BARBENTANE

en décembre 1916

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Début décembre, tout est prêt pour l'offensive, sauf la météo. Après la grande dépression de la mi-novembre, le baromètre est descendu le 18 novembre à 718mm/hg à Paris, ce sont des pluies diluviennes qui s'abattent sur la France. Sur la côte catalane il est tombé 275 mm d'eau en moins de 24h le 1er décembre et presque autant dans le Nord de la France. Dans ces conditions, la plus petite attaque serait vouée à l'échec, au moins maintenant tout le monde le sait. Alors, les troupes françaises campent dans des conditions déplorables autour de Verdun, mais le moral reste bon, car on sait que c'est la dernière offensive qui se prépare...

Comme pour début novembre, le plan de Mangin est ambitieux. Il prévoit d'attaquer sur près de 10 kilomètres de front. Il en possède les moyens humains avec près de 150 000 hommes reposés et entraînés, ainsi qu'une artillerie de campagne composée de 740 canons de petits et moyens calibres. En tout état de cause, dans ce secteur, les Allemands sont devenus beaucoup plus faibles, tant en hommes qu'en matériel. Qui plus est, comme ils ne pratiquent pas le "tourniquet", depuis plus de 8 mois à la peine, les soldats du Kronprinz sont usés, fatigués, le moral en berne. Tous les rapports des officiers signalent que les feldgraus en poste à Verdun sont épuisés, mais l'Allemagne n'a plus les moyens de les relever après les pertes de l'été dans la Somme et en Russie du sud. De plus, tous les soldats allemands savent que les Français traitent "bien", même si c'est parfois un euphémisme, leurs prisonniers. Ce qui fait que, pour des soldats épuisés, l'alternative d'être fait prisonnier n'est pas si terrible. De plus, pour contenir l'offensive devant Péronne, l'armée allemande a dû ponctionner pas mal d'hommes et de matériel à Verdun. De ce fait, Mangin va attaquer en position de force...

Toutefois, les lieux à conquérir par les Français ne sont pas faciles. Ce sont le plus souvent des ravins toujours dominés par les Allemands. Les tranchées ennemies depuis plus de 6 mois de campement sont bien étayées et renforcées, les abris sont nombreux, les mitrailleuses en quantité et bien placées. Si la conquête est ambitieuse et réalisable, ce ne sera quand même pas une partie de plaisir...

Enfin le 10 décembre, les météorologistes annoncent du beau temps pour les jours à venir. Aussitôt Mangin prend la décision de faire donner l'artillerie. Tous les avions de reconnaissance décollent et les premières troupes d'assaut commencent à s'avancer vers Vaux et Douaumont. Les obus au gaz sont utilisés sur une grande échelle. Durant 4 jours, Vacherauville, Louvemont, Bezonvaux, les ouvrages d'Hardaumont et de Bezonvaux, les batteries, les tranchées, les réseaux de fil de fer, les redoutes, les abris, les voies d'accès, sont écrasés sous le bombardement d'une violence inouïe qui n'a d'égal que celle des Allemands au mois de février où en un seul jour 3 millions d'obus étaient tombés sur les Français. La précision des tirs est telle, que de nombreux fantassins allemands des premières lignes sont parfois obligés de déserter pour ne pas mourir écrasés sous les obus...

Le 15, après une nuit glacée faite de pluie et de neige fondue, comme prévu le ciel s'éclaircit soudain et la visibilité devient excellente. Comme précisé dans les manuels d'artillerie, à 9h50, l'artillerie allonge le tir et à 10h00, 100 000 Français s'élancent sur les tranchées ennemies. La progression n'est pas facile, le terrain intensément labouré est très boueux, les hommes sont trop chargés, certains s'enlisent sans pouvoir s'extraire rapidement du bourbier. Mais les Allemands sont submergés, beaucoup se rendent sans combattre. Un rapport signale même que de nombreux fantassins allemands aspirent au "calme". Au soir du 15, toute la partie gauche du front d'attaque de Vacherauville sur le bord de la Meuse jusqu'au village de Louvremont est conquis. Parfois facilement, parfois avec de grosses difficultés comme à la carrière d'Hardaumont très fortifiée, mais tous les objectifs sont atteints, certains dépassés. Au centre de l'attaque, dans ce qui était avant des bois touffus, la progression est moindre, les objectifs ne sont pas atteints, le soir venu, le village de Louvremont résiste toujours. A droite, Étant, le village de Vaux et Damloup sont repris sans trop de difficulté, les objectifs de la journée sont là aussi largement atteints...

Mangin sait que le "beau" temps ne va pas durer. Le lendemain il lance alors de nouvelles troupes fraîches sur le centre de l'attaque, là où la veille la progression n'a pas été celle attendue. Mais les Allemands résistent et cette nouvelle attaque échoue. La nuit est glaciale, de nombreux soldats sont évacués pour cause de pieds gelés. Le 17 et encore le 18, les Français poursuivent leurs efforts dans des conditions de froid intense, mais le terrain devient plus dur, on ne s'enlise plus. Le 18 au soir, tous les bois sont pris et le village de Bezonvaux enfin conquis. Maintenant maîtres des hauteurs, mais aussi des carrières et des anciens grands bois, les Français arrêtent la dernière attaque après la reprise de la ferme des Chambrettes. En 3 jours, ils ont fait près de 10 000 prisonniers. La bataille de Verdun est finie...

Le 19 au matin le canon se tait pour la première fois depuis le 21 février. Le sol ne tremble plus, parfois cela était ressenti à plus de 200 kilomètres de la zone de Verdun. Après la bataille de la Somme, c'est la deuxième tuerie la plus importante de l'humanité, 306 000 hommes sont morts ou ont été portés disparus (163 000 Français et 143 000 Allemands) et plus de 406 000 autres ont été blessés (216 000 Français et 190 000 Allemands). Les Allemand ont utilisé 2 200 pièces d'artillerie, les Français 1 727 pour tirer 53 millions d’obus (30 millions allemands et 23 millions français) dont au moins un quart n'ont pas explosé (obus défectueux, tombés à plat, etc.) rendant le terrain toujours dangereux y compris encore aujourd'hui. La furie destructrice a été telle, que la célèbre cote 304, dont le nom vient de son altitude de 304 mètres, ne fait plus que 297 mètres et que le Mort-Homme a perdu 10 mètres d'altitude. Tout ça, pour un résultat nul !!! L'armée allemande voulait saigner la France à blanc, elle a tout autant été saignée au rouge. Pire sans victoire à donner en contrepartie à ce carnage, ses immenses pertes humaines lui sont devenues un fardeau très lourd à porter. Pour les Français, mais plus encore pour le monde entier, Verdun est devenu un symbole, celui de la résistance opiniâtre à un envahisseur. Ce n'est pas pour autant que les poilus se glorifient de cette victoire défensive, ils connaissent trop bien le coût humain et l'horreur de la bataille, car 75% des soldats français stationnés en métropole sont passés par Verdun. C'étaient nos aïeuls, et même s'ils n'en parlaient pas, aucun n'avait oublié. Pour tous les combattants, tous unis maintenant dans leur dernière demeure, Verdun c'était l'Enfer, eux ne le savent que trop bien(6)...

Dans la Guerre Maritime. Depuis le mois d'octobre, sans le dire officiellement, la guerre sous-marine s'intensifie. Les Allemands arrivent à maintenir simultanément 60 sous-marins en activité, ce qui suffit à rendre toutes les mers européennes extrêmement dangereuses pour les navires Alliés. De plus, son nouveau chef d'état-major, l'amiral Henning von Holtzendorff, adresse le 16 décembre un mémorandum au Kaiser. Dans cette note, il assure à Guillaume II que la victoire de l'Allemagne est possible si l'on empêche le ravitaillement des Alliés par une guerre sous-marine à outrance. Pour lui, il suffit de couler 800 000 tonneaux chaque mois pendant 6 mois pour installer la famine en Grande-Bretagne et en France. D'autre part, réduire drastiquement les capacités maritimes des Alliés cela affaiblit d'autant leurs capacités industrielles et rend quasi impossible l'arrivée de nouvelles troupes sur le sol européen. Ce ne sont pas que les USA et le Canada qui sont visés par cette diminution des capacités de transport, mais également de nombreux pays sud-américains qui sont étroitement liés à l'Europe non seulement par leur histoire mais aussi par leurs activités commerciales : Brésil, Argentine, Mexique, etc... Cette stratégie sera avalisée à la conférence de Pless (maintenant Pszczyna en Pologne, près de Cracovie) le 8 janvier 1917...

En ce mois de décembre, 209 navires alliés sont coulés, 14 autres gravement endommagés, c'est déjà plus du double des pertes enregistrées en juillet (97 navires coulés). Dans ces pertes, 15 nationalités sont frappées, et si les Britanniques sont les premiers touchés avec 67 navires coulés, les autres pays alliés ne sont pas épargnés : 39 français, 18 italiens, 8 russes, 3 portugais, 2 belges, 1 japonais et 1 canadien. Les bateaux neutres vont aussi par le fond et de manière tout aussi significative : 37 norvégiens, 21 danois, 9 suédois, 6 grecs, 6 espagnols, 4 hollandais et 1 étasunien. Le nombre de marins qui disparaissent dans tous ces naufrages n'a jamais été vraiment connu, mais ce sont des centaines, un vrai bilan de bataille terrestre. Tout autant que la destruction de bateaux, la perte d'équipages professionnels formés et entraînés est un sérieux coup pour la marine alliée. Et le pire est à venir...

Parti de Cattaro le 17 novembre, le commandant Max Valentiner avec son U-38 a pour mission d'aller chercher des objectifs près de l'île de Madère, car le port de Funchal étant fortifié, il y a tout lieu de penser que de nombreux navires, de guerre ou pas, se trouvent à proximité. Mais Madère est loin dans l'Atlantique, à la limite du rayon d'action de son sous-marin. Alors, après avoir franchi Gibraltar dans la nuit du 28 novembre, le chanceux commandant, au lieu de couler le vapeur norvégien Solvang qui passe devant lui, l'arraisonne. Faisant preuve d'un bel opportunisme, il pille ses vivres et fait prisonnier son commandant. Puis il passe un câble et se laisse tirer par le vapeur pendant 3 jours en direction de Madère en économisant son précieux carburant. Dans la nuit du 2 décembre, le câble casse et le Solvang disparaît (il sera coulé le 13 janvier 1917 au large du Finistère par l'U-59). Le 3 au matin à 8h30 il entre dans le port de Funchal en plongée, après avoir dispersé une flottille de pêche qui, effrayée, s'empresse de regagner la côte. L'U-38 torpille la canonnière française La Surprise qui est amarrée au port en train de "charbonner" (remplir ses cales de combustible en charbon). Sa soute à munitions touchée, le vapeur explose et coule en moins de 2 minutes. Trente-neuf hommes de la canonnière sont tués sur le coup, y compris le commandant, mais aussi 8 autres marins qui étaient sur le chaland qui transvase le charbon. Profitant de l'énorme confusion qui règne dans le port, l'U-38 fait un rapide demi-tour et touche successivement le Kanguroo, un transporteur français de sous-marin et le vapeur britannique Dacia, un câblier. Mais Valentiner est très déçu, car se trouve aussi dans le port une superbe goélette en bois de 6 mats, le Eleanor A. Percy qui arbore fièrement le drapeau étasunien et auquel il a l'ordre formel de ne pas toucher. Trois bateaux touchés et coulés en moins de 10 minutes, c'est le tableau de chasse le plus rapide de tous les U-Boote...

L'explosion de La Surprise fait trembler les maisons de Funchal et les habitants croient à un accident. Mais quand les deux autres navires sont touchés et que les petits vapeurs des entreprises de charbonnage commencent à fuir précipitamment, tout le monde prend conscience de ce qui se passe. La population est alors prise d'une véritable panique et va se réfugier là où elle pense être à l'abri. Bombardé au moins 25 fois par le modeste canon de 47 mm du Kanguroo qui n'a pas encore sombré, l'U-38 s'éloigne rapidement du port. A 8 kilomètres, hors de portée des canons de la forteresse, il commence à bombarder la ville. A partir de 9h00, la batterie de la Vigie lui tire 34 coups et le fort de Sao Tiago 18, aucun n'atteint le sous-marin. Valentiner réplique en envoyant une cinquantaine d'obus réglés pour exploser au-dessus de la ville et faire ainsi le maximum de dégâts. Par miracle, si les dégâts matériels sont nombreux, aucun habitant n'est touché, et dans le port tous les marins du Kanguroo et du Dacia sont saufs. A 11h00, l'U-38 cesse le combat et repart vers Gibraltar. La première bataille de Funchal est terminée...

Le 8, Valentiner coule le vapeur britannique Britannia et le vapeur norvégien Brask, puis le lendemain le voilier portugais Brizella, et le 10, le vapeur italien Esemplare dans l'Atlantique. Il repasse le détroit de Gibraltar le 11 et durant son périple en Méditerranée, il coule le vapeur italien Angelo Parodi puis le vapeur norvégien Kaupanger le 13, le vapeur italien Emmanuele Accame le 15, le voilier italien Tripoli le 17, et pour finir le vapeur britannique Itonus le 20 où il fait encore 5 victimes. Il rentre finalement le 23 à Cattaro après une chaude alerte la veille quand il est pris dans les filets sous-marins tendus par les Alliés à Otrante...

Le 15, le vice-amiral français limogé après les "Vêpres grecques", Louis Dartige du Fournet, quitte l'île grecque de Salamine à bord de l'Ernest Renan pour rentrer à Toulon. Le même jour, son successeur, l'amiral Dominique Gauchet, arbore sa marque sur le cuirassé quasiment neuf Provence. Au moment où l'amiral français prend ses fonctions, il existe deux Commandants en chef en Méditerranée ; un amiral italien Louis-Amédée de Savoie pour l'Adriatique et le Français Gauchet pour le reste de la Méditerranée. La subordination à l'une de ces deux autorités en cas d'opérations combinées dans l'Adriatique reste encore en litige. De plus, la protection de la navigation commerciale conduit à découper le théâtre d'opérations en un certain nombre de zones géographiques, réparties entre les marines alliées. Les inconvénients de cette organisation éclatée sont bien connus de toutes les Amirautés et il devient indispensable de la changer. Il faudra 5 conférences, étalées sur un an, pour parvenir cahin-caha à une solution, et encore sera-t-elle boiteuse...

Le cuirassé français le Gaulois, un rescapé de la bataille du 18 mars 1915 dans les Dardanelles, fait route de Corfou vers Salonique après plus d'un an de remise en état à Toulon. Le 27, dans une mer Égée radieuse, il croise l'UB-47 qui le coule avec une seule torpille. Trois matelots sont tués sur le coup, mais le navire met près d'une demi-heure pour couler. Tous les membres d'équipage, sauf un qui se noie, sont alors secourus par le chalutier patrouilleur auxiliaire Rochebonne qui accoste bravement le grand navire avant qu’il ne coule...

Dans la Guerre Aérienne. Le mois de décembre dans les airs est beaucoup moins animé que sur mer. Le mauvais temps et les jours courts ne sont pas propices aux activités aériennes. A Verdun, pour la dernière bataille et grâce à une météo favorable sur quelques jours, les bombardements aériens ont repris. Les lieux habituels comme les cantonnements, les parcs d'artillerie au plus près des combats sont de nouveau bombardés. Mais plus largement dans la Somme avant que la bataille ne soit annulée. Les activités de reconnaissance, elles, ne cessent jamais, mauvais temps ou pas...

C'est dans les bureaux d'étude des moteurs à explosion qu'une nouvelle bataille se déroule. Si la construction et le montage des avions sont en net progrès chez tous les belligérants, il n'en est pas de même pour la motorisation des avions, comme pour les engins blindés chenillés d'ailleurs. Les pilotes réclament des moteurs toujours plus puissants et toujours plus légers. Mais construire des moteurs en grande quantité demande des investissements énormes. Toutefois Peugeot et Renault vont faire de nets progrès dans la technologie des moteurs embarqués. A la fin de la guerre, dans leur ensemble, les moteurs seront deux fois plus puissants pour un volume moindre et "maigriront" d'un tiers de leur poids par rapport au début des hostilités...

Le 20, près de Verdun, le capitaine de 29 ans, Louis-Robert de Beauchamp, commandant de l’escadrille n°23, reçoit une balle en plein front au cours d'un combat aérien au-dessus du bois de Vaux et s'écrase près de Douaumont. C'était le spécialiste français des bombardements lointains dont celui de Munich le 17 novembre...

Sur le Front Italien. Durant tout mois de décembre, le front de l'Isonzo est calme. La météo et l'état des troupes obligent les belligérants à une pause momentanée. Bien sûr, l'artillerie ne reste pas inactive et des coups de main sont notés, mais rien de comparable aux mois précédents...

Par contre, dans des Alpes froides et enneigées, une nouvelle arme fait son apparition : l'avalanche. La neige fraîche et abondante qui tombe sur les sommets attise les esprits malins qui profitent de l'occasion pour provoquer des destructions meurtrières sur des soldats plus ou moins à découvert. Le 13 décembre, 321 soldats austro-hongrois sont stationnés dans une caserne près du sommet du mont Gran Poz Marmolada. Elle très bien protégée des obus, mais directement située sous une montagne de neige instable. Des tirs italiens provoquent l'éboulement de 200 000 tonnes de neige, de roche et de glace. Cette gigantesque avalanche écrase la caserne où 270 soldats périssent. En représailles, les Austro-Hongrois ripostent de la même façon et à la fin du mois, près de 10 000 soldats italiens comme austro-hongrois sont ensevelis sous la neige. C'est un vrai bilan de guerre...

Sur le Front Russe. Depuis plus d'un mois, dans le Caucase c'est le calme plat. Ni les Russes, ni les Turcs n'ont les moyens d'alimenter la guerre. On se borne tout au plus à fortifier les positions acquises et on se protège de l'hiver comme on peut...

Dans les Carpates, les coups de main sont fréquents. Mais aucune attaque d'envergure n'a lieu. Le front s'est déplacé dans la Roumanie voisine, et toutes les forces russes se repositionnent près de la frontière roumaine, dans les Carpates boisés ou en Roumanie même, pour empêcher une invasion qui viendrait du sud...

Le 20, dans un ultime effort, les troupes germano-austro-hongroises prennent la ville de Brody en Galicie et la forteresse de Dvinsk près de la Baltique...

Sur le Front Roumain. Depuis le 20 novembre, les troupes roumaines et russes reculent sur tous les fronts. Le 4 décembre, les Germano-Austro-Hongrois venus de Hongrie et les Turco-Germano-Bulgares venus de Bulgarie font leur jonction à Argesh dans la grande plaine du Danube à l'ouest de Bucarest. Ils se déplacent rapidement au nord de la ville pour l'encercler. Depuis plusieurs jours la capitale se vide. Le gouvernement, la famille impériale ainsi que la partie de la population qui peut se déplacer, fuient vers le nord. Le 6, Bucarest est investie par les troupes venues de l'ouest et du sud. Grâce au savoir-faire des techniciens britanniques venus de Perse via la Russie, le feu est mis aux grands champs pétrolifères du pays. Un voile noir et irrespirable s'abat alors sur un pays dévasté. Cela n'empêche pas Ploesti, la capitale de la région pétrolifère, d'être investie par les Germano-Austro-Hongrois le même jour que la prise de Bucarest. Un "réduit" national est créé au nord, derrière la rivière Sereth (Siret) avec pour nouvelle capitale Iași (Jassy). Le 21 décembre, les troupes Russes abandonnent le Dobroudja indéfendable et se retirent derrière le Danube. Le 30, 200 officiers français arrivent à Jassy et commencent l'instruction des troupes roumaines. A la fin du mois, le front se stabilise en Moldavie méridionale, sur le cours de la Sereth et s'étend de la frontière Russe à l'ouest jusqu'au delta du Danube à l'est...

Les trois-quarts du pays sont maintenant occupés. La défaite, même si elle n'est pas complète, coûte plus de 100 000 soldats à la Roumanie, la presque totalité de son artillerie, et sa maigre aviation est détruite...

Dans les Balkans. Depuis la prise de la ville serbe de Monastir le 19 novembre, plus aucune progression n'est notée sur l'ensemble du front. Là, peut-être plus qu'ailleurs, les conditions météo sont un facteur paralysant. En outre, de nombreux soldats sont malades des fièvres, alors on s'organise comme on peut pour passer la mauvaise saison au mieux dans des montagnes isolées et farouches...

Depuis octobre une poignée de soldats français avec le colonel Henri Descoins occupent l'enclave albanaise de Koritza car elle est hautement stratégique. La majorité des 120 000 habitants de l'enclave est composée d'Albanais musulmans, les autres sont des orthodoxes, mais tous sont farouchement contre l'administration grecque vénizéliste qu'on veut leur imposer. Alors, en plein accord avec le Général Maurice Sarrail, Descoins proclame la "République de Koritza". Le 10 décembre il signe un protocole d'accord avec le chef de bande chrétien Themistokli Gërmënji et des dignitaires musulmans, ce qui rend les Italiens furieux. Son administration est confiée à des notables locaux sous la surveillance de soldats français. Une nouvelle monnaie est créée, c'est le franc-albanais, et son drapeau représente un aigle noir à deux têtes (drapeau albanais), cravaté aux couleurs tricolores de la France. Si la langue officielle est l'Albanais, le Français est également enseigné dans toutes les écoles du territoire. Malgré bien des soubresauts dus aux évènements guerriers et politiques alentour, la nouvelle république ne sera abolie que le 16 février 1918. Cette politique va permettre jusqu’à la fin de la guerre de sécuriser l'extrémité ouest du front d’Orient et de rallier plusieurs bandits albanais à la cause de la France...

A la fin de l'année 1916, le front des Balkans passe sur les hauteurs qui dominent le camp retranché de Salonique, notamment au sud du lac Doiran, dans la vallée du Vardar, au-dessus de Gevgueli, sur les crêtes de la Moglena autour de Monastir et de la boucle de la Tcherna jusqu'au lac Prespa. Les Allemands et les Bulgares se fortifient sur les positions dominantes...

En Afrique de l'Est. Depuis plus d'un mois, les troupes allemandes sont confinées dans le sud de leur colonie et n'ont plus de moyens de transport. Cela ne pose pas de problème, car comme l'armée "allemande" est presque exclusivement composée de soldats mozabites, ils savent très bien se débrouiller avec la nourriture naturelle trouvée sur place...

Le général sud-africain, Ian Smuts, qui commande le corps expéditionnaire britannique est plus préoccupé par d'éventuelles prétentions territoriales belges que par l'armée allemande. Pour l'éviter, il demande aux Belges de rentrer dans leurs colonies afin de préserver la sécurité au Rwanda et au Burundi. Pour faire bonne mesure, il commence lui aussi par retirer les troupes sud-africaines, rhodésiennes et indiennes, pour les remplacer par des soldats africains. A la fin de l'année 1916, près de la moitié des troupes présentes dans l'Est-Africain seront des troupes noires des King's African Rifles...

Sur les Fronts du Moyen Orient. Dans le Sinaï. Depuis le 5 août, les troupes britanniques, essentiellement des cavaliers ou des chameliers australiens et néo-zélandais, commandés par le général australien Harry Chauvel, remontent méthodiquement depuis Romanie vers la Palestine. Le 21 décembre, les soldats rentrent dans la ville portuaire d'El Arich évacuée par les Turcs car son fort a été détruit par les bombardements d'une escadre britannique. Le lendemain, les cavaliers australiens s'avancent jusqu'à l'avant-poste turc de Magdhaba à quelques kilomètres de la frontière palestinienne. Mais l'essentiel des troupes turques s'est déjà retiré près de la ville de Rafah en Palestine. Dans la nuit du 22, l'assaut est lancé par Chauvel, et l'avant-poste est pris dans l'après-midi. La bataille fait 22 morts et 121 blessés, plus de 1 000 soldats turcs sont faits prisonniers...

Dans le Hedjaz. Pour assister le roi du Hedjaz, le chérif Hussein ben Ali, et afin de protéger la ville sainte de La Mecque, le colonel Édouard Brémond réclame des renforts. Les Français envoient rapidement à Suez un détachement de 983 hommes de troupe (tous musulmans), 42 officiers, 396 animaux de bât et une petite artillerie de campagne composée de 6 pièces de 80 mm. Brémond et les Britanniques aimeraient bien occuper le port de Rabegh sur la mer Rouge car il est situé à mi-chemin de la ville turque de Médine et La Mecque. Mais Hussein répugne à faire intervenir des Européens si près des lieux saints musulmans, alors il tergiverse pendant près d'un mois au grand désappointement des Franco-Britanniques. La situation devient si préoccupante que le 9 décembre, Hussein finit par accepter l'occupation de Rabegh, et un petit détachement commence à s'installer dans la ville. Mais le 11, l’influent Lawrence d'Arabie fait habilement remarquer à Hussein que les Turcs sont trop occupés à défendre la Palestine pour venir s'aventurer en même temps sur La Mecque. Alors Hussein fait stopper le débarquement...

En Mésopotamie. Les travaux s'accélèrent à Bassora. Ce qui n'était qu'un immense bourbier est devenu un port acceptable. Le nouveau commandant de l'expédition, le général Frederick Maude, en plus des forces qui lui restent des précédentes campagnes, reçoit des renforts en hommes et en matériel. Ses forces se montent maintenant à 50 000 hommes. La plupart sont des Indiens qui s'impatientent de venger leurs camarades plus ou moins assassinés et affamés après la chute de Kut-El-Amara fin avril. En plus des barges de transport, il a maintenant 4 canonnières à sa disposition, Tarantula, Manthis, Moth et Gnat, ce qui le dispense d'avoir une artillerie tractée très coûteuse en chevaux qu'il est impossible de nourrir sur place dans ce désert aride. Le 13 décembre, les eaux du Tigre sont assez hautes pour permettre aux moyens maritimes d'avancer, alors l'expédition se met lentement en marche vers Bagdad en suivant les deux rives du fleuve. Elle a devant elle 12 000 Turcs qui ont eu le temps de se préparer à les recevoir...

 

Mais il est temps de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de janvier et février 1917 qui donne des nouvelles de novembre et décembre 1916. En effet, à partir de cette date, l'Écho aura une publication très erratique. Parfois bimestriel, parfois mensuel, même le nombre de pages varie. Il n'en sortira que 9 exemplaires pour toute l'année 1917, et 7 seulement pour 1918. Si la guerre use les soldats, toute la France s'en lasse aussi, mais il faut tenir...

Cet Écho retrouve ses 20 pages habituelles, et ce sont des photos de l'église de Fromeréville près de Verdun qui font la première page. Un bref historique relate son histoire récente et il précise son état actuel...

C'est l'époque du renouvellement de l'abonnement à l'Écho, il coûte 1fr50 à l'année, et 10 centimes par numéro. Il est toujours gratuit pour les soldats et il tire à 800 exemplaires...

Dans l'avis paroissial, on signale que le curé Aimé Guigues est toujours en soins à la clinique Boucard de Marseille. Le récit des fêtes religieuses, fête de la Sainte-Vierge et Noël, est détaillé...

Un article sur l'évacuation du village de Fromeréville en février 1916 est relaté par un témoin privilégié, l'abbé George-Théotime Hance, curé de cette paroisse, réfugié depuis avril à Barbentane...

Deux nouvelles célébrations sont données pour le repos des âmes de Louis-Joseph Bon tué en novembre et Germain Reboul tué en décembre. Tous les deux sont inscrits au martyrologe...

Au livre d'or, Claude Bertaud est cité à l'ordre de sa brigade pour fait de bravoure, Baptistin Marteau reçoit la croix guerre. François Veray est nommé caporal...

Six blessés sont notés. Sept nouveaux Barbentanais sont partis ou vont partir pour Salonique, et les 22 conscrits de la classe 1918 sont tous notés...

Au mois de décembre 1916, 3 Barbentanais meurent pour la France :

· Ulysse-Henri Roche. Il est né à Uzès dans le Gard, employé de ferme au Sambuc en Camargue (gardian ?), 28 ans, célibataire, il est caporal-grenadier au 53ème régiment d'infanterie. Grâce à l'Écho de juin 1917, on sait que c'est le frère de Julia-Marie Roche épouse de Joseph Nadal, ce qui le rattache à Barbentane. Incorporé le 7 octobre 1909 pour son service ordinaire, il est libéré le 24 septembre 1911. Il est rappelé le 1 août 1914. Son frère aîné, Hippolyte a été grièvement blessé par un éclat d'obus à la cote du Poivre en août 1916 et il a perdu l'usage d'un œil. Son plus jeune frère, Fernand, est mortellement blessé le 2 septembre 1916 dans la somme, il meurt le 4 septembre à l'âge de 23 ans. Ulysse est tué le 15 décembre 1916 à la cote du Poivre par une balle dans la tête. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 27 avril 1917. Orphelin, son décès est transcrit à Barbentane. Il est inscrit sur le nécrologe qui est dans l'église et sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane. Il est inscrit sur le Monument aux Morts d'Uzès. Il repose maintenant à la Nécropole Nationale de Bras-sur-Meuse, dans la tombe numéro 2 168 ;

· Louis-Germain, dit Germain Reboul. Il est né à Barbentane, cultivateur, 19 ans, célibataire, il est soldat de 2ème classe au 7ème régiment du génie. Il est incorporé le 9 janvier 1916 à Avignon, mais il tombe rapidement malade. Malgré de nombreux soins, il décède vers 3h00 du matin le 13 décembre 1916 à l'hôpital Sainte-Marthe d'Avignon. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 23 décembre. C'est le plus jeune de nos Poilus morts pour la France. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Il repose maintenant dans le caveau familial du vieux cimetière de Barbentane. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane ;

· Jean-Louis Bertaud(7). Il est né à Barbentane, coiffeur, 35 ans, marié, 2 enfants, il est soldat de 1ère classe au 2ème régiment de zouaves. Incorporé le 22 novembre 1902 pour son service ordinaire, il est libéré le 4 octobre 1905. Il est rappelé le 1er août 1914. Il est blessé à la cuisse droite par un éclat d'obus le 23 septembre 1914 à Tracy-le-Mont dans l'Oise, ce qui l'immobilise pendant plus de deux mois. Il remonte au front le 3 août et il est blessé à l'épaule gauche le 15 décembre par une balle explosive au bois de Caurières près de Douaumont dans la Meuse sur le secteur de Verdun. Soigné rapidement par un camarade de combat, il disparaît lors de son déplacement vers le poste de secours. Il n'est retrouvé et inhumé sur place que le 2 mars 1917. Il sera déclaré officiellement mort le 15 décembre 1916 par un jugement du tribunal de Tarascon en date du 30 juin 1919. Un service funèbre est célébré en sa mémoire en l'église de Barbentane le 23 avril 1917. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur la carte postale sortie au village après les évènements des inventaires dite "Les Victimes du 14 décembre 1906". Il est très probable que sa dépouille repose à l'ossuaire de Douaumont.

En chapeau du courrier militaire, il y a un petit mot du curé Guigues. Il offre ses vœux pour 1917 qui sera, écrit-il "l'année de la paix et du retour au foyer familial avec les lauriers de la victoire". De nombreux épistoliers espèrent la fin de la guerre dans l'année, et présentent leurs meilleurs vœux à tous. JM Joubert écrit de Florina en Macédoine où il pleut tout le temps ; Charles Barthélémy, qui a une confiance illimitée dans le résultat final, est dans le même escadron que Ferdinand Lunain et Lucien Bérard ; Antoine Rossi a une maladie des yeux ; Léon Reboul avait honte car il se considérait comme embusqué, mais maintenant qu'il est au front, il peut écrire à l'Écho ; Jean-Marie Ginoux est pour la deuxième fois en territoire serbe ; Paul Bonnet se prépare à partir au front ; Fernand Barral ironise avec "les cousins germains" ; Joseph Moucadeau est ému de quitter son pays pour Salonique d'où il écrit plus loin dans l'Écho ; Jean Brémond se trouve en pays nouvellement conquis (Verdun ?) ; Charles Mouiren fait ses classes à Brignoles ; Gaston Nazon se trouve au repos après 10 jours de première ligne ; Raoul Saint-Michel est allé voir Jean-Marie Courdon qui lui a préparé un festin à la Gargantua car il est très bon cuisinier ; Léon Jaoul est en Alsace où la neige n'arrête pas de tomber ; Louis Laget constate qu'il gèle tous les jours, et son père, Alphonse Laget, lui aussi au front, se plaint de n'avoir pas vu son fils depuis deux ans ; Louis Bourges note qu'il fait mauvais temps en Macédoine ; Louis Petit et Jean Vernet, tous les deux dans les Vosges, notent que la neige tombe ; Marius Martin fait du théâtre auprès des poilus ; Claude Marteau est passé à Compiègne dans la rue où Jeanne d'Arc a été faite prisonnière en 1429 et il note que maintenant les Anglais sont nos alliés ; Gilbert Vernet considère qu'il part en croisière habituelle [je suspecte qu'il est marin et qu'il fait des transports pour Salonique] ; Pierre Michel narre sa tragique matinée d'offensive au front à Vacherauville à Verdun où, après avoir passé à tabac des prisonniers allemands, il est blessé et voit la mort de très près lors de son rapatriement ; Baptistin Marteau vient de recevoir sa citation et sa croix de guerre acquise lors de la bataille de la Marne ; l'abbé Mascle, infirmier à l'armée d'Orient, se sent toujours une âme d'aède ; le caporal Louis Petit est dans la division qui, le 15 décembre à Verdun, a enlevé d'assaut la Cote du Poivre et Vacherauville, et il considère que les Allemands en ont pris pour leur "rhume" ; le blessé Joseph Chaix est maintenant dans un hôpital épatant à Carmaux, il se remet lentement de sa blessure, mais c'est l'abbé Revest qui est consterné d'être devenu épicier malgré ses galons de caporal et son diplôme de chef-infirmier brillamment passé...

Dans la vie paroissiale, un seul baptême et 10 enterrements dont un bébé de 7 mois et le capitaine en retraite Étienne Reboul, 82 ans, qui est titulaire de la Croix de la légion d'honneur, de la médaille militaire et de la médaille d'Italie...

Guy

Voies ferrées sous les obus

Dans la Somme, un canon français

Messe de minuit dans le fort de Douaumont reconquis, c'est probablement la photo la plus symbolique de l'année 1916 pour les Français

A Verdun, relève de soldats allemands

A Verdun, officiers en visite après la bataille

Dès premiers coups de feu, les ambassadeurs alliés accourent au palais royal pour faire cesser les combats. Le roi tergiverse et propose un compromis au vice-amiral. Comme il manque de troupes et de munitions, Dartigue du Fournet est bien forcé de l'accepter. Mais, durant ce tout temps, les combats se déroulent et les fusiliers-marins sont débordés. Des canons grecs placés sur la colline d'Arditos tirent sur l'entrée du Zappéion, un monument central à Athènes où le commandement et les ambassades alliés sont installés. A l'extérieur, près de 10 000 civils grecs chauffés à blanc menacent de tout mettre à sac. Des marins grecs tirent au canon contre des vaisseaux britanniques. En réponse, l'escadre alliée située dans le port de Phalère, bombarde la capitale. Les obus pleuvent autour du Zappéion assiégé mais aussi autour du palais royal. En urgence, la reine Sophie télégraphie secrètement à son frère Guillaume II pour que les Allemands attaquent à Salonique. De Budapest, dans un discours enflammé, le Président du Conseil hongrois, le comte István Tisza de Borosjenő et Szeged, lui promet le concours des Empires centraux. Comme la menace explose cette fois-ci devant ses fenêtres, le roi Constantin Ier ordonne de remettre au vice-amiral français 6 batteries de montagne au lieu des 10 réclamées. En échange, il exige le retrait des troupes débarquées et l'arrêt des bombardements. En fin d'après-midi les combats cessent. Les Alliés comptent 194 morts et blessés, les miliciens grecs 82 avec un nombre inconnu de victimes civiles. Le lendemain, les fusiliers-marins humiliés quittent la capitale tôt dans la matinée. Malgré certains récits, il n'est pas du tout certain que des Vénizélistes aient prêté main forte aux soldats alliés, cela n'empêche pas une répression sanglante de s'abattre sur la ville. Des émeutiers loyalistes saccagent les maisons ainsi que les commerces des Vénizélistes durant trois jours. Ils tuent au moins 35 personnes, dont la plupart sont des réfugiés pontins d’Asie mineure. Des centaines d'autres sont emprisonnés et gardés à l'isolement, y compris le maire de la ville Emmanuel Benákis. Par similitude aux "Vêpres siciliennes" qui se sont déroulées en Sicile le mardi de Pâques 1282 où la population a systématiquement massacré les soldats angevins de Charles Ier, en occident ces combats sont appelés les "Vêpres grecques". Pour les Grecs, ce sont simplement les "évènements de novembre" du fait du maintien du calendrier julien en Grèce à cette époque...

Après cette défaite, le vice-amiral français Dartigue du Fournet est démis de ses fonctions par le ministre de la Marine, Lucien Lacaze. Il est aussitôt remplacé par l'amiral Dominique Gauchet. Peu désireux de revenir dans Athènes, les Alliés renforcent le blocus du pays, ce qui cause d’importantes restrictions alimentaires en Grèce du sud. Mais c'est surtout sur le plan politique que les choses changent. Dès le 2, la France et la Grande-Bretagne donnent une reconnaissance de fait au gouvernement sécessionniste grec. Satisfait par ce changement rapide, le 7 décembre Elefthérios Venizélos peut officialiser sa déclaration de guerre contre les puissances centrales au nom de la Grèce tout entière. En réponse, le roi adresse ses regrets à la France pour le guet-apens d'Athènes, en même temps que son gouvernement lance un mandat d’arrêt contre Venizélos. A Athènes, réunie au Champs de Mars où, en présence de l’archevêque-primat de Grèce Théoclète Ier, dans une cérémonie toute byzantine -mais d'un autre âge- une foule loyaliste prononce "l'anathème et la malédiction" contre le traître Venizélos qui désunit la patrie...

Après la défaite à Athènes, les Alliés sont maintenant sûrs que le roi Constantin et son gouvernement reconstituent une armée formée de loyalistes-réservistes dans les territoires placés sous son autorité directe au nord de la capitale. Alors, le 21 décembre, ils exigent que les troupes civiles soient désarmées, les armes restituées, que la libre circulation des trains soit rétablie avec la libération immédiate des Vénizélistes. Ils prennent aussi l'engagement de ne pas permettre aux troupes vénizélistes de profiter du retrait des forces royales de Thessalie et d'Épire pour occuper ces régions. Mais, tant que ces conditions ne seront pas respectées, le blocus du pays sera impitoyablement maintenu...

Plus encore qu'en Grèce, c'est chez les Alliés que les conséquences sont importantes. Trois jours après les "Vêpres", le Premier ministre britannique Herbert Henry Asquith et le ministre des Affaires étrangères Edward Grey remettent leur démission au roi Georges V. Ils sont respectivement remplacés par David Lloyd George et Arthur Balfour. Pour la Grèce, ce changement dans le cabinet britannique a une grande importance, puisque Lloyd George est un fervent supporteur de Venizélos et il s’intéresse tout particulièrement aux évènements militaires possibles ailleurs qu'en France métropolitaine. A Paris, sous la pression de l'opinion publique et de la Chambre, Aristide Briand qui pensait pouvoir réconcilier le roi Constantin et Venizélos, est obligé de remanier son gouvernement. Le 15, il le remplace par un cabinet plus restreint et c'est le général Hubert Lyautey(1) qui succède à Pierre Roques comme ministre de la Guerre. Mais c'est aussi entre les Alliés que la discorde s'installe. Les familles royales Russe et Britannique voient d'un très mauvais œil la possible destitution d'un roi, fut-il celui de Grèce, qui n'est pas franchement un ami, et son remplacement par une république. Pour l'Italie, la mainmise de plus en plus autoritaire de la France sur la Grèce contrecarre ses projets d'extension territoriale. Non seulement elle considère que l'Albanie doit devenir une de ses colonies, mais encore que la Grèce soit dans sa sphère d'influence. Ces visées transalpines seraient réalisables avec une monarchie grecque affaiblie mais impossibles avec un gouvernement de type démocratique comme les Français et Venizélos le proposent...

La "Paix" Allemande. Après l'échec de la tentative allemande de faire une conférence de la paix entre les belligérants aux États-Unis sous la férule du nouveau président Woodrow Wilson modestement réélu, le chancelier Théobald von Bethmann Hollweg décide de faire sa propre proposition de paix. Il considère que c'est la dernière chance pour obtenir une paix équitable, l'issue de la guerre étant, selon lui, défavorable à l'Allemagne. Le 12, à la suite de l'invasion victorieuse de la Roumanie et d'une certaine bisbille entre les Alliés au sujet de la Grèce, il estime que c'est le bon moment. Après avoir convoqué en urgence les députés au Reichstag et au nom des Empires centraux, il propose d'engager de nouvelles négociations de paix. Guillaume II le soutient, car dit-il, cette proposition est un "acte moral nécessaire pour libérer le monde du fardeau qui pèse sur tous". Bethmann Hollweg part du postulat que ce sont les Alliés qui ont déclaré la guerre aux Empires centraux. Il en conclut donc que toutes les conquêtes germano-austro-hongroises sont légitimes. De plus, pour contenter les nationalistes pangermaniques, il demande que la Belgique, le Luxembourg, la Lorraine, une partie des Vosges, la Serbie, Le Monténégro, l'Albanie, la Roumanie, l'Ukraine, La Bessarabie, la Pologne et les pays Baltes deviennent des territoires germano-austro-hongrois. Un certain nombre des pays, comme la Roumanie et l'Ukraine, sont considérés comme vitaux pour les Empires du centre à cause de leurs ressources agricoles. Bethmann Hollweg réclame aussi la restitution de toutes les colonies allemandes d'Afrique, de Chine et d'Océanie. Les pays "vaincus" comme la France, la Grande-Bretagne et la Russie devront payer d'énormes dédommagements de guerre. A ce discours pour le moins acrimonieux, les nationalistes germaniques applaudissent à tout rompre, mais les socialistes allemands crient au fou...

Le 13, le chancelier allemand remet sa proposition de paix aux représentants étasuniens, espagnols et helvétiques, en leur demandant de la faire parvenir aux Alliés. Pour ces derniers, cette offre est considérée au mieux comme une manœuvre de diversion au pire comme un acte d'agression. A Paris et à Londres, Briand et Lloyd George échangent des télégrammes, ils affirment leur volonté de poursuivre la guerre jusqu'à la fin victorieuse. En Italie et en Russie, on écarte dédaigneusement la proposition de paix allemande. La presse neutre est unanime à traiter de pire manœuvre la démarche de l'Allemagne et de ses coalisés en faveur de la paix. L'ambassadeur allemand aux USA, le comte Johann Heinrich von Bernstorff reconnaît carrément que son pays n'offre aucune condition de paix...

Finalement, le 23, le président des États-Unis adresse une note à tous les belligérants pour les inviter à définir leurs conditions pour la paix. La Suisse, la Norvège, la Suède et la Finlande s'associent à cette démarche. Les Britanniques, Russes, Italiens et Français se concertent pour donner une réponse commune au Président Wilson. Les Empires du centre, ne répondent même pas. Le 26, ils se bornent à réclamer une conférence des belligérants, ce qui irrite Wilson, et ils font dédaigneusement savoir qu'en aucun cas des pays neutres, comme les USA et les pays nordiques, ne pourraient participer à cette conférence...

La réponse des Alliés à Wilson arrive le 10 janvier 1917. Elle est tout aussi intransigeante que la note des Empires du centre. Non seulement l'Allemagne et l'Autrice-Hongrie doivent restituer toutes leurs conquêtes de guerre, mais rendre en plus l'Alsace et la Lorraine à la France. Wilson, considérant que les positions des uns et des autres sont trop éloignées, abandonne son intention. Il se consacre alors au projet de créer une ligue internationale après la guerre et plaide pour une "paix sans victoire" ou "paix blanche". Cette nouvelle proposition n'aura aucun succès dans l'immédiat, mais elle aura des suites après la guerre...

En Grande-Bretagne. Suite au très couteux semi-échec sur le front de la Somme et aux Vêpres grecques, une crise éclate dans un cabinet britannique rendu coupable d'imprévoyances. Le libéral Herbert Henry Asquith, en place comme Premier ministre depuis plus de 8 ans, remet le 5 décembre la démission de son cabinet au roi Georges V. Deux jours plus tard il est remplacé par son ancien ministre de la Guerre, un autre libéral, David Lloyd George. C'est le premier Gallois qui accède à ce poste en Grande-Bretagne. Fidèle à ses propositions, il compose, et fait avaliser par le roi, un cabinet de guerre restreint à 5 membres, centré autour de sa personne. A la chambre, ce nouveau cabinet est soutenu par les Travaillistes...

Le 5, lord Robert Cecil, le ministre des Affaires étrangères, déclare à la Chambre des communes que la responsabilité du roi Constantin Ier est établie dans les événements d'Athènes, mais il refuse de répondre à la question de savoir si la dynastie grecque sera sauvegardée. Le 12, par une lettre envoyée à chaque membre de la Chambre des Communes, Lloyd George affirme sa ferme volonté de "continuer la guerre jusqu'à une conclusion victorieuse"...

Avec la nouvelle disposition qui porte la limite d'âge d'incorporation à 55 ans, l'armée britannique compte maintenant 5 millions d'hommes. Jamais dans toute son histoire, l'armée de sa majesté n'a été aussi importante...

En France. Le 1er décembre, le père Charles de Foucauld est assassiné dans son ermitage à Tamanrasset (Algérie) à l'âge de 58ans. Ancien Saint-Cyrien, il mène une vie de militaire assez dissolue. Il démissionne de l'armée pour explorer le Maroc et devient religieux chez les Trappistes, puis ermite en Palestine. Il est ordonné prêtre à Viviers en Ardèche, mais il rejoint très vite le Sahara algérien à Béni-Abbès. Il vit avec les Berbères et pendant 12 ans il étudie la langue touareg. Après son assassinat, jamais revendiqué, il est très vite considéré comme un martyr et fait l'objet d'une véritable adoration. Il est déclaré Vénérable le 24 avril 2001 par Jean-Paul II, puis Bienheureux le 13 novembre 2005 par Benoît XVI...

Le 6 novembre 1916, Mata Hari, l'agent H-21 pour l'espionnage allemand, se rend en Espagne pour tenter d'aller en Hollande afin de rejoindre la Belgique où elle doit espionner pour le capitaine Georges Ledoux des services secrets français. A Vigo, elle embarque sur le vapeur Hollandia qui est arraisonné en cours de route par la marine britannique qui fait la police des mers. En fait, les Britanniques cherchent une autre espionne, Klara Benedix, qui sévit aussi en Espagne. Elle est conduite à Scotland Yard le 13 pour être interrogé par l'inspecteur Basil Thomson qui, dans le doute, la fait incarcérer. Finalement, le 29, comme rien ne peut lui être reproché, elle est refoulée vers l'Espagne. Le 1er décembre, elle embarque sur le paquebot Araguya et débarque à Vigo 6 jours plus tard. Le 9, à peine arrivée à Madrid, elle séduit l'attaché militaire allemand, le major Arnold Kalle mais aussi le colonel espion français Joseph Denvignes. Aussitôt informé de ses agissements, le major Kalle, sur ordre supérieur, lui remet 3 000 francs et transmet plusieurs câbles à Berlin où il signale que "l'agent H-21 s'est rendu utile". Contrairement aux règles élémentaires de l'espionnage, il envoie presque à dessein des précisions sur l'agent H-21 (nom de sa gouvernante, adresse, etc...) et dans un code qu'il sait depuis un certain temps décrypté par les services secrets français...

Les évènements grecs obligent le cabinet d'Aristide Briand à démissionner le 12 décembre. Toutefois, c'est Aristide Briand qui se succède à lui même. Copiant la Grande-Bretagne, Briand compose un cabinet de guerre restreint lui aussi à 5 membres et c'est Hubert Lyautey qui succède à Pierre Roques au ministère de la Guerre. Le 10, le rapporteur général du Budget affirme devant la Chambre des députés que la guerre coûte 96 millions de francs par jour à la France...

Depuis quelques mois le général Joseph Joffre est contesté par de nombreux militaires et politiques français, mais aussi britanniques. Après la semi-victoire de la Somme et malgré la grande victoire défensive de Verdun, il devient évident à tous qu'il faut qu'il parte. Pour lui succéder deux généraux font figures de favoris : Philippe Pétain et Robert Nivelle, les deux "vainqueurs" de Verdun. D’autres candidats comme les généraux Ferdinand Foch, Édouard de Castelnau ou Louis Franchet d'Espèrey sont un temps pressentis, mais au final ils sont tous écartés pour diverses raisons. Joffre comprend qu'on veuille le mettre dans l'ombre, mais pour lui, seul Foch peut lui succéder. Il considère Pétain comme trop pessimiste pour une telle charge et Nivelle comme un soldat trop brutal qui, s'il parle bien, n'écoute personne. Mais le demi-échec de Foch sur la Somme est trop récent, il est donc lui aussi écarté. Briand propose de remplacer Joffre par Nivelle, car c'est un protégé du Président Raymond Poincaré. Pour éviter tout scandale, Briand aimerait recaser Joffre comme conseiller technique au gouvernement avec le titre de général en chef des Armées françaises. Hurlement de Lyautey qui ne peut pas le supporter et qui est prêt à démissionner si Briand l'impose. Le 13 décembre, Joffre est officiellement "limogé"(2), et aussitôt remplacé par le général Nivelle. Le 26, Briand informe Joffre qu'il doit renoncer à toute fonction au gouvernement. En échange, il est fait maréchal de France, un titre très honorifique qui ne peut être attribué qu'en temps de guerre...

C'est donc le général Robert George Nivelle qui remplace Joffre à la tête des Armées françaises. C'est un Corrézien de 60 ans, né à Tulle. C'est un ancien Polytechnicien, artilleur de formation, c'est aussi son arme de prédilection, il la maîtrise à la perfection. C'est un homme de belle taille et de belle prestance, il a un physique assuré, un regard bleu dont il use pour se faire écouter. Il se tient très droit et en impose par sa présence. Il parle bien, ses idées sont claires et il est très sûr de lui. De mère anglaise, ce qui lui vaut de parler couramment cette langue, il charme ses homologues britanniques. Depuis plusieurs mois, il prétend posséder la méthode miracle pour percer le front, il suffit de reproduire à plus grande échelle ce qui a si bien réussi à Douaumont ou à Vaux, les "attaques brusques". Enfin Nivelle a le sens de la politique. Contrairement à Joffre qui ne sortait de son silence et de sa solitude que pour se montrer bourru ou hautain, Nivelle parle avec les hommes politiques. Il les fréquente, il les rassure, il les flatte. Dans une époque de doute, il assène des certitudes et son discours plait, surtout aux politiques qui cherchent une issue rapide à la guerre. Par contre, les soldats qui subissent ses méthodes brutales, ne l'aiment pas...

Le 24, dans une note envoyée à tous ses commandants d'armées, Nivelle dévoile sa stratégie. Il affirme qu'il est possible de rompre le front ennemi "à condition de le faire d'un coup, par attaque brusquée en 24 ou 48 heures"...

Dans une réforme fiscale votée le 30 à la Chambre, le taux de l'impôt sur le revenu passe à 10%...

En Belgique Occupée. Le 7 décembre, le parti flamand de Jong Vlaanderen écrit au général en chef de l'armée allemande, Paul von Hindenburg, pour lui signifier que l'avenir de la Flandre est lié à l'Allemagne. L'Allemagne se doit donc de libérer la Flandre de "l'oppression franco-belge"...

En Russie. Le 15 décembre, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Nikolaï Pokrovski, annonce à la Douma que la signature du traité de 1915 entre la Grande-Bretagne et la France donne à la Russie un droit sur le détroit du Bosphore et celui des Dardanelles. Il annonce aussi qu'aucun traité de paix séparée ne sera signé entre la Russie et l'Allemagne...

Dans la nuit du 16 au 17 décembre, le moine thaumaturge et débauché, Dimitri Raspoutine dit Le Starets (le vieillard) malgré son âge de 47 ans, est attiré dans un traquenard au palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg. Depuis longtemps Raspoutine est suspecté de travailler pour les Allemands et son emprise sur la famille impériale est indéniable. Avec la tsarine, ils font et défont les ministres, ce qui met l'ensemble de la famille Romanov devant le fait accompli sans qu'elle puisse intervenir. Aussi, les projets d'assassinat du moine débauché(3) sont-ils nombreux, mais aucun n'a été assez élaboré pour aboutir. Le 16, sachant Raspoutine toujours très sensibles aux appâts féminins, les conjurés attirent le moine au palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg en lui faisant miroiter le charme accessible pour lui de la belle maîtresse de maison, Irina Alexandrovna, qui n'est autre que l'épouse du prince Félix Ioussoupov, le propriétaire des lieux. Outre le prince, quatre autres conjurés sont présents : le grand-duc Dimitri Pavlovitch, le député d'extrême droite Vladimir Pourichkevitch, le lieutenant Sergueï Soukhotine et le docteur Stanislas Lazovert. Raspoutine arrive vêtu d'un très luxueux manteau en peau de castor, il est alors introduit au palais et guidé dans une cave aménagée en appartement. Pour le faire patienter en attendant la belle Irina, on lui sert des gâteaux et du Madère dans lesquels le docteur Lazovert a injecté du cyanure de potassium réputé radical. A la grande surprise de Ioussoupov, Raspoutine ingurgite les gâteaux et boit le vin sans broncher. Le prince, affolé, se précipite chez les autres conjurés qui attendent à côté. Il prend le révolver du grand-duc Pavlovitch et revient dans le salon où il tire une balle dans dos du moine qui s'écroule sur le sol. Après contrôle du pouls, le docteur Lazovert signale que la balle a traversé le cœur et que Raspoutine est mort. Les conjurés ressortent et montent à l'étage afin de prendre les dispositions pour se débarrasser du corps. Deux s'en vont faire un trou dans la glace de la petite Neva qui passe juste à côté pour y jeter le cadavre. Poussé par un sentiment d'inquiétude, Ioussoupov redescend au sous-sol. Raspoutine gît toujours sur le sol, immobile. Penché sur lui, il constate que son pouls est absent mais perçoit un léger tremblement de l'un des yeux du "mort". Brusquement, l'œil gauche de Raspoutine s'ouvre, puis la paupière droite se soulève et de ses yeux grands ouverts il fixe son assassin. Ioussoupov est alors pris d'une terreur incontrôlable. Tétanisé, la gorge nouée, il est incapable d'appeler ses camarades. D'un bond, Raspoutine se redresse et pousse un hurlement en essayant d'étrangler le prince. Une lutte s'engage entre les deux hommes. Les yeux du faux-moine sortent de leurs orbites, un filet de sang coule de sa bouche, il prononce même plusieurs fois le nom du prince. Le combat est féroce, les coups échangés sont nombreux. Dans un ultime effort, le prince parvient à se libérer et Raspoutine tombe face contre terre. Ioussoupov se précipite alors à l'étage et alerte Pourichkevitch en criant "Raspoutine est encore en vie !". Les deux hommes descendent et constatent que Raspoutine rampe sur le sol en poussant des râles. Finalement il atteint la porte qui mène à la cour du palais, l'ouvre et disparaît dans la nuit. Pourichkevitch se lance à sa poursuite. Le député tire deux fois mais manque sa cible, deux autres tirs finissent par atteindre Raspoutine qui titube et s'effondre sur le sol enneigé. Un troisième tireur, très certainement Oswald Rayner, un agent secret britannique qui se trouve au palais, lui tire alors une balle en plein front(4). Aidés par un domestique, les conjurés enveloppent Raspoutine dans son manteau de fourrure et le jettent dans la Petite Néva par le trou qu'ils viennent d'y faire...

Son cadavre est retrouvé le 19, au petit matin. Gelé et recouvert d’une épaisse couche de glace, il est remonté à la surface de la Neva au niveau du pont Petrovsky. L’autopsie, faite le jour même à l’Académie militaire par le professeur Kossorotov, révèle que Raspoutine n’est mort ni du poison, ni des balles, ni des commotions et des coups assénés, mais noyé, car il y a de l'eau dans ses poumons. Ce qui prouve qu'il respirait encore quand les conjurés l'ont jeté dans le fleuve. Sa légende est telle que, dès l'annonce de l'évènement, plusieurs personnes viennent puiser de l’eau là où Raspoutine a été repêché. Elles espèrent ainsi recueillir un peu de son pouvoir mystérieux. Raspoutine est inhumé le 4 janvier 1917 dans une chapelle en construction, près du palais royal de Tsarskoïe Selo(5) situé à proximité de Saint-Pétersbourg...

En Allemagne. Le 2 décembre, le Reichstag adopte la loi sur le "Service militaire patriotique". Cette loi rend le travail obligatoire pour tous les hommes de 17 à 60 ans qui ne sont pas mobilisés. Dix-neuf députés socialistes dissidents font opposition et votent contre. Au sein du parti socialiste allemand, le SPD, la forte minorité qui ne cesse de voter contre le gouvernement est finalement exclue. Hugo Haase, qui en est le leader, avec des personnalités comme Rosa Luxemburg, Karl Liebknecht, Leo Jogiches, Clara Zetkin, Paul Levi, et d'autres vont se regrouper et fonder un nouveau parti l'USPD (Unabhängige Sozialdemokratische Partei Deutschlands) en avril 1917...

Le 12, des émeutes de la faim éclatent à Hambourg, elles sont réprimées dans le sang. Les États-Unis, le Vatican, la Suisse, l'Espagne et d'autres encore adressent à l'Allemagne des protestations contre l'utilisation des hommes réquisitionnés en Belgique et en France occupées. L'Allemagne repousse avec dédain ces protestations. Le 27, un ouragan cause de graves dégâts dans le port de Hambourg...

En Autriche-Hongrie. Le nouvel empereur, Charles Ier, ne supporte pas le Ministre-Président qui n'est pourtant en place que depuis le 29 octobre, suite à l'assassinat de son prédécesseur. Le, 18, il charge Monsieur de Spitzmuller de former un nouveau cabinet, mais ce dernier échoue. Le 20, le chancelier Ernest von Koerber est remercié et c'est Heinrich von Clam-Martinic qui le remplace comme Ministre-Président à la tête du pays...

En Hongrie. Le couronnement de Charles Ier comme roi de Hongrie se déroule à Budapest le 30 décembre. A cette occasion, il déclare qu'il préservera la totalité du territoire hongrois. A cause des évènements, Charles Ier n'aura jamais d'autres cérémonies de couronnement, ni celle pour devenir empereur d'Autriche, ni celle de roi de Bohème...

En Roumanie. Comme la Belgique, le pays est réduit à quelques kilomètres carrés, avec une nouvelle capitale Iași. L'essentiel du territoire est maintenant occupé par trois pays des Empires du centre : Allemagne, Autriche-Hongrie et Bulgarie, mais avec des visées différentes. L'Empire allemand est surtout intéressé par ses richesses économiques, agricoles et pétrolières qu'il nomme "Les milliards roumains". Les Allemands sont aussi pleinement satisfaits de s'installer directement sur la mer Noire grâce au port de Constantza. Pour l'Autriche-Hongrie ses convoitises sont surtout stratégiques, elle contrôle maintenant la totalité des Carpates et des Alpes-Transylvaniennes. Pour la Bulgarie, le principal pour l'heure est de réoccuper le Dobroudja où la majorité de la population est de langue bulgare et que la Roumanie lui avait arrachée en 1913 en l'attaquant à revers durant la Deuxième Guerre balkanique. Pour tous, la Roumanie est devenue un territoire tampon qui les protège des conquêtes de l'Empire Russe. Depuis des siècles, l'Empire tsariste a toujours convoité le contrôle total de la mer noire et rêvé d'atteindre la Méditerranée par tous les moyens, y compris en annexant la Bulgarie...

Aux États-Unis et au Vatican. Le 5 décembre, le président des USA et le pape Benoit XV prononcent des allocutions qui condamnent sévèrement les crimes allemands contre les civils...

En Inde. Le Congrès national indien se tient dans la ville de Lucknow. C'est la capitale de l'État de l'Uttar-Pradesh, province située à mi-chemin entre New-Delhi et Calcutta. Le 31 décembre, à l'issue du congrès, est signé un accord, dit "Pacte de Lucknow" entre les militants nationalistes hindous et musulmans. Ils exigent que dès la fin du conflit mondial des concessions importantes d'autonomie soient faites à la population indienne par le gouvernement britannique tout en protégeant la place des musulmans...

Dans les Indes Néerlandaises. Le 16 décembre est créé un organe consultatif par le gouvernement colonial. C'est le Volksraad ou "conseil du peuple". Son rôle est de recueillir les doléances, mais il n'a aucun pouvoir réel...

En Espagne. Le 26, l'Espagne se préoccupe anxieusement du blocus que pratiquent les sous-marins allemands autour de ses côtes...

En Birmanie. Le 19 décembre, s'éteint à l'âge de 57 ans dans la ville de Ratnagiri en Inde, Thibaw Min, le dernier roi de Birmanie. Il était en exil dans cette ville depuis 1885, où après une rébellion, les Britanniques qui occupent le pays le chassent du pouvoir au prétexte de tyrannie...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Depuis mars, Charlie Chaplin, dit Charlot qui n'a que 26 ans s'est installé dans les studios de la Mutual à Los Angeles. Cette Firme lui donne un salaire annuel, mirobolant pour l'époque, de 670 000$, ce qui fait de lui l'une des personnes les mieux payées du monde. Cette somme élevée choque le public et est largement reprise dans la presse, mais le président de la Mutual, John Freuler, explique que "Nous pouvons nous permettre de payer ce gros salaire annuel à M. Chaplin car le public veut Chaplin et paiera pour le voir". Les productions de Chaplin s'améliorent nettement, et après avoir embauché les acteurs Albert Austin et Éric Campbell pour le valoriser, il réalise Charlot chef de rayon, Charlot pompier, Charlot musicien, Charlot rentre tard, Charlot et le Comte. Pour Charlot usurier, il embauche l'acteur Henry Bergman qui travaillera avec lui pendant 30 ans. Charlot fait du ciné et Charlot patine sont ses dernières réalisations pour l'année 1916. Même s'ils restent cantonnés pour l'instant aux USA, tous ces films ont un immense succès populaire et la firme Mutual ne regrette pas son investissement...

Le 6, s'éteint à Villeneuve-le-Roi le peintre français Édouard Pail à l'âge de 65 ans. C'est un peintre d'extérieur, et ses sujets de prédilection sont les pâturages, les bruyères, les basses-cours, les rivières ombragées, les panoramas roses et embrumés. Le 9, à Amsterdam dans l'État de New York aux USA, c'est la naissance d'Issour Danielovitch Demsky, dit Kirk Douglas. C'est un acteur, puis réalisateur, producteur de cinéma et écrivain. Connu pour son engagement démocrate, c'est un professionnel courageux à une époque où le cinéma étatsunien est en proie au maccarthysme. Il le prouve en engageant Dalton Trumbo, un scénariste qui figure sur la "liste noire d'Hollywood". Plusieurs de ses films abordent des thèmes sensibles, comme la Première Guerre mondiale avec Les Sentiers de la gloire, qui est interdit à sa sortie dans beaucoup de pays européens. Dans ses films comme La Captive aux yeux clairs, La Rivière de nos amours et Le Dernier Train de Gun Hill, il réhabilite l'image des Amérindiens et dénonce le racisme. Il est toujours vivant. Le 13, à Paris, le célèbre sculpteur et peintre Antonin Mercié meurt à l'âge de 71 ans. Ses sculptures sont présentes dans de nombreux musées, mais certaines de ses œuvres ornent aussi les tombes du cimetière du Père-Lachaise à Paris comme celles d'Adolphe Thiers et Jules Michelet. Le 31, s'éteint à Paris le peintre René Schützenberger à l'âge de 56 ans. Il pratique la peinture de genre, de portrait, de nu et de paysage. Il aborde des sujets de la vie quotidienne et des scènes intimistes. Son art s'inscrit dans le courant du postimpressionnisme. Ses dessins sont d'un style japonisant, proche de celui des artistes "nabis" qui gravitent autour de Paul Sérusier…

 

Sur le Front des Combats :

En France, dans la Somme. Depuis que le général Douglas Haig a fait savoir que pour les Britanniques la bataille était finie, les préparatifs français pour une future attaque voulue par le général Joffre et menée par Foch se poursuivent, mais au ralenti. Le temps, toujours aussi exécrable n'aide pas et, finalement, le 18 décembre, Nivelle, le nouveau commandant en chef de l'Armée française, renonce définitivement à cette dernière offensive, mettant ainsi officiellement fin à la bataille de la Somme...

En cinq mois, les Britanniques ont progressé de 12 kilomètres au nord de la Somme entre Maricourt et Sailly-Saillisel, et les Français de 8 kilomètres au sud. La percée attendue par laquelle Joffre espérait tant revenir à une guerre de mouvement s'est transformée, une fois de plus, en une bataille d'usure, comme à Verdun. Aucun des objectifs principaux, Bapaume au nord et Péronne au sud, n'est atteint...

La bataille de la Somme est la plus meurtrière de toute la Grande Guerre. Pour les Allemands, les pertes sont massives : 437 322 hommes (170 100 morts et disparus, 267 222 blessés) ; pour les Britanniques, c'est presque autant : 419 654 hommes (206 282 morts et disparus, 213 372 blessés). Pour des résultats presque similaires, les pertes françaises sont bien moindres : 202 567 hommes (66 688 morts et disparus, 135 879 blessés). Les troupes inexpérimentées britanniques menées par des officiers tout aussi novices payent très cher leur engagement dans cette bataille. Conscient de la terrible saignée de Verdun, le clairvoyant Foch sait bien que le coût du sang n'est pas sans limite. Ses ordres sont clairs. A ses commandants d'unités il demande de faire courir les hommes d'obstacle en obstacle et stipule "il est d'une importance primordiale de n'employer les soldats qu'avec une stricte économie"...

Le butin de la bataille n'est pas négligeable. Les Britanniques font plus de 31 000 prisonniers, ils récupèrent 102 canons de campagne, 29 canons lourds, 111 mortiers et 453 mitrailleuses. Les Français font 41 605 prisonniers (dont 809 officiers), ils récupèrent 71 canons de campagne, 101 canons lourds, 104 mortiers et 535 mitrailleuses...

Du côté Allemand, on est très impressionné par les nouvelles tactiques employées par les Alliés. Ils payent au prix fort cette nouveauté avec des pertes journalières deux fois plus élevées qu'à Verdun (3 100 hommes par jour environ). Les préparations d'artillerie très ciblées, l'emploi simultané de l'aviation et de l'artillerie pour un seul objectif, l'entrée en guerre des engins blindés qui ont provoqué une certaine panique... les poussent à reconsidérer la guerre dans son ensemble. Grâce à leurs fortifications, ils n'ont guère cédé de terrain. Alors, ils en retirent qu'il faut encore plus bétonner pour mieux se protéger. Comme pour l'année 1917 ils n'ont plus aucun projet d'attaque sur le front ouest, ils commencent à étudier la possibilité de créer une "ligne fortifiée" infranchissable, d'autant plus facile à faire qu'ils sont en terres françaises ou belges et qu'ils ont de la main d'œuvre sur place. Ce sera la ligne Hindenburg dont on reparlera plus en détail dans les mois qui vont suivre…

En France, à Verdun. Depuis le 20 octobre, les Français ont repris le fort de Douaumont et, depuis le 3 novembre, le fort de Vaux, mais les ravins autour des forts sont toujours aux mains des Allemands. Cette emprise territoriale met de fait ces deux reconquêtes toujours à la merci d'une brusque attaque ennemie. Alors les généraux Pétain et Nivelle pressent une nouvelle fois le général Mangin de reconquérir tout l'espace stratégique au nord, à l'est et au sud des grands forts...

Malgré la conjoncture météo très défavorables ainsi et des conditions de travail rendues difficiles dans un bourbier chargé de cadavres, les travaux préparatoires à une nouvelle offensive se poursuivent tout le mois de novembre. Il est à noter que les Français sont devenus des spécialistes dans ce genre de préparatifs. Sans encore employer le mot "logistique" qui, bien que Français à l'origine puisque issu du verbe "loger", ne sera employé que plus tard par l'armée US, c'est bien dans cet esprit que se prépare dorénavant toutes les offensives. Maintenant les stratèges, pas encore dits des "prévisionnistes", essayent de parer à toutes les éventualités. Du plus massif, comme le nombre d'obus par canon, au plus réduit, comme le nombre de sachets de gaze par soldat. Ce qui ne les empêche pas d'oublier parfois l'essentiel, comme la charge que peut emporter un fantassin dont le paquetage est de plus en plus lourd et encombrant, ce qui en réduit d'autant ses capacités de combattant...

A Verdun, brancardiers à la recherche de cadavres ensevelis sous la neige

Arbre de Noël à la cantine de la gare de Lyon-Brotteaux

Front de Verdun en décembre 1916

C'est l'Écho de janvier et février 1917 qui relate les événements de décembre 1916...

A Verdun, ce qui reste du village de Bezonvaux

Installations sanitaires de fortune dans le fort de Vaux

A Verdun, poilus sur les restes du fort de Vaux

Front de l'Est en décembre 1916 (gros trait vert mi-foncé)

Convois de ravitaillement sous la neige à Verdun

Les abords de l'entrée sud du fort de Douaumont

Viaduc détruit par les Bulgares à Eksisu en Grèce

Tranchée à Verdun

En Roumanie, un groupe d'officiers roumains et français

La belle Irina Alexandrovna qui, bien malgré elle, a servi d'appât pour assassiner Raspoutine

Verdun, le tunnel du Mort-Homme

A Verdun, l'ouvrage allemand d'Hardaumont

Arc de triomphe pour accueillir les soldats libérateurs en Serbie

A Verdun, canon de 105 totalement embourbé

Blessés français revenant vers Verdun

Décembre 1916 - Dans le Monde en Guerre

En ce mois de décembre 1916, c'est la fin des batailles sanglantes de Verdun et de la Somme. En cumulant les victimes de ces deux carnages, ce sont plus d'un million de soldats qui sont morts ou portés disparus et blessés. C'est une véritable hécatombe mondiale...

En France le général en Chef des armées, Joseph Joffre, est remercié. Le général Georges Nivelle arrive. C'est aussi le temps d'une proposition de paix allemande. Elle est tellement déraisonnable qu'elle attise plus qu'elle n'éteint l'ardeur des belligérants à se faire la guerre…

 

Dans le Monde Politique :

En Grèce. Conformément à son ultimatum du 23 novembre, le vice-amiral Louis Dartige du Fournet met sa menace à exécution malgré l'absence d'autorisation formelle des Alliés. Le 1er décembre, à 5h00 du matin, 1 200 fusiliers-marins français, italiens et britanniques débarquent au Pirée et se mettent immédiatement en route vers la capitale. Quand ils atteignent les positions où ils doivent se poster, ils ne peuvent que constater qu'elles sont déjà occupées par les soldats loyalistes de la milice sous les ordres de Ioannis Metaxas et Sofoklis Dousmanis. Pendant deux heures, c'est un face à face tendu. Les miliciens ont ordre de ne pas tirer les premiers et ils se gardent bien de le faire. En milieu de matinée un coup de feu retentit sans qu'il soit possible de savoir qui l'a tiré, aussitôt la bataille d'Athènes commence...

Avion français prêt à décoller

Cimetière de Saint-Jean-sur-Toube en Champagne

Butte du Mesnil en Champagne

Verdun, ce qui reste du fort de Douaumont

Arbre de Noël à la cantine de la gare du Nord à Paris

Chariots de ravitaillement russe dans le nord de la Roumanie

Troupes turco-allemandes en Palestine

Usine d'armes en Italie

A Verdun, blessés regagnant l'arrière

Cuirassé allemand couvert de glace dans la mer Baltique

(1) Il est de notoriété courante qu'Hubert Lyautey était homosexuel, bien que cela ne l'ait pas empêché de se marier, mais sur le tard. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il a fait l'essentiel de sa carrière militaire dans les colonies, loin de la très virile armée française métropolitaine. Georges Clemenceau, qui selon un de ses biographes "n'aimait pas les tatas" aurait dit de lui "Voilà un homme admirable, courageux, qui a toujours des couilles au cul… même quand ce ne sont pas les siennes".

(2) En fait c'est Joffre qui est à l'origine du verbe "limoger". A partir de septembre 1914, dès qu'un officier supérieur était jugé incompétent par ses pairs, Joffre s'en débarrassait en l'envoyant rapidement loin du front, "à Limoges" disait-il invariablement en guise de sentence.

(3) Comme toujours la légende est sulfureuse, la réalité beaucoup moins. S'il est indéniable que Raspoutine a un réel pouvoir hypnotique, il n'est pas certain qu'il ait fait acte de chair avec toutes les femmes de l'aristocratie russe. Il est quand même à noter que pour essayer de s'approprier un peu de son pouvoir et/ou de son rayonnement mystique, de nombreuses femmes, aristocrates ou pas, voulaient nouer des liens charnels avec lui, ce qui lui attirait les foudres de la plupart des hommes de la cour.

(4) La présence de l'espion britannique Oswald Rayner au palais n'est pas fortuite. Depuis le début de la guerre, les Britanniques suspectent Raspoutine de comploter avec la tsarine pour faire sortir la Russie du conflit. Dans leur autopsie, les médecins légistes affirment que trois armes ont été utilisées, le pistolet de Pavlovitch, celui de Pourichkevitch et le pistolet de Rayner, un Webley. C'est cette dernière arme qui a tiré la balle en plein front.

(5) Au soir du 22 mars 1917, sur ordre du nouveau Gouvernement révolutionnaire, on exhume et brûle le corps de Raspoutine, puis on disperse ses cendres dans les forêts environnantes. Mais, selon la légende, seul le cercueil aurait brûlé, le corps de Raspoutine serait resté intact dans les flammes.

(6) Presque tous les officiers supérieurs tant allemands que français de la deuxième guerre mondiale étaient présents à Verdun, d'ailleurs le général allemand Günther von Kluge, suspecté de complot contre Hitler en 1944, est venu exprès se suicider à Verdun.

(7) En 1906, lors des émeutes des inventaires à Barbentane, il a été reconnu coupable d'agression sur les forces publiques et condamné à 15 jours de prison par le tribunal d'appel d'Aix-en-Provence.

L’Écho de Barbentane de janvier et février 1917

Quelle folie la guerre !

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Tranchée allemande dans les Vosges

Soldats russes en Roumanie

Soldats vénizélistes à Salonique

Camp australien avec un kangourou au pied des pyramides en Égypte

Raspoutine entouré de ses fanatiques en 1914.

Raspoutine à la morgue avec un trou au milieu du front

Prisonniers indiens affamés par les Turcs

Palais de la Moïka à Saint-Pétersbourg où Raspoutine a été assassiné

Officiers austro-hongrois sur le front de l'Isonzo

Le cuirassé Provence où l'Amiral Gauchet a hissé son pavillon

Le cuirassé français Mirabeau tire sur Athènes le 1er décembre lors des "Vêpres Grecques"

Tubes lance-torpille sur un navire britannique

La ville de Florina en Serbie

Le roi de Roumanie, le prince Carol, le général Belaeff et le général Berthelot

Voûte perforée dans le fort de Douaumont

La canonnière Surprise coulée à Funchal à Madère

Avalanche au Gran Poz Marmolada en Autriche

Le cuirassé Le Gaulois coulé par l'UB-47 le 27 décembre dans la mer Égée

Par manque de place sur cette page, j’ai mis en entier l’Écho de Barbentane

de janvier et février 1917 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter