BARBENTANE

en Octobre 1917

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Premiers Engagements des Soldats US en France. Le 21 octobre, leur période d’instruction terminée, les troupes étasuniennes commence à relever les troupes françaises du général Franchet d’Espérey dans le secteur d’Einville en Lorraine à 8 km de Lunéville. Jusqu’au 21, les fantassins de la division Big Red One effectuent des patrouilles et montent régulièrement jusqu'à la colline au-dessus du petit village de Bathelémont-lès-Bauzemont, à l'est de Nancy, à la limite du no man’s land. Le 22, la batterie C du 1er bataillon du 6ème régiment d’artillerie de campagne US s'installe dans le village. Le lendemain, le sergent Alex Arch règle la hausse de son canon de 75mm sur 5 km en direction de l'est. A 6h05, le coup part. C'est le premier obus qui est tiré par des soldats US sur les positions allemandes, et la douille est envoyée à la Maison Blanche à Washington. Une vingtaine d’obus suivent. Quelques minutes après c'est la réplique des canons allemands. Le 28, lors d'un échange d'artillerie dans le même secteur, un obus blesse 3 soldats US...

Sur le reste du Front en France. C'est la routine, les canons ne cessent jamais de tirer, les coups de main de tranchées à tranchées sont toujours le quotidien des premières lignes. Toutefois le 13, une attaque allemande pénètre les lignes françaises dans le secteur d'Heurtebise au nord de Verdun. Les Français résistent facilement. Dans les Vosges, on se prépare à l'hiver, car des neiges précoces viennent de tomber. Le 21, les premiers éléments de la 2ème division d'infanterie des États-Unis entrent en ligne sur le front de Lorraine. Ils sont placés sur un endroit relativement calme, celui de Lunéville, pour terminer leur instruction. Le 24, les Allemands tentent une grosse opération sur la rive droite de la Meuse, mais les Français bien renseignés par l'aviation les attendent de pied ferme. Les premières vagues d'assaut sont littéralement fauchées sur place, du coup les autres assaillants ne se risquent pas à sortir des tranchées...

Dans la Guerre Aérienne. Le 21, le nouvel hydravion US Curtiss HS-2L fait son premier envol sur la rivière Niagara à Buffalo (État de New York, USA). C'est une version agrandie du modèle précédent, avec un moteur plus puissant, car les charges sous-marines qu'il doit larguer se sont, elles aussi, alourdies de près de 30 kg en peu de temps. Toujours construit en bois, dans sa forme caractéristique de canoë, il possède maintenant un 3ème réservoir, ce qui augmente d'autant son autonomie. Il convient immédiatement aux autorités qui s'empressent d'en commander plus de 1 000 exemplaires. En même temps, l'US Navy prévoit de construire 11 bases aéronavales en France, 7 en Grande-Bretagne, et d'autres en Italie...

Le 29, aux USA c'est le premier vol du clone US de l'avion britannique de Havilland DH.4. Encore plus que l'avion, c'est son nouveau moteur qui est la vedette, le "Liberty". Immédiatement après l'entrée guerre des USA, un groupe de travail fédéral, appelé Aircraft Board, convoque deux des meilleurs ingénieurs motoristes, Jesse Vincent et E.J. Hall à Washington. Il les charge de concevoir, le plus rapidement possible, un moteur d'avion qui doit rivaliser, voire dépasser, ceux des Alliés et des Allemands. Le conseil précise que le moteur doit avoir un rapport puissance/poids élevé et être facilement adaptable à la production de masse. Le 29 mai le conseil installe les deux ingénieurs à l'hôtel Willard à Washington, et ils sont fermement invités à n'en sortir qu'une fois le moteur conçu. Après seulement 5 jours, Vincent et Hall quittent le Willard avec une conception achevée du nouveau moteur. Une version 8 cylindres est rapidement construite pour valider les plans, et dès août la version 12 cylindres est testée, puis approuvée. En octobre, le ministère de la Guerre passe une commande de 22 500 moteurs Liberty, en divisant le contrat entre les constructeurs de moteurs Buick, Ford, Cadillac, Lincoln, Marmon, Nordyke, et Packard. La fabrication par plusieurs usines différentes est facilitée par la conception modulaire des différentes pièces. Le patron de Cadillac, un pacifiste militant, refuse de le construire, cela conduit son ingénieur motoriste principal Henry Leland à quitter Cadillac pour créer la société Lincoln afin de fabriquer le moteur Liberty. Ford, qui doit fournir les cylindres, développe une nouvelle technique pour la coupe et l'emboutissage de l'acier qui permet de passer la production de 151 cylindres à plus de 2 000/jour. L'entreprise fabriquera la presque totalité des 433 826 cylindres et 3 950 moteurs complets. Parti de rien, Lincoln construit une nouvelle usine à Detroit dans le Michigan et assemble 2 000 moteurs en 12 mois. Au moment de l'armistice, les différentes sociétés ont produit 13 574 moteurs, atteignant une cadence de 150 moteurs/jour. Pour rien !!! En effet, moins de 200 Liberty seront finalement montés sur des avions(2)...

Dans le ciel européen, un nouveau raid de l'aviation allemande sur la Grande-Bretagne le 1er octobre occasionne peu de dégâts, mais tue 11 civils et en blesse 42 autres. En réponse, le 3, les Français vont bombarder Baden-Baden, ville au nord de Strasbourg mais rive droite du Rhin. Le commandant Peter Strasser, responsable des dirigeables de la Marine impériale allemande, décide un raid massif de 13 zeppelins sur la Grande-Bretagne pour la nuit du 19 au 20 octobre. Seuls 12 dirigeables peuvent décoller et avant même d'atteindre la Grande-Bretagne, le L-16, au prise avec des ennuis mécaniques, est obligé de faire un atterrissage de fortune près de Brunsbüttel à l'embouchure de l'Elbe sur la mer du Nord. Il est considéré comme irrécupérable. Les autres poursuivent leur mission de bombardement, mais le retour sera catastrophique. Le L-45, commandé par le Kapitänleutenant Waldemar Kölle, bombarde Londres. Une bombe tombe sur Piccadilly Circus, elle tue 7 personnes et en blesse 18, une autre sur Camberwell tue 12 autres personnes dont des enfants. A Hither Green, il détruit 26 cottages en faisant encore 14 morts et 9 blessés. Là, il est pris à partie par un avion de chasse BE2e piloté par le lieutenant Thomas Pritchard mais ce dernier rate sa cible. Pour s'échapper, le L-45 grimpe à plus de 5 000 mètres d'altitude, ce qui cause de nombreux troubles à certains membres de l'équipage. Là, un de ses moteurs tombe en panne et le L-45 est pris par des vents violents, ce qui épuise son carburant. Cumulant la malchance, deux autres moteurs tombent aussi en panne. La situation devient désespérée et le commandant sait qu'ils ne retourneront jamais en Allemagne, il est forcé d'attendre le jour pour trouver un terrain favorable pour se poser. Il dérive vers le sud, survole Compiègne puis la vallée de la Saône, puis la vallée du Rhône pour finalement finir dans Le Buech, un des affluents de la Durance à sec, près de Laragne à proximité de Sisteron. Après avoir incendié l'appareil, les 17 membres de l'équipage se constituent prisonniers. Un des zeppelins est abattu par la DCA britannique et 4 autres, pris par des jet-streams, sont déportés sur la France. Le L-44, abattu par la DCA, tombe sur la commune de Saint-Clément en Meurthe-et-Moselle, un autre atterrit à Dammartin-sur-Meuse en Haute-Marne, où ses 17 membres d'équipage sont faits prisonniers. Le L-49 est abattu par des avions de chasse de l'escadrille 152 basée à Belfort et il s'abîme sur des arbres qui ombragent les rives de la rivière Apance près de Bourbonne-les-Bains en Haute-Marne, son équipage est aussi fait prisonnier. Le L-50 va finir par s'échouer dans la Méditerranée et le L-55 aura plus de chance, car lui aussi fait un atterrissage forcé mais en Allemagne à Tiefenfurt sur la rivière Werra. Tous ces raids finissent par coûter très cher aux Allemands pour des résultats quasi nuls. Afin d'éviter de nouvelles déconvenues, Strasser préfère attendre les beaux jours pour lancer de nouveaux raids de zeppelins sur la Grande-Bretagne. Depuis mai, le pilote-lieutenant Hermann Göring exerce le commandement de l'escadrille 27 qui opère dans les Flandres. Dans ses missions, il fait preuve d'un comportement chevaleresque, s'abstenant notamment d'achever ses adversaires lorsque ces derniers sont à court de munitions. Le 20, il est décoré de la Croix de chevalier de la maison de Hohenzollern pour ses 15 victoires en combat aérien. Le 31, pour la première fois au monde, 22 bombardiers Gotha lâchent 83 kg de bombes incendiaires sur Londres. Elles ne provoquent aucun incendie sérieux, mais 10 civils sont tués. Les seuls effets notables de tous ces bombardements est d'exaspérer les Britanniques envers les Allemands car ils considèrent que ces raids aveugles n'occasionnent que des pertes humaines innocentes...

Dans la Guerre Maritime. Depuis plusieurs mois, pour protéger leurs navires-hôpitaux, les Alliés embarquent des soldats prisonniers, le plus souvent des officiers. Après une médiation du roi d’Espagne, Alphonse XIII, un accord intervient, pour que les otages embarqués dans les navires-hôpitaux soient remplacés par des officiers espagnols. Ils sont chargés de veiller au respect de la convention de Genève. La France s’engage à ne pas faire un usage abusif de ces navires et les Allemands n’imposent plus de zones de navigation...

Barrage de Mines de la Mer du Nord. Afin d'empêcher les sous-marins de gagner l'Atlantique, et en complément de celui installé à l'entrée de la Manche, des stratèges britanniques proposent l'installation d'un barrage de mines entre l'Écosse et les côtes de Norvège. Mais l'Amirauté britannique, l'amiral David Beatty en tête, est contre, au prétexte que ceux déjà installés à Otrante ou dans la Manche, coûtent des fortunes, sont difficiles à surveiller et ne sont pas vraiment efficaces. Mais l'idée emballe les États-Unis, ils y voient un moyen rapide de jouer un rôle actif dans la lutte anti-sous-marine et sans risque de perte humaine. De plus, cela favorise leur industrie au regard de l'immensité liquide à couvrir. Toutefois, et pour les mêmes raisons que son homologue britannique, l'amiral William Sims qui commande toutes les forces navales US en Europe, est lui aussi contre. Alors, le secrétaire adjoint à la Marine, le démocrate Franklin Delano Roosevelt, appelle directement le président Woodrow Wilson pour surmonter son opposition. La décision finale est prise dans l'été. Début octobre, c'est un contrat de 40 millions de dollars qui est passé entre le gouvernement US et 140 fabricants, dont la plupart sont des constructeurs automobiles de Detroit. Il y aura aussi du travail à donner à près de 400 sous-traitants...

Le barrage prévu part des îles Orcades au nord-est de l'Écosse pour arriver jusqu'aux eaux territoriales norvégiennes. Soit une longueur de 340 kilomètres sur 24 kilomètres de large. La commande est gigantesque. Il faut au moins 400 000 mines, des milliers de kilomètres de câbles, des circuits détonants et des tonnes d'explosifs. Une flottille de 24 cargos va faire la navette entre les USA et la ville d'Inverness, en Écosse, où sont assemblés tous les éléments. Huit autres cargos sont convertis pour assurer le mouillage de tous ces engins explosifs. Les mines sont de deux sortes, les classiques qu'il faut toucher pour les faire exploser et des "mines antennes" dites MK6, plus sophistiquées. Toutes sont ancrées sur le fond, amarrées à des hauteurs variables grâce à un câble et espacées de telle sorte qu'elles ne puissent pas exploser en série. Les MK6 sont développées depuis peu et elles sont efficaces jusqu'à 61 mètres de profondeur, le maximum que peuvent atteindre les U-Boote. Les premières sont posées au printemps 1918, les péripéties sont nombreuses, les mines sont souvent défaillantes, surtout les MK6. Le barrage ne sera jamais totalement fini car l'armistice met fin aux travaux de mouillage. Comme prévu par les amiraux, ce barrage est totalement inefficace en regard des moyens déployés. Théoriquement, il y avait 66% de chances pour qu’un sous-marin en surface déclenchât une mine et 33% de chance pour un en plongée. En fait, ces chiffres étaient très fantaisistes, les chances réelles furent réévaluées comme étant plus proches de 20% pour un sous-marin en surface et de 10% pour un en plongée. Les statistiques officielles sur les sous-marins allemands perdus, compilées le 1er mars 1919, créditent le barrage de mines de la mer du Nord de la destruction certaine de quatre sous-marins et celui probable de quatre autres. Toutefois, certains soutiennent que le champ de mines est une des causes majeures de la baisse du moral de la Marine impériale allemande durant les derniers mois de la guerre, tandis que d'autres suggèrent que l'Allemagne balayait facilement des chenaux sûrs à travers l’immense, et non surveillé, champ de mines...

Pire, la guerre finie, il faudra près de deux ans pour nettoyer cette surface de tout danger, car c'était aussi le coin de pêche favori des pays riverains. D'ailleurs, ce sont les mêmes navires qui ont mouillé ces mines, qui vont nettoyer l'espace contaminé. C'est un travail très dangereux, car la meilleure façon d'éliminer la menace est de couper les câbles pour dégager les mines puis de les faire exploser en surface au tir de fusil. Malgré la perte d'un navire démineur et de 12 hommes, à la fin de l'été 1920 moins de 30% des mines posées sont détruites. L'amiral US Joseph Strauss, responsable des opérations de mouillage et de "démouillage" des mines, est fait chevalier commandeur de l'ordre de Saint-Michel et Saint-Georges pour ses efforts. Mais la zone n'est pas sûre et en octobre 1919, le vapeur suédois Hollander heurte une mine et coule avec ses 20 hommes d'équipage, et le 1er décembre le paquebot britannique Kerwood fait de même. Même maintenant, des mines dérivantes sont encore signalées de temps en temps en mer du Nord...

Dans la guerre sous-marine, les U-Boote sont en faillite. En nombre de navires atteints, ils sont revenus au chiffre d'avant la guerre sous-marine à outrance, soit 245 navires touchés pour 189 coulés avec une flotte qui s'est renforcée de près de 50 submersibles supplémentaires. La navigation en convois, les patrouilles alliées, les reconnaissances aériennes, les grenades sous-marines, les navires pièges sont devenus très efficaces. D'ailleurs, plus méfiants, les commandants allemands attaquent plus rarement au canon, ils préfèrent la torpille qui surprend. Sauf que leur plus récent modèle d'attaque l'UB type III ne peut emporter que 10 torpilles, ce qui est peu par rapport à ses 160 obus. Dans le détail, ce sont encore les Britanniques qui, avec 116 navires touchés payent le plus lourd tribut aux sous-marins. Ils sont suivis par les 21 navires italiens, 18  français, 12 grecs, 12 norvégiens, 10 étatsuniens, 6 danois, 5 russes, 3 japonais, 3 portugais, 2 suédois, 1 australien, 1 belge, 1 brésilien, 1 néerlandais, 1 espagnol et 1 uruguayen...

Au mois d'octobre, c'est la fin de la saison de la pêche à la morue sur les grands bancs de Terre-Neuve et au large du Canada. Pas armés pour la plupart, de nombreux Terre-neuvas avec leurs légendaires petites barques de pêche à fond plat appelées doris, vont être coulés avec leurs cales bien remplies, en revenant de leur saison morutière sur les côtes de France...

Le 1er octobre à 8h00, le trois-mâts français Saint-Pierre fait route vers Saint-Malo avec 300 tonnes de morues. Au large d'Ouessant, il est attaqué au canon par l'U-60, l'équipage saute aussitôt dans des doris prévus pour ce genre de situation. Le sous-marin recueille le commandant et envoie son doris avec des explosifs pour couler le bateau. Une partie de l'équipage est recueilli le lendemain par le patrouilleur Corsair, d'autres finiront par échouer en Grande-Bretagne, un doris arrivera à Brest. En cherchant les autres doris, le patrouilleur Corsair récupère par hasard les 31 hommes d'équipage du Terre-neuvas français Eugène-Louise coulé dans la nuit par le même sous-marin. Le même jour à 10h00, l'U-60 croise le trois-mâts français Neuilly qui fait route vers Bordeaux avec 3 000 tonnes de céréales en provenance d'Australie. Après 19 coups de canon, le voilier se rend et l'équipage gagne les embarcations de sauvetage. Le commandant du sous-marin leur remet un marin japonais qu'il a recueilli la veille en coulant le vapeur britannique Heron. Puis, après avoir pillé le bateau des nourritures du bord, il le saborde à 12h30 avec des explosifs. Après plus de 3 jours de dérive, l'équipage du Neuilly est recueilli par le cargo britannique Camelia, il les débarque à Queenstown en Irlande. Le 2, le même U-90 attaque au canon le trois-mâts français Jeannette chargé de 300 tonnes de morues et qui n'est pas armé. Aussitôt, les doris sont mis à la mer et les hommes évacuent le navire. Comme à son habitude, le commandant du sous-marin, Walter Remy d'origine française (ancienne famille protestante française émigrée sous Louis XIV en Allemagne), retient un temps le commandant du voilier. Après avoir pillé le navire, il le coule avec des explosifs. Sur les 22 membres d'équipage, 16 seront secourus par les Gardenia, le Buffon et le Rossignol, les 6 autres marins sont portés disparus. Le 3, l'UC-14 accroche une mine du barrage flottant que les Britanniques ont installé entre la mer du Nord et la Manche, ses 17 marins sont portés disparus. Le même jour, l'U-60 coule le trois-mâts français Saint-Antoine, 2 marins sont portés disparus. Le 4, le patrouilleur Stella saute sur une mine larguée par le sous-marin UC-67 au large du feu de Bougaroni près de Bône, à l’est d’Alger, 22 marins sont portés disparus. Le même jour, l'UC-16 saute sur une mine à l'entrée du port de Zeebrugge, les 27 membres de son équipage sont portés disparus. Le 5, l'ex-yacht britannique trois-mâts mixte Apache qui transporte du charbon entre Penarth en Grande-Bretagne et le Havre, coule, emporté par une tempête dans la Manche, sur les 19 hommes à bord, seuls 4 sont secourus, les 15 autres sont portés disparus. Le 6, le trois-mâts français Lamartine chargé de morues fait route vers Fécamp, son port d'attache. Il repère l'U-69 vers 12h, comme le navire n'est pas armé, le commandant donne l'ordre de l'abandonner et les 35 hommes d'équipage s'embarquent sur les doris. Après s'être enquis du nom du voilier, le sous-marin lui lance une bordée et il coule rapidement, tous les marins sont secourus. Le 6, encore, avec la complicité plus ou moins passive des autorités espagnoles, l'UB-42 s'échappe du port espagnol de Cadix où il était retenu et rejoint le port austro-hongrois de Cattaro. Le 7, l'U-106 disparaît dans un champ de mines au nord de la Hollande, ses 41 servants sont portés disparus. Le 10, le cargo Transporteur, un ex-navire allemand saisi par les Français, est torpillé par l'U-32 au sud de Malte, 5 marins sont portés disparus. Le 9, l'ancien paquebot britannique Champagne transformé en croiseur auxiliaire est coulé par 3 torpilles de l'UC-96 entre l'Écosse et l'Irlande, 58 marins sont portés disparus...

Le 11, dans le cadre de l'opération Albion qui vise la conquête du golfe de Riga dans la mer Baltique, les Allemands s'emparent des îles estoniennes d'Ösel, Dagö, et Moon qui ferment le golfe. L'escadre russe, composée des cuirassés Tsarevitch et Slava, ainsi que de quelques croiseurs et destroyers, est prise au piège. Le 17, les Russes tentent de s'échapper par le détroit de Muhu, mais les bateaux sont vite repérés par les cuirassés allemands König et Kronprinz qui engagent le combat. Gravement touché le Salva est sabordé par son équipage, le Tsarevitch, un vétéran de l'escadre du pacifique, lui aussi gravement touché parvient à s'enfuir et va se réfugier dans le port d'Helsinki pour essayer d'y effectuer des réparations. Les autres navires sont coulés...

Le 11 encore, le vapeur français Panormitis est coulé au large de l'Égypte par l'UC-74, pas de survivants. Le 12, le cargo français Hirondelle s'abîme près de l'île anglo-normande de Serq avec un chargement de pétrole, 2 marins sont portés disparus. Le 13, le patrouilleur français Alice qui fait route par gros temps entre La Palice et Bayonne disparaît en mer, aucun survivant. Le 14, l'UC-62 disparaît en mer du Nord, ses 30 servants sont portés disparus. Le 15, la goélette française Saint-Paul chargée de morues, qui fait route vers La Rochelle est attaquée au canon par l'U-105 qui au deuxième coup tue le capitaine, et avec deux autres coups au but coule le bateau. Les 6 survivants naviguent pendant deux jours avant d'être secourus par le remorqueur britannique n°40 qui rejoint Plymouth. Le 17 octobre, deux croiseurs rapides allemands, le Brummer et le Bremse attaquent en mer du Nord un convoi de 12 navires neutres (norvégien, danois et suédois), escortés par deux contre-torpilleurs britanniques, le Strongbow et le Mary Rose. Les deux navires britanniques sont rapidement coulés et 7 navires de commerce aussi. Le 19, le cargo français Harpon, sous le commandement d'un officier espagnol, fait route vers Dieppe avec une cargaison de graines de lin et de graisse. Tout près des îles du Cap-Vert, il croise la route de l'U-151 qui lui tire un coup de canon sous sa ligne de flottaison. Le commandant décide alors d'aller s'échouer sur la côte. L'équipage très cosmopolite du navire : 11 Brésiliens, 9 Espagnols, 3 Argentins, 1 Canarien, 1 Danois et 1 Norvégien, décide de l'abandonner pour rejoindre Cap Juby à la rame où ils sont interrogés car l'histoire de l'échouage paraît douteuse, et elle le reste encore. Le 19, le patrouilleur auxiliaire français Renard saute sur une mine en mer d'Iroise, 13 marins sont portés disparus. Le 26, le cargo français Tarn fait route entre Cette (Sète) et Mostaganem en Algérie chargé de barriques vides. A 5h05, à quelque distance de la côte il est torpillé par l'U-64. L'équipage évacue rapidement le navire qui commence à couler pour se diriger vers la côte, seul le radio est tué. Le 28, le cargo français Marc Fraissinet chargé de matériel de guerre, de munitions et de fourrage pour l'armée d'Orient fait route vers Salonique au départ d'Oran. Vers 20h30, il est torpillé par l'UB-50 ce qui provoque une forte explosion. Le navire condamné est aussitôt évacué, les 48 survivants sont recueillis par le patrouilleur français Albatros II qui l'escorte, un marin est porté disparu. Peu après, l'UB-50 croise la route du vapeur italien Senegal, il le coule d'une torpille et 2 marins sont portés disparus. Le 29, le vapeur français charbonnier Marne fait route vers la Grande-Bretagne en queue d'un convoi. A 23h30 il est attaqué au canon par l'UC-63, rapidement évacué, tout son équipage pourra regagner Honfleur dans la journée. Le 30, le remorqueur Atlas, quitte Brest à 19h30 avec à bord son équipage, mais aussi de jeunes marins en formation pour le maniement de la TSF et d'autres comme canonniers. Sa mission est de rechercher un navire présumé torpillé aux abords de Brest et de le ramener au port. Dans la nuit, naviguant tous feux éteints, il entre en collision avec le vapeur britannique Merredio aperçu trop tard. Il est littéralement coupé en deux et coule aussitôt. Les baleinières de l'Engageante recueillent dans la nuit 19 survivants sur les 51 personnes qui étaient à bord...

 

Sur le Front Italien. Tout le monde le sait, les Italiens les premiers, qu'une grosse bataille se prépare sur le front de l'Isonzo. Toutefois, ils se font aussi largement intoxiquer par les trop nombreux déserteurs austro-hongrois. Pour eux, seule la ville de Gorizia est menacée, alors ils se déploient en conséquence dans la basse vallée de l'Isonzo pour recevoir le choc...

Pour les Empires centraux, c'est différent. D'abord les stratèges allemands, les généraux Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff, maintenant surnommés les Dioscures(3), considèrent le front italien comme secondaire. Au grand désappointement du commandement austro-hongrois, ils ne veulent pas conquérir le nord de l'Italie. Pour eux, il suffit d'une victoire rapide dans la plaine vénitienne afin de mettre le port de Triestre hors de porté des Italiens et leur infliger une défaite si sévère qu'il leur faudra des mois à s'en remettre. D'ailleurs, c'est un des leurs, le général Otto von Below qui mène l'attaque et il ne reçoit ses ordres que de Berlin. Son adjoint, le général austro-hongrois Svetozar Borojević von Bojna est considéré comme un exécutant. L'empereur Charles Ier est bien conscient des conséquences politiques de cette mainmise sur ses armées, il sait qu'il va perdre toute son autonomie politique et militaire dans l'avenir. D'ailleurs, les Allemands le surveillent, pour ne pas dire l'espionnent, de très près après ses tentatives de paix séparées. Mais les militaires austro-hongrois sont ravis de l'aubaine, ils vont enfin avoir une grande victoire qui devrait leur mettre beaucoup de nouvelles breloques sur leur poitrine. Les forces en présence sont disproportionnées, en fait les assaillants sont beaucoup moins nombreux que les Italiens, 350 000 hommes pour 410 000 italiens. Mais, là où l'attaque est prévue, c'est l'inverse. Ce qui fait que, sur les lieux des assauts, les forces germano-austro-hongroises vont littéralement balayer les Italiens en se battant à 7 contre 1...

A Caporetto même, les préparatifs de l'attaque se déroulent dans le plus grand secret. L'artillerie est amenée à la main et de nuit pour éviter la détection aérienne. Les canons sont bien camouflés, aucun tir d'adaptation n'est fait et les premiers réglages sont effectués par calcul, pour un ajustement au dernier moment. Cela permet aussi de réduire considérablement le nombre d'obus à tirer. Pour amener une désorganisation rapide de l'ennemi, tous les PC italiens, même les plus petits, sont systématiquement visés par des obus au gaz. A l'inverse des Français, le tir de barrage précédant l'assaut est intense, précis mais bref...

Complètement intoxiqué par les informations qu'il reçoit des nombreux déserteurs qui agissent sur ordre, le général Luigi Cardona fait exactement ce que les Allemands attendent, il masse ses troupes autour de Gorizia et, plus au nord, il laisse des secteurs entiers sans combattants ou presque...

Après une violente préparation d'artillerie inconnue jusqu'à maintenant sur le front italien, car les Allemands ont positionné 2 000 canons de gros calibre sur les secteurs attaqués, l'assaut est donné dans la nuit du 24 octobre à 4h. Les forces de von Below, regroupées en territoire austro-hongrois dans la zone de Tolmino, Caporetto et de Plezzo, le long du fleuve Isonzo, se ruent sur les troupes très clairsemées du général Luigi Capello. C'est une attaque d'une violence inouïe, les Allemands appliquent les tactiques perfectionnées sur le front français. Pendant près de 6h00 leur artillerie sature les positions italiennes avec du gaz toxique, puis c'est l'attaque avec des unités spécialisées et spécialement entrainées qui privilégient la grenade explosive au fusil. Les Italiens sont vite débordés, surtout quand ils se rendent compte que leur modèle de masque à gaz est totalement inadapté et c'est par centaines qu'ils tombent intoxiqués. Les premières troupes germano-austro-hongroises avancent rapidement sous la pluie et dans le brouillard en contournant les points de résistance. La seconde vague, dotée de moyens plus lourds, réduit tous les points fortifiés au lance-flamme et au mortier. L'offensive gagne rapidement du terrain et le lendemain, les assaillants ont effectué une percée de 24 km. Ils prennent la ville de Caporetto dans l'après-midi(4). Mal renseigné, Cardona ne comprend qu'après la perte de Caporetto l'étendue du désastre. Déjà pour ne pas être encerclées, les troupes italiennes sur ordre ou spontanément abandonnent le plateau de Bainsizza. Le 27, après l'entrée des troupes allemandes dans Cividale, le front est enfoncé sur près de 50 kilomètres. Alors, Cardona ordonne une retraite générale derrière le Tagliamento. Les IIème et IIIème armées italiennes sont pratiquement détruites à ce moment-là...

En France et en Grande-Bretagne, les grands états-majors sont très bien informés de la totale faiblesse des troupes italiennes, cela ne surprend pas les officiers supérieurs. Mais il faut agir, et vite, car on craint par-dessus tout un nouveau front au sud de la France pour l'instant vide de toute présence armée. Heureusement, l'éventualité d'une aide massive aux Italiens était dans les cartons, les plans sont prêts. Dès le 26, on retire du front de Champagne toutes les unités françaises de la 10ème armée au repos pour les regrouper en vue de les envoyer au plus tôt en Italie. De nombreux trains sont décommandés et reprogrammés pour acheminer rapidement les 50 000 hommes, 17 groupes d'artillerie et 7 escadrilles prévus pour rejoindre le front du Tagliamento par la vallée de la Tarentaise. De leur côté, les Britanniques mobilisent des forces quasiment égales, mais l'acheminement par voie maritime est forcément plus long. C'est le général Denis Auguste Duchêne, avec l'état-major de la 10ème armée qui supervise ces opérations...

En Italie, Cardona tente de reconstituer un front, mais il ne peut que colmater des brèches de manière totalement inefficace, car près d'un tiers de ses troupes combattantes se sont volatilisées. De nombreux soldats italiens sont morts, blessés ou prisonniers, mais la grande majorité a fui les combats et s'éparpille maintenant dans toute l'Italie. Malgré cela, un sursaut de combativité pour défendre le sol national permet aux troupes transalpines encore en état de combattre de se replier derrière le Tagliamento. Le 29, les Germano-Austro-Hongrois prennent Udine et leurs troupes les plus en pointe reçoivent l'ordre de saisir intacts tous les ponts qui enjambent le fleuve...

Le 30, le général français Ferdinand Foch arrive à Trévise avec les premiers soldats français. Peu au courant du recul italien, il essaye de convaincre ses interlocuteurs de poursuivre les combats autour de Caporetto alors que ces derniers ont abandonné la ville depuis plusieurs jours. Ce n'est que le lendemain, quand il arrive au grand quartier général de Cardona à Padoue, qu'il prend connaissance de la situation réelle. Le même jour, les assaillants prennent sans trop de difficultés la ville de Latisana qui est située près de l'embouchure du Tagliamento dans la mer Adriatique. A cette date, les Italiens ont déjà perdu plus 300 000 hommes et 2 500 pièces d'artillerie depuis le début de la bataille de Caporetto...

Sur les Fronts Russe et Roumain. En ce mois d'octobre, les premiers gros froids arrivent de manière précoce. Les chutes de neige sont abondantes. Du coup, l'armée allemande se met sur la défensive et cesse toute progression vers l'est. Au nord de la Russie, pour avoir les meilleures conditions possibles, elle recule même de 20 kilomètres dans son avancée vers Petrograd pour venir prendre ses quartiers d'hiver de manière plus 'confortable' derrière la rivière Daugava. Sur le front sud, comme en Roumanie, là aussi tout le monde essaye tant bien que mal de construire des abris conséquents, car l'hiver qui s'annonce sera le pire des ennemis pour les mois à venir, tous les soldats le savent...

Dans les Balkans. C'est toujours le calme plat, on soigne les malades et pour les troupes alliées comme les soldats bulgares stationnées dans les montagnes, on fait comme sur le front russe, on se prépare à passer l'hiver du mieux qu'on peut...

Au Moyen Orient.

En Palestine. Après six mois de préparatifs, l'armée britannique du général britannique Edmund Allenby reprend vie. En un raid rapide, elle occupe la ville de Karm, pas correctement défendue. Cela lui permet de prolonger la ligne de chemin de fer qui ravitaille les troupes au plus près de la ligne de feu. Le 31 octobre, les cavaliers australiens commandés par le général de brigade William Grant, dans une charge irrésistible, enlèvent les tranchées ottomanes et prennent possession des puits de Beer-Sheva à la limite du désert du Néguev. C'est la dernière charge de cavalerie victorieuse de l'Histoire...

En Afrique de l'Est. Les forces congo-belges du lieutenant-colonel Armand Huyghé qui mènent le siège de Mahenge depuis le 10 septembre finissent le 1er octobre par reprendre la position du capitaine Friedrich Naumann réduite à 14 Allemands et 165 Askaris. Au final, Mahenge ne tombera que le 9 octobre. Le général allemand Paul von Lettow-Vorbeck a eu tout le temps d'organiser sa fuite vers le sud en sachant pertinemment que les troupes portugaises sont bien moins aguerries et plus mal équipées que les belgo-britanniques. Les éléments les plus mobiles quittent alors Mahenge et partent en retraite vers le sud en deux colonnes qui doivent se rejoindre après avoir franchi la rivière Ruvuma qui fait frontière avec le Mozambique portugais. La colonne principale, commandée par von Lettow-Vorbeck en personne, s'empare de plusieurs postes-frontières et du fort de Ngomano, puis elle livre bataille entre le 15 et le 18 près de Mahiwa. C'est une région marécageuse infectée par une malaria mortelle. Plus mobiles et mieux adapté au terrain, les troupes de von Lettow-Vorbeck ne perdent que 519 hommes(5). En revanche, les troupes britanniques du King's African Rifles commandées par le brigadier-général britannique Henry de Courcy O'Grady laissent plus de 2 700 hommes sur le flanc, presque tous atteints par la malaria...

L'autre colonne, celle du capitaine Tafel forte de 3 000 hommes, se sacrifie pour permettre à von Lettow-Vorbeck de poursuivre la lutte. Pressée par les Sud-Africains du général Edward Northey, le 23 elle livre bataille à Katula, et le 24 à Lohombelo. Les jours suivants, les combats se déroulent à Chongawale...

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de décembre qui donne les nouvelles d'octobre et c'est la photo des 8 prieures de Sainte-Philomène de l'exercice 1916-1917, qui fait la Une. A la page suivante, elles sont toutes nommément citées. C'est ensuite un article de fond sur la Toussaint et les morts. Il est suivi de la nécrologie du curé Jean-Marie Roux, 56 ans, curé de Grans, ancien vicaire de Barbentane en 1884...

Sur 12 pages, est retranscrit le rapport de M. Cabassol à l'Académie d'Aix sur la renaissance provençale...

En octobre 1917 deux Poilus meurent pour la France :

Claude-Jean-Baptiste, dit Baptiste ou Baptistin, Bertaud. Il est né à Barbentane, 40 ans, cultivateur, marié, sans enfant, soldat de 2ème classe au 2ème bataillon territorial de chasseurs à pied. Il est incorporé le 16 novembre 1898 pour son service ordinaire, puis libéré le 21 septembre 1901. Il est rappelé le 4 août 1914 et tué le 17 octobre 1917 lors de la bataille d'Aizy au Chemin des dames dans l'Aisne. Il est enterré sur place au cimetière militaire d'Hameret (Aisne). Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 10 décembre 1917 mais sans homélie car le curé est absent. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane. Il repose maintenant dans l'ossuaire du vieux cimetière de Barbentane ;

Louis Victorin Randoulet. Il est né à Mollégès dans les Bouches-du-Rhône, 21 ans, cultivateur, célibataire, soldat de 1ère classe dans le groupe cycliste du 4ème bataillon de chasseurs à pied. Il est incorporé le 10 avril 1915. Permissionnaire pour 10 jours, il est tué accidentellement par un train en gare de Barbentane le 21 octobre 1917. Son décès est transcrit à Barbentane, mais il ne figure sur aucun de nos monuments commémoratifs. Il est inscrit sur le Monument aux Morts de Mollégès.

Dans le courrier militaire, sous la pluie à Hurtebise, Henri Rouqueirol voit l'hiver arriver ; Achille Deurrieu est dégoûté par les scandales "ignobles" que lui donne à lire l'actualité ; l'adjudant Jean Brémond a quitté le repos et se prépare pour une prochaine offensive là où Turenne n'aimait pas faire la guerre ; Jean Bourges travaille au jardin potager du régiment à Paray-le-Monial ; Joseph Froment a quitté le plateau de Californie à Craonne pour être en réserve ; Louis Ayme est dans les hauteurs au-dessus du lac de Prespa en Macédoine, il lui faut faire 20 kilomètres pour se ravitailler et il craint son quatrième hiver de guerre ; Raoul Saint-Michel se trouve très bien à l'escadrille 521 [à la fin de 1917, cette escadrille est en Serbie] mais le beau temps est parti et il pleut ; Louis Fontaine dans l'Aisne se prépare à partir pour l'Italie et c'est de nouveau Achille Deurrieu qui est tout heureux d'avoir vu en photo l'église de Barbentane dans le dernier Écho reçu [octobre 1917], il est tout autant ravi de la promotion au grade de chef de bataillon du capitaine Jean-Marie Barthélémy...

Dans l'état religieux on note deux baptêmes, deux mariages et 4 décès dont celui de Lacroix Paulet (homonyme troublant du Poilu Félix Paulet, dit Lacroix Paulet, mort pour la France le 17 avril 1917 à Maronvilliers dans la Marne)...

Cet Écho se termine avec deux pages consacrées à Noël...

Guy

Soldats germano-austro-hongrois sur le front italien

Une boueuse tranchée française dans les Flandres (photo recolorée)

Soldat britannique avec son lance-flamme dans les Flandres

Soldates russes en faction devant le palais d'Hiver à Petrograd

C'est l'Écho du mois de décembre qui relate les événements d'octobre 1917...

Visite du Kaiser à Constantinople sur le cuirassé Yavuz Sultan Selim (ex Goeben)

Soldats australiens en Palestine (photo recolorée)

Prisonniers allemands quelque part en France (photo recolorée)

Cuirassé russe Slava sabordé en mer Baltique

Anciens prisonniers du Seealder secourus sur l'atoll de Mopelia dans le Pacifique

Soldats US en gare de Demigny en Saône-et-Loire

Cagnas austro-hongrois dans les Alpes Juliennes

Allemand à l'écoute avec des soldats en protection (photo partiellement recolorée)

Brigade de chars Mark IV britanniques équipés de rouleau à poser sur les tranchées

Dans le Monde en Guerre en Octobre 1917

Octobre est un mois très riche en évènements sur terre, comme dans le ciel et en mer. Mais plus de trace de paix, tous les pourparlers en cours sont plus ou moins suspendus. Seules les actions guerrières font l'actualité…

 

Dans le Monde Politique

En France. Le 4 octobre, le général Joseph Brugère remet son document sur les responsabilités dans l'échec de l'offensive du Chemin des Dames du printemps. Ce rapport met en avant la lourde responsabilité du général Robert Nivelle "Pour la préparation comme pour l'exécution de cette offensive, le général Nivelle n'a pas été à la hauteur de la tâche écrasante qu'il devait assumer". A contrario, il souligne que l'armée commandée par Charles Mangin a enlevé les premières positions allemandes, progressé de plusieurs kilomètres, pris 12 villages, 80 canons et fait 6 000 prisonniers. Au final, pour apaiser les esprits, et comme la guerre se poursuit, la commission demande d'absoudre les deux généraux. Si Nivelle est envoyé guerroyer au loin, puisqu'en décembre 1917 il sera nommé commandant en chef des troupes françaises d'Afrique du Nord, Mangin reprendra du service à la même date comme commandant d'un corps d'armée en Champagne...

Évacuation d'un tué dans la boue des Flandres

Soldats italiens dans les Dolomites

Gazé allemand aux yeux touchés ramené à un poste d'infirmerie par un soldat britannique (photo recolorée)

Depuis un an maintenant, les étudiants du célèbre MIT (Massachusett Institute of Technology aux USA) ont mis au point un logiciel de "recolorisation" d'anciennes photos noir et blanc. Cette nouvelle technologie d'image donne des résultats remarquables, il n'y a qu'à voir la photo ci-dessus. Jusqu'à maintenant, seules des photos couleurs prisent en Autochrome étaient éditées sur la Grande Guerre, mais ce procédé demandait de longs temps de pose et les sujets ainsi photographiés étaient statiques sous peine de "bouger". Maintenant, on peut avoir des photos totalement ou partiellement en couleurs reconstituées plus "réelles" car elles sont vraiment en prise directe sur les évènements de la Grande Guerre. Ne nous en privons pas...

L’Écho de Barbentane de Décembre 1917

Transport de matériel par des soldats austro-hongrois sur le plateau d'Asagio

Conductrices d'ambulances pour la Croix Rouge britannique

Gardes-Rouges de l'usine de Vulkan à Petrograd

Char Mark IV à Péronne dans la Somme (photo recolorée)

Soldats britanniques à l'entraînement sur la plage d'Etaples près du Touquet

Soldats US à l'entraînement au fusil français lance-grenade

Bataillon turc sur le front de Mésopotamie

Soldats portugais allant prendre position dans la vallée de la Lys

Le 5 octobre, le député radical Louis Turmel est arrêté, soupçonné d'espionnage avec l'Allemagne. Il meurt en prison le 5 janvier 1919 sans avoir été jugé et sa culpabilité ne semble pas du tout évidente. Le 6, s'ouvre à Bordeaux un congrès extraordinaire du parti socialiste pour discuter de l'attitude à adopter après le congrès des socialistes pacifistes à Stockholm. Il se clôture sur une motion approuvant la poursuite de la guerre avec la restitution de l'Alsace, de la Lorraine et pour des indemnités de guerre. Le dimanche 7, c'est le retour à l'heure d'hiver, ou heure normale par rapport au soleil. Le 8, c'est le début de la distribution des cartes de rationnement pour le pain. Les travailleurs ont droit à 700 grammes de pain par jour, les enfants jusqu’à 6 ans à 300 grammes et les adultes à 600 grammes. Toutes ces prescriptions sont considérées comme nettement insuffisantes. Dans de nombreux endroits on frise l'émeute, car le pain est toujours l'aliment de base d'une grande partie de la population. Du coup, de nombreuses municipalités passent outre et distribuent des quantités supplémentaires par de petits arrangements locaux. Le 12, en réponse à la déclaration de Richard von Kühlmann relative à la volonté de l'Allemagne de conserver l’Alsace et la Lorraine, la Chambre affirme qu'elle ne traitera jamais de paix si ces deux provinces ne sont pas rendues à la France. La Grande-Bretagne et États-Unis font semblable déclaration...

Le 15, au fort de Vincennes à l'aube, Mata-Hari est amenée au polygone de tir par le procureur de la république à son procès, le sinistre lieutenant André Mornet. Cette pseudo espionne, de son vrai nom Margaretha Geertruida Zelle, est une danseuse professionnelle mais surtout réelle courtisane néerlandaise, condamnée à mort pour espionnage. Son recours en grâce a été rejeté par le Président Raymond Poincaré. Depuis peu, malgré son athéisme, elle a des conversations avec le pasteur Jules Arboux, aumônier des prisons qui l'accompagne jusqu'au poteau d'exécution. Son médecin, le docteur Léon Bizard, est aussi présent. Elle est coiffée d'un grand canotier, vêtue d'une robe élégante garnie de fourrure, avec un manteau jeté sur les épaules. Elle refuse d'être attachée au poteau, elle rejette aussi le bandeau qu'on lui propose. Au dernier moment, elle lance un baiser aux soldats qui lui font face. Le peloton d'exécution est composé de quatre soldats, quatre caporaux et quatre sous-officiers. A ce moment elle s'écrie "Quelle étrange coutume des Français que d'exécuter les gens à l'aube !" L'officier donne lecture du jugement, puis les ordres claquent "En joue ! Feu !" Elle s'écroule en avant dans une mare de sang, à l'âge de 41 ans. A son autopsie, le médecin précise qu'une seule balle a été mortelle en lui traversant le cœur. Sa famille ne réclame pas le corps. Comme c'est la coutume, il est alors confié à la faculté de médecine de Paris et il sera disséqué par les étudiants du lieu. Ainsi finit une pseudo-espionne, plus vénale que dangereuse et dont la France aurait pu faire l'économie de sa mise à mort...

Le 22, le Premier ministre Paul Painlevé qui a des différent avec son ministre des Affaires étrangères Alexandre Ribot, ancien Président du Conseil, présente sa démission au Président de la République. Raymond Poincaré la refuse au motif que ce gouvernement n'est vieux que d'un mois seulement et il charge Painlevé de trouver rapidement une solution. Maintenant que les socialistes français ont voté pour la poursuite de la guerre, Painlevé s'empresse de consulter le socialiste Albert Thomas, ancien ministre de l'Armement, car il aimerait bien élargir la base de son gouvernement. Les socialistes, toujours mécontents du sort qu'on leur a fait le mois précédent, ne donnent pas de réponse. Alors Painlevé demande au républicain modéré Louis Barthou de prendre le poste de Ribot. Ce dernier accepte et, en moins de 24h, la crise est dénouée, du moins celle d'octobre. Le 26, les deux chambres votent sans difficulté le 3ème emprunt de guerre. Le 28, une instruction est ouverte contre le journal royaliste Action Française, pour incitation à la guerre civile. On perquisitionne chez Charles Maurras et Léon Daudet, les directeurs du journal. Au cours d'une de ces recherches, diverses armes sont saisies chez Maurras, ce que le journal tourne alors en dérision en intitulant cette trouvaille de "complot des panoplies"...

Les Femmes dans la Société Française. Depuis le 7 août 1914 et l'appel lancé par le chef du gouvernement René Viviani pour que les femmes remplacent les hommes mobilisés, les choses ont bien changé. Déjà, la grande majorité des femmes qui "travaillent" ont maintenant un emploi rémunéré. Auparavant, du moins celles qui assistaient leur mari ou parents, le faisaient sans rétribution directe. Seules les infirmières ou les institutrices avaient un salaire, même s'il était toujours bien moindre que celui des hommes qui faisaient le même travail. En octobre 1917, près de 10 millions de femmes ont un travail rémunéré à l'extérieur du cercle familial, et cela dans tous les postes, tous les lieux et tous les emplois. Il a fallu vaincre de nombreuses réticences, surtout chez les industriels où, quand une femme travaille, c'est toujours une contrainte supplémentaire dans l'organisation. Le plus souvent, ce sont les pouvoirs publics qui ont imposé des crèches, des salles d'allaitement, des salles de repos et jusqu'aux toilettes qui étaient quasiment inexistantes dans les ateliers. Depuis avril 1916, un Comité du Travail Féminin est en place. Il recrute des ouvrières, s’occupe de leur acheminement vers les usines d’armement et de leur hébergement. Comme la majorité des femmes ne possède que quelques rudiments scolaires, elles sont placées à des postes de travail sans qualification. Il faut rappeler que l'école gratuite et obligatoire jusqu'à l'âge de 12 ans ne date, de fait, que de mai 1914 (loi Prosper Poullet). Et encore, il fallut vaincre de nombreuses résistances, tant bourgeoises que religieuses, surtout pour la scolarisation féminine. Mais l'industrie de guerre a d'énormes besoins, alors elle s'adapte. Les "Munitionnettes" sont le plus souvent formées à la va-vite, sur des postes simples, pour faire 10h00 de travail par jour. On a calculé que pendant les 4 années de guerre, elles ont fabriqué plus de 300 millions d'obus et plus de 6 milliards de véhicules en tout genre. Dans l’industrie de guerre, elles représentent un quart de la main d’œuvre...

Malgré ces conditions de travail difficiles, pour ne pas dire brutales, c'est pour ces femmes une chance inespérée. Elles mènent une vie rude mais libre, encore plus libre quand leurs époux sont ailleurs, là elles sont bien obligées de mener de front le travail et la vie de famille, mais à leur guise. C'est le début de l'émancipation féminine qui va bouleverser tout le XXème siècle, certainement la plus belle des révolutions sociales car acquise de haute lutte, sans tuerie, mais avec le soutien de tous les progressistes des deux sexes. De plus, les femmes qui ont un bagage scolaire ont maintenant accès à de nombreux emplois du tertiaire comme employées de bureaux, guichetières de banques, factrices, gardes-champêtres... emplois dont elles étaient totalement exclues auparavant. A tel point que certains de ces métiers, avec quelques autres, vont devenir des métiers féminins par excellence...

Même dans le sport, pourtant milieu encore plus machiste et misogyne que celui de l'industrie, elles commencent à se regrouper pour créer des clubs féminins. C'est le cas dans l'athlétisme, le hockey, le basket-ball, le tennis, le patinage, la natation, l'aviron et même le foot qui fait ses grands débuts en France. Certes, ce ne sont encore que des associations très parisiennes, mais elles existent et elles ne peuvent qu'essaimer. D'ailleurs, les dirigeantes de Fémina Sport, Alice Milliat et Faivre du Bouvot, créent en 1917 la FSFSF (Fédération des Sociétés Féminines Sportives de France) pour encourager les Françaises à pratiquer tous les sports. Ce qui met en fureur le plus célèbre des élitistes, misogynes, colonialistes et racistes français, Pierre de Coubertin pour qui le sport est un loisir de "mâles" par excellence, une épreuve de force réservée aux seuls hommes, blancs si possible. A ses yeux "les olympiades femelles sont inintéressantes, inesthétiques et incorrectes", sauf à un titre "Aux Jeux olympiques, leur rôle doit être surtout, comme aux anciens tournois, de couronner les vainqueurs". En 1934 il déclarera "le sport peut mener à tous les excès, il faut donc en tenir les femmes à l'écart"...

Le 2 octobre, les participantes au Congrès féministe de Paris, concluent leurs travaux en se prononçant pour l'égalité salariale et le droit de vote des femmes sans aucune restriction...

Armée Polonaise en France. Créée par décret présidentiel le 4 juin 1917, il est prévu que cette nouvelle armée soit équipée par les Français, qu'elle se battra sur le front de France sous son propre uniforme avec ses officiers et ses drapeaux. Toutefois, elle reste subordonnée au commandement français. C'est une mission franco-polonaise, dirigée par le général Louis Archinard secondé par le colonel Adam Mokiejewski(1) qui supervise sa création. Les 2 000 premiers volontaires sont regroupés au camp de Sillé-le-Guillaume dans la Sarthe le 27 juin. Le centre est sous la responsabilité d'un officier polonais sorti du rang, Wladyslaw Jagniatkowski qui, en tant que jeune polonais, s'est engagé dans l'armée française en 1887. Rapidement, et du monde entier, les volontaires affluent. Ils viennent de France, de Grande-Bretagne, de Hollande, d’Italie, de Serbie, des États-Unis, du Canada, du Brésil, du Japon, de Sibérie et de certains pays non-belligérants. Les prisonniers de guerre d'origine germano-austro-hongroise sont autorisés à s’y engager. En octobre, le camp de Sillé-le-Guillaume atteint sa capacité maximum. Des filiales sont créées à Laval et à Mayenne. Le 27 décembre un premier transport de volontaires étasuniens arrive à Bordeaux, ils sont rapidement acheminés à Sillé-le-Guillaume et à Laval. En février 1918 les effectifs de l’armée polonaise s’élèvent à environ 10 000 soldats. Le 1er Régiment des chasseurs polonais est créé, puis de nouveaux bataillons voient le jour. Ainsi une unité de cavalerie est formée à Alençon, une unité d’artillerie au Mans, une unité technique à Angers. Les cadres sont hétérogènes, il y a des officiers français, mais aussi des Polonais de la Légion étrangère, des officiers de l’armée russe ainsi que de l’armée US...

Armée US en France. En octobre, ce sont toujours les problèmes de logistique qui prévalent dans le corps expéditionnaire US. Depuis 6 mois que les USA sont en guerre, leurs soldats ne sont toujours pas actifs. Le général John Pershing sait que pour être crédibles, ses troupes doivent se montrer plus dynamiques. Alors, à la fin du mois, ordre est donné de faire 'monter' près du front, dans un secteur relativement calme, les éléments les plus opérationnels de sa 2ème armée, en fait la plus ancienne. Ils commencent à s'installer dans un secteur au sud de Nancy, dans un vaste espace compris entre Toul et Lunéville. Ce qui va immédiatement devenir dans le parler des Sammies "Looneyville", littéralement "La cité des dingues"...

En Grande-Bretagne. Le 12, le gouvernement prend des mesures de rétorsion à l'égard de la Hollande qui permet toujours aux péniches allemandes de transporter du sable sur ses voies navigables...

En Allemagne. Comme en France, en Grande-Bretagne et en Russie, l'Union sacrée est mise à mal au Reichstag. Le 6 octobre, les députés socialistes dénoncent la propagande pangermaniste ayant cours dans l'armée. Le 8, le ministre de la Marine, l'amiral Édouard von Capelle, est forcé de s'expliquer devant le Reichstag au sujet des mutineries qui se déroulent dans certains bâtiments de la flotte de haute mer. Il minimise les faits et passe sous silence les mutins déjà fusillés. Le 10, Richard von Kühlmann, le secrétaire d'État aux affaires étrangères affirme devant le Reichstag que l'Alsace et la Lorraine ne retourneront jamais à la France...

Le 19 et le 20, le Parti Social Démocrate Indépendant d'Allemagne (USPD) tient son congrès dans la ville de Wurtzbourg en Bavière. Il est composé des éléments les plus antimilitaristes du pays : Rosa Luxemburg, Hugo Haase, Karl Liebknecht, Leo Jogiches, Clara Zetkin et Paul Levi, et c'est pour cette raison qu'ils ont été exclus du Parti Social Démocrate Allemand (SPD). Ils publient un journal interdit "Lettres de Spartacus" qu'ils distribuent comme ils peuvent. Après avoir réaffirmé son refus à la guerre de conquête et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le congrès se termine par une motion de soutien aux révolutionnaires russes. Le 24 le chancelier Georg Michaelis, très affaibli et finalement incapable de gouverner, présente sa démission à l'empereur Guillaume II après seulement trois mois au poste suprême. Il sera remplacé le 31, par Georg von Hertling, un vieux politicien de 74 ans de vieille tradition catholique, mais c'est un homme très diminué et physiquement malade...

En Russie. La situation du pays devient très confuse. D'un côté le Gouvernement provisoire qui essaye de conduire un pays qui lui échappe petit à petit. De l'autre, les Soviets qui contrôlent toute l'économie, du moins celle qui fonctionne encore dans un pays aux transports quasi paralysés. Et au milieu, l'armée impériale qui commence à devenir un corps creux tant ses forces vives se délitent...

Au final, en ne voulant pas vraiment réformer le pays de façon radicale, le gouvernement ne représente plus que les classes possédantes arc-boutées sur leurs privilèges. Tout le reste de la société civile se retrouve dans les Soviets dont les bolcheviques, souvent minoritaires, se débrouillent pour prendre les rênes. En l'absence d'éléments modérateurs de part et d'autre, cela amène des tensions de plus en plus vives entre chaque camp et au final à une lutte de classes visible jusqu'à la caricature...

Le 7, Léon Trotski est élu président du Soviet de Petrograd ainsi que de son Comité militaire. Le 8, Alexandre Kerenski remanie pour la troisième fois depuis 6 mois son gouvernement de coalition. Il constitue un nouveau cabinet sur la base d'un accord entre les partis démocratiques et bourgeois, le Directoire disparaît. Mais dans son entêtement à poursuivre coûte que coûte la guerre, il est maintenant totalement isolé des masses populaires. Les bolchevicks, qui sont devenus les rois de la propagande, savent très bien qu'on gagne n'importe quelle guerre populaire avec des objectifs simples et des slogans faciles à crier. Alors ils inventent "la paix, le pain, la terre" ce que tous les travailleurs et les paysans comprennent et soutiennent. Le 12, à l'ouverture du parlement, la confusion s'installe. A la question "La paix maintenant ?", le gouvernement refuse de répondre. Alors les bolcheviks et certains mencheviks quittent la séance, ils savent très bien que c'est le pouvoir de la rue qui va gagner le combat pour gouverner, pas celui des élus au parlement. D'autant plus que, depuis 4 jours, malgré un mandat d'arrêt lancé par Kerenski à son encontre, Vladimir Ilitch Lénine, le théoricien de la lutte révolutionnaire, grimé, sans barbe et avec une perruque, est rentré secrètement à Petrograd. Pour lui, il y a grand danger sur la suite des évènements. D'abord repoussées de mois en mois, les élections législatives sont désormais prévues en novembre pour élire une assemblée constituante. Il considère que le pouvoir des soviets risque de disparaître dans une élection dont nul ne peut prévoir le résultat. Le 19, le gouvernement dissout la Douma et le Conseil d'État pour pouvoir mettre en place cette future assemblée. Alors, comme le temps presse, et malgré l'opposition de certains révolutionnaires comme Lev Kamenev, personnage influent et très écouté, qui se sont déjà engagés dans le processus électoral, Lénine décide la convocation d'une session clandestine du Comité central pour le 23 octobre. Ce jour-là, les membres du Comité se réunissent dans l'appartement de l'économiste menchevik Nicolas Soukhanov dont l'épouse Nina est une militante bolchevique. Au bout de dix heures de discussions, et en partie grâce à l'appui du fervent bolchevick Iakov Sverdlov, qui assure qu'un complot militaire est en train d'être fomenté, Lénine parvient à retourner son auditoire et fait voter le principe d'une insurrection armée. Sur douze personnes présentes, seuls les journalistes Kamenev et Grigori Zinoviev votent contre. La majorité se rallie à Lénine, notamment sur la foi de rumeurs qui prétendent que Kerenski est prêt à abandonner la capitale aux troupes allemandes. Un nouveau bureau politique est formé, il est composé de Lénine, Trotski, Sokolnikov, mais aussi du nouveau militant Joseph Vissarionovitch Djougachvili qui va devenir célèbre sous le nom de Joseph Staline. Kamenev est aussi élu pour respecter l'opposition. Le 25, c'est la création officielle du Comité révolutionnaire de guerre pour organiser la défense de la ville contre les forces allemandes qui arrivent sans trop se presser. Alors, Trotski s'empresse de transformer cette instance en un état-major pour la préparation de l'insurrection. Tous les arsenaux ouvrent leurs portes et les bolchevicks arment les travailleurs en état de combattre. De simples sous-officiers, déserteurs ou pas, sont vite investis pour former et encadrer les gens armés. Maintenant, avec une direction politique énergique soutenue par des bras armés, plus rien ne peut arrêter le soulèvement populaire...

En Italie. Devant la débâcle de son armée à Caporetto, un nouveau gouvernement est formé le 31 octobre avec à sa tête le libéral modéré, et juriste réputé, Vittorio Orlando. Immédiatement, le commandement militaire est réorganisé. Luigi Cardona, le brutal général aux 750 condamnations à mort et 250 exécutions, est remplacé par le général Armando Diaz, plus capable de redresser la situation. Réaliste, il accepte de tout cœur les combattants que la France et la Grande-Bretagne lui envoient par trains entiers, ainsi que tout le matériel militaire proposé par les Alliés...

Aux États-Unis. A partir du 9 octobre, les autorités refusent du charbon aux navires neutres qui ne s'engagent pas à retourner aux États-Unis après déchargement de leur cargaison. Le 22, le gouvernement décide la confiscation des biens achetés par les ressortissants allemands depuis le début de la guerre...

En Suède. Le 5 octobre, le gouvernement proteste officiellement contre les Britanniques à la suite de la saisie par ces derniers de cargaisons de navires neutres. Le 19, Karl Hjalmar Branting devient ministre des Finances. Ancien astronome puis journaliste, c'est un socialiste qui prône une transition pacifique du capitalisme au socialisme. Il défend l'idée que si les ouvriers ont le droit de vote, cette transition pourrait être réalisée par les parlementaires...

Au Portugal. Comme un miracle est annoncé pour le 13 octobre, c'est une foule de près de 60 000 personnes qui se trouve à Fatima. Il pleut et les parents des enfants sont inquiets, que vont faire les pèlerins si rien ne se passe ? Comme à leur habitude, les 3 jeunes pastoureaux prient à genoux dans la boue près du chêne devenu squelettique à force d'être martyrisé par les croyants les plus fanatiques. A midi, rien ne se passe, mais au Portugal comme ailleurs en Europe, l'heure légale n'est plus l'heure solaire. A 13h30, la foule commence à s'impatienter mais à cet instant, malgré la pluie, les pèlerins ferment les parapluies pour prier. La Dame apparaît alors aux enfants et, s'adressant à Lucie, lui dit "Je viens te dire que l'on fasse ici une chapelle en mon honneur. Je suis Notre-Dame du Rosaire. Que l'on continue toujours à réciter le chapelet tous les jours. La guerre va finir et les militaires rentreront bientôt chez eux". Pendant ce temps la foule des croyants rassemblés voit par trois fois se former autour du chêne une nuée qui s'élève dans l'air pour finalement disparaître. Pour les présents, les nuages se dispersent brusquement, laissant apparaître un ciel clair. La foule peut alors regarder directement le soleil sans risque de se brûler les yeux ni d'être incommodés. Alors, selon les présents, l'astre se met à trembler avec des mouvements brusques, puis il tourne sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Tous repartent en disant qu'ils ont vu danser le soleil...

Ce phénomène, qu'aucun observatoire astronomique n'a enregistré et qu'à quelques kilomètres de là personne n'a remarqué, met en transe toute la catholicité. C'est la dernière fois que la Dame apparaît à la Cova da Iria, laissant les enfants orphelins de leurs visions. Pendant longtemps l'Église reste dans la prudence. François Marto meurt de la grippe espagnole à Fatima le 4 avril 1919, il n'avait pas 10 ans. Sa sœur Jacinthe meurt de la même maladie et au même âge que son frère le 20 février 1920 à Lisbonne. Ce n'est que le 13 octobre 1930, que l'évêque de Leiria publia la lettre pastorale "A divina Providentia" sur le culte de Notre-Dame de Fatima et déclara dignes de foi les visions des enfants au pré la Cova da Iria. Ils seront béatifiés le 13 mai 2000 par le pape Jean-Paul II. Lucie, entrée en religion, s'éteindra le 13 février 2005 à Coimbra au Portugal. Sa béatification est en cours...

En Espagne. Forts de leurs succès du mois précédent, le 24 octobre les militaires exigent le départ du Premier ministre Eduardo Dato Iradier qui leur avait pourtant donné les pleins pouvoirs pour réprimer les grèves de septembre. Pour l'instant, le roi Alphonse XIII refuse. Le 27, devançant sa révocation, Dato démissionne avec tout son gouvernement. Il est aussitôt remplacé par le libéral Manuel García Prieto, un vieux routier de la politique espagnole...

En Égypte. Le premier sultan d'Égypte, Hussein Kamal Pacha, mis en place par les Britanniques en 1914, décède le 9 octobre à l'âge de 64 ans. Son fils refuse de lui succéder à cause des "conditions actuelles de subordination complète aux autorités britanniques". C'est un des frères du défunt, le prince Ahmed-Fouad âgé de 49 ans, qui prend sa place...

Au Pérou, en Uruguay et en Équateur. A des dates différentes dans le mois, ces 3 pays rompent leurs relations diplomatiques avec l'Allemagne...

Au Brésil. A la suite du torpillage le 23 octobre dans le golfe de Gascogne du Macao (ou Macau) qui transporte du café vers la France, ce pays déclare la guerre à l'Allemagne le 26 octobre et met sa flotte à la disposition des Alliés...

En Chine. Une nouvelle guérilla débute entre les forces du Guomindang réfugiées à Shanghai et les militaires du Nord. Elle va durer des décennies...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 20 octobre à Berlin en Allemagne c'est la naissance de Stéphane Hessel. Il arrive à l'âge de 8 ans en France, après de brillantes études il devient normalien et il est naturalisé français en 1937. Il rejoint les Forces françaises libres à Londres en 1941. Parachuté en France, résistant, il est arrêté et déporté à Buchenwald, puis il s’évade lors de son transfert du camp de Dora à celui de Bergen-Belsen. Il entre au Quai d’Orsay en 1945, et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations unies en tant qu'homme de gauche et européen convaincu. Écrivain, son plus célèbre livre est un manifeste de 32 pages, Indignez-vous ! Il paraît en 2010 et coûte la somme symbolique de 3€. C'est un superbe succès d'édition qui est largement discuté dans le monde entier et dans sa version française, avant même sa traduction. Ce manifeste va devenir le symbole de toute une jeunesse qui ne se reconnaît pas dans la course effrénée du système capitaliste qui détruit la planète, broie les hommes et ruine l'avenir de tous. Il s'éteint à Paris dans la nuit du 26 au 27 février 2013, à l'âge de 95 ans. Au soir de sa mort, un rassemblement est organisé dans la capitale française, place de la Bastille, le lieu le plus symbolique de notre Révolution. Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies à Genève observe une minute de silence en sa mémoire, un hommage sans précédent. Le 21, à Cheraw (Caroline du Sud, USA) c'est la naissance de John Birks Gillespie dit Dizzy Gillespie. C'est certainement le plus connu des trompettistes, auteurs-compositeurs-interprètes et chefs d'orchestres de jazz afro-américains. Il s'éteint d'un cancer du pancréas le 6 janvier 1993 à Englewood (New Jersey, USA) à l'âge de 75 ans. Le 23, à Sceaux dans Hauts-de-Seine, s'éteint le graveur, affichiste, décorateur et architecte français d'origine suisse, Eugène Grasset à l'âge de 72 ans. C'était l'un des artistes les plus représentatifs de l'Art nouveau. Le 30, à Sainte-Cécile-les-Vignes dans le Vaucluse, c'est la naissance de Maurice Trintignant dit "Pétoulet" (littéralement "petite merde", "petit pet", mais aussi "minuscule oiseau"). Coureur automobile, il est le premier Français de l'histoire de la Formule 1 à gagner un Grand Prix comptant pour le championnat du monde (Grand Prix de Monaco du 22 mai 1955, au volant d'une Ferrari 625). Déclaré mort le 4 juillet 1948 à la suite d'un accident lors du Grand Prix de Suisse, il survivra et poursuivra sa longue carrière jusque dans les années 1980. Il s'éteint le 13 février 2005 à l'hôpital de Nîmes à l'âge de 87 ans...

 

Sur le Front des Combats.

En France.

Dans les Flandres. Commencée depuis le 15 juillet, la 3ème bataille d'Ypres se poursuit par à-coups avec de violentes poussées britanniques et françaises. Depuis son début, elle se déroule dans un immense marécage que les obus qui tombent par millions ne cessent de remuer. Les Français sont au nord du dispositif, les Britanniques au centre et au sud. C'est la bataille du général britannique Douglas Haig. Il la mène avec une brutalité extrême en ne se préoccupant pas de l'hécatombe humaine qu'elle provoque chez ses soldats pour des gains à peine notables. Et, malgré cela, Douglas se désespère de ne pouvoir atteindre la mer en rejetant la faute sur ses soldats...

Le 4 octobre, les Français du général François Anthoine lancent une attaque de diversion au nord. Dans le même temps, les deux armées britanniques des généraux Hubert Gough et Herbert Plumer, lancent une attaque d'envergure sur 13 kilomètres de front. Comme toujours, le temps est pluvieux et froid, des hommes coulent dans la boue comme des navires dans la mer. Mais ils progressent de deux kilomètres dans le dispositif allemand. Le 9, nouvelle poussée britannique, là sans résultat...

Fidèles aux ordres du généralissime Philippe Pétain, les Français préparent une attaque rapide pour prendre les villages de Saint-Jean, Mangelaere et Veldhoek, protégés par de nombreuses fermes organisées en blockhaus. Grâce aux reconnaissances aériennes, la préparation d'artillerie se fait bien avant l'attaque et cesse deux jours avant pour, du moins on l'espère, créer un effet de surprise chez les Allemands. Entre-temps, l'aviation alliée maintient une forte pression pour éviter une reconstruction trop rapide du dispositif défensif. Malgré un temps défavorable, il pleut et il fait froid, l'assaut est programmé pour le petit matin du 10 octobre. A 5h20, l'attaque est si soudaine qu'elle prend les Allemands aux dépourvu. Dans certains coins, complètement débordés, ils ne peuvent mettre les mitrailleuses en action. Les assaillants franchissent sans trop de difficultés la rivière Steenbeck et progressent sans rencontrer trop de résistance. A 8h55 tous les objectifs assignés sont atteints et on met immédiatement le secteur sur la défensive, car on sait que la réaction allemande ne va pas tarder. La première arrive à 10h30, sans résultat, la deuxième à 13h30 est beaucoup plus sérieuse et permet de reprendre des secteurs aux Français. Conformément aux plans, une deuxième vague d'assaut se lance en fin d'après-midi pour attaquer les Allemands encore fragiles. Au petit matin du 11, tout le secteur est Français et les Poilus tiennent fermement les villages qu'ils viennent de conquérir. Une troisième attaque se déroule dès la pointe du jour pour consolider les efforts de la veille et liquider les fermes-blockhaus qui résistent encore. En moins de deux jours, presque d'un seul élan, les Français viennent de conquérir deux kilomètres chez l'ennemi et surtout consolider tout le flanc nord du front des Flandres jusqu'aux lisières sud de la forêt d'Houthulst. Les communiqués de victoires ne cessent de louer la méthode Pétain : objectif réalisable, objectif réalisé...

Le 12, les Britanniques repartent à l'assaut mais sur un front plus réduit qu'au début du mois, 10 kilomètres seulement. Une pluie diluvienne les oblige à arrêter les combats, car plus personne, ni les hommes, ni les bêtes tous englués dans la boue ne peuvent bouger. Le 22, les Français et les Britanniques attaquent de concert sur la voie ferrée d'Ypres à Staden sans avancer. Le lendemain, à l'est de Poelcapelle, après des millions d'obus, les Britanniques s'emparent enfin des premières défenses ennemies sur un front de 2 500 mètres. Du 26 au 30, les trois armées se lancent à l'assaut des lignes allemandes. Les Français progressent sérieusement mais sans mettre vraiment à mal le dispositif défensif. Les Britanniques finissent par atteindre les premières maisons de Poelcapelle le 31. Au rythme de la progression de ces derniers mois, ils sont encore très loin d'arriver à la mer…

Bataille de la Malmaison. C'est le dernier épisode de la bataille du Chemin des Dames en 1917 et c'est le point culminant des offensives dites à la Pétain, avec un effort violent, mais bref, subordonné à une utilisation massive de l'artillerie. Encore une fois, les Français vont tout miser sur leur supériorité aérienne et celle de leurs canons. L'objectif est de repousser les Allemands derrière l'Ailette, une rivière sans grande importance au nord du Chemin des Dames. La ligne d'attaque s'étire du village de Vauxaillon à l'ouest, passe par le moulin de Laffaux, la ferme de Hennejean pour s'étirer le long du Chemin des Dames jusqu'à la ferme de la Royère, soit une longueur de 12 km. Les lignes allemandes sont parsemées de nombreux ouvrages défensifs ainsi que de "creutes" (carrières en picard) résistant aux obus les plus lourds. Le fort de la Malmaison se situe au centre du dispositif le long du Chemin des Dames. Comme pour la deuxième bataille de Verdun, tout ce qui peut tirer un obus français est amené derrière la ligne de front. Près de 2 000 canons de tout calibre, surtout des gros, sont rassemblés pour détruire par impacts répétés tout le système défensif très élaboré des Allemands. En moyenne, sur ce front assez restreint, cela fait un canon d'au moins 75mm tous les 14 mètres. C'est la VIème armée du général Paul Maistre qui va mener l'assaut contre la VIIème armée allemande du général Max von Boehn, en termes d'effectifs les Français sont plus nombreux, 250 000 soldats contre 200 000 Allemands. La préparation de l'attaque est une nouveauté, les artilleurs français vont inaugurer une nouvelle tactique qui, dans le cas présent, va être très payante. Du 17 au 22 octobre, le pilonnage d'artillerie est quasi ininterrompu, 2 800 000 obus soit 70 000 tonnes d'acier et de gaz sont déversés sur les positions allemandes. Les Allemands ne peuvent se risquer à mettre le nez dehors qu'entre 8 et 9 heures, heure à laquelle disent-ils les artilleurs français prennent leur café. Dans la vallée de l'Ailette, il leur est impossible d’enlever leur masque à gaz, donc de boire et de manger. Cela empêche aussi le ravitaillement, l'évacuation des blessés, l'acheminement de munitions ou le déplacement de quiconque. Les tirs de contrebatterie allemands cessent rapidement, notamment faute de munitions, car les premières lignes sont isolées et leur moral atteint. Les tirs des plus grosses pièces françaises sont dirigés par des observateurs aériens. Ils sont assez précis pour frapper le même point et, à la longue, percer les toits des abris souterrains. Initialement prévue le 22, l'attaque est repoussée au 23, pour parfaire les destructions. Aussi, le 23 à 5h15, quand les Français partent à l'assaut par nuit noire mais sans pluie ni brouillard, il leur faut moins de 2h pour atteindre leurs objectifs du matin. Les carrières de Fruty, le saillant de Laffaux, le village d'Allemant, la ferme et le fort de la Malmaison sont pris sans trop de pertes, et les carrières de Bohéry sont encerclées. A 9h, toutes les unités marquent une pause de 3 heures pour organiser les positions conquises et préparer le deuxième bond. Dès midi, les assaillants prennent la creute du Corbeau, la carrière Montparnasse, la lisière nord du bois des Hoinets, le village de Vaudesson, le bois des Gobineaux, la ferme Many, le Voyeu, et l'ultime objectif du jour, le village de Chavignon, est pris à 14h. Des patrouilles françaises atteignent l'Ailette en certains points. Au soir, 17 000 tonnes d'acier supplémentaires sont déversées sur les positions ennemies. Le bilan de la journée est terrible pour les Allemands, ils laissent aux mains des Français 100 canons et 7 000 prisonniers, dont 3 colonels et leurs états-majors. Dans la nuit, les Allemands se replient sans désordre et des batteries allemandes commencent à se retirer au nord de l'Ailette…

Le lendemain les Français consolident leurs acquis de la veille, puis repartent à l'assaut vers le mont des Singes et Pinon. Le 25, dès l'aube, les Français attaquent de nouveau en faisant de nombreux prisonniers, ils s'emparent de Pargny après une longue lutte. Au soir, la boucle de l'Ailette est considérée comme acquise. Les jours suivants, dans des attaques très localisées, les assaillants s'emparent de Filain, de l'épine de Chevregny, de la ferme de Froidmont, occupent le plateau et les pentes jusque vers l'éperon des Vaumaires. Dans la nuit, du 1er au 2 novembre, pris en enfilade par les nouvelles positions de l'artillerie française, les Allemands sont contraints d'abandonner les crêtes orientales du Chemin des Dames et ils se retirent derrière le canal de l'Oise à l’Aisne…

Au bilan, les Français perdent 14 000 soldats, tués, blessés ou portés disparus ; pour les Allemands c'est un bilan de défaite avec la perte de 50 000 hommes (8 000 tués ou portés disparus, 30 000 blessés et 11 500 prisonniers) et de 200 canons, dont beaucoup de gros calibre. Il est à noter que la 3ème division bavaroise était presque exclusivement composée de Lorrains qui n'ont pas jugé utile de se battre jusqu'à la mort. Pour la première fois, comme le terrain est propice, 36 chars d'assaut Schneider et 28 chars Saint-Chamond étaient engagés dans la bataille. Bien qu'ils aient été utilisés en soutien, ils ont correctement rempli le rôle qu'on leur a assigné. Les moyens aériens se sont eux aussi montrés très efficaces, surtout pendant la préparation d'artillerie. Comme après la deuxième bataille de Verdun, les pro-Pétain s'extasient sur les capacités de ce dernier à les amener à vaincre les Allemands. Mais ses détracteurs, surtout dans la presse, font remarquer qu'au vu du coût de ces opérations à objectifs limités, pour vaincre les Allemands il faudra des dizaines d'années et prévoir des ressources financières et économiques que la France est loin de posséder…

Au final, dans les conditions de la guerre des tranchées, c'est un beau succès, mais il est totalement éclipsé par la percée germano-austro-hongroise sur le front italien. L'attaque commence le 24, dans ce qui va devenir la bataille de Caporetto, avec des moyens bien moindres, surtout en artillerie et en armes aériens, les assaillants mettent en déroute près de 410 000 Italiens, percent sur près de 150 kilomètres de profondeur et font 300 000 prisonniers. La presse mondiale va établir de nombreuses comparaisons, ce qui va mettre à mal l'avenir de Pétain en tant que généralissime, surtout que les stratèges étasuniens le considèrent comme un piètre général...

Canon français de 320mm long sur rail (photo recolorée)

(1) Le colonel polonais Adam Mokiejewski est le père du cinéaste français Jean-Pierre Mocky.

(2) Malgré ses défauts, comme d'importantes vibrations à certains régimes, le moteur Liberty ne sera pas perdu pour tout le monde. Pour alimenter les trafics de la maffia pendant la prohibition, la plupart seront montés en double sur des vedettes rapides permettant de déjouer tous les contrôles pour la traversée des grands lacs par où arrivent aux USA tous les alcools fabriqués au Canada. Il sera tout autant monté sur des navires plus robustes capables de relier rapidement Cuba à la Floride pour le trafic de stupéfiants qui commence à naître aux États-Unis.

(3) Dans la mythologie grecque, Castor et Pollux, bien que nés d'œufs différents, sont considérés comme des dieux jumeaux. Ils sont le symbole des jeunes gens en âge de porter les armes, d'où le nom de Dioscures. Ils apparaissent comme des sauveurs dans les situations désespérées et sont les protecteurs des marins.

(4) Durant la semaine de combat intense lors de la bataille de Caporetto, un lieutenant allemand du nom d'Erwin Rommel, se fait remarquer par sa manière de mener ses hommes et sa façon très habile de contourner puis d'encercler les points de résistance pour les éliminer. A la tête du bataillon de montagne du Wurtemberg, il enfonce le front italien et progresse de 20 kilomètres en deux jours en faisant 9 000 prisonniers.

(5) C'est à la bataille de Mahiwa que le général Paul von Lettow-Vorbeck gagne ses galons de major-général (général de division à 3 étoiles dans l'armée française). C'est un officier adoré de ses hommes, les Askaris (soldats en langage local) de la Deutsch-Ostafrika, avec lesquels il communique dans leur langue maternelle. C'est aussi le seul officier allemand qui aura droit à une parade à la porte de Brandebourg en janvier 1919. Il sera fêté pour être resté invaincu sur les champs de bataille malgré des forces bien supérieures en nombre, mais surtout pour avoir été le seul officier allemand à avoir envahi avec succès des territoires britanniques au cours de la Grande Guerre.

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de décembre 1917 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Soldats US débarqués à Saint-Nazaire dans la Loire-Inférieure

Dans les Flandres, soldats britanniques devant un cadavre (photo recolorée)

Quelle folie la guerre !

Zone de Texte: Pour revenir à la page d'accueil de mon site de Barbentane, cliquez ici !!!
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Ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr

Barbentane, le plus beau village de l'Univers

Zone de Texte: Pour accéder aux archives des Écho déjà publiés, cliquez ici !!!

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Travailleurs chinois sur le port de Port Saïd en Égypte (photo recolorée)

Officiers austro-hongrois sur le front italien

Prisonniers allemands travaillant sur le port de Nantes fouillés par des soldats US

A Caporetto, chargement d'obusiers au gaz par des germano-austro-hongrois

Route britannique parsemée de planches pour consolider les chemins dans les Flandres

Plan d'acheminement des hommes et du matériel US pour le front en France

Généraux russes mis aux arrêts en octobre 1917

Officiers allemands sur le front français

Jeune graisseuse d'une locomotive dans un dépôt ferroviaire en France

Rassemblement de contestataires russes à Petrograd

Soldats canadiens sur le front dans la Somme (photo recolorée)

Bataillon austro-hongrois sur le front de l'est

Artilleurs US sur le front en Lorraine

A Paris, livreuses de télégrammes

Zeppelin L-45 échoué dans le Buech à Laragne près de Sisteron

Soldats US dans une partie de basket en France

Abri italien dans les Dolomites

Blessé allemand escorté par un soldat français (photo recolorée)

Douille du premier obus US tiré sur les Allemands

Atelier de couture à Tours en Indre-et-Loire

Carte du front italien en octobre 1917

Australien avec la mascotte de son régiment en Palestine (photo partiellement recolorée)

Infirmières britanniques à la parade

Parade de soldats germano-turcs à Jérusalem

Soldats US du génie sur une locomotive de manœuvre

Labour d'automne avec des bœufs dans la campagne française