BARBENTANE

en Avril 1917

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Le Chemin des Dames doit son nom aux deux sœurs de Louis XVI, Victoire et Adélaïde, qui avaient demandé en 1785 la construction d'un chemin carrossable pour rendre visite à leur autre sœur Sophie alors au château de la Bové. C'est un plateau calcaire, orienté est-ouest, situé entre la vallée de l'Aisne au sud, et la vallée de l'Ailette au nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l'est entre Reims et Laon, qu'au sud vers Soissons. Les Allemands sont présents sur le plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse, en aménageant toutes les carrières préexistantes, comme à la Caverne du dragon, et en creusant de nombreux autres souterrains pour permettre de relier en toute sécurité l'arrière aux premières lignes. L'ensemble est truffé de nids de mitrailleuses habilement camouflés et, depuis la construction de la ligne Hindenburg, les postes d'artillerie ont été consciencieusement remaniés puis admirablement dissimulés pour ne pas être détruits avant l'attaque, comme cela avait été le cas à Verdun...

La sagesse aurait voulu que l'on essayât de percer ailleurs, dans un endroit plus favorable et bien moins défendu. Mais c'est impossible. Plus au nord, vers la Belgique, le terrain est trop facilement inondable pour y lancer plusieurs armées, dans les Vosges le terrain est là aussi impraticable par sa topographie. Dans la Champagne on a déjà essayé sans succès, il ne reste que la plaine de Nancy et la trouée de Saverne, mais à cette époque il est impossible de déplacer plus d'un million d'hommes et une immense artillerie en peu de temps. Donc, Joffre, puis maintenant Nivelle, s'obstinent à attaquer du faible au fort...

Pour contrebalancer la position défensive des Allemands, Nivelle est confiant dans "son" artillerie. Elle a eu des succès indéniables à Verdun, elle peut faire de même au Chemin des Dames. Hélas pour les Français, en moins de 6 mois, les choses ont considérablement changé. Les Allemands ont vite appris, leur aviation défaillante est devenue la reine du ciel, les reconnaissances aériennes alliées sont un tragique échec. Non seulement on part à l'aveuglette, mais en plus le front est dix fois plus large qu'à Verdun. Ce n'est pas sur 3 kilomètres que l'artillerie doit se concentrer mais sur trente. Autant dire que la technique de la saturation d'artillerie qui démolit tout va se transformer en une dépense d'obus qui ne fera qu'égratigner des positions ennemies parfaitement préparées...

Pour Nivelle, tout est clair. Une fois les première et deuxième lignes allemandes enfoncées, une armée de réserve sera lancée pour exploiter la trouée et obtenir l'effondrement des armées allemandes. A cet effet, on prépare deux corps de cavalerie qui devrait enfin retrouver son rôle classique d'exploitation de la percée en profondeur chez l'ennemi. Pour que l'attaque soit efficace, la progression des troupes doit donc être très rapide dès le début de l'offensive. Le général Charles Mangin estime que les soldats devront progresser à la vitesse de 100 mètres toutes les trois minutes, encore plus vite qu'à Verdun dans des conditions beaucoup moins favorables. Ainsi, il est prévu au soir du premier jour que l'armée de Mangin aura franchi l'Ailette. A J+1, la cavalerie doit couvrir la plaine située au nord de Laon et à J+4, on doit atteindre la Somme. Au total, entre les armées de choc, celles pour exploiter la percée et la cavalerie, ce sont près de 1,4 million de Poilus qui sont prévus pour l'offensive. Là dessus, et pour la première fois, l'armée française va déployer ses chars. Ce sont 194 tanks, des Schneider et des Saint-Chamond, fruits de la ténacité du général Léon-Augustin Mouret d'origine barbentanaise et du lieutenant Charles Fouché. Question artillerie, jamais encore une pareille accumulation de moyens n'avait été effectuée. Sur un front de 40 kilomètres, les artilleurs français ont positionnés 5 343 pièces, dont 1 930 de gros calibre, en canons lourds à tir rapide du plus récent modèle. Les stocks des munitions sont considérables : 23 millions d'obus de 75 et autant de 120. L'artillerie lourde dispose de 2 millions d'obus de 155, 350 000 de 220, 300 000 de 280 et près de 100 000 obus de calibres supérieurs...

Ce sont des forces cumulées qui, sur le papier, sont irrésistibles. Dans les faits, ce ne sont que des illusions. Les fantassins sont trop chargés, ils doivent attaquer avec un barda si pesant qu'il est impossible de courir avec sur terrain sec(1). En Plus, comme si ce n'était pas suffisant, ils ont des vivres pour 6 jours et ils doivent attaquer sur un terrain boueux, en forte pente et dominé par un ennemi puissant. Pour les chars, c'est pire. Selon le tacticien et général Jean Estienne, pour être efficaces ils doivent attaquer groupés afin d'amener un effet de saturation qui paralyse l'ennemi et offre une protection aux fantassins qui les suivent derrière à l'abri. Là, on les éparpille dans les différentes unités, sur un terrain boueux et en pente. Avec leur lenteur intrinsèque, ce qui en fait des proies faciles, ils vont vite ne servir à rien. Pour en rajouter il pleut, le temps est défavorable et comme l'aviation ne peut pas voler, les artilleurs tirent au jugé, sans savoir ce qu'ils touchent ou pas. Puisqu'on espère avancer rapidement, tous les canons de 75 et de 120 ont gardé leurs roues pour progresser derrière les fantassins, ce qui fait qu'à chaque coup tiré il faut aussi les repositionner. Dernier point encore plus défavorable, les atermoiements entre l'état-major et les politiques sapent le moral des officiers supérieurs. Nivelle se plaint que sur les 8 jours précédant l'attaque, il en a passé la moitié à Paris pour s'expliquer sur des points de détail. Dans la troupe aussi, le moral est en chute libre. Les permissionnaires qui reviennent amènent des tracts séditieux qui appellent à la paix. Nivelle, dans un courrier en date du 28 février, demande au ministre de la Guerre des mesures sérieuses contre des menées pacifistes qui s'étalent au grand jour dans les tranchées...

Initialement fixé au 8 avril, l'assaut est remis au 14 pour cause d'intempérie, et Mangin prend sur lui de le repousser encore de deux jours pour poursuivre la préparation d'artillerie qui a commencé le 7. Le 15 au soir, Nivelle fait communiquer à toutes les troupes d'assaut l'ordre du jour suivant "Aux officiers, sous-officiers et soldats des Armées françaises. L'heure est venue. Confiance, courage et vive la France !"...

Le 16, à 6h00, le débouché de l'attaque se fait facilement, les tirs de barrage allemand sont tardifs et peu denses. Mais c'est un piège. Dès qu'ils arrivent dans le dispositif ennemi, les assaillants sont pris par des tirs croisés de mitrailleuses établies soit en plein champ, soit sous des abris, toutes ayant échappé aux tirs français. Les soldats allemands sont nombreux, préparés, et entendent résister avec acharnement. Sur le flanc droit de l'attaque et malgré cette défense acharnée, à la fin de la matinée les soldats du général Olivier Mazel prennent Loivre et Berméricourt, ils parviennent même à prendre pied dans la deuxième position défensive entre l'Aisne et la petite rivière de la Miette. Sur le flanc gauche, dans beaucoup d'endroits la première ligne n'est même pas atteinte, la crête du Chemin des Dames est juste effleurée au prix de pertes sanglantes comme devant Hurtebise où des milliers de tirailleurs marocains sont pris à revers par des Allemands sortant de la Caverne du Dragon. Des îlots de résistance comme le monument d'Hurtebise et la sucrerie de Cerny rendent très précaire la situation des éléments avancés. A l'extrême ouest de l'attaque, après de durs combats, le village de Laffaux est enlevé ainsi que la ferme de Moissy. A midi, les soldats sont tous épuisés, incapables de progresser de nouveau, encore moins capables de se lancer dans un nouvel assaut. A 9h00, à l'est du Chemin des Dames, les tanks français s'engagent dans le secteur de Berry-au-Bac, mais cette première intervention des chars dans l'Armée française est un échec cuisant. Sur les 128 engagés, 57 sont détruits et 64 tombent en panne ou s'enlisent. Ces lourds engins, très lents (4 km/h), restent prisonniers du terrain marécageux ce qui en fait des cibles faciles pour l’artillerie, d'autant plus que le réservoir d'essence placé sur le côté n'est pas protégé. Les pertes humaines sont lourdes avec 33 officiers et 147 soldats. A 14h00, la réaction allemande est terrible, Berméricourt est repris, dans beaucoup d'endroits les survivants regagnent leur tranchées de départ, tellement les positions acquises ne sont pas tenables...

Les premières heures de l’offensive sont particulièrement meurtrières. Certaines unités perdent le tiers et jusqu’à la moitié de leurs effectifs. A l’échec militaire s’ajoute un désastre sanitaire. Les longues colonnes de blessés et d’éclopés qui piétinent dans la boue arrivent difficilement à parvenir aux postes de premiers secours, c'est encore plus difficile d'atteindre les hôpitaux d’évacuation.

Dans son long rapport, le général Ernest Joseph Blondlat qui commande le 2ème corps colonial, explique "L'influence des circonstances atmosphériques défavorables a été le trait le plus saillant de la période de préparation. Le vent violent, l'atmosphère brumeuse, la pluie et la neige fréquentes ont amoindri, dans une large proportion, le rendement de l'aviation, gêné l'observation aérienne, contrarié les réglages et l'exécution des tirs, empêché le contrôle photographique des destructions. L'activité de l'artillerie s'est trouvée, de ce fait, décousue, saccadée, incomplète. L'infanterie a également souffert des intempéries qui ont rendu très pénibles les travaux sur la position, le stationnement dans les bivouacs, et alourdi les mouvements. Si l'état moral de la troupe avant l'attaque était excellent son état physique laissait à désirer. A l'heure H, les troupes abordent en ordre les premières organisations allemandes. La crête géographique est atteinte presque sans pertes ; le barrage d'artillerie ennemi est peu nourri et présente des lacunes. Toutefois, notre infanterie s'avance avec une vitesse inférieure aux prévisions. Le barrage roulant se déclenche presque immédiatement et s'éloigne progressivement des premières vagues qu'il cesse bientôt de protéger. Quelques mitrailleuses, qui se sont révélées sur le plateau, n'arrêtent pas l'élan des fantassins qui peuvent descendre le versant nord jusqu'au bord des pentes raides dévalant dans la vallée de l'Ailette. Là, ils sont accueillis et cloués sur place par le feu meurtrier de nombreuses mitrailleuses qui, postées sur des pentes hors d'atteinte de nos projectiles, sont restées indemnes. Quelques fractions, utilisant des cheminements incomplètement battus, parviennent à descendre les pentes ; mais, d'une manière générale, les vagues subissent en quelques minutes des pertes considérables, particulièrement en cadres, et ne parviennent pas à franchir cette zone meurtrière, s'arrêtent, s'abritent et, sur certains points, refluent sur la dernière tranchée dépassée. Elles sont rejointes par les bataillons de deuxième ligne qui, partis à l'heure fixée, viennent se fondre sur la ligne de combat. Les bataillons de troisième ligne, conformément au plan de combat, s'avancent à leur tour ; quelques-uns peuvent toutefois être arrêtés à temps et occupent les premières tranchées allemandes ou nos tranchées de départ. En moins d'une heure, le combat s'est stabilisé ; toutes les tentatives pour reprendre le mouvement en avant échouent dès que l'on arrive sur la ligne battue par les mitrailleuses ennemies. La progression à la grenade par les boyaux et tranchées est seule possible, elle se heurte à une résistance de plus en plus vive. Les réserves ennemies sont, en effet, à peu près intactes ; bien abritées dans les "creutes" (cavernes) du versant au nord ou dans des abris très profonds, elles n'ont pas souffert du bombardement et la tranchée courant sur le rebord du plateau leur constitue une parallèle de départ commode. Nos fantassins sont desservis par l'état du terrain détrempé, particulièrement dans la zone bouleversée immédiatement derrière eux ; boyaux et tranchées sont remplis d'une boue gluante qui retarde l'arrivée des ravitaillements en munitions, ralentit singulièrement les mouvements préparatoires aux attaques et ceux nécessités par la remise en ordre des unités, expose de plus en plus les liaisons et les transmissions d'ordres et de renseignements. De plus, l'artillerie, dans cette journée, ne put donner tout ce qu'on attendait d'elle. Un barrage roulant devait précéder notre infanterie, réglé comme elle à la vitesse de 100 mètres en trois minutes. Pour assurer ce barrage pendant toute l'opération, suivant les ordres formels du général Joseph Micheler, il fallait procéder à des déplacements d'artillerie et pour cela un certain nombre de batteries avaient été gardées sur roues. Mais les averses de pluie et de neige ne permirent bientôt plus ces déplacements sur un sol détrempé. D'autre part, l'artillerie lourde était insuffisante, ainsi que les lots de munitions qui n'avaient pas été augmentés, malgré l'allongement de la période de préparation. Enfin, la supériorité de l'aviation allemande fut telle que nos mortiers et certaines batteries de 75 furent constamment survolés et marmités". On ne peut être plus clairvoyant ni plus synthétique sur l'échec de l'attaque au matin du 16 avril...

L'après-midi, l'armée du général Denis Duchêne prévue pour exploiter la percée se porte vaillamment au secours des armées Mangin et Mazel en retraite, mais elle ne fera pas mieux qu'elles. Le 16 au soir, la bataille est perdue...

Le lendemain, sur les positions conquises, il n'y a pas d'autres abris que ceux, à moitié détruits des Allemands. Le froid, la grêle et les bourrasques de neige continuent. L'évacuation des blessés est difficile, les munitions manquent, car les hommes trop chargés se sont vite débarrassés des poids trop lourds. Pour le commandement, nul n'ignore l'échec même si la première ligne allemande a été prise et les prisonniers, nombreux. Nivelle avait certifié "je serai en état, après les premières vingt-quatre heures, de décider si l'opération a réussi ou échoué" et répété "au bout de quarante-huit heures, au maximum, je serai en mesure de décider s'il y a lieu ou non de continuer". Pour bien se démarquer de Joffre, il déclarait péremptoire "rien n'est pire en de telles circonstances [échec d'une offensive] que de s'obstiner et que, sous aucun prétexte, il ne recommencerait la bataille de la Somme"...

Mais à l'est de Reims, une attaque de diversion effectuée sous une pluie de neige fondue, remporte un succès substantiel. Elle est effectuée par la division marocaine du général François Anthoine et s'empare du Mont-sans-Nom, de la tranchée de Bethmann-Holweg ainsi que du mont Blond. Alors Nivelle, faisant fi de ses belles paroles, essaye de relancer l'assaut sur le flanc droit que tient le général Mazel, et ordonne à Mangin de conforter ses positions autour de Laffaux pour empêcher tout retour ennemi. Au soir du 17, la seule progression du jour se situe dans la région de Braye-en-Laonnois. Le 18, l'armée de Mangin après de coûteux efforts achève la conquête du plateau. Les Allemands incendient les villages qu'ils abandonnent (Vailly, Aizy, Sancy et Jouy), le fort de Condé est repris pendant que l'armée de Mazel brise une forte contre-attaque qui lui laisse 1 600 prisonniers et 24 canons. Dans le même temps, l'armée du général Anthoine tout auréolée de ses conquêtes de la veille s'avance vers le mont Haut et le mont Téton dans ce qui va devenir la troisième bataille de Champagne. Le 19, l'armée de Mangin prend d'assaut le monument d'Hurtebise et lutte sauvagement pour occuper la sucrerie de Cerny. L'armée de Mazel stagne et l'armée d'Anthoine occupe le mont Blond, le mont Téton, le village d'Auberive et progresse dans la direction de Laigue. Le 20, sur le Chemin des Dames, les contre-attaques allemandes sont très violentes. En Champagne, après 4 jours de combat, les Français s'emparent du village d'Auberive en consommant plus de 50 000 grenades. Le 21, dans de nombreux endroits, les Allemands se replient sur les fortifications de la ligne Hindenburg. Après 6 jours de lutte acharnée aux milliers de morts, aucune percée n'est réalisée, les positions arrachées à l'ennemi sont très fragiles, elles peuvent céder à la moindre contre-attaque. Mais Nivelle s'obstine et le général britannique Haig est d'accord avec lui. Au soir, Nivelle adresse une note à tous ses officiers "Aucun arrêt des opérations n'est à envisager. Elles seront reprises à des dates très rapprochées". Pendant deux jours les plans sont totalement remaniés. Sans abandonner totalement la prise complète du Chemin des Dames, les actions devront être redirigées vers les Britanniques au nord et par la prise du village de Brimont au sud pour faire taire les canons qui, depuis le début de l'offensive, déversent des milliers d'obus sur la ville de Reims. Cette réorientation de l'offensive va porter le nom de la bataille des Observatoires et elle va durer tout l'été. Mais à l'arrière, au vu des pertes énormes annoncées, plus de 100 000 hommes hors de combat et presque autant à venir, c'est l'affolement. On n'avait pu empêcher l'offensive, il fallait au moins maintenant réussir à l'arrêter...

Le 22 avril, un jeune député des Basses-Pyrénées, Jean Ybarnégaray, officier d'état-major, vient directement trouver le président de la République pour l'avertir qu'on prépare une nouvelle opération sur la ville de Brimont, au nord de Reims, qui sera aussi coûteuse en hommes que celle menée le 16 avril. Raymond Poincaré, persuadé par l'éloquence de ce témoin direct, prend sur lui et dans l'urgence, de faire téléphoner un message au Grand Quartier Général "Le Président de la République a été très ému par des exécutants qui considèrent comme tout à fait prématurée et comme impossible à la date fixée, la reprise des attaques sur Craonne et sur Vauclerc". Le général Nivelle répond aussitôt "Le Général commandant en chef ne peut qu'exprimer sa douloureuse surprise que des racontars, nullement autorisés et sans aucun fondement, trouvent créance auprès du président de la République. Il n'est pas possible d'exercer un commandement dans de pareilles conditions. Je demande que les exécutants qui se sont livrés à ces écarts de langage, qui détruisent toute discipline dans l'Armée, soient l'objet d'une sanction exemplaire". L'affaire en reste là, mais elle est ô combien significative de l'ambiance malsaine dans laquelle l'offensive se passe, l'hostilité entre les politiques et le GQG est flagrante. Le 25, une grande réunion se tient dans le cabinet du président de la République, sont présents Raymond Poincaré, Alexandre Ribot le président du Conseil, Paul Painlevé le ministre de la Guerre, l'amiral Philippe Lacaze et le général Robert Nivelle. Ce dernier doit faire un exposé sur la nouvelle offensive en préparation. Painlevé qui avance le coût prévisible de 60 000 nouveaux morts pour la prise de Brimont, se fait invectiver par Nivelle qui demande d'où il sort ce chiffre. L'opposition est manifeste, et comme aucune décision n'est prise, la situation demeure trouble. Les jours suivants, le gouvernement interroge le maréchal Douglas Haig. Il est d'avis de continuer la bataille sous peine de perdre le fruit des efforts et des sacrifices antérieurs. Il insiste même, car dit-il, c'est aussi une manière de répondre au carnage que font les sous-marins allemands dans les flottes commerciales. Alors Nivelle, pas désavoué par le gouvernement, ni même par ses généraux subalternes, décide d'une nouvelle offensive pour le 1er mai. La préparation d'artillerie commence le 28. Le lendemain à 17h00, coup de téléphone du Ministère qui enjoint au Grand Quartier Général de surseoir à l'attaque "Puisqu'elle peut être retardée sans inconvénient et parce que le Gouvernement est insuffisamment éclairé sur les risques et pertes possibles entraînés par l'opération". En même temps, Nivelle apprend la nomination, comme chef d'état-major général, du général Philippe Pétain, avec lequel il doit s'entretenir de cette attaque avant de la déclencher. En clair, il est mis sous tutelle, car le ministère de la Guerre a maintenant les chiffres provisoires du coût des 10 premiers jours de la bataille et ils sont affolants. Près de 200 000 soldats français sont déjà mis hors de combat, c'est plus qu'à Verdun en 10 mois de lutte féroce. Si cela était tout juste supportable à l'été 1916, lors de la bataille de la Somme, ce ne l'est plus du tout en 1917, pour une offensive qui n'apporte rien, du moins pour l'instant. Dans la troupe, dès les premiers jours de la bataille, Nivelle acquiert le surnom de "Le Boucher", à cause du mépris qu'il affiche en regardant les tableaux des pertes. Ce surnom, à cet instant mérité, va lui coller à la peau durant tout le reste de sa carrière auprès des Poilus et de la population française. Çà et là, à l'annonce d'une attaque imminente, des mouvements d'humeur se manifestent dans les tranchées de première ligne. Les soldats ne comprennent pas qu'on les envoie une fois encore au casse-pipe vers un ennemi si bien protégé que les espoirs de réussite sont quasi nuls. Ce ne sont pas des mutineries, aucun soldat ne dirige son arme vers un officier, encore moins met la crosse en l'air, mais le ton est donné, les Poilus ne veulent plus mourir pour rien. Après la mise en place houleuse de Pétain le 30, l'attaque prévue est confirmée pour le 1er mai, mais la prise de Brimont est annulée. C'est le coup de grâce, car l'opération devient alors quasiment inutile et Reims restera toujours sous les obus des canons allemands...

Dans la Guerre Maritime. Avril 1917 est le mois le plus terrible pour la marine marchande. Jamais dans l'histoire, il n'y eut autant de bateaux coulés, à la torpille ou par des mines, que durant ces 30 jours. Pour tous les navires, accéder aux côtes européennes devient très dangereux, les U-Boote ne font plus de cadeaux, ils coulent tous les navires qui passent à portée de tir. Sur les 516 navires touchés durant ce mois, 474 sont coulés et 42 endommagés. Ce sont encore les Britanniques qui payent le tribu le plus lourd avec 256 navires touchés. Ils sont suivis par 69 navires norvégiens, 50 italiens, 36 danois, 33 français, 18 grecs, 10 étasuniens, 10 russes, 8 néerlandais, 6 suédois, 5 espagnols, 4 belges, 4 portugais, 2 canadiens, 2 égyptiens, 1 argentin, 1 brésilien, 1 tunisien et 1 uruguayen. En comparaison, les pertes allemandes sont dérisoires avec la perte d'un seul sous-marin...

C'est la première fois que les objectifs mensuels de 800 000 tonneaux détruits, préconisés par l'amiral allemand Henning von Holtzendorff pour mettre à genoux les marines alliées, sont atteints. La marine marchande est au bord du gouffre. Depuis le début de l'année, ce sont près de 1 500 bateaux que les empires centraux ont envoyés au fond de la mer. Le Premier Ministre britannique, David Lloyd Georges, arrive enfin à faire admettre à l'Amirauté, mais plus encore aux armateurs, que la situation est intenable et ne peut plus rester en l'état. Il prend pour exemple la marine française qui fait systématiquement accompagner par des navires de guerre ses navires de charbon sans subir de pertes. Alors, bien obligés d'admettre qu'il faut changer de pratique pour garder leurs navires intacts, les armateurs britanniques se laissent enfin convaincre. La mise en place des convois chez les Britanniques est enfin décidée...

Comme elle trouve les navires hôpitaux trop lourdement chargés, l'amirauté allemande considère que les Alliés utilisent ces bateaux spécialisés pour transporter aussi du matériel de guerre. De ce fait, pour elle, ils contreviennent à la convention de Genève et elle décide de les couler sans pitié. Les autorités alliées réagissent et embarquent alors des prisonniers allemands pour en faire des otages. Ils sont choisis selon le critère "les plus notables, soit par leur grade, soit par leur situation sociale ». Au total, ce seront 70 officiers allemands, dont un général et quinze officiers supérieurs qui seront embarqués sur les navires hôpitaux. A titre de représailles, le gouvernement allemand transfère plus de 200 officiers alliés dans des endroits "particulièrement exposés aux attaques des aviateurs ennemis"...

Les 7, 8 et 9 avril, à la faveur d'un temps relativement clément, des hydravions britanniques effectuent des raids sur le port belge de Zeebrugge occupé par les Allemands et d'où partent de nombreux sous-marins. Mais c'est sans grand succès. Le 11, le cuirassé allemand Rheinland s'échoue dans la mer Baltique. Dégagé 3 mois plus tard, il ne sera pas remis en service. Le 12, l'U-55 attaque le vapeur britannique Toro et massacre les 14 marins de son équipage. Comme son commandant, Wilhelm Werner, n'en est pas à son coup d'essai, il est maintenant inscrit sur la liste des criminels de guerre. Le 13, le croiseur japonais Akashi, escorté de 8 torpilleurs, se positionnent près de Malte pour aider les Alliés. Le 16, le torpilleur roumain Smeul heurte une mine turque dans le delta du Danube. Il coule aussitôt, emportant avec lui de nombreux marins français en mission en Roumanie...

Le 17 à 19h30, l'ancien paquebot britannique Lanfranc transformé en navire hôpital est torpillé par l'UB-40 au large du Havre dans la Manche. Quarante hommes dont 18 prisonniers-otages allemands périssent avec le navire, les 570 survivants sont recueillis par les destroyers britanniques Badger et Jackal...

Le 21, 6 torpilleurs allemands s'attaquent au barrage de mines qui obstruent la Manche entre Douvres et Calais pour empêcher les U-Boote de passer. Les destroyers britanniques Swift et Broke qui assurent la protection du lieu résistent avec vaillance. Le Broke éperonne le torpilleur G-42 et le coule en causant la perte de ses 36 marins. Le destroyer s'en sortira gravement endommagé, tout son avant emporté. Le G-85 est lui torpillé, il coule avec ses 35 marins. Le 21 encore, l'UC-30 heurte une mine au large du Danemark, il disparait avec ses 27 hommes d'équipage (l'épave ne sera retrouvée qu'en 2016). Au début du mois, il avait coulé deux navires, le britannique Hunstanton et l'argentin Monte Protegido sans faire de morts...

Dans la Guerre Aérienne. Les Britanniques l'appellent "Bloody April"(2) tant la supériorité des avions allemands est sans conteste. Les pilotes germaniques dans leur Albatros D III, le meilleur chasseur du Front de l'Ouest, infligent de lourdes pertes aux Alliés...

Les deux grandes offensives prévues à Arras et au Chemin des Dames, obligent les pilotes alliés à prendre tous les risques. Il faut faire de nombreuses reconnaissances aériennes pour savoir où sont les positions allemandes et, pendant l'offensive, régler l'artillerie. Le général britannique, Hugh Trenchard, qui commande le Royal Flying Corps basé en France, maintient toutes les opérations aériennes, malgré les pertes. A la fin du mois, les Britanniques auront trois fois plus de pertes que les Allemands...

Chez les Français, on est moins téméraire. Certes, on participe aux offensives, mais sans prendre autant de risques que les pilotes de la RAF. Cette stratégie va cruellement se faire sentir au Chemin des Dames en laissant l'aviation allemande "marmiter" tranquillement les positions d'artillerie françaises, ce qui va coûter de nombreuses vies humaines...

Durant ce seul mois, le capitaine Manfred von Richthofen abat 20 avions britanniques, portant le total de ses victoires à 52 appareils ennemis...

Dans les Balkans. La guerre reprend près de Monastir, mais ce ne sont que des raids pour dégager des positions presque encerclées. A Prilep, au centre du front macédonien, sur une étendue de 6 kilomètres et une profondeur d'environ 1 500 mètres, les Français occupent de nombreux villages et font plus de 1 800 prisonniers, dont 24 officiers. Sur le reste du front c'est le calme plat, on attend que l'hiver finisse...

Sur le Front Russe. Les Allemands aimeraient bien profiter de la situation politique du pays pour lancer de nouvelles attaques. Mais l'hiver est toujours là et il est quasi impossible de se mouvoir. Des tentatives sont faites autour de Riga, sur la mer Baltique, mais elles se soldent par des échecs. Alors les états-majors russes et allemands attendent la débâcle pour tenter de nouvelles offensives...

Chez les soldats russes, il en est tout autrement. De nombreuses rumeurs colportent que les terres des grands domaines féodaux vont être partagées entre les paysans. Il est donc vital pour tous les moujiks incorporés, de force dans certains cas, de retourner dans leurs villages pour prendre leur part dans cette redistribution. En cas d'absence, ils se retrouveraient sans rien. Alors, par groupes plus ou moins nombreux, ces soldats désertent avec leurs armes et rien ne peut les arrêter. A la fin du mois, l'armée russe a perdu plus 1,5 million d'hommes, et l'hémorragie ne fait que commencer...

Sur le Front Roumain. Là aussi, c'est toujours l'hiver, rien ne bouge...

Sur le Front Italien. Seules des actions d'artillerie sont signalées autour de Gorizia...

Au Moyen-Orient.

En Palestine. Le 17 avril, un mois après une première attaque, l’armée britannique fait toujours le siège de Gaza, occupée par les Turcs. Près de quatre mille obus au gaz sont tirés sur la ville, qui ne cède pas. Dans l'attaque, 7 000 soldats britanniques sont tués sans aucun gain notable. Le général Charles Macpherson Dobell, malgré ses brillants états de service en Afrique du Sud, en Afghanistan et en Afrique de l’Ouest est rappelé à Londres. Son supérieur, le général Archibald Murray, est aussi sanctionné par un rappel vers la Grande-Bretagne. Pour relancer la campagne en Palestine, David Lloyd George pense au général sud-africain Jan Smuts, mais ce dernier réserve sa réponse...

En Mésopotamie. Après avoir vaincu une résistance turque sur le Chatt-el-Adhiem, un affluent oriental du Tigre, les Britanniques prennent le 23 avril Samara à 100 kilomètres au nord de Bagdad. Ils ont bon espoir de rejoindre les troupes russes qui arrivent du nord afin de prendre conjointement la ville de Mossoul. Le 28, le maréchal allemand Erich von Falkenhayn, le vaincu de Verdun, arrive à Constantinople pour créer un groupe d'armée germano-turc en vue de reprendre Bagdad...

En Lybie. Comme en janvier, les forces italiennes, prises au piège dans Zuwara, Khoms et Tripoli, tentent de briser l'encerclement turc pour la deuxième fois, sans plus de succès qu'en janvier...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho du mois de juin qui donne des nouvelles d'avril. C'est une édition classique de 20 pages, dont les 3 premières sont entièrement consacrées au discours de l'abbé Lemire lors des funérailles du lieutenant-colonel Pierre-Jean Constant à Steenbecque dans le Nord...

Le lundi 23 avril a été célébré le service funèbre de Louis Bertaud, tué le 15 décembre à Verdun par une balle explosive. Il a été blessé plusieurs fois durant cette guerre et c'est une vieille connaissance de l'Écho, car c'est l'un des émeutiers des inventaires du 14 décembre 1906, ce qui lui a valu 15 jours de prison...

Est relatée la citation du Lieutenant Pierre Laurent, neveu et filleul de Pierre-Jean Constant, à l'ordre de la 6ème armée le 7 septembre 1916...

Le vendredi 27 avril, a été célébré le service funèbre pour Ulysse Roche, tué le 15 décembre à la cote du Poivre d'une balle dans le crâne. Bien que natif d'Uzès, c'est le frère de Madame Nadal. Comme il est orphelin, la notification de son décès est arrivée à Barbentane...

La poésie, l'Or de la Victoire, qui a été déclamée aux élèves le 23 avril, est retranscrite. Elle est suivie de l'article qui concerne l'Œuvre antituberculeuse des Bouches-du-Rhône. Vingt-sept jeunes filles barbentanaises, toutes citées, ont parcouru le village le 20 avril en vendant des insignes commémoratifs, et elles ont recueilli 422fr60. Est aussi relatée la "Semaine de l'Or" dans les écoles. Les sommes récoltées sont détaillées par école et, signe des temps, sur nos 5 écoles, 4 sont dirigées par des femmes. Au final, ce sont 6 915 Frs qui ont été collectés dans les établissements scolaires...

Les 18 conscrits de la classe 1918 sont nommément cités avec le lieu de leur future affectation. Le dimanche 29 avril à 9h00, c'est la messe de départ des conscrits où tous, sauf les 3 déjà partis, ont assisté. Elle est suivie de la grand-messe consacrée à la Société de Secours Mutuels de Saint-Joseph qui vient en aide à ses adhérents dans le besoin...

François Julien a été nommé maréchal des logis (sergent) dans son unité. Trois blessés sont cités, mais sans précision quant à l'état de leur blessure, et Charles Pagès, tué au large de la Grèce est le 56ème inscrit au martyrologe...

Deux Poilus barbentanais meurent pour la France en avril 1917 :

· Félix-Marcellin-Joseph, dit Lacroix Paulet. Il est né au Paradou (BdR, 13), 22 ans, menuisier-ébéniste, célibataire. Il est incorporé comme soldat de 2ème classe le 21 mai 1913 au 11ème régiment d'infanterie. Il est tué le 17 avril 1917 à Maronvilliers dans la Marne. Il est inhumé sur place, puis transféré à la tombe 2 437 de la nécropole nationale de Bois-du-Puits à Auberive dans la Marne le 20 septembre 1923. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église(3). Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane ;

· Eugène-Francelin Boch. Il est né à Tignes (Savoie, 73), 34 ans, maréchal des logis (sergent), 2ème régiment d'artillerie coloniale, célibataire. Bien que résident à Niort (Deux-Sèvres, 79), il s'engage comme volontaire à Marseille pour 4 ans le 7 janvier 1901 et restera dans l'armée. Il est tué à Courson dans l'Aisne le 28 avril 1917 lors de l'offensive Nivelle au Chemin des Dames. Comme ses parents habitent Barbentane, il est transcrit au village, mais il ne figure sur aucun de nos monuments commémoratifs. Son nom est inscrit sur le Monuments aux Morts de Tignes (Savoie, 73). Il repose maintenant à la tombe n°20 de la Nécropole nationale de Crécy-au-Mont (Aisne, 02).

Dans le courrier militaire, Louis Ayme entouré de serpents et de tortues dans des montagnes de sable on ne sait où, salue le retour du curé Guigues ainsi que le départ de l'abbé Hance ; Marius Fontaine considère qu'il fait son dur métier ; Auguste Issartel construit des lignes de chemin de fer et reçoit du courrier de l'abbé Hance ; Jean-Marie Ginoux écrit de Monastir où il commence à faire chaud ; Léon Jaoul est dans l'Aisne d'où il plaint les boches qui sont durement bombardés ; depuis le 21 mars François Veray est à l'hôpital à cause de pieds gelés et d'une entorse -il arrive d'une attaque où ils étaient dans la neige à 2 200mètres d'altitude, maintenant que ses pieds se dégèlent il souffre encore plus- ; le caporal Jean Fontaine qui a poursuivi les boches jusqu'à Saint-Quentin est envoyé en Belgique ; Paul Croucet a été opéré le 12 avril, il a beaucoup souffert mais ça commence à aller mieux ; Achille Deurrieu est en joie car François Jullien vient d'être nommé maréchal des logis après 6 ans de port de l'uniforme ; dans l'Aisne Charles Gauthier entend le canon jour et nuit, il en espère des résultats concluants ; Louis Fontaine est à l'hôpital pour cause de fatigue ; François Marteau qui ne reçoit 'rien' des boches se demande si cela va durer ; Marius Escalier est guéri, il est maintenant versé au service automobile ; Gaston Nazon narre une bataille livrée le 16 (avril ?) où son régiment a fait plus de 700 prisonniers ; Julien Audibert a été blessé à l'œil par un éclat de grenade ; Etienne Bernard narre la dure captivité des civils français prisonniers des Allemands pendant trente mois et Alphonse Moucadeau considère que d'avoir reçu l'Écho la veille d'une attaque, lui a donné du courage...

Dans l'état religieux, on note un baptême en avril, 4 décès en avril et 2 en mai. Est aussi noté le décès de Madame de Pellissier la Coste, comtesse de Blanchetti, mère de la marquise de Puget-Barbentane dont les obsèques se sont déroulées le mercredi 2 mai à Avignon...

Un article sur le Sacré-Cœur ainsi qu'une courte nouvelle de René Bazin parue dans l'Écho de Paris du 22 avril 1917 clôturent cet Écho...

Guy

Transport d'un blessé allemand après l'attaque sur le Chemin des Dames

Voiture de propagande pour la guerre à New York

Le 22 avril, vente d'insignes lors de la journée franco-américaine à Paris

Camp allié de Vodéna dans les Balkans

Dans le Monde Politique.

Les Pourparlers de Paix. Depuis février, ils se poursuivent avec régularité. Le 19 avril, à Saint-Jean-de-Maurienne, se tient une rencontre franco-italo-britannique pour tenter de trouver un point d’entente avec l’Autriche-Hongrie pour une paix rapide. La Grande-Bretagne et la France acceptent de satisfaire, sous réserve de l’approbation de la Russie non représentée à la réunion, les revendications territoriales de l’Italie en Asie Mineure (la région d’Adalia, Smyrne et une zone d’influence au nord de cette ville). Pour l'Europe, et en deux mois, les revendications ont évolué défavorablement à la paix. Le nouveau Premier ministre français, Alexandre Ribot, est beaucoup moins accommodant qu'Aristide Briand et il pousse les Italiens à poursuivre leurs revendications territoriales dans les Alpes et dans l'Adriatique (Trentin, Dalmatie et îles de la côte). Le lendemain, le Premier ministre britannique David Lloyd George fait part au prince Sixte de Bourbon-Parme, qui représente Charles Ier d'Autriche-Hongrie, de l’intransigeance des Italiens et de la nécessité pour l’Autriche-Hongrie de faire des concessions à l’Italie avant de négocier une paix séparée avec les Alliés. La paix pour 1917 paraît bien compromise...

Du 22 avril au 19 juin, des délégués socialistes britanniques et français prennent contact avec les délégués des socialistes pacifistes russes et Scandinaves qui s'efforcent, à Petrograd et à Stockholm, de créer un mouvement en faveur de la paix sans conquêtes ni indemnités. Ce sera sans lendemain...

En France. Un décret est signé au sujet de la restriction sur la consommation de la viande de boucherie. Il stipule que du 25 avril au 15 mai, il y aura un jour sans viande par semaine (les vendredis), et que du 15 mai au 15 octobre, il y en aura deux (les jeudis et vendredis). Les pâtisseries fermeront pendant deux mois consécutifs, afin de permettre la constitution d'un stock de farine. Les exemptés et réformés, dits "récupérés", reconnus bons pour le service seront convoqués au mois de mai pour rejoindre leur affectation. A la fin du mois, les problèmes alimentaires occupent toujours le gouvernement. Les boucheries doivent fermer tous les soirs à partir de 15h00. Après les bons pour le sucre, des bons pour l'essence et pour le charbon vont être mis en circulation. Le ministre de la Justice René Viviani et l’ancien généralissime français Joseph Joffre, en disgrâce depuis le semi-échec de l’offensive de la Somme à l’été 1916, sont chargés par le ministre de la Guerre, Alexandre Ribot, d’aider le Président Wilson à organiser son armée dans la perspective d'une intervention prochaine en Europe. Le 15, ils embarquent à bord du cuirassé flambant neuf Lorraine en direction des États-Unis dans une mission qui va durer plus d'un mois. Le 22, Albert Thomas, le ministre français de l'Armement est à Petrograd afin de convaincre le gouvernement provisoire russe de poursuivre la guerre aux côtés des Alliés...

Le 27, dans l'île de Huahine (à 150 kilomètres au nord de Tahiti) s'éteint la dernière reine de Polynésie, Tehaapapa III à l'âge de 38 ans. De lignée royale, elle devient reine à 14 ans. Mais elle, et toute sa famille, décident d'abandonner définitivement leurs pouvoirs en faveur de la République française par un traité signé en septembre 1895...

Dans le cadre de la commission voulue par Aristide Briand pour élaborer des buts de guerre à la France, le polytechnicien et général Robert Bourgeois remet un de ses rapports. Il préconise l'occupation totale de la rive gauche du Rhin, bien au-delà de l'Alsace-Lorraine, et la création de "têtes de pont" françaises sur sa rive droite...

En Belgique occupée. Le général Moritz von Bissing, gouverneur général de Belgique, réalisateur de la séparation linguistique de la Belgique, meurt le 18 avril à 72 ans. Il n'est guère pleuré. Il est remplacé le 22 par le général Ludwig von Falkenhausen qui vient d'être limogé pour incompétence de son poste de général en chef de la 6ème armée allemande devant Arras...

En Grande-Bretagne. Dans un discours plein d'humour, le Premier ministre David Lloyd George, se moque de la ligne Hindenburg dite infranchissable, que les Alliés franchissent déjà. La Chambre des lords sera remplacée par un Sénat élu, ce qui supprime les droits héréditaires des lords nommés à vie. Des mesures sont prises en vue de nourrir les animaux d’une façon économique afin d'épargner la nourriture pour les humains. Pour ne pas se laisser distancer par les Français, une mission britannique est envoyée aux USA avec lord Arthur Balfour pour la diriger...

En Italie. Le 17 avril, le pays signe les accords d’Akroma. Par cette signature, l'Italie accorde l'autonomie de la Cyrénaïque qui a été prise à l'Empire ottoman en 1911. Cette région couvre environ le tiers est de la Libye actuelle avec comme capitale Benghazi. Elle est désormais sous la responsabilité administrative de l'émir Idris, chef de la dynastie des El-Senussi...

En Allemagne. Depuis au moins deux ans le gouvernement entretient des rapports secrets avec certains révolutionnaires russes qu'il sait pacifistes. C'est d'ailleurs un activiste, pacifiste et social démocrate russe, Israel Lazarevich Gelfand dit Alexandre Parvus, qui a proposé au baron allemand Hans Freiherr von Wangenheim en juin 1915 un plan de 20 pages dans lequel il propose à l'état-major allemand de favoriser la révolution ouvrière en Russie afin de faire cesser la guerre à l'Est. Au début avril, Parvus propose à Vladimir Ilitch Lénine, qui s'est réfugié en Suisse avec une trentaine de ses partisans, de regagner au plus vite Petrograd afin de prendre la tête du parti Bolchevick. Dans les pourparlers avec les Allemands, Lénine exige que la voiture ferroviaire qui le transporte, bénéficie du statut d’extraterritorialité, que le trajet soit sans arrêts, et que l’on procède à un échange de prisonniers de guerre russes et austro-allemands. Le 9 avril, ses exigences acceptées, Lénine traverse l'empire germanique avec ses partisans et ils sont acheminés à la frontière russe la plus proche de Petrograd...

Le 8 avril, dans la ville de Gotha en Thuringe, le parti social-démocrate se scinde en deux. Comme ils refusent de voter des crédits pour la guerre, 18 députés sont exclus du SPD. En se ralliant aux spartakistes, les exclus créent le parti social-démocrate indépendant avec Karl Liebknecht, Rosa Luxembourg et Éduard Bernstein. Le 16, malgré les consignes du parti social-démocrate allemand et des principaux chefs syndicalistes, 250 000 ouvriers allemands se mettent en grève dans les usines métallurgiques de Berlin. A leur tête, des délégués révolutionnaires d’usine, membres du parti spartakiste. Les autorités militaires réagissent promptement et réquisitionnent immédiatement tous les grévistes. Ils arrêtent et emprisonnent les meneurs, le mouvement s’effondre aussitôt. Le 10, dans un communiqué, le gouvernement se refuse à croire à l'entrée en guerre des États-Unis. Durant tout le mois, le nouveau rationnement du pain provoque de nombreuses grèves dans les grandes villes du pays (Berlin, Düsseldorf, Cologne, Essen, Nuremberg, Magdebourg, etc...), mais sans désordre important, ni émeute. Les grévistes organisent des défilés avec des drapeaux rouges et noirs. Plusieurs organisations ouvrières réclament une paix immédiate...

En Autriche-Hongrie. Le 3 avril, l’empereur Charles Ier rencontre Guillaume II à Hombourg en Allemagne. Il lui propose une partie de la Pologne en échange de la restitution à la France de l’Alsace-Lorraine. Charles Ier qui veut la paix, dit à Guillaume II "Si les monarques ne font pas la paix, les peuples la feront". Loin d’être impressionné, Guillaume II répond que la situation va en s'améliorant. Il évoque le début de la fin pour l'armée russe, et les victoires défensives allemandes sur les champs de bataille français vont lui permettre de tenir un temps. Après, il pourra retourner toute son armée vers l'ouest européen et battre ainsi les Alliés. Pour lui, il n'est pas question que l’empire austro-hongrois fasse une paix séparée, car les deux États dépendent étroitement l’un de l’autre. L’Allemagne a besoin du soutien de Charles Ier pour la victoire, et ce dernier a besoin de l’appui allemand face aux pressions des minorités slaves et hongroises de l’empire. Le 11, le ministre de la Guerre austro-hongrois, le général Krobakin, compromis dans un scandale, démissionne. Dans son rapport en date du 12, le comte Ottokar Czernin, ministre impérial des Affaires Étrangères, signale à son empereur "Nous sommes à bout de forces et l'Allemagne n'a plus à compter sur nous à dater de la fin de l'été"...

En Russie. Le service de surveillance de l'ex-tsar, au palais de Tsarskoïe Selo, est devenu plus sévère à la suite d'une tentative de Nicolas II de correspondre avec l'extérieur...

Depuis le 12 mars, le pays est dans une double autorité. D'un côté, le comité provisoire de la Douma qui est formé de députés du centre et de la gauche modérée avec de l'autre, le soviet des députés ouvriers de Petrograd que rejoindront ensuite les délégués des soldats. Installé au palais de Tauride, le soviet est alors présidé par le menchevik Nicolas Tchkhéidzé, assisté par Alexandre Kerenski. Le Congrès général tenu par les délégués des Comités des ouvriers, des députés et des soldats, appelle "la démocratie à mobiliser toutes les forces vives de la nation pour renforcer le front et l'arrière, afin d'obtenir la paix dans la victoire". Même s’il est issu d’une révolution d'ouvriers et de soldats, le nouveau pouvoir est aux mains d'hommes politiques libéraux. C'est principalement le parti KD (Parti constitutionnel démocratique, bourgeois libéral, faussement appelé Cadet), qui gouverne. Dans les faits, il doit aussi composer avec les Soviets qui sont déjà présents dans les grandes villes depuis mars et qui se créent dans les campagnes à partir d'Avril. Les soviets sont donc à la fois des clubs dans lesquels les ouvriers ou les paysans se rendent pour discuter de la situation, et un organe de gouvernement. Le soviet de Petrograd est pour la paix immédiate, il préconise de rendre la terre aux paysans qui la cultivent, la journée de 8 heures dans les usines et penche pour une république démocratique. Ce programme est inapplicable par la bourgeoisie gouvernementale qui ne veut ni rompre avec les Alliés, ni toucher à la propriété des terres de la noblesse féodale et elle considère qu'il est impossible d'accorder la journée de 8 heures aux ouvriers. De surcroît, le gouvernement, comme une partie des dirigeants de soviets, estiment que seule la future Constituante élue au suffrage universel aura le droit de décider du destin des terres et du régime social. Mais l’absence de millions d’électeurs mobilisés au front retarde sans fin la convocation de ces élections. L’accomplissement des réformes attendues est donc sans cesse reporté. Le gouvernement prend l'énorme risque de décevoir dangereusement la population. Il ne peut de surcroît gouverner sans l’appui incertain des soviets, qui ont le soutien et la confiance de la grande masse des paysans et des travailleurs...

Le 16, peu avant minuit, dans la gare de Finlande à Petrograd, un groupe compact d’ouvriers et de soldats investissent le hall en agitant de nombreux drapeaux rouges avec des bannières de bienvenue. A l’arrivée d'un train, une fanfare militaire joue la Marseillaise, reprise par toute la foule au moment où Lénine, de retour d’un exil d’une dizaine d’années, apparaît dans son manteau de laine suisse. Invité à prendre la parole, il sort de la gare et monte sur le capot d’un véhicule blindé pour prononcer un court discours dans lequel il proclame le début "d’une révolution socialiste mondiale et la fin de la guerre". Sitôt arrivé, Lénine développe ses "thèses d'avril". C'est tout un programme, une marche à suivre, pour que les marxistes puissent, un jour, prendre le pouvoir. Tout d'abord, il part du constat que les idées marxistes sont minoritaires dans le pays car les militants marxistes n'ont pas encore eu le temps de "purger" la masse du peuple qui se laisse toujours berner par les discours petit-bourgeois des socialistes et apparentés. D'autre part, il faut que les soviets des délégués ouvriers et paysans soient, à terme, le gouvernement. Il est pour l'arrêt immédiat de la guerre. Il prône la dictature du prolétariat. Il est pour la confiscation immédiate des terres agricoles, non pas pour la rendre aux paysans, mais pour en faire des coopératives qui appartiendraient à ceux qui y travaillent. Il préconise la fusion immédiate de toutes les banques du pays en une banque nationale unique placée sous le contrôle des soviets. Dans l'immédiat, il n'est pas question pour lui que les bolchevicks et les mencheviks participent au gouvernement provisoire, ni qu'ils puissent l'aider en quoi que ce soit, au contraire ils doivent tout faire pour le faire chuter...

Le 17 avril, le gouvernement provisoire accorde l’indépendance aux Estoniens. Le Comité exécutif des délégués ouvriers et soldats, constatant l'agitation par le bolchevick pacifiste Lénine et ses partisans, décide d'opposer à cette agitation une propagande énergique dans la presse et parmi les soldats. Le généralissime russe Mikhail Alekseïev télégraphie au maréchal britannique Douglas Haig, qu'en dépit des difficultés résultant du changement de régime, l'armée russe ne manque pas à ses devoirs envers les Alliés et "qu'elle leur donnera toute l'aide en son pouvoir en prenant l'offensive dès que les conditions atmosphériques le permettront". Le gouvernement provisoire fait libérer le général Alexeï Kouropatkine qui a été arrêté par les bolchéviks de Tachkent au motif qu'il organise une contre-révolution. Le général Nicolas Kourloff, suspecté pour le même motif, reste lui en prison. Le 27, la conférence des organisations bolcheviques de Petrograd adopte les "thèses d’avril" de Lénine...

Aux États-Unis. Le 2 avril, dans son discours devant le Congrès réuni en session extraordinaire, le président Woodrow Wilson dénonce les agressions des U-Boote "La guerre sous-marine de l'Allemagne contre le commerce est une guerre contre l'humanité tout entière" et il insiste sur la "perfidie allemande". Il joue aussi sur la corde sentimentale "Le pays doit donner son sang pour les principes qui l'ont fait naître". Dans la nuit, le Congrès vote l'état de guerre contre l'Allemagne par 272 voix contre 50. Le gouvernement demande un premier crédit de 17 milliards de dollars pour "se ranger aux côtés des Alliés dans la lutte pour l'humanité et délivrer le monde du danger et des menaces de la dynastie des Hohenzollern". Un prêt de 25 milliards de dollars est accordé aux Alliés. Le 3, Léon Trotski et sa famille quittent les USA à bord du paquebot norvégien Kristianiafjord pour rentrer en Russie. Lors de l'escale à Halifax au Canada ils sont arrêtés. Lui, est interné dans un camp de prisonniers à Amherst qui est tout proche, alors que son épouse et ses enfants restent dans un hôtel en ville. Finalement le président Wilson leur fait parvenir des passeports US, et ils peuvent reprendre leur route vers la Russie. Le 6, le Sénat vote, par 82 voix contre 6, adopte la déclaration de guerre. Peu après, les États-Unis déclarent officiellement la guerre aux Empires du centre, mais ils ne deviennent pas pour autant membres de l'Entente. Ils préfèrent en rester "associés", ce qui leur permet de ne pas être liés par les engagements pris auparavant par les belligérants et ils ne déclareront jamais la guerre aux Turcs. En effet, ils se méfient de l'Empire russe qui organise régulièrement des pogroms contre les juifs et les Polonais. Pour autant, si les USA ont choisi "la défense du droit plutôt que la paix", ils n’ont pas, loin s'en faut, les moyens de faire la guerre. Pour l'infanterie, ils ne disposent que d’une armée de métier aux effectifs réduits, à peine 200 000 hommes, dont les seules expériences du combat ont été acquises contre les Amérindiens, les rebelles philippins, les Espagnols de Cuba ou les troupes mexicaines de Pancho Villa. Côté armement, c'est pire. Ils ne possèdent que 285 000 fusils, 1 500 mitrailleuses, 550 canons et aucun tank. Leurs forces aériennes sont squelettiques avec 54 avions (aucun d'eux n'est vraiment opérationnel), un dirigeable qui n'a encore jamais volé et 3 ballons pour 239 hommes et 48 officiers. Seule l'US Navy est moderne avec ses 14 super-cuirassés récents, 250 destroyers, 36 sous-marins et un personnel qualifié de 80 000 marins. Cette flotte, commandée par l'amiral William Sims, va accomplir ses missions de convois de troupes vers l'Europe, et de lutte anti-sous-marine avec succès. A ces militaires, il faut rajouter tous les Étasuniens, engagés volontaires, qui font déjà la guerre en Europe. Certes, ils sont vraiment peu nombreux, à peine 200 aviateurs et autant de légionnaires, mais ils participent avec courage aux côtés de leurs frères d'armes dans tous les combats qui se déroulent sur le sol de France…

Quatre-vingt-onze vapeurs allemands qui sont immobilisés depuis près de deux ans dans les ports du pays, sont saisis. Ils représentent une valeur de 1 500 millions de dollars. De nombreux citoyens allemands, tenus pour activistes dangereux, sont emprisonnés. Le 15, l'amiral William Sims, envoyé spécial du gouvernement US, est à Londres. Il a reçu pour mission de déterminer avec les membres de l’Amirauté britannique les moyens d'obtenir le meilleur rendement possible de la coopération entre les flottes britannique et étasunienne. Le général US qui a fini le canal de Panama, George Washington Goethals, est chargé de la construction rapide de 1 000 navires en bois pour le commerce. A l’unanimité, la Chambre des Représentants vote l'émission de 35 milliards de Bons du Trésor. Dans un appel à la nation, le président Wilson rappelle que le gouvernement appliquera la conscription si les volontaires ne se présentent pas en nombre suffisant. A la suite d'une conférence entre les autorités navales britanniques, françaises et étasuniennes, il est décidé que toutes les opérations de patrouilles sur les côtes US incomberont désormais à l'US Navy. Washington prépare un règlement des exportations et des approvisionnements pour le nord de l'Europe dans le but d'empêcher les provisions US de parvenir en Allemagne. Ces mesures ne modifieront pas les envois faits aux neutres, à moins que les Puissances centrales n'en profitent...

Le 25, c'est l'arrivée au port de Washington du Mayflower, le yacht présidentiel que Wilson a mis à la disposition de la mission Viviani-Joffre au départ de New York. En présence de l'ambassadeur français, Jean-Jules Jusserand, les Français sont accueillis avec enthousiasme par le secrétaire d’État US Robert Lansing ainsi que le secrétaire à la Marine Franklin Delano Roosevelt. Le "vainqueur de la Marne" est accueilli en héros national. Pour la première fois de son histoire, le Sénat étasunien accueille un officier étranger en tenue militaire. Joffre, qui ne parle pas anglais, mais que l'on pousse à dire un mot, remporte un franc succès en s’exclamant "I do not speak English, vivent les États-Unis !". Cette phrase fera la une du New York Times le 2 mai. Le président Wilson leur assure que "Les États-Unis ne feront pas de paix séparée avec l'Allemagne et que la guerre sera continuée jusqu'à l'obtention de l'idéal des grandes démocraties du monde". Au Cercle naval et militaire, devant le général John Pershing, futur comandant suprême des forces US en Europe, et d'autres officiers de tout grade, Joffre fait une conférence sur les deux premières années de guerre en France. Viviani et Joffre resteront près de trois semaines aux USA, puis encore quelques jours au Canada. Ils visiteront Chicago, Kansas City, Saint Louis, Indianapolis, Philadelphie, Boston, et rencontreront toutes les autorités politiques et militaires du pays. Les militaires US pensent pouvoir former rapidement 500 000 hommes en vue de les envoyer en Europe avant l'été. Des mesures concernant une coopération financière et l'envoi abondant de vivres en France sont à l'étude...

Le 26, une journée de la France est organisée à New York en mémoire du jour, le 26 avril 1777, où 1e marquis Gilbert du Motier de La Fayette quitte Bordeaux à bord de la Victoire pour venir se mettre au service des insurgés étasuniens. Toute la ville est pavoisée aux couleurs de la France avec comme slogan "The sweetheart of the world" (La petite fiancée du monde). A l’occasion de sa venue à New York, Joffre inaugure une statue de La Fayette...

Le 28, les congrès adoptent l'Army Bill, qui prévoit l'appel aux volontaires. Mais, en même temps, il adopte aussi le principe du service militaire obligatoire au cas où le volontariat ne donnerait pas les résultats escomptés. Entre le 28 et le 30, les discussions sont très vives à la Chambre des représentants, car certains démocrates refusent cette "autre forme d'esclavage" qu'est la conscription. Finalement, le Selective Service Act qui conçoit la conscription de tous les citoyens de sexe masculin âgés de 21 à 30 ans est voté le 30 avril à la Chambre des représentants par 397 voix contre 24. Il sera ratifié par le Sénat le 18 mai, par 81 voix contre 8. L'armée US espère ainsi réunir rapidement 4 millions d'hommes...

En Grèce. La situation redevient très troublée et les Alliés redoutent de nouvelles échauffourées sanglantes. Le 19 avril, ils se mettent d’accord pour occuper la Thessalie, région centrale du pays, ce qui provoque la démission du gouvernement de Spyrídon Lámpros. Il est aussitôt remplacé par Aléxandros Zaïmis. Des sous-officiers de l'armée royale et des soldats transférés dans le Péloponnèse désertent pour rejoindre le mouvement national à Salonique. A la faveur du mécontentement causé par le blocus, l'agitation des royalistes reprend, encouragée par le roi Constantin Ier. A Athènes, des réservistes en armes font des patrouilles dans les rues à la recherche de réunions secrètes. Le général Maurice Sarrail reçoit l'ordre de suivre de près les menées royalistes. Cependant, la fête de l'anniversaire de l'indépendance hellénique n'est marquée par aucun incident...

En Roumanie. Le 5 avril, le roi Ferdinand Ier adresse aux soldats du front une proclamation dans laquelle il promet aux paysans des terres et une plus large participation à la vie publique. Une Assemblée constituante réunie par le président du Conseil, Ion Brătianu à Iasi, étudie une réforme agraire qui prévoit la mise à la disposition des paysans de deux millions d’hectares de terres agricoles et une réforme électorale introduisant pour l’avenir le suffrage universel. Elle sera votée en juin...

Au Portugal. Le 22 avril, le cabinet présidé par le républicain António José de Almeida, démissionne. Il est remplacé le 25 avril par le franc-maçon et anticlérical Afonso Costa...

En Espagne. Face au blocus du pays, les journaux de gauche demandent au gouvernement de pencher pour la manière forte. Les journaux de droite, avec les principaux hommes politiques, font campagne pour le maintien de la neutralité. Comme les torpillages s'intensifient et devant le blocage du parlement, le Premier ministre Álvaro de Figueroa y Torres, comte de Romanones donne sa démission, car il estime que la neutralité n'est plus possible. C'est le président du parti libéral démocratique, Manuel García Prieto, qui le remplace au poste de Premier ministre le 19 avril, et il entend ne rien changer à la conduite des affaires politiques du pays. De grands meetings sont organisés par les partis conservateurs afin "que la neutralité absolue soit conservée et que la politique d'après-guerre s'inspire du rapprochement avec les puissances occidentales"...

En Amérique Centrale, du Sud et dans la mer des Caraïbes. L'Argentine, le Pérou, le Chili et le Brésil se solidarisent avec les États-Unis et envisagent la guerre contre les Austro-Allemands. Le 7 avril, Cuba déclare la guerre à l'Allemagne et le Panama fera de même le lendemain. Le 10, le gouvernement cubain fait saisir tous les bâtiments allemands qui se trouvent dans ses eaux territoriales. Le 15, le Brésil saisit les navires allemands au mouillage dans ses ports et la Bolivie rompt ses relations diplomatiques avec Berlin...

Au Japon. La préparation militaire s'intensifie. Les arsenaux travaillent jour et nuit, la production d'artillerie atteint des chiffres records. Le pays profond, encore plus féodal que celui de l'Empire russe, suit avec attention les événements qui se déroulent en Russie...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 11 avril à Levallois-Perret près de Paris, c'est la naissance de Raymond Marcillac († 13 avril 2007). Après une carrière sportive de qualité dans l'athlétisme où il porte plusieurs fois le maillot de l'équipe de France il devient officier dans l'aviation, puis résistant. Après la guerre de 39-45, il embrasse une carrière de journaliste-vedette à la télé puis il devient réalisateur. Le 14, à Varsovie s'éteint le médecin ophtalmologiste Ludwik Lejzer Zamenhof âgé de 57 ans. D'origine juive polonaise, pacifiste, il se passionne pour les langues et crée une langue universelle, l'esperanto qu'il publie en russe le 26 juillet 1887 sous le pseudonyme Doktoro Esperanto (le docteur qui espère). Le 18, à l’exposition des Indépendants à New York, le boxeur et poète français, Arthur Cravan, donne une conférence sur "les artistes indépendants en France et aux États-Unis". Pour appuyer ses propos, il se déshabille entièrement et tient des propos orduriers. Il est alors arrêté par la police sous les yeux ravis de ses amis Marcel Duchamp et Francis Picabia. Il est emmené à la prison de Sing Sing à New York, où il reste détenu plusieurs jours. Le 23, c'est l'inauguration à Barcelone (Espagne) d’une gigantesque exposition d’art français. Sont présentées au public près de mille cinq cents œuvres des plus grands peintres : Bonnard, Degas, Matisse, Cézanne, Courbet, Gauguin, Seurat, Toulouse-Lautrec. Le 25, à Newport News, en Virginie (USA), c'est la naissance de la chanteuse de jazz, Ella Fitzgerald († 15 juin 1996). Le 26 à Canton (Chine), c'est la naissance de Ieoh Ming Pei. A 17 ans, il émigre aux USA pour poursuivre ses études, et devient un architecte de renom. Très créatif, ses réalisations parsèment le monde. Sa Pyramide, place Napoléon devant le Louvre à Paris, fait un temps scandale (1989). Elle est maintenant considérée comme la plus belle création architecturale de la capitale française du XXème siècle. Il est toujours vivant…

 

Sur les Fronts des Combats.

En France.

La bataille d'Arras. A l'origine, la bataille d'Arras et celle du Chemin des Dames, dites offensives Nivelle, devaient être menées conjointement. Les Allemands, avec leur repli stratégique derrière la ligne Hindenburg, ont mis à mal les plans des Alliés. Finalement, les états-majors scindent les deux offensives. C'est la plus importante bataille que les Britanniques mèneront sur le sol de France durant la première guerre mondiale...

Si la ville d'Arras, 25 000 habitants à l'époque, est restée française, elle est constamment sous le feu de l'artillerie allemande. D'ailleurs, elle est au trois quarts en ruines, l’hôtel de ville et son beffroi, emblèmes de la cité médiévale, ont été détruits et une grande partie des quartiers centraux sont fortement endommagés. A partir de février 1916, Arras, qui ne conserve plus qu’une faible partie de sa population civile, devient une ville britannique, au point que son administration est bilingue. Même si les plans prévoient que la bataille de printemps attribuée aux Britanniques n'est, au final, qu'une attaque de diversion, ces derniers vont mettre toutes leurs forces et leur dynamisme dans sa réalisation. Comme le sol est calcaire, donc facile à excaver, la British Expeditionary Force (BEF) creuse des galeries partout. Certaines sont de simples boyaux pour permettre la circulation d'hommes à pied, d'autres sont équipées de rails avec des chariots de manutention poussés à la main pour acheminer plus facilement les munitions et ramener les blessés. En tout état de cause, les travaux sont monumentaux, plus de 20 kilomètres de galeries sont creusées. Plusieurs milliers de soldats y travaillent depuis des mois, essentiellement des maoris néozélandais mais aussi des mineurs professionnels écossais. Particularité toute britannique, selon à qui est concédé le souterrain, il porte le nom d'une ville de la province concernée : Carlisle, Glasgow, etc... pour les Écossais ; Manchester, Liverpool, etc... pour les Anglais ; Wellington, Auckland, etc... pour les Néozélandais. Pour répondre aux besoins élémentaires des hommes, des cuisines sont aménagées et l’approvisionnement en eau est assuré par des canalisations ou des puits. Toutes ces galeries sont éclairées par des groupes électrogènes qui fournissent aussi l'électricité pour les appareils de ventilation. Des latrines pour officiers et hommes du rang sont installées dans chaque salle de repos. Sans satisfaire pleinement aux règles sanitaires très strictes en usage dans l’armée de sa majesté pour l’installation de ses campements provisoires, les carrières souterraines d’Arras offrent en revanche, par rapport à la vie habituelle des tranchées, une grande sécurité. Malgré la proximité du front, elle donne un relatif confort aux hommes avant leur montée au combat. Le principe de réalité conduit les Britanniques à aménager, dans une carrière située sous un carrefour d'Arras, un véritable hôpital, appelé "Thompson’s Cave" du nom de son concepteur. Capable d’accueillir 700 blessés, il est muni de tous les services nécessaires à un fonctionnement optimum, à savoir des salles d’attente pour les blessés, une grande salle d’opérations et de lieux de repos pour le personnel hospitalier. Bien sûr, une morgue est aussi creusée. Des panneaux indicateurs permettent un accès aisé aux divers services. Bien sûr les Allemands essayent de détruire ces tunnels par des tirs de mines, et plusieurs dizaines de mineurs y laisseront leur vie...

Si l’utilisation de ce vaste réseau souterrain demeure le point le plus original du plan de bataille, la préparation de l'assaut est très méticuleuse. Les objectifs sont méthodiquement reconnus au cours des nombreuses reconnaissances aériennes, mais aussi par de nombreux raids menés en terrain ennemi depuis trois mois. Les plus importants de ces coups de main impliquent plusieurs centaines d’hommes. Leur but est de collecter le maximum d’informations sur la structure en profondeur des défenses allemandes. A l’issue de ces opérations, des maquettes de grandes dimensions sont confectionnées, afin de permettre aux officiers qui vont mener l'assaut de se familiariser avec le terrain dans lequel les soldats seront obligés d'évoluer. L’emploi d’armes nouvelles est également prévu. Une nouvelle fois, malgré ses échecs dans la Somme, le char d’assaut Mark II est acheminé près du front. Mais c'est surtout la mise en œuvre d'une toute récente invention, peu coûteuse et très pratique, due au capitaine William Howard Livens qui fait la nouveauté du mois. Il s’agit d’un tube propulseur, capable de projeter des bonbonnes de gaz toxique à grande distance avec une mise à feu électrique. Cela permet aux utilisateurs de s’affranchir des caprices du vent pour utiliser des gaz de combat, tout en se protégeant des ratés de mise à feu. Comme les Français l'ont déjà fait à Verdun, pour l'attaque cruciale des Canadiens sur la crête de Vimy, chaque soldat dans chaque peloton est informé de ses objectifs pour la journée de l'assaut. Cela permet de poursuivre la bataille même si les officiers sont tués ou les communications rompues, réglant ainsi deux des problèmes majeurs des combats sur le front de l'Ouest...

Le 9 avril, le temps est une nouvelle fois pourri, mais le moral des assaillants est au beau fixe avec l'annonce de l’entrée en guerre des États-Unis. Depuis 4 jours, la préparation d’artillerie est d’une intensité exceptionnelle sur les points précis où les défenses allemandes sont les plus redoutées. A 5h30, près de 100 000 Canadiens sous les ordres du général Henry Horne, s’élancent à l’assaut du plateau de Vimy. La maîtrise de cette crête est indispensable pour que les troupes sous la direction du général Edmund Allenby puissent se diriger vers Douai qui est l'objectif prioritaire de l'offensive. Dans un rush irrésistible, les Canadiens progressent de 4 kilomètres en moins de 8h00, ce qui reste un exploit jamais égalé, et dès 13h00 une grande partie de la crête de Vimy est conquise. En complément, les Canadiens prennent aussi le village de Monchy-le-Preux qui ouvre la voie vers Cambrai. Plus au sud, l'armée du général Hubert Gough doit conquérir le village de Bullecourt qui est le point le plus fortifié du dispositif allemand dans le secteur. Mais là, au grand désappointement de nombreux officiers, l'attaque est repoussée de 24h00 car les chars ne sont pas prêts. Le jour de l'assaut ils ne se révèlent pas plus efficace que dans la Somme et, pire, comme ils ont permis aux Allemands de se préparer pour l'attaque, c'est à cet endroit que la bataille se révèlera la plus meurtrière et la moins développée pour les assaillants. Malgré cela, sur les autres points, les attaques sont de véritables succès. En moins de 48h00, toute la crête de Vimy est conquise, même largement dépassée, obligeant les Allemands à abandonner leur artillerie positionnée à cet endroit. Dans tous les secteurs, la progression s'enfonce parfois de 5 kilomètres dans le dispositif défensif. Les villages de Thélus, Farbus, Saint-Laurent-Blangy, Feuchy, Athies, Fampoux, Tilloy-les-Mofflaines et Neuville-Vitasse sont conquis, cela permet aux artilleurs britanniques de dominer le champ de bataille. Le 11, après d'âpres combats, le village et la colline de Monchy-le-Preux, érigés en forteresse sont investis. Le lendemain, Wancourt et Héninel tombent à leur tour entre les mains des troupes britanniques…

Le succès incontestable des Britanniques sur ces 2 jours, surtout à Vimy, provoque un sérieux trouble au grand état-major allemand. A son quartier général à Kreuznach, le général Erich Ludendorff qui fête ses 52 ans n'est pas rassuré. Il s'inquiète directement de la situation par téléphone auprès des officiers supérieurs sur place. Il se rend alors compte qu'à Vimy, le général Ludwig von Falkenhausen n'a pas correctement pratiqué la technique de défense en profondeur pour bloquer les attaques alliées, et le limoge aussitôt. Ce dernier finira la guerre en Belgique en remplacement du général Moritz von Bissing qui vient de mourir...

Rapidement, les Allemands se replient sur leur deuxième ligne de défense et avec l'arrivée d'importants renforts, ils lancent de puissantes contre-attaques dès le 14. Dès lors, la bataille d’Arras s’enlise dans des combats locaux, mais néanmoins meurtriers. Le 23, les Britanniques réussissent à prendre Gavrelle et Guémappe, mais ils subissent de sérieux revers devant Arleux les 28 et 29 avril...

Depuis le 16 avril se déroule en parallèle l'offensive du Chemin des Dames qui va se révéler un cuisant échec. Alors le Field Marshall Douglas Haig persévère jusqu'au 16 mai dans des attaques sans lendemain, uniquement pour éviter que les troupes allemandes qui sont devant lui ne puissent se replier vers le sud et ainsi prêter main forte à celles qui sont devant les Français...La Bataille du Chemin des Dames. Depuis le début du conflit, jamais bataille n'a autant été controversée avant même sa mise en œuvre. Elle a été imaginée par le général Joseph Joffre et, malgré son éviction, elle est maintenue par le nouveau général en chef Robert Nivelle. Soutenue par le Premier ministre Aristide Briand, elle est contestée par Hubert Lyautey, son ministre de la Guerre. Après les démissions de Lyautey puis de Briand, le nouveau Premier ministre Alexandre Ribot et son ministre de la Guerre, Paul Painlevé, n'en veulent pas mais ils n'ont pas le courage d'empêcher Nivelle de la lancer, encore moins de le démettre. Conformément aux plans des Alliés arrêtés le 16 novembre 1916 à Chantilly, cette offensive devait être menée simultanément avec une autre en Italie, une autre en Russie et aussi une autre dans les Balkans. Or, en Russie, et les militaires français sont très bien placés pour le savoir, avec l'hiver, toute offensive digne de ce nom est impossible avant le mois de juin, de même qu'en Italie, et le général Luigi Cardona a fait savoir depuis le mois de janvier qu'il ne serait pas prêt avant mai, sinon plus. Dans les Balkans, le général Maurice Sarrail est bien trop empêtré avec les loyalistes grecs pour se lancer dans une grande offensive dont il n'a pas encore les moyens. Pour en rajouter dans le pessimisme, à ce moment là, la situation politique, économique et sociale en France est fragile. Le monde militaire est très inquiet des développements révolutionnaires en Russie, même s'ils sont contrebalancés par l'entrée en guerre des États-Unis. Mais les Russes sont actifs dans la guerre, alors que pour les USA ce ne sont pour l'instant que de vagues promesses. Le monde politique français craint une grève générale qui pourrait tout chambouler. Chez les Poilus, la victoire défensive de Verdun a fortifié le moral, mais l'hiver qui est encore là fait souffrir le martyr à des soldats exposés à tous les frimas. Dans ces conditions, le plus sage aurait été de reporter la bataille à des jours meilleurs, seulement Nivelle se sent prêt, ses soldats le sont beaucoup moins, mais il n'en a cure et il décide alors d'y aller...

Un char français Schneider

A Toulouse dans une usine de fabrication de balles pour fusils

Quelque part sur le plateau de Craonne

L'instant d'un assaut sur le Chemin des Dames

Soldats indo-britanniques en Mésopotamie

Soldats écossais à la manœuvre près d'Arras

Une des plus célèbres affiches de la première guerre mondiale

Volontaires US à leur incorporation

Prisonniers allemands qui rejoignent les lignes arrières près d'Arras

Village grec

Soldats russes près de Loivre avant la prise de Courcy

Séries de mortiers Livens installés au nord d'Arras

Poste de secours avancé pour les Britanniques à Monchy-le-Preux

Australiens de l'Imperial Camel Corps près des Pyramides égyptiennes

Prisonniers allemands affectés au transport d'un blessé

Soldats Sikhs creusant une route près d'Arras

Avril 1917 dans le Monde en Guerre

Encore une fois la météo va jouer un rôle primordial en ce mois d'avril 1917. Depuis 1837, on n'avait jamais noté des températures aussi basses. Il fait froid, anormalement froid, les premiers jours du mois sur toute l'Europe. Il neige abondamment entre le 1er et le 4 avril. Ensuite, une pluie froide s'installe de façon continue sur la moitié nord du pays. Malgré cela, deux grandes batailles vont se dérouler sur le sol de France. La bataille d'Arras débute le 9, elle est essentiellement menée par les Britanniques. L'offensive sur le Chemin des Dames débute le 16, elle est presque exclusivement exécutée par des soldats français. Une troisième bataille, maritime celle-là, se déroule sur les mers qui entourent l'Europe et ce sont les Allemands qui la mènent avec une redoutable efficacité. Dans la seule journée du 24 avril, 28 navires alliés sont coulés, soit deux par heure…

Malgré les malheurs du monde, le 1er avril les journaux ne peuvent s'empêcher de parler d'une pluie de poissons aux dents larges et acérées qui sont tombés la nuit sur Paris. A Londres, le Times pense que ce sont des anguilles "les poissons que les Allemands et les Austro-Hongrois devront manger pendant 10 ans après leur abdication"...

Le vendredi 27 avril 1917, c'est le 1 000ème jours de la guerre !!! L'Allemagne ainsi que l'Autriche-Hongrie n'ont encore conquis aucune grande nation et le conflit a maintenant embrasé la planète entière...

Un char français Saint-Chamond

Sortie d'une galerie britannique sous Arras

Poste de secours allemand à Bois-le-Prêtre près de Pont-à-Mousson

Prisonniers allemands affectés au transport d'un blessé près d'Arras

Barge de transport de blessés sur le Tigre en Mésopotamie

Le congrès des États-Unis le 2 avril 1917, le jour de la déclaration de guerre à l'Allemagne

C'est l'Écho de juin, qui relate les événements d'avril 1917...

(1) En avril 1917, les fantassins français doivent attaquer en tenue d'assaut. Le règlement précise qu'il s'agit de porter la couverture roulée dans la toile de tente en sautoir, un outil individuel, la musette de vivres, la musette à grenades (en théorie, cinq grenades dont deux Viven-Bessière qui se tirent avec le fusil, mais on ira jusqu'à distribuer 16 grenades par homme), un bidon d'eau de 2 litres et un bidon supplémentaire d'un litre, le masque à gaz (deux si possible), des sacs en toile pour mettre de la terre, un panneau de signalisation ou des feux de Bengale, le paquet de pansement, les vivres du jour, les munitions (120 cartouches). En revanche, le sac est laissé sur place, mais pas toujours.

(2) Littéralement "Bloody April" se traduit par "Avril Sanglant", mais il faut aussi intégrer la connotation argotique de mot "Bloody".

(3) Pour Lacroix Paulet, je n'ai pas retrouvé dans les Écho la date de son service funèbre en l'église de Barbentane. Ni même les raisons pour lesquelles il figure sur tous nos monuments commémoratifs, alors qu'il est transcrit à son village de naissance le Paradou, le 2 juillet 1921 par un jugement du tribunal de Tarascon rendu le 10 juin 1921. Par contre, le 28 octobre 1917, on enterre à Barbentane un Lacroix Paulet, époux de Hermance Fontaine, 37ans, quartier de la Fontaine. Même si l'âge ne convient pas, la ressemblance du nom et du prénom est troublante...

 

L’Écho de Barbentane de juin 1917

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de juin 1917 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Canon de défense de 105 monté sur un bateau de commerce

Bateau allemand réquisitionné à Cuba

Repositionnement d'un canon britannique pendant la bataille d'Arras

Hangar en feu après un accident sur le terrain d'aviation de Bouleuse dans la Marne

Joffre et Viviani en tournée aux États-Unis

Tourelle transportable pour canon allemand de 53 mm sur le front de l'Est

Soldats allemands sur le front russe

Prisonniers allemands dans les monts de Champagne

Locomotive dans les Balkans

Le Chemin des Dames

Le yacht présidentiel Mayflower qu'utilisent Joffre et Viviani aux USA

Arbres coupés par les Allemands lors de leur retraite stratégique

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Bureau de recrutement pour l'US Army dans une rue de New York

Poilus après une cérémonie de décoration

Graisseuses d'aiguillages dans le dépôt de Paris-Nord

Les membres du gouvernement provisoire à Petrograd

La deuxième bataille de Gaza

Offensives du printemps 1917 en France

Aux abords d'un village saccagé par les Allemands dans leur retraite stratégique

Avion allemand en bien mauvaise posture

Compagnie forestière de territoriaux dans l'Allier

Char britannique Marck II capturé intact à Bullecourt

Pont de fortune sur le Tigre en Mésopotamie

Mitrailleurs britanniques au nord d'Arras

La cathédrale de Reims touchée par un obus

Quelques secondes avant l'assaut sur le Chemin des Dames

Navire torpillé près de Calais dans la Manche