique est inquiète car la paix avec les Russes rend disponible les nombreux navires allemands qui se trouvent en mer Baltique. Elle craint un renouveau de la guerre maritime avec des navires de haut-bord. Mais les grands navires allemands restent sagement à quai. Sauf le 22 où un raid est lancé en mer du Nord contre les convois qui se dirigent vers la Scandinavie et qui se solde par un échec complet. Ce jour là, le croiseur Moltke qui mène l'attaque subit une grave avarie de machine qui lui fait perdre une hélice. Il est obligé de se faire remorquer par le cuirassé Oldenburg, proie facile il est alors attaqué par le sous-marin britannique E-42 qui le blesse encore plus sérieusement. C'est la dernière fois de la Grande Guerre que la Kaiserliche Marine s'aventure hors de ses ports protecteurs...

Raid Sur Zeebrugge et Ostende. Depuis plusieurs mois, la marine britannique conçoit un raid, baptisé opération ZO, sur les ports belges de Zeebrugge et Ostende, activement utilisés par les Allemands pour lancer et récupérer leurs sous-marins...

Sur Zeebrugge, l'amirauté prépare 3 navires et un sous-marin lestés de béton afin de les couler dans le canal qui permet aux navires de gagner la haute-mer. Préparée en grand secret c'est une opération audacieuse qui demande beaucoup de coordination entre les navires assaillants. Même l'aviation y participe pour dissimuler le raid jusqu'au dernier moment. Lancé le 2 avril l'assaut est finalement ajourné car le vent est défavorable à l'établissement du rideau de fumée qui doit masquer l'attaque. Elle reprend le 23, mais elle est loin de se dérouler selon les plans initiaux. D'abord, la fumée artificielle lancée par les avions ne masque pas grand chose, ensuite le navire qui doit avec ses canons lourds protéger les 200 fusiliers marins débarqués, n'accoste pas au bon endroit. Du coup, les assaillants se font hacher menu par les défenses côtières qu'ils doivent neutraliser. Malgré cela, dans la plus grande confusion, un petit groupe chargé de faire sauter un vieux sous-marin chargé d'explosif parvient à ses fins et détruit la passerelle qui relie le môle à la terre ferme. Là dessus, les 3 navires le Thetis, l'Intrepid et l'Iphigenia, lestés de béton qui doivent boucher le port, manœuvrent très difficilement et n'arrivent pas à pénétrer dans le cœur de la rade. Du coup ils sont sabordés là où ils sont arrivés et ne gêneront les circulations vers la haute mer que pendants quelques jours. Au Bilan, c'est une opération désastreuse qui coûte 200 tués et 300 blessés sur les 1 700 hommes engagés ainsi que le destroyer britannique Nord Star qui est lui aussi coulé dans l'attaque par des batteries côtières...

Sur Ostende, conçut comme une opération secondaire par rapport à Zeebrugge, la marine britannique lui accorde beaucoup moins de moyens, seuls deux anciens croiseurs, le Brillant et le Sirius, doivent être coulés dans la rade. Là aussi, les Allemands les attendent de pied ferme et les bateaux ne peuvent même pas s'approcher du canal tellement les défenses côtières sont efficaces. Les deux navires sont finalement sabordés hors du port et c'est un échec complet de l'opération. Pas du tout démoralisée, l'amirauté britannique remettra ça le 10 mai et encore à la fin de l'été...

L'épopée de l'U-151. Ce sous-marin allemand avait été construit comme un navire marchand capable de rejoindre seul les États-Unis pour ramener des métaux précieux indispensables à l'industrie militaire. Comme maintenant les USA sont en guerre, il est converti en croiseur sous-marin avec l'adjonction de deux redoutables canons de 150mm. Il quitte Kiel avec un équipage de 8 officiers et de 65 matelots le 18 avril. Il a pour mission de contourner les îles britanniques en passant par la mer du Nord, puis le sud de l'Islande pour s'installer près des côtes de l'Amérique du Nord afin de s'attaquer aux convois en partance pour l'Europe. Il a aussi l'espoir de se ravitailler en pillant ses prises. Dès le 22, il est repéré par les Britanniques qui interceptent un signal radio de la station allemande de Nauen qui indique clairement qu’un sous-marin est en route pour l'Amérique du Nord. Un autre message intercepté le 27 confirme l'information. Aussitôt, la marine britannique informe ses homologues US pour qu'ils prennent le plus rapidement possible des mesures adéquates. Or, dans ces échanges, les Britanniques ne cessent de répéter, que seuls des sous-marins alliés sont capables d'intervenir efficacement contre lui. Du coup, les Canadiens et les USA envoient de nombreux sous-marins sur une vaste zone, ils vont semer une belle pagaïe dans les convois car ils seront le plus souvent confondus avec le sous-marin allemand...

En mer. Le 1er avril en mer du Nord, en escortant un convoi le destroyer britannique Falcon est coupé en deux par le cargo John Fitzgerald, un matelot est brulé à mort, mais les autres sont repêchés par les autres navires. Dans la matinée, l'UC-30 torpille le cargo britannique Ardglass dans la mer d'Irlande, 7 marins périssent. Dans la journée encore, le navire portugais Lusitano est coulé au canon par l'U-155 aux larges des Açores, tous les matelots s'embarquent sur des baleinières mais aucune ne sera retrouvée. Le 2, le cargo britannique Meaford est torpillé par l'U-53 dans l'Atlantique, tous ses marins sont portés disparus. Le 3, trois sous-marins construits au Canada et vendus aux russes en 1915, l'AG-11, AG-12 et AG-16 se sabordent dans le port de Hanko en mer Baltique pour ne pas tomber aux mains des Allemands. Le même jour et pour les mêmes raisons, les sous-marins britanniques E-1, E-8, E-9, E-19, C-26, C-27 et C-35 coincés eux aussi dans la mer Baltique, prennent la mer au départ d'Helsinki pour se saborder dans le golfe de Finlande. Le 4, dans la Manche le destroyer britannique Bittern entre en collision avec le Kenilworth dans le brouillard, les 63 membres de son équipage périssent. Le 5, l'UC-79 disparaît victime d'une mine près du cap Griz-Nez dans la Manche, ses 30 servants sont tous portés disparus. Le 6, le navire-piège français Madeleine III est torpillé au large des côtes algériennes par l'UB-50, 17 marins périssent et les 3 survivants sont emmenés comme prisonniers de guerre par le sous-marin. Le 9, le vapeur français Président Leroy-Iallier est torpillé dans l'Atlantique par l'UB-109, 26 marins périssent. Le 10 en mer Ionienne, le destroyer italien Benedetto Cairoli coule lors d'une collision avec le destroyer italien Giacinto Carini, son équipage s'en tire avec une grosse frayeur et beaucoup de récriminations envers le destroyer coupable d'une fausse manœuvre. Le même jour, le destroyer français Faulx coule après être entré entre en collision avec le contre-torpilleur français Mangini dans le détroit d'Otrante, 14 marins périssent. Le 11, le sous-marin allemand UB-33 explose sur une mine dans la zone de Douvres, ses 26 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 12, deux vedettes rapides britanniques armées, les CMB-18A et CMB-33A, qui s'entraînaient pour attaquer le port belge d'Ostende disparaissent mystérieusement dans la mer du Nord avec leurs 6 hommes d'équipage. Certaines sources indiquent qu'à cette occasion, les Allemands ont pu prendre connaissance d'une partie de l'opération navale sur les ports belges, mais cela n'a jamais été certifié. Le 13, le cargo français Provence est attaqué par l'UB-68 près des côtes catalanes, il parvient à s'échouer et reprendra la mer. Le 15, le cargo britannique Pomeranian est coulé par l'UC-77 dans la Manche, 55 marins périssent. Le 16 dans la mer Adriatique, le destroyer austro-hongrois Streiter entre en collision avec son compatriote le destroyer Petka, il coule peu après. Le même jour, le sous-marin italien H-5 se saborde lui aussi dans la mer Adriatique pour ne pas tomber aux mains des Allemands. Le 17, l'UB-82 est repéré, puis grenadé par les destroyers britanniques Pilot Me et Young Fred dans la mer d'Irlande, ses 32 membres d'équipage sont tous portés disparus...

Le 19, le cargo britannique Lord Charlemont est coulé par l'U-38 près des côtes marocaines, 8 matelots périssent. Le 20, le cargo britannique Florrieeston est coulé par l'U-91 au large de l'Irlande, 19 matelots sont portés disparus. Le 21, l'UB-71 est repéré puis coulé à la grenade par le chasseur de sous-marin britannique ML-413 au large de l'île de Minorque en Méditerranée, ses 32 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 22, l'UB-55 touche une mine dans la mer de Nord, ses 30 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le même jour, le voilier français Kheda Moulekar est coulé au canon par l'UB-53 au large de la Palestine, son équipage est sauf. Un peu plus tard le même submersible fait de même au voilier français Sadika, là aussi après évacuation de son équipage. Le 24, le voilier français Mabrouska rencontre lui aussi l'UB-53 qui le coule de la même façon. Le 25, le lance-torpilles britannique TB-90 coule dans le mauvais temps au large de Gibraltar, son équipage est porté disparu. Le même jour, la corvette britannique Cowslip est coulée dans Atlantique au large du Maroc par l'UB-105, 6 matelots périssent sur les 93 membres de son d'équipage. Dans la soirée du 25, le Q-ship (navire piège) britannique Willow Branch est torpillé dans l'océan Atlantique au large de la Mauritanie par l'U-153, ses 58 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le même jour, l'U-104 est repéré et attaqué par le destroyer US Cushing entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, puis il est coulé à la grenade par le dragueur de mines britannique Jessamine, sur ses 42 membres d'équipage, un seul peut être secouru. Le 29, c'est le lancement du l'U-94, après 13 patrouilles où il coule 20 navires, il est remis à la France au titre de dédommagement de guerre après l'armistice, il sera aussitôt baptisé Trinité-Schillemans(7). Le 30, lors de sa deuxième patrouille l'UB-85 subit une série d'avaries. Partiellement inondé, incapable de manœuvrer, il est obligé de se rendre au navire-piège britannique Coreopsis II au large de l'Irlande. Ses 34 servants sont tous faits prisonniers...

Sur le Front Italien. C'est le calme plat. On ne se fait plus la guerre ou presque. Seules des actions d'escarmouches ou d'artilleries sont notées. Ce qui met Foch en colère contre le général italien Armando Diaz qui n'occupe pas assez ses armées. Alors, des actions sont lancées par les Italiens sur le lac de Garde et sur le plateau d'Asiago des patrouilles britanniques attaquent les tranchées ennemies...

Dans les Balkans. Comme en Italie, rien de guerrier ne se passe vraiment. Ce sont les Britanniques les plus actifs et le 16 avril leurs troupes font une avancée significative dans la vallée de la Struma...

Dans la Guerre Civile Russe. Depuis février l’armée blanche des Volontaires du Général Lavr Kornilov, composée de quelques milliers d’anciens officiers de l’armée impériale, est forcée par l’armée rouge de se retirer des villes de Novotcherkassk et Rostov-sur-le-Don. Elle entame alors sa première campagne du Kouban pour tenter de rejoindre Ekaterinodar la capitale du Kouban. Comme la ville est entretemps tombée aux mains des bolcheviks, les Volontaires et leurs alliés cosaques tentent de la prendre d’assaut. Le 13 avril, lors de l’attaque de la ville, le général Kornilov est tué par un éclat d’obus dans son quartier général de campagne. La dépouille de Kornilov est alors enterrée en secret à côté de celle du général Mitrofan Nejentsev, tombé la veille, dans un village proche. Quand les bolcheviks prennent le contrôle de la zone quelques jours plus tard, ils exhument les corps, les souillent avant de les brûler dans une décharge d’Ekaterinodar...

Sur le Front du Caucase. Malgré la paix signée le 3 mars à Brest-Litovsk entre les Russes et le grand vizir Talat Pacha, les Turcs sont obligés de reconquérir les villes abandonnées par le Russes à des forces transcaucasiennes (géorgiennes, arméniennes et azéris). Le 6 avril les Turcs occupent Batumi sur la mer Noire, le 12 Maco dans le sud, puis Ardahan et Kars le 25 au centre de l'Anatolie Orientale. A la fin du mois, ils ont largement repris tous les territoires qui avaient été envahis et soumis à la Russie lors de la Guerre russo-turque de 1877-1878...

Au Moyen Orient.

En Mésopotamie. Les Britanniques ne cessent de progresser vers le nord-ouest. Le 29 avril, ils prennent la ville de Tuz Khurmati...

Dans l'ouest de l'actuelle Jordanie. Les Bédouins du roi Fayçal deviennent maîtres du chemin de fer du Hedjaz. Il cesse de circuler ce qui isole totalement les troupes turques qui stationnent toujours le long de la mer Rouge et occupent encore quelques villes...

En Palestine. Le 3 avril, les Britanniques traversent en force le Jourdain et entrent en Jordanie. L'armée turque qui commence à rapatrier ses troupes de l'intérieur du Moyen Orient, se repositionne sur l'est du Jourdain. Le 30, de vifs combats se déroulent à Es Salt, à mi-chemin entre le Jourdain et Amman. Les Britanniques, inférieurs en nombre, sont obligés de se replier...

En Afrique de l'Est. Le 12 avril, les forces congo-belges du major Lucien Hérion et celles King’s African Rifles du major britannique Edward Hawkins livrent bataille à Medo contre les troupes du major-général allemand Paul von Lettow-Vorbeck. Ce dernier se dérobe et reprend sa retraite vers le sud...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. Après quelques Échos de 16 pages, celui de juin 1918 fait 20 pages, on sent que le curé Aimé Guigues est revenu au village. Trois photos font sa Une, celle de l'intérieur de la chapelle de Rinfilières, le Sacré-Cœur de l'église de Loublande et celle du village Rinfilières. Plus de 2 pages sont consacrées au fait de 'Rinfilières' et de la 'voyante' Claire Ferchaud. Il est à noter qu'une fois la guerre finie, tout cela va tomber dans l'oubli le plus complet(8). La communion solennelle s'est déroulée le dimanche 5 mai, elle a débuté par une procession très matinale à 7h30. L'article est signé, ce qui est rare dans l'Écho, par Marguerite André qui n'est autre que la directrice de l'école communale des filles. Comme toujours la confirmation s'est faite à Châteaurenard...

Le 25 avril, jour de la Saint-Marc (patron des vignerons) et par beau temps, une procession s'est rendue à la croix de Chanaud (dite maintenant croix de Saint-Marc, celle qui est juste devant l'école des Moulins). Par contre, à cause de pluies diluviennes, les processions des Rogations se sont déroulées dans l'église. Celle de la veille de l'Ascension s'est arrêtée au Calvaire, sans aller jusqu'à la croix des Veuves afin de pouvoir se rendre ensuite à Châteaurenard pour la confirmation. La procession de l'Ascension s'est faite au village. Pour la fête de Jeanne d'Arc, finies les grandes réjouissances, juste des prières et des offices...

Grâce à des dons, le curé entreprend la restauration de la Chapelle dite de la Vierge. C'est aussi l'ancienne chapelle de la Famille Puget de Barbentane, d'ailleurs leurs armoiries (taureau rouge avec une étoile jaune entre les cornes) sont toujours gravées, mais difficilement visibles, dans la clé de voûte...

Dans l'article sur 'Nos Blessés', le sous-lieutenant Rossi [Pascal ou Antoine ?] est bien soigné ; Buravand a eu les deux cuisses touchées ; Adrien Rey a reçu une balle qui lui a traversé le poumon droit et Etienne Bernard, qui a reçu un éclat d'obus dans la cuisse droite, est soigné à l'hôpital canadien de Saint-Cloud...

Paul Linsolas, tué d'une balle dans la tête à 28 ans le 19 avril, est ajouté au martyrologe. Un service funèbre est célébré le 11 mai à sa mémoire...

Le dimanche 28 avril, il y a une réunion à la mairie afin de voir les modalités pour monter les dossiers des orphelins de guerre. Outre le curé et le maire, tous les directeurs des écoles sont présents. On y apprend que M. Nieuvalle est le directeur de l'école communale des garçons, Léon Pinat celui de l'école libre, Béatrice André directrice de l'école communale des filles et Marie Troncy celle de l'école maternelle libre. Plus de trente enfants sont orphelins de guerre au village...

Un seul Poilu barbentanais meurt pour la France en avril 1918 :

Paul Adrien Linsolas. Il est né à Barbentane, 27 ans, cultivateur. Il est incorporé le 7 octobre 1911 au 23ème bataillon de chasseurs alpins de Villefranche-sur-Mer. Il est promu soldat de 1ère classe le 8 juillet 1912, puis libéré le 8 novembre 1913. Il est rappelé le 4 août 1914, et muté comme mitrailleur au 116ème bataillon de chasseurs alpins le 7 mai 1917. Il est grièvement blessé le 6 octobre 1914 par trois balles, une dans chaque poignet et une à l'épaule droite au fort de Troyon dans la Meuse. Il est tué d'une balle en pleine tête le 17 avril 1918 lors de la bataille de Meteren dans le Nord où tombent 11 000 obus en deux jours. Il est immédiatement enterré sur la route de la Ferme à la Besace. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 11 mai 1918 en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane.

Dans le courrier militaire, Raoul Saint-Michel est ravi d'apprendre que son oncle est rentré d'Allemagne [il est à supposer que son oncle est Henry Lautier] ; Marius Escalier est parti précipitamment de Bizerte pour l'Orient ; même si Albert Barthelémy trouve Versailles beau, pour lui, il ne vaut pas le joli clocher de Barbentane ; Antoine Rossi se prépare à repousser l'ennemi ; Henri Combet est avec des Arabes qu'il trouve patriotes ; en Orient, Fernand Barral qui a des nouvelles de la France par des radios boches, a vu un avion bulgare en feu s'écraser derrière son régiment ; Léontin Gilles regrette de ne pas avoir vu les 'boys-scouts' de Théziers ; soigné à l'hôpital américain, le sous-lieutenant Rossi [Pascal ou Antoine ?] attend sa guérison qui sera longue, mais sûre d'après lui ; Henri Rouqueirol est aux tranchées depuis deux mois, mais à l'écart de la grande bataille ; Etienne Bernard est dans des jours très durs où il empêche l'ennemi d'aller sur Paris ; Gaston Nazon est confiant car, selon lui 'notre jour de bondir approche' ; Achille Deurrieu pense que la lecture de la captivité d'Henry Lautier va donner du courage aux combattants pour lutter jusqu'à la victoire ; Louis Fontaine est de nouveau dans la Somme ; Louis Laget est dans un bon secteur, mais on ne sait pas où ; Joseph Ollier a marché 5 jours sous la pluie pour se positionner en renfort dans la Seine-et-Oise ; le caporal Jean Fontaine a été désigné comme instructeur de la classe 19 ; Louis Ayme, lui qui est resté onze jours sans pain à Corinthe, a ri à la lecture des restrictions imposées au village, il est devenu le jardinier de la batterie, il fait pousser des raves et des radis au lieu de tuer des Bulgares ; Pierre Dayre trouve que la grande ville de Toulon ne vaut pas le petit patelin de Barbentane ; de Lorraine Jean-Marie Auzépy attend... la Somme mais sans la désirer, il trouve la Lorraine belle mais, il cherche sa Provence ; gravement blessé, Léon Chauvet a été amputé ; Charles Mouiren a eu la chance d'être en permission quand son régiment était dans la Somme là où les combats étaient les plus meurtriers, il est maintenant en Champagne ; dans son hôpital, l'infirmier-abbé Revest est devenu aumônier, deux bombes sont tombées sur l'établissement cassant toutes les vitres, mais cela ne les empêche pas de dormir ; en Orient Jean Vernet pense au beau printemps de France ; en formation à Châlons, l'adjudant Jean Bremond pense sortir de l'école le 25 mai ; Henri Bruyère est toujours au fort en formation ; Jean-Marie Ginoux a du beau temps, il fait même chaud et Paul Crouzet, qui vient d'être versé dans l'artillerie contre les aéroplanes, sait qu’il va rester encore quelques mois à Menton...

Dans la vie paroissiale, il est noté 4 baptêmes, 1 mariage et 4 décès...

Un article consacré au mois du Sacré-Cœur et une page de consigne "Au jour le jour" clôturent cet Écho...

Guy

Tranchée de Calonne dans la Meuse, poste de ravitaillement US

Le front franco-belge en avril 1918

Tracteur d'artillerie allemand

Britanniques dans un village de la Somme à moitié détruit

C'est l'Écho de juin qui relate les évènements d'avril 1918 à Barbentane...

Soldats français en retraite dans la Somme dans une tranchée de fortune

Bateaux coulés par les Britanniques dans le canal d'Ostende

Soldats allemands réparant une voie ferrée à Armentières

Poste de secours portugais dans la vallée de la Lys (photo colorisée)

Infanterie allemande à Armentières en prélude à l'opération Georgette

Soldats portugais creusant une tranchée dans une ville du Nord (photo colorisée)

Patrouille de policiers alliés à la gare du Nord à Paris

Sous-marin russe AG-11

Avril 1918, Dans le Monde en Guerre

 

Affaire Czernin-Clemenceau. Le 2 avril, le comte Ottokar Czernin, ministre impérial des Affaires Étrangères de l'Autriche-Hongrie, prononce un discours devant une délégation du Conseil municipal de Vienne. A cette occasion, il affirme que Georges Clemenceau lui aurait fait des ouvertures en vue d'entamer des négociations de paix lors des rencontres Armand-Revertera en 1917. Ces pourparlers auraient échoué à cause de l'intransigeance des aspirations françaises au sujet de l’Alsace-Lorraine. Clemenceau réfute avec indignation ces propos en déclarant "Le Comte Czernin a menti". Le 5, toujours à Vienne, le comte Czernin renouvelle ses propos quant aux négociations Armand-Revertera. Il confirme avoir repoussé une offre française de négociations et proclame la fidélité de l’Autriche-Hongrie à l’Allemagne. Le lendemain, furieux, Clemenceau fait publier une note du gouvernement rétablissant les faits quant aux conversations Armand-Revertera. Le 8, à Vienne, le comte Czernin confirme ses propos du 2 avril. Le 9, Paris dévoile l'existence de la tentative de paix de Charles Ier par l'entremise du prince Sixte de Bourbon-Parme qui, en mars 1917, reconnaît "les justes revendications de la France au sujet de l'Alsace-Lorraine". Le 12, la France publie une lettre autographe de l'empereur Charles Ier, remise le 17 mars 1917 à Raymond Poincaré, par le prince Sixte de Bourbon-Parme. Dans cette lettre, l'Empereur écrit que "si l'Allemagne refuse d'entrer dans la voie de la raison, il se verrait contraint d'abandonner son alliance pour faire une paix séparée avec les Alliés". Czernin, qui ignore tout des échanges épistolaires de son empereur, est totalement pris de court et il est démis, puis démissionnaire de son poste, 14 avril...

La Grippe pas encore Espagnole. L'épidémie est maintenant bien installée au sein des camps d'entrainements aux USA. Elle fait aussi ses premiers morts, sans toutefois atteindre le niveau de virulence qui va mettre le monde en émoi. Elle commence à embarquer avec les soldats sur les navires en partance pour l'Europe…

En France, les premiers cas sont signalés en avril à plusieurs endroits du territoire : à Villers-sur-Coudun dans l’Oise au sein de la IIIème armée, parmi les troupes US débarquées à Bordeaux-Bassens ; à l’hôpital complémentaire de Fontainebleau, et au camp d’instruction automobile de Fèrebrianges dans la Marne. "Le 30 avril, 23 indigènes se présentent à la contre-visite et ils se plaignent de symptômes morbides apparus brusquement dans les heures précédentes. Fièvre de 38 à 40°, céphalées, courbatures, congestion de la face, des conjonctives et du pharynx. La convalescence est longue et les malades présentent de nouveaux symptômes : toux de plus en plus impérieuse, pneumonies. Persistance de râles de congestion. Seule ou à peu près dans les affections épidémiologiques, la grippe pourrait être prise en considération", conclut le médecin chargé du service médical du Centre d’instruction dans son rapport du 12 mai...

Poste de premiers secours dans une église en piteux état dans la Somme (photo colorisée)

Dans la Somme, officiers allemands sur le char britannique Mark IV baptisé l'Escapade (photo recolorisée)

Points d'impacts des obus allemands sur Paris

Le croiseur allemand Moltke

Artilleurs turcs en Palestine (photo recolorisée)

Ambulances de la Croix-Rouge dans la cour des Invalides à Paris

Photo unique, tous les servants d'un Pariser Kanonen posent pour l'histoire

Étudiants argentins hissant le drapeau sur l'université de Cordoba en grève

Obusier allemand pendant l'attaque du mont Kemmel

Dans le Monde Politique

En France. Le 15, c'est le début de l'incorporation des soldats de la classe 1918. Après sa condamnation à mort pour intelligence avec l'ennemi le 14 février, et comme le président Raymond Poincaré refuse de signer sa grâce, Bolo Pacha, 52 ans, est fusillé au matin du 17 avril au fort de Vincennes(1). Le 18, Edward Stanley, 17ème comte de Derby, est nommé ambassadeur britannique à Paris en remplacement de lord Francis Leveson Bertie malade. Le 27, c'est la publication du décret qui interdit la vente de la viande trois jours par semaine à partir du 15 mai. Le 29, en lien avec le procès de Bolo Pacha, c'est un nouveau procès qui est tenté par toute la droite française à l'encontre des dirigeants anarchistes et antimilitaristes du journal Bonnet Rouge...

Le Pariser Kanonen. Favorisés par le mauvais temps, qui cloue les avions d'observation au sol, les bombardements de Paris continuent tout le mois d'avril...

Soldats Italiens en France. L’envoi de troupes italiennes en France, acté depuis mars, prend forme courant avril. Le 2ème corps d’armée italien, commandé par le général Alberico Albricci, est choisi pour rejoindre le front français. Il est constitué de deux divisions d’infanterie qui comportent chacune un régiment d’artillerie, et des troupes de corps d’armée. Parmi les régiments engagés, figure la brigade Alpi, commandée par Peppino Garibaldi, celui-là même qui dirigeait la légion garibaldienne en 1914...

Au Sénégal Français. Depuis un an, le tirailleur sénégalais réformé Cheikou Cissé, né à Chorboze au Soudan Français en 1890 (maintenant au Niger), blessé au Maroc et aux Dardanelles, réclame bruyamment mais en vain, son rapatriement au Soudan dans sa famille. Le 18 avril, il est condamné par le conseil de guerre de Dakar, qui invoque la sûreté de l'État, à la peine de déportation perpétuelle au bagne en Nouvelle-Calédonie. Ce sera le dernier bagnard sur le Caillou(2)...

En Grande-Bretagne. Le 9, c'est l'introduction aux Communes d'un bill complémentaire au Military Service act. Cet ajout, autorise le réexamen des exemptés appartenant à l'industrie, il relève à 50 ans l'âge pour être mobilisable et étend à l'Irlande le service militaire obligatoire. Le 10, dans un véhément discours aux Communes, le Premier ministre, David Lloyd George motive la modification de la loi militaire et il annonce que deux nouvelles armées turques ont été détruites, l'une en Palestine, l'autre en Mésopotamie. Le retrait des certificats d'exemption militaire est fixé au 24 avril. Le 16, malgré l'opposition des Irlandais, le Parlement adopte le Military Service Bill sur le recrutement et il reçoit le 18, l'assentiment royal. Le 19, le gouvernement britannique proclame son droit de visite sur les convois organisés par la Hollande à destination des Indes néerlandaises. Le 23, pratiquement toute l'Irlande arrête de travailler pendant une journée pour protester contre la nouvelle loi militaire...

En Belgique Libre. Dès le début du mois, ceux qui le peuvent commencent à évacuer la partie des Flandres encore libre mais qu'ils sentent menacée. Le 12, c'est par trains entiers que les Belges, et aussi des Français, évacuent la zone des combats. Tous se réfugient en France métropolitaine, le plus souvent près de la côte atlantique...

Aux États-Unis. A l'occasion du premier anniversaire de l'entrée en guerre du pays, le Président Woodrow Wilson prononce un discours dans lequel il affirme que ses concitoyens emploieront "la force, jusqu'à l'extrême, sans restriction ni limite" pour écraser le militarisme prussien. Le 22, le secrétaire d'État étasunien adhère à l'idée d'une intervention des USA en Russie par Mourmansk et Arkhangelsk...

Au Canada. Après les émeutes des 4 derniers jours de mars, lorsque le bilan des blessés est connu, la population de la Belle Province se réveille sous le choc. Le 1er avril, malgré les promesses du député francophone Armand Lavergne, l'armée commence à patrouiller dans les rues. Lavergne rencontre alors le major général François-Louis Lessard au Château Frontenac. Celui-ci lui dit qu'il n'a rien promis et qu'il est maintenant temps d'utiliser la force pour rétablir l'ordre. A 20h, les troupes se tiennent autour de la place Jacques-Cartier et la foule, qui tentait de se rassembler, est refoulée dans les rues avoisinantes. Comme elle ne se disperse pas, le général Lessard décide de faire charger la cavalerie. La population réplique en lançant des projectiles, mais elle est obligée de reculer vers les rues avoisinantes. Les troubles se multiplient après que l'armée ait vidé manu militari la principale salle de quilles de l'endroit. Le major George Mitchell fait alors installer une mitrailleuse, et crie en anglais aux gens de se disperser, mais, comme ils n'obtempèrent pas, il fait tirer. Les manifestants se dispersent en hurlant, mais il y a 4 morts, dont un gosse de 15 ans et plus de 70 blessés. Dans la nuit, 62 personnes sont arrêtées, 58 sont relâchées les jours suivants. Le lendemain, 2 avril, la presse francophone se déchaîne contre "Le règne de la soldatesque", pendant que les soldats patrouillent dans toute la ville avec des ordres d'assassinats "Shoot to kill" (tirez pour tuer). Les arrestations continuent, il y en a 200 pendant tout le mois d'avril. Le 3, la ville lance une enquête qui est présidée par Georges-William Jolicœur, pour déterminer la cause de la mort des quatre victimes. Le médecin légiste Albert Marois déclare à la surprise de tous, qu'elles ont été tuées par des balles explosives. Le 13, les conclusions de l'enquête sont rendues publiques, mais le témoignage du docteur Marois n'est pas retenu. Les victimes n'ont pris aucune part aux troubles. Elles se sont tout simplement trouvées au mauvais endroit au mauvais moment. Les soldats qui ont tiré sont disculpés, car ils ont tout simplement accompli leur devoir dans la répression d'une émeute. Les troubles sont dus au manque de jugement des policiers fédéraux, les spotters, qui ont arrêté des gens sans raison valable et qui ont ainsi mis le feu aux poudres...

En Italie. Le Congrès des Peuples Opprimés commence à Rome le 8 avril, avec les personnalités les plus importantes parmi les délégations nationales : Tchèques, Slovaques, Yougoslaves, Serbes, Polonais et Roumains. Les délégués représentent 30 millions de slaves et latins, opposés à 20 millions d'allemands et hongrois. Ils réclament "le droit, la liberté et la justice pour les nations contre l'empire de la violence". Dans le concret, ils vont développer des outils de propagande (tracts, manifestes, journaux) pour les distribuer par voie aérienne bien au delà de la ligne des tranchées afin d'inciter à la désertion tous les soldats concernés. Au 1er novembre 1918, 51 millions d'affiches et près de 9 millions de journaux ont été fabriqués et distribués. A partir de juillet, quand ils se rendent, de nombreux soldats des Empires centraux brandissent ces papiers en guise de ralliement aux causes défendues par les Alliées...

Au Portugal. Pour la première fois les Portugais sont appelés aux urnes le 28 avril pour élire leur Président au suffrage universel. En fait, il y a qu'une seule liste, celle du Parti National Républicain (républicain de droite), menée par Sidónio Pais, le dictateur qui a pris le pouvoir par la force en décembre 1917. Dénonçant le coup d'état, le Parti Démocrate, le Parti Évolutionniste et l'Union Républicaine, qui ont remporté plus de 90% des sièges aux élections de 1915, refusent d'y participer. Seuls 57% des électeurs se déplacent. Pais sera vite surnommé le président-roi à cause de son autoritarisme et l'abandon des troupes portugaises qui combattent en France lui est reproché. La guerre aggrave la crise, ce qui provoque des famines, des épidémies et un rationnement sévère...

En Allemagne. Le 13 avril, malgré les révélations fracassantes de l'affaire Clemenceau-Czernin, Guillaume II télégraphie à Charles Ier pour l'assurer qu'il n'a jamais douté de sa fidélité. Le 18, c'est un débat sur la guerre sous-marine à la Commission principale du Reichstag et les amiraux sont obligés de reconnaître qu'ils ont perdu cette bataille. Pour la première fois cette assemblée se met à douter des possibilités de l'armée allemande de gagner la guerre. Le 22 à Berlin, le chancelier Georg von Hertling déclare que l'Allemagne prend sous sa protection militaire les provinces baltiques, y compris la Courlande. Le 23, c'est le rétablissement des relations diplomatiques avec la Russie et le comte Wilhelm von Mirbach est nommé ambassadeur à Moscou. Le 26 à Berlin, la Chambre des seigneurs de Prusse (Sénat) vote des poursuites contre le prince Karl Max von Lichnowsky, ancien ambassadeur d'Allemagne au Royaume-Uni, pour avoir publié ses souvenirs sur la crise de juillet 1914. A cette date, il déclarait "que le Reich ne peut pas gagner la guerre qui arrive" et il prophétisait que "si la guerre éclate, cela sera la plus grande catastrophe que le monde connaîtra". Dans ce document, il relate aussi la responsabilité de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre en précisant "Si l'Allemagne avait mis son veto, jamais l'Autriche-Hongrie n'aurait déclaré la guerre à la Serbie", argument qui sera repris au moment de la signature du Traité de Versailles. Le 30 à Berlin, c'est le début des débats sur la réforme électorale à la Chambre des députés de Prusse...

En Autriche-Hongrie. Le 16 avril, c'est le baron hongrois Stephan Burián von Rajecz qui remplace le comte Ottokar Czernin, ministre impérial des Affaires Étrangères de l'Autriche-Hongrie démissionnaire. Ce baron Hongrois est un vieux routier de la politique, c'est aussi un homme qui veut la paix, plus pour préserver la Hongrie que la double monarchie. Les Allemands le suspectent de manigancer dans leur dos ce qui n'est pas tout à fait faux. Cette nomination oblige le cabinet hongrois présidé par Sándor Wekerle à la démission. Le 24 à Budapest, Le comte Graf Serenyi essaie de former un cabinet hongrois mais il échoue. Le 26, c'est l'arrivée à Vienne de Richard von Kühlmann, le négociateur de Brest-Litovsk, pour tenter de rabibocher les relations entre le kaiser Guillaume II et Charles Ier...

En Russie. Quasiment en même temps, les Britanniques débarquent à Mourmansk  dans la mer de Barents, puis Arkhangelsk dans la mer Blanche, à l'extrême est du pays, les Japonais occupent Vladivostok sur la côte Pacifique...

L'ancien Premier ministre Alexandre Kerenski qui vit clandestinement chez des amis parvient avec l'aide des Britanniques à quitter la Russie pour la France en passant par Mourmansk. Juste avant son départ, Kerenski avait envisagé de se rendre par surprise à l'assemblée constituante, persuadé que son éloquence aurait pu retourner l'opinion. Ses proches réussirent à le dissuader de commettre une telle folie...

Début avril, c'est la création de la République Socialiste Soviétique autonome (RSSA) du Turkestan, elle se rattache aussitôt à la République Socialiste Fédérative Soviétique (RSFS) de Russie. Le 6 avril, Gueorgui Tchitcherine(3), alors l'adjoint de Trotski au commissariat du peuple aux Affaires étrangères, proteste énergiquement contre l'intervention japonaise à Vladivostok. Le 18, Tchitcherine en fait de même contre l'union de la Bessarabie à la Roumanie. Le 22, c'est la création d'une république transcaucasienne indépendante. Le 23, c'est le rétablissement des relations diplomatiques avec l'Allemagne et le comte Wilhelm von Mirbach est nommé ambassadeur à Moscou...

La Famille Impériale. En apprenant, souvent avec bien du retard, les nouvelles du pays, le tsar regrette son abdication. Dès que les Bolcheviks prennent le pouvoir, le sort des captifs s’aggrave, par humiliation Nicolas II est contraint d’ôter ses épaulettes. Ils sont traités désormais comme de véritables prisonniers. Les anciens combattants qui les gardaient sont remplacés maintenant par des gardes rouges. Lénine pense qu’il faut exterminer une centaine de Romanov, mais en mars 1918 il ne veut pas d’un procès, car il ne souhaite pas qu'une publicité quelconque ramène le tsar sur le devant de la scène politique. Le pouvoir considère que l'ancien empereur ne peut être ramené à Kronstadt avant la débâcle des rivières. A Moscou, on décide que le problème de l’ex-tsar n’est pas à l’ordre du jour. Les monarchistes eux-mêmes ne sont pas non plus très soucieux du sort de l'ancien monarque. Certes, un ex-sénateur, Mikhail Tugan-Baranovsky, achète une maison en face de la résidence du gouverneur et creuse un tunnel. Mais il ne peut compter que sur un nombre limité de personnes et son projet n’est pas terminé lors du transfert d'une partie de la famille royale à Ekaterinbourg. Il est vrai que beaucoup de ses partisans sont morts au front ou tués par les révolutionnaires...

En Avril, subitement, peut-être du fait d'une rumeur d'évasion, Iakov Sverdlov le nouvel homme fort du régime bolchevique, estime que le problème des Romanov est désormais à l’ordre du jour. Alors, ordre est donné de conduire le tsar, la tsarine et la grande-duchesse Marie, à Ekaterinbourg dans la Maison Ipatiev dite à destination spéciale. Les trois autres filles du tsar restent à Tobolsk pour prendre soin d'Alexis, atteint d'une grave crise d'hémophilie. Ils sont confiés au commissaire militaire pour l’Oural, Isaac Golochekine, un des compagnons de Lénine, arrivé de Suisse avec lui, mais surtout ami de Sverdlov. La garde de la famille impériale restée sur place à Tobolsk est assurée par des hommes ayant toute la confiance du commissaire Golochekine. Ce sont des ouvriers qui travaillent dans les usines avoisinantes et qui s'assurent ainsi un petit pécule supplémentaire...

Quand Nicolas apprend que sa destination est Ekaterinbourg, il déclare "J’irai n’importe où, mais surtout pas dans l’Oural" car il estime que cette ville est peuplée d’extrémistes bolcheviks, d'anarchistes et de Socialistes-Révolutionnaires qui réclament bruyamment son exécution. Mais le pouvoir n'a que faire des sentiments du tsar déchu. C'est le commandant Alexandre Avdeïev qui est chargé de la garde extérieure et intérieure de leur nouvelle prison. C'est un ivrogne au vin mauvais avec un passé de voyou qui aime humilier ses prisonniers. Violent et borné, il n'adresse la parole à l'ancien monarque qu'en le traitant de buveur de sang. Le logement du commandant et des autres gardes se situe à l'étage réservé à la famille impériale. Cette cohabitation est source de nombreuses vexations pour les prisonniers. Ils sont victimes d'incessants quolibets, de plaisanteries douteuses à l'encontre des jeunes grandes-duchesses. Ces soldats couvrent les murs d’inscriptions obscènes et volent tout ce qu’ils peuvent, surtout les provisions destinées à l’ancien tsar et ses proches. Une palissade est élevée autour de la maison et les vitres sont recouvertes de peinture, à l'intérieur, les détenus doivent laisser toutes les portes ouvertes...

En Finlande. Le 13 avril, les troupes allemandes du général Carl Gustaf Emil Mannerheim s’emparent d’Helsingfors (Helsinki), occupée par les Bolcheviks depuis le 28 janvier. Le 30, les Bolcheviks finlandais sont chassés du pays par les Allemands après la bataille de Vyborg...

Dans le Caucase. Le 9 avril, l'Assemblée parlementaire transcaucasienne (SEJM) proclame l'indépendance de la République Démocratique Fédérative de Transcaucasie et confie la responsabilité de son exécutif à Akaki Tchenkéli (ancien député menchevik représentant la Géorgie à la Douma russe). Mais la cohabitation des ces 3 peuples - arménien, azerbaïdjanais et géorgien - se heurte à de forts sentiments nationalistes. Le 22, cette nouvelle république prend Tiflis pour capitale et elle rompt tous ses liens diplomatiques avec la Russie. Elle aura une durée de vie très éphémère, à peine un mois...

En Ukraine. Le 3 avril, le feld-maréchal allemand Hermann von Eichhorn devient commandant suprême des armées d'occupation et gouverneur militaire de l'Ukraine. Le 5, toute l'Ukraine est conquise jusqu'à la ville de Kharkov à son extrême est. Le 13, après avoir isolé la Crimée, les Allemands occupent le grand port militaire d'Odessa, et le 20 toute la presqu'île. Depuis la paix de Brest-Litovsk, le pouvoir ukrainien républicain s'était engagé à fournir aux forces allemandes des stocks de nourriture. Mais, le commandement de l'armée allemande est mécontent de l'inefficacité et de l'incompétence du gouvernement qui peine à fournir le ravitaillement à temps, peut-être parce que cet accord est resté largement impopulaire. Alors, le 29, les Allemands dissolvent la Rada Centrale, pour mettre à sa place le général très germanophile Pavlo Skoropadsky qui se proclame aussitôt Hetman (chef cosaque) d'Ukraine. Les autres politiciens ukrainiens accusent Skoropadsky d'être la marionnette des Allemands, soutenue par une grande partie des propriétaires fonciers locaux. Il forme un nouveau cabinet comprenant surtout des monarchistes russes, favorables à une fédération avec une future Russie non-bolchevique...

En Bessarabie. Le 9 avril, Le Parlement de Bessarabie vote le rattachement de la province à la Roumanie...

Dans le Caucase. Après avoir remporté les combats contre les Azéris musulmans, les Bolcheviks et les Socialistes-Révolutionnaires de gauche forment le 27 avril à Bakou, en Azerbaïdjan, un Conseil des commissaires du peuple avec l’appui du parti Dachnak (des Arméniens qui vivent en Azerbaïdjan). L’objectif est de créer un pouvoir soviétique en Transcaucasie. Mais, dans le même temps la Géorgie et l’Arménie font sécession et créent avec les Azéris la République fédérale transcaucasienne…

En Géorgie. Le 27, la Diète locale proclame son indépendance...

En Extrême-Orient. Après avoir mouillé ses navires dans la mer du Japon à quelques dizaines de kilomètres des côtes russes en mars, le 4 avril le japon prend le prétexte du meurtre de 2 de ses ressortissants pour débarquer. En fait, c'est une opération concertée avec les Britanniques qui débarquent eux aussi à Mourmansk et Arkhangelsk pour soutenir les armées blanches dans le nord de la Russie européenne. Le 5, une petite troupe britannique débarque à son tour près de Vladivostok. Le 6, un contingent de fusiliers-marins japonais occupe le grand port de Vladivostok...

En Croatie. Le 30 avril, la situation alimentaire devient très difficile à Zagreb la capitale...

Au Guatemala. Le 23 avril, le gouvernement déclare la guerre à l'Allemagne...

En Argentine. Depuis le 31 mars, le pays est en proie à de nombreuses manifestations étudiantes contre le système élitiste qui règne alors dans les universités de Cordoba, Buenos-Aires, La Plata, Rosario, Tucuman et du Littoral. Le 11 avril, les étudiants se regroupent et créent La Fédération Universitaire Argentine. Elle est présidée par l'étudiant en médecine Osvaldo Loudet et elle réclame l'autonomie des universités avec la participation des étudiants à leur gestion. Le 13, c'est la première traversée des Andes par voie aérienne entre la ville argentine de Zapala et celle de Cunco au Chili. En 2h30, en volant à plus de 4 000 mètres, le lieutenant argentin Luis Candelaria réussit cet exploit sans équipement spécialisé...

Aux Îles Tonga. Protectorat britannique depuis 1900, mais de monarchie constitutionnelle depuis 1875, c'est la reine Salote Tupou III qui monte sur le trône lors du décès de son père, George Tupou II, le 5 avril...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. En avril, Louis Aragon alors âgé de 21 ans est en deuxième année de médecine avec André Breton au quartier des fous de l'hôpital du Val-de-Grâce. Il est alors mobilisé comme brancardier, puis adjudant médecin auxiliaire. Sur le front, il fait l'expérience des chairs blessées, de la violence extrême de la guerre, une horreur dont on ne revient jamais tout à fait pareil. Il reçoit la Croix de guerre et reste mobilisé deux ans de plus dans la Rhénanie occupée, ce qui lui inspirera le célèbre poème Bierstube, Magie allemande. Cet épisode de sa vie réapparaîtra constamment dans son œuvre. En 1920, la Nouvelle Revue Française publie Anicet ou le panorama, roman commencé sur le front. Le 17, occupant un emploi de fonctionnaire à la préfecture de l'Hérault, Jean Moulin alors âgé de 19 ans, est mobilisé au 2ème régiment du génie. Le même jour à Angers (Maine-et-Loire), c'est la naissance de l'écrivain et romancier Hervé Bazin. Poète, il obtient le prix Apollinaire pour son premier recueil de poèmes Jour. Les démêlés avec sa mère, femme autoritaire et cruelle, lui inspirent son premier grand roman très biographique Vipère au Poing qui sera en 1948 un immense succès populaire. Homme de gauche, proche du PC, il s'engage dans le Mouvement de la paix en 1949 et milite contre l'état déplorable des établissements psychiatriques. Comblé de reconnaissance, membre de l'Académie Goncourt, il obtient le prix Lénine de la Paix pour avoir défendu les époux Rosenberg, mais aussi celui de l'humour noir. Il reste très attaché à son Anjou natal où se déroule l'action dans la plupart de ses romans. Il meurt à Angers le 17 février 1996. Le 23 avril à Paris, c'est la naissance de l'écrivain et homme politique Maurice Druon. Fils naturel de Lazare Kessel, son père se suicide à 21 ans sans le reconnaître. Il sera reconnu par René Druon, notaire dans le Nord, lorsque ce dernier épouse sa mère, Léonilla Samuel-Cros, en 1926. De par ses origines familiales, il est très tôt baigné dans la littérature et dès son adolescence, avec son oncle Joseph Kessel, il fréquente tous les grands noms de l'aéropostale. En septembre 1939, appelé par les obligations militaires, il publie dans Paris-Soir de Pierre Lazareff, un article intitulé "J'ai vingt ans et je pars". Élève officier de cavalerie à l’École de Saumur en 1940, il participe lors de la Campagne de France aux combats des cadets de Saumur sur la Loire. Démobilisé, il reste en zone libre, et fait représenter sa première pièce, Mégarée, au Grand Théâtre de Monte-Carlo le 3 février 1942. Avec son oncle, Ils s'engagent dans la Résistance, puis ils quittent la France en décembre 1942, pour rejoindre les rangs des Forces Françaises Libres du général de Gaulle à Londres. Là, toujours avec son oncle, ils écrivent les paroles du Chant des Partisans, que met en musique Anna Marly. Après la guerre, il devient un homme de lettres à succès avec Les Grandes Familles (Prix Goncourt 1948) et surtout la saga des Rois maudits, roman historique en sept tomes publiés entre 1955 et 1977 et que l'adaptation télévisée fera connaître à un très large public mondial. Il est élu à 48 ans à l'Académie française en 1966, et en devient le secrétaire perpétuel de 1985 à 1999. Gaulliste et engagé dans l'action politique, il devient ministre des Affaires culturelles en 1973-1974. De part ses origines russes, en 2002, il reçoit dans sa propriété Vladimir Poutine à l’abbaye de Faize dans le Libournais (Gironde). Il décède à Paris le 14 avril 2009 à quelques jours de ses 91 ans et il reçoit un hommage national dans la cour des Invalides au son du Chant des Partisans. Le 24 avril, c'est la naissance à Saint-Macaire (Gironde) de l'universitaire, écrivain et journaliste français Robert Escarpit. Il milite à la SFIO au temps du Front Populaire, puis il s'engage dans la résistance et participe aux combats du Médoc en 1945. Normalien, agrégé d'anglais, docteur ès lettres, romancier, critique littéraire, il est billettiste dans de nombreux journaux. Il devient rédacteur en chef au Canard Enchaîné pendant la guerre d'Algérie. Engagé en politique, il est élu conseiller régional d'Aquitaine (1986-1992) et conseiller municipal sur des listes du PCF. Il décède le 19 novembre 2000 à Langon dans son département de la Gironde. Le 25 avril, c'est la naissance à Newport News (Virginie, USA) d'Ella Fitzgerald. Elle va devenir une chanteuse de Jazz. Avec une tessiture de trois octaves, elle est remarquable pour la pureté de sa voix et sa capacité d'improvisation, particulièrement en scat. D'abord connue sous le surnom de The First Lady of Swing, puis The First Lady of Song (littéralement : La Première Dame de la Chanson, mais traduit plus volontiers par La Grande Dame du Jazz), elle remporte de nombreuses récompenses, dont 13 Grammy Awards. Elle chante avec tous les grands musiciens de jazz de son époque. Minée par des problèmes de santé, elle s'éteint le 15 juin 1996 à Beverly Hills (Californie, USA) à l'âge de 78 ans. Ce même 25 avril, c'est la naissance à Alger d'Alain Savary. Appelé dans la marine en 1938, il rejoint la France Libre en 1940 et devient gouverneur de Saint-Pierre et Miquelon jusqu'en janvier 1943. En 1944, en tant que commandant d'escadron, il participe activement à la campagne d'Italie, puis il débarque en Provence le 15 août 1944. Le 12 septembre 1944 à Nod-sur-Seine (Côte-d'Or), c'est son escadron de fusiliers-marins qui fait la jonction avec les éléments de la 2ème DB du général Leclerc débarqué lui en Normandie. Compagnon de la Libération, le général de Gaulle le nomme commissaire de la République à Angers en 1945 avec rang de général de corps d'armée. Membre de la SFIO, il démissionne en 1958 pour devenir un des fondateurs du PSA (Parti socialiste autonome) avant de faire partie des dirigeants du PSU (Parti socialiste unifié). Souhaitant entreprendre le renouveau et le regroupement de la gauche, il crée la Convention Socialisme et Démocratie puis l'UCRG (Union des clubs pour le renouveau de la gauche). En juillet 1969, au Congrès d'Issy-les-Moulineaux, Savary est élu premier secrétaire du Nouveau Parti Socialiste qui adopte la stratégie de l'Union de la gauche mais pas l'idée d'un programme commun de gouvernement avec le PCF. Il est renversé par François Mitterrand lors du congrès d'Épinay-sur-Seine en juin 1971. Il est élu député de la Haute-Garonne de 1973 à 1981 et président du conseil régional de Midi-Pyrénées de 1974 à 1981. En 1981, il devient ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement de Pierre Mauroy. En 1982, il rédige une circulaire dite Circulaire Savary, considérée comme une véritable avancée concernant les langues régionales dans le service public d’éducation nationale. Il est à l'origine des Zones d'Éducation Prioritaire (ZEP). En voulant unifier les écoles libres et publiques, il déclenche de nombreuses protestations à droite qui débouchent sur une importante manifestation dans les rues de Paris en juin 1984 et il démissionne du gouvernement en juillet de la même année. Il décède à Paris à l'âge de 69 ans le 17 février 1988. Le 26 avril à Aulnay-sous-Bois c'est le décès d'Émile Duhem. Artiste de café-concert, auteur et compositeur, on lui doit plus de 1 800 chansons sur des paroles, entre autre, de Lucien Delormel, Eugène Héros, Eugène Baillet, Félix Baumaine ou Charles Blondelet. Sa chanson la plus connue reste L'abricot de Jeannette, chansonnette dite grivoise dédiée à Anna Judic. Le 16 mai 1869, il signe un contrat avec le Théâtre de l'Eldorado où il fait sensation dès le début par ses chansons Le Conducteur d'omnibus, Le Bouton de Billou ou encore, L'Allumeur de réverbères. Aristide Bruant lui dédie l'oraison funèbre A Batignolles en 1884. Le 28, à la forteresse de Theresienstadt (aujourd'hui Terezín en République tchèque), c'est le décès pour cause de tuberculose, de mauvais traitements, de malnutrition, dans une cellule sans toit, de l'anarchiste serbe Gavrilo Princip. Étudiant d'à peine 20 ans, membre de Jeune Bosnie et de la Main noire, c'est lui qui assassina l’archiduc François-Ferdinand et sa femme la duchesse de Hohenberg, le dimanche 28 juin 1914 à Sarajevo. Geste qui déclencha la Première Guerre mondiale le 28 juillet 1914 par un jeu complexe d'alliances...

 

Sur le Front des Combats.

Au Conseil de Guerre. Le 3 avril, à la conférence interalliée de Beauvais le général Ferdinand Foch voit ses pouvoirs précisés et augmentés. Il ne sera plus désormais un simple "coordinateur des efforts", il obtient "La direction stratégique des opérations militaires" ce qui lui donne le pouvoir suprême de décision sur toutes les armées en France et en Belgique libre. Toutefois, les Commandants en chef des Armées alliées ont encore le droit d'en référer à leur gouvernement s'ils jugent qu'une mesure ordonnée par Foch est susceptible de compromettre la sûreté de leur Armée. Mais c'est une restriction de pure forme, dont aucun ne va se servir tant la cause commune occupe l'esprit du nouveau généralissime. C'est aussi au cours de cette conférence que le gouvernement des États-Unis prend l'engagement de faire arriver en France 120 000 hommes par mois, en attendant mieux. Le 7, Foch installe son quartier général au château de Sarcus, petit village de l'Oise. Son chef d'état-major, le général Maxime Weygand, et tout son état-major logent eux dans la propriété du docteur Hémet, quelques centaines de mètres plus loin. Tout le monde se met alors au travail pour monter une grande attaque dans la Somme le plus tôt possible afin de prendre le contrôle de la situation et de ne plus la subir. Le 11 à Londres, le général Sackwille-West succède au conseil de guerre de Versailles au général Henry Rawlinson appelé à un commandement d'armée. Le 14, Avec l'accord de Lloyd George, Clemenceau nomme Foch "général en chef des armées alliées en France". Il lui donne pour mission un billet ainsi libellé "Le général Ferdinand Foch est chargé par les gouvernements britannique et français de coordonner l'action des armées alliées sur le front de l'ouest"(4). Le 17, le général Émile Belin succède au général Maxime Weygand au Conseil supérieur de la Guerre. A la suite de la conférence de Doullens du 26 mars, les commandements militaires commencent à s'unifier. Le 27, débute la conférence d'Abbeville sur la répartition des troupes britanniques et françaises le long du front, elle ne se finira que le 2 mai...

Sur le Front en France et en Belgique. Depuis la fin de l'offensive Michael lancée sur la Somme le 21 mars, il est important pour les Allemands de se réorganiser afin d'occuper au mieux leurs nouvelles conquêtes et de préparer les suivantes. A partir du 1er avril, les 3 armées qui occupent l'espace entre le sud de l'Oise et la mer du Nord, la IVème du général Sixt Von Arnim, la VIème du général Ferdinand von Quast et la VIIIème du général Oskar von Hutier, représentent un ensemble de 80 divisions de première ligne et au moins 25 divisions de réserves. Si c'est le général allemand Erick Ludendorff qui se réserve sans partage la conduite effective de ces masses, en réalité chacun des commandants d'armée agît dans le détail à sa guise du moment qu'il respecte les instructions globale du Grand État Major. Cette nouvelle attaque de printemps dans les Flandres est baptisée Georgette par les Allemands, mais les alliées vont la désigner sous le nom de la bataille de la Lys et du mont Kemmel...

Chez les Alliés, la réorganisation du front est plus imbriquée. Les Belges tiennent le front de la mer du Nord à Ypres, les Britanniques d'Ypres jusqu'à la Somme et les Français au sud de la Somme. Mais c'est une organisation théorique, en fait c'est un imbroglio de plusieurs armées qui tiennent le front de la mer du Nord jusqu'à l'Oise. Il y a 4 armées françaises, 4 armées britanniques, l'armée belge, le contingent portugais et des unités US. Toutes n'ont pas la même valeur combattante, mais toutes reçoivent des instructions claires "On combat le dos au mur et on ne recule que si on est gravement touché"...

L'objectif de Ludendorff est de lancer plusieurs attaques massives entre avril et fin juin pour atteindre le plus rapidement possible la mer du Nord, afin de conquérir les ports de la Manche, vitaux pour les Alliés. Au final, il n'y a que 130 kilomètres entre Ypres et le littoral, et il pense avoir les forces nécessaires pour y arriver...

Du 1er avril au 9 avril. Dans la Somme, les Allemands ne cessent de rectifier leurs nouvelles positions. Ils abandonnent les points indéfendables et ils attaquent afin de se positionner le long de la ligne ferroviaire qui va de Paris à Amiens. Chez les Alliés, la 10ème armée française qui arrive directement d'Italie commence à s'installer entre Beauvais et Amiens. Ce sont les Britanniques qui subissent les plus grosses attaques, mais dans l'ensemble le front tient solidement...

La Roumanie après le traité de Bucarest

Un char Schneider qui a résisté à plus de 150 balles perforantes

Soldats italiens sur le Piave

Troupes indiennes en marche vers Mossoul en Mésopotamie

A Villers-Tournelle dans la Somme, poste de premiers secours

A Villers-Bretonneux, char allemand A7V en attente de déchargement (photo colorisée)

A Villers-le-Sec dans la Marne, officier YMCA et son chauffeur

Soldats néozélandais en France près de Puisieux

Tourneuse d'obus (photo colorisée)

Cérémonie funèbre de Manfred von Richthofen

 Le capitaine français Pisani et Mouloud Bey près de Maan en Jordanie

Poème et dessin de Louis Aragon

Artilleurs portugais dans la vallée de la Lys (photo colorisée)

Bistrot à Méteren dans le Nord

Artilleurs allemands prenant une nouvelle position dans la Somme

Le croiseur Intrepid sacrifié lors du raid britannique sur Zeebrugge

Ponts provisoires allemands sur la Lys

Aviateur US du 94th fighter squadron Bonne-Maison près de Fismes dans la Marne

Ferdinand Foch et l'état-major allié au château de Sarcus dans l'Oise

A Orléans, travailleurs chinois dans un centre de retraitement de chaussures

Des soldats US signent un télégramme d'encouragement pour Pershing dans un foyer YMCA

Soldats écossais blessés

Soldats australiens devant la queue de l'avion de Manfred von Richthofen (photo colorisée)

Paix à son âme (photo en partie colorisée)

(1) L'affaire Bolo Pacha est à mettre en lien avec l'affaire Pierre Lenoir, Guillaume Desouches, Charles Humbert et le commandant Georges Ladoux qui seront jugés entre avril 1919 et juillet 1920. Le verdict du 8 mai 1919 est sans clémence pour Pierre Lenoir, il est condamné à mort. Guillaume Desouches est condamné à cinq ans de prison et Charles Humbert et Georges Ladoux sont acquittés. Les interventions de Madame Lenoir auprès du Président Raymond Poincaré et de Georges Clemenceau pour sauver son fils n’aboutissent pas. C’est, porté sur une chaise, et, défaillant que Pierre Lenoir, est attaché au poteau d’exécution. Il est fusillé, assis sur cette chaise, et semi inconscient, le 24 octobre 1919.

(2) Dès sa condamnation au bagne, Cheikou Cissé, qui n'a rien fait de répréhensible sinon de réclamer son rapatriement chez lui, devient le symbole de l'injustice outrancier de l'impérialisme colonial et il est l'objet d'une campagne visant à sa libération. Elle est organisée par la gauche avec le député André Marty (PCF), soutenue par les associations anticolonialistes et le Secours rouge international. Le ministre de la guerre, Paul Painlevé, pourtant membre de la Ligue des droits de l'homme, par une lettre en date du 17 décembre 1925, rejette la requête en grâce formulée par André Marty. En 1932, le Secours rouge international nomme comme présidents d'honneurs : Cheikou Cissé, Gorki et Heywood. A l'été 1933, le n°1 de la revue Le Cri des nègres (juillet-août 1933) titre "Cheikou Cissé est mort". C'était le dernier bagnard de Nouvelle-Calédonie, tous les autres avaient déjà été transférés en Guyane française.

(3) Menchevik convaincu, et à ce titre pourchassé par le pouvoir tsariste, Gueorgui Tchitcherine émigre à Berlin puis à Paris en 1907. Là, il adhère à la XIVème section de la SFIO et noue des relations avec les mouvements de gauche du socialisme international, principalement l'Internationale de la jeunesse socialiste. Au commencement de la Première Guerre mondiale, Tchitcherine adopte une position anti-guerre ce qui le rapproche de Lénine et des bolcheviks. Devenu internationaliste résolu après une brève hésitation, Tchitcherine rompt définitivement avec les Mencheviks et émigre en Angleterre. Il collabore alors régulièrement au journal de Trotski, Nache Slovo (Nos Mots), depuis Londres. Après la révolution de février 1917, il contribue à organiser le retour en Russie des émigrés révolutionnaires présents sur le sol britannique. Arrêté pour ses activités révolutionnaires en avril 1917, il est incarcéré à la prison de Brixton à Londres. Le 3 janvier 1918 Trotski l'échange contre plusieurs ressortissants britanniques détenus en Russie, dont l'ambassadeur George Buchanan. De retour à Petrograd, Tchitcherine adhère au parti bolchevik et devient l'adjoint de Trotski au commissariat du peuple aux Affaires étrangères. Le 30 mai 1918, il remplace Trotski qui se consacre à la réorganisation de l'Armée Rouge et il deviendra l'un des premiers représentants importants de la diplomatie soviétique de 1918 à 1930.

(4) Au début de la guerre Foch n'a pas bonne presse, car durant les trois premières années il a multiplié les mauvaises décisions. Mais, au final, son refus d'abdiquer, son énergie et sa capacité à fédérer les forces alliées ont triomphé, faisant de lui l'un des personnages les plus emblématiques de la Première Guerre mondiale. Plus tard, le président du Conseil Georges Clemenceau justifiera le choix de Foch par une phrase restée célèbre "Je me suis dit : essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! J'ai laissé cet homme sensé, plein de raison qu'était Pétain ; j'ai adopté ce fou qu'était Foch. C'est le fou qui nous a tirés de là !".

(5) Ernst Udet va avoir une vie très mouvementé entre les deux guerres, il joue même son propre rôle dans plusieurs films avec la réalisatrice Leni Riefenstahl. En tant que général, il participe à la reconstruction de la Luftwaffe d'Hitler. Il sélectionne le Me 109 comme chasseur, favorise le développement et la mise en service du bombardier en piqué Ju 87 Stuka et du bimoteur Ju 88. Alcoolique, délaissé par son amante Martha Dodd, fille de l'ambassadeur des USA à Berlin qui l'espionnait au profit des Russes, profondément déprimé par l'échec de la bataille d'Angleterre, il se suicide le 17 novembre 1941. Hitler, maquille son suicide en accident et lui donne des funérailles nationales. Il est inhumé au cimetière des Invalides de Berlin...

(6) En 1919 le cercueil de Manfred von Richthofen est transféré au cimetière militaire allemand de Fricourt, dans la Somme. En 1925, la famille Richthofen confie à son jeune frère, Bolko, la mission de rapatrier le cercueil en Allemagne. Après l'autorisation de la France, son cercueil passe le Rhin à Kehl le 16 novembre 1925, attendu par une foule recueillie. Il est alors conduit à l'Invalidenfriedhof, cimetière militaire de Berlin. A partir de 1945, il se retrouve dans le secteur russe et, craignant que la tombe ne soit plus entretenue, le fils de Bolko, Hartman, effectue des démarches auprès des autorités de l'Allemagne de l'Est pour le rapatrier dans le caveau familial. Au printemps 1975 l'autorisation est enfin accordée et le Baron rouge est alors enterré à Wiesbaden dans le caveau familial auprès de sa mère et de sa grand-mère, au cimetière du Sud (Südfriedhof).

(7) André-Jean Trinité-Schillemans est un jeune officier plein de talent de la marine nationale qui est affecté sur le voilier Normandy transformé en bateau-piège anti-sous-marin en février 1917. En patrouille à l'entrée de la Manche le 17 juin 1917, il attaque l'UC-71 mais il est tué à son poste lors du combat. Il avait 26 ans. Cité à l'ordre de l'armée, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume et il est déclaré Mort pour la France.

(8) Claire Ferchaud (1896-1972), nommée en religion sœur Claire de Jésus Crucifié, est une mystique dévote du Sacré-Cœur de Jésus qui, pendant la Première Guerre mondiale, prétendait s'être fait confier une mission par le Christ. Elle a vécu au couvent des Rinfilières à Loublande (Deux-Sèvres). Le 12 mars 1920, un décret du Saint-Office désavouait les dires de Claire Ferchaud estimant que les faits de Loublande "ne peuvent être approuvés".

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de juin 1918 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Quelle folie la guerre !

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Guy

Écho de Barbentane de juin 1918

Soldats canadiens inspectant un fusil anti-char allemand (photo colorisée)

Près de Noyers-Saint-Martin dans l'Oise, le 28ème RI britannique monte en ligne