BARBENTANE

en Février 1917

Documents annexes

à télécharger

au format PDF

Au Mexique : Après le congrès Querétaro, la nouvelle constitution des États-Unis mexicains est publiée le 5 février 1917. Elle reflète les différentes tendances qui se sont exprimées avant et pendant la révolution : anticléricalisme, agrarisme, sensibilité sociale et nationalisme. Elle annonce une réforme agraire et des lois sociales (journée de huit heures, droit d'association en syndicats, droit de grève, salaire minimum, limitation du travail des femmes et des enfants). Comme dans la précédente constitution, celle de 1857, il n'est accordé aucun pouvoir à l'Église. C'est le maintien du contrôle de l'état civil par l'État, la réaffirmation de la laïcité des institutions, la nationalisation des lieux de culte, et l'interdiction faite aux membres du clergé de se présenter aux élections, de s'exprimer politiquement, d'hériter ou de transmettre un héritage. Elle prévoit également des réformes destinées à restreindre la possession des mines et des terres par les étrangers. La non-réélection du président est inscrite dans cette nouvelle constitution...

A Cuba. Perçu comme plus étasunien que cubain, le général Mario Garcia Menocal qui a fait fortune dans l'industrie florissante du sucre, est Président du pays depuis 1912. Durant cette période, que l’on nomme la "danse des millions", les entreprises nord-américaines et cubaines profitent de l’envolée des prix provoquée par la Première Guerre mondiale pour s’enrichir. Le 7 février, Menocal demande sa réélection mais les libéraux, menés par le général José Miguel Gómez, s’y opposent et parviennent à s’emparer du pouvoir, ce qui met en fureur les États-Unis. Le 12 février, la canonnière étasunienne Paducah débarque environ 300 Marines à la suite d'une demande de protection des propriétaires de plantations de canne à sucre. C'est le début de la "Sugar Intervention". Le 18, de violents combats se déroulent entre les troupes US et les troupes loyalistes dans l'ouest de l'île...

En Suisse. Le 3 février, en prévision d'une accentuation du blocus, le pays adopte des mesures de restriction alimentaire. Le 8, le gouvernement fédéral accepte de représenter les intérêts allemands à Paris, en remplacement des États-Unis...

En Espagne. Le 3 février, Álvaro de Figueroa y Torres, comte de Romanones, président du Conseil d'Espagne, déclare que la situation créée aux pays neutres par la note de l'Allemagne est des plus graves. Le 8, le gouvernement publie le texte de la protestation très digne qu'il a remise au gouvernement de Berlin et qui mentionne en même temps son désir de coopérer à la future paix...

En Argentine. Comme les Espagnols, la République Argentine remet à l'Allemagne une note de protestation énergique contre le blocus...

En Chine. La République Céleste informe l'Allemagne que la mise en œuvre de "son nouveau programme de piraterie" signifierait la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays...

En Perse. Bien que considéré comme "neutre" et indépendant, le royaume est en fait sous la double domination des Britanniques et des Russes. Son roi, Ahmad Chah, est un dirigeant peu puissant, et les représentants de la Grande-Bretagne ainsi que de la Russie déposent un ultimatum qui réclame le contrôle des finances du pays...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 12 février à Angers dans un camp d'internement pour étrangers -car son père est Polonais avec un passeport allemand et sa mère Espagnole- c'est la naissance de Joseph Wresinski. Après une enfance passée dans la misère, il est ordonné prêtre à Soissons le 29 juin 1946. Toujours proche des miséreux, il fonde en 1957 le mouvement ATD Quart Monde. En 1978, il invente le mot illettrisme, car il considère que celui d'analphabétisme est trop péjoratif. A la fin des années 1980, il influence le Premier ministre Michel Rocard dans l'instauration du Revenu Minimum d'Insertion (RMI) et il demande à l'ONU de reconnaître l'extrême pauvreté comme une violation des droits de l'Homme. Le 17 octobre 1987 il crée la Journée mondiale du refus de la misère, reconnue officiellement par les Nations Unies comme Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté en décembre 1992. Il décède à Suresnes 14 février 1988 des suites d'une intervention chirurgicale. Le même jour que Joseph Wresinski, nait à Madrid Juana Cruz de la Casa plus connue sous le nom de Juanita Cruz. Elle débute le métier de toréro le 20 décembre 1936 au Venezuela, car il est interdit aux femmes d'exercer ce métier en Espagne, et que d'autre part elle a fui le pays, car Républicaine. Elle parcourt avec succès toute l'Amérique latine passionnée de corrida, du Pérou à la Colombie, en passant par la Bolivie. Au Mexique, malgré l'opposition des syndicats taurins, elle reçoit "l'alternative"(4) des mains de Heriberto García le 17 mars 1940 à Fresnillo (État de Zacatecas). Elle va devenir célèbre pendant 10 ans et s'éteindra à Madrid le 18 mai 1981...

Le 10, s'éteint à Londres à l'âge de 67 ans le peintre John William Waterhouse. Il est célèbre pour ses tableaux de femmes, inspirés de la mythologie et de la littérature. Le 16, le jour même de ses 69 ans, décède à Paris Octave Mirbeau. C'est un écrivain célèbre, populaire, critique d'art et journaliste français. Pamphlétaire redouté, c'est aussi un romancier novateur, mais inclassable. Il fait fi des étiquettes, des théories et des écoles. Il étend à tous les genres littéraires sa contestation radicale des institutions culturelles. Politiquement incorrect, c'est un farouche individualiste et libertaire. Il incarne une figure d'intellectuel critique, potentiellement subversif et "irrécupérable", selon l'expression de Jean-Paul Sartre dans Les Mains Sales...

 

Sur les Fronts des Combats.

Préparatifs de l'Offensive Nivelle. La décision d'une offensive franco-britannique de grande ampleur pour le printemps 1917 est prise en novembre 1916 par le général Joseph Joffre quand il est encore à la tête de l'armée française. A l'origine, entre Vimy (Pas-de-Calais) et Reims (Marne), le front a la forme d'un angle droit. Entre Vimy et Soissons, le front est d'orientation nord-sud, et ouest-est entre Soissons et Reims. Il est prévu que les Britanniques attaquent sur la ligne entre Vimy et Soissons, et les Français entre Soissons et Reims, ceci afin d'affronter les Allemands selon deux directions différentes...

Quand Georges Nivelle remplace Joffre à la tête des armées, il reprend simplement le projet de son prédécesseur en le renforçant. Fidèle à sa tactique composée "d'attaques violentes, brutales et rapides". Son idée est de concentrer un maximum de forces sur cette partie du front afin de l'enfoncer. Comme à Verdun et dans la Somme, Nivelle mise sur la puissance de feu de ses canons et la collaboration interarmes : l’artillerie avec l'aviation appuient et protègent la progression des fantassins. Uniquement pour la France, il dispose de 1 200 000 hommes (49 divisions d’infanterie et 5 de cavalerie), 5 000 canons, des centaines d’avions et on lui promet au moins 200 chars d'assaut français. L’optimisme du généralissime et les préparatifs gigantesques suscitent un immense espoir, au front comme à l’arrière...

Cependant, le haut commandement français ne tient pas compte des difficultés que représentent le terrain et les défenses en profondeur des Allemands. Plus large que celui de Verdun, le front de l’Aisne manque d’infrastructures (routes et voies ferrées) et de moyens (aviation et artillerie) pour une telle offensive. De plus, les nombreuses difficultés logistiques persistent et les mauvaises conditions climatiques contrecarrent sa préparation...

Surtout, la préparation de cette offensive n’échappe pas aux Allemands. Depuis des mois ils l'attendent et s'ingénient à la contrecarrer avec la construction de la ligne Hindenburg. Cette rectification leur permet d'économiser 70 kilomètres de front, soit la valeur de près de 50 divisions, ce qui leur procure une excellente réserve. D'autre part, cette ligne de défense moderne est très adaptée pour mettre le maximum de soldats à l'abri lors des préparations d'artillerie et tout autant adaptée pour annihiler les attaques combinées qui leur ont fait si mal dans la Somme...

En Europe. Sur tous les fronts situés en Europe du nord, le froid s'est abattu comme une traînée de poudre blanche. De la mer du Nord jusqu'à la mer Baltique en passant par la Méditerranée, les Alpes italiennes, les Balkans, la Roumanie et la Russie, personne ne peut mener de batailles soutenues. Les soldats dans les tranchées souffrent le martyre, les pieds gelés se comptent par centaines tous les jours. On ne se fait plus la guerre. De temps en temps, des commandos très entraînés, qui n'atteignent jamais une centaine d'hommes, se ruent à l'assaut d'une tranchée adverse. L'objectif n'est même pas de la conquérir, tout juste de tuer tous ceux qui s'y trouvent et de regagner ensuite le plus vite possible la base de départ où, là, on s'attend à des représailles sauvages qui ne tardent jamais à venir. Ces attaques barbares sont facilitées par le froid intense qui durcit les sols, par la brume ou les brouillards qui persistent des jours entiers. Les nuits sont longues, toutes ces conditions sont propices à tous les coups de main. C'est la sale guerre qui commence, on tue pour tuer, sans plus...

Quand même, de temps en temps, mais c'est rare, des batailles rangées se déroulent. C'est le cas en Russie, près de la Baltique où les Russes essayent vainement de reprendre Dvinsk. Ils y laissent des milliers d'hommes qui font, pendant un bref moment des taches noires sur la neige, avant que le général hiver avec son grand manteau blanc ne les recouvre. C'est aussi le cas dans la Somme, plus précisément dans la vallée de l'Ancre où, durant tout le mois, les Britanniques poursuivent sans relâche les Allemands dans leur repli stratégique...

Comme toujours, les duels d'artillerie sont nombreux et sur tous les fronts. Sauf en Russie, où l'on espère regarnir les caissons, car l'industrie de guerre de l'Empire des tsars n'est pas à la hauteur de la guerre que, péniblement, il mène...

Sur les Fronts du Moyen-Orient.

En Palestine. Dans le Sinaï, tant que les combats se situaient près de la Méditerranée, la marine britannique prêtait tout son concours à la progression des troupes terrestres. Elle fournissait ses canons lourds en guise d'artillerie et apportait le ravitaillement. Maintenant que les combats se déroulent plus à l'intérieur des terres, elle ne peut plus y contribuer. Archibald Murray, le général britannique qui commande l'expédition, a l'ambition de prendre le plus rapidement possible Jérusalem, dont imagine sans mal le retentissement mondial que cela pourrait avoir. En première étape, il lui faut déjà franchir la ligne de chemin fer qui part de Gaza sur la mer Rouge et qui va à Beer-Sheva, ville située à la limite nord du désert du Néguev. Il n'est pas aisé de guerroyer dans un désert, surtout avec des troupes métropolitaines composées de soldats australiens et néozélandais. Alors, depuis la ville côtière d'El-Arish, on poursuit la ligne de chemin de fer pour le matériel lourd et surtout le long d'une piste baptisée pompeusement "La Route", on installe un pipe-line pour amener l'eau potable...

En Mésopotamie. Depuis le 25 janvier, les troupes de "Sytematic Joe", comme est maintenant surnommé le général britannique Frederick Maude, se battent sur le canal Gharraf où se sont regroupées les troupes turques du général Karabekir Bey. Grâce aux très efficaces canonnières, les turcs finissent par céder. Dans la nuit du 3, ils évacuent la rive de l'Haï et se replient d'une centaine de kilomètres au nord-ouest à Dahra Bend. Cette nouvelle ligne ne résiste pas longtemps aux canonnières et le 16, la position est investie. Maintenant les Britanniques sont de retour à Kut-el-Amara, la ville où tant de soldats indiens ont été abandonnés mourant de faim le 29 avril 1915. Mais Karabekir Bey a décidé de ne pas défendre la ville et il ordonne à ses 12 000 combattants de battre en retraite pour se repositionner à une cinquantaine de kilomètres au sud de Bagdad et tenter de défendre la capitale régionale...

Après avoir fait passer le Tigre à une partie de leurs troupes, les Britanniques, sur le chemin de la victoire, rentrent dans Kut le 24 avec toute la pompe que peuvent déployer les soldats de sa majesté lorsqu'ils gagnent des batailles. Depuis le début de l'année, les Britanniques ont fait plus de 7 000 prisonniers...

Dans la Guerre Maritime. C'est sur mer que va se dérouler une multitude de batailles pendant les 6 mois suivants. En déclarant la guerre à outrance, les Allemands vont aussi se mettre à dos le peu de pays qui étaient restés "neutres" car tous vont être maintenant plongés dans les affres des combats. Pour tenir l'engagement de son amiral, Henning von Holtzendorff qui a promis de couler 800 000 tonneaux pendant 6 mois pour affamer les Alliés, la Kaiserliche Marine (marine impériale allemande) espère pouvoir tenir à la mer 150 sous-marins en même temps. Pour l'instant, à peine 65 sont simultanément au travail et ils vont couler 106 navires de plus qu'en janvier, soit 50% de plus, ce qui n'est déjà pas mal, mais très loin de mettre à l'agonie les capacités de transport des Alliés pour ravitailler l'Europe et ses nombreux fronts. En fait, comme depuis le début du conflit, les gros navires coulés sont rares, le plus souvent se sont de vieux bateaux, lents, la plupart encore à voiles et surtout complètement à la merci de n'importe quel ennemi, des mines flottantes aux navires de surface armés. Il est vrai que, jusqu'au 1er février, la guerre des U-Boote est, si l'on peut l'appeler ainsi, "gentille". Le plus souvent le submersible envoie un coup de semonce, demande à l'équipage d'évacuer le navire puis le coule ou le brûle après l'avoir pillé selon le cas. Maintenant, c'est fini, on coule directement les navires, plus de place à la poésie...

Sur les 328 navires touchés pendant le mois, 301 sont coulés et 27 sont endommagés. La moitié sont britanniques, ils sont les plus nombreux sur mer, ce sont donc eux les premiers touchés. Ils sont suivis par les français avec 42 navires, puis les norvégiens avec 37, les italiens avec 32, les hollandais avec 16, puis les russes et les grecs avec 8 navires. Seulement 2 sont étasuniens, de même que les belges, les espagnols et les portugais. Question tonnages, les pertes estimées se montent à 500 000 tonnes, ce qui est quand même loin des objectifs de l'amiral allemand, même s'il est difficile de comparer un volume (les tonneaux) à une masse (les tonnes), car selon le type de cargaison cela varie énormément. Néanmoins, cela compte et toutes les marines alliées sont maintenant convaincues que la mise en place des convois de bateaux pour protéger les navires de commerce est la première chose à faire. Mais pour cela il faut des centaines de navires, des avisos comme des corvettes et personne ne s'est avisé d'en faire construire à titre préventif. Dans l'immédiat on arme des chalutiers, au moins ceux-là flottent déjà, mais ils sont très lents et pas vraiment adaptés à ce genre de mission, mais il faut quand même faire avec. Aussi important que les navires, on a besoin de spécialistes comme les canonniers et les radios, alors on dépouille les grands navires des marins superflus pour les réaffecter à ces missions dangereuses. Si les sous-marins sont très difficiles à repérer par un bateau, ce n'est pas le cas avec un avion. Là aussi, on réaffecte les avions devenus trop lents pour combattre au front, à des missions de protection et de surveillance côtières, où ils vont faire des merveilles. C'est donc dans l'urgence et l'improvisation que se met en place la riposte à la guerre à outrance de la marine impériale allemande...

Le 7 février au matin, le cargo britannique California est torpillé par l'U-85 au sud de l'Irlande, et il coule en moins de 10 minutes. Sur les 200 personnes à bord, 43 périssent. Dans la mer Noire, l'escadre russe ne cesse de détruire tous les bateaux de ravitaillement turcs, même les plus insignifiants, ce qui accentue la pénurie alimentaire et économique de la région d'Istanbul...

Parti de Hong-Kong le 26 décembre avec 950 travailleurs chinois, le paquebot français Athos embarque encore 850 tirailleurs à Djibouti. Malgré son escorte composée des contre-torpilleurs Enseigne-Henry et Mameluck, il est torpillé le 17 par l'U-65 au large de Malte. Dans ce naufrage, qui est le plus important de la compagnie marseillaise des Messageries Maritimes, 754 personnes périssent. Les survivants sont recueillis par les contre-torpilleurs d'escorte ainsi que la canonnière Moqueuse et le torpilleur Baliste qui croisent dans les parages. A la suite de ce naufrage, il est décidé que les 100 000 travailleurs chinois embauchés par les Britanniques pour venir travailler en Europe, traverseront le Pacifique en bateau, le Canada en train, puis l'Atlantique en bateau mais avec une très grosse escorte...

Le 22, l'U-21 du commandant Otto Hersing coule 7 navires hollandais (Bandoeng, Eemland, Gaasterland, Jacatra, Menado, Noorderdijk et le Zaandijk) dans la mer du Nord, alors que ces navires se croient en sécurité par suite de négociations. Le lendemain, la Hollande adresse une énergique protestation à Berlin pour la destruction de ses navires...

Le 25, le transatlantique britannique Laconia est torpillé par le sous-marin U-50 au large de l'Irlande alors qu'il arrive des États-Unis. La première torpille l'atteint sur tribord à hauteur de la salle des machines, mais le navire ne coule pas. Vingt minutes plus tard une deuxième torpille frappe à nouveau la salle des machines, également sur tribord, et le Laconia coule vers 22h20. Sur les 217 hommes d'équipage et les 75 passagers, 12 périssent (6 matelots et 6 passagers britanniques et étasuniens). Présent à bord, Floyd Gibbons, un correspondant du Chicago Tribune, se rend célèbre grâce à son reportage sur l'évènement...

Dans l'Atlantique sud près des côtes du Brésil et de l'Argentine, le navire corsaire allemand Seeadler poursuit ses actes de piraterie. Le 3, il coule l'Antonin chargé de 4 000 tonnes de nitrate ; le 9, c'est le Buenos-Ayres avec 3 000 T de salpêtre ; le 19, c'est le Penmore avec 3 580 T de blé et le 26 le Bristish-Yeoman avec lui aussi 3 000 T de blé. Sur le corsaire, équipage et prisonniers vivent en bonne harmonie. Pour les prisonniers à bord, la liberté de déplacement est totale, sauf lorsqu'une nouvelle victime approche. Beaucoup de marins retrouvent des camarades prisonniers comme eux. Les officiers peuvent se réunir dans le logement commun qui leur est affecté. Les officiers anglais, en particulier, discutent facilement avec les Allemands tandis que les marins fréquentent plus volontiers les bordées allemandes qui sont au repos. Le soir, on joue ensemble de la musique. Enfin, les marins qui travaillent sur le Seeadler, car il faut assurer le fonctionnement d'un navire transportant plus de 300 hommes, sont rémunérés sur la base des salaires versés par leur compagnie. Dans la Grande Guerre qui broie tant d'hommes sans pitié et grâce à son commandant, le comte Felix von Lückner, ce bateau corsaire est vraiment un cas à part...

Dans la Guerre Aérienne. Le temps sec et clair, bien que très froid, permet une grande activité aérienne. Depuis le début du mois, l'avion Albatros D-III arrive en quantité dans les escadrilles allemandes. Il est nettement supérieur à son prédécesseur, le D-II, et surtout il surclasse encore plus nettement tous les avions des Alliés. Il devient, et pour 6 mois, le "meilleur chasseur du Front de l'Ouest". Il n'est pas sans défauts, mais ils sont vite corrigés. Sa supériorité permet l'interdiction du survol de la zone où se construit la nouvelle ligne de défense allemande, ce qui prive les Alliés de renseignements très précieux. En fait, sauf dans la vallée de l'Ancre où les Britanniques poussent les Allemands, partout ailleurs ces travaux passeront quasiment inaperçus...

En France, la controverse sur l'emploi de l'arme aérienne fait rage. Les uns la voudraient comme simple supplétif de l'infanterie, d'autres comme une arme à part entière. Le général Joseph Barès, nommé par Joseph Joffre comme directeur du service aéronautique au Grand Quartier Général depuis le 25 septembre 1914 est remplacé de façon brutale le 15 février par le commandant Paul du Peuty qui a les faveurs du général Georges Nivelle. Mais si Barrès est un théoricien de l'arme aéronautique, du Peuty, malgré sa bravoure, n'est au final qu'un exécutant. C'est le général Amédée Henri Guillemin qui devient directeur général des services de l’aéronautique militaire, ce qui n'éteint pas la controverse...

Dans le ciel de France, les batailles font rage, les aviateurs allemands survolent et bombardent les régions de Dunkerque, d'Amiens et de Nancy. Les Alliés bombardent les villes de Bruges, Bernsdorff, Fribourgen-Brisgau et Carlsruhe, ne visant toutefois que des objectifs purement militaires. Sont aussi visés les hauts-fourneaux de la Sarre, d'Hagondange, d'Asch et de Maizières-Lès-Metz, les terrains d'aviation de Colmar, d'Etreillers, de Saucourt et le port de Zeebrugge. Les gares d'Athies, Hombleux, Voyennes, Curchy, Saint-Quentin, Ham ainsi que les usines à l'est de Tergnier sont aussi touchées...

En Afrique. Au nord du Soudan, les Britanniques finissent par mater la rébellion des Senoussis, des religieux islamistes qui ne cessaient de harceler les soldats, en majorité arabes, incorporés dans les troupes de sa Majesté...

 

Il est temps de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de mars et avril 1917 qui donne des nouvelles de janvier et février. C'est le départ de l'abbé Hance du village qui fait la une, sa photo est accolée à l'article. Ce curé, refugié meusien du village de Fromeréville, nous narre les circonstances dans lesquelles il a fait la connaissance du curé de Barbentane, et c'est sur sa demande qu'il est venu se réfugier dans notre village. Bien lui en a pris, car il a été obligé de remplacer le curé Aimé Guigues lorsque ce dernier s'est fait hospitaliser à Marseille. Il restera 11 mois à Barbentane(5) et c'est sur la demande de l'évêque de Verdun qu'il retournera officier dans son département d'origine. Dans l'article qui suit, le curé Guigues nous raconte ses 'heures blanches', celles passées à méditer dans la clinique Bouchard à Marseille. Du coup, il a eu le temps d'écrire un poème au fils de la propriétaire de la clinique dont le père a été tué au front. L'allocution dite en chaire le dimanche 4 mars, la première après son retour à Barbentane, est entièrement retranscrite...

Suit une note du notaire Alphant informant les héritiers des soldats tués 'à l'ennemi' des démarches à faire rapidement pour être en conformité avec la loi. Par un entrefilet, on apprend qu'il s'est vendu pour 70 frs de calendriers dans la paroisse...

Dans un article intitulé 'Pour nos Blessés' sont citées les premières personnes qui ont données à une quête de la Croix Rouge française. C'est une liste très intéressante, car hormis les noms, on y trouve aussi accolés les métiers. Donc, au printemps 1917, le pharmacien était M. Brun ; Mme et M. Chambereau tenaient une épicerie ; Mme et M. Chevillon avaient le café du commerce (celui des 'rouges') ; à noter que 'propriétaire' était aussi un métier ; qu'il y avait un magasin de tissus qui appartenait à Mlle Lautier ; mais aussi un magasin de nouveautés où Mme veuve Merle officiait ; la famille Ollier, père et fille, habitait le quartier de l'usine [peut-être aux Carrières] et que M. Granier était le secrétaire de mairie. C'est une vraie mine de renseignements...

Au cours d'adultes, 18 jeunes filles, toutes nommées, ont confectionné des bandes, des compresses et du linge pour les blessés, mais aussi 72 mouchoirs pour les prisonniers. De plus, elles ont remis 10 frs pour les orphelins...

Sont cités au livre d'or le lieutenant Laurent et Louis-Henri Moucadeau qui, blessé, a dû être amputé de la jambe droite. Charles Bertaud, tué au combat, est inscrit au martyrologe. Joseph Griot, blessé par un éclat de torpille a subi l'opération du trépan...

Le samedi 10 mars est donné un service funèbre à la mémoire de Charles Bertaud tué le 11 novembre 1916 dans la Somme...

En février 1917, aucun Barbentanais ne meurt pour la France.

Au courrier militaire, tous les épistoliers se plaignent du froid et de la neige, car l'hiver 1917 est terrible. L'abbé Bard croit en la paix en 1917 ; depuis 9 jours de là où il est, JM Joubert a vu la neige tomber au point d'empêcher les mulets de passer ; Jean Vernet est à Salonique après une bonne traversée ; Gilbert Vernet [que je suppose marin] n'a pas touché un port depuis 15 jours ; Claude Marteau subit de grands froids et il considère 'qu'il paye sa dette à la patrie' ; Joseph Chaix a changé d'hôpital, il est maintenant à Rodez ; Auguste Issartel, qui décharge du matériel à l'arrière se plaint du froid ; Fernand Laty est au repos dans la Marne, mais il va repartir en Champagne ; l'artilleur Jean Brémond est dépité car il n'arrive pas à faire taire les canons allemands malgré les nombreux 'pruneaux' qu'il leur envoie et, dans une métaphore osée, il considère les Allemands comme des lézards 'bien qu'on leur écrase la tête, ils remuent toujours la queue' ; Gaston Nazon est du côté de Soissons ; Louis Bourges a du mauvais temps 'la pluie, la neige et le froid' mais il ne désespère pas d'arriver à bout de 'ces sales Bulgares' ; Léon Jaoul est en Alsace et lui aussi souffre du froid ; Achille Deurrieu attend la fin de la guerre ; Jean Fontaine annonce un froid à -19 ; Louis Ayme est à Salonique après 10 jours de traversée et il est surpris par 'l'immense charroi qui s'y pratique' ; André Augustin, avec son officier, est très heureux d'être dans 'les fameux tanks'(6) ; le capitaine Barthélémy est confiant 'les évènements se termineront à notre avantage' ; Joseph Amy est presque visionnaire, il trouve le froid 'sibérien' et, écrit-il, 'l'histoire dira toutes les souffrances des poilus en l'hiver 1917'...

Dans l'état religieux, la vie reprend avec 3 baptêmes, mais il y a aussi 9 enterrements dont celui d'une petite-fille de 9 mois et celui du commandant Jean Schaubert(7), 77 ans, chevalier de la Légion d'Honneur, de la médaille militaire et de la médaille 1870-1871...

A la fin du courrier militaire, trois courtes pensées, une de Déroulède, une autre du général de Sonis et la dernière d'un lieutenant Dupouy.

Un article de circonstance sur Saint Georges, soldat et martyr, un poème sur le 'Miserere de la France' de Joseph Serre et un article à la joie de la confession terminent cet Écho qui couvre deux mois d'actualité...

Guy

 

Soldats britanniques dans la vallée de l'Ancre

Quelque part sur le front en France

Ravitaillement sur un marché parisien

Le paquebot Laconia coulé par l'U-50 le 25 février 1917 au large de l'Irlande

Dans le Monde Politique.

En France. Depuis sa nomination au Ministère de la Guerre, Hubert Lyautey ne croit pas en l'offensive Nivelle, ni même aux capacités de Georges Nivelle d'être le Général en Chef de l'Armée Française. Pour lui, c'était le général Ferdinand Foch et personne d'autre, qui aurait dû avoir le poste. Mais cette nomination n'était pas de son fait et comme il n'avait pas refusé le poste de ministre, il lui fallait faire avec. Dès les premiers exposés sur la future offensive du printemps, Lyautey émet de nombreuses réserves. Certes, il veut une victoire rapide contre l'Allemagne, mais en fin technicien de campagnes militaires, il ne voit pas dans le plan proposé la possibilité de percer la puissante armée allemande. Il alerte Aristide Briand, le président du Conseil et Raymond Poincaré, le Président de la République, tous les deux responsables en dernier ressort. En retour, ils lui rappellent, puisqu'il s'agit de plans opérationnels, qu'il sort de ses strictes attributions de ministre. Il insiste pour qu'on remplace au moins Nivelle, pourtant le protégé de Briand, mais en vain. Depuis la fin janvier, il tente de remédier à l'éparpillement des pouvoirs qu'il constate. L'état-major n'est plus au ministère, mais au Grand Quartier Général basé à Chantilly et il se comporte comme un second ministère. Le GQG formule ainsi directement ses demandes d'approvisionnement et de transport aux directions concernées, sans aucune coordination à l'hôtel de Brienne dans la rue Saint-Dominique, là où est situé le ministère de la Guerre. Lyautey s'efforce de mettre sur pied un pilotage centralisé de l'administration de la guerre "Avant toute chose, ne fallait-il pas connaître l'ensemble des besoins, apprécier l'urgence relative de ces besoins, réduire, au besoin, tel ou tel transport ? Il en allait de même des questions relatives à l'utilisation des effectifs, et surtout de celles qui s'appliquaient au ravitaillement général des armées et de la nation". Contrairement à d'autres, il ne considère pas les problèmes économiques comme secondaires...

C'est le 1er février que Lyautey reçoit dans son ministère le colonel Georges Renouard chargé de lui expliquer dans le détail le plan de l'offensive Nivelle. Nivelle connaît bien Renouard, qu'il a eu sous ses ordres dans le Sud-Oranais. Il l'interpelle "Je te demande de me répondre ; je ne suis plus le ministre de la Guerre, tu n'es plus le colonel Renouard ; nous sommes deux Français face à face, et il s'agit du salut de la France. Qu'est-ce que tu penses, toi, du plan que tu m'apportes ?". Renouard se raidit et se dérobe. Lyautey le prend aux épaules et le secoue "Regarde-moi dans les yeux, remets-toi un instant dans la peau de mon officier de confiance d'Aïn Sefra et dis-moi la vérité". Alors Renouard avoue qu'il ne croit pas plus que son ministre à ce plan. Lyautey en arrive même à envisager le renvoi de Nivelle et son remplacement par Foch mais il y renonce devant l'opposition de Briand, qui ne veut pas changer d'attelage en cours de route. Durant le mois, il procède à de nombreuses inspections du front. Le 4, il va à Dunkerque visiter l'armée belge et saluer le roi-soldat, Albert 1er, qui réside à La Panne, seule portion de la Belgique encore libre. Le soir, il dîne avec le premier ministre belge, Charles de Broqueville. Le 17, il part pour le front de l'Est remettre à Ferdinand Foch la médaille militaire et à Georges Guynemer une décoration britannique Les 23 et 24, il parcourt le front britannique, rencontre le maréchal Douglas Haig et le prince de Galles, futur Édouard VIII. Le 26, il est à Calais pour une importante conférence franco-britannique, en présence d'Aristide Briand et Arthur Lloyd George. Comme la défection de l'allié russe est de plus en plus évidente, Lyautey reporte ses espoirs sur l'entrée en guerre des États-Unis, dont il attend beaucoup. Il se fait tenir étroitement au courant par l'importante mission militaire que la France entretient aux USA pour assurer ses approvisionnements, mais aussi par des amis sûrs tels que Max Lazard, qui à chaque retour de voyage lui fait des rapports détaillés...

La Chambre vote, avec application immédiate, par 398 voix contre 85, la visite des exemptés et réformés n'ayant été examinés qu'une seule fois par un conseil de révision ou une commission de réforme. Les intéressés doivent faire, dans un délai de quinze jours, une déclaration de situation militaire à la mairie de leur résidence. En outre, cette note précise que les instituteurs publics réformés sont mis en sursis d'appel ; que les élèves ecclésiastiques peuvent être mobilisés dans le service armé et non exclusivement dans les services sanitaires ; que les classes 1888 et 1889 qui sont dans les unités combattantes sont maintenues sous les drapeaux ; que les hommes non mobilisés militairement de plus de 16 ans et de moins de 60 ans, peuvent être appelés par réquisition à des travaux de défense nationale...

Informés des intentions de paix par leur mère qui réside en Suisse, les beaux-frères de l'empereur d'Autriche-Hongrie Charles Ier, Sixte et Xavier de Bourbon-Parme, rencontrent le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Jules Cambon. Bien sûr, le Premier Ministre, Aristide Briand, le Président de la République Raymond Poincaré ainsi que le roi des Belges Albert Ier, sont immédiatement informés de l'avancée des discussions. Au cours de ces négociations qui durent tout le mois de février, Charles Ier est d'accord pour le rétablissement de la Belgique dans son intégralité territoriale y compris dans ses colonies, d'accord aussi pour la restitution de l'Alsace-Lorraine aux Français et pour l'attribution de Constantinople aux Russes. En échange, Charles Ier ne veut pas le démembrement de l'Autriche-Hongrie, encore moins céder le Trentin aux Italiens. Il est pour l'autonomie de la Serbie et du Monténégro qui seraient considérés comme des états "indépendants", mais sous la tutelle de l'Autriche-Hongrie...

Depuis son retour d'Espagne le 4 février, Mata-Hari s'est installée à Paris. Elle est interpellée le 13 à l'hôtel Élysée Palace par le contre-espionnage français. Elle sort nue de sa salle de bains et, s'étant rhabillée, elle présente aux agents venus l'arrêter des chocolats dans un casque allemand, un cadeau de son amant Vadim Maslov. Aucune preuve évidente de sa culpabilité n'est trouvée lors de la perquisition mais, dans son sac à main, on trouve deux produits pharmaceutiques dont le mélange donnerait de l'encre sympathique. Après analyse, il est prouvé que l'un d'eux n'est autre qu'un contraceptif très efficace. Lors de son interrogatoire, des télégrammes chiffrés interceptés établissent, et elle le reconnaît, que le consul allemand aux Pays-Bas lui a versé 20 000 francs. C'est pour le "prix de mes faveurs" dit-elle. Pour les enquêteurs, c'est pour des renseignements donnés aux Allemands, toutefois le procès-verbal ne précise pas lesquels...

Le 6, de nouvelles mesures d'économie sont annoncées par le Comité économique de guerre. La fabrication et la vente de pain de luxe ou de fantaisie est interdite. Le pain dit "de guerre" sera fait avec de la farine de froment mélangée dans la proportion de 15% de seigle, de maïs et d'orge. Le beurre est taxé, les cartes de sucre se généralisent dans les départements. Dans les restaurants, il est interdit de servir à la même personne, en dehors d'un potage ou hors-d'œuvre et d'un fromage ou dessert, plus de deux plats, dont un seul de viande. Le comité impose la fermeture des salles de spectacle 4 jours par semaine et l'arrêt des transports en commun à partir de 22h00. Pour pallier la pénurie de papier, le format des journaux est réduit. Les compagnies de chemin de fer doivent supprimer des trains pour économiser le charbon et mettre leurs wagons au service du ravitaillement. Le 15, est votée une autre loi obligeant à assurer les risques français en France. Elle rétablit aussi un contrôle partiel de la réassurance, notamment pour empêcher de transmettre aux nations ennemies des renseignements sur les installations industrielles et portuaires. Le 17, la Chambre vote l’attribution d’un franc par jour aux soldats qui sont aux tranchées. Après de longues délibérations, les agriculteurs des classes 1888 et 1889 (28 et 29 ans) qui ne sont pas dans des unités combattantes, peuvent être renvoyés dans leurs foyers pour participer aux travaux des champs. Toutefois, ceux employés dans les usines d'armement, surtout chimiques, et qui sont devenus indispensables, devront attendre une relève formée pour partir. Sur les 40 000 hommes concernés, au final seuls 15 000 peuvent rentrer chez eux...

En France Occupée. Depuis début décembre, timidement d'abord, avec beaucoup plus d'énergie ensuite, les Allemands s'emploient à raccourcir leur ligne de front. Instruits par la bataille de la Somme où ils ont fait l'amère expérience des nouveautés tactiques des Alliés : présence d'engins chenillés chez les Britanniques avec l'emploi combiné de l'aviation et de l'infanterie. Ils pensent pouvoir résister pendant des mois en construisant une ligne fortifiée quasi infranchissable entre la mer du Nord et le sud des Vosges. En deux mois, malgré les conditions climatiques, ils créent un immense chantier où plus de 600 000 civils et prisonniers russes vont travailler comme des galériens. Déjà, dans les Vosges, leurs lignes de défense sont plus ou moins fortifiées de longue date. Certaines l'étaient déjà avant la guerre. Ce n'est pas le cas dans les territoires qu'ils ont conquis en France et en Belgique. De plus, entre Arras et Reims, sur près de 160 kilomètres, la ligne de front fait une "hernie" qui engloutit bien trop de soldats pour sa défense, près de 15 divisions. Alors, bien à l'abri à l'intérieur des terres, très protégés par leur aviation, ils tracent trois nouvelles lignes de front, des lignes presque droites et parallèles. L'ensemble est appelé ligne Hindenburg, elle est subdivisée en fractions appelées "Positions". Chaque fraction porte un nom : Preuss, Bayern, Wotan, Siegfried, Alberich, Brunehilde, Kriemhilde, Hunding, Kriemhilde, Michel Stellung, Freia, Hermann et Hagen. Chaque ligne est coupée transversalement pour empêcher les manœuvres de percée-enroulement. Pour éviter les reconnaissances aériennes, les travaux se déroulent sous des filets. Sur place, il est strictement interdit de faire des photos, et les conditions de travail sont si pénibles qu'un travailleur sur trois y laissera sa peau. Toutes les casemates sont fortifiées et camouflées, les abris sont bétonnés et ferraillés, les tranchées sont très élaborées pour la défensive. Les emplacements pour l'artillerie lourde ont des assises bétonnées pour éviter de repositionner le canon après chaque coup. De nombreux tunnels, plus ou moins longs, relient les tranchées avec l'arrière pour permettre un approvisionnement même par bombardements intenses. Les ingénieurs allemands utilisent au mieux le terrain, les lignes d’eau, les reliefs, les bois, les villages, et même les fermes isolées sont astucieusement employées pour protéger au mieux les soldats allemands. Au final, c'est presque une ligne Maginot avant l'heure qui est construite par les Allemands sur le sol de France...

Le pire, c'est que la construction de ces nouvelles tranchées passe quasiment inaperçue des reconnaissances aériennes, et surtout cet ensemble défensif d'excellente qualité est totalement ignoré des états-majors alliés. Les conséquences en seront tragiques...

A partir du 9 février, les Allemands commencent leur repli tactique. C'est l'opération Alberich(1) qui va durer jusqu'en mars. Sauf dans la vallée de l'Ancre où les Britanniques les talonnent de près, partout ailleurs l'opération s'effectue sans aucune difficulté. Pour masquer en partie ce repli, les Allemands effectuent des attaques de diversion en Champagne et dans la Somme. En Champagne, l'attaque allemande pénètre d'un kilomètre les positions françaises autour de la butte du Mesnil, ce qui constitue un beau succès. Bien sûr, la "poche" de 17 kilomètres que les Allemands abandonnent est totalement pillée, vidée de tous ses habitants valides, et minée dans beaucoup d'endroits. Environ 200 villages sont rasés et, bien que cela ne se justifie absolument pas du point de vue militaire, des lieux historiques comme le château de Coucy et celui de Ham sont dynamités. C'est la tactique de la terre brûlée...

En Belgique Occupée. Le 4 février 1917, c'est la création d'un Conseil de Flandres, dirigé en sous-main par des Allemands, qui se donne pour objectif la partition de la Belgique et le rattachement direct des Flandres française et belge à l'Allemagne...

En Grande-Bretagne. Depuis sa nomination, le chef d'état-major de l'armée britannique, William Robertson, est en désaccord total et permanent avec David Lloyd George, le Premier ministre et surtout avec son conseiller plus influent, Maurice Hankey. En fait, Lloyd George a laissé entendre à Georges Nivelle et à son état-major que les troupes du BEF (British Expeditionary Force) pouvaient passer directement sous leur tutelle. C'est Hankey qui lui a soufflé l'idée en lui disant que, vu les résultats désastreux des Britanniques sur la Somme, le BEF serait mieux utilisé et surtout avec beaucoup moins de pertes par les militaires français. Dans cette nouvelle organisation, il ne resterait plus au général William Haig qui commande le BEF que le contrôle de la discipline qui ne peut être légalement donnée à un étranger. Le BEF se verrait ainsi relégué au même niveau de "soumission" que les troupes marocaines ou portugaises, y compris pour le déplacement des soldats et leur ravitaillement. Quand Robertson et Haig sont mis au courant, ils entrent dans une colère noire et menacent de démissionner. Hors de lui, Robertson s'exclame que jamais "la merveilleuse armée" ne sera placée sous les ordres d'un Français. Il jure que ni lui, ni son fils (soldats au BEF), ne sauraient servir sous les ordres d'un étranger et que personne ne pouvait lui ordonner de le faire. En février 1917 l'Entente Cordiale a ses limites...

Le 7, débutent à Londres des négociations entre l’Organisation sioniste mondiale représentée par Chaïm Weizmann, James de Rothschild, Nahum Sokolow, Herbert Samuel, et le gouvernement britannique représenté par Mark Sykes en vue de la création d’un foyer juif en Palestine. Le nouvel emprunt de guerre a obtenu un très grand succès. Environ 30 milliards "d'argent frais" sont apportés à la défense nationale. Le 16, par une note secrète, la Grande-Bretagne accepte l'attribution au Japon après la guerre d'une partie des îles du Pacifique (l'archipel Bismarck, les îles Carolines, Palaos, Mariannes et Marshall), toutes des anciennes colonies allemandes...

Grâce à des accords spécifiques conclus entre la Chine et la Grande-Bretagne, il est prévu que près de 100 000 chinois volontaires viennent en Europe pour travailler dans les usines qui manquent cruellement de main d'œuvre. Toutefois, il est bien spécifié dans les contrats que ces hommes ne devront pas porter des armes ni participer directement à la guerre. Ce ne sera pas le cas pour nombre de ceux qui viendront travailler en France, parfois directement sous les bombes des avions ou des canons allemands...

Le 24, Lloyd George annonce aux Communes d'importantes restrictions aux entrées de marchandises. En fait, tout ce qui n'est pas indispensable est interdit car, dit-il, il faut réserver la marine de commerce aux besoins immédiats de la guerre...

A la conférence de Calais des 26 et 27 février, Hankey élabore un compromis plutôt que de voir Haig et Robertson démissionner. Haig reste sous les ordres de Nivelle, mais il garde le contrôle tactique des forces britanniques et le pouvoir de faire appel devant le Cabinet de guerre. Plusieurs jours après, Robertson regrette encore l'accord et va tout faire pour qu'il devienne caduc...

En Russie. Depuis le début de l'automne 1916 et l'arrêt de l'offensive Broussilov, la situation intérieure empire de jour en jour. Malgré une répression féroce, les grèves pourtant interdites, se multiplient. Elles sont le plus souvent occasionnées pour des problèmes de ravitaillement, car les autorités sont débordées par la totale désorganisation des transports suite à la mobilisation au front des hommes compétents. La perte de crédibilité du pouvoir tsariste est complète et la lassitude, face à une guerre qui s'éternise, augmente. Au sein de la troupe, les pertes battent tous les records. En 28 mois de guerre, la Russie comptabilise 1,7 million de morts et près de 6 millions de blessés. Des mutineries éclatent, le moral des soldats est au plus bas. Ceux-ci ne supportent plus l’incapacité de leurs officiers ainsi que les brimades et les punitions corporelles en usage dans l’armée. L’économie russe dans son ensemble est archaïque. Les grandes installations industrielles modernes qui sont installées à l'ouest du pays sont occupées par les Allemands. Du coup, sa production industrielle est devenue très médiocre, et sans transport adéquat, elle ne peut guère faire mieux. L’industrialisation du pays a été violente et mal acceptée par les couches de la paysannerie brusquement prolétarisées. La classe ouvrière naissante, bien que faible numériquement, est concentrée dans de grands sites industriels qui facilitent l’émulation révolutionnaire. Avec le froid qui s'installe, les transports sont figés et les problèmes d'approvisionnement deviennent cruciaux. De nombreux rapports arrivent à la Douma. Tous soulignent que la situation est anormale, et même de plus en plus tendue au dire de certains. Devant l'incompétence des autorités, des groupes de personnes déterminées commencent à s'organiser en coopératives et parviennent ainsi à subvenir aux besoins minimum du peuple. Les syndicats, pourtant interdits, sont légion et deviennent de véritables pouvoirs. Petit à petit, le régime ne contrôle plus le "pays réel". La "révolution" est en marche...

Le 2 février, s'ouvre la conférence des Alliés à Saint-Pétersbourg (Petrograd) dans une ambiance de semi-révolution. C'est la première, mais aussi la dernière qui se déroule sur le sol russe. Tous les pays alliés sont présents et tous les sujets sont susceptibles d'y être traités, mais elle va être entièrement consacrée aux besoins des Russes pour poursuivre la guerre. Les Russes demandent tellement de choses et en si grande quantité, qu'Albert Thomas, le sous-secrétaire d'État français de l'Artillerie et des Munitions rapporte "Les demandes russes en matériels divers dépassent toutes les limites du raisonnable". Le principe d'attaques simultanées sur tous les fronts est confirmé pour le printemps. Toutefois, les Russes demandent de repousser de mars à avril les offensives de printemps ce qui arrange aussi l'armée française suite au remplacement de Joffre par Nivelle...

Le 18, le général Sergei Khabalov reçoit les pleins pouvoirs pour rétablir l'ordre dans les usines en grève à Saint-Pétersbourg. Comme plus rien ne fonctionne vraiment, il se révèlera bien incapable de remettre les ouvriers au travail...

En Italie. Le 23 février, Benito Mussolini est blessé sur le front du Carso. Il est hospitalisé, puis réformé. Il reprendra ensuite ses anciennes occupations comme directeur du quotidien Il Popolo d'Italia...

En Grèce. Le transfert des armes et du matériel des ligues de Réservistes maintenant dissoutes se poursuit vers le Péloponnèse...

Au Portugal. Le 1er février, la première division d'infanterie portugaise, 15 000 soldats environ, débarque à Brest. Après son acheminement, cette division est intégrée à la 1ère armée britannique dans le secteur d'Arras. Initialement, le Portugal devait envoyer 55 000 soldats d'infanterie et 1 000 artilleurs en France. Une petite moitié seulement parviendra sur le front français par manque de moyens d'acheminement...

En Allemagne. La situation intérieure ne s'arrange pas, car le froid complique l'acheminement du ravitaillement, sans toutefois égaler la situation dramatique de la Russie...

Au Reichstag, le Chancelier Théobald von Bethmann Hollweg déclare "Nos techniciens militaires nous ont avertis que le blocus par sous-marins de l'Angleterre est maintenant notre seul espoir de remporter la victoire décisive sur les puissances de l'Entente. Aussi nous devons à tout prix, faire cet effort pour triompher de notre plus âpre et plus dangereux ennemi : les Britanniques. L'empereur, le grand état-major général, les autorités militaires et maritimes, la diplomatie allemande, le gouvernement allemand et le Bundesrat (parlement d'Autriche-Hongrie) sont absolument d'accord pour estimer que nous devons avoir recours à la guerre sous-marine à outrance. Nous sommes tous convaincus que le péril de restreindre ce suprême effort est plus grand que le risque de l'accomplir". Le 28, Arthur Zimmermann, le secrétaire d'État aux Affaires étrangères, déclare que la guerre finira dans l'été grâce aux sous-marins qui bloquent la Grande-Bretagne...

Dans son ensemble, la presse allemande réclame la guerre immédiate contre les États-Unis, car elle considère que ce pays est trop faible militairement pour nuire aux Empires du centre...

En Autriche-Hongrie. Petit à petit, le nouvel empereur Charles Ier, bien conseillé par sa femme Zita, prend de l'assurance. Conscient de la sclérose des institutions politiques de la double monarchie, il tente de rendre plus efficace le gouvernement de l'Autriche-Hongrie. Pour mener à bien son programme, il s'entoure de personnalités proches de son oncle, François-Ferdinand, toutes partisanes d'une réforme profonde des institutions politiques avec la création d'un pôle slave. Sur le plan militaire c'est un pacifiste et il veut sortir son pays de la guerre la tête haute. Après avoir ordonné des pourparlers secrets de paix avec la France grâce à ses beaux-frères, il ordonne à son état-major militaire de ne pas affecter aux postes dangereux les personnes dont la famille compte déjà deux morts, ou les pères de familles nombreuses (plus de six enfants). Il interdit le bombardement des villes non stratégiques, ce qui ne plait pas à certains de ses officiers supérieurs. Le 21 février, pour faire taire les rumeurs défaitistes, le comte Ottokar Czernin, ministre autrichien des Affaires étrangères, rejette toute idée de paix séparée entre l’Autriche-Hongrie et les Alliés...

En Turquie. Le 4 février le grand vizir Said-Halim en conflit permanent avec les Jeunes-Turcs finit par démissionner. Il est remplacé par Mehmet Talaat Pacha qui est le grand ordonnateur des massacres arméniens de 1915(2)...

Aux États-Unis. L'annonce de la guerre sous-marine à outrance fait l'effet d'une bombe. Le président Wilson est furieux, il considère que cette annonce est un camouflet face à ses propositions de paix. Mais à cette époque, les USA sont aussi faibles sur mer que sur terre, car ils n'ont que 150 navires de guerre dont 42 cuirassés et 27 sous-marins. Même si en nombre cette marine vient en troisième place après la Grande-Bretagne et l'Allemagne, elle doit être répartie dans les deux immenses étendues maritimes qui entourent le pays, l'Atlantique et le Pacifique. Depuis juillet 1916, un nouveau programme naval est en place, qui prévoit seulement la construction de 10 cuirassés et 67 sous-marins. A Washington, des projets de loi sont déposés à la hâte pour accélérer la militarisation du pays. Parmi ceux-ci se trouvent des crédits de 1,2 million de dollars pour des mitrailleuses, 1 million pour des canons anti-aériens et leurs munitions, 5 millions pour l'armement de navires auxiliaires et 7,2 millions pour les munitions. L'amiral Robert Peary demande la création rapide d'une escadre d'hydravions pour protéger ses navires, car il sait que 2 500 de ces machines peuvent être construites en six mois...

Dans l'urgence, les services du contre-espionnage investissent l'île de Hickory, dans l'État du New-Jersey où les Allemands ont installé une très importante station de Télégraphie Sans Fil qui leur permet d'avoir des relations directes avec leur pays. Comme cette station fonctionne malgré l'absence de licence, le matériel est immédiatement confisqué et les propriétaires doivent payer une amende de 500 dollars. Au moins, le départ des navires de commerce de la côte atlantique des USA n'est plus immédiatement connu par Berlin. Pour éviter toute attaque surprise, la marine US commence à miner les abords de ses ports militaires de la côte Est...

Le 3, l'U-53 arraisonne à l'entrée de la Manche le cargo étasunien Housatonic chargé de blé pour la Grande-Bretagne. Son capitaine, Hans Rose, monte à bord avec deux matelots et ordonne aux marins de quitter le navire dans deux chaloupes, car ce dernier transporte des vivres "pour un pays ennemi de l'Allemagne". Après avoir pillé le navire, surtout son savon, le capitaine Rose et les matelots regagnent le sous-marin et ils coulent le voilier avec une seule torpille. Magnanime, Rose remorque les chaloupes pendant deux heures, puis il tire un coup de canon pour attirer l'attention du chalutier Salvador qu'il aperçoit au loin et rend la liberté aux marins prisonniers. Quelques heures après, Wilson prend prétexte de cet arraisonnement pour annoncer au Congrès son intention de rompre les relations diplomatiques avec l'Empire allemand. A la suite d'un Conseil de cabinet, il fait remettre son passeport à l'ambassadeur d'Allemagne et rappelle les ambassadeurs US en poste à Vienne et à Berlin. Même si ce n'est pas encore la guerre, la rupture des relations diplomatiques entre les puissances centrales et les États-Unis est maintenant un fait accompli. Dans une autre déclaration, Wilson annonce que si un seul autre navire étasunien est torpillé, la déclaration de guerre sera aussitôt effective...

Le 8, Wilson propose au gouvernement britannique une déclaration commune de l'Entente pour faciliter des pourparlers de paix. Cette déclaration affirmerait que les membres de l'Entente ne désirent pas le démantèlement de l'Autriche-Hongrie. Les Britanniques ne réagissent pas. Le lendemain, le Sénat approuve par 78 voix contre 5 la rupture des relations diplomatiques avec l'Allemagne. Le 12, la goélette Lyman M. Law chargée de citrons est arraisonnée puis coulée par l'U-53 au large de la Sardaigne. L'équipage au complet peut facilement regagner Cagliari le port principal de l'île. Le 23, les Britanniques se décident à faire passer au Président des USA le fameux télégramme Zimmerman(3). En fait, pour éviter d'être accusés d'espionner aussi les États-Unis, ils se débrouillent pour en récupérer un exemplaire à Mexico qu'ils font parvenir discrètement à Wilson. Tout d'abord, ce dernier croit à une machination et demande que ce télégramme soit examiné par les experts étasuniens...

Le 17, les soldats US évacuent officiellement le territoire mexicain où ils étaient depuis le 14 mars 1916 à la poursuite de Pancho Villa après son attaque sur la ville de Columbus au Nouveau-Mexique. Du même coup, le gouvernement fédéral finit par reconnaître comme légitime le gouvernement mexicain de Venustiano Carranza...

Le 26, Wilson évoque les torpillages du Housatonic et du Lyman M. Law pour demander au Congrès de lui donner les pleins pouvoirs afin de défendre le pays contre l'agression sous-marine allemande. Il insiste "Le peuple étasunien ne désire pas la guerre, mais cherche simplement à défendre son commerce et la vie de ses matelots dans les circonstances actuelles". Le lendemain, quand Wilson a confirmation de la véracité du télégramme Zimmerman, il l'envoie au Congrès, ce qui suscite une énorme vague d'indignation chez les représentants du pays...

Une des très rares photos allemandes de la construction de la ligne Hindenburg

Blessés soignés dans un hôpital

Dépôt de journaux avant distribution au front

La carte des navires coulés (rouge) et endommagés (bleu) par les U-Boote en février 1917

Le ministre de la Guerre Hubert Lyautey visite une tranchée

Le territoire que les Allemands abandonnent lors de l'opération Alberich

Trou de mine gelé

Des soldats portugais débarquent à Brest

A l'intérieur d'un sous-marin allemand

Le ministre de la Guerre Hubert Lyautey en discussion avec Georges Guynemer

Ambassadeur des USA en Allemagne James W. Gerard avec son épouse

Distribution de charbon à Paris

Pilotes et observateurs de l'escadrille SPA 79

Le paquebot français Athos, 754 personnes périssent dans son naufrage

Rencontre de deux sous-marins allemands dans la Méditerranée

Février 1917 - Dans le Monde en Guerre

 

Dans le Monde. La notification, maintenant officielle, de la guerre sous-marine à outrance autour des côtes européennes décidée par l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie met en émoi tous les pays qui commercent avec l'Europe. D'autant plus que cette note précise que tous les navires, neutres ou pas, qui tenteraient de forcer le blocus seraient coulés sans avertissement. Les Chancelleries des pays concernés échangent de nombreux télégrammes afin de voir quelle conduite organisée tenir. Les États-Unis aimeraient une réponse globale, l'Espagne et le Brésil sont d'accord, mais d'autres qui commercent beaucoup avec l'Allemagne, comme la Suède, la Norvège, la Suisse et la Hollande, ne le sont pas...

La terrible vague hivernale qui a débuté le 20 janvier se poursuit jusqu'à la mi-février dans toute l'Europe. Le froid atteint son point culminant au tout début du mois avec -26°C à Bonneville, -23°C à Commercy, -22°C à Montbrison, -20°C à Grenoble, -18°C à Lyon, -17°C à Alençon et Clermont-Ferrand et -15,5°C à Paris. Le charbon, combustible de base pour l'immense majorité des foyers citadins, devient très rare, donc très cher. Tous les fronts européens sont paralysés par l'hiver, ce n'est qu'au Moyen-Orient, plus précisément en Mésopotamie, que la guerre se poursuit. En février, l'aviation allemande devient très supérieure à celle des Alliés, masquant du même coup le grand repli stratégique que les Allemands effectuent derrière leur nouvelle ligne fortifiée dite Hindenburg. Les Alliés vont le payer très cher au mois d'avril...

Britanniques dans la Somme

Repas d'un poilu à la cantine de la gare de l'Est à Paris

Soldats russes à la caserne Pépinière à Paris

Soldats russes avec leur premier fusil mitrailleur d'assaut, ancêtre des Kalachnikovs

Adolescents livrant du charbon à Paris

Soldats russes en garnison dans la ville de Reims (photo autochrome)

C'est l'Écho de mars et avril, qui relate les événements de janvier et février 1917...

(1) Dans la mythologie germanique Alberich est un sorcier légendaire dont le nom signifie "roi des elfes", il est aussi appelé le roi des nains.

(2) Mehmet Talaat Pacha sera assassiné le 15 mars 1921 à Berlin par Soghomon Tehlirian, un rescapé du génocide arménien, membre de l'opération Némésis. A cause de son rôle primordial dans le génocide arménien, Said-Halim sera lui aussi assassiné à Rome le 6 décembre 1921 par des agents de la Fédération révolutionnaire arménienne.

(3) Le télégramme Zimmermann est un télégramme diplomatique qui a été envoyé le 16 janvier 1917 par le ministre des Affaires étrangères de l'Empire allemand, Arthur Zimmermann, à l'ambassadeur allemand au Mexique, Heinrich von Eckardt. Dans cette note, Zimmerman demande à son ambassadeur de se mettre en contact avec le gouvernement mexicain pour lui proposer une alliance contre les États-Unis. Le texte, tel qu'il a été publié dans la presse est le suivant "Nous avons l'intention d'inaugurer la guerre sous-marine à outrance, le 1er février. En dépit de cela, nous désirons que les États-Unis restent neutres, et si nous n'y réussissons pas, nous proposons une alliance au Mexique. Nous ferons la guerre ensemble et nous ferons la paix ensemble. Nous accorderons notre appui financier au Mexique, qui aura à reconquérir les territoires du Nouveau Mexique, du Texas et de l'Arizona. Les détails du règlement sont laissés à votre initiative. Vous aurez à informer le président du Mexique de la proposition ci-dessus aussitôt que vous serez certain de la déclaration de guerre avec les États-Unis, et vous suggérerez que le président du Mexique, de sa propre initiative, communique avec le Japon, proposant à cette dernière nation d'adhérer immédiatement à notre plan, et vous offrirez en même temps d'agir comme médiateur entre l'Allemagne et le Japon. Veuillez attirer l'attention du président du Mexique sur l'emploi sans merci de nos sous-marins qui obligera l'Angleterre à signer la paix dans quelques mois".

(4) L’alternative est, à la corrida, la cérémonie au cours de laquelle le novillero (matador débutant) acquiert le grade de matador. Au cours de cette corrida particulière, le matador le plus ancien offre au jeune torero son épée, sa muleta et son premier taureau à combattre.

(5) Dernièrement, via internet, j'ai contacté la mairie de Fromeréville, qui se nomme maintenant Fromeréville-les-Vallons (222 habitants), pour demander à la secrétaire si quelqu'un, sur place, était intéressé par l'histoire du village et s'il pouvait me donner au moins le prénom de l'abbé Hance. Les réponses ont été négatives sur mes deux interrogations. Mais, jamais vaincu et avec l'aide d'une Barbentanaise qui a des compétences, nous avons réussi à retracer sa biographie. L'abbé Georges-Théotime Hance est né le 10 septembre 1874 à Ecurey-en-Verdunois* et il décède le 26 décembre 1931 à Fromeréville à l’âge de 57 ans, village dont il était le curé en 1916 avant de se rapatrier à Barbentane à cause de la bataille de Verdun. Il arrive à Barbentane, dont il connaît le curé depuis 1912, le 6 avril 1916. Il est nommé curé de Senoncourt-les-Maujouy le 25 janvier 1917. C’est un village situé à environ 15 kilomètres au sud de Verdun. Mais il ne quitte Barbentane que le 6 mars 1917. Une inconnue, en 1914 il n’a que 40 ans, pourquoi n’est-il pas lui aussi mobilisé ? Un réformé peut-être, vu l'âge de son décès ce ne serait pas étonnant, car je n’ai pas retrouvé sa fiche soldat dans la Meuse.

* Village situé à environ 25 kilomètres au nord de Fromeréville

(6) C'est bien la première fois que le mot 'tank' est écrit dans l'Écho.

(7) A ce jour, personne ne sait pourquoi le commandant Schaubert, né le 2 avril 1839 à Compiègne dans l’Oise, et mort à Marseille le 6 mars 1917, est enterré à Barbentane. La seule info supplémentaire est que son épouse, Marie-Madeleine Krouch, est elle aussi décédée à Barbentane le 13 décembre 1912. Ils habitaient rue des Rocassons.

L’Écho de Barbentane de mars et avril 1917

Fabrication de canons de petit calibre aux ateliers navals de Washington

Évacuation de civils français à Villers-Plouich pendant l'opération Alberich

Escadre britannique en mer du Nord

Soldats-terrassiers allemands à la construction de la ligne Hindenburg

La partie nord du front français à la fin février 1917

Atelier de fabrication de moteurs chez Panhard-Levassor à Paris

L'Albatros D-III allemand qui fait des ravages chez les Alliés

Le contre-torpilleur français Mameluck

L'aviso-canonnière français La Moqueuse

L'ambassadeur d'Allemagne aux USA, Johann von Bernstorf et son épouse

Embarquement d'obus sur le cuirassé britannique Lion

Cerf-volant d'observation en Champagne

Le vapeur britannique California coulé le 7 février par l'U-85, 43 morts

Atelier de gros canons en Italie

Quelle folie la guerre !

Zone de Texte: Pour revenir à la page d'accueil de mon site de Barbentane, cliquez ici !!!
Zone de Texte: Vous pouvez toujours m'écrire, cliquez ici et ce sera fait
Ou alors à cette adresse : bne.lagramillere@free.fr

Barbentane, le plus beau village de l'Univers

Zone de Texte: Pour accéder aux archives des Écho déjà publiés, cliquez ici !!!

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Par manque de place, j’ai mis en entier l’Écho de mars et avril 1917

sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter