BARBENTANE

en Août 1917

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Sur le Front des Batailles.

En Belgique, dans les Flandres. Après le succès de la bataille de Messines en juin, le général britannique Douglas Haig poursuit sa stratégie de conquête pour atteindre la mer du Nord en lançant un assaut contre la crête de Passchendaele (ou Passendale), près d'Ypres. Il est pressé, car il sait que passé août, c'est le début des pluies automnales qui risquent de transformer le terrain en un immense bourbier. Comme à Messines, la bataille est préparée avec minutie. Son objectif principal est de déloger les Allemands de leurs positions sur la crête entre Westrozebeke et Broodseinde. La vitesse d'exécution doit être le facteur décisif, et de l'artillerie à l'infanterie, tout est calculé avec précision pour rendre l'assaut irrésistible. Cela fait plus d'un mois que l'aviation photographie puis guide les tirs d'artillerie qui doivent démolir les plus grosses fortifications. Depuis que la maîtrise du ciel est revenue aux Alliés, ces opérations de préparation se déroulent avec efficacité grâce au beau temps qu'il a fait en juillet. Grosso modo, 50 divisons britanniques et 15 divisions françaises doivent attaquer 80 divisions allemandes retranchées dans un système défensif très élaboré, soit plus d'un million d'hommes dans chaque camp. La Vème armée britannique du général Hubert Gough est au centre de l'attaque, la IIème armée britannique du général Herbert Plumer est au sud et la Ière armée française du général François Anthoine est au nord. Les chars ne participent pas à cette offensive, le terrain étant trop marécageux. De plus, après les hécatombes de juin, il faut du temps pour reconstruire d'autres chars et former les équipages qui les mènent...

L'offensive débute le 31 juillet à 3h30 sur 20 kilomètres de front par un épais brouillard qui ne facilite pas la progression britannique. Rapidement, on s'aperçoit que la percée est plus difficile et surtout plus lente que prévu. Toutefois, les Alliés remportent des succès. Au nord, l'armée française passe l'Yser sur vingt-neuf ponts jetés par le génie, s'empare de Steenstraate et de plusieurs lignes ennemies. Elle dépasse ses objectifs en enlevant Bixchote et le fameux cabaret Korteker. Au centre, les Britanniques s'enfoncent de trois kilomètres dans les lignes adverses et s'emparent de plusieurs villages organisés, entre autres celui de Saint-Julien. Cependant au sud-est, après la prise de la Basse-Ville et de Hollebeke, la poussée vers la route Ypres-Menin est bloquée. Car, déjouant les prévisions, une pluie violente et incessante débute le 2 août, ralentissant considérablement les mouvements, et les assaillants sont obligés de barboter dans des marécages que les obus ne cessent de rendre spongieux. Pendant deux semaines, la pluie ne va pas cesser, ce qui permet aux Allemands de prendre la mesure de l'attaque et de se réorganiser en conséquence. Les prévisions météo annoncent une accalmie vers le 15. Alors Haig ordonne pour le 16 une nouvelle offensive au centre et au nord. Comme prévu, le 16, l'armée de Grough s'élance une nouvelle fois et prend rapidement Langemark. En soutien, les Français franchissent le Steenbeck et prennent la tête de pont de Drie-Gratchen. Mais, dès le 18, tout s'arrête. Les pertes sont aussi importantes pour les troupes britanniques que celles qu'ont subi les Français au Chemin des Dames. Du coup, aux mêmes évènements ce sont les mêmes conséquences. Le moral des Tommies s'effondre et même s'ils sont plus disciplinés que les Français, les soldats de sa Gracieuse Majesté commencent eux aussi à renâcler pour exécuter des ordres absurdes ne pouvant que conduire à la mort. Le 17, dans une furieuse contre-attaque, les troupes allemandes délogent les Britanniques de la ville de Langemark, mais elles ne peuvent pousser plus loin...

La Bataille de la Colline 70. Depuis 1914, la ville française de Lens dans le Pas-de-Calais, est aux mains des Allemands. La ville est dans un creux, entourée de deux collines qui la dominent et en contrôlent l'accès. La Colline 70 (70 mètres d'altitude) est au nord, et la colline de Sallaumines au sud-est. La Colline 70, ou cote 70 pour les militaires, est une étendue sans arbres qui, en septembre 1915, avait déjà été attaquée par les Britanniques lors de la bataille de Loos, mais les Allemand l'avaient reprise juste après...

Le général Henry Horne, qui commande la première armée britannique, ordonne la capture de la ville de Lens pour la fin du mois d'août. L'opération a vise surtout à retenir un maximum d'unités allemandes pour les empêcher de renforcer le secteur d'Ypres à 60 kilomètres au nord où doit se dérouler en simultané la bataille de Passchendaele. Le général Arthur Currie, qui commande les deux corps canadiens prévus pour le combat, fait remarquer que prendre la ville sans les collines est une opération vouée à l'échec. Au contraire, tenir les collines, c'est tenir la ville. Horne se laisse convaincre. Le mauvais temps contrarie l'attaque initialement prévue le 1er août, 70 000 hommes, autant de Britanniques que de Canadiens, sont prévus pour tenter de déloger les 50 000 Allemands du général Otto von Below retranchés dans les abris bétonnés. Pour masquer l'objectif principal, deux attaques secondaires sont prévues, une au sud de Lens, sur le canal de La Bassée et l'autre au nord de la ville à Loos-en-Gohelle. La veille de l'assaut, les Britanniques neutralisent près de la moitié des batteries allemandes du secteur en tirant 3 500 barils de gaz et 900 obus au gaz. Le 15 à 4h25, derrière un épais rideau de fumée pour masquer leur approche, les Canadiens prennent en 20 minutes la presque totalité de la Colline 70 et s'installent pour repousser les contre-attaques allemandes. Entre 7h00 et 9h00, les Allemands se ruent sur les assaillants mais ils sont facilement contenus grâce à des observateurs d'artillerie intégrés aux vagues d'assaut et qui guident avec précision les tirs de neutralisation. Les attaques de diversion sur Lens se révèlent plus coûteuses qu'utiles, on les stoppe rapidement. Au cours des trois jours suivants, les Allemands n'exécutent pas moins de 21 contre-attaques contre les positions canadiennes. Toutes échouent sauf une qui parvient à reprendre la tranchée Chicorée, pour en repartir rapidement. Les Allemands réagissent en noyant la colline sous des obus au gaz pendant 10 jours. Plus de 20 000 obus à croix jaune contenant de l'ypérite sont tirés ainsi qu'un grand nombre d'obus au phosgène. Le 25, la bataille essentielle s'arrête, mais les coups de main restent très nombreux pour tenter de déloger les Canadiens. L'armée britannique perd 9 200 hommes (morts, blessés et disparus) dans cette bataille, dont beaucoup sont victimes des gaz. Pour l'armée allemande c'est une véritable défaite avec plus 25 000 tués, blessés ou portés disparus...

En France, au Nord de Verdun. Commencé en juin par une attaque allemande, le dégagement des deux rives de la Meuse au nord de Verdun va se poursuivre tout le mois. L'état-major français ne peut plus se permettre d'attaque inutile et le généralissime Philippe Pétain, tout provisoire qu'il est, le sait mieux que quiconque, puisque c'est lui qui a donné les ordres en conséquence. L'offensive de juillet s'est soldée par un score nul. Les Allemands ont repris rapidement les quelques centaines de mètres péniblement conquis par les Français. Il n'est maintenant plus question que cela se reproduise, alors les stratèges français copiant les méthodes qui réussissent aux Britanniques, vont méticuleusement s'y employer. Peu importe le temps que cela prendra, il est absolument impératif que la victoire soit au bout et avec le moindre coût humain, sinon c'est le moral tout entier de la nation qui pourrait en être ébranlé, et ça tout le monde le sait...

Pour ce faire, il n'y a pas beaucoup de solutions. La seule est une intense préparation d'artillerie coordonnée avec les moyens aériens pour détruire chaque mètre carré du système défensif ennemi. C'est possible, la suprématie aérienne des Alliés le permet et, si au début de la guerre, l'artillerie française était à la traîne, il n'en est plus de même en cet été 1917. Mieux, en artillerie de campagne, les Français surclassent maintenant les Allemands. La ligne du front s'étend d'Avocourt à l'ouest jusqu'à Bezonvaux à l'est. Elle passe par la cote 304, le Mort-Homme, Cumières, la Meuse, Champ, Louvemont jusqu'au bois de Caurières, soit près de 45 kilomètres avec les sinuosités des tranchées. Les reconnaissances aériennes se multiplient durant la phase préparatoire. Du 1er au 15 août, 850 photos sont prises, et entre le 16 et le 20, plus de 1 000 autres. Grâce à un nouveau procédé de développement plus rapide et moins coûteux, les clichés arrivent très vite aux positions d'artillerie qui s'emploient à tout démolir, mètre carré par mètre carré. Les travaux d’aménagement et d’organisation se poursuivent dans chaque secteur, les sapeurs du génie avec des bataillons de territoriaux installent plus de 20 000 couchettes protégées pour éviter aux troupes des marches d'approche pénibles et dangereuses le jour de l'assaut. Comme un an auparavant pour la prise des forts de l'est de Verdun, les sapeurs créent des routes et élargissent à 6 mètres les voies existantes pour le transport des munitions et du matériel. Tout le monde a encore en mémoire le manque d'eau de l'année précédente, alors on dispose 800 cuves en ciment, de 100 litres chacune, avant le 7 août. Le cheminement des troupes pour l'assaut et pour alimenter la progression des attaques est étudié avec soin. Pas question que les colonnes s'enchevêtrent et que l'avance puisse être ralentie par des étranglements de communication. Il en est de même pour le ravitaillement des soldats, on a enfin compris que, débarrassé de tout l'inutile un fantassin était plus efficace, mais cela veut dire aussi qu'il faut sans cesse lui amener rapidement ce dont il a besoin ou remplacer ce qu'il a utilisé. Jamais les artilleurs français n'ont autant été dotés en matériel. A titre d'exemple, pour le seul 16ème corps, il a à sa disposition 48 canons de tranchées, 248 pièces de 75, 116 canons de 155 courts, 48 mortiers de 220, 54 canons longs de 95 à 120, 84 canons longs de 155 et 12 gros mortiers de 270 et 280. Cela fait plus de 100 canons au kilomètre. Et les 4 corps d'armée prévus pour l'attaque sont tous aussi richement pourvus. Dès le 11, les artilleurs se mettent à l'ouvrage. Chaque jour ils reçoivent les dernières photos de leur secteur pour avoir une idée du travail fait et de celui encore à faire. Parallèlement, s’exécutent des tirs de harcèlement et d’isolement sur les arrières pour séparer les premières lignes du front de ses approvisionnements et contrarier les réparations que l'ennemi peut entreprendre. A ce travail classique d’artillerie s'ajoute pour la première fois l'emploi de mitrailleuses pour rendre les premières tranchées adverses invivables. Pendant les nuits avant l'assaut, toutes les mitrailleuses ne cessent de tirer sur les points sensibles, comme les casemates ou les abris bétonnés, cela déroute les occupants qui pensent à un assaut imminent mais il ne vient jamais. Cela brise les nerfs et rend précaire l’exercice du commandement. Hélas, comme en Belgique, la météo n'est pas de la partie et pendant près de 5 jours les opérations aériennes et terrestres sont considérablement ralenties. A partir du 16, le beau temps revient, les artilleurs redoublent d'efficacité, les aviateurs aussi, ajoutant dans la journée le mitraillage systématique des tranchées. L'enfer de Verdun a changé de camp...

L'attaque est prévue le 20, grosso modo 200 000 Français, toutes armes confondues, sont prêts pour la bataille contre moins de 150 000 Allemands mais retranchés dans un vaste système défensif qui surplombe les troupes françaises...

Dans la nuit du 19 au 20, toutes les batteries françaises, celles de tranchées comme celles plus à l'arrière, se déchaînent. Les troupes d'assaut prennent position pendant que les Allemands réagissent avec des obus au gaz. Du coup, tout le champ de bataille est recouvert d'un nuage toxique épais dans lequel les hommes progressent parfois à tâtons. A 4h40 l'assaut est donné, il est irrésistible, sur la rive gauche comme sur la rive droite, les objectifs sont souvent dépassés. A gauche de la Meuse, les Poilus progressent au nord du ruisseau de Forges, encerclent la cote 304 et enlèvent la cote 24. Les Poilus reprennent les hauteurs du Mort-Homme et du bois des Corbeaux. Les tunnels Bismarck et du Kronprinz sont occupés, ainsi que le tunnel Gallwitz. Ils enlèvent le bois des Corbeaux, les ruines de Cumières et la Cote de l'Oie. A droite de la Meuse, une pointe s'engage entre Vacherauville et Louvemont. Les Poilus prennent les ouvrages du Talou, les ruines de Samogneux, d'autres occupent les cotes 326 et 344. Malgré des contre-attaques et les tirs de barrage de l'artillerie allemande du Bois des Caures, les assaillants se maintiennent au Bois des Fosses qu'ils viennent d'enlever. En 3 jours, la progression est spectaculaire. Au centre de l'assaut, sur la Meuse même, le front a reculé de près de 5 kilomètres. Tous les généraux français, du plus important comme Alphonse Guillaumat aux plus subalternes comme Henri Linder, Charles Corvisart, Jean-Marie Degoutte, Élie de Riols de Fonclare et Fénelon Passaga, enhardis par les victoires, veulent poursuive les attaques, mais Pétain l'interdit. Lui, et le général Émile Fayolle qui commande le secteur, ne veulent pas d'une guerre d'usure. Pour consolider des positions françaises assez faibles dans certains secteurs, des actions locales vont se dérouler jusqu'au 18 septembre. A cette date, les Français sont presque revenus aux limites du front du 21 février 1916. La bataille de Verdun est totalement finie et gagnée...

Cette deuxième bataille de Verdun demeure un des symboles les plus achevés des attaques locales à objectifs limités. Toute proportion gardée, elle est peu chère en vies humaines(5) et rapporte 10 000 prisonniers, mais elle atteint un coût financier vertigineux. Les détracteurs de Pétain objectent qu’une pareille stratégie amènerait à court terme la ruine du pays, puisqu'en seulement 7 jours cette seule attaque a absorbé 120 000 tonnes de projectiles couvrant de 6 tonnes d’acier chaque mètre carré du front, pour un prix de 700 millions de francs de l’époque ! Dans sa note du 27, le général Fayolle signale que 4,5 millions d'obus ont été utilisés en une seule semaine. A titre de comparaison, il rappelle que ce chiffre représente la moitié du stock prévu en 1914 pour toute la durée d'une éventuelle guerre. Mais c'est aussi une grande victoire française, tout le monde le reconnaît. "Verdun demeure le suprême exemple du génie de la guerre française” écrit alors un grand journal britannique et même David Lloyd George, pourtant très peu enclin aux applaudissements, proclame dans un discours au ministère français de la Guerre "La défense de Verdun restera un sujet d’étonnement et d’orgueil jusqu’à ce que la terre se refroidisse"...

 

Sur les autres parties du Front Franco-Belge. Comme toujours les duels d'artillerie ne cessent pas, les coups de main sur les tranchées de premières lignes non plus. Mais rien qui puisse inquiéter les états-majors des belligérants. Durant tout le mois, Reims est régulièrement et sauvagement bombardée par l'artillerie allemande...

 

Dans la Guerre Aérienne. A l'origine, le croiseur britannique Furious est conçu pour accueillir 4 hydravions et 4 avions de reconnaissance, mais la guerre change vite la donne. Il est rapidement transformé avec l'arasement de toutes ses superstructures pour permettre la construction d'un pont continu de 90 mètres où l'on installe une, puis deux pistes pour aéroplanes. On garde toutefois un îlot central pour avoir de la visibilité et y accoler la cheminée. Cela en fait le premier porte-avion digne de ce nom(6). Depuis sa mise en service le 26 juin, les essais se déroulent avec beaucoup de fébrilité dans la baie de Scapa Flow au nord de l'Écosse. Le 2 août, alors qu'il navigue à vitesse étudiée, pour la première fois, un avion décolle de son premier pont et revient y atterrir. C'est le commandant d’escadron britannique Edwin Harris Dunning, qui vient de réaliser cet exploit avec un avion Sopwith Pup à peine adapté. Ce pilote se noie 5 jours après en tentant un nouvel appontage lorsqu'un pneu éclate et précipite son avion à la mer...

Sur le reste du front la guerre continue de façon "ordinaire" si l'on peut dire. Les Alliés ne cessent de bombarder les arrières allemands qui répliquent en lançant des raids sur Londres. Celui du 13 fait 30 morts chez les civils pour des dégâts minimes. Le 23, 11 dirigeables se dirigent vers la capitale britannique, ils occasionnent peu de dégâts mais font encore de nombreux morts parmi les civils. Sur le chemin de retour, ils sont attaqués par la chasse britannique qui abat 5 zeppelins, ce sera le dernier raid de jour de ces grands aéronefs sur les villes britanniques. A noter que la suprématie aérienne des Alliés leur permet de maintenir en l'air sans trop de risque les ballons captifs très efficaces en ce qui concerne le réglage des tirs d'artillerie lors des grandes attaques du mois. Ils se révèlent très performants pour gêner toutes les contre-attaques allemandes en décimant les troupes pendant qu'elles se concentrent pour effectuer une contre-attaque...

Le 28, les pilotes allemands Werner Voss et Manfred von Richthofen se mettent aux commandes du nouvel avion Fokker Dr-1 sur le terrain de Marcke en Belgique. C'est un tout nouveau triplan tôlé entièrement peint en rouge dont les ailes sont reliées entre-elles par des tubulures au lieu des nombreux câbles habituels. Malgré sa nouvelle motorisation, son aile haute ralentit considérablement sa vitesse et il est surclassé par les avions alliés nouvellement en l'air. Comme toujours, il a des avantages : il vire très court et réagit rapidement aux sollicitations du pilote, mais aussi des inconvénients, le pire restant sa lenteur. Comme tous les avions construits à cette époque, il demande des pilotes expérimentés, qui seuls peuvent dompter ces engins bourrés de défauts(7). Von Richthofen et Hermann Göring feront des miracles avec, mais les lieutenants Heinrich Gontermann et Günther Pastor ne pourront les dompter et se tueront en tentant de les maîtriser...

 

Dans la Guerre Maritime. La guerre sous-marine à outrance décidée en janvier, et qui devait en 6 mois rendre impossible la poursuite de la guerre par les Alliés, se révèle un formidable échec. Commencée en fanfare, elle a atteint son point culminant en avril avec 516 navires coulés ou endommagés. Depuis, elle ne cesse de décroître pour revenir à ses "performances" de la fin de l'année 1916, avant sa mise en œuvre. En août, "seulement" 242 navires sont touchés, 221 sont coulés, les autres endommagés. Dans le détail des navires touchés, 123 sont britanniques, 29 français, 28 italiens, 19 norvégiens, 10 danois, 7 grecs, 5 portugais, 5 russes, 4 espagnols, 4 états-uniens, 3 suédois, 2 canadiens, 1 belge, 1 japonais et 1 turc. Encore plus que les bateaux, le tonnage détruit tombe lui aussi à sa valeur d'avant le début de l'année. Malgré sa mise en œuvre tardive, la navigation en convois est vraiment la réponse adaptée à la guerre sous-marine à outrance. La seule conséquence de cette stratégie, c'est que les Empires centraux se sont mis presque toutes les nations maritimes à dos, même celles alors peu concernées par le conflit en cours...

Près des côtes, les mines sont beaucoup plus meurtrières que les torpilles des U-Boote. D'ailleurs, les Allemands ne cessent de perfectionner les sous-marins spécialisés de type UC dans ces missions qui ne coûtent presque rien. Si les mines sont aveugles, elles ne risquent guère d'atteindre les navires allemands qui ne s'aventurent plus, ou presque, sur les mers européennes à part quelques raids sur la Manche ou dans la mer Baltique...

En août, le ministre de la Marine française, Charles Chaumet, nomme les "Délégués des routes" dans tous les ports méditerranéens qui ont une présence de navires alliés. Ils ont pour mission de se tenir en liaison avec les autorités navales et commerciales pour former les convois, assurer leurs escortes, prévenir les convois intéressés dès qu'un sous-marin est repéré et, au besoin, dérouter les navires à la mer. Le 27, s'installe à Malte une "Délégation générale interalliée des routes". Elle est sous la tutelle du Commandant en chef des forces britanniques en Méditerranée, le vice-amiral Somerset Gough-Calthorpe, secondé par le contre-amiral français Louis Fatou. Elle comprend aussi le capitaine-de-vaisseau italien Como, le contre-amiral japonais Kōzō Satō, le contre-amiral étasunien Bullard et le contre-amiral britannique Fergusson. Elle reprend, en les internationalisant, les mêmes missions que celles dévolues par le ministre de la Marine française à ses Délégués des routes...

Après avoir coulé plusieurs cargos alliés dans l’Atlantique et capturé une dizaine de navires marchands, le voilier pirate allemand Seeadler (Aigle des mers) tente de rejoindre son collègue Wolf (loup), qui lui, écume les mers entre le Moyen-Orient et la péninsule indienne. Pour se ravitailler et permettre à l'équipage de reprendre des forces, son commandant le comte Félix von Luckner, fait jeter l'ancre le 29 juillet dans le lagon de l'île de Mopelia à l'ouest de la Polynésie française. C'est un atoll typique, avec une ceinture de corail et son centre abrité, quasi désert mais avec de l'eau douce. Le 2 août une vague scélérate emporte le superbe trois-mâts qui se brise sur les récifs coralliens sans faire de victimes. Irrécupérable, il est aussitôt dépouillé de ce qui peut l'être et son commandant fait mettre le feu à l'épave. Luckner, son équipage et ses prisonniers installent alors un camp de fortune mais pas résigné pour autant le comte grée un canot à moteur de 6 mètres avec une voile et part vers les îles Fidji avec cinq hommes. Ils ont le projet de capturer un autre navire, venir récupérer les hommes laissés sur l'île et continuer la guerre. Arrivés épuisés aux îles Fidji, ils sont capturés et transférés comme prisonniers en Nouvelle-Zélande...

Le 1er, le superbe voilier français Alexandre encalminé par manque de vent est abordé par l'U-155 qui somme l'équipage de quitter le navire. Il sera coulé peu après et les rescapés, tous saufs, mettront 5 jours à la rame et à la voile pour rejoindre les îles Canaries. Le 2, le cargo vapeur français Libia est torpillé par l'U-61 au large de Penmarch à la pointe sud de la Bretagne, 24 marins sont portés disparus. Le 5, le cargo français Sauternes est coulé à la torpille par l'U-61 au large du cap ferret dans le golfe de Gascogne, 2 marins sont portés disparus. Le 12, le sous-marin allemand U-44 disparaît au large de la Norvège, ses 44 servants sont portés disparus. Le 13, le trois-mâts barque français Emilie-Galline est torpillé dans la Manche par l'UC-79, un marin est porté disparu. Le 17, le chalutier armé français Espérance saute sur une mine au large du Tréport dans la Manche, 5 marins sont tués. Le même jour, le pétrolier français Meuse II est coulé à la torpille par l'UC-72 au large de l'île d'Ouessant, 3 marins sont portés disparus. Le 18 à 22h00, le cargo français Le Dunkerquois qui fait route vers Dunkerque heurte une mine au large de l'île de Batz dans la Manche. Le navire coule en 25 secondes, et sur les 30 hommes de son équipage, seuls 15 sont repêchés par le vapeur Phénix qui l'escortait. Le 19, le cargo français Général-du-Temple saute sur une mine au large de Cherbourg, 7 marins sont portés disparus. Le 20, le sous-marin allemand poseur de mines UC-72 disparaît dans l'Atlantique très au large d'Ouessant après avoir coulé sans faire de victimes la barge réfrigérée RB 6, ses 33 marins sont portés disparus. Le lendemain, le sous-marin allemand poseur de mines UC-41 est obligé de faire surface dans la mer du Nord au large de l'Écosse après une explosion interne. Repéré par des chalutiers britanniques armés, il est aussitôt attaqué au canon. Touché plusieurs fois il coule avec 27 marins et 7 prisonniers britanniques, 6 marins sont repêchés. Le 21 encore, le destroyer russe Stroiny s'échoue dans le golfe de Riga en mer Baltique en mouillant des mines. Il est aussitôt bombardé et finalement détruit par des hydravions allemands. Le 22, le Golo II, un ancien paquebot-vapeur français transformé en croiseur auxiliaire qui transporte 257 personnes, militaires et équipage compris, est torpillé par l'UC-22 au large de l'île de Corfou. Il sombre en 3 minutes, 42 personnes sont portées disparues. Le 20, le vapeur français Parana quitte Bizerte pour Salonique avec son équipage, 252 soldats français, 540 soldats serbes, quelques autres passagers civils, 43 chevaux et mulets et 1 862 tonnes de matériaux divers. Il est en convoi avec les paquebots Médié et Pampa, ils sont escortés par les torpilleurs Pistolet et Sagaie. Puis, après l'escale de Milo le 23 août, ils sont escortés par le Sagaie, le Fanfare et le Poignard. A 1h10, dans le canal de Doro au sud de l'île d'Eubée, le Parana est torpillé par l'UC-74 au niveau de sa deuxième cale. Aussitôt c'est la panique à bord, les soldats serbes se ruent sur les canots de sauvetage avant même qu'ils puissent être prêts pour leur mise à l'eau, d'autres se jettent directement à la mer. Les soldats français, dont beaucoup sont des sénégalais, sont ramenés rapidement au calme par des officiers énergiques, mais les officiers serbes sont loin d'en faire autant. On voit même un serbe arracher la ceinture de sauvetage d'un mousse et le jeter à l'eau. A 1h30, une seconde torpille frappe le navire sur bâbord, elle arrache le gouvernail et avarie l’hélice, ce qui oblige le commandant à ordonner l'évacuation du navire qui ne peut plus regagner l'île d'Eubée par ses propres moyens. Finalement, les membres d'équipage parviennent à refaire fonctionner l'électricité et l'évacuation peut se poursuivre dans un calme relatif. Le navire mettra plus de 26 heures pour couler, mais le mauvais temps empêche les navires venus à son secours de le remorquer vers Eubée. Les rescapés sont recueillis par les torpilleurs, puis conduits à Salonique par le Médié et le Pampa ainsi que par le vapeur britannique Kolne qui navigue dans les parages. Les membres d'équipage rejoindront Marseille avec le retour du Pampa en France. Au total, 150 personnes sont portées disparues, dont 7 membres d'équipage. De nombreux soldats sénégalais ont été tués sur le coup par la première torpille. Le 30, le paquebot français Natal quitte Marseille pour Madagascar tous feux éteints pour échapper aux sous-marins qui rodent pas loin. A 20h30 il est heurté par le cargo français Malgache qui lui, tous feux allumés, rentre au port. Le Natal, pourtant 3 fois plus gros que son 'agresseur', coule en 10 minutes. Sur les 503 personnes à bord, on déplore la perte de 67 passagers et 32 membres d'équipage dont le capitaine. Le 31, le sous-marin allemand U-50 disparaît en mer du Nord après avoir quitté son port d'attache probablement victime d'une mine, ses 44 servants sont portés disparus...

 

Sur le Front Italien. Le généralissime italien Luigi Cardona n'a pas le choix. Soit il essaye de percer dans le Trentin, mais à part conquérir des montagnes, il ne pourrait obtenir d'autres butins. Soit, il finit par percer sur l'Isonzo et, enfin, il peut espérer prendre le port de Triestre que le pays réclame depuis des années. Après une 10ème tentative sans beaucoup de résultats, il va tenter une 11ème fois de percer le front au même endroit. Mais là, le gros de l'attaque n'aura pas lieu au sud de Gorizia où les Austro-Hongrois l'attendent l'arme au pied, mais plus au nord, sur le plateau de Bainsizza moins bien défendu. L'attaque sera menée par deux armées italiennes, soit près de 600 000 hommes qui devront déloger 250 000 austro-hongrois sous le commandement du général Svetozar Borojević von Bojna, 61 ans et d'origine Croate. Depuis deux ans qu'ils subissent des attaques, ils sont admirablement bien retranchés dans des fortifications adaptées aux conditions locales. La 2ème armée italienne est commandée par le général de 57 ans, Luigi Capello, un soldat capable, et la 3ème armée est sous les ordres d'un général plus jeune, à peine 48 ans, Emmanuel-Philibert de Savoie qui porte le titre de duc d'Aoste. Les Italiens alignent 5 200 pièces d'artillerie contre les 2 200 pièces austro-hongroises...

En prélude à l'attaque, un bombardement aérien effectué par les Italiens détruit une grande partie de l'arsenal austro-hongrois de Pola situé à l'extrême sud de la presqu'île d'Istrie sur la mer Adriatique. Après 3 jours de préparation d'artillerie, les Italiens se lancent à l'assaut le 18 août. Ils franchissent la rivière Isonzo à plusieurs endroits et poursuivent l’effort principal sur le plateau de Bainsizza. Les objectifs essentiels sont la prise des bastions montagneux, jusque là inexpugnables, que sont les monts San Gabriele (646 m) et Hermada (323 m). Après des combats acharnés et meurtriers, les troupes de Capello prennent les monts Monte-Santo (682 m), Vodice (652 m), Kobilek (627 m), Jelen (788 m) et le plateau de Levpa. D'autres bastions de moindre hauteur sont enlevés aux austro-hongrois par les troupes du duc d'Aoste : Log, Hoje, Zagorje, ainsi que les approches du mont San-Gabriele. A la fin du mois, malgré une sérieuse percée de 10 kilomètres de profondeur sur 13 kilomètres de front, les Italiens n'ont toujours pas pris les deux gros bastions que sont les monts San-Gabriele et Hermada...

Tout vaillants qu'ils soient, les soldats Austro-Hongrois sont au bord de la rupture, et dans un effort suprême, les Italiens auraient pu enfin percer. Mais les conditions de la bataille changent. Après les graves émeutes de Turin, les désertions italiennes se multiplient. Le ravitaillement commence à manquer, les soldats sont fatigués. Il devient difficile de poursuivre la guerre quand l'arrière se délite ou se révolte...

Sur les Fronts Russe et Roumain. Le 6 août, les forces germano-austro-hongroises placées sous le commandement du maréchal allemand August von Mackensen, attaquent avec une violence croissante les positions roumaines entre Focsani et le Sereth. Les forces roumaines, par suite de la défection de quelques régiments russes, reculent pas à pas, mais les pertes allemandes sont très élevées. Au centre de la percée, le camp retranché de Mărășești est violemment bombardé. Il va devenir le Verdun roumain. Du 17 août au 8 septembre, les assaillants vont perdre des milliers d'hommes en essayant de conquérir, mais en vain, la place forte...

Légèrement plus au nord, les troupes allemandes entrent sans beaucoup de résistance en Bessarabie, pendant que les forces austro-hongroises pénètrent dans Tchernivtsi, une ville ukrainienne à la frontière roumaine, ancienne capitale de la Bukovine. Les Russes craignent par-dessus tout que les forces des Empires centraux se jettent dans les plaines fertiles d'Ukraine avant les moissons, ce qui priverait le pays de sa principale ressource en blé, et provoquerait inévitablement une famine. Alors, on procède hâtivement à la moisson en essayant de la protéger,  car l'ennemi fait de gros efforts pour essayer de s'en emparer avant qu'elle ne soit mise en sécurité dans l'immensité russe...

Dans les Balkans. Conformément aux ordres qu'il reçoit, Maurice Sarrail ne lance aucune opération d'envergure sur le front. De toute façon, une partie des forces expéditionnaires est sur le flanc pour cause de maladies. De temps en temps, quelques canons brisent le silence et des coups de main à l'initiative des Bulgares sont notés ici et là. Par contre, l'aviation britannique mène de nombreux raids sur les campements ennemis comme à Demir-Hissar, Velès, Resna. Dans un raid heureux, elle bombarde et incendie des hangars ennemis dans la région de Drama. En réplique, les Bulgares incendient une partie de la ville de Monastir en Macédoine le 17 août...

En Afrique de l'Est. Grosso modo, les troupes du général allemand, Paul von Lettow-Vorbeck, sont maintenant confinées dans le sud du pays. Au nord, les troupes congo-belges du lieutenant-colonel Armand Huyghé occupent les villes de Dodona et Kilosa. A l'est, ce sont les troupes noires du King's African Rifles commandées par le brigadier-général britannique Henry de Courcy O'Grady, à l'ouest ce sont les troupes sud-africaines du général Edward Northey. Au sud, dans le Mozambique-Portugais, ce sont des troupes noires sous les ordres du major João Teixeira Pinto...

Lettow-Vorbeck n'a pas d'autre ambition que de faire durer le conflit. Ses maigres troupes, même si elles combattent toujours vaillamment, ne peuvent en aucun cas remporter une grande victoire, encore moins reconquérir le pays. Il se borne alors à des reculs successifs vers la frontière du Mozambique-portugais, il considère à juste titre que c'est la seule possibilité de fuir car les troupes du major Pinto lui sont grandement inférieures en valeur guerrière...

A partir du 31 juillet, le rouleau compresseur des troupes alliées se met en branle et se dirige vers la ville de Mahenge, dernier quartier général de Lettow-Vorbeck. Le 21, les soldats belgo-congolais partis de Kilosa passent la rivière Ruaha et chassent devant-eux l'arrière garde allemande. Puis, après avoir franchi la rivière Sanga, ils libèrent des prisonniers britanniques à peine mieux traités que les Indiens par les Turcs. Le 28, les troupes parties de Kilosa rejoignent celles parties de Dodoma dans la ville d'Ifaraka. Pendant ce temps, les troupes sud-africaines et les King's African Rifles se contentent d'empêcher les soldats allemands de fuir vers la côte ou la Rhodésie...

Au Moyen-Orient. L'ensemble de la péninsule est écrasé de chaleur, ce qui neutralise toutes les opérations militaires notables…

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho d'Octobre qui donne des nouvelles d'août. Il est réduit à 12 pages, et c'est une photo de l'intérieur de l'église de Barbentane qui en fait la une. Photo intéressante par ailleurs, car on peut y voir que les ouvertures derrière le Maître-Autel sont presque cachées par au moins deux tableaux et une tenture au milieu. La statue de Saint-Jean est à droite et le Christ en croix est perché en haut et au-dessus de la tenture. Hélas, on ne distingue pas le détail des tableaux, dommage. Par contre la chaire, maintenant disparue, est nettement visible. Je n'ai pas retrouvé dans l'église la statue de Sainte-Marguerite présente sur cette photo...

Au livre d'or, le capitaine Jean-Marie Barthélémy est nommé commandant au 4ème bataillon du 279ème régiment de ligne (on retrouve d'ailleurs son nom dans l'histoire de ce régiment). Jean Fontaine reçoit la croix de guerre pour sa conduite à la bataille de Champagne et Henri Combet est cité à l'ordre de son régiment (on note d'ailleurs une belle coquille, car la citation du lieutenant-colonel est datée du 10 juin 1717)...

Le caporal Jean Fontaine est sérieusement blessé pour la 3ème fois, il est soigné à l'hôpital de la Bucaille à Cherbourg. Valentin Texier est blessé au bras et à la joue gauche, sans gravité...

En Août 1917 un Poilu barbentanais meurt pour la France :

· Louis-Antoine Gros. Il est né à Barbentane, 20 ans, charretier, célibataire, soldat de 2ème classe au 126ème régiment d'infanterie. Il est incorporé le 9 janvier 1916, deux mois après il est au front à Auberive dans la Marne, secteur où il est tué le 22 août 1917. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 3 octobre 1917. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane.

Le dimanche 26 août, pour la Sainte-Philomène, la procession s'est faite dans l'église tellement le temps est mauvais. On ne parle pas de la fête Votive, elle a dû être supprimée. Le dimanche 2 septembre, des choristes aixoises sont venues agrémenter la fête de Sainte-Marguerite. Un long article de 4 pages relate la deuxième exhumation de sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus à Lisieux (Calvados). Il est suivi par une lettre de l'abbé Godefroy Madelaine qui, de Bruxelles, écrit au père Gras qui se trouve dans une abbaye soit à Storrington en Angleterre soit à Madagascar, là où se sont repliés les frères de Frigolet après leur expulsion du lieu en 1899. Une lettre aussi de l'abbé George-Théotime Hance qui, de Senoncourt dans la Meuse, est toujours sous les bombardements allemands...

Jamais, depuis le début de la guerre, le courrier militaire n'a été aussi réduit, moins d'une page. Jean Fontaine dans la Meuse prie pour notre pauvre France ; Gaston Nazon est en repos mais prêt à partir à Verdun ; Valentin Texier relate ses blessures ; Henri Combet, qui vient de mettre sa première "brisque" (gallon d'engagé), envoie à l'Écho sa citation, car il vient de recevoir la croix de guerre ; Jean Fontaine, malgré sa troisième blessure, considère son état comme satisfaisant ; Claudius Raoulx construit des abris ; Joseph Froment va monter en première ligne dans la fournaise et c'est Achille Deurrieu qui, du Maroc, n'oublie pas son cher Barbentane...

Dans la vie paroissiale, deux baptêmes et un enterrement. Mais aussi deux mariages dont un célébré par le curé Joseph Julien de Molières-sur-Cèze qui est parent des deux jeunes époux, je me demande bien comment ?

Guy

Tranchée canadienne en Picardie

Front italien sur l'Isonzo en août 1917

Champ de bataille dans les Flandres

Tranchées allemandes détruites en Flandres

Soldats allemands près d'un trou de mine en Champagne

C'est l'Écho d'octobre 1917 qui relate les événements d'août 1917...

Soldats indiens quelque part en France

Troupes noires du King's African Rifles en Afrique de l'Est

Soldat US du génie construisant des baraquements aux USA

Effets d'obus, tableau du peintre Félix Vallotton en 1917

Une troupe de théâtre aux armées

Mutins russes à la manœuvre au camp de La Courtine dans la Creuse

Soldats italiens dans les Dolomites

Mitrailleurs italiens sur le front de l'Isonzo

Épave d'avion allemand récupérée par les Français

Soldats noirs enrôlés dans les troupes allemandes en Afrique de l'Est

Soldat roumain à Mărășești

Août 1917 - Dans Le Monde en Guerre

La Paix en Août 1917. Le 1er août, le pape envoie aux chefs des peuples belligérants une lettre d’"exhortation à la paix". Elle réaffirme la volonté du Saint-Siège de garder "une parfaite impartialité" dans le conflit. Benoît XV propose une série de mesures pacifiques comme le désarmement des deux parties, l’abandon de toutes les demandes de réparation et l’évacuation totale de la Belgique. Seul l'empereur austro-hongrois Charles Ier répond favorablement, les autres dirigeants réclament des précisions et des garanties, car dans le texte papal, pas un seul mot n'évoque l'avenir des pays comme la Serbie, la Roumanie ou le Monténégro, et les Alliés ne peuvent accepter le fait de rendre à l'Allemagne ses anciennes colonies. La France critique cette lettre avec virulence, car l'Alsace et la Lorraine ne sont même pas citées. Le président US, Woodrow Wilson qui se méfie "des dirigeants actuels de l'Allemagne", manifeste son hostilité en arguant que "traiter avec l’Allemagne serait lui donner un accroissement de force et l’aider à poursuivre sa politique". Bien sûr, tous les belligérants vont répondre à cet appel avec des refus plus ou moins policés, l'Allemagne prendra son temps et sa réponse embrouillée ne sera publiée que le 13 septembre. Le 16, la note papale, jusque là quasi confidentielle, est largement diffusée, mais cela ne change rien. Au final, cette nouvelle "Paix blanche" est inconcevable pour chacun après tant de morts, de dégâts et de misères. Après 3 ans de carnages, la guerre demande des victoires. D'ailleurs, même dans la catholicité, l'appel du pape est inacceptable. Le Père Antonin Sertillanges, théologien moraliste dominicain français, résume très bien l'esprit de l'époque en écrivant "Très Saint-Père, nous ne pouvons pas, pour l’instant, retenir vos appels à la paix"...

Obus français pris par les Allemands à Breuil en Champagne

Jeune soldat allemand fait prisonnier par les Britanniques dans les Flandres

Soldats africains faisant réchauffer leur tambouille dans une briqueterie près de Soissons (photo autochrome)...

L’Écho de Barbentane d'octobre 1917

Blessés installés sur des transports ferroviaires dans les Flandres

Artilleurs austro-hongrois sur le front de l'Isonzo

Batterie anti-aérienne sur le front roumain

Soldat irlandais parodiant un soldat allemand

Locomotive Decauville détruite sur le front à Verdun

Le cuirassé allemand Prinzregent Luitpold sur lequel les marins se mutinent

Offensives britanniques dans les Flandres

Le commandant Dunning félicité après son premier appontage sur le Furious

Pont italien sur l'Isonzo sur le plateau de Bainsizza

Colonne de prisonniers austro-hongrois en Italie

En parallèle des négociations menées par les frères François-Xavier et Sixte de Bourbon-Parme avec les Alliés, d'autres négociations de paix ont lieu entre le comte austro-hongrois Nikolaus Revertera et Abel Armand. Les deux hommes ont la confiance de leur camp, Revertera est diligenté par Ottokar Czernin, alors ministre des Affaires étrangères de l'Autriche-Hongrie, et Armand est capitaine au 2ème Bureau de l'état-major français. La Grande-Bretagne est d'accord pour ces négociations, mais elles servent surtout à Georges Clemenceau, car cela lui permet de sonder les intentions du camp adverse. En préambule, le comte Revertera refuse l’idée d’une paix séparée, mais il se déclare prêt à écouter des propositions de paix générale. Dans les discussions, des clauses territoriales importantes sont abordées. En contrepartie de la paix avec les Alliés, de la cession du Trentin à l'Italie et de l'abandon de Trieste pour en faire un port franc, la France propose aux Austro-Hongrois la Bavière, la Silésie et une Pologne réunifiée dans ses frontières de 1772. En échange de la restauration de la Belgique dans ses frontières, de la restitution de l’Alsace-Lorraine à la France et de la neutralisation militaire de la rive gauche du Rhin, les Allemands obtiendraient Madagascar, l’Indochine et une partie du Congo belge. Les inquiétudes de Berlin font échouer ces négociations qui, pour la France et les Britanniques devaient permettre le maintien d'une Autriche-Hongrie forte en "contrepoids à la puissance allemande"...

Après de multiples reports, la conférence des partis socialistes européens pour la paix est enfin décidée. Elle est convoquée pour se tenir entre le 5 et le 12 septembre à Stockholm en Suède. Tous les partis socialistes constitués sont invités. Pour les neutres : Suisse, Suède, Norvège et Hollande. Pour les Alliés : Russie (3 délégations distinctes), Grande-Bretagne, États-Unis, France, Roumanie et Italie. Pour les Empires centraux : Allemagne, Autiche-Hongrie et Bulgarie. Sont aussi invités : la Finlande, la Pologne, la Lituanie et la Fédération Générale des Syndicats...

 

Dans le Monde Politique.

En France. Le 2 août, excédé d'être régulièrement contesté et ne voulant pas accepter une commission d'enquête sur la marine de guerre, l'amiral Lucien Lacaze démissionne de son poste de ministre de la Marine pour devenir préfet maritime de Toulon. C'était lui qui, dès 1914, avait organisé des convois maritimes pour protéger les navires français des sous-marins allemands. Le ministre du Blocus, Denys Cochin, démissionne aussi. Lacaze est remplacé par Charles Chaumet, un radical de la première heure et Cochin par Albert Métin, un socialiste humaniste. Le 5, l'industriel français André Citroën suggère en prévision de l'après la guerre, la création d'une banque internationale des nations qui émettrait une monnaie universelle, le Simplex. Son utilité serait de permettre le règlement des dettes de guerre entre les nations et de pouvoir financer les reconstructions...

Le 14, Eugène Bonaventure Jean-Baptiste Vigo, dit Miguel Almereyda, est retrouvé pendu à la Prison de Fresnes. Les circonstances de son "suicide" sont plus que douteuses. Photographe, journaliste, militant anarcho-syndicaliste, antimilitariste, anarchiste puis socialiste, il est un des fondateurs des journaux antimilitaristes La Guerre sociale et le Bonnet rouge. Son pseudo suicide fait autant s'indigner l'Action Française que Gorges Clémenceau...

Le parti socialiste français, qui a décidé de prendre part à la conférence internationale sur la paix à Stockholm, publie sa réponse au questionnaire du Bureau international socialiste. Il se prononce "contre les annexions", mais reconnaît le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, et contre les "contributions de guerre", mais en demandant la réparation matérielle des dévastations commises par les Allemands en violation des conventions de la Haye de 1907...

Commencées le 26 avril, les discussions franco-italo-britanniques pour le partage de l'Empire turc se poursuivent le 22 août à Saint-Jean-de-Maurienne en Savoie. Afin de maintenant les Italiens comme combattants dans les Balkans, les Britanniques et les Français s'entendent pour leur accorder la région du sud-ouest de l’Anatolie, comprenant Smyrne (aujourd’hui İzmir). Les Français conservent leur prétention sur la région centrale qui borde la Méditerranée avec Adana pour capitale. La "part" russe, c’est-à-dire les détroits et tout l'ouest du pays au-delà d'Istanbul, n'est pas vraiment remise en cause, mais plus personne ne croit sincèrement que la Russie va rester dans la guerre. La partie est du pays n'est pas évoquée lors de ces discussions, mais les Arméniens la réclament avec d'autant plus de force qu'elle était déjà à grande majorité de langue arménienne avant les massacres de 1915. Les Britanniques, à part la libre circulation sur toutes les mers, ne réclament rien de spécifique en Turquie, ils préfèrent largement une grande part du Moyen-Orient où ils pressentent un immense potentiel en richesse pétrolière...

Le 3l, victime d’une campagne de presse orchestrée notamment par l’Action Française qui lui reproche sa proximité avec le journal pacifiste Le Bonnet rouge, et relayée à la Chambre des députés par le député nationaliste Maurice Barrès, le ministre de l’Intérieur Louis Malvy démissionne. Quelques semaines plus tôt, Clemenceau l’avait également pris à partie pour son attitude en 1914 car il avait alors refusé d’appliquer la loi qui exigeait d’arrêter les citoyens français inscrits au carnet B, c’est-à-dire les fichés par les services de police comme antimilitaristes, révolutionnaires, etc... Le 1er septembre, il est remplacé au ministère de l'Intérieur par Théodore Steeg, un radical-socialiste protestant de 49 ans, déjà plusieurs fois ministre depuis 1911...

Le 29, après la deuxième bataille de Verdun qu'il vient de gagner, le général Pétain reçoit des mains du président de la République française Raymond Poincaré la Grand-croix de la Légion d'honneur pour avoir "défendu et sauvé Verdun"(1)...

Mutins Russes au Camp de la Courtine dans la Creuse. Tous les soldats et les sous-officiers du corps expéditionnaire russe en France sont maintenant réunis dans le camp de La Courtine dans la Creuse. Tous ont gardé leurs armes : fusils Lebel, fusils-mitrailleurs, mitrailleuses, canons de 37 et mortiers de tranchées. Après les mutineries de mai, l'armée française n'a plus confiance en eux et les maintenir sur le front à proximité de l'ennemi est impossible. Comme les officiers sont installés ailleurs, les 16 000 hommes autogèrent le camp. Début juin, 5 000 hommes environ, plus loyalistes quittent le camp pour rejoindre les 500 officiers afin d'être installés dans un autre camp, à Felletin toujours dans la Creuse, avant d’être transférés au camp de Courneau non loin de Bordeaux. Les mutins qui restent exigent de rentrer en Russie et désignent eux-mêmes leurs chefs pour mener les négociations afin d'effectuer ce retour. Le chef du Gouvernement provisoire russe, Alexandre Kerenski, a désigné des émissaires qui tentent de négocier avec le caporal Yann Baltaïs, le chef du camp depuis son installation, mais c'est sans résultat. Un autre négociateur, un sous-officier ukrainien qui parle bien le français, Afanasie Globa prend alors le relais. L'ancien négociateur pour le Gouvernement russe, le Général Palitzine, écœuré par l'antimilitarisme des soldats insurgés démissionne. Il est alors remplacé par le Général Zankeievitch, commandant des troupes russes en France et dans les Balkans, beaucoup plus brutal. Les généraux français s'inquiètent de la situation et Ferdinand Foch, le chef d’état-major de l’armée, adresse l’ordre suivant au général Louis Comby, qui commande la Région militaire de Limoges "Par ordre du ministère de la guerre, le camp de la Courtine doit être évacué très rapidement, en moins de quinze jours, en vue de laisser la place libre pour des troupes étrangères". Plusieurs sommations sont adressées aux mutins assorties de menaces. Zankeievitch demande qu'on lui remette toutes les armes et les munitions, mais ses admonestations restent lettre morte. La dernière, qui expire le 3 août, n'amène que 1 500 hommes à sortir du camp, par petits paquets pour tromper la surveillance des sentinelles mises en place par le soviet du camp. Le 10 août, 15 trains emmènent ces soldats rejoindre les autres loyalistes au camp de Courneau...

Parallèlement, le gouvernement français, par ses canaux diplomatiques à Petrograd, négocie avec le ministre des Affaires étrangères russe, Mikhaïl Terechtchenko, le rapatriement des mutins en Russie. Outre sa gratitude pour l’aide apportée par les troupes russes aux Alliés, la France est prête, à partir du mois d’août, à affréter des navires pour l’évacuation progressive des mutins. Mais Kerensky n'en veut pas, il en a déjà assez dans l'armée russe sur place. Il précise même que la peine de mort pour indiscipline doit leur être appliquée...

Depuis leur installation au camp, de nombreux hommes partent dans la journée pour aller prêter main forte aux agriculteurs, plutôt aux agricultrices, et ils sont très appréciés par les paysans du coin. Effrayé par l’influence des Russes en pleine révolte sur la population locale, l’état-major français envoie début août 3 000 soldats français, équipés de mitrailleuses et de canons de 75, encercler le camp. Les consignes sont strictes : utiliser la force en cas d’insubordination. Le 5 août, sous le commandement de camarades, les mutins manœuvrent pendant plus de deux heures les armes bien visibles pour montrer leur détermination. Une compagnie d'artilleurs russes loyalistes est également envoyée sur place. Les interventions du commissaire militaire du Gouvernement provisoire soviétique, Isidore Rapp, demeurent sans effet. Par un télégramme daté du 14 août et signé Kerensky, le Gouvernement provisoire russe opte pour la répression : suspension de la solde, réduction des rations alimentaires, rétablissement de l’ordre dans le camp. Une brigade d'artillerie russe forte d'environ 1 500 hommes, destinée à l'armée d'Orient, sous le commandement du général Belaiev est de passage en France. Cette force, renforcée par 2 000 autres soldats russes sûrs est chargée de rétablir l'ordre. Elle se concentre à Aubusson. Un nouvel ultimatum est alors envoyé aux 8 500 mutins restants avec ordre de rendre les armes et de se mettre en formation de marche. Les insurgés refusant de se soumettre, l’épreuve de force paraît inévitable...

Dans la France Occupée. Le 15, un incendie détruit une partie de la basilique de Saint-Quentin dont les origines datent du IVème siècle. Les Allemands l'attribuent aux artilleurs français. Mais, comme ils s'en servent de poste d'observation où ils ont installé des téléphonistes pour leur artillerie, des mitrailleuses de DCA, et un dépôt d'essence dans une partie de la nef désaffectée, rien n'est vraiment prouvé. Le 16, à Lille, les autorités allemandes demandent à l'évêché que les deux grosses cloches de l'église soient 'déconsacrées' pour être enlevées puis fondues. Ce qui leur vaut un refus indigné...

En Grande-Bretagne. La conférence franco-italo-britannique de Londres des 7 et 8 août est présidée par le Premier ministre britannique David Lloyd George. La France est représentée par les ministres Alexandre Ribot, Paul Painlevé, Albert Thomas, Joseph Thierry ainsi que par le général Ferdinand Foch. Lloyd George affirme la nécessité de mieux coordonner les actions militaires des Alliés "Nous n'avons su que nous jeter séparément contre un mur" argumente-t-il. Tous prennent conscience qu'un effondrement militaire de la Russie va avoir lieu et ils essayent d'en évaluer les conséquences sur le front de l'ouest. Sont aussi évoquées durant ces deux jours les difficultés du front des Balkans. Tant l'hiver par sa rigueur que l'été par sa malaria mortelle, c'est un front quasi impossible à gérer. Les Britanniques réitèrent leur envie d'aller guerroyer ailleurs, les Français pensent que personne ne comprendrait l'abandon de ce front qui a tant coûté, et les Italiens ne s'intéressent qu'aux seules parties, y compris grecques, qu'ils occupent pour en faire de futures colonies. Devant toutes ces incertitudes, ordre est donné au général Maurice Sarrail qui commande toutes les forces expéditionnaires dans les Balkans, de s'occuper à ne rien faire d'important. La réunion se termine sur le projet de créer un "organe central permanent" pour régler les questions militaires dès qu'elles se présentent...

Le 9 août, comme les socialistes français, le parti travailliste britannique décide, par 1,8 million de voix contre 550 000, d’envoyer des délégués à la conférence internationale sur la paix à Stockholm. Arthur Henderson, le leader du parti travailliste qui siège au gouvernement comme ministre sans portefeuille, propose une conférence internationale sur la guerre. Elle serait faite sur la base des propositions des partis socialistes européens et des soviets russes, c'est-à-dire une paix immédiate, avec des concessions mutuelles, mais sans dédommagements. Le cabinet britannique rejette cette proposition, ce qui oblige Henderson à démissionner. Même au sein de son propre parti, il ne remporte pas la majorité et du coup, il démissionne aussi de la tête du parti travailliste. Au même moment, le Premier ministre, Lloyd George, annonce qu’il ne délivrera pas les passeports nécessaires aux socialistes qui veulent aller à la conférence de la paix. Après la démission d'Arthur Henderson, le principe d’Union sacrée va lentement se désagréger en Grande-Bretagne aussi...

En Allemagne. Poussés à bout parce que les rations pour les équipages sont de plus en plus réduites, alors que celles pour les officiers sont abondantes, 49 chauffeurs du cuirassé Prinzregent Luitpold quittent le bâtiment le 2 août sans autorisation et vont manifester dans la ville portuaire de Wilhelmshafen. Le lendemain, ce sont 400 matelots du Prinzregent Luitpold et du Friedrich der Grosse qui quittent leurs vaisseaux, bousculent les sentinelles et s'installent en ville où ils font grand tapage. Cette mutinerie, que la hiérarchie militaire considère comme un coup de poignard dans le dos d’une armée qui se bat encore avec détermination, est sévèrement réprimée. Après un jugement sommaire et à huis clos, 5 meneurs sont fusillés. Le 6, le ministre des Affaires étrangères Arthur Zimmermann démissionne. Il était sur la sellette depuis qu’il avait commis l’erreur de reconnaître l’authenticité de son fameux télégramme envoyé en janvier à l'ambassadeur d'Allemagne à Mexico. C'est un des éléments qui a provoqué l'entrée en guerre des USA. Il est remplacé par le fin négociateur Richard von Kühlmann. Le chancelier Georg Michaelis promet publiquement que la Chambre sera saisie rapidement du projet de réforme électorale et annonce qu'une réponse à la lettre de pais du pape est à l'étude. Dans un article du célèbre publiciste Maximilien Harden, la censure allemande a laissé passer cette phrase "Il faut restituer l'Alsace-Lorraine à la France ainsi que Trente et Trieste à l'Italie", ce qui met en fureur tous les militaristes du pays...

Des industriels allemands étudient le transport par avion de voyageurs, de marchandises et du courrier entre la Turquie et les Empires centraux. La ligne irait de Berlin à Istanbul avec des escales à Vienne et Budapest, des avions adaptés sont à l'étude...

A la fin du mois, le mark, déjà mal en point, s'effondre brusquement. De sa valeur nominale en temps de paix, qui est de 125frs suisses, le billet de 100 marks ne vaut plus à Genève que 61frs80. Aux yeux des financiers neutres, en trois ans le mark a baissé de la moitié de sa valeur d'échange...

Aux États-Unis. Une délégation japonaise arrive aux USA. Elle a pour mission d'essayer de régler au mieux tous les différends entre les deux pays et ils sont nombreux : possessions US en Chine continentale, avenir de certains atolls du Pacifique central, concessions japonaises sur les îles Mariannes et les îles Carolines...

Dans sa préparation de réponse au pape, le président Woodrow Wilson considère que "tous les pourparlers au sujet de la paix sont actuellement oiseux", il fait ressortir que si d'autres nations sont entrées en guerre pour des raisons concrètes, les USA n'y participent que dans le but de rendre désormais impossible à l'autocratie allemande de menacer la paix du monde. Donc, il ne peut être question de paix pour les États-Unis avant d'avoir atteint le but qu'ils se sont assigné...

Le 23 août à Houston au Texas, scène classique de la vie ordinaire dans un état raciste, deux policiers blancs tabassent une afro-américaine au prétexte qu'elle protège un voleur à la tire. Or, depuis peu, 156 soldats de couleur du 24ème RI participent à la construction du nouveau Camp Logan à proximité de la ville. Un soldat afro-américain s'interpose entre les policiers et leur victime, il est aussitôt abattu par la police. Cela déclenche une émeute qui va durer toute la nuit. Au matin, on constate la mort de 4 militaires noirs, 7 policiers blancs, 16 civils et un hispanique, il y a aussi de nombreux blessés. La loi martiale est aussitôt instaurée. Les soldats noirs sont rapatriés le jour suivant à Colombus au Nouveau-Mexique d'où ils sont originaires. Les militaires émeutiers sont jugés lors de trois cours martiales, 19 seront exécutés par pendaison, et quarante-un condamnés à la détention à perpétuité (par souci d'apaisement, le président Woodrow Wilson commue dix peines de mort à la prison à perpétuité le 31 août). Par la suite, ce régiment sera transféré des USA aux Philippines...

Le 27, devant le trafic commercial entre les Empires centraux et certains pays européens, Wilson impose un embargo général sur toutes les exportations à destination des pays neutres immédiatement voisins des Empires centraux...

Au Canada. Le 29 août, la promulgation de la "Loi des élections en temps de guerre" qui favorise tous les partisans de la conscription (femmes de militaires, militaires qui peuvent voter où ils veulent, etc...) et, en même temps, prive légalement du droit de vote les opposants (immigrés récents, objecteurs de conscience, Amérindiens, etc...) divise profondément le pays. Il en résulte une coupure politique durable entre les anglophones et les francophones auxquels s'ajoutent les immigrés non anglophones...

En Russie. Réfugié en Finlande, au bord du lac Razliv, où il joue au faucheur de blé, Lénine a chargé Staline de défendre ses thèses sur la situation politique. Il appelle notamment les congressistes de la fraction bolchevique du Parti ouvrier social-démocrate à approuver l’orientation vers l’insurrection, mais seulement comme une perspective lointaine...

Dans la situation extrêmement confuse dans laquelle le pays est plongé, le chef du gouvernement provisoire Alexandre Kerenski remanie son cabinet. Il fait entrer des socialistes, des progressistes, mais aussi des Cadets plus libéraux. Pour l'armée, il fait appel à un homme à poigne, le général Larv Kornilov, pour remplacer le général Alexeï Broussilov, son commandant en chef. En bon militaire, Kornilov est effaré par la tournure des évènements depuis mars. Alors que l’armée se disloque, il veut un retour rapide à la discipline de fer antérieure. Depuis avril, il a donné l'ordre de fusiller les déserteurs et d’exposer leur cadavre avec des écriteaux spécifiques pour "éduquer" les soldats, alors que 90% d'entre eux ne savent même pas lire. Il menace de peines sévères les paysans qui voudraient s’en prendre aux domaines seigneuriaux. Ce général, réputé monarchiste, est en réalité un républicain indifférent au rétablissement du tsar, c'est un fils de cosaque, ce qui est rare pour l’époque dans la caste militaire. Avant tout nationaliste, il veut le maintien de la Russie dans la guerre, que ce soit sous l’autorité du gouvernement provisoire ou sans lui. Malgré son bonapartisme naturel, il devient vite le nouvel espoir des anciennes classes dirigeantes, noblesse et grande bourgeoisie, et de tous ceux qui aspirent à un retour à l’ordre, ou simplement à un châtiment sévère des défaitistes bolcheviques. Ces adeptes d'un régime fort réclament de plus en plus ouvertement la loi martiale sur tout le territoire, le rétablissement de la peine de mort pour les civils, l'interdiction des grèves dans les chemins de fer et les entreprises de défense, l'instauration de quotas de production obligatoires dans les usines d’armement. Pour prévenir les manifestations violentes, Kerenski donne l'ordre aux ministres de l'Intérieur et de la Guerre d'interdire toutes les réunions de soviets qui pourraient présenter un danger du point de vue militaire ou pour la sécurité de l'État. Sur le front, la censure est rétablie ainsi que les conseils de guerre. Ils peuvent de nouveau prononcer des peines de mort...

Le 4, la Finlande, toujours province russe mais avec une représentation spécifique, ne cesse de manifester son indépendance. Face à cette dissidence, le gouvernement provisoire dissout la Diète finlandaise et envisage de nouvelles élections. Le 12 s'ouvre à Moscou une conférence d'état où tous les partis russes sont présents. Kerenski fait un appel énergique à tous pour consolider la révolution, et déclare que le Gouvernement provisoire "cherche à protéger l'armée contre toutes les influences subversives et les tentatives pour corrompre la discipline", ce qui lui vaut une ovation debout et enthousiaste d'une grande partie des délégués, seuls les bolchevicks et mencheviks restant silencieux et assis. Malgré cela, la conférence s'enlise et le gouvernement provisoire montre son impuissance. Il est tiraillé entre les délégués des soviets qui veulent prendre le pouvoir, et une bourgeoisie qui envisage un coup d'état. De son côté, Kornilov est tenté par une dictature militaire. Gueorgui Lvov, l'ancien gouverneur de la Russie, fait des allers-retours entre Kerenski et Kornilov pour négocier un rapprochement, tout en présentant à Kerenski les demandes de Kornilov comme s'il s'agissait d'ultimatums. Contesté sur sa droite comme sur sa gauche, de plus en plus critiqué en raison du chaos économique sur fond de débâcle militaire, Kerenski voit sa popularité fondre comme neige au soleil...

Début août, le chef du gouvernement provisoire sait que la famille impériale, Nicolas II son épouse et leurs enfants, courent de graves dangers s'ils restent enfermés au palais de Tsarskoïe Selo (maintenant Pouchkine) pas loin de Petrograd. A travers le monde, les tentatives monarchistes pour libérer Nicolas II et sa famille, sont quasi inexistantes. Elles se limitent à quelques tracts distribués à Madrid, Nice, Lausanne, mais aussi à Yalta. Des pourparlers sont en cours pour l'exiler en Grande-Bretagne, mais le tsar veut aller au palais impérial de Livadia en Crimée et il n'est pas question pour lui de quitter la Russie. Le gouvernement provisoire craint surtout un retour en force des monarchistes et la présence du tsar à proximité devient dangereuse, la tentation de l'éliminer étant une option sérieusement envisagée par certains. Alors Kerenski, qui les a pris en pitié, décide de les envoyer en pleine Sibérie, loin du tumulte révolutionnaire des grandes villes mais aussi du chemin de fer. Il choisit de les installer dans le palais du gouverneur de Tobolsk, là où la vie se fait encore à l'ancienne. Le 14, deux trains, camouflés en un convoi sanitaire de la Croix-Rouge japonaise, s'ébranlent avec la famille impériale. Il est protégé par 6 officiers et 340 gardes auxquels Kerenski rappelle avec fermeté qu'ils ont en charge "l'ancien empereur, et que ni lui, ni sa famille ne doivent être maltraités". Sont aussi du voyage un médecin, le docteur Evgueni Sergueïevitch Botkine, un secrétaire, les précepteurs des enfants dont le Français Pierre Gilliard, 7 cuisiniers, 10 valets de pieds, un coiffeur et deux chiens. Ils arrivent le 18 à Tioumen où ils prennent le bateau pour leur exil sibérien. Le 20, après un pénible voyage, la famille impériale arrive à Tobolsk. De cette expédition Nicolas II écrit dans son journal "Dieu merci, nous sommes tous saufs et ensemble". Tobolsk est l'ancienne capitale de la Sibérie, ce qui lui vaut de posséder deux magnifiques bâtisses en pierres blanches, un Kremlin (forteresse en russe) et une cathédrale dédiée à Sainte-Sophie. A leur arrivée, on les installe de façon provisoire ici et là, car leur future résidence n'est pas encore prête. Le 27, les Romanov aménagent définitivement dans la maison du Gouverneur, une vaste bâtisse blanche et confortable, aussitôt baptisée "Maison de la Liberté". Le colonel Ievgueni Kobylinski, chargé de leur surveillance, s'efforce d'adoucir leur sort, mais des palissades sont construites tout autour du jardin déjà pas bien grand, ce qui réduit à presque rien leur espace de liberté. Tous leurs suivants, le docteur et sa famille, précepteurs et autres domestiques, logent dans une villa en face de celle des Romanov, les gardes dans une baraque à proximité. Les exilés peuvent sortir en ville, mais toujours escortés. Ce qui devient pour les Tobolskois qui n'ont même pas une presse locale, une grande source d'émerveillement...

En Italie. Depuis l’entrée en guerre de l’Italie le 24 mai 1915, les incessantes difficultés de ravitaillement avaient suscité de nombreuses, mais petites émeutes ici et là. A Turin, l’imposant meeting qui est organisé en l’honneur des délégués du Soviet de Petrograd au début du mois, marque le début d’une nouvelle période. Le 23 août, une insurrection éclate dans la capitale piémontaise qui est le plus grand centre industriel du pays. Pendant cinq jours, les ouvriers combattent dans les rues de la cité. Les insurgés qui disposent de fusils, de grenades et de mitrailleuses parviennent à occuper quelques quartiers. Cependant, ils n'arriveront jamais à s’emparer du centre de la ville où se trouvent les institutions gouvernementales et les commandements militaires. Mais deux années de guerre ont considérablement affaibli le monde du travail et ses plus jeunes éléments masculins sont maintenant en uniforme sur le front. Inférieurs en armes, les insurgés espèrent un appui du côté des soldats, mais ces derniers se laissent convaincre que la révolte est le fait d'Allemands infiltrés. Les Turinois en lutte dressent des barricades, creusent des tranchées, et entourent leurs quartiers de barbelés électrifiés. Pendant 5 jours, ils repoussent toutes les attaques des militaires et de la police. Plus de 500 ouvriers sont tués, 2 000 sont gravement blessés. Après la capitulation, les meneurs sont arrêtés et emprisonnés, 90 sont fusillés. Malgré cette défaite sanglante, le peuple turinois garde toute sa confiance aux mouvements ouvriers. Jusqu'à la fin du conflit, des améliorations sont apportées aux ravitaillement de la ville, surtout grâce à une coopérative d'approvisionnement la Alleanza cooperativa torinese (Alliance coopérative turinoise), dirigée par des cheminots et qui arrive à approvisionner à peu près convenablement plus d'un tiers de la cité...

Au Portugal. A Fatima les choses s'enveniment. L'administrateur du canton, Artur de Oliveira Santos, un anticlérical notoire, décide de faire comparaître les trois enfants devant la justice pour trouble à l'ordre public. Il les convoque, avec leurs parents, pour le 10 août à Vila-Nova, une ville distante de 15 kilomètres. Le père des garçons François et Jacinthe se présente seul, Lucie fait le trajet à dos de mule avec son père. Devant l'absence des garçons, on remet l'audience à Fatima pour le 13. Là, les enfants refusent de parler à des hommes qu'ils ne connaissent pas. De Oliveira Santos, les enferme dans une chambre. Le même jour, 18 000 personnes sont présentes au prés de Cova da Iria, mais sans les enfants séquestrés. Des témoins disent avoir entendu le tonnerre et vu des éclairs, d'autres n'ont rien remarqué, mais tous repartent avec comme relique les feuilles et les branches du chêne où d'habitude les enfants se tiennent pour prier. Libérés le lendemain, les enfants retournent le 18, presque en catimini, sur le lieu des apparitions où l'arbre n'est plus qu'un squelette complètement étêté, mais rien ne se passe. Devant le chêne, la mère de Lucie avait mis une table où beaucoup de gens laissent des offrandes en nature mais aussi en monnaie. La pauvre femme ne sait que faire de cet argent dont ni les parents des garçons, ni le curé de Fatima, ne veulent. Après une tentative d'extorsion, elle décide de garder l'argent chez elle, mais demande à Lucie de solliciter La Dame pour savoir à quoi l'utiliser...

En Chine. Le l4 août, le nouveau gouvernement dirigé par Duan Qirui déclare la guerre à l’Allemagne. Les concessions allemandes sont immédiatement occupées et les consulats fermés. Par cet acte de souveraineté, elle espère participer au règlement d'après-guerre pour retrouver son autonomie en obtenant l'abrogation des "traités inégaux" qui lui ont été imposés au XIXème siècle par les puissances européennes. Le créateur de la République de 1911 mais chassé du pouvoir en 1914, Sun Yat-sen est hostile à cette décision. Pour lui, elle renforce le poids de la caste militaire et comme il est aussi le chef du Guomindang (littéralement le "parti nationaliste chinois") il déclenche une sécession armée dans le sud du pays. C’est le début d’une nouvelle guerre civile. Pour envoyer encore plus de travailleurs en Europe, les Alliés versent 10 millions de yens au pays...

En Grèce. A la Chambre grecque, le gouvernement d'Elefthérios Venizélos fait connaître qu'il est en possession de la correspondance échangée entre l'ancien roi Constantin Ier et Guillaume II. Il dévoile aussi les circonstances de l'emprunt de 80 millions de marks consenti par l'Allemagne au pays lors de la "livraison" aux Bulgares du fort Rupel en octobre 1915. Après la publication d'un livre blanc sur les faits qu'il considère comme déshonorants pour la Grèce, Venizélos demande la création d'une haute-cour pour juger les hommes politiques impliqués dans ces actes de trahison. Mais il rassure également le pays en se montrant loyal au nouveau roi Alexandre 1er...

Le 18 août, un immense incendie accidentel ravage pendant trois jours le centre-ville de Salonique. Le brasier, attisé par un vent violent et favorisé par l’architecture essentiellement en bois de l'antique cité grecque, détruit près de dix mille bâtiments. Le tiers de la ville, qui abrite le quartier général de l’armée d’Orient, vient de partir fumée. Parmi les immeubles incendiés il y a la poste, la mairie, les bureaux avec les ateliers des compagnies du gaz et de l'eau, la Banque ottomane, la Banque nationale, les dépôts de la Banque de Grèce, une partie de la splendide église Saint-Démétrios, deux autres églises orthodoxes, douze mosquées, le siège du grand rabbin et ses archives ainsi que 16 synagogues. Comme cette partie de la ville possédait les imprimeries de la plupart des journaux grecs, le pays est maintenant privé d'une grande partie de sa presse quotidienne. Plus de 4 000 des 7 695 boutiques de la ville sont détruites, laissant 70% des habitants sans travail et 70 000 personnes sans abri. A la fin du mois, le roi Alexandre, accompagné du général Sarrail, parcourt la ville pour constater les dégâts estimés à plus de huit milliards de livres-or...

En Inde. Le 20 août, Edwin Montagu, le secrétaire d'état pour l'Inde, annonce l'ouverture de l'administration en vue d'une plus large implication des Indiens dans le gouvernement. Ses discussions avec Frédéric Thesiger, Ier vicomte de Chelmsford, mais aussi vice-roi des Indes, déboucheront sur le rapport Montagu-Chelmsford qui servira de base au "Government of India Act de 1919"...

En Espagne. Dans une situation sociale de plus en plus agitée, où les arrêts de travail sont fréquents, avec l'effet stimulant des nouvelles en provenance de Russie, une grève dans les chemins de fer éclate à Valence le 20 juillet pour s'étendre rapidement dans toute la province. Le patronat cède le 24 juillet mais pose comme condition le renvoi de 36 grévistes jugés par lui comme trop anarchistes. En réaction, le syndicat anarchiste des cheminots (UGT) annonce une grève générale pour le 10 août si ces licenciements ont lieu. Le gouvernement, qui est informé des préparatifs d'une grève générale nationale, oblige la compagnie ferroviaire à adopter une position intransigeante afin de provoquer prématurément un mouvement qui n'est pas encore mûr. Le 10 août, c'est la grève générale dans les chemins de fer et un appel à la grève générale nationale est lancé pour le 13 août par un comité constitué de membres de la direction du PSOE (socialiste) et de l'UGT. La grève est suivie inégalement selon les secteurs et les régions. En Andalousie, ce sont des émeutes collectivistes, c'est du terrorisme en Catalogne, mais il y a aussi des grèves plus classiques dans la majorité des régions. Devant l'ampleur du mouvement, le gouvernement proclame l'état de siège et met en place de gros moyens répressifs autant policiers que militaires. Les politiciens qui ont appelé à la grève partent se réfugier en France ou bien se rétractent. Le Catalan autonomiste Francesc Cambó ira même jusqu'à l'interdire dans sa région. A la grande joie de la bourgeoisie du pays, le général Martinez Amido, ministre de l’Intérieur, va réprimer cette insurrection dans le sang. Plus de 2 000 militants anarchistes sont emprisonnés, d'autres abattus, d'autres disparaissent à jamais, ce qui est, et reste, une grande spécialité de la répression dans les pays de langue hispanique. La misère va s'installer durablement dans la classe ouvrière pendant plus de 10 ans. Le pays va se scinder en deux, ce qui finira par amener les Républicains au pouvoir en 1936, et aussi une guerre civile encore plus féroce...

Au Maroc. Dans une guerre coloniale oubliée(2), commencée en 1907 et qui ne se terminera qu'en 1937, les Français installent le premier service aérien postal au monde. L'idée est ancienne, mais jamais vraiment mise en pratique à part quelques essais sans suite aux USA. Là, le pays s'y prête à merveille. La guérilla est partout, sauf dans les villes, ce qui rend les routes incertaines et le plus souvent impraticables. Alors est instauré un service postal régulier par voie aérienne entre les principales villes du pays. Ce n'est pas encore l'Aéropostale, mais les premiers pas pour une utilisation commerciale de l'aviation...

En Suisse. Installé à Neuilly-sur-Seine (France) depuis octobre 1916, le gouvernement du Monténégro en exil se déchire. En janvier, pour rendre le pays viable dans un monde moderne, le Premier Ministre, Andrija Radović, dépose un mémorandum qui préconise la réunification du pays avec la Serbie. Le roi Nicolas Ier(3) refuse tout net, ce qui provoque la démission de Radović. Le 4 avril à Genève, Radović avec 3 anciens ministres et le Grand juge, créent le Comité monténégrin pour l’union nationale (CMUN) dont l’orientation, clairement antiroyaliste, est pour une union à une Serbie démocratique. Le 11 août, ce Comité, qui regroupe plusieurs tendances politiques du parlement, vote l’adoption de la déclaration de Corfou, par laquelle il lie le destin de la petite nation montagnarde à celui des Serbes, des Croates et des Slovènes, tous les partisans antiroyalistes d'un pays unifié. Cette décision s'attire les foudres du roi Nicolas Ier du Monténégro mais aussi de son gendre, le roi Pierre Ier de Serbie...

Au Libéria. Le 4 août, le gouvernement déclare la guerre aux Empires centraux. Ce pays de l'ouest africain, est sous très forte influence US, puisqu'il a été artificiellement créé en 1822 par une société étasunienne de colonisation pour y installer des esclaves noirs afro-américains libérés. Le gouvernement n'a vraiment aucune intention de mener une guerre, d'ailleurs il n'a pas d'armée digne de ce nom, ni les moyens d'en créer une. Ce geste lui permet sans honte, et à bon compte, de saisir tous les biens des ressortissants allemands et austro-hongrois qui sont sur son territoire...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et des Sports. En août, sur les écrans de cinéma aux États-Unis, sort le 4ème film de John Ford The Soul Herder (Pour son gosse). C'est un western de 30 minutes que le réalisateur considère comme son premier vrai film(4). Le 6, à Bridgeport (Connecticut, USA), c'est la naissance de Robert Charles Durman Mitchum, acteur et chanteur étasunien. Après une très longue carrière dans le cinéma, il décède 1er juillet 1997 à l'âge 80 ans à Santa Barbara (Californie). Le 22, à Clarksdale (Mississippi, USA) c'est la naissance de John Lee Hooker. Guitariste et chanteur de blues, son style, unique et authentique à la fois, en fait l'un des artistes les plus importants de ce courant musical. Son influence sur le blues-rock et le rock durant tout le XXème siècle est considérable. Il décède le 21 juin 2001 à l'âge de 84 ans à Los Altos (Californie). Le 28, à New York c'est la naissance de Jacob Kurtzberg. Plus connu sous le nom de Jack Kirby, c'est l'un des artistes les plus célèbres, influents et prolifiques de la bande dessinée US. Surnommé "the King of Comics" (le Roi de la bande dessinée), il est à l'origine de nombreuses séries qui marquent l'histoire de la bande dessinée des USA : Captain America, Hulk, X-Men, etc... Le 30, après s'être marié début août avec Colette Jeramec, riche héritière juive qui lui offre 500 000 francs pour "qu'il se sente libre", le dandy Pierre Drieu la Rochelle mais aussi Poilu 3 fois blessé, publie son premier livre Interrogation, un recueil de 17 poèmes...

Famille impériale russe au palais du gouverneur à Tobolsk

(1) Après sa condamnation à mort le 15 août 1944 par la Haute Cour de justice pour "intelligence avec l’ennemi et haute trahison", commuée en prison à vie par le général de Gaulle à cause de son grand âge, Philippe Pétain est de fait déchu de tous ses titres, grades et décorations. Toutefois, ses partisans soulignent que le titre de maréchal de France étant une dignité et non pas un grade, Philippe Pétain conserve ce titre. C'est d'ailleurs en uniforme de maréchal qu’il est incarcéré puis inhumé le 25 juillet 1951.

(2) En 1917, depuis 10 ans c'est une véritable guerre qui se poursuit au Maroc. Les leadeurs arabes du pays refusent la "paix coloniale" que le général Hubert Lyautey voudrait installer. Cette guerre est tout aussi féroce que contre les Allemands, les duels d'artillerie en moins. Les troupes françaises se battent contre 340 tribus marocaines dans une guérilla qui préfigure toutes celles à venir. Cette guerre se terminera en 1937 bien après la bataille de Bougafer du 13 février 1933. Le général Augustin Guillaume écrira dans ses mémoires "Aucune tribu n'est venue à nous sans avoir été préalablement vaincue par les armes", elle se solde par la mort de 60 000 soldats français et 200 000 combattants marocains.

(3) Depuis octobre 1916, Nicolas Ier, le roi du Monténégro, réclame en vain la création d'une Légion monténégrine sous les ordres du capitaine Milan Yovitchitch (ou Yovitchevitch) alors commandant d'origine monténégrine du 1er régiment de la légion étrangère. Mais le Gouvernement français tergiverse car il ne souhaite pas, après ses déboires avec la royauté grecque, avoir de nouveau un régiment royaliste dans les Balkans. Toutefois, pour éviter que Nicolas Ier se retourne vers les Italiens pour avoir sa légion, aucun refus net ne lui est fait. Pendant près de deux ans, le fin diplomate qu'est Horace Delaroche-Vernet, ministre de France auprès du Monténégro, s'emploie à entretenir la possibilité de sa création alors qu'il sait très bien qu'elle ne se fera jamais avec l'uniforme français.

(4) Le 4ème film de John Ford The Soul Herder (Pour son gosse), est maintenant considéré comme perdu.

(5) Il est quasi impossible d'avoir le détail des chiffres des pertes de la 2ème bataille de Verdun. Pour l'ensemble du mois, il y 14 900 morts français comptabilisés sur l'ensemble du front, y compris dans les Balkans, dans les pertes maritimes et aériennes.

(6) C'est le pionnier français de l'aviation, Clément Ader, qui le premier dans son ouvrage édité en 1906 "L'Aviation militaire" théorise la construction d'un "navire porte-avions". Pour lui, ce navire chargé d'avions devra servir à l'observation, au torpillage des navires ennemis et à la protection du territoire national français. Il l'imagine avec des cheminées rétractables afin laisser un pont totalement vide lors des manœuvres des aéroplanes. Sous ce pont, il conçoit des hangars pour remiser les avions avec des ascenseurs à joints étanches pour les faire descendre ou monter sur le pont d'envol. Ader décrit également le décollage et l'appontage des appareils vent debout tel qu'il est toujours pratiqué de nos jours. Déjà, le Furious correspond à certains de ces critères, il est équipé de hangars sous le pont avec deux ascenseurs électriques, seul son îlot central n'est pas conforme aux conceptions d'Ader, ce qui occasionnera quelques déboires aux pilotes. Mais, déjà, il embarque 16 aéronefs adaptés, ce qui en fait une belle force de frappe.

(7) En 1917, on est pressé, pas question de faire des essais pendant une longue période pour valider les options de construction des avions. Il n'y pas de soufflerie, encore moins de calculateurs pour étudier les contraintes techniques de chaque idée de conception, tout se fait par empirisme. Quand ça marche, tant mieux. Si ça foire, on enterre les morts et on arrête la construction. Le Fokker DR-1 aura une très courte vie, dès décembre 1917, il n'est même plus construit.

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

d'octobre 1917 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Commandos allemands spécialement entraînés pour faire des raids dans les tranchées

Voiture d'infanterie portugaise à Roquetoire dans le Pas-de-Calais

Regroupement de blessés dans les Flandres

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Troupe roumaine près de Mărășești

Quartier de la ville belge d'Ypres en ruines

A Verdun, canon français de 240mm saboté par les Allemands

Verdun, offensive du 20 août

Soldats US sur le transport de troupes Hancock en route pour la France

Britanniques dans le marécage des Flandres

Récolte de patates en Bretagne

Hydravion austro-hongrois repêché dans la lagune de Venise

Au camp de Gièvres, aviateurs US et Français

L'Albatros D-V allemand

Le Fokker DR-1 triplan (photo récente)

Des GVC (gardes-voies) en gare de Cholet

Les batailles dans l'Est Africain

Exposition de matériel pris aux Allemands à Londres

Entraînement de soldats allemands au lance-flamme

Douche de campagne à Mărășești en Roumanie

Aérodrome allemand à Emerchicourt dans la France occupée

Vue générale du camp de La Courtine dans la Creuse

Dépôt militaire US à la gare de la Rochelle

Dans Salonique après son incendie

Soldats Askaris du général allemand von Lettow-Vorbeck en Afrique de l'Est

Obusier français Schneider de 220mm à tir rapide

Canon allemand réutilisé par des Britanniques dans les Flandres