BARBENTANE

en Mars 1918

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Sur le Front des Combats.

La 4ème session du Conseil de Guerre se tient à Londres le 14 mars. Tout en maintenant le principe de la réserve générale préconisée par le général français Ferdinand Foch, on en ajourne pratiquement la constitution. Les généraux Douglas Haig et Philippe Pétain freinent des deux pieds sa réalisation en constituant pour eux même de 'petites' réserves. Alors, vu le calme du front italien et la stabilité retrouvée chez les soldats transalpins, il est décidé de retirer des troupes franco-britanniques installées sur le front du Piave pour les repositionner en France dans l'ouest parisien. Elles doivent constituer le premier noyau de la réserve générale...

Conférence interalliée de Doullens dans la Somme le 28 mars. C'est Clemenceau qui l'a convoquée dans l'urgence. L'heure est grave, les Allemands menacent de percer le front à quelques kilomètres de là et depuis 5 jours, Paris est sous les obus allemands. Le général britannique Douglas Haig, dont les troupes ne cessent de reculer sous la pression des soldats allemands, songe à une retraite pour sauver ce qu'il reste du BEF ! Les politiques : Georges Clemenceau, Raymond Poincaré, David Lloyd Georges ainsi que les généraux Douglas Haig, comme Philipe Pétain et Ferdinand Foch, sont enfin tous d'accord : il faut un commandement unique...

Les généraux français s'accordent et proposent le général Ferdinand Foch pour tenir le poste. Clemenceau se rallie à leur cause car lui aussi juge Pétain trop timoré, pas à la mesure de l'évènement. Les Britanniques n'ont plus les moyens de s'opposer. Alors, au soir du 28 mars, les Français, les Britanniques, les Italiens et les Belges investissent temporairement le général Ferdinand Foch, 66 ans, comme le commandant unique, le général en chef de toutes les armées en guerre sur le front de France. Il devient "coordinateur des efforts sur le front en France" et pour l'instant, ses compétences s'arrêtent là. Le front italien, les Balkans et Moyen-Orient échappent à son commandement. Les USA acceptent le principe et le général John Pershing se met immédiatement au service du nouveau général en chef en déclarant "Je suis venu pour vous dire que le peuple étasunien est fier de participer à la plus grande bataille de l'histoire". Il revient maintenant à Foch de faire face aux ultimes offensives allemandes sur le front de France...

L'évènement est mondial, c'est une première depuis le début de la guerre... et même depuis le remariage funeste d'Aliénor d'Aquitaine en 1152 avec Henri Plantagenêt, futur roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II, pour que des troupes britanniques soient sous un commandement étranger par temps de guerre !

En France et en Belgique.

Apparition du char Mark A Whippet. C'est un tank britannique de taille imposante avec plus de 6 mètres de long, 2,50 m de large et près de 3 m de haut pour un poids de 14 tonnes. Il possède deux moteurs quatre cylindres à essence. Chaque moteur contrôle une chenille. L'engin se guide en variant la vitesse d'un des deux moteurs, solution simple, mais techniquement très complexe. Comme il atteint une vitesse de près de 14 km/h, soit le double d'un char Renault FT 17, c'est l'engin de combat le plus rapide de l'époque, d'où son nom de "lévrier". Son armement se compose de 4 mitrailleuses Hotchkiss Mark 1, deux sur chaque côté, avec 5 400 cartouches et il a une autonomie de 70 km. Il est conçu pour assumer les missions traditionnelles de la cavalerie, c'est-à-dire l’exploitation d’une percée puis la désorganisation des arrières ennemis. Il est quand même bourré de défauts : pas de suspension, autonomie réduite par rapport aux buts assignés, maniement difficile, faible blindage pour gagner du poids, etc... Malgré ça, le Whippet impressionne fortement les Allemands qui s'empressent de l'étudier afin de le copier, mais l'armistice les empêchera de mener ce projet à terme...

Sur le front de France. Pendant les 20 premiers jours du mois, les Allemands lancent de multiples et violentes attaques pour détourner l'attention sur leur véritable intention. Ils en ont les moyens avec les 50 divisions qu'ils viennent de rapatrier du front oriental. Les premières se déroulent le 1er mars dans la Meuse, mais aussi dans l'Aisne sur le Chemin des Dames, comme en Argonne. Le lendemain, c'est sur Verdun et dans les Flandres tenues par les britanniques. Le 4, les Français réagissent et attaquent eux aussi dans les Hauts-de-Meuse...

Le 10, le GQG allemand donne les ordres définitifs pour l'offensive de printemps dans la région de Saint-Quentin. Trois armées, la XVIIème du général Fritz von Below, la IIème du général Georg von der Marwitz et la XVIIIème, celle du général Oskar von Hutier sont chargées de l'attaque. C'est donc près d'un million et demi d'hommes qui vont se lancer à la jointure des armées franco-britanniques entre Arras et Saint-Quentin. Pour ne pas trahir les préparatifs, depuis un mois tous les mouvements s’effectuent de nuit et les positions sont méticuleusement camouflées pour échapper aux repérages aériens. L'objectif peut se résumer en une phrase : refouler les Britanniques vers la mer pour envahir la France...

Après une courte accalmie, un violent coup de main allemand se déroule le 16 dans la Meuse au nord de Bezonvaux. En réplique, les Français lancent une attaque d'envergure dans la région d'Avocourt. Le 17, c'est au sud de Beaumont que les Allemands lancent l'assaut, puis le 19 sur la cote 344 au nord-est de Verdun pour finir le 20 sur la crête des Caurières toujours dans la Meuse. Ces attaques sont si violentes que pendant un moment l'état-major français redoute une nouvelle et puissante attaque sur Verdun...

La bataille du Kaiser (Kaiserschlacht) ou offensive Ludendorff. Au déclenchement de l'offensive, les 243 divisions de l'armée impériale allemande sont déployées ainsi : 191 divisions sur le front de l'ouest (soit 3,6 millions d'hommes, 711 000 chevaux) et 47 divisions sur le front de l'est (soit un million d'hommes, 282 000 chevaux). A ces données, il faut rajouter 2 divisons positionnées dans les Balkans et encore 3 divisions qui stationnent en Allemagne. Pour la première fois, l'armée allemande va utiliser ses tanks A7V. Ils sont lents, lourds, mais puissamment armés avec un équipage digne d'un navire : 18 servants. Sur les 15 chars A7V alors opérationnels, 13 participent à l'offensive de mars 1918. Ils ne pèseront pas dans les furieux combats qui vont se dérouler, pas plus que les chars britanniques déployés...

Le 21, l’opération Michael, nom de code de l'offensive, est déclenchée. Après une préparation d’artillerie de 5h menée avec de nombreux obus aux gaz, les troupes d'assauts allemandes spécialement entrainées s’élancent sur 70 kilomètres de front, entre Croisille, près d’Arras jusqu'à La Fère près de Saint-Quentin. Plus de 6 000 pièces d’artillerie et 57 divisions participent à l’opération. Elles enfoncent sans difficultés les armées britanniques qui ne défendent le secteur qu'avec seulement 25 divisions et des soldats fatigués. Assommés par l’artillerie, les soldats du BEF sont submergés par la fureur des assauts allemands. Après la perte de 47 bataillons, un repli général est décidé pour sauver la situation. Les lignes de communications sont détruites, la panique et l’incompréhension s’installent dans le camp allié. Pour cette première journée de combat, les britanniques ont perdu plus de 28 000 hommes, tués, blessés et prisonniers. En fin de journée ils évacuent le saillant de Flesquières, pour se replier à l'ouest du canal Crozat et sur la Somme. Conformément aux accords mutuels qu'ils ont passés, Haig réclame de toute urgence à Pétain l'intervention rapide de divisions françaises. Pendant toute la journée le front de Champagne est violement bombardé pour faire diversion...

Le 22, l'avance allemande continue, la IIIème armée britannique cède en combattant. La retraite de la Vème armée prend l'aspect d'une déroute. L'ennemi progresse rapidement vers Péronne et rompt le front sur les rives de l'Omignon. Le général Hubert Gough replie ses troupes derrière la Somme, tenant la tête de pont de Péronne. A droite de la Vème armée, c'est le début de l'assistance française promise par Pétain. Mais elle est peu efficace et Haig réclame que toute la 3ème armée française du général Georges Humbert intervienne pour relever sa droite. Pétain accepte, le générale George Fayolle prend alors une partie de la 3ème armée, avec des éléments de la 1ère et récupère les britanniques qui se replient dans son secteur d'attaque. Au soir du 22, l'attaque est contenue sur la partie sud de l'attaque allemande...

Le 23, au nord de l'Oise c'est la rupture. La IIIème armée britannique cède du terrain en contenant l'ennemi. Au sud, la Vème armée bat en retraite précipitamment. Les Allemands franchissent la Somme et le canal Crozat à Ham et à Pithon, puis ils poursuivent leur avance. Gough replie ses troupes encore plus à l'ouest en laissant à l'ennemi de nombreux prisonniers et un important matériel. Dans la journée et au-dessus du champ de bataille, 70 avions britanniques et allemands s'affrontent pendant plus de deux heures au cours du plus important combat aérien de toute la Grande Guerre. La situation des Alliés devient critique. Dans la nuit, la liaison est rompue entre les armées françaises et britanniques. Pour rajouter à la crise, c'est aussi le premier jour où la ville de Paris est bombardée par une pièce d'artillerie à longue portée...

Le 24, c'est la bataille d'Amiens. Les Allemands poursuivent leur attaque avec vigueur. Ils prennent rapidement la route de Cambrai, puis Albert et atteignent la Somme. Au Sud, ils prennent Bapaume, Combres, Nesles, Giscard et Chauny. Les Français qui arrivent à la hâte ne peuvent pas fermer la brèche. La situation est critique, les Allemands sont en passe de traverser le front pour atteindre le terrain libre et enfin obtenir la percée pour laquelle ils se battent depuis bientôt 4 ans. Sur le plateau de Villers-Bretonneux à Cachy, 3 chars A7V sont engagés et ils se heurtent à des Mark IV britanniques dans ce qui est le premier affrontement entre chars de combat. Au final, c'est un mach nul. Un char allemand se renverse sans dégât, aussitôt des ingénieurs français se précipitent pour l'étudier et en connaître ses points faibles, ils sont nombreux. Dans la soirée, Pétain adresse aux commandants d'armée une instruction ordonnant de maintenir avant tout l'armature de l'ensemble de l'armée française, ensuite et si possible, de maintenir la liaison avec les forces britanniques. Haig est furieux, il y voit une renonciation à l'idée de maintenir la soudure entre les armées britanniques et françaises...

Le 25, nouveau recul important des armées britanniques. Au nord de la Somme, le front est rompu entre Beaumont-Hame et Bucquoy. La liaison entre la IIIème et la Vème armée n'est plus assurée, mais les Allemands ne se précipitent pas dans la brèche. Fidèle à son objectif premier de repousser les britanniques vers la mer, Ludendorff préfère toujours avancer vers Arras et il n'entrevoit même pas la possibilité de progresser vers Paris. Au Sud de la Somme, la situation s'aggrave. Les troupes françaises n'arrivent pas à contenir l'ennemi qui pénètre dans Noyon. Pendant ces événements ont lieu deux réunions franco-anglaises. L'une à Compiègne et l'autre à Abbeville, aux cours desquelles est envisagée l'unité de commandement, mais sans résultat. Comme Pétain à Verdun, Foch envoie l'ordre à toutes les unités engagées dans la Somme et l'Aisne "Il vous faut tenir à tout prix". Ordre est aussi donné à la 10ème armée française qui s'est illustrée sur le plateau d'Asiago en Italie de venir rejoindre l'ouest de Paris en urgence absolue...

Le 26, les Britanniques se ressaisissent et au nord de la Somme les Allemands ne progressent quasiment plus. Sur le front de la Vème armée, la situation reste grave mais là aussi les britanniques parviennent à contenir les allemands qui commencent à s'essouffler. Par contre, à l'ouest de Noyon de nouvelles troupes allemandes déclenchent une violente offensive contre les troupes françaises qui sont dans une situation précaire. La 1ère armée française se rassemble vers Montdidier avec mission d'assurer la défense de l'Avre. Malgré son statut précaire, Foch donne des instructions en vue de rétablir la liaison entre Français et Britanniques pour maintenir la continuité du front entre la Somme et l’Oise et assurer la protection d’Amiens...

Le 27, au nord de la Somme, les Allemands pénètrent dans Albert et le bois d'Aveluy, mais ils ne peuvent franchir l'Ancre. Au sud, la bataille devient plus violente contre les débris de la Vème armée britannique et le groupe d'armées de réserve français. Les Allemands parviennent à accéder à la rive sud de la Somme et forcent les Britanniques à se replier. La 1ère armée française résiste sur l'Avre mais doit céder Montdidier. La 3ème armée française résiste au mont Renaud mais cède du terrain sur sa gauche...

Le 28, dans la région d'Arras c'est l'échec d'une offensive allemande de part et d'autre de la Scarpe. Si au nord de la Somme l'ennemi est contenu, entre la Somme et l'Oise son avance continue. La 1ère armée française arrête, par une contre-attaque, la progression à l'ouest de Montdidier, mais recule vers l'Avre. La 3ème armée renforcée contre-attaque énergiquement. La situation générale s'améliore, mais reste critique entre l'Avre et la Somme. Le général Pershing met les troupes US qui stationnent dans l'Aisne à la disposition immédiate du général Foch...

Le 29, l'offensive allemande s'arrête au nord de la Somme. Elle reste sur la défensive devant la 3ème armée française, mais poursuit son avance entre Luce et Montdidier, à la jonction des armées française et britannique sans obtenir de résultats décisifs. La situation des armées alliées s'améliore, les réserves qui accourent de toutes parts sont prêtes à intervenir, le péril semble conjuré. Mais Foch est inquiet, selon ses services de renseignements, les Allemands disposent à ce moment-là d'une supériorité numérique de 324 000 hommes sur le front de l'attaque...

Le 30, de Luce au Matz, contre les armées françaises, les Allemands reprennent l'offensive. Des attaques violentes obtiennent des succès indéniables entre Moreuil et Montdidier, contre la 1ère armée française. Les Allemands progressent et s'assurent une tête de pont sur l'Avre. Ils enlèvent le massif de Boulogne-la-Grasse sur la 3ème armée, mais échouent devant Plessis-le-Roy et le Piémont défendu par un corps d'armée...

Le 31, le nouvel assaut allemand à la jonction des armées franco-britanniques entre Luce et Montdidier est facilement contenu. Ils ne progressent que devant Le Monchel. Entre Chauny et Noyon une tentative est repoussée. Dans une note à Clemenceau, Foch demande l'extension des pouvoirs qui lui ont été accordés à Doullens, ce qui lui permettrait de faire manœuvrer les réserves britanniques...

Le 1er avril, sur tout le front d'attaque, de la Scarpe à l'Oise, la bataille se calme. Les Allemands sont épuisés et deux attaques sur Grivesnes échouent. Le soir, Foch estime l'offensive ennemie définitivement enrayée sur ce front...

Au final, la percée n'a pas réussi parce qu'Erich Ludendorff, qui ne subit pourtant aucune opposition, n'a pas cessé de concentrer ses attaques devant Arras, où la résistance britannique est de plus en plus forte. Malgré les appels désespérés de Haig, Foch refuse d'engager ses réserves restreintes sur le front britannique. Haig doit faire venir d'urgence des renforts du Royaume-Uni et le GQG britannique commence à retirer des divisions sur les autres théâtres d'opérations. Ce n'est que le 28 que Ludendorff songe brusquement aux possibilités qui se présentent du côté de la Somme, pour effectuer une percée rapide et décisive en direction de Paris, mais il est alors trop tard. Deux jours auparavant, les Alliés se sont mis d'accord pour confier au général Foch le commandement unique du front. Un de ses premiers actes de commandement est d'employer une partie de ses maigres réserves pour boucher la dangereuse brèche sur la Somme. Le 27 mars, l'offensive Michael s'arrête dans la région de Montdidier, contenue par les renforts de l'armée française qui arrivent à la hâte. Durant toutes ces batailles les nouveaux chars allemands A7V sont employés, ils ne brillent pas par leur efficacité...

Pour cette dizaine de jours, les pertes sont colossales. Près de 670 000 Allemands et 860 000 Alliés (434 000 Français, 419 000 Britanniques et 7 000 Portugais) sont tués, blessés, portés disparus ou prisonniers. Au vu de ces pertes, si les Alliés peuvent compter sur le prompt renfort des troupes US, il est évident que pour les Allemands la prochaine attaque se doit d'être décisive sous peine de manquer de soldats pour faire la guerre...

Dans la Guerre Aérienne. En mars 1918, les premières escadrilles entièrement US s'installent sur le front de Lorraine. Dénommées Aero squadron, elles sont équipées pour l'essentiel d'avions français Spad S-XIII. Aux USA, c'est le premier vol du prototype de chasseur Curtiss HA, connu aussi sous le nom de Dunkirk Fighter. Ce n'est pas une réussite. Pendant les essais, il va se révéler très instable, il est d'ailleurs détruit un peu plus tard dans un crash. Deux autres prototypes sont lancés, les HA-1 et HA-2. Le HA-1 est partiellement construit avec des pièces récupérées sur le premier exemplaire et il prend feu en vol. Le HA-2 a une envergure élargie, ce qui va améliorer quelque peu ses performances, mais aucun ordre de production n'est lancé...

En mars 1918, le pilote US Arthur Raymond Brooks arrive en France. Élève du MIT, c'est un ingénieur de formation et il est un des pionniers dans le développement de la radionavigation utilisée par les pilotes afin de se localiser entre avions comme avec les contrôleurs au sol. Au manche de son Spad S-XIII, dénommé le Smith IV, il devient le commandant du 22ème aero squadron qui se positionne à Belrain dans la Meuse, à l'ouest de Saint-Mihiel. Il sera crédité de 6 victoires certaines, 10 probables. Le lieutenant Paul Frank Baer devient le premier as de l'histoire de l'aviation militaire US avec 9 victoires confirmées et 7 probables. Depuis août 1917 il est en France au sein de l'escadrille Lafayette, puis il est muté au 103ème aero squadron où le 11 mars il remporte la première victoire aérienne d'une unité US. Le 11, sur le front de la Somme, le chef d'escadrille allemand Robert Ritter von Greim est le premier pilote de chasse qui arrive à détruire un tank ennemi par les airs...

Si le mois de février a été pour tous un mois d'hiver relativement clément, il n'en est pas de même pour mars. Le froid s'installe de nouveau et les conditions météo se dégradent. La pluviométrie n'est pas beaucoup élevée, mais le temps souvent bouché empêche les reconnaissances aériennes qui sont pourtant vitales pour les Alliés...

Les 20 premiers jours du mois c'est une guerre aérienne de routine. Les Alliés ne cessent de bombarder les usines et les installations allemandes de Trêves, Thionville, Metz, Sarrebourg, celles de la Vallée de la Fensch, Longwy, Longuyon, Sedan, Mons, Tournai, Saint-Quentin, Reims, Cologne, Luxembourg, Stuttgart, etc. Quant à eux, les allemands poursuivent leurs raids sur les grandes villes françaises et britanniques. Le 8 mars Paris est bombardée par des Gothas qui tuent 19 personnes et en blessent 50 autres, 2 Gothas sont abattus par la défense antiaérienne. Lors du raid suivant, dans la nuit du 11 au 12 mars, comme d'habitude l'alerte est donnée relativement tôt et les civils se ruent dans les couloirs du métro qui servent d'abris. A la station Bolivar, les portes sont encore fermées quand les Parisiens arrivent en nombre pour se réfugier. Or, à cette époque, les portes du métro à Paris ne peuvent s'ouvrir que vers l'extérieur et 66 personnes vont mourir étouffées, pressées sur les grilles qu'il est maintenant impossible d'ouvrir. Le lendemain, ordre est donné afin que toutes les portes du métro puissent s'ouvrir dans les deux sens. Sous le bombardement, 29 autres personnes périssent et 4 Gothas sont abattus sur le chemin du retour...

Pendant les 20 premiers jours du mois, les attaques de diversion préliminaires à l'offensive lancées dans la Meuse et en Champagne remplissent vraiment leur rôle, les Alliés n'arrivent pas à percer les véritables intentions Allemandes. D'ailleurs, le 21, quand les Allemands lancent leurs premières attaques dans la somme, les services de renseignements restent sceptiques, car ils n'ont rien décelé de plus que d'ordinaire dans ce secteur. Mais le 22, vu la violence des attaques tout change. Conformément aux directives prévues, tout ce qui peut prendre l'air se rue dans la Somme, des bombardiers stratégiques aux chasseurs. Tous les combattants témoignent qu'à partir de ce jour-là, le ciel est constamment rempli d'avions, la guerre se joue maintenant sur deux fronts parallèles, sur terre et en l'air. D'ailleurs, le 23, par temps clair, ce sera le plus grand combat aérien de toute la Grande Guerre. Sur un front de 70 kilomètres, les pilotes Allemands comme les Britanniques ont ordre de tout détruire, tant sur terre que dans les airs. La nuit, les bombardiers français prennent la relève pour détruire les bases arrières...

Dans la Guerre Maritime. En mars, il y a une recrudescence des actions des sous-marins allemands. Sur les 230 navires touchés, 199 sont coulés et 31 endommagés. Au total, cela fait une progression de plus de 25% par rapport au mois précédent (166 navires touchés). Cela va se payer en pertes supplémentaires d'U-Boote, qui sont obligés de prendre plus de risques pour tenir les promesses de leurs chefs. C'est aussi le dernier mois où les pertes maritimes vont dépasser les 200 unités. Dans le détail pour ce mois de mars, 126 des bateaux touchés sont britanniques, 33 italiens, 16 français, 13 norvégiens, 13 grecs, 7 espagnols, 5 étasuniens, 5 portugais, 3 belges, 3 danois, 3 suédois, 2 canadiens et 1 japonais. Le tonnage détruit est lui aussi en progression dans les mêmes proportions. Il passe de 424 000 tonnes en février à 556 000 en mars...

Le 1er, le lance-torpilles allemand A-56 coule après avoir heurté une mine en mer du Nord. Sur les 55 membres d'équipage, 12 périssent lors de l'explosion. Dans la nuit, l'U-55 torpille le cargo britannique Borga dans la Manche, 9 marins sont portés disparus. Un peu plus tard, le croiseur auxiliaire britannique Calgarian transformé en transport de troupe qui part à vide au Canada chercher des soldats est coulé à la torpille par l'U-19 au nord de l'Irlande, 49 marins sont tués. Dans l'après-midi, l'U-105 coule à la torpille le cargo britannique Penvearn, 22 marins sont portés disparus. Toujours le 1er, en mer du Nord l'UB-54 est repéré par les destroyers britanniques Sturgeon, Thruster et Retriever qui lui lancent des grenades sous-marines. Il disparaît avec ses 29 servants. Le 2, le sous-marin britannique H-5 est confondu avec un sous-marin allemand, il est percuté et coulé par le torpilleur britannique Rutherglen, ses 22 servants sont tous portés disparus. Le 3, le navire réfrigéré britannique Romeo est coulé à la torpille par l'U-102 près de l'île de Man, 29 marins sont tués. Le 4, le cargo britannique Clan Macpherson est torpillé près de la Tunisie par l'UC-27, 18 membres d'équipage sont portés disparus. Le 5, le cargo britannique Roxburgh est coulé près de la Crête, 6 marins sont tués. Le 6, le cargo japonais Daiten Maru est coulé à la torpille à l'ouest de la Sicile, tous ses marins survivent. Le 7, le tanker britannique RFA Vitol est coulé à la torpille dans la mer d'Irlande par l'U-110, 4 marins sont tués. Le 8, 8 navires britanniques sont coulés ce jour-là : Erica, Madeline, Mitra (Tanker), Uganda, Ayr, Corsham, Intent et Saba. Sauf le Mitra, tous les autres sont des cargos vapeurs, 14 marins périssent. Le 8 encore, le patrouilleur auxiliaire français Alexandra est coulé au canon par une batterie turque dans le golfe d'Adalia, 9 marins sont tués. Le 9, le brise-glaces allemand Hindenburg saute sur une mine dans la mer Baltique près des îles d'Åland, ses 21 membres d'équipage sont tous portés disparus. Le 10, l'UB-58 saute sur une mine dans la zone de Douvres, ses 35 servants sont tous portés disparus. Le 11, l'UB-54 disparaît en mer du Nord près des côtes britanniques, ses 18 servants sont tous portés disparus. Le 12, dans la Manche au large de Fécamp, le sous-marin britannique D-3 lance des fusées de repérage vers le dirigeable français AT-0 qui se fait menaçant. Sur le dirigeable, il y a méprise, on prend ces fusées pour des tirs ennemis et ordre est donné de grenader le sous-marin. Le D-3 disparaît et ses 25 servants sont tous portés disparus. Le 13, dans une opération de dragage devant Calais le patrouilleur auxiliaire français Élisabeth heurte une mine laissée par l'UB-12, 6 marins sont tués. Le 14, le cargo français Vénézuela qui tente de rejoindre Rouen est torpillé par le sous-marin UB-59 dans les parages de l'île de Wight, ses 25 marins disparaissent. Le 15, l'UB-17 disparaît en mer du Nord près des côtes belges, ses 18 servants sont tous portés disparus. Le même jour, l'U-110 est chargé puis coulé à la grenade par les destroyers britanniques Michael et Moresby, ses 39 servants sont tous portés disparus. le 16, le vapeur britannique Ellaston est coulé à la torpille par l'U-152 au large des Canaries, son commandant est fait prisonnier. Le 17, 3 voiliers français non-armés, Anne Yvonne, Arvor et Beata chargés de charbon louvoient près des côtes britanniques pour rejoindre Saint-Brieuc. Repérés, ils sont coulés au canon par l'UB-57 après que les équipages aient évacué les navires. Le 18, le navire auxiliaire français Utrecht est attaqué et coulé au canon par l'UB-49 dans la mer Tyrrhénienne, 3 marins sont tués. Le 20, le cargo britannique Yochow est coulé à la torpille par l'U-33 au large des côtes égyptiennes, 50 marins sont portés disparus. Le 21, les destroyers français Capitaine-Mehl et Bouclier torpillent et coulent au canon le torpilleur allemand A-7 au large des côtes belges, 23 marins allemands sont tués. Le 22, le cargo français Saint-Jean II est coulé à la torpille par l'UB 50 au nord de Bizerte, 2 marins sont tués. Le 23, le destroyer britannique Arno heurte le destroyer Hope avec qui il navigue de concert près des Dardanelles, il coule peu après laissant à ses marins le temps de l'évacuer sans perte. Le 24, le cargo britannique Anteros est torpillé en mer d'Irlande par l'UB-103, 2 marins sont tués. Le 26, l'U-61 disparaît dans l'océan Atlantique, ses 36 servants sont tous portés disparus. Le 27, le destroyer britannique Kale heurte une mine en mer du nord, ses 41 marins sont tous portés disparus. Après enquête son commandant est suspecté de négligence car il a dirigé son navire sur un champ de mines britanniques. Le 29, le cargo britannique TR Thompson est coulé à la torpille par l'UB-57 dans l'ouest de la Manche, 33 marins sont portés disparus. Le 30, les destroyers allemands G-87 et G-93 s'engagent dans un champ de mines en mer du Nord, ils coulent quasi en même temps, les 43 marins du G-87 disparaissent ainsi que 10 du G-93. Le 31, le vapeur français La Loire qui transportait avant la guerre des forçats à Cayenne, est torpillé par l'U-33 au large d'Alexandrie, 2 marins et 1 soldat sont tués...

Sur le front Italien. Depuis le mois de février et le départ des troupes allemandes pour la France le front est dans un calme relatif. Après la paix avec les Russes et les Roumains, l'armée austro-hongroise rapatrie ses troupes sur le front italien. Mais ses capacités de transport sont faibles et il lui faut du temps pour le faire. D'un autre côté, sur les 11 divisons que les Franco-Britanniques ont envoyé en Italie pour arrêter l'offensive germano-austro-hongroise de novembre, dès le début mars, 6 divisions (4 françaises et 2 britanniques) reprennent le chemin de fer pour revenir en France. Avec lenteur au début, mais avec précipitation à la fin du mois. Elles seront bientôt suivies par le IIème corps d'armée italien qui, sous le commandement du général Alberico Albricci, va venir faire la guerre en France...

Alors, pendant les mois à venir, les soldats austro-hongrois se préparent sans s'épuiser au quotidien pour une offensive qui devrait se dérouler en juin. D'autant plus que le pays est en complète déstabilisation avec des grèves qui paralysent la production militaire. En outre, au sommet de la hiérarchie militaire, les deux hommes forts, les feld-maréchaux Franz Graf Conrad von Hötzendorf et Svetozar Boroevic von Bojna se détestent passablement ce qui ne favorise pas la stratégie militaire...

Néanmoins, les duels d'artillerie restent nombreux ainsi que les raids aériens austro-hongrois sur les grandes villes italiennes. Le 12, Naples est bombardée, 74 personnes sont tuées...

Dans les Balkans. C'est le calme plat. Théâtre d'opération secondaire, à la merci des ravitaillements souvent difficile en Méditerranée, le général Adolphe Guillaumat ne peut guère bouger. De leur côté, les Bulgares sont dans l'impossibilité de mener seuls une offensive. Eux aussi sont tributaires des Allemands pour leurs ravitaillements et dans la période, la priorité est donnée au front en France...

Au Moyen Orient.

En Palestine. Malgré de grosses difficultés, les garnisons ottomanes continuent de tenir le chemin de fer Hedjaz de Deraa à Médine, mais la situation est des plus précaires. Harcelés par les troupes bédouines du roi Fayçal, les soldats turcs essayent de garder la côte de la mer rouge avec quatre divisions d'infanterie. Enver Pacha, le ministre de la Guerre de l'Empire ottoman, n'a plus confiance au général allemand Erich von Falkenhayn, l'ex-vaincu de Verdun. Il le remplace le 8 mars par le général allemand Otto Liman von Sanders qui bénéficie de la gloire d'avoir défendu pendant près d'un an la presqu'île de Gallipoli en 1915. Von Sanders considère que poursuivre la retraite en Palestine va démoraliser les troupes, épuiser les animaux de trait et encourager la propagation de la révolte arabe plus au nord, au cœur de l'Empire Ottoman. Comme un nouveau repli entraînerait de fait l'isolement des troupes dans le Hedjaz, il stoppe la retraite. Alors, l'armée germano-turque s'organise défensivement pour tenter de résister aux troupes britanniques en faisant sauter les ponts sur le Jourdain...

Le 6 mars, le Cabinet de guerre donne au général Edmund Allenby l'autorisation d'avancer "dans la mesure du possible, conformément à la sécurité de la force sous ses ordres". Il décide alors de créer un troisième corps d'infanterie, commandé par le général George Barrow avec le général Archibald Wavell comme chef d'état-major. Le 8, une nouvelle poussée des Britanniques vers le nord se termine par la retraite des Turcs devant Tel-el-Sur. Le 21, une tentative pour tenter de couper le chemin de fer du Hedjaz à Amman commence, elle coïncide avec le lancement de l'offensive de printemps de Ludendorff contre les Alliés sur le front occidental. Si le Jourdain est facilement traversé, les Britanniques ne vont guère plus loin. Galvanisées par les évènements européens et habilement commandées par von Sanders, les troupes ottomanes repoussent toutes les tentatives de progression d'Allenby à travers ce qui va devenir la Jordanie. Le 23, devant la tournure des évènements sur le front de France, Allenby est obligé d'envoyer des troupes renforcer le BEF. Il organise le départ de deux divisions et il se sépare également de tous les chars disponibles en sa possession...

En Mésopotamie. Le grignotage continu en direction de Mossoul. Le 11, en investissant Hit, les troupes indiennes prennent des magasins turcs intacts, ils renferment de grandes quantités d'armes et de munitions. Le 26 mars, elles prennent la ville de Khan-Bagdadiya...

Sur le Front du Caucase. Au centre de l'Anatolie orientale, la ville Erzurum est reprise par les Turcs le 12 mars après une forte résistance arménienne. Du coup, l'armée turque procède au massacre de nombreux civils arméniens. A la mi-mars, les troupes ottomanes sont revenues aux frontières du pays d'avant la guerre...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de mai qui donne des nouvelles de mars et c'est un montage de trois photos qui fait la Une. Il y a le commandant Jean-Marie Barthélemy, prisonnier depuis le 26 mars dont son ordonnance vient d'envoyer une lettre à sa famille. Accolée, une autre photo où le commandant est en Alsace (pas facile à voir). Et, en dessous, une photo des boy-scouts de Théziers dans un salut au drapeau…

Une statistique intéressante, celle des évènements religieux de ces 4 dernières années de guerre à Barbentane. Elle se passe de commentaires, les chiffres parlent d'eux-mêmes…

La fête catholique de la Saint-Joseph se déroule en présence d'Henri Lautier, le nouveau prisonnier libéré. L'article est suivi d'une explication du décret "Quam singulari" ou l'éveil de l'enfant au sens symbolique de la vie. Treize garçons et huit filles sont notés pour la communion de Saint-Joseph et dix-sept filles pour celle du jour de Pâques où un compte-rendu des solennités est fait…

Le lundi de Pâques, une trentaine de boy-scouts de Théziers, avec clairons et tambours, sont venus à Barbentane. Le midi, ils ont mangé au café du Midi et l'après-midi ils ont donné une séance récréative à la salle verte du château du Marquis…

Au livre d'or, le sergent Jean Bouche déjà cité le 5 novembre 1916, l'est de nouveau pour un fait de guerre dans les Balkans en date du 3 septembre 1917, où blessé il a continué à diriger ses hommes. Eugène Raousset est cité à l'ordre de son régiment pour sa bravoure aux combats pendant plusieurs jours en septembre 1917. Le sous-lieutenant Rossi a subi 7 blessures le 30 mars. Il a été opéré plusieurs fois aux jambes à l'hôpital américain de Ris-Orangis...

La messe de départ des bleuets de la classe 1919 s'est déroulée le 14 avril, hélas les noms de ces nouveaux soldats ne sont plus notés…

Dans une communication, le maire Pierre Terray signale qu'en plus de la gestion de la cantine militaire à la gare du Nord, son œuvre d'aide aux permissionnaires qui passent par Paris, reçoit 70 lettres et doit héberger 180 permissionnaires journellement. Une besogne qui fait travailler 25 personnes et qui coûte entre 400 et 500 frs par jour...

Sur deux pages, Henri Lautier narre toutes les péripéties, mais aussi les brimades qu'il a endurées depuis qu'il a été fait prisonnier en Alsace le 25 avril 1915. C'est à lire…

Aucun Barbentanais n'est tué en mars 1918...

Dans le courrier militaire, Léon Jaoul qui tient l'Hartmann [col Vosgien] est dans la neige et il donne le bonjour de François Mourin ; Louis Laget est dans un secteur calme ; Louis Ayme considère l'Écho comme un "chasse-cafard" ; dans les Balkans, François Veray est ravi que son fils Gaston soit enfant de chœur ; l'adjudant Jean Brémond est à l'école d'élèves officiers à Fontainebleau ; le caporal Louis Petit ne s'en fait toujours pas en attendant la paix ; le commandant Jean-Marie Barthélemy, dont le courrier doit dater, laisse à penser qu'il est en formation dans les environs de Paris ; Gaston Nazon écrit que plus la guerre est longue plus il est doux de recevoir des nouvelles du pays ; Antonin Mouiren constate que la guerre est longue et on se lasse d'écrire ; Paul Fontaine, qui est à Lyon, prie pour y rester ; le sous-lieutenant Rossi [ce courrier doit dater d'avant sa blessure] est content car depuis la guerre il a enfin pu serrer la main d'un Barbentanais, Jean-Marie Courdon, mais que ce dernier est déjà parti ; dans les Balkans, Louis Ayme est ravi de recevoir l'Écho, il a quitté le lac Presba pour revenir vers M… [Monastir je suppose], il donne le bonjour de Chancel et de Fernand Barral, celui aussi de Raoul Saint-Michel qui est devenu mitrailleur-aviateur, un métier à risques ; de Monastir, Fernand Barral constate que de la ville constamment bombardée, il ne va plus rien rester ; dans une ambulance en Alsace et dans un secteur mouvementé, Simon Laget pense en sortir bientôt ; l'abbé Bard doit partir mais il ne sait pas où ; en repos aux Islettes dans la Meuse, Antoine Rossi se dit prêt à repartir à Verdun ; Jean-Marc Ginoux est content du temps qui revient au chaud après un rude hiver ; Auguste Issartel signale que Paris est passée ville du front car elle vient de recevoir 22 obus ce qui a occasionné 29 blessés ; du Maroc, Louis Bon a vu Achille Deurrieu, ils sont en bonne santé et le moral est bon ; Émile Davin signale que l'Écho est au moins l'égal du pain, peut-être mieux ; Henri Bruyère regrette de n'avoir pas pu faire ses Pâques à Barbentane ; Jean-Marie Deurrieu est en Lorraine dans un secteur calme et Jean Fontaine encadre de 'gentils' soldats US avec lesquels il fraternise beaucoup…

Dans l'état religieux il y a 3 naissances, 4 mariages et 7 décès pour mars et avril…

L'Écho se termine par une note qui appelle à ne pas retarder le baptême…

Guy

Tabors marocains dans une tranchée dans la Meuse

Régiment portugais se dirigeant vers le front en fanfare (photo recolorisée)

Soldats US préparant leur masque à gaz à Lunéville

Soldats irlandais dans les Flandres (photo recolorisée)

C'est l'Écho de mai qui relate les évènements de mars 1918...

Soldats britanniques dans un trou pour mitrailleuse construit à la hâte (photo recolorisée)

Un U-Boot fait surface (photo recolorisée)

En Palestine, infirmières britanniques auprès d'une amie décédée (photo recolorisée)

Tranchée près de Verdun

A Toul, Meurthe-et-Moselle, magasin Olida pour le ravitaillement des Poilus

Soldats US avec des lance-flammes allemands récupérés

Dans l'Aisne, territoriaux chargés de protéger des œuvres d'art

Sammies à la toilette dans une tranchée en Lorraine

Mars 1918 - Dans le Monde en Guerre

Avant de parler de paix, regardons la guerre.

C'est à partir du vendredi 22 mars 1918, au deuxième jour de l'offensive allemande, que l'on peut considérer que sur les champs de batailles, et même hors des champs de batailles, la guerre est devenue totale. Les combats se déroulent maintenant avec des fantassins, de l'artillerie, des gaz, des mitrailleuses, des avions et des blindés dont les deux camps sont maintenant équipés. Bien sûr, les pertes s'en ressentent fortement, en 10 jours, plus de 1 500 000 hommes des deux camps sont mis hors de combat. Le dimanche 24, jour de Pâques, en plus des obus tirés par des canons à longue portée, des avions Gothas lâchent des bombes sur Paris. Avec ces bombardements stratégiques, même s'ils sont pour l'instant secondaires, où qu'ils soient, même hors des zones de combats, les civils des deux camps jusqu'alors plus ou moins épargnés, subissent eux aussi dans leur chair les effets de la guerre...

Le génie humain tout entier est maintenant tourné vers sa destruction de masse. Il commence à creuser sa propre tombe dans une tuerie qui semble sans limite...

La Paix à l'Est.

En Russie. Début mars, les Germano-Austro-Hongrois refusent d'arrêter les opérations militaires sur le front oriental avant la signature de la paix avec la Russie. Les délégués russes à Brest-Litovsk décident alors de signer le traité de paix apporté de Berlin sans en examiner les clauses. Le 3 mars, la paix est enfin signée entre la Russie et les Empires Centraux : Allemagne, Autriche-Hongrie, Turquie(1) et Bulgarie. Par ce traité, la Russie renonce à la Pologne, à la Lituanie, à la Lettonie et à la Courlande. Elle reconnaît l’indépendance de la Finlande ainsi que celle de l’Ukraine, elle s’engage à évacuer la Livonie et l’Estonie. Elle accepte que la Biélorussie soit totalement occupée. Elle cède Kars, Batoum et Ardahan à l’Empire ottoman. Selon une des clauses de cette paix, l'armée et la flotte russes doivent être démobilisées. De plus, elle accepte de verser une indemnité de 6 milliards de marks-or et de livrer des céréales à l’Autriche-Hongrie...

Après ce traité, les Franco-Britanniques et bien d'autres États en guerre se sentent trahis. De ce fait, ils rompent leurs relations diplomatiques avec la Russie bolchévique et décident d’imposer un blocus au pays...

Au final, dans sa partie européenne, la Russie se trouve ramenée à la superficie du grand-duché de Moscovie avant l'avènement d'Ivan le Terrible au XVIème siècle. Elle perd près de 30% de sa population et plus de 50% des terres cultivables situées en Europe...

Prisonniers allemands astreints à des travaux dans l'Aisne

Le Grand État-Major Allemand prêt à partir de Kreuznach pour se rendre à Spa en Belgique occupée (photo recolorisée)

Dans l'Oise, civils évacuant la zone des combats

Soldats allemands en progression dans la Somme

Déchargement d'obus de 380mm par des Britanniques (photo recolorisée)

Prisonniers de guerre ottomans au Moyen-Orient

Lancement d'une torpille par un navire de surface (photo recolorisée)

Mortier allemand de 210 qui a littéralement explosé

Soldats austro-hongrois sur le Piave en Italie (photo recolorisée)

En Roumanie. Le 2 mars, les délégués roumains acceptent de négocier la paix sur les bases proposées par leurs adversaires. Le 5, les puissances centrales imposent leur armistice. Le 18, un traité de paix préliminaire est signé à Buftea, une ville située à 20 kilomètres au nord de Bucarest. En contrepartie de cessions territoriales minimes, au sud-est au profit de la Bulgarie, à l'ouest au profit de l'Autriche-Hongrie, l'économie tout entière du pays doit être mise à la disposition des Empires centraux avec des facilités commerciales exceptionnelles. Son agriculture, ses usines et sa production pétrolière sont mises sous tutelle pour les besoins des vainqueurs. L'armée roumaine doit aussi partiellement se démobiliser...

Chez les Alliés. Le 18, dans une déclaration commune, les gouvernements alliés refusent de reconnaître les traités de paix imposés par les Empires centraux à la Russie et à la Roumanie...

La Grippe, pas encore Espagnole. Le 11 mars, lors de la parade matinale de Fort Riley dans le Kansas au centre des USA, quelques soldats tombent épuisés. Personne encore ne se doute qu'un nouveau fléau contre l'espèce humaine vient de faire ses premières victimes. A priori, mais c'est toujours controversé, c'est une variante du virus de la grippe aviaire H1N1, née en Chine, qui serait passée des oiseaux aux porcs puis aux hommes. Pour les médecins du camp, c'est une banale grippe, ils notent quand même l'extrême contagion de la maladie. Petit à petit elle va gagner tous les camps d'entraînements ou les soldats US sont entassés en vue de leur futur engagement en France...

 

Dans le Monde Politique.

En France. Le 1er mars, une grande manifestation se déroule à la Sorbonne à l'occasion de l'anniversaire de la protestation des députés de l’Alsace-lorraine à l'Assemblée de Bordeaux le 1er mars 1871(2). Des orateurs particulièrement qualifiés affirment l'inaltérable fidélité de la France envers ses provinces perdues et son invincible volonté de les reconquérir. Le 8, le président du Conseil et ministre de la Guerre, Georges Clemenceau, s'adresse à la Chambre des députés afin d'accélérer le vote sur le budget de la Guerre. A la fin de son discours, il lance cette phrase restée célèbre "Tout à l'heure, monsieur Constant me lançait une petite pointe sur mon silence en matière de politique étrangère. Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c'est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre". Le 9, c'est de nouveau le passage à l'heure d'été pour réaliser des économies d'éclairage. Le 29, alors que des obus tombent sur Paris, le Sénat approuve l'appel sous les drapeaux de la classe 1919. Nés en 1899, ces soldats auront 19 ans en 1918. Dans la nuit, des Gothas larguent des bombes sur la capitale...

Durant tout le mois, de nombreuses grèves se déroulent dans les usines situées dans les grandes villes telles que Paris, Saint-Etienne, Lyon, Nantes, etc... Là, où le gouvernement pour avoir la paix sociale, a créé des Conseils d'ateliers. Les revendications sont le plus souvent très limitées : améliorations des postes de travail dangereux, horaires, etc...

Création de l'Aviation Commerciale. Le 3 mars, le général Hubert Lyautey, alors Résident général de France au Maroc, accepte d'accorder à Pierre Latécoère une convention postale. Il demande, à titre de test, de se faire livrer son courrier par avion. Deux avions Salmson 2A2 chargés de courrier décollent alors de Toulouse pour le Maroc en volant au-dessus de l'Espagne. Ce n'est pas un essai réussi, et les deux appareils sont rapidement hors d'état de poursuivre leur route. Le 8 mars, un nouvel appareil décolle de Toulouse, l'avion arrive à Casablanca le lendemain. Finalement, Lyautey signe la première convention postale avec l'entreprise Latécoère le 30 mars. Ce sont les prémices de l'Aéropostale...

Contingent de soldats US en France. Malgré le harcèlement de Clemenceau auprès de Douglas Haig et de Woodrow Wilson pour faire augmenter la cadence d'arrivée des troupes en France, vers le 15 mars le contingent de soldats étasuniens opérationnels sur le front n'est que de 140 000 hommes. Environ 130 000 sont en Lorraine et 10 000 dans la Somme. Pour Clemenceau c'est dérisoire, alors que depuis un mois, près de 10 000 soldats africains recrutés par Blaise Diagne sont déjà arrivés. Mais pour les stratèges US, tout se passe comme prévu. Le cadencement de 30 000 soldats par mois est largement suffisant pour lancer leur guerre à la fin de 1918, donc il n'y a pas lieu de se presser. Mais à la fin du mois, tout change. Les Allemands n'ont pas attendu pour attaquer que les troupes US soient prêtes pour la guerre. Alors, d'un seul coup, les stratèges US se rendent compte qu'ils risquent de perdre la guerre avant même de l'avoir commencée. Dès avril, c'est entre 130 000 et 200 000 hommes qui, chaque mois, arrivent sur le sol de France...

En Alsace et Lorraine Occupée. Le 13 mars, en réponse aux discours de la Sorbonne, le gouverneur allemand lance une proclamation pour affirmer que ces provinces sont pays d'Empire, elles sont et resteront allemandes...

La ville de Paris bombardée au canon. Le 23 mars, vers 7h16, l'explosion caractéristique d'un obus se fait entendre devant le n°6 du quai de Seine dans le 19ème arrondissement. Elle est suivie à 8h15 d'une autre explosion de même intensité au n°15 de la rue Charles V dans le 4ème arrondissement. Pour les Poilus habitués des tranchées, aucun doute, c'est un canon qui a tiré. Les Parisiens plus sceptiques et maintenant habitués aux bombardements aériens, cherchent à voir des avions dans le ciel. Mais le ciel est vide et les obus tombent à une cadence régulière, alors le doute n'est plus permis, c'est bien un canon qui tire sur Paris. Il ne fait ce jour-là que des blessés et 22 explosions sont comptées. Vers 15h00, après le dernier obus tombé, les journaux sortent avec de gros titre "Un canon tire sur Paris"...

Les allemands sont pourtant à plus de 100 kilomètres, alors comment cela est-il possible ? En fait, dès 1916 les ingénieurs de l'artillerie navale de Krupp décident, dans le secret le plus absolu, la création d'une pièce d'artillerie capable d'atteindre une cible à plus de 120 kilomètres. La première pièce est d'un calibre de 380 mm, longue de 17 mètres, dans laquelle les techniciens introduisirent un tube de 210 mm qui dépasse de 11 m le précédent. A l'extrémité du tube de 210, ils vissent un autre tube de 210 mm, mais à âme lisse (innovation importante). Alors, ce supercanon finit par mesurer 34 m de long pour un poids de 138 tonnes. On le charge en introduisant 250 kg de poudre en gargousse dans une chambre de 5 m de long, ce qui permet d'envoyer à plus de 100 km un obus de 210 mm avec 7 kg d'explosif. Avec une telle charge de poudre, l'usure du canon est très rapide, et les ingénieurs calculent que chaque pièce ne peut tirer que 65 coups, après quoi le canon doit être "rechemisé". Ils ont alors l'idée de numéroter les obus et d'accroitre progressivement leur poids, le dernier pesant 15 kg de plus que le premier. Avec les canons rechemisés, les obus sont de calibre de 240 mm et contiennent alors une charge explosive de 8,66 kg. D'abord baptisé Wilhelm Geschutz (canon de Guillaume), puis le Long Max, pour finir par se nommer le Pariser Kanonen (le canon de Paris). Les Parisiens, plus prosaïque, les baptisent aussitôt Grosse Bertha, dénomination qui leur est restée (en fait la Grosse Bertha était un obusier lourd de 420 mm ainsi dénommé en référence à Bertha, la fille unique de Friedrich Alfred Krupp, petite-fille du fondateur de la firme basée à Essen). Les canons sont acheminés par chemin de fer. Seul le dernier tube lisse est démonté et transporté séparément. L'affut de transport, à 18 essieux d'un seul tenant, pèse à lui seul 256 tonnes. En position de tir, cet affut de transport prend appui sur une plateforme fixe, amenée sur place en six éléments, et qui comporte une plaque tournante montée sur roulement à bille. Un portique démontable qui se déplace sur deux voies parallèles à la voie principale permet de visser le canon final de 210 mm. Le tout est placé sur de solides fondations en béton. Ce premier supercanon est installé dans la forêt de Crépy-en-Lannois, prés de Laon. Pointé sur Paris, le tube fait un angle de 52°. L'obus part avec une vitesse initiale de 1 578 m/s. Après 25 s il est à 20 km d'altitude et possède encore une vitesse de 900 m/s. Après 90 s l'obus est à son apogée, à 40 km d'altitude et 675 m/s de vitesse, alors commence sa descente. A 20 km d'altitude sa vitesse est de nouveau de 900 m/s. Freiné par les basses couches atmosphériques plus denses il atteint Paris avec une vitesse résiduelle de 660 m/s. Une grande partie de sa trajectoire se trouve dans la stratosphère, et pour le calcul de son point d'impact les ingénieurs sont obligés de prendre en compte la rotondité de la terre. Le temps de trajet entre le tir et l'impact dure à peu près trois minutes. Combinés à l'offensive allemande, ces coups doivent démontrer la puissance de l'Allemagne et démoraliser les civils à l'arrière…

Dès le lendemain, 29 obus tombent de nouveau sur Paris, mais à une cadence plus rapide, laissant penser qu'il y a vraisemblablement deux canons. Le 25, six obus sont tirés. Le 29, Vendredi-Saint, un seul  des quatre obus tirés atteint Paris intra-muros, il explose dans l'église Saint-Gervais près de l'Hôtel de Ville. Il tue 75 personnes et il en blesse 90 autres. Comme toujours dans ces cas-là, les Parisiens sont plus en colère que démoralisés. Les tueries aveugles ne sont pas et ne seront jamais le bon argument psychologique pour rendre une guerre juste...

En Grande-Bretagne. Le 14 mars, dans sa déclaration aux Communes, le ministre des Affaires étrangère, lord Arthur Balfour après avoir annoncé le débarquement de troupes britanniques à Mourmansk, préconise une intervention japonaise en Sibérie orientale. Le 20, dans sa déclaration sur l'état de la guerre maritime, le premier lord de l'Amirauté, sir Eric Geddes, signale que les attaques sous-marines allemandes sont maintenant maîtrisées. Il constate que les pertes de navires britanniques sont en constante diminution et que, d'autre part, la construction de navires s'accélère. Avec l'apport des capacités maritimes étasuniennes avec celles des pays sud-américains et malgré la propagande allemande, la guerre sous-marine n'a plus d'effet notable sur le déroulement du conflit...

En Irlande. Le 6 mars, c'est le décès brutal à 62 ans de John Redmond, chef du parti nationaliste irlandais (catholique). C'était un partisan de la conscription et il demandait que des volontaires nationaux rejoignent les régiments irlandais de la l'armée britannique. Il soutenait l'effort de guerre allié pour restaurer la "liberté des petites nations" (Belgique, Serbie, Pologne) et aussi pour que "le courage irlandais se manifeste sur le champ de bataille" du continent européen. Le 12, il est remplacé à la tête du parti par John Dillon. Mais depuis les Pâques Sanglantes de 1916, le parti nationaliste irlandais est en net repli dans l'opinion au profit de partis plus indépendantistes et anti-guerre comme l'Irish Republican Brotherhood et l'Irish Citizen Army...

En Hollande. Les Alliés proposent à la Hollande un équitable arrangement au sujet de la réquisition des navires du pays qui se trouvent dans les ports alliés. Les Pays-Bas n'acceptent pas cet arrangement. Aussi, le 20, le président Wilson, conformément au droit international, autorise la réquisition de tous les bâtiments néerlandais actuellement dans les ports US. Les autres pays alliés en feront rapidement de même...

En Italie. Depuis le début des hostilités, les Russes séparaient les prisonniers des différentes nationalités qui combattaient dans les rangs des Empires centraux (Polonais, Tchèques, etc...) pour les amener à combattre sous leur propre identité, mais contre leurs anciens oppresseurs. Cela donne l'idée à des journalistes italiens, surtout ceux du quotidien Il Corriere della Sera dirigé alors par Luigi Albertini, d'en faire de même pour tous les Slaves du sud qui combattent les soldats italiens tant en Italie du Nord que dans les Balkans. L'idée est alors lancée d'organiser à Rome un Congrès de tous les peuples opprimés de l'Empire austro-hongrois. Les premiers pourparlers commencent dès le début mars. Bien que le dialogue ne soit pas facile entre les Italiens et les Yougoslaves, les négociateurs arrivent à se mettre d'accord sur une déclaration commune. Elle annonce la tenue d'un Congrès des Peuples Opprimés à Rome pour le 8 avril. En parallèle, c'est la signature d'un arrangement officieux entre les délégués italiens et les chefs du mouvement yougoslave dans lequel ils reconnaissent que "l'unité de la nation yougoslave est d'un intérêt vital pour l'Italie"...

Aux États-Unis. Le 7 mars, le secrétaire d'État Robert Lansing annonce une détente diplomatique entre les USA et le Japon. Le 11, le président Woodrow Wilson fait parvenir un message de sympathie au 4ème congrès des Soviets qui se tient à Moscou, il promet aux Bolcheviques qu'il ne laissera pas toucher à l'indépendance de leur politique intérieure…

Le 30, c'est le décès au centre de détention d'Ellis Island à New York de Despina Storch. Elle est née à Constantinople en 1895. En 1912 elle épouse le français Paul Storch dont elle divorce rapidement, mais elle gardera son nom d’épouse. D'une grande beauté et pour mener une vie de super luxe, elle devient espionne au service des Allemands et des Turcs. Elle change aussi souvent de capitales que de pseudonymes. A Paris, elle est connue en tant que Madame Nezie, à Madrid et à Londres, comme Madame Hesketh, à Rome, comme Madame Davidovitch, à l'hôtel Biltmore de New York, comme Madame Despina et à l'hôtel Shoreham de Washington, comme la baronne de Bellville. Elle utilise cette dernière identité en accompagnant partout le Baron Henri de Beville dans les derniers mois précédant son arrestation. A Madrid, Despina Stroch et le baron sont compromis alors qu'ils contactent des agents allemands. Ils quittent subitement l'Espagne pour La Havane. Puis, ils s'installent aux États-Unis accompagnés d'une Allemande, Elizabeth Charlotte Nix ainsi que d'un homme se présentant comme un comte français nommé Robert de Clarmont. Les quatre sont considérés comme suspects dès leur arrivée sur le continent par le Département de la Justice des États-Unis, qui les laisse libres dans un premier temps, en raison de leur train de vie. Despina Storch dépense 1 000 dollars par mois pour sa suite d'hôtel, Charlotte Nix reçoit un revenu inexpliqué de 3 000 dollars d'un certain comte Bernstorff. Au début de leur installation, Despina, qualifiée de "Turkish beauty", qui ne se sent pas du tout surveillée, poursuit sa vie de papillon et collectionne les admirateurs. Mais les autorités saisissent un coffre-fort détenu par Despina dans une banque new-yorkaise. Il contient une abondante correspondance avec diverses personnalités de par le monde, avec aussi des lettres chiffrées. Maintenant qu'elle se sait surveillée, elle tente d'expédier ses malles à Panama, mais elles seront interceptées. Le baron et Storch réussissent à obtenir des passeports français et se préparent à fuir vers Cuba. Ils sont arrêtés le 18 mars et envoyés à Ellis Island, la célèbre île dans le port de New York. Les autorités tentent d'identifier les flux d'argent mais elles ne pourront pas formellement prouver une activité d'espionnage. Finalement, les quatre vont être expulsés des États-Unis après avoir été considérés comme "indésirables". Entre-temps, ils attrapent tous une pneumonie. Charlotte Nix, le baron et le comte survivent, mais pas Despina Storch qui en meurt à l'âge de 23 ans. Les autorités retiennent une cause naturelle de la mort alors que quelques publications font mention d'un suicide au moyen d'une capsule empoisonnée...

Au Canada. Depuis plusieurs mois le feu couve entre les Francophones et le gouvernement fédéral. Par une manœuvre antidémocratique, un vote a rendu la conscription obligatoire ce que les Francophones refusent. Dans le Québec et depuis le début de l'hiver, malgré les conditions climatiques défavorables, de nombreux jeunes gens se cachent dans les greniers ou se sauvent dans les bois plutôt que de se faire enrôler. Ottawa engage alors des policiers spéciaux chargés de mettre la main sur les déserteurs. Les Québécois les nomment péjorativement les Spotters (les observateurs). Le 28 mars, Jeudi-Saint à 20h30, Joseph Mercier, 23 ans, est arrêté par trois de ces policiers au moment où il entre dans la salle de jeu de quilles (bowling) du Cercle Frontenac. Mercier leur affirme qu'il possède des papiers d'exemption, mais il ne les a pas sur lui. Il est emmené au poste de police situé tout près avec trois autres personnes arrêtées dans la salle de jeu. Plus tard, son père vient le libérer en apportant ses papiers. Entretemps, la foule, ameutée par la nouvelle, commence à s'agglutiner autour du poste de police. Bientôt, environ 2 000 personnes se mettent à lancer différents projectiles sur le bâtiment. Le chef de police téléphone à son supérieur, le général Joseph-Philippe Landry, pour lui demander de l'aide. En attendant, le maire de Québec, Henri-Edgar Lavigueur, tente en vain de calmer les gens. Les spotters, qui ont arrêté Mercier, se sauvent par une porte en arrière du bâtiment. Deux d'entre eux se réfugient dans le bâtiment voisin qui appartient à des religieux. L'autre entre dans un tramway, mais est aperçu par une partie de la population qui le renverse. Le policier réussit tout de même à s'enfuir. Pendant ce temps, les policiers municipaux fuient du mieux qu'ils le peuvent, laissant le poste à l'abandon. Le lendemain, en début de soirée, 3 000 personnes montent à la Haute-ville, en chantant en Français Ô Canada (hymne du Canada) et La Marseillaise. Ils pénètrent dans le Vieux-Québec et commencent par bombarder de projectiles les bâtiments des journaux connus pour leur position 'proconscriptionniste'. Puis ils reviennent sur leurs pas, et se dirigent vers l'endroit où sont classés les dossiers des conscrits. Ils cassent les fenêtres du bâtiment, pénètrent à l'intérieur, jettent les papiers par les fenêtres, brisent le mobilier et finissent par mettre le feu. Les pompiers qui tentent d'éteindre l'incendie ne peuvent le faire à cause du sabotage de leurs tuyaux. Pendant ce temps, Lavigueur a appelé le général Landry pour qu'il vienne rétablir l'ordre. L'armée s'installe alors sur la place d'Youville dans le vieux Québec en face du bâtiment incendié. Le maire tente alors d'apaiser une foule de 15 000 personnes venues manifester et qui finit par se disperser. Le premier ministre fédéral, Robert Laird Borden, mécontent des derniers événements, décide d'envoyer des renforts à Québec. Venus des provinces d'Ontario et de la Nouvelle-Écosse, ces soldats, qui ne connaissent pas un mot de français et méprisent la population locale, doivent arriver le lendemain. Ils sont commandés par le major général François-Louis Lessard, connu pour avoir réprimé brutalement une grève ouvrière en 1878 et pour avoir commandé un détachement de l'armée dans l'Ouest au moment de la rébellion des métis de Louis Riel dans le Manitoba en 1885. Dans la soirée, vers 20h, de nouveaux manifestants remontent à la Haute-ville et se rassemblent sur les plaines d'Abraham devant le château Frontenac. Après la lecture de l'acte d'émeute, la cavalerie charge la foule qui se replie, mais plusieurs personnes sont blessées. Les manifestants répliquent en lançant de gros morceaux de glace et différents autres projectiles contre les cavaliers. Le dimanche 31 mars, à l'occasion de Pâques, le cardinal de Québec, Louis-Nazaire Bégin, rédige une lettre pastorale, se prononçant contre les troubles des derniers jours et en interdisant de nouveaux. Cependant, certains curés de paroisse, dans leurs sermons, n'hésitent pas à mettre la faute des manifestations sur les spotters trop zélés. Au cours de la journée, 2 000 autres soldats anglophones du général Lessard commencent à arriver par trains. Celui-ci décide d'installer son quartier général au Château Frontenac. Le soir, un rassemblement a lieu à la place Jacques-Cartier. Bien que souffrant d'une forte fièvre, le député francophone Armand Lavergne décide de s'y rendre et parvient à calmer les manifestants. Il leur promet, entre autres, que les spotters seront renvoyés et que l'armée ne patrouillera pas dans les rues le lendemain. Il a reçu cette assurance de l'officier Harold Machin, envoyé à Québec à titre d'enquêteur du gouvernement fédéral...

En Allemagne. Le 8 mars, d'importantes inondations hivernales obligent les Allemands à transférer le grand quartier général des forces allemandes de Kreuznach à Spa, en Belgique occupée. Le 15, le gouvernement reconnaît l'autonomie de la Courlande. Le 18, au Reichstag, le Chancelier, Georg von Herling fait un exposé sur la situation générale en ouverture des débats sur la ratification de la paix de Brest-Litovsk. Le 20, le traité de paix de Brest-Litovsk est ratifié au Reichstag. Le Parti social-démocrate indépendant (USPD) vote contre, le Parti social-démocrate (SPD) s'abstient, mais de nombreux députés de gauche ont déjà quitté la séance...

En Autriche-Hongrie. Le 16 mars, un mouvement de grève largement suivi paralyse les usines de matériel de guerre. Pour faire cesser les grèves de janvier, le gouvernement avait promis, qu'une fois la paix signée avec la Russie et la Roumanie, le pays serait de nouveau approvisionné normalement et les restrictions en parties levées. Or, il n'en rien. De plus, la classe ouvrière se sent trahie par les sociaux-démocrates en qui elle avait placé sa confiance pour négocier des changements rapides. Les ouvriers, du moins leurs représentants, demandent à participer eux-mêmes aux négociations avec le gouvernement sur la satisfaction des revendications salariales et des conditions de travail. Les sociaux-démocrates s'y opposent encore plus fermement que les libéraux qui gouvernent. Du coup, les délégués sociaux-démocrates sont insultés, pis traités de "délégués impériaux et royaux". Face à cette traîtrise, un groupe de socialistes révolutionnaires, avec à sa tête Frantz Koritschoner, tente de mettre sur pied un Parti Communiste local. Mais ce petit groupe n'a alors aucune prise sur les événements face au puissant appareil social-démocrate toujours solidement implanté dans la population, même s'il est de moins en moins présent chez les travailleurs...

En Russie. La paix imposée par Lénine, avant tout soucieux de sauver la Révolution bolchevique, fût-ce au prix de la défaite et du démembrement de l'empire russe, n'est pas sans conséquence interne. Les ministres Socialistes Révolutionnaires de gauche protestent contre ce qu’ils considèrent comme une capitulation. Ils démissionnent peu après et rentrent dans l'opposition. Ils ne vont plus cesser de combattre les Bolcheviques...

Le 4ème congrès du parti des Soviets s'ouvre le 6 mars à Moscou. A cause de la guerre civile, 46 délégués avec droit de vote et 58 délégués avec mandats consultatifs représentent 145 000 membres, alors que le Parti en revendique presque le double. Dans son rapport quant au départ des Socialistes Révolutionnaires de gauche, Lénine affirme que "...la sévère crise que traverse notre Parti, eu égard à la formation d’une opposition de gauche dans le Parti, est une des plus grandes crises que la révolution russe a traversées." Dans son rapport sur la paix de Brest-Litovsk, il déclare "Je veux céder de l'espace pour gagner du temps, c'est là, et seulement là, l'essentiel. Tout le reste, la nécessité d'une guerre révolutionnaire, le redressement de la paysannerie, etc..., n'est que bavardages". La résolution de Lénine est acceptée par 30 voix contre 12, avec 4 abstentions. Sont également votés la réorganisation militaire face aux futures interventions soutenues par les impérialistes, le changement de programme du Parti ainsi que son nom, il devient "Parti Communiste de Russie". Le 8, Léon Trotski démissionne de ses fonctions de commissaire du peuple aux Affaires Étrangères pour s'occuper exclusivement de la création de l'Armée rouge. Le 12, le gouvernement bolchévique décide que Moscou sera la capitale de la République socialiste de Russie en lieu et place de Petrograd(3) bien trop près des troupes allemandes. Le 14, le congrès ratifie le traité de paix de Brest-Litovsk. Le 19, en clôture du congrès, le gouvernement expose son programme. Il demande un fort soutien du peuple sur sa politique extérieure et intérieure. Le même jour, le Comité exécutif des Soviets de Petrograd vote l'arrestation immédiate de Nicolas II...

La Guerre Civile s'Installe en Russie. Après la paix de Brest-Litovsk, tous les partisans du régime tsariste ou de la République démocratique issus de la Révolution de février se réveillent, mais en ordre dispersé. Les plus nombreux et les mieux équipés sont les soldats de "l'Armée des volontaires" recrutés par le général Lavr Kornilov qui stationnent dans l'est de l'Ukraine. Outre les pays qui se sont "libérés" à l'ouest, toute une partie de l'Empire russe échappe aux Bolcheviques. Les Territoires du Nord, la Sibérie, le Caucase, l'Oural se constituent en entités autonomes plus ou moins socialistes, mais en tout cas pas bolcheviques...

Les Troupes Tchèques et Slovaques en Russie. Après avoir signé la paix à Brest-Litovsk, les Alliés décident d'évacuer les soldats Tchèques et Slovaques afin qu'ils viennent se joindre à leurs camarades installés en France pour continuer la guerre. Le 26 mars, un accord est conclu entre les Soviets et les chefs des légions tchécoslovaques pour leur rapatriement vers l'Europe. En raison du blocus sur le front de l'Europe occidentale, l'évacuation doit se faire via la Sibérie pour embarquer à Vladivostok, traverser le Pacifique, les États-Unis et enfin l'Atlantique. La lente évacuation par le Transsibérien est ralentie par des problèmes de transport car, de leur côté, les Russes doivent aussi rapatrier tous les prisonniers de guerre des Empires centraux vers leur pays d'origine...

Les îles d'Åland. Elles sont au centre d'un imbroglio russo-suédois-finlandais. Composées de 6 500 îlots au cœur de la mer Baltique, elles sont de langue et de culture suédoises. Économiquement et politiquement elles ne pèsent strictement rien. Stratégiquement elles contrôlent toute la mer Baltique. En 1914 elles sont Russes, en février 1918 les Allemands les offrent à la Finlande(4)…

En Biélorussie. Le 25 mars à Minsk, le parlement biélorusse se proclame indépendant, et crée la République Démocratique Biélorusse. Dans sa partie sud, le parlement de Bessarabie vote en faveur de son rattachement à la Roumanie...

En Ukraine. Le 1er mars, sans attendre que la paix soit signée avec les Russes, les troupes germano-austro-hongroises sous les ordres du général allemand Hermann von Eichhorn rentrent en Ukraine pour l'occuper. Le lendemain, elles sont dans la capitale de la province, Kiev, évacuée par les Bolchéviks et elles réinstallent la Rada (parlement ukrainien). Le 13, elles investissent le grand port militaire d'Odessa sur la mer Noire. Le 17, elles isolent la presqu'île de Crimée et son grand port Sébastopol...

En Finlande. Le 5 mars, l'Allemagne et le Sénat finlandais, c'est-à-dire le gouvernement contre-révolutionnaire soutenu par les forces blanches finlandaises, signent un traité de paix. Ce traité lie politiquement et économiquement la Finlande à l’Allemagne. Le gouvernement rouge, composé des bolcheviques locaux, exhorte la population à résister à la mainmise de l’Allemagne sur la Finlande. Le Sénat demande alors aux Allemands de venir les sauver des troupes bolcheviques. Alors, les Allemands débarquent des troupes dans les îles d'Åland. Fort de ce soutien, le 7, le Sénat finlandais signe aussi un traité de paix avec la Russie bolchévique. Le 13, des troupes allemandes s'installent dans le sud du pays à majorité bolchevique...

En Lettonie. Le 23 mars, le pays se déclare indépendant...

En Lituanie. Le 23 mars, l’Allemagne reconnaît l’indépendance du pays, mais impose comme souverain le duc Wilhelm von Urach de la maison royale du Wurtemberg...

En Courlande. Le 8 mars, comme ses voisins, le Landesrat (assemblée locale) proclame l'indépendance de ce minuscule état qui borde la Baltique sous le nom de Duché de Courlande et Sémigalle. Aussitôt, il réclame la protection de l'Allemagne et offre sa couronne à l'empereur Guillaume II. L'Empire allemand est le seul à reconnaître cet État mais il le fait comme pour un État vassal...

A Mourmansk. Depuis la révolution d'Octobre, le nouveau port russe de Mourmansk, situé dans la baie de Kola, bien au-delà du cercle polaire, mais libre de glace à l'année grâce au Golf Stream, est sous le contrôle des Bolcheviques. Ce sont, avec Arkhangelsk, les deux grands ports par où arrivait le ravitaillement que les Franco-Britanniques apportaient à la Russie du tsar. Pour les Alliés, il n'est pas question que tous les stocks accumulés tombent aux mains des Bolcheviques. En outre, après l'indépendance de la Finlande, Mourmansk peut devenir une cible facile pour les troupes allemandes. Elles pourraient aisément atteindre la ligne ferroviaire qui vient de Petrograd car cette dernière longe la frontière finlandaise et n'a pas de protection. Alors, dès le 10 mars, des marins britanniques débarquent et occupent la ville. Cet acte marque le début de l’intervention des forces étrangères dans la guerre civile russe. Mais l'armée britannique n'a plus les capacités militaires pour une expédition aussi lointaine, alors un appel est fait aux États-Unis pour les aider à sécuriser la zone. Pour l'instant, Woodrow Wilson réserve sa réponse...

En Mongolie. Des troupes chinoises franchissent la frontière mongole avec l'autorisation du Bogdo Gegen, le Dalaï-lama mongol. Elles viennent protéger l'intégrité du pays contre une armée de Russes blancs, soutenue par le Japon et dirigée par l'Ataman Grigori Semenov qui, sous prétexte d'un pan-mongolisme, s'installe dans le pays. Or, la Mongolie est indépendante depuis le 25 mai 1915 par le traité Kyakhta signé conjointement par la Russie et la Chine. Toutefois, la Mongolie est restée le pays du pastoralisme et n'a jamais eu les moyens, encore moins l'envie, de créer une armée...

En Roumanie. Le 5 mars, sous la pression des Empires centraux, le Président du Conseil des ministres Alexandru Averescu est démis pour être remplacé par le très germanophile Alexandru Marghiloman. Cet ancien responsable de la Croix-Rouge roumaine est depuis longtemps, bien avant le conflit, l'intermédiaire entre la Roumanie et les Allemands. Néanmoins, jamais durant sa brève carrière au poste de Président du conseil, il ne remettra en cause le pouvoir royal de Ferdinand Ier. Le 8, les Roumanophones évacuent la Bucovine qui a été donnée à l'Autriche-Hongrie. Le 9, en accord avec le gouvernement français de Georges Clemenceau, la Roumanie se fait un devoir de rapatrier la mission française du général Henri Berthelot. Mais c'est un ordre impossible à exécuter dans un pays complètement cerné. Alors, les 2 000 Français présents se font très discrets et restent pour l'instant à Iasy dans l'ex-capitale provisoire. Ils vont rapidement reprendre du service vers l'est, quand la minuscule République démocratique moldave, attaquée par l'armée rouge d'Odessa, appelle à l'aide. Les troupes roumaines et françaises passent la rivière Prut et font cesser la menace rouge en Bessarabie en se postant sur le fleuve Dniestr à l'appel du Sfatul Țării, le parlement moldave. Elles resteront sur place pendant les 6 prochains mois...

En Belgique Libre. Le 20 mars, le Conseil des ministres accepte le principe de la mise sur pied d'une école militaire néerlandophone. Jusqu'alors, l'armée belge a toujours été dirigée et commandée en français...

En Espagne. Le 22 mars, le conservateur Antonio Maura redevient Président du gouvernement en lieu et place du libéral Manuel Garcia Petro démissionnaire. Le sinistre Eduardo Dato Iradier qui a fait réprimer dans le sang les grèves d'août-septembre 1917, redevient son ministre de l'Intérieur...

Au Mexique. Durant le mois, c'est la création à Saltillo, ville située au nord du pays, de la Confédération Régionale Ouvrière Mexicaine (CROM). Ce nouveau syndicat va devenir le premier syndicat ouvrier national du pays. C'est un mouvement anarcho-syndicaliste qui prône l'action politique en complément de l'action syndicale...

Au Nicaragua. Le 8 mars, le gouvernement déclare la guerre à l’Allemagne...

En Argentine. Le 31 mars, c'est le début de la révolte étudiante qui va se prolonger jusqu'à la fin de juin 1918...

En Chine. Le 8 mars 1918, se constitue à Pékin, un gouvernement russe de l’Extrême-Orient, avec pour président le Prince Gueorgui Lvov. C'est un libéral, franc-maçon et ancien président du gouvernement provisoire russe du 23 mars au 7 juillet 1917…

En Chine occupée. Les États-Unis laissent au Japon, présent en Mandchourie, toute liberté d’intervention en Sibérie. Le 6 mars, la flotte japonaise se positionne devant Vladivostok...

Au Japon. Le 19 mars, dans un mémorandum confidentiel adressé au gouvernement des USA, le Japon se déclare préoccupé par la situation anarchique existant en Sibérie. Mais il n'interviendra qu'avec le complet accord des puissances alliées et des États-Unis...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 5 mars c'est la naissance à Champaign (Illinois, USA) de James Tobin. Il va devenir un économiste de renommée mondiale, créateur de la taxe du même nom. Elle devait s'appliquer sur toutes les transactions financières, mais ne sera jamais vraiment mise en place. Il reçoit le prix Nobel d'économie en 1981 et décède le 11 mars 2002 à New Haven (Connecticut, USA). Le 16, c'est la naissance à Groningue (Pays-Bas), du peintre néerlandais Evert Musch. Il pratique la peinture à l'huile, l'aquarelle, le dessin de paysages et de portraits dans un style mélangeant le naturalisme avec l'impressionnisme. Également lithographe, il illustre plusieurs livres. Il décède le 5 décembre 2007 à Anloo (Pays-Bas). Le 23 à Stockholm (Suède) c'est la naissance des Français Pierre Sainderichin et de son frère jumeau Sven. Résistants pendant la Seconde Guerre mondiale, ils fondent Le Journal des Forces Françaises, organe clandestin de l'Armée secrète en Dordogne puis organe officiel des forces françaises du front de l'Atlantique (1943-1944). Pierre deviendra un brillant journaliste de presse écrite, radio et télévision, il sera le président de l'Association des journalistes parlementaires de 1968 à 1979. Titulaire de la médaille de la Résistance et de la croix du Combattant, il décède à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) le 14 avril 2012. Le 25, c'est le décès à Paris de Claude Debussy à l'âge de 55 ans. De santé fragile il ne sortait plus de chez lui depuis plusieurs années. Il est né le 22 août 1862 à Saint-Germain-en-Laye dans une famille aisée de marchands d'arts. Compositeur, il laisse l’image d’un créateur original d’une musique où souffle le vent de la liberté. Une part importante de son œuvre est pour piano (la plus vaste de la musique française avec celle de Gabriel Fauré) qui utilise une palette sonore particulièrement riche et évocatrice. Son célèbre portrait, réalisé par Marcel Baschet à la villa Médicis de Rome en 1884, ornera le billet de 20 francs émis par la Banque de France entre 1990 et 2001...

Soldats druzes dans l'est du Jourdain

(1) La paix de Brest-Litovsk est une paix globale, elle confirme la paix séparée déjà signée entre les Russes et les Turcs.

(2) Le 8 février 1871, malgré l'occupation de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, les élus de ces départements sont autorisés, car encore élus français, à élire la nouvelle assemblée nationale siégeant à Bordeaux. Ils élisent en masse des "Gambettistes", favorables à la continuation de la lutte et au maintien de l’Alsace et de la Lorraine dans le giron français. Ces 22 députés dépassent les clivages politiques de l'époque : le social-clérical Émile Keller, le démocrate Émile Küss (qui meurt le jour même), le radical Léon Gambetta, le républicain Jules Favre, le militaire Pierre Philippe Denfert-Rochereau, l'ex-préfet républicain Jules Grosjean, etc... Le 26 février 1871, malgré la démission de son Président, le général Louis Jules Trochu, le gouvernement provisoire signe les préliminaires de paix qui permet l’annexion par le Reich de l’Alsace et d’une partie de la Moselle. En France, c'est la consternation, puis la résignation. Le 1er mars 1871, une déclaration "La Protestation des députés de l'Alsace et de la Lorraine" est lue par Jules Grosjean, au nom des 27 députés Alsaciens et Lorrains, à la tribune de l'Assemblée Nationale qui siège à Bordeaux...

(3) Moscou ne deviendra officiellement la capitale de L'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) que le 30 décembre 1922.

(4) Après l'armistice du 11 novembre 1918, les habitants des îles d'Åland demandent leur rattachement à leur ancienne mère-patrie, le royaume de Suède. Du coup, la Suède vient occuper le pays mais elle en repart rapidement. La Finlande n'accepte ni cette la présence suédoise, encore moins une occupation étrangère et fait appel, sur initiative du Royaume-Uni, à la Société des Nations. Le Conseil de la SDN décide le 25 juin 1921 de l'appartenance définitive de ces îles à la Finlande. Entre-temps, le parlement finlandais a accordé à l'archipel une large autonomie politique dans les affaires intérieures, la dispense du service militaire aux Ålandais, l'usage de leur langue suédoise, de leur culture et de leurs coutumes locales.

Un A7V allemand à Roye dans la Somme

Soldats italiens en Champagne

Camion spécial servant au transport de char Renault FT17

Villers-Cotterêts (Aisne), Britanniques repoussés par l'attaque allemande

Une des plateformes de tir du Pariser Kanonen ou Grosse Bertha dans l'Aisne

Un marché à Paris

Quelque part sur le front, soldat britannique à la corvée d'eau

Premier dégât fait à Paris par un obus de la Grosse Bertha

Sturmtruppen, soldats allemands des groupes d'assauts

Canon de 75 long monté sur affût mobile

Soldats portugais se dirigeant vers la vallée de la Lys (photo recolorisée)

Soldats britanniques au repos à Longpont dans l'Aisne

Installation tractée pour positionner et maintenir les ballons allemands d'observation

Remise de décoration à un soldat français sur le front dans la Somme

Soldats US sur le front près de Saint-Mihiel

Projecteur français pour débusquer les avions la nuit

Soldats français à Gouéra en Jordanie

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de mai 1918 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Quelle folie la guerre !

Zone de Texte: Pour revenir à la page d'accueil de mon site de Barbentane, cliquez ici !!!
Zone de Texte: Vous pouvez toujours m'écrire, cliquez ici et ce sera fait
Ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr

Barbentane, le plus beau village de l'Univers

Zone de Texte: Pour accéder aux archives des Écho déjà publiés, cliquez ici !!!

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Écho de Barbentane de mai 1918

Prisonniers allemands dans l'Oise, ils sont souriants car pour eux la guerre est finie

Poste de combat allemand dans la Somme

Pilote français vérifiant son appareil avant un décollage

Préparatifs à une veillée dans les Flandres (photo recolorisée)

Soldats arméniens dans le Caucase

Offensive Ludendorff dans la Somme

A Saint-Clément, Meurthe-et-Moselle, passage du 32ème RI

La Une du Petit Journal au soir du 23 mars 1918

Le destroyer Britannique Arno qui, éperonné, coulera dans les Dardanelles

Le capitaine Arthur Raymond Brooks avec son SPAD S-XIII, dit le Smith IV

Gotha abattu près de Clamecy dans l'Aisne et gardé par des soldats portugais

Coopérative militaire à Herminville en Meurthe-et-Moselle

Foire de Lyon

Le nouveau généralissime Ferdinand Foch