BARBENTANE

en Septembre 1917

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Sur le Front des Combats.

En Belgique, dans les Flandres. Les opérations militaires d'août ont permis de stabiliser le front sur une ligne tenue par les Français qui va de Zuidschote au nord de Poelkapelle et les Britanniques des abords de cette ville en ruines au sud d'Ypres. Le terrain n'est qu'un immense marécage, creuser un trou est impossible, alors on se bat presque à découvert. Chez les Britanniques les pertes sont immenses et le moral est à zéro. Les Français, commandés par le général François Anthoine sont beaucoup moins touchés...

Malgré l'échec des attaques du général britannique Hubert Gough au centre du dispositif, Haig insiste. Pour lui, il est toujours possible d'enfoncer le front et d'arriver à la mer. Alors, il demande au général Herbert Plumer qui commande le secteur sud de monter une nouvelle attaque en direction de Passchendaele. Cette troisième offensive débute le 20 septembre. Elle est menée par 4 divisions, dont deux australiennes avec un contingent de Sud-Africains. Les soldats doivent percer sur un front de 6 kilomètres entre Klein Zillebeke et le Westhoek. Malgré une préparation minutieuse, à la Britannique, la progression se fait mètre par mètre et au prix de lourdes pertes. Les Allemands noient le champ de bataille dans un nuage de gaz moutarde qui paralyse les assaillants, y compris des artilleurs belges en soutien. Malgré cela, les Britanniques parviennent à atteindre le village de Geluveld, occupent le bois du Polygone et progressent jusqu'à Zonnebeke...

Le 23, la 4ème brigade portugaise, dite brigade de Minho (Brigada do Minho), arrive en renfort sur le front britannique des Flandres. C'est la première fois depuis l'entrée du Portugal dans la guerre que ses troupes participent aux combats en France. A partir du 25 septembre, les Allemands se lancent à la reconquête des Flandres. Ces violentes contre-attaques causent de très lourdes pertes dans l'armée britannique. Dans la seule journée du 26, on relève plus de 4 000 victimes chez les Australiens. Ces attaques toutes aussi infructueuses que les attaques britanniques, vont se poursuivre jusqu'au 15 octobre sans aucun succès...

Sur les autres Fronts en France. A partir du 15, d'Ypres jusqu'à Mulhouse, les Allemands lancent de violentes attaques partout où cela est possible. Ce sont plus des raids que des attaques d'envergure, mais aucun secteur du front n'est épargné y compris celui du nord de Verdun. Même dans les Vosges, les canons qui sont restés plus ou moins muets durant tout l'été se remettent à tonner...

Dans la Guerre Aérienne. En septembre, les Allemands perdent petit à petit la maîtrise du ciel et l'arrêt des bombardements de jour sur la Grande-Bretagne est un aveu d'échec. Pour reprendre un peu la main, les Allemands mettent au point d'immenses dirigeables dit "hauts-grimpeurs" capables de voler à 11 000 mètres d'altitude. S'ils sont inattaquables, car en 1917 aucun avion n'est en état d'atteindre ces altitudes, ils restent fragiles, emportent peu de bombes et sont difficiles à maîtriser car personne n'a idée des vents violents dits "jet stream" qui circulent à ces hauteurs stratosphériques que l'on commence à peine à explorer. D'ailleurs, l'un d'eux pris par un de ces courants, finira par s'abîmer dans la Méditerranée au lieu d'aller bombarder Londres...

Pour remplacer les bombardiers Gotha, trop fragiles, la firme Zeppelin planche sur un nouvel avion qui doit pallier ses défauts. Ce sera le Zeppelin Staaken R.VI dit aussi le Riesenflugzeug (littéralement : avion géant). C'est un biplan de 42,2 mètres d'envergure (presque la même envergure qu'une superforteresse US en 1942), équipé de quatre moteurs avec une hélice attractive à l'avant et propulsive à l'arrière, il possède aussi un cockpit fermé(3). Un seul avion monopolise 50 mécaniciens au sol et, malgré des améliorations, son train d'atterrissage reste très fragile. Les derniers modèles auront des moteur Mercedes compressés, pourront voler à 5 800 mètres d'altitude et il lui faut un équipage de 7 personnes (commandant, pilote, copilote, opérateur radio et 3 mécaniciens) pour le faire voler. Il emporte 2 000 kg de bombes sous le fuselage, mais son rayon d'action reste limité à 10h00 de vol maximum. Après avoir fait ses premiers vols à Alt-Auz et à Vilua en Courlande en août, les premiers exemplaires arrivent en Belgique début septembre sur l'aérodrome de Saint-Denis-Westrem près de Gand. Puis, ils furent dispersés sur divers aérodromes de la France occupée avec comme cibles principales Londres et les villes côtières françaises sur la Manche par où arrivent le trafic maritime. Le 28 septembre il effectue son premier raid sur Londres. En règle générale, il vole seul, de nuit, par pleine lune et se guide au miroitement des cours d'eau. Puis ils se regroupent pour bombarder leur cible...

Le 11 septembre, le capitaine George Guynemer de l'escadrille des Cigognes à bord de son avion SPAD S-XIII dit Le Vieux Charles, décolle de l'aérodrome de Saint-Pol-sur-Mer pour se diriger au-dessus des lignes britanniques dans les Flandres. A partir de là, tous les témoignages sont confus. Selon les Allemands, il aurait attaqué un avion allemand piloté par le lieutenant Kurt Wissemann de la Jasta 3, mais ses mitrailleuses se sont enrayées et c'est le pilote allemand qui l'aurait descendu. Son engin tombe dans le no man's land et il est impossible aux équipes de secours d'approcher de l'épave sous la mitraille. Selon d'autres sources, il aurait été tué d'une balle dans la tête aux commandes de son avion. En tout cas, son avion, son corps et ses affaires personnelles n'ont jamais été retrouvés tant le lieu où était l'épave à été bouleversé par des jours et des jours de bombardements. Il meurt à 22 ans comme officier de la Légion d'Honneur avec 54 victoires homologuées et 35 probables, la Médaille militaire et la Croix de Guerre avec 24 palmes. Symbole absolu de ce combattant nouveau qu’est l’aviateur, il a droit a une 26ème citation posthume, qui sera lue sur tout le front "Héros légendaire, tombé en plein ciel de gloire après trois ans de lutte ardente, Guynemer restera le plus pur symbole des qualités de la race française : ténacité, indomptable, énergie farouche, courage sublime". Moins d’un mois après sa mort, l'Assemblée nationale vote à l’unanimité son inscription au Panthéon. Pour expliquer sa disparition, de nombreux maîtres d'école, s’inspirant du Cantique de l'aile d'Edmond Rostand, apprennent aux écoliers français de l'époque que Guynemer "avait volé si haut qu'il ne pouvait pas redescendre"...

Le 15, le lieutenant allemand de 22 ans Kurt Wolff aux 33 victoires, vole de concert avec son ami le lieutenant Carl von Schoenebeck. Ils décident d'attaquer une formation de 8 Sopwith Camel britanniques qui escortent des bombardiers DH.4 au-dessus des Flandres. Dans la mêlée, il est abattu presque à bout portant par le sous-lieutenant britannique Norman Mac Gregor et s'écrase au sol. Le 23, le lieutenant allemand de 20 ans Werner Voss aux 48 victoires, décolle à 18h00, seul à bord de son Fokker Triplan Dr1 gris-argent, pour traquer des avions isolés dans les Flandres. Il repère rapidement un SE5 solitaire qui regagne sa base et le prend en chasse. Obnubilé par sa cible, il n’aperçoit pas six autres SE5, tous pilotés par des Britanniques chevronnés, et engage le combat seul contre tous. Dans le feu de l'action les Britanniques notent que "ses manœuvres étaient si rapides que nous n’arrivions pas à le tenir dans notre viseur". Cependant, malgré l’intervention de l’as allemand Carl Menckhoff aux commandes de son Albatros qui vient l'épauler, Voss est mortellement atteint par une rafale lâchée par le lieutenant Arthur Percival Foley Rhys-Davids et s'écrase au sol. Comme pour Georges Guynemer, son cadavre et son avion disparaissent à jamais dans le no man's land constamment labouré d'obus. Très touché, malgré sa victoire, Rhys-Davids écrira "Tant que je vivrai, je n’oublierai jamais l’admiration que je porte à ce pilote qui combattit seul contre 7 d’entre nous durant 10 minutes et toucha toutes nos machines. Son vol était merveilleux, son courage magnifique, et il est d’après moi le plus brave pilote allemand que j’ai eu le privilège de voir combattre"...

En septembre, le brillant entrepreneur Pierre Georges Latécoère qui est originaire de Bagnères-de-Bigorre dans les Hautes-Pyrénées, porte son choix sur un grand espace libre au sud-est de Toulouse pour installer son usine et un terrain d'aviation. Cet espace va devenir célèbre sous de nom de Toulouse-Montaudran. Il va l'aménager pour pouvoir assurer la construction d'avions et de moteurs Salmson dont il vient de recevoir une commande de 1 000 exemplaires par le ministre de l'Armement. Les premiers bâtiments sont édifiés le long de la voie de chemin de fer Toulouse-Sète, mais il grignote petit à petit de nombreux terrains alentours, qu'il aménage chaque fois en un temps record...

L'avion Salmson 2A2 est un biplan biplace monomoteur en bois entoilé qui sera essentiellement employé pour la reconnaissance. Il est propulsé par un moteur 7 cylindres en étoile Salmson, réputé pour sa fiabilité, il entraîne une hélice bipale en bois. Il dispose à l'avant d’une mitrailleuse synchronisée Vickers de calibre 7.7mm et de deux mitrailleuses Lewis de même calibre installées en position arrière sur un affût annulaire mobile à 360°. Deux appareils photos commandés à distance par le copilote-mitrailleur sont installés à l’arrière. Capable de se défendre seul, il présente d’excellentes qualités en termes de maniabilité et de vol à basse altitude, sa seule carence est son rayon d’action de 500 kilomètres parfois jugé un peu faible. A partir du 5 mai 1918, c'est à la cadence de six appareils/jour que les Salmson sont livrés à l'armée française, au total 800 avions seront construits avant l'armistice. Mais le constructeur, l'aérodrome et les avions Salmson vont connaître un plus brillant avenir encore...

Le 23, le 84ème escadron de chasse britannique s'installe en France sous le commandement du Major William Sholto Douglas. En peu de temps, cet escadron deviendra l'un des plus efficaces et des plus prestigieux de l'aviation britannique avec un total de 323 victoires et il comportera jusqu'à 25 pilotes considérés comme des "as" (plus de 5 victoires) en même temps. Le 24, un raid aérien allemand de nuit sur Londres tue 21 personnes et en blesse 70. Le 30, un nouveau raid sur l'Angleterre tue 14 civils et blesse 87 personnes...

Dans la Guerre Maritime. C'est maintenant confirmé, la guerre maritime à outrance est un cuisant échec pour les Allemands. Sur les 245 navires alliés touchés en septembre par les U-Boote, 218 sont coulés et 27 sont endommagés. C'est encore moins de navires coulés que le mois précédent. Dans le détail, avec 118 navires touchés c'est toujours la Grande-Bretagne qui subit le plus de pertes, elle est suivie par la France avec 50 navires, 18 norvégiens, 17 italiens, 12 grecs, 6 russes, 5 tunisiens, 4 étasuniens, 4 portugais, 3 danois, 2 néerlandais, 2 belges, 1 espagnol et 1 suédois.

En septembre, le Japon commence à livrer les 5 premiers des 12 destroyers que la France lui a commandés en 1914. De conception classique, propulsés par un moteur à vapeur à triple expansion alimenté au charbon, ces destroyers sont les plus modernes de la marine française. Ils sont très rapides mais peu armés, avec un seul canon de 120 à l'avant, 1 canon de 76 sur chaque flanc et deux autres à l'arrière. Ils seront dits de la "classe Arabe" et seront nommés : Algérien, Annamite, Arabe, Bambara, Hova, Kabyle, Marocain, Sakalave, Sénégalais, Somali, Tonkinois  et Touareg. Basés à Toulon, ils serviront dans la Méditerranée et dans l'océan Indien...

A Toulon, le yacht à vapeur Henriette II, réquisitionné comme patrouilleur auxiliaire, est équipé de l'hydrophone inventé par le lieutenant de vaisseau français Georges Walser pour le repérage au son des sous-marins. Il commence ses expériences dans la rade en traquant un sous-marin mouilleur de mines français l'Astrée, ce n'est pas encore le SONAR, mais on s'en rapproche...

Le 5 septembre, dans le Pacifique central, sur l'atoll de Mopelia, les hommes restés sur place après le naufrage du voilier pirate allemand Seeadler (Aigle des mers) s'emparent d'une goélette française de 126 tonnes, Le Lutèce. Ils arrivent à rejoindre l'île de Pâques le 4 octobre où ils se présentent épuisés et affamés. Ils sont finalement internés sur place par les autorités chiliennes. Ils seront tous rapatriés en Allemagne au début de 1920...

Le 1er septembre, le vapeur Amiral-Orly qui se dirige vers l'Indochine est torpillé puis coulé au nord de la Crête par l'UC-74. Ses passagers sont saufs, mais 4 hommes d'équipage sont tués par l'explosion de la torpille. Le 2, l'U-28 explose à cause de sa cargaison dans la mer de Barents au large du cap Nord, les 39 membres de son équipage sont portés disparus. Le 3, l'U-66 disparaît en mer du Nord, ses 40 marins sont portés disparus. Le 5, dans la mer du Nord, l'U-88 poursuivi par le navire-leurre lourdement armé Stonecrop frappe une mine britannique et disparaît avec les 43 membres de son équipage. Son commandant, le lieutenant Walther Schwieger, s'est illustré au commandement de l'U-20 le 7 mai 1915 en torpillant le Lusitania au large de l'Irlande, ce qui occasionna la perte de 1 200 personnes dont 200 étasuniens et émut la terre entière. Le 6 à 3h05, le vapeur Ville-de-Strasbourg, escorté par le torpilleur Arbalette et le chalutier Rochebonne, est torpillé puis coulé par l'UC-74 entre la Grèce et Crête, tous les rescapés sont repêchés rapidement, mais deux soldats périssent. Le 6 à 13h30, le paquebot belge Élisabethville, armé de 2 canons de 75 mm servis par des marins de la Royal-Navy, navigue sans escorte au large de Belle-Île-en-Mer. Parti de Matadi au Congo, il rejoint Falmouth en Grande-Bretagne avec 140 passagers et 173 membres d'équipage, mais aussi du plomb, du zinc, de l'huile de palme, 20 tonnes d'ivoire et 12 kg de diamants, soit 13 000 carats. Dès qu'il aperçoit l'UC-71 qui navigue en surface, il tente de l'éperonner mais la manœuvre échoue de peu. Après un rapide demi-tour, le sous-marin le torpille sur son flanc tribord. Touché à mort, son commandant donne l'ordre d'évacuer et les canots sont mis à la mer 25 mn après le torpillage. Seules 14 personnes périssent et tous les rescapés peuvent rejoindre l'île rapidement, mais les diamants font toujours rêver les pilleurs d'épaves. Le 6 encore, le cargo charbonnier Thisbé est torpillé puis coulé par l'UB-35 à la pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne, sur les 21 membres de son équipage, 7 sont portés disparus. Le 6 toujours, le vapeur Alesia, ex-navire allemand au nom Prinz-Adalbert réquisitionné par les Français, chargé de 4 000 tonnes de charbon est coulé à l'entrée ouest de la Manche par une torpille de l'U-50. La veille, par un épais brouillard, il avait été attaqué au canon par l'UC-69 mais sans résultat. L'évacuation du navire se fait dans une pagaille totale, son commandant sera jugé comme responsable, mais aucun marin ne périt dans ce naufrage. Dans la nuit du 6 au 7, le Jeanne I, un chalutier réquisitionné comme patrouilleur auxiliaire, entre en collision avec le cargo britannique Kintuck au large de Port-Vendres, il coule rapidement et 5 marins sont portés disparus. Le 9, victime d'une avarie, l'UB-49 est remorqué par le torpilleur espagnol n°11 dans le port de Cadix. Les autorités espagnoles saisissent le submersible et ses 30 hommes d'équipage. Le 10, le voilier britannique Water-Lily qui assure un transport de pommes de terre de Perros-Guirec dans Côtes-du-Nord vers la Grande-Bretagne est coulé par l'UC-51 à la pointe sud-ouest de la Grande-Bretagne, un marin français est porté disparu. Le même jour, L'UC-42 explose sous l'effet des ses propres mines au sud de l'Irlande, ses 27 servants sont tous portés disparus. Le 11, alors qu'il patrouillait en surface dans l'Atlantique au large de la France, l'U-49 attaque au canon le vapeur britannique British Transport chargé de munitions et d'explosifs qui fait route vers la Russie. Après une bataille homérique aux canons et aux torpilles qui dure 5 heures, le cargo parvient à couler le sous-marin de plusieurs coups directs et c'est la première fois dans la guerre que cela arrive. Les 43 servants du sous-marin sont tous portés disparus. Le 12, l'U-45 est torpillé par le sous-marin britannique D7 au nord de l'Irlande, 43 marins périssent et seulement 2 rescapés sont secourus par le D7. Le 14, le cargo français Amiral-de-Kersaint qui fait route vers Tanger aperçoit un sous-marin et l'attaque au canon près de la côte espagnole, mais il est gêné par une flottille de pêche. En riposte l'U-64 lui assène plusieurs coups directs qui finissent par lui être fatals et il sombre lentement. Une partie de l'équipage parvient à regagner les chaloupes mais le commandant est fait prisonnier, plusieurs hommes sont blessés et 8 sont tués. Le 17, le vapeur Niémen est torpillé dans l'Atlantique par l'U-54, un patrouilleur allié recueille les rescapés, mais 4 marins sont portés disparus. Le même jour, l'UC-45 est victime d'un accident de plongée au large de Zeebrugge, ses 35 marins périssent. Il est rapidement repêché par les Allemands et reprendra du service le 11 avril 1918 avec le même numéro. Le 17 encore, l'U-83 est coulé au canon au large de l'Irlande par le navire-leurre Farnborough, 35 marins périssent, le Farnborough parvient à récupérer un rescapé. Le 18, le vapeur City Of Lincoln est coulé à la torpille dans l'Atlantique par l'U-106, 9 marins périssent. Alors qu'il se porte à son secours le destroyer britannique Contest est lui aussi coulé à la torpille par le même sous-marin, 35 marins périssent. Le 19, en plein océan Atlantique, sans escorte, le quatre-mâts Blanche se dirige vers l'Australie. En début d'après-midi, il est attaqué par l'U-151. Il se défend vaillamment et tire 180 coups de canon sans atteindre le sous-marin. A 15h00, à court de munition, le capitaine ordonne d'amener le pavillon pour se rendre. Mais, craignant une ruse, le sous-marin lui envoie une torpille qui coupe le navire en deux. Les rescapés s'installent dans des chaloupes et se dirigent vers la France. Au bout de 4 jours, épuisés, sans vivres, ils sont finalement recueillis par la canonnière Audacieuse, 18 marins sont portés disparus. Le 22, l'UB-32 est attaqué à la bombe par un avion britannique à l'entrée de la Manche, ses 24 hommes d'équipage sont portés disparus. Le 23, parti de Malte pour Marseille, le vapeur Médié navigue en convoi avec l'Empire et le Biskra, ils sont escortés par le contre-torpilleur Hallebarde et d'autres navires de moindre importance. Il emporte 630 personnes, essentiellement des tirailleurs sénégalais, mais aussi une cargaison de munitions. Il est torpillé par l'UC-27 au large de l'île de Minorque, ce qui déclenche un incendie et fait exploser le navire. De nombreux rescapés sont rapidement repêchés par les autres navires du convoi, mais 250 personnes sont portées disparues. Le 26, le Jacqueline, un superbe cap-hornier à quatre-mâts qui arrive du Chili est attaqué dans l'Atlantique, très au large des côtes de France, par le sous-marin U-101. Malgré sa résistance, il est coulé par une torpille, les 35 hommes de son équipage périssent, il n'y aucun survivant. Le même jour, dans la mer Baltique, le destroyer russe Okhotnik saute sur une mine larguée par un avion, 52 marins sont tués. Le 26 encore, dans la mer d'Irlande, l'UC-33 est attaqué puis coulé au canon par le patrouilleur britannique PC 61, 27 marins périssent et un seul survivant sera repêché. Le 27, l'UC-6 accroche une mine dans le barrage flottant que les Britanniques ont installé entre la mer du Nord et la Manche, ses 16 marins disparaissent. Le 29, dans un bombardement aérien du port de Dunkerque, le chasseur de sous-marin français C2, un navire tout neuf qui arrive des USA, est bombardé et coulé, 4 marins sont tués. Il sera renfloué, mais sera encore victime d'un incendie lors de ses réparations à Brest en décembre 1917. Le 29 encore, le vapeur Mascara chargé de vin et de blé qui se dirige vers Nice, est porté disparu au large de la Sardaigne, probablement victime d'une explosion de ses chaudières en très mauvais état, sur les 46 hommes d'équipage un seul survivant à demi-fou parviendra à gagner les côtes de Sardaigne au bout de 8 jours. Le 29 encore, l'UC-55 est victime d'une avarie en mer du Nord, 12 marins disparaissent, mais 15 autres seront secourus. Enfin, le 30, l'UC-21 disparaît dans la mer du Nord, ses 27 marins sont portés disparus...

Boulogne, un Port Particulier. Depuis la "course à la mer" d'octobre 1914, Boulogne est le port français le plus proche de l'Angleterre. Par la force des choses, il est devenu le plus britannique des ports français. En fait, quasiment toute la ville est occupée par les armées d'outre-manche qui ont installé là des dépôts, des hôpitaux et de nombreux camps. Près de 300 000 hommes et 100 000 chevaux y vivent en permanence. Son port est un des plus fréquentés d'Europe, car en plus du ravitaillement de l'armée britannique, presque tout le trafic de charbon passe par là. Son trafic est protégé des sous-marins ennemis et des mines flottantes par un barrage de filets métalliques posés par la marine de sa Majesté. En fait, ce barrage est peu efficace, même doublé par une incessante navigation de chalutiers armés. Des milliers de dockers, de coolies indiens, jusqu'à 2 000 travailleurs Chinois en passant par des Égyptiens; travaillent sous la responsabilité des Britanniques. D'ailleurs, les conditions de travail sont si rudes que de nombreux heurts ne cessent de se produire. En septembre, une grève de tous ces travailleurs va durer plusieurs jours, elle sera rudement réprimée, 20 travailleurs sont tués, plus de 40 sont blessés. Sur les débarcadères, 71 grues, certaines très modernes, ne cessent de manœuvrer. En ville, tous les hôtels, palaces, casinos, y compris l'ancien collège des jésuites sont transformés en hôpitaux capables d'accueillir 2 000 blessés par jour...

Une partie du port est réservée au trafic de charbon que la France doit maintenant importer depuis que les bassins miniers du Nord sont aux mains des Allemands. Une cinquantaine de harenguiers armés d’un canon de 47 ne cessent de faire des va-et-vient entre Boulogne et les ports miniers britanniques de Poole et de Grimsby. Ce trafic s’opère par convois de trois à six harenguiers, transportant chacun entre 200 et 250 tonnes par voyage, d'autres navires de toute la région participent aussi au trafic. Pour 1917, plus de 30 000 tonnes de charbon transiteront par Boulogne et plus de 8 000 tonnes par Calais. En deux ans, 18 harenguiers disparaîtront victimes de mines, de sous-marins mais aussi d'avaries...

Sur le Front Russe. C'est la déroute pour les armées russes. Le 1er septembre, presque sans résistance, les Allemands pénètrent en Lettonie. Par une manœuvre audacieuse du général allemand Oskar von Hutier, ils prennent le grand port de Riga deux jours plus tard en capturant au passage de nombreux canons. La tactique de von Hutier consiste en une attaque éclair au gaz puis, avec des avions il étale un grand écran de fumée qui couvre les mouvements des troupes d'assaut. La flotte allemande qui attendait au large pénètre dans le golfe de Riga après un dragage des mines. La ville est intacte, et comme son port est libre de glace toute l'année, elle va devenir le centre de ravitaillement des armées allemandes pour tout le nord du front de l'est...

La presqu'île estonienne, fortement défendue par des troupes lettones motivées est laissée de côté. Les armées du Kaiser se dirigent alors vers la ville russe de Pskov. C'est la dernière grande ville avant Petrograd, la capitale russe est maintenant menacée. Le 21, l'aviation russe bombarde les dépôts allemands en prévision d'une attaque sur Petrograd dans la région du lac Narotch. Mais, le même jour, les troupes russes évacuent leurs positions de Jakobstadt que les troupes allemandes prennent aussitôt en faisant 4 000 prisonniers et en capturant 50 canons. Maintenant, toute la Biélorussie se trouve sans défense...

Dans la partie sud du front, c'est le calme plat. Malgré leur avantage, les armées germano-austro-hongroises ne progressent plus, car la plus grande partie de leurs forces vives est rapatriée dans les Alpes pour mener la grande offensive d'automne en Italie du nord...

En Roumanie. Le pays vit une situation tragique. Le "réduit national" est fortement attaqué par les troupes germano-austro-hongroises dans sa partie sud, et la forteresse de Mărășești résiste avec l'énergie du désespoir. Mais toutes les armées russes, tant au nord qu'à l'ouest, se délitent les unes après les autres. L'armée roumaine parvient quand même à récupérer des éléments tchèques et hongrois qui combattent vaillamment avec l'uniforme russe et qui n'ont aucune envie d'être fait prisonniers. Tout cela ne peut que retarder l'échéance de la capitulation roumaine, car jamais les armées alliées installées en Europe de l'ouest ne pourront venir à son secours. Pour l'instant, les Roumains ne cèdent pas et leurs pertes sont moins importantes, environ 50 000 hommes (tués, blessés et portés disparus) par rapport aux pertes des empires centraux qui se montent à près de 70 000 hommes. En désespoir de cause, vers le 15 septembre, le général August von Mackensen cesse d'attaquer et attend tranquillement que la Russie s'effondre complètement pour reprendre son offensive roumaine...

Dans les Balkans. Conformément aux ordres reçus, le général Maurice Sarrail se garde bien de lancer une offensive quelconque et ce sont les Bulgares qui sont les plus actifs. De la Serbie qu'ils occupent, ils ne cessent de lancer des attaques locales sur les positions françaises et britanniques. Les gains sont minimes et parfois les contre-attaques les font reculer bien au-delà de leurs bases de départ. Par contre, connaissant la puissance de feu des centaines de navires de guerre alliés qui patrouillent au large et qui n'attendent qu'un ordre pour les tailler en pièces, ils restent bien sages sur la frontière grecque au bord de la mer Égée...

Sur le Front Italien. Commencée le 18 août, la 11ème bataille de l'Isonzo se poursuit avec acharnement. Si les troupes italiennes du duc d'Aoste ne progressent pas ou très peu entre Gorizia et Trieste, la situation est différente sur le plateau de Bainsizza. Les Italiens pénètrent sur près de 13 kilomètres dans les lignes austro-hongroises ce qui, pendant la guerre des tranchées, est un exploit. Le 4 septembre une violente contre-offensive austro-hongroise fait reculer les assaillants de quelques kilomètres. Les Italiens repartent à l'assaut le lendemain avec l'appui de 261 avions et reprennent la majeure partie du terrain perdu. Pour la conquête ou la défense de collines caillouteuses, les pertes sont très lourdes des deux côtés. Comme les bastions du Mont San Gabriele et du Mont Hermada ne sont toujours pas pris, l'essentiel de l'offensive italienne s'arrête le 12 septembre, pour reprendre le 29 avec la conquête par les Italiens de Na Kobil où ils font 2 000 prisonniers...

Pour cette 11ème offensive sur l'Isonzo, les pertes italiennes sont estimées à environ 160 000 hommes, dont 30 000 morts, les pertes austro-hongroises sont légèrement moindre, 120 000 hommes, dont 20 000 morts. La bataille, très incertaine pendant longtemps, fait craindre le pire pour l'état-major allemand. Alors, décision est prise qu'avant d'attaquer en France, il faut stopper la poussée italienne vers Triestre et infliger aux Italiens une défaite sévère pour être tranquille pendant le temps nécessaire pour battre les Franco-Britanniques avant que les troupes US n'arrivent...

De ce fait, une grande partie des forces vives germano-austro-hongroises qui stationnent dans le sud de la Russie et dans les Balkans sont rapidement ramenées sur la frontière nord de l'Isonzo. Le 9 septembre, le général allemand Otto Ernst Vinzent Leo von Below est nommé pour préparer l'attaque. A partir du 18, il commence à rassembler les unités d'une nouvelle armée germano-austro-hongroise entre Klagenfurt et Villach. Les Austro-Hongrois aimeraient percer dans le Trentin qu'ils considèrent comme leur province en danger. Mais le général allemand Erich Ludendorff qui supervise la préparation de cette offensive n'a que faire des priorités de ses alliés et il impose sa stratégie. Pour lui, l'objectif n'est pas la conquête de l'Italie, mais seulement une rapide et cuisante défaite qui devrait mettre ce pays à genoux pour un bon bout de temps. Il sait que le moral des Italiens, des soldats comme celui de la population, n'est pas fameux. Il sait aussi que les désertions sont nombreuses, donc il lui faut une victoire rapide, massive et sans appel. A force d'étudier les cartes, ses stratèges lui proposent une percée par les vallées du Tolmino, de Caporetto et de Plezzo le long du fleuve Isonzo mais bien plus au nord de Gorizia où stationnent les plus importantes troupes italiennes. Dirigées vers le sud-ouest et en pentes douces, ces vallées permettent d'arriver rapidement dans la vallée du Tagliamento, qui est l'objectif de la bataille...

Les Italiens ne sont pas dupes de ces préparatifs, leur aviation les renseigne régulièrement ainsi que de nombreux déserteurs ennemis. Mais ils sont aussi intoxiqués par de savantes manœuvres sur l'objectif réel de l'offensive. Pour eux, seule la ville de Gorizia est concernée et c'est là qu'ils se préparent au choc en rassemblant toutes les troupes possibles quitte à dégarnir d'autres parties du front...

Pour les Alliés, eux aussi très bien renseignés, l'Italie est un maillon faible qu'il faudra tôt ou tard secourir. Alors, des plans se mettent en place pour qu'en cas de gros problèmes ils puissent apporter rapidement les secours humains et matériels dont l'Italie aura besoin pour ne pas s'écrouler...

Au Moyen-Orient. Dégagée de tout souci avec l'armée russe, la Turquie ambitionne encore plus fort de reprendre Bagdad. C'est le général allemand Erich von Falkenhayn, le vaincu de Verdun, qui est chargé de sa reconquête. Mais l'armée turque n'a pas l'organisation allemande, les différends entre les états-majors turc et allemand sont quotidiens. De plus, les Britanniques grignotent petit à petit les bases de départ turques. Mais l'espoir est toujours là, alors on commence à stocker vivres et munitions pour cette offensive. Le problème c'est que la piste chamelière dite Alep-Hit est impraticable même pour des petits camions et le chemin de fer dit Berlin-Bagad est tout aussi fragile. Alors on stocke en essayant de faire circuler le maximum de trains possible. Comme toujours, les précautions, même les meilleures quand il s'agit d'explosifs, ne sont jamais parfaites. La célèbre gare d'Istanbul d'Haïdar-Pacha quasiment neuve puisque terminée en août 1908, point de départ du Berlin-Bagdad, grouille d'un intense trafic, car c'est la plus importante gare de Turquie et aussi de tout le Moyen-Orient. C'est une bâtisse haute de plusieurs étages, encore plus grande que le plus grand des châteaux de la Loire, et où est entreposé une grande quantité d'explosifs. Le 6 septembre, pour une raison inconnue, elle est littéralement pulvérisée dans une monumentale déflagration. Dans ces conditions, la reconquête de Bagdad n'est plus qu'un rêve...

En Mésopotamie. Poursuivant sa remonté de l'Euphrate, le général britannique Frederick Maude laisse passer les grosses chaleurs de l'été, mais dès septembre il se met en route pour conquérir la ville de Ramadi. Le 28 septembre, après une brève bataille, par ailleurs très inégale tant les troupes turques sont affaiblies et manquent de tout, les soldats indiens de l'armée britannique entrent dans la ville. Ils font plusieurs milliers de prisonniers, parmi lesquels le commandant des troupes turques et le gouverneur de la ville qui n'ont pas pu s'échapper...

En Lybie. En septembre, des renforts ottomans sont envoyés dans ce pays pour s'emparer des villes de Zuwara, Khoms et Tripoli qui sont tenues par les Italiens. Ces attaques n'auront pas plus de succès que celles faites en janvier et en avril...

En Afrique de l'Est. Les forces congo-belges du lieutenant-colonel Armand Huyghé, maintenant regroupées, se dirigent toujours vers le sud pour atteindre Mahenge. C'est le 1er septembre, au passage de la rivière Kilombero, qu'elles livrent leurs premiers combats soutenus contre les 2 500 hommes, 350 allemands et 2 150 askaris, que le général allemand Paul von Lettow-Vorbeck a laissés pour protéger sa retraite vers le sud. Une bataille sauvage se déroule jusqu'au 10 septembre et finalement les troupes alliées parviennent aux premiers faubourgs fortifiés par les Allemands avant la ville de Mahenge. La bataille se poursuit entre le 12 et 15 pour la prise de Kalimoto, puis le 29, sur la crête de Kingengena, pour atteindre les premières positions retranchées de Mahenge...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de novembre qui donne des nouvelles de septembre. C'est un Écho réduit à 16 pages, et c'est un hommage à l'abbé Jean Paquet, fils de l'imprimeur du journal, qui blessé, a été achevé par les Allemands le 29 août 1914, dans une ferme près de Saint-Dié dans les Vosges. Son hommage s'étend sur 6 pages...

Au livre d'or, Jean Fontaine, soldat musicien-brancardier, par sa bravoure et son courage pendant 5 jours et 5 nuits lors des batailles d'avril, est cité à l'ordre du jour de son régiment. Au Martyrologe, sous le numéro 56, est rajouté Louis-Antoine Gros tué le 22 août dans le secteur d'Auberive (Haute-Marne). Un service funèbre en sa mémoire est célébré le 3 octobre en l'église de Barbentane...

En l'absence du curé Aimé Guigues, toujours hospitalisé, c'est le père Hilaire qui célèbre la fête du Très Saint-Rosaire. Le 30 septembre, c'est le décès de Catherine-Joséphine Michel, 71 ans, sœur Saint-Henri en religion, expulsée de son couvent d'Aix, qui est restée dans sa famille sur le Cours au village. C'est aussi le décès le 10 octobre à Grans dans les Bouches-du-Rhône de l'abbé Roux, ancien vicaire de Barbentane de juin 1884 à juillet 1889...

En septembre 1917, aucun Poilu barbentanais ne meurt pour la France...

Dans le courrier militaire, Raoul Saint-Michel est "en subsistance" dans l'aviation près de Monastir dans les Balkans ; Jean-Marie Auzépy, dans un secteur devenu plus calme, attend de venir embrasser les siens ; l'abbé Revest fait dans l'humour puisque chaque jour il s'exerce à la patience dans le maniement du balai et la manipulation des pommes de terre ; après une attaque brillante au Chemin des Dames, le commandant Barthélémy quitte ses "braves chasseurs" après 7 ans, dont 3 de guerre, pour prendre le commandement d'un bataillon au 279ème régiment d'infanterie le 24 août ; le blessé Valentin Texier est toujours borgne de l'œil gauche ; le caporal Jean Fontaine, blessé lui aussi, est en bonne voie de guérison et espère venir en convalescence en décembre ; Etienne Bernard écrit d'un secteur calme d'Al [Algérie je suppose] ; Gaston Nazon qui a vécu des heures terribles à la cote 344 [secteur de Verdun], est en repos à Bar-le-Duc ; Henri Rouqueirol écrit de Craonne qui est devenu "moins mauvais" ; dans un secteur actif Louis Fontaine écrit que les boches "reçoivent de belles pilules" ; le sergent Léontin Gilles est affecté à une compagnie "d'inaptes" à Saint-Paul-trois-Châteaux dans la Drôme ; l'artilleur Louis Ayme aimerait bien causer patois avec l'abbé Mascle "le lourd" ; Henri Combes est allé à Reims ; après du "mauvais" l'adjudant Jean Brémond est dans un secteur plus calme où il peut discuter avec Mus ; Jean-Marie Vernet a repris sa "vie de poilu" et prépare une offensive ; Louis Goutard travaille très ferme à l'usine de Chedde (Haute-Savoie) ; Claude Fauque est classé inapte "à la zone des armées" ; le brancardier-musicien Joseph Moucadeau a besoin de "paroles catholiques" en pays orthodoxe, israélite et turc ; l'abbé Joseph Mascle, qui mène une vie en rien comparable à celle d'un curé de campagne ou de professeur de lettres, passe son temps à courir les boyaux pour réparer les fils téléphoniques ou bien l'œil collé à une lunette d'artillerie pour observer "ces bons messieurs d'en face" ; le cité à l'ordre du jour de son régiment, Jean Fontaine, qui rentre de permission, a un peu le cafard de reprendre "cette triste vie" ; François Véray, qui a eu les pieds gelés, est affecté à un bataillon territorial et c'est sur son grabat de paille humide, dans un secteur mouvementé de l'Aisne, que le cycliste Léon Jaoul qui côtoie le muletier François Mourin, se "fait à la guerre" par obligation...

Dans la vie paroissiale, on note 5 baptêmes en septembre et octobre pour 4 enterrements. Malgré la guerre et les vicissitudes du temps, la vie reprend...

Guy

La gare d'Haïdir-Pacha après son explosion à Istanbul

Lieux des principales offensives alliées en Belgique et en France en 1917

Acheminement de soldats britanniques dans les Flandres

Rescapés de l'Élisabethville à Belle-Île-en-Mer

C'est l'Écho du mois de novembre qui relate les événements de septembre 1917...

Parade des soldats allemands dans Riga après la prise de la ville

Soldats portugais dans la vallée de la Lys en France

Embarquement de soldats US dans un port aux États-Unis

Canon Howitzer tirant des obus au gaz utilisé par des australiens près d'Ypres

Travailleur chinois à la pause quelque part en France

Dans les Flandres, derniers adieux à un soldat australien

Blessés français en rééducation dans une ferme audoise

Récupération des douilles sur le front des Flandres

Soldats allemands dans une partie de carte en atmosphère gazeuse

Dans le Monde en Guerre en Septembre 1917

La Paix. Depuis janvier des rencontres très épisodiques se tiennent entre Pauline de Mérode, qui représente le comte belge de Broqueville, et le baron Oscar von der Lancken-Wakenitz. Ce dernier est gouverneur de la Belgique occupée et il est mandaté par le chancelier allemand Théobald Bethmann Hollweg pour connaître dans le détail les intentions des Français. Mais ces discussions n'avancent pas. Finalement, le roi des Belges Albert Ier demande à Mérode d'organiser une rencontre directe entre Aristide Briand, ancien président du Conseil français, et von der Lanken. Les deux parties acceptent cette solution, et la rencontre est programmée pour le 22 septembre en Suisse. Mais le Gouvernement français ne soutient plus Briand, et l'opposition du ministre des Finances, Alexandre Ribot soutenu par les Britanniques fait tout capoter. Même mieux, Ribot signale Briand aux services secrets français comme un espion, traitre aux intérêts de la patrie. De toute façon, ces négociations mènent dans une impasse, jamais les Allemands ne céderont l'Alsace avec la Lorraine sans défaite et jamais les Français ne voudront autre chose à la place...

En parallèle, une autre négociation se déroule entre le général sud-africain Jan Smuts et l'ancien ambassadeur austro-hongrois à Londres Albert von Mensdorff. L'un est mandaté par les Britanniques, l'autre par le Premier Ministre austro-hongrois Ottokar Czernin. Pour l'instant, elles n'ont guère plus de résultats que celles menées par les Germano-Belges...

En Allemagne, pour mettre en œuvre le vœu de paix voté par le Reichstag le 17 juillet 1917, le Chancelier Georg Michaelis mandate son ambassadeur en Espagne le 5 septembre afin d'utiliser ce pays pour prendre contact avec les Britanniques. Mais le pouvoir de Michaelis s'affaiblit de jour en jour, aucune suite ne sera donnée à cette demande. Le 13, l'Allemagne répond officiellement à l'offre de paix du pape faite le mois précédent. Cette note, très alambiquée, évite toute proposition ou compromis concret, elle se contente de vagues appels à la paix...

Peinture de Félix Vallotton : le cimetière de Châlons-en-Champagne (huile sur toile)

Patrouille de policiers français, belge, britannique et portugais à Boulogne-sur-Mer

Soldats français dans le bourbier des Flandres (photo autochrome)

L’Écho de Barbentane de Novembre 1917

Femmes aux travaux des champs en Grèce

Artilleurs australiens dans les Flandres

Cadavres de soldats russes près de Riga

Arrivée d'un paquebot US à Saint-Nazaire

Soldats allemands dans une forêt sur le front de l'est

Artilleurs britanniques à Ypres

Canon de marine sur le front roumain

Brigade de travailleuses françaises qui prêtent main-forte pour les moissons

Excavatrice ferroviaire US près de la gare d'Is-sur-Tille

A Stockholm entre le 5 et 12 septembre, se déroule la troisième conférence internationale des socialistes pacifiques (série de conférences pacifistes dites Zimmerwald). La France et la Grande-Bretagne ne sont pas représentées officiellement, car ces pays refusent d'accorder des visas aux délégués, mais ils sont présents grâce à des individualités qui se sont débrouillées pour participer. Cette conférence est très confuse, les bolcheviks et les mencheviks se retirent avant la fin. Contrairement aux craintes des bolcheviks, la gauche est majoritaire dans la conférence mais elle ne parvient pas à s'entendre sur les actions concrètes qu'imposent une "fin de guerre et une paix immédiate". Elle se termine par un manifeste qui appelle à une grève internationale contre la guerre et au soutien de la révolution russe. Obligations qui ne seront jamais suivies d'effets. C'est le menchévik réellement pacifique, Julius Martov (nom de guerre de Iouli Ossipovitch Tsederbaum) qui la conclut de belle manière en déclarant "Ou la révolution tuera la guerre ou la guerre tuera la révolution"…

 

Dans le Monde Politique.

En France. La situation s'envenime de jour en jour entre le président du Conseil Alexandre Ribot et son ministre de la Guerre Paul Painlevé. Painlevé est d'autant plus agressif qu'il est soutenu en sous-main par George Clémenceau qui prépare son grand retour. Le 7 septembre, Ribot est démissionné de la présidence du Conseil, mais reste ministre des Affaires étrangères. Painlevé le remplace aussitôt. Devant ces manœuvres auxquelles ils n'ont jamais été associés ni de près, ni de loin, les socialistes quittent le gouvernement. La succession de gouvernements dits d'"Union Nationale" depuis août 1914, a vécu. Le nouveau gouvernement est très radical-socialiste, encore plus guerrier que le précédent. De nombreux nouveaux ministres apparaissent, mais à part Théodore Steeg nommé au ministère de l'Intérieur, de l'entrepreneur Louis Loucheur qui est nommé au ministère de l'Armement, ainsi que Paul Doumer ministre d'État, membre du comité de Guerre, les autres ministres ne marqueront pas leur époque...

Du 6 au 8, des pluies diluviennes se produisent sur la moitié sud de la France. On relève des précipitations de 150 mm à Biarritz, de 140 mm à Cette (ancienne orthographe de Sète dans l'Hérault) et jusqu'à 70 mm à Besançon. Le 6 encore, les banques coloniales au lourd passé de traficotages en tout genre, sont mises sous tutelle de l'État. Le 14, le gouvernement annonce la mobilisation totale de toutes les ressources, les métropolitaines comme les coloniales. Les mines, du moins celles qui ne sont pas en territoires occupés, sont rattachées "pour la durée de la guerre" au ministère de l'Armement ainsi que de nombreuses autres industries essentielles à l'effort de guerre comme la chimie, l'industrie du caoutchouc ou les forêts...

Le 18, pour mettre fin à toute tentative de paix plus ou moins obscure, le Gouvernement réclame officiellement à l’Allemagne la restitution de l’Alsace et de la Lorraine, ainsi que le remboursement des dommages de guerre...

Depuis janvier 1917, l'aventurier français Paul Bolo est sous étroite surveillance. Ce personnage haut en couleur a un passé aussi trouble que tumultueux. Il est dit aussi Bolo Pacha depuis qu'il a été fait pacha en tant que conseiller financier du vice-roi d'Égypte Abbas II Hilmi en 1914. On lui reproche divers trafics, pour ne pas dire de nombreuses malversations en tout genre. Mais surtout il a reçu 11 millions de marks, émis par la Deutsche Bank, sur un de ses comptes aux USA. Cet argent doit lui servir à contrôler des quotidiens français pour en faire des organes d'influence pro-pacifistes (Le Journal et Le Bonnet rouge sont particulièrement visés). Il est arrêté à Paris le 20 septembre et immédiatement incarcéré au secret à la prison de Fresnes...

Le 27 à Boulogne, les Premiers ministres, Paul Painlevé et David Lloyd George, ainsi que tous les grands états-majors militaires se rencontrent pour une conférence franco-britannique. Au départ, son objet essentiel est la question d'un commandement unique de toutes les armées alliées en Europe de l'ouest. Mais dans les échanges ce sont les buts de guerre de la période qui occupent le plus les esprits. Après le constat partagé par tous que l'armée russe n'est plus un obstacle pour les Allemands, tous conviennent qu'à l'ouest l'armée du kaiser va obligatoirement se renforcer d'ici quelques mois. Du coup, le maréchal britannique Douglas Haig réclame très fort et sans attendre une offensive franco-britannique dans les Flandres. A l'inverse, le généralissime français Philippe Pétain préfère attendre l'aide de l'armée étasunienne et l'arrivée de milliers de chars pour reprendre l'offensive. De plus, il préconise une offensive par la vallée de la Meuse plus apte aux chars que les marécages des Flandres. Au final, la question du commandement unique est remise à plus tard. En outre, quand les Britanniques finissent par connaître les chiffres catastrophiques des pertes humaines de l'été dans les batailles des Flandres, l'offensive d'Haig est rapidement mise sous l'éteignoir...

Le 28, le gouvernement met fin à un trafic d'assurances et de réassurances dans les entreprises françaises. Pour ce faire, il crée un corps nouveau de commissaires-contrôleurs de la réassurance...

Mutins Russes à la Courtine. Le général russe Mikhail Zankevitch et le Commissaire Isidore Rapp, tous les deux aux ordres d'Alexandre Kerenski, le chef du Gouvernement provisoire russe, notifient un ordre d'assaut aux 6 000 Français qui encerclent le camp. Cet assaut est fixé pour le 4 septembre au matin. Mais une brigade spéciale d’artillerie du général Mikhail Beliaiev, qui devait rejoindre les Balkans, est appelée en renfort. En fait les Français préfèrent laisser aux Russes le soin de régler entre eux leurs problèmes. Pour laisser le temps aux artilleurs russes de s'installer, l'assaut est reporté...

Durant ce temps, de nouvelles négociations s'engagent avec les mutins, mais les révoltés, convaincus que l’assaut n’aurait pas lieu entre Russes, répondent par la négative. Le 14, Zankevitch lance le dernier ultimatum : remise des armes et reddition totale. Les insurgés refusent toujours de se soumettre. Le même jour, l’abbé Laliron, curé de La Courtine et ancien aumônier militaire, tente une nouvelle médiation. A son retour, il se désole "Hélas, ils ne veulent rien entendre et ils n'ont à la bouche que le mot Liberté ! Pourtant j'ai beaucoup tenté pour essayer de leur faire comprendre qu'ils n'étaient pas mûrs pour la liberté". Obstiné, il retourne voir les mutins le lendemain en leur précisant le sort qui les attend, sans plus de résultat. Le 16, à 10 heures le premier obus de 75 s'écrase sur la grande place du camp, il annonce la tragédie. Les insurgés répondent de façon pacifique en entonnant La Marseillaise (chant de liberté en Russie), ainsi que l'Internationale mais aussi par la marche funèbre de Chopin, toujours accompagnés par la fanfare du camp. L’après-midi, à 14h45, le canon envoie une nouvelle salve. Les chants s'arrêtent. Puis le canon gronde heure après heure, ménageant seulement une pause pour laisser sortir du camp ceux qui le désirent. C'est un échec, car le 17 au petit matin, seulement 200 personnes sont sorties du camp. Si la grande majorité des mutins ne lèvent pas les armes, ils ne s'en servent pas pour se défendre. Seuls 120 irréductibles se replient dans le bâtiment du cercle des officiers et répondent au canon par des tirs de mitrailleuses. Parmi eux il y a les membres des comités de soldats, y compris leur négociateur en chef Afanasie Globa. Le pilonnage du camp dure encore deux jours, et le 19 les derniers 53 mutins encore valides se rendent. Selon les chiffres officiels, sur les 8 515 mutins encore présents à La Courtine début septembre, entre 90 et 400 sont tués ou blessés. Globa et 92 mutins, sont envoyés en exil dans le fort Liédot de la minuscule île d'Aix près de Fort Boyard...

Après la révolution d'octobre, le Gouvernement français offre aux soldats russes trois possibilités : s’engager dans l’armée française, être volontaires comme travailleurs militaires, ou partir pour un camp en Afrique du Nord. Près de 400 hommes, équipés et armés par la France, vont former une légion russe qui s’illustrera en 1918 dans les batailles de la Somme, du Soissonnais et du Chemin des Dames. Environ 4 800 réfractaires seront envoyés en Algérie et au Maroc pour travailler dans les mines ou le chemin de fer, et les 11 000 restants se porteront volontaires pour le travail en France. Ils sont alors divisés en petites unités, ventilés un peu partout, afin d'être plus facilement contrôlés. Tous les soldats russes seront finalement rapatriés à Odessa en 1919. Un des leurs, le caporal Rodion Malinovski, deviendra maréchal de l'Union soviétique après les batailles de Stalingrad et Budapest, puis un des meilleurs ministres de la Défense d'URSS pendant 10 ans, de 1957 à 1967. Seulement quelques dizaines d’entre eux s’installeront en France...

C'est donc en France, bien avant la Russie, que se déroulent les premiers affrontements entre les Rouges et les Blancs. Même si les soldats français n'ont pas participé à la répression -l'armée française a fourni les canons et les munitions- ce n'est pas un épisode glorieux à mettre à son actif. D'ailleurs, c'est à quelques kilomètres de La Courtine, au village de Gentioux-Pigerolles, que sera élevé en 1922 le seul monument aux Morts français qui porte l'inscription "Maudite soit la guerre !". Ce monument, au fil des manifestations pacifistes et libertaires qui s'y déroulent tous les ans, est devenu un symbole fort du pacifisme, du rejet de la guerre et du militarisme, ce qui fait fuir tous les officiels de la République Française lors des grandes manifestations commémoratives nationales...

Le 20 novembre, le camp de La Courtine alors vide, reçoit les premiers soldats US qui vont s'y installer pour deux ans…

La mutinerie d'Etaples. Les Britanniques utilisent la ville d'Etaples, près du Touquet, comme base de rassemblement et d'entraînement des troupes venues de Grande-Bretagne. La ville est éloignée des combats, mais bien reliée par les voies de chemin de fer vers Arras et Béthune. Dans le camp, 60 000 hommes manœuvrent en permanence sur le Mont Levin. Les renforts débarquent à Boulogne-sur-Mer, et après une marche forcée de 26 km, sont soumis à des exercices impitoyables, de la part de sous-officiers, surnommés les "canaris", car porteurs d’un brassard jaune. Ces instructeurs qui, dans leur majorité, n'ont jamais vu le front, mêlent sadisme et cruauté. Des soldats notent "Ce sont les pires individus que l’on puisse imaginer, ils transforment la vie des hommes en enfer", d'autres "Au pied de la colline se trouve le camp de détention n°1 avec ses malheureux prisonniers attachés par les poignets pendant que, tout en bas sur la plage, luttant dans la boue et la vase, des centaines, des milliers d’hommes de troupes sont injuriés et molestés". Le 9 septembre, dans la ville d’Etaples, le caporal écossais William Wood est arrêté par la Police militaire britannique pour avoir conversé avec une infirmière, conversation alors interdite ! Lors de l’échauffourée consécutive à l’interpellation, le chef de patrouille abat le caporal. En quelques heures, c'est la révolte. Des soldats écossais et canadiens, barrent des ponts avec des mitrailleuses. Des déserteurs s’organisent en bandes, dans les bois environnants. Une société de déserteurs "Le Sanctuaire" se forme puis trouve refuge dans les tunnels et les puits autour de Camiers. La nouvelle se propage rapidement parmi les Écossais, Australiens et Néo-Zélandais du camp et ils s’emparent des armes d'entraînement. Les soldats révoltés se répandent en ville malgré la tentative d’interception du Royal Fusiliers sur le pont des Trois Arches. La chasse aux "canaris" et aux policiers militaires commence dans les rues et les maisons d’Etaples. Un millier de révoltés venus du Touquet, les rejoignent. Le général Graham Thomson, commandant du camp, et ses subordonnés sont jetés du pont dans la Canche. Les mutins se répandent en ville, pillent les magasins et occupent la place pendant 3 jours. Le 12, le commandement britannique décide d’intervenir et des régiments loyalistes se dirigent vers la ville. Le 13, deux bataillons retirés du front viennent les rejoindre, suivis d’un escadron de Gurkhas de l’Armée des Indes. Le 14, les mutins se rendent sans trop de problèmes, ils sont immédiatement envoyés au front. Même maintenant, l'armée britannique ne communique toujours pas sur le sort des meneurs, probablement fusillés sur le champ, ainsi que le nombre d'instructeurs et de policiers militaires massacrés. A Boulogne, les britanniques doivent faire face à une mutinerie des travailleurs expatriés considérés comme des bêtes. Le maréchal Douglas Haig fait exécuter 23 ouvriers égyptiens, puis plus tard, 9 ouvriers chinois, sans pour cela améliorer pour autant les conditions de travail exécrable de tous ces immigrés...

Installation de l'Armée US en Europe. En septembre, les ports où les navires vont débarquer les troupes et le matériel sont maintenant choisis. Au départ, seuls Saint-Nazaire et Brest sont sélectionnés, puis comme ils s'avèrent insuffisants, Cherbourg, Bordeaux, La Rochelle et finalement Boulogne seront aussi utilisés...

A Saint-Nazaire. Depuis le 26 juin à 7h00 avec l'accostage du paquebot US Tenadores transformé en transport de troupes, l'activité militaire n'a jamais cessé. Moins bien équipé que Brest pour les hommes, par leurs facilités de communications ferroviaires Saint-Nazaire, puis Bordeaux, sont les grands ports par où vont transiter quasiment tous les approvisionnements venant des États-Unis. En outre, le port de Saint-Nazaire devient le quartier général de la première armée US en France. Doté de deux bassins à flot et d’une gare ferroviaire, il permet un accès aisé à l'ensemble du territoire français...

Brest sera le principal port de débarquement des troupes (et, en 1919, de leur réembarquement). Début novembre 1917, une base militaire US numérotée°52, est créée. Le 12 novembre, les 3 premiers navires américains débarquent plus de 7 500 soldats. Dans les mois qui suivent, 3 compagnies de dockers d'un régiment US vont alors s'occuper des débarquements des navires. Des troupes du génie US agrandissent le port, construisent de nouveaux quais et jetées, des entrepôts, des voies ferrées. Des prisonniers allemands volontaires travaillent aussi sur le port, ils y trouvent de nombreux avantages comme une bien meilleure nourriture et peuvent faire des petits trafics en tout genre. Un nouveau camp, appelé Pontanezen, est créé à proximité de la ville. Il est capable d'accueillir 75 000 hommes et il possède même son propre journal, le Pontanezen Duckboard. Un état-major, des services téléphoniques, télégraphiques, la police militaire, un hôpital et même une prison US sont installés en ville. Un foyer YMCA (Young Men's Christian Association, mouvement de jeunesse chrétien) et un établissement de la Croix rouge US seront installés ultérieurement. Pendant deux ans, la population étasunienne dépassera la population locale. Sur les 2 millions de soldats US qui viendront en Europe, plus de 800 000 débarqueront par le seul port de Brest...

Si l'emplacement définitif des armées US sur le front a été choisi avec soin, puisque ce sera en Argonne et dans la haute vallée de la Meuse, il faut entre temps "loger" aussi les camps où doivent stationner et surtout s'entraîner les hommes avant leur mise en contact avec l'ennemi. Le plus grand est installé à Gièvres en Sologne, dans le Loir-et-Cher. A l'origine, c'est une vaste plaine sableuse de presque 5 kilomètres de large entre deux rivières, le Cher et la Sauldre, recouverte de champs de céréales, de vignes, de bosquets parsemés de marécages. Près du Cher, au milieu du village passe la ligne Paris-Orléans, une artère importante pour le trafic, tandis que le long de la Sauldre passe la route nationale qui rejoint Tours à Vierzon. Un canal navigable suit le cours du Cher et la ligne à voie étroite du Blanc-Argent traverse la plaine du nord vers le sud. Le lieu a été reconnu comme étant le meilleur, et le 16 août 1917 il est adopté et approuvé par le chef d’état-major. Ce projet conçu pour couvrir une surface de près de 20 kilomètres de long sur 10 de large sera une véritable base autonome. Il est divisé en 12 parcelles de campements, 213 entrepôts de stockage de tous ordres, 420 kilomètres de voies ferrées internes, une grande usine de réfrigération, une usine de fabrication de glace, un hôpital, un dépôt de remonte(1), un hôpital vétérinaire, une usine de torréfaction de café et un dépôt d’essence. De plus, des centaines de baraquements sont construits pour loger les troupes et les ouvriers civils. Sont aussi construitss des bâtiments auxiliaires comme un système d’approvisionnement en eau, des magasins, des rotondes et des parkings à motos. La construction débute en août avec le 15ème régiment du Génie US. Le 1er septembre, deux compagnies commencent à décharger des éléments de rails français et posent une ligne temporaire pour le déchargement des cargaisons à venir. Le 1er décembre, la première voie est posée en même temps que débute la construction des entrepôts. Les soldats du génie sont assistés de 200 hommes du service des réparations automobiles et de 500 ouvriers chinois. Peu après, arrivent aussi en renforts des travailleurs espagnols et portugais. De plus, des centaines de soldats sont aussi utilisés pour accomplir des travaux ne nécessitant aucune qualification particulière. Dès le 15 août, l'approvisionnement alimentaire commence à arriver. En plusieurs trains et 500 wagons sont livrées 4 000 tonnes de ravitaillement comprenant : 1 250 000 boîtes de tomates ; 450 000 kilos de sucre ; 270 000 kilos de corned-beef ; 337 500 kilos de purée en boîte et 67 500 kilos de haricots secs. A partir de décembre, sous le commandement du Colonel Charles Symonnds, 20 000 soldats réceptionnent puis reventilent les marchandises pour approvisionner les différents secteurs du front où commencent à stationner les soldats US...

De nombreux autres camps militaires US sont installés un peu partout en France, mais ils sont de bien moindre importance et souvent très spécialisés comme une école de chars à Bourg en Haute-Marne, une école de santé à Langres, etc...

Encore plus que son installation physique, le problème de l'instruction des soldats d'outre-Atlantique est une véritable source de conflits franco-US. En septembre 1917, le général John Pershing, commandant en chef du corps expéditionnaire US (AEF : American Expeditionary Force), organise son quartier général à Chaumont dans la Haute-Marne. Rapidement, une mission militaire française s’y installe, d’abord dirigée par le général Etienne Pelletier, vu son âge il est rapidement remplacé par le général Camille Ragueneau. Les stratèges français rêvent que les troupes US soient directement incorporées aux unités combattantes tricolores. Ils n'y voient que des avantages : jeunesse enthousiaste, rapidité de présence au front, ce qui donnerait un bon coup de moral aux Poilus, tous las d'une guerre sanglante qui dure depuis 3 ans. Au contraire, les stratèges US n'y voient que des inconvénients. Les Français sont jugés comme des défaitistes non pas des modèles. Pour eux, le génie innée des soldats US n'a pas besoin d'une longue instruction pour se matérialiser dans des offensives qui ne peuvent qu'être victorieuses. Dans la conception de la guerre vue des États-Unis, l’armée US doit être l’élément déterminant de la victoire et ne doit pas se contenter de boucher les trous alliés. Pershing a largement souligné qu’un soldat ne se bat bien que sous son propre drapeau. Logiquement, c’est à l’offensive que les soldats américains doivent se préparer ; non à la guerre de position, telle que les Français tentent de l’enseigner. Les thèmes de base des Sammies, qui ne s’appuient ni sur l’échec ni sur l’expérience, sont ceux que l’on a trouvés pendant longtemps chez les Français, avant la guerre : mobilité et initiative. Ils attachent une importance considérable au tir au fusil et à l’emploi de la baïonnette. Cette conception vient du fait puéril que les officiers US pensent réaliser rapidement une percée dans les lignes allemandes, et poursuivre l’exploitation de leur succès. Cela fait sourire plus d’un officier français. Ils doutent qu'une armée sous le commandement de Pershing, qui n'a pas réussi en 6 mois de chevauchée poussiéreuse au Mexique à capturer le célèbre bandit Pancho Villa, puisse donner des leçons de stratégie ou de tactique à quiconque. Quelques mois plus tard, Pétain parlera de "canaliser dans une bonne direction la tendance excellente en soi qui consiste à rechercher la lutte à découvert". Pour être on ne peut plus clair, les officiers US demandent à leurs instructeurs français de leur apprendre à lancer des grenades, régler leurs canons, maîtriser les chars, piloter un avion et mettre des masques à gaz, pour le reste ils se débrouilleront tout seuls. "Notre seule considération est de réduire au minimum la demande qui est la nôtre envers l’armée française" écrit un officier US. On ne saurait être plus clair. Tel est le leitmotiv qui va guider la politique des stratèges US dès la fin de l’été 1917. Au final, ce ne sont qu'au maximum 600 instructeurs qui enseigneront dans les écoles d'officiers US, qui se chargeront ensuite d'instruire leurs troupes. De plus, Pershing veut garder au plus près de lui les centres d'instruction de ses officiers. Sont choisies les villes de Blois, Montargis, Chaumont, Dijon, Châlons-sur-Saône et Bourges. Cela fait hurler les officiers français qui, en ces temps de disette de travailleurs, considèrent que cela va monopoliser une main d'œuvre très importante pour construire des camps qui n'existent pas, alors que de nombreuses casernes du centre et de l'ouest de la France sont libres de toute occupation. L’état-major US maintient ses exigences et les Français doivent s’incliner. Le commandant Beaugier écrit en décembre 1917 que "les officiers US se croient toujours plus à même de commander s’ils sont groupés. Aussitôt qu’ils ne peuvent pas se voir, ils se sentent perdus. (…) La difficulté de communication reste ce qui a poussé le QG US à grouper toutes ses écoles d’armée dans la région de Langres. Nous y sommes et nous y seront fort mal à tous les points de vue". En conséquence, l’influence des Français est quasi-inexistante dans l’instruction des troupes d'outre-Atlantique. Pershing met tout en œuvre pour faire mentir la phrase de Ragueneau, laquelle s’avéra fort juste à bien des égards "Sans la force militaire de la France, la puissance militaire des États-Unis, encore en voie de formation, d’organisation et de transport, sera dans l’impossibilité de se déployer". Durant toute cette phase, Pershing reste sur ses gardes, et craint la présence des instructeurs français. De plus, à différents stades, les instructeurs US pratiquent aussi une opposition latente, sinon vive, entravant l’action des officiers formateurs français...

Du côté de l'aviation, la situation n'est guère meilleure. Là aussi, un bon pilote US ne peut que voler sur un avion US, alors que ce dernier n'existe pas, même pas sur le papier. En désespoir de cause, une mission industrielle dirigée par le major Raynal Bolling est chargée de choisir le meilleur matériel possible. Mais les industriels US, qui n'ont quand même aucune expérience de la production d'avions en série, ne veulent pas construire sous licence, à la limite copier mais sans verser de royalties. Pire, les demandes US de démonstration vont pour les modèles les plus récents britanniques et italiens, mais ils se gardent bien de choisir les modèles français les plus compétitifs !!! Il faut des trésors de diplomatie aux officiers français pour faire comprendre aux officiers US que la moindre erreur se paiera cher et prolongera la guerre d'autant. Déjà, les deux avions pré-présélectionnés pour les bombardements, le britannique De Havilland pour les missions de jour et l'italien Caproni pour les missions de nuit, ne peuvent pas être construits avant juillet 1918 aux USA. Alors Bolling, qui ne peut accepter ces délais et malgré les consignes de ses supérieurs, finit par choisir en son âme et conscience le SPAD français pour les pilotes de chasse US. Le 30 août, un contrat est signé entre Daniel Vincent, sous-secrétaire d’État à l’Aéronautique et le général Pershing, il porte sur la fabrication de 2 000 avions de chasse SPAD et Nieuport, 1 500 appareils de bombardement et d’observation Breguet-14 et 8 500 moteurs. Les Étasuniens s’engagent à fournir les matières premières nécessaires à la réalisation de cette énorme commande industrielle, ils s'engagent aussi à fournir à la France 1 000 machines-outils, 10 000 mécaniciens et 10 000 ouvriers pour aider à la fabrication de tous ces avions...

Pour la France, ce succès commercial est d’une importance considérable. Il permet à un pays exsangue, épuisé par trois années de guerre, non seulement de bénéficier d’avantages financiers substantiels, mais aussi d’obtenir les moyens de faire tourner ses usines qui manquent de matières premières et d’outillage. L’accord de la fin du mois d’août accroît aussi de façon très conséquente le prestige national, par le biais d’une certaine excellence technique dont l’aéronautique est une bonne vitrine, ce qui fait dire à un industriel "L’adoption de nos avions, et par suite de nos constructeurs, est un succès incontestable pour les industries métallurgiques et mécaniques françaises. C'est aussi reconnaître implicitement la suprématie de nos ingénieurs et de nos constructeurs mécaniciens". Le même industriel s'empresse aussi d'ajouter en secret "cela empêche aussi les États-Unis de construire des avions et des moteurs, pour les cantonner dans la livraison de matières premières et la fourniture de pièces détachées"...

Le 4 septembre, Pershing nomme le commandant Paul Armengaud, un officier français, à la tête de l'aviation US. Elle dispose alors de trois antennes, dont deux plus ou moins opérationnelles, l'une à Valdahon dans le Doubs et l'autre à Amanty dans la Meuse. La troisième, installée à Coëtquidan dans le Morbihan, est plus spécialement chargée de former les pilotes...

En Grande-Bretagne. Le 2 septembre, s'ouvre à Blackpool, une ville côtière de l'ouest du pays le congrès des Trade-unions, la grande confédération des syndicats des travailleurs britanniques. A une forte majorité des délégués, le congrès s'oppose à l'envoi d'une délégation aux journées des socialistes pacifiques en Suède...

En Allemagne. Le 2 septembre, à Königsberg dans la Prusse orientale, lieu de couronnement des rois de Prusse, sous la présidence de l’amiral Alfred von Tirpitz et de Wolfgang Kapp(2), c'est la création du Deutsche Vaterlandspartei (Parti de la patrie allemande). Il regroupe les pangermanistes allemands les plus radicaux et prône une paix de victoire avec de vastes annexions. Même la date choisie n'est pas neutre puisque c'est celle de la reddition française à Sedan en 1870. A son apogée, après le 11 novembre 1918, ce parti comptera 1,25 million d'adhérents. Le 5, Le chancelier Georg Michaëlis reçoit la lettre du nonce Pacelli envoyée le 30 août et qui contient une copie de la réponse britannique faite au Vatican après l'appel à la paix de Benoît XV. Les Britanniques demandent "une déclaration précise" sur la pleine indépendance de la Belgique. Le 24, en réponse aux Britanniques et aux Français le gouvernement refuse de promettre la restauration de la pleine souveraineté belge.

Le 27, l'espionne française Louise de Bettignies, ancienne résidente de Lille, dont la condamnation à mort en mars 1916 avait été commuée en travaux forcés à perpétuité, meurt à Cologne des suites d'un abcès pleural mal soigné...

En Autriche-Hongrie. Le 29 septembre, le gouvernement se réunit d'urgence afin de décider de mesures susceptibles de mettre fin au conflit opposant des communautés locales et les réfugiés en Bohème. Depuis plusieurs mois, la pénurie alimentaire favorise les conflits intercommunautaires. De nombreuses personnes, soutenues par des autorités locales, n'acceptent plus que les réfugiés de l'Est restent, alors qu'une grande partie des territoires comme la Bucovine et la Galicie sont maintenant libérés des Russes. Mais les réfugiés ne veulent plus rentrer chez eux, dans un pays ravagé par la guerre où à l'approche de l'hiver la subsistance sera encore plus difficile qu'en Bohème. Souvent violents, ces conflits intra-ethniques vont durer tout l'hiver...

En Russie. Début septembre, le sulfureux et trouble personnage qu'est Boris Savinkov dit au ministre la Guerre le général Lavr Kornilov qu'une insurrection bolchevique va éclater à Petrograd à la fin du mois. Kornilov ordonne alors au général Alexandre Krymov de marcher sur Petrograd et d'en finir avec les Soviets. Les armées de Krymov sont essentiellement composées de cosaques du Don qui sont restés à l'écart de la conscientisation politique du pays. Ils se mettent en marche vers la capitale le 9 septembre. Trois autres régiments doivent aussi rejoindre la ville par le train. Dès qu'il apprend la nouvelle, le Président du Gouvernement provisoire, Alexandre Kerenski démet Kornilov de ses fonctions et l'accuse de vouloir renverser le gouvernement pour instaurer une dictature militaire. Tout à ses fausses informations, Kornilov pense à une ruse des bolchevicks qui selon lui détiendraient Kerenski comme prisonnier, contraint d'agir sous la pression. Il publie alors un appel solennel à tous les Russes pour "sauver leur terre en train de mourir". Malgré une tentative de Savinkov pour permettre aux deux hommes d'arrêter les frais, c'est trop tard, car les Soviets de Petrograd prennent rapidement la mesure de la menace qui s'avance vers eux. Les ouvriers creusent des tranchées, les cheminots font dérailler un train chargé de soldats et envoient les autres sur des voies de garage. Les bolchéviks se montrent les plus énergiques et, par la propagande, font basculer dans le camp révolutionnaire des régiments entiers de Cosaques du Don. De plus, peu confiant dans les généraux qui dirigent les troupes de la capitale, Kerenski accepte l'aide des gardes rouges bolcheviks. En trois jours, les Soviets de la ville mettent en déroute les assaillants sans même livrer de combats. Tout le monde avait bien en tête que la marche de Kornilov, si elle réussissait, écraserait la ville dans un bain de sang. Dans un appel au peuple, Lénine proclame "Aucun soutien à Kerenski, lutte contre Kornilov". Reprenant espoir, Kerenski ordonne alors au général Krymov de mettre fin à l'avance des Cosaques, et ce dernier obéit après s'être rendu compte que finalement la capitale n'était pas en rébellion contre le Gouvernement provisoire. La tentative de prise de pouvoir de Kornilov s'effondre. Lui, et près de 7 000 de ses partisans se rendent le 15 au général Mikhail Alekseïev qui les place en état d'arrestation. Ils sont rapidement envoyés à Bykhov en Biélorussie, sous la protection de la garde personnelle de Kerenski composée de guerriers turkmènes...

Le 14, Kerenski succède à Gueorgui Lvov à la tête du gouvernement provisoire, il proclame la République, se nomme chef des Armées, et forme un directoire de 4 membres qui se charge des affaires du pays en attendant la formation d'un nouveau gouvernement. Des mesures répressives sont immédiatement prises contre les manifestants et les bolcheviks. Le 17, c'est la proclamation de la République de Transcaucasie au sud de la Russie. Le 21, à la suite d'un différend avec Kerensky, le général Alexieieff, chef du grand état-major russe, donne sa démission. Le 22, Le général Alexandre Vorkhovsky devient commandant en chef des armées russes en remplacement. Le même jour, les bolcheviks prennent le contrôle du Soviet de Petrograd en imposant Léon Trotski à sa tête. Le 26, Vladimir Ilitch Lénine, qui est toujours en Finlande, appelle au soulèvement armé dans ses lettres adressées au Comité central...

Armée Tchèque. En septembre, la Brigade tchèque créée en juin 1917 est transformée en une Première division de fusiliers hussites. Puis elle est regroupée avec la Seconde division de fusiliers créée en juillet pour devenir le Corps tchécoslovaque de Russie (Československé vojsko na Rusi). Il totalise maintenant près de 40 000 hommes, ce qui est déjà un embryon d'armée nationale. Après appel chez les prisonniers austro-hongrois, ce corps d'armée va finir par compter jusqu'à 65 000 hommes qui seront utilisés sur le front roumain...

Au Portugal. Les apparitions de Fatima deviennent un véritable phénomène qui fait se déplacer de nombreuses personnes. Dès l'aube du 13 septembre, tous les chemins des environs de Fatima sont remplis de monde. Entre 25 000 et 30 000 pèlerins se dirigent au pré de la Cova da Iria, afin de participer à la vision des 3 enfants. Au milieu de la foule des pèlerins, il y a quelques prêtres et des séminaristes. La ferveur est palpable et gagne tout le monde. Les hommes se découvrent, les plus excités se jettent à terre pour prier. Les enfants prient à genoux près du pauvre chêne vandalisé le mois précédent. A midi, heure solaire, des témoins voient un fléchissement du soleil dans un ciel bleu sans nuage, d'autres ne voient rien. En symbole de sacrifice, les pastoureaux s'étaient mis une corde autour du cou, et comme elle les fait souffrir, la Dame leur dit de ne la porter que le jour, pas la nuit. Alors Lucie demande à la Dame de donner son nom et de faire quelque chose de concret pour qu'ils soient crédibles et écoutés. La Dame lui répond que cela sera fait le 13 octobre. L'évènement inquiète encore plus les autorités religieuses que civiles. Pour se faire une réelle idée, l'Église du Portugal envoie Manuel Nunes Formigão, un prêtre professeur au séminaire et au lycée de Santarém, pour recueillir le témoignage des enfants. Ce qu'il fera par deux fois avant le 13 octobre et il note que les enfants lui semblent d'une sincérité absolue...

En Grèce. Le 1er septembre, les anciens ministres des gouvernements précédents favorables à la monarchie sont  mis en accusation pour haute trahison...

En Suède. La coalition de gauche, libérale et socialiste, remporte les élections législatives. Mais le roi Gustave V, un monarque progressiste, nomme comme Premier ministre un libéral Nils Edén. Son premier geste est d'adresser ses regrets à l’Argentine pour l'affaire Luxburg, ainsi que de faire le ménage dans les ambassades d'Argentine et du Mexique trop pro-allemandes. C'est donc un gouvernement composé de libéraux et de sociaux-démocrates qui va diriger le pays pendant 3 ans. Avec l'arrivée de facto du parlementarisme, les pouvoirs du roi vont être peu à peu se réduire. A partir de 1975, avec l'adoption de nouveaux instruments de Gouvernement, la monarchie suédoise issue des Bernadotte français en est réduite à un simple rôle protocolaire sans pouvoirs politiques...

En Pologne Occupée. Le 13 septembre, c'est la création d’un Conseil de régence sous le contrôle de l’Allemagne...

En Pologne Libre. En réaction au Conseil de régence allemand, le 20 septembre, le Comité polonais installé à Paris, présidé par Roman Dmowski et Ignacy Paderewski, est reconnu officiellement comme le gouvernement de la Pologne libre par le gouvernement français. Le Royaume-Uni fera de même quelques semaines plus tard...

En Chine. En septembre, le Gouvernement déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie...

Au Japon. Le 6 septembre, se déroulent à Tokyo des entretiens anglo-japonais à propos de la Chine. Un accord entre ces deux pays sera signé deux mois plus tard, il définira les "intérêts réciproques" que ces pays comptent faire avaliser par la République chinoise...

Au Costa-Rica. Le 23 septembre, le Gouvernement rompt ses relations diplomatiques avec l'Allemagne...

A Haïti. Le 22 septembre, la République déclare la guerre à l'Allemagne...

En Argentine. Depuis avril, les relations entre l'Argentine et l'Allemagne s'enveniment après les attaques délibérées des U-Boote sur des navires argentins. Début septembre, le pays est très divisé. Une grande partie de son élite, d'origine d'Europe centrale est plus ou moins pro-allemande, une autre partie d'origine d'Europe de l'ouest et du sud est plus pro-alliés. Le reste de la population, très métissée entre les locaux et les espagnols, est très indifférente à une guerre qui se passe loin et n'affecte en rien la vie quotidienne. En 1917, l'Argentine n'a qu'un rival, le Brésil, son grand voisin du nord avec lequel les relations sont toujours très difficiles. Même au sein du gouvernement, entre le Président Hipólito Yrigoyen pro-allemand et son ministre des Affaires étrangères, Honorio Pueyrredón pro-alliés, les relations ne sont pas au beau fixe. Pour Yrigoyen, la neutralité de l'Argentine est un gage d'avenir qui ne peut que renforcer la situation économique du pays et favoriser son leadership sur les autres nations d'Amérique du sud. Il a bien conscience que les USA, après leur quasi annexion du centre de l'Amérique, sont en train de s'installer, du moins économiquement, dans de nombreux états sud-américains. Au début du mois, le secrétaire d'État US, Robert Lansing, laisse ses services de contre-espionnage publier des dépêches secrètes émises le 19 mai, puis les 3 et 19 juillet; par le chargé d'affaires allemand à Buenos Aires, le comte Karl von Luxburg à destination de Berlin. Dans ces télégrammes, qui transitent par l'ambassade de Suède, Luxburg se dit dans les meilleurs termes avec Yrigoyen, mais il traite Pueyrredón "d'anglophile et âne notoire". Il exige que l'on coule sans pitié tous les navires argentins qui commercent avec l'Europe, si possible "sans laisser de trace". Ce qui a motivé l'aristocrate à commettre de telles erreurs n'est pas connu, mais ces révélations amènent de nombreuses manifestations de rue et oblige le Gouvernement à prendre position. Les débats au Congrès sont vifs. Impressionnée par les manifestations, une large majorité vote pour la rupture des relations diplomatiques avec l'Allemagne. Le 21, Le Sénat argentin, par 25 voix contre 1, avalise la motion du parlement, concluant à la rupture avec l'Allemagne. Luxburg est déclaré 'persona non grata' et interné pour espionnage, puis il est expulsé non pas vers l'Allemagne, mais à Montevideo, car il a aussi la nationalité uruguayenne. Le 22, lors de son entrée dans le port de Buenos-Aires, une foule impressionnante se déplace pour acclamer le croiseur britannique Glasgow. Toutefois, l'Argentine n'a jamais déclaré la guerre à l'Allemagne durant la Grande-Guerre...

En Afrique du Sud. C'est la création du puissant groupe minier Anglo American par Ernest Oppenheimer. Ce consortium va finir par contrôler aussi le conglomérat diamantaire De Beers...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 9 septembre, s'éteint à Weybridge en Grande-Bretagne à l'âge de 36 ans Florence Madeleine Syers, dite Madge Syers. C'était une sportive naturelle et accomplie qui est devenue la première championne olympique de patinage artistique à l'âge de 27 ans. Elle reste encore aujourd'hui la seule championne olympique à avoir remporté des médailles en individuel et en couple. Le 18, c'est la naissance de François de Labouchère, à Saint-Jean-le-Vieux dans l'Ain. Aviateur et as français de la seconde guerre mondiale, il disparaît au-dessus de la Manche le 5 septembre 1942, son corps n'a jamais été retrouvé. Le 23, c'est la naissance dans la ville de Tulancingo au Mexique de Rodolfo Guzmán Huerta qui deviendra célèbre comme catcheur, acteur de cinéma et héros populaire sous le nom de El Santo avec un masque blanc sur le visage. Il s'éteindra à Mexico le 5 février 1984. Le 27, s'éteint à Paris à l'âge de 83 ans Edgar Degas. C'est probablement l'un des plus célèbres artistes français du XIXème siècle, tour à tour artiste peintre, graveur, sculpteur et photographe, naturaliste et impressionniste. Ses œuvres, qui se comptent par centaines, sont presque toutes célèbres mais il reste très attaché artistiquement, même maintenant, aux petits rats de l'opéra de Paris...

Prisonniers austro-hongrois dans un camp à Bologne en Italie

(1) "Un dépôt de remonte" est un établissement dont la tâche principale est de fournir des chevaux, mulets et ânes pour les unités militaires. Le premier a été créé en France à Caen le 25 mai 1818 et le corps de Remonte est créé le 11 avril 1831. Très présente pendant la Grande Guerre, l'utilisation des chevaux et des mulets ne cesse de décliner à partir de 1919 pour finir par disparaître dans son utilisation militaire. Seule la Russie conserve encore, plus ou moins secrètement, des unités de Cosaques capables d'entretenir une guérilla efficace dans l'immensité sibérienne...

(2) Wolfgang Kapp (1858-1922) est un magistrat et journaliste allemand qui sera l'auteur en 1920 d’une tentative de putsch monarchiste contre la République de Weimar. Exilé en Suède, il meurt d'un cancer avant son procès. Le Deutsche Vaterlandspartei (Parti de la patrie allemande) sera dissous en décembre 1918, la plupart de ses membres rejoindront le Parti national du peuple allemand (DNVP, conservateur).

(3) Malgré ces nombreuses nouveautés, le Zeppelin Staaken R.VI, n'est en rien un précurseur. Avec ses 48 mètres d'envergure, le prototype allemand Siemens-Schuckert R.VIII est plus grand que lui. Depuis plus d'un an l'avion russe Sikorsky Ilia Mouromets a inauguré le cockpit fermé et le système de moteur avec deux hélices est connu. Toutefois, tous les autres sont des prototypes, jamais construit en série. Ce qui ne sera pas le cas du Zeppelin Staaken R.VI qui sera construit à 18 exemplaires.

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de novembre 1917 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

A Clermont-Ferrand dans un atelier des usines Michelin

Atelier dans la manufacture de draps à Châteauroux dans l'Indre

Quelle folie la guerre !

Zone de Texte: Pour revenir à la page d'accueil de mon site de Barbentane, cliquez ici !!!
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Ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr

Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Escadrille britannique dans le nord de la France

Vue globale de l'acheminement et de l'installation de l'armée US en France

Pilotes britanniques dans un match de rugby sous l'œil curieux de pilotes français

Le député Georges Clémenceau en visite dans une tranchée à Verdun

Chevaux morts sur la route de Menin dans les Flandres

Auxiliaires féminines de l'armée britannique

Poste d'observation dans les Alpes italiennes

Fabrication de mélange pour les obus au gaz à Sorgues dans le Vaucluse

Le Kaiser Wilhem et le prince de Bavière à Riga sur la Baltique

Auxiliaires féminines de l'armée des États-Unis en formation aux USA

Yvan Globa, le meneur des mutins russes de la Courtine avant son transfert à l'île d'Aix

Soldats austro-hongrois dans la campagne roumaine

Muletier italien quelque part sur le front alpin

Mortier allemand de 170mm utilisé par les Français

Obusier italien sur le front de l'Isonzo

Nouveau canon français de 155mm court à tir courbe pour les tranchées

L'avion Salmsom 2A2 de Latécoère à Toulouse

Préparation de la laine pour confectionner des vêtements chauds à Orléans

Mulet dans une cage à ferrer chez les Britanniques

Construction d'une route en planche dans les Flandres

Blessés à l'hôpital militaire de Vichy

Britanniques dans la boue des Flandres

Prisonniers austro-hongrois sur le plateau de Bainsizza

Paquebot l'Élisabethville torpillé le 6 septembre au large de Belle-Île-en-Mer

Artilleurs britanniques à l'humour détonnant (Not on strike = pas en grève)

Le patrouilleur Henriette avec le sous-marin Astrée pour des essais de Sonar à Toulon

Parade de soldats germano-turcs à Gaza

Quelques pilotes franco-étasuniens de l'escadrille La Fayette