BARBENTANE

en septembre 1916

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Le 9, c'est le premier vol de l'avion britannique Bristol F-2. A l'origine, il est prévu pour la reconnaissance, éventuellement la chasse. Progressivement, au fur et à mesure de son perfectionnement, il va devenir l'un des meilleurs chasseurs biplaces de la Grande Guerre. Il réunit les qualités d’un biplace et celles d’un monoplace, ce qui en fait une machine exceptionnellement robuste aux remarquables caractéristiques de vol, tout en possédant une vitesse maximale raisonnable (198 km/h à 1 500 mètres). Son mitrailleur arrière en fait un redoutable chasseur dans les combats singuliers en rendant presque impossible une attaque par l'arrière...

Sur le front franco-belge les conditions météo ne sont pas favorables à l'aviation, mais toutes les fois que c'est possible les avions de chasse alliés font leur travail au-dessus des tranchées de la Somme et de Verdun. Les bombardiers alliés font de même sur les arrières ennemis. Le 2, 13 zeppelins bombardent Londres. Un de ces dirigeables est abattu, c'est le premier dans ce cas au-dessus de la Grande-Bretagne. Le 17, dans la Somme à bord d'un Albatros D-II, Manfred von Richthofen qui n'a pas encore le surnom de "Baron Rouge", signe sa première victoire aérienne. Elle sera suivie de 79 autres confirmées. Pendant 3 nuits consécutives, les 24, 25 et 26 septembre, des Zeppelins attaquent Londres et le sud-est de la Grande-Bretagne. Plus de 60 personnes sont tuées et il y une centaine de blessés. Les dégâts matériels sont conséquents. Le 25, profitant d'une rare embellie de la météo, 7 avions français font un raid au-dessus des aciéries de Thionville et de Rombach (maintenant en Moselle) où ils larguent 50 bombes. Ce même jour, deux avions français vont bombarder les usines d'Essen (Westphalie). Ils rentrent indemnes après un raid de 800 kilomètres...

Dans la Guerre Maritime. Pas de nouveauté technique durant ce mois de septembre. Vu les conditions météo, les grandes flottes britannique et allemande restent sagement dans leurs ports respectifs. Seuls les sous-marins restent actifs. C'est encore en mer Méditerranée que l'activité est la plus intense. Il faut dire qu'elle est sillonnée à longueur de temps par des navires de toutes nationalités qui utilisent toujours le canal de Suez. Il y a aussi une ribambelle de navires alliés qui ravitaillent l'armée d'Orient...

Déjà attaquées par l'UB-23 sans succès le 8 septembre, les goélettes françaises Georges-André et Myosotis sont coulées le 10 par l'UB-18 au large de Bishop Rock, un phare situé au débouché de la Manche dans la mer Celtique. A la mi-septembre, quinze vapeurs norvégiens, pourtant navires neutres, sont mentionnés disparus en mer du Nord. Personne ne revendique ces exploits faciles qui coûtent la vie à de nombreux marins. Ils représentent une perte de quatorze millions de couronnes pour la marine norvégienne. Parmi eux se trouve le principal navire de cette flotte marchande, l’Elisabeth, un paquebot de 13 000 tonnes...

Le 15, au large de Cattaro dans la mer Adriatique, le sous-marin français Foucault en patrouille est bombardé par deux hydravions austro-hongrois, les L 132 et L 135. A 200 m de hauteur, ces avions jettent deux bombes, puis encore deux bombes. Le sous-marin disparaît, mais remonte plus tard et très péniblement à la surface. Un des rescapés se précipite sur la mitrailleuse pour essayer d'atteindre les avions, mais le sous-marin gravement touché coule de nouveau et tous les hommes sautent alors à l'eau. Un des hydravions amerrit et les survivants, sauf un qui continue à nager vers la côte, se servent de ses flotteurs comme bouées en attendant les secours. Ils seront tous repêchés par un navire austro-hongrois en patrouille et faits prisonniers...

En Méditerranée, le maintenant célèbre U-35 appareille de Cattaro pour une nouvelle patrouille. Si en "rendement" cette sortie est légèrement inférieure à celle d'août, elle n'est pas négligeable, loin s'en faut. Commencée le 19 septembre elle se terminera le 5 octobre. Une nouvelle mascotte est maintenant présente à bord. C'est une guenon, surnommée Fips, récupérée, non sans mal d'ailleurs, sur un navire britannique lors d'une attaque en août et qui est devenue la grande collègue de Bölts, le cuisinier de l'équipage(4). Le sous-marin est aperçu le 15 dans le canal d'Otrante par le sous-marin français Gay-Lussac mais ils se perdent de vue sans pouvoir se combattre. Entre le 19 et le 30, Lothar Von Arnauld de la Perière avec son équipage vont encore couler 16 navires (7 sont italiens : Doride, Teresa, Garibaldi, Giovanni-Zambelli, Nicolo, Benpark et le Vénus ; 7 sont britanniques : Chartreuse, Bronwen, Newby, Roddam, Stathe, Rallas et le Secondo ; 2 sont norvégiens : le Bufjord et le Vindeggen). A chaque fois, ce commandant applique le même scénario : il attaque de loin au canon, puis il somme l'équipage de quitter le navire et, après son abandon, il l'incendie si c'est un navire en bois ou place des explosifs dans les autres cas. En règle générale, il prend à son bord les officiers comme prisonniers, mais il laisse les autres membres de l'équipage attendre les secours dans leurs chaloupes. A chaque fois que c'est possible, il pille les vivres de ses conquêtes, surtout le sucre, le chocolat et le café. Toutefois, il "loupe" aussi quelques navires, comme les britanniques Sheldrake attaqué le 19, le Persic le 20 et le Durobbin le 26(5)...

Dans la même période, l'UB-43 qui patrouille dans la mer Égée n'est pas inactif. Le 17 à 10h00, il coule le vapeur Lord Tredegar, 4 marins sont portés disparus et le remboursement de sa cargaison coûte 1 million de dollars à son assureur, la Lloyd. A 17h00, c'est un autre vapeur britannique, le Dewa, faisant route vers Port Saïd qui est canonné par le même submersible. A ce moment, un convoi qui vient de l'île de Milo aperçoit le Dewa en train de sombrer et se porte à son secours. Ce convoi est composé de 3 navires, un vapeur japonais, le Shigizam-Maru, un transport de troupe français, le Caucase, tous les deux sont escortés par le patrouilleur français Afrique II. Les survivants du Dewa sont hissés à bord du Caucase, mais 3 marins périssent. Dans la nuit, l'UB-43 qui est resté à proximité, attaque le Caucase au canon. Le Caucase réplique, mais à bord c'est la panique. Sans ordre, des tirailleurs africains essayent de mettre des canots à la mer. Ils n'y parviennent pas tous, mais dans l'affolement, 4 passagers périssent dont une fillette de 7 ans et sa mère. D'autres, plus chanceux, seront recueillis plus tard par d'autres navires...

Durant ce mois de septembre, les 39 sous-marin allemands en activités ont coulé 195 navires de commerce ce qui représentent une perte 250 000 tonnes et 6 bateaux ont été endommagés. Les Alliés ont capturé 3 vapeurs armés et coulé 39 bateaux neutres suspectés de franchir le blocus au profit des allemands...

Sur le Front Italien. Après la prise de la ville de Gorizia en août, le front alpin devient nettement plus calme. Fort de ce succès, le 14 septembre les Italiens lancent une nouvelle offensive sur le Carso, entre Gorizia et la mer Adriatique sur 10 kilomètres de front. Ils ont toujours espoir de percer et de prendre Trieste qui reste l'objectif majeur de l'état-major transalpin. Hélas, malgré quelques succès comme la prise de la place forte de Miren-Kostanjevica, le mauvais temps et la résistance acharnée des Austro-Hongrois empêchent toute nouvelle progression. Le 18, Luigi Cardona arrête cette offensive, dite la septième bataille de l'Isonzo...

Sur le Front Russe. L'offensive d'Alexeï Broussilov se poursuit, mais si faiblement que c'est à peine si le front bouge. C'est en Galicie et vers les Carpates, là où les armées austro-hongroises sont les plus fragiles, que le gros de l'effort des Russes se porte au début du mois de septembre. Mais c'est aussi un front de près de 400 kilomètres que Broussilov n'arrive plus à alimenter correctement en hommes et en matériel. D'autre part, les troupes austro-hongroises ramenées d'Italie et des Balkans sont maintenant opérationnelles, ce qui stoppe la progression des assaillants. De plus, la suprématie absolue de l'aviation des puissances centrales privent les Russes des reconnaissances aériennes indispensables pour localiser l'ennemi et progresser. Le 18 septembre, sur les ordres du tsar Nicolas II qui est effaré par le chiffre faramineux de pertes humaines Broussilov arrête son offensive définitivement. Il est indéniable que cette offensive a remporté des succès foudroyants à son démarrage. Elle a aussi mis à genoux l'armée austro-hongroise qui va devenir sur le front oriental un supplétif de l'armée allemande. D'ailleurs, son état-major n'a plus aucune marge de manœuvre, il est complètement sous la coupe d'Hindenburg et Ludendorff, les deux nouveaux hommes forts de l'armée impériale allemande. Les Russes ont fait durant cette offensive un nombre incroyable de prisonniers. Broussilov en revendique près de 400 000, mais nombre d'entre eux sont des Tchèques ou des Hongrois sécessionnistes, qui seront ultérieurement utilisés par les Russes contre les Allemands. En revanche, cette offensive a saigné à blanc l'armée du tsar. Près de 500 000 morts ou invalides et presque autant de blessés. Ce million d'hommes étaient des fidèles inconditionnels de la monarchie, ceux qui vont les remplacer le seront beaucoup moins...

Bien plus au nord, près de la Baltique, les combats font toujours rage près de la forteresse de Dvinsk que les Allemands comparent à Verdun. Cinq armées russes et allemandes se livrent tous les jours des combats furieux et s'ils n'atteignent pas en intensité ceux de Verdun c'est que les conditions climatiques sont autrement plus rudes qu'en France...

Sur le nouveau Front Roumain. Plus inspiré par le cœur que par la raison, le plan roumain prévoit une attaque massive en Transylvanie, avec Budapest la capitale hongroise pour objectif, tandis qu’une attitude défensive sera adoptée le long du Danube. Pour l'instant, les 620 000 soldats roumains qui pénètrent en Transylvanie sont accueillis en libérateurs par les roumanophones. Les villes hongroises de Brasov et Sibiu sont atteintes, puis dépassées. Le 6 septembre, les Roumains rentrent dans Orsova. Malgré des effectifs bien moindres, l'armée austro-hongroise prise plus ou moins au dépourvu par la soudaineté de l'attaque, se réhabilite de ses échecs en Galicie et remporte de nombreux succès défensifs. Grâce à l'arrivée de renforts prélevés sur le front de l'ouest et aguerris par deux ans de luttes, la physionomie du combat change radicalement. Dès le 9, l'offensive roumaine en Transylvanie est stoppée. Les premiers jours du mois, une flottille russe s'installe à Constantza, le grand port roumain sur la mer Noire. Le 10, elle va bombarder le port bulgare de Daltchik...

Après l'agression des Roumains, les réactions des puissances centrales ne se font pas attendre. Les Austro-Hongrois attaquent la Roumanie par le Banat, au sud-est de la Hongrie. Du coup, l'état-major roumain divise ses forces pour en faire descendre une partie vers le sud-ouest du pays. A cette époque, la frontière entre ces états est matérialisée par une chaîne de montagnes, dite les Alpes-Transylvaniennes. A deux endroits près, très bien défendus d'ailleurs, elles ne sont pas faciles à franchir, les cols sont souvent situés à plus de 2 000 mètres d'altitude, ce qui est un obstacle de taille pour une armée moderne. Par contre, le Danube qui sert de frontière entre la Bulgarie et la Roumanie, malgré sa largeur impressionnante, n'est pas si infranchissable. D'autant plus qu'après son passage s'ouvre une immense plaine sans réel obstacle qui va des Alpes-Transylvaniennes jusqu'à la mer Noire. C'est donc par là que le général allemand Erich von Falkenhayn, qui arrive de Verdun, prépare son offensive d'automne avec des troupes germano-bulgares-turques. Elle ne débutera qu'en octobre...

Si les Roumains attaquent en Transylvanie, ce sont des troupes germano-turco-bulgares commandées par le maréchal August von Mackensen qui frappent dans le Dobroudja à l'extrême sud-est de la Roumanie. Le 4, elles remportent la bataille de Dobritch en causant de lourdes pertes aux unités roumaines. Le 6, les 30 000 soldats roumains qui sont enfermés dans la forteresse de Turtucaia, sur le Danube sont faits prisonniers. Pire, le détachement russe qui stationne dans la province se défend faiblement. La route de Bucarest et celle de Constantza se trouvent ainsi ouvertes, et c’est à grand-peine si l’état-major roumain évite, du moins provisoirement, une déroute complète...

Le 26, les Austro-Hongrois commandés par Falkenhayn forcent les Roumains à évacuer la ville de Sibiu. Cette dernière est le verrou qui permet de franchir la partie sud des Alpes Transylvaniennes par la vallée de l'Olt. Le sort de la Roumanie paraît scellé...

Dans les Balkans. Comme dans le méli-mélo politique de la Grèce, la situation militaire est tout aussi confuse. D'ailleurs, pour éviter d'être pris à revers, les Français et les Italiens décident d'occuper la région de l'Épire (la partie ouest de la Grèce qui fait frontière avec l'Albanie). Malgré la promesse faite en échange de l'occupation sans combats du fort de Rupel en mai, les Germano-Bulgares entrent dans la ville grecque de Kavala le 4 septembre. La garnison, forte de 6 000 hommes, se rend sans batailler, et les assaillants font au final 25 000 prisonniers. Le double jeu du gouvernement grec met le général Maurice Sarrail en colère. D'ailleurs les pressions des diplomates de l'Entente sur le roi Constantin Ier pour le sommer à choisir définitivement son camp, sont de plus en plus fortes...

Depuis fin août, des forces franco-italo-russo-serbes progressent vers Florina à l'ouest et des forces franco-russo-anglaises progressent vers le lac Doiran au nord. Après avoir abandonné l'idée de rejoindre la Roumanie à travers la Bulgarie, l'état-major des alliés décide de faire de Monastir, la ville serbe du sud, l'objectif de la prochaine attaque. Le 12, cette offensive difficilement mise sur pied par Sarrail débute. Au centre, entre les fleuves Struma et Vardar, les forces franco-britanniques prennent la ville d'Orljac et progressent vers le nord sans trop de difficultés. Le 14, les troupes franco-italo-serbes prennent les massifs de Malkanidjé et de Malaréka à l'est du front. Le 17, après une préparation effectuée par de l'artillerie de montagne, ils entrent victorieux dans Florina. Les Germano-Bulgares se replient rapidement derrière le village de Kremenitsa où ils ont organisé une ligne de défense fortifiée dite "ligne de Kenali" qui protège l'accès de Monastir. Du 24 au 28, les assaillants se lancent à l'assaut des montagnes du Voras qui servent de frontière entre la Grèce et la Serbie, c'est un échec. L'offensive au nord de Florina, devant la ligne de Kernali, n'a guère plus de succès...

Le 20, les autorités grecques demandent à l'Allemagne la restitution des troupes hellènes qui se sont rendues sans combattre à Kavala...

Au nord de Salonique, des troupes franco-russes remontent la vallée du Vardar, mais la progression est très lente. Les forces germano-bulgares installées là depuis plus de 8 mois ont considérablement renforcé leurs positions pour tenir le siège de Salonique...

A la fin du mois, malgré les difficultés du terrain et les positions fortifiées des empires centraux, l'ensemble des forces du corps expéditionnaire progressent partout. La reconquête de la Serbie est en marche...

En Afrique de l'Est. Bombardée depuis la mi-août par la Royal Navy, la ville de Dar-es-Salaam, capitale de l'Afrique de l'Ouest allemande, capitule le 4 septembre. A 8h00, son bourgmestre signe la reddition de la cité à bord du cuirassé britannique Echo. Des soldats anglo-indiens occupent alors la ville...

Le 10 septembre, les forces anglo-congo-belges de la "brigade sud" arrivent devant les premières défenses de la ville de Tabora située au centre du pays. Elles sont rejointes par les forces anglo-égypto-sud-africaines de la "brigade nord" le 13. Les combats pour reprendre la ville durent jusqu'au 23. Après cette prise, la seule ligne de chemin de fer qui relie l'océan Indien au lac Tanganyika est entièrement sous le contrôle des forces anglo-congo-belges-sud-africaines. Le pays est maintenant coupé en deux : au nord il est occupé par les forces d'invasion et au sud l'administration allemande perdure de plus en plus difficilement car il n'y a plus de transports...

Le 19, pour montrer leur volonté de participer de façon active à la Grande Guerre, les forces portugaises attaquent la colonie allemande depuis le Mozambique. Le général José César Feriere, avec 120 officiers blancs et 4 060 soldats indigènes très mal équipés, lance son offensive en direction de la région du Newala qui borde l'océan Indien au sud du pays. C'est un échec complet et toute l'expédition revient rapidement derrière la rivière Rumuva qui fait office de frontière entre les deux pays...

 

Il est temps maintenant de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de novembre 1916 qui donne des nouvelles de septembre et début octobre. Pour la première fois depuis plusieurs années, le journal n'a que 16 pages au lieu de 20. On apprendra plus tard que le curé Aimé Guigues est fatigué et que son remplaçant fait ce qu'il peut...

C'est une photo du courageux et intrépide lieutenant Martial Granier, cité plusieurs fois, blessé aussi plusieurs fois, qui fait la couverture. Au-dessous, la photo d'une tranchée qu'il a conquise en mars 1916 avec sa compagnie au prix de lourdes pertes. Le motif de sa citation en juillet 1916 est publié à la page suivante ainsi que sa dernière lettre à l'Écho, de l'hôpital de Carcassonne où il est soigné...

A la journée du rosaire du 1er octobre, les 6 nouvelles prieures sont notées...

La lettre du ministre de l'Intérieur, Louis Malvy, en date du 1er septembre est publiée. Elle félicite l'abbé Hance, ancien curé de Fromeréville réfugié à Barbentane, pour son courage depuis le début des hostilités. Diverses personnalités envoient aussi leurs félicitations...

Sous le titre "Consécration d'un Commandant de Batterie", l'adjudant Jean Brémond(6), responsable de trois batteries d'artillerie, communique l'une de ses lettres où il se confie à Dieu. Cette missive est suivie d'une autre lettre, celle du capitaine Barthélemy, adjudant-major, qui relate sa bataille de début septembre dans la Somme...

La liste des blessés s'allonge. Cinq Barbentanais sont notés : JM Mouret, Louis Sérignan, Edmond Lhermite, Lucien Bérrard et Jean Martin. Chez nos prisonniers, Henri Lautier est sur le point d'être libéré et Joseph Pitras, malade, est évacué à Aeschi, dans le canton de Berne en Suisse, pas loin du lieu où réside Siméon Moucadeau...

Au livre d'or, en plus du lieutenant Martial Granier, Louis Lambert et Pierre Ayme sont cités. Louis-Théodore Chauvet est inscrit au martyrologe. Un service funèbre en sa mémoire est donné le mercredi 4 octobre en l'église de Barbentane...

Un seul barbentanais est tué au combat en Septembre 1916 :

· Charles Bertaud. Né à Barbentane, 24 ans, comptable, marié, il est caporal fourrier et agent de liaison au 3ème bataillon mixte de zouaves-tirailleurs. Il est incorporé le 11 octobre 1913 pour son service militaire ordinaire. Il disparaît le 11 septembre 1916 lors d'une mission d'agent de liaison entre son bataillon et sa compagnie. Sa dépouille est retrouvée au début du mois de février 1917 à 200 m au nord du bois d'Anderlu dans la Somme. Il est enterré sur place à 50 m de la route Forest-Rancourt. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 10 mars 1917 en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Il repose maintenant dans l'ossuaire du vieux cimetière de Barbentane. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane.

Dans le courrier militaire, Louis Bourges écrit de Salonique où il vient d'arriver ; Jean Bourges regarde passer tout ce qui vole, il ne se plaint pas et s'habitue à tout et partout ; 3 territoriaux de 47 ans, Marteau, Ménard et Laget ne cessent de marcher parfois sous la pluie ; Léopold Michel est toujours au Maroc où son commandant s'est fait tuer d'une balle en plein front ; François Granier a visité la cathédrale d'Amiens ; JM Ginoux a été versé dans une compagnie muletière ; Louis Laget dans l'Aisne ne se plaint pas ; Léon Jaoul est en pleine bataille, il a dû se construire un trou pour lire l'Écho ; le pioupiou Charles Mouiren donne de ses nouvelles après 20 jours d'armée ; Louis Fontaine, au repos, est content de s'en être sorti vivant ; Sébastien Fauque vient de quitter Mailly pour aller là où ça chauffe ; Jacques Marteau est à l'hôpital pour une brûlure à la main droite ; Charles Gautier, pourtant un vétéran de l'Yser, de l'Artois, de la Champagne et de Verdun, considère que dans la Somme, où il est actuellement, c'est pire ; JM Pitras vient de retrouver Bertaudon, ils parlent de concert de leur cher Barbentane ; Antoine Mouiren est devenu le serveur de l'aumônier de son groupe ; André Augustin a relevé les noms de tous les Barbentanais morts au champ d'honneur ; Louis Lambert garde des exclus qui travaillent dans une usine d'où sortent des obus de 400 et 220 ; Georges Debès est dans un secteur calme après deux mois de Verdun ; Paul Crouzet s'est fait piquer par une bête venimeuse ; Antoine Rossi narre le décès de son aumônier tué le 30 juin ; Léon Mézi, maintenant dans un bureau à Tarascon, ne regrette pas Montpellier ; pour cause de fatigue Anastase est à l'hôpital de Lure ; Louis Petit dans la Meuse a de l'eau jusqu'aux genoux ; l'abbé Revest est nommé infirmier-major ; pour cause de maladie Jean-Marie Ayme a été rapatrié [de Salonique] à Cannes dans un ancien hôtel "boche"(7) ; Marius Escalier a été blessé à Maurepas dans la Somme ; Gaston Nazon est devenu armurier à Chaumont ; Joseph Froment, un temps blessé, est revenu au front après une permission ; dans l'Oise Charles Gauthier en profite pour visiter la cathédrale de Beauvais et c'est le caporal Louis Petit qui est content de voir que les Barbentanais ne se font pas de bile en attendant la victoire finale, comme lui...

Dans l'état religieux pas de naissances, mais un mariage. En fait, ce mariage est plutôt une mise "en conformité" car les époux s'étaient déjà mariés au civil le 31 août 1907. Suite à une syncope, Rosalie-Marthe Gal, mère de 3 jeunes enfants et dont le mari Marius Poitevin est prisonnier en Allemagne, décède noyée dans la roubine en lavant du linge à la Rebutte. Quatre autres personnes décèdent, dont une de 25 ans et une de 22 ans...

Guy

Zaoditou, la nouvelle impératrice d'Éthiopie

Canon allemand à Verdun

Le nouvel avion britannique Bristol F-2 qui arrive dans les escadrilles en octobre 1916 (photo autochrome)

Plan du tunnel de Tavannes près de Verdun

Rassemblement de troupes françaises à la gare de Bar-le-Duc dans la Meuse

Le 14 septembre, Léon Trotski(1) est expulsé de France. Le 15, c'est l'émission du premier emprunt de la défense nationale qui prévoit une rente de 5% exemptée d'impôt, mais qui ne sera remboursable qu'à partir de 1931. Le 16, Raymond Poincaré, président de la République, reconnaît le Conseil national des pays tchèques au nom de la France et le Premier ministre britannique, Herbert Henry Asquith, en fait autant quelques jours après pour la Grande-Bretagne. Alors qu'en droit, les indigènes des colonies sont privés de la citoyenneté française, le 29, le député du Sénégal, Blaise Diagne, obtient par la loi la reconnaissance de la pleine nationalité française pour tous les habitants des "quatre communes" (Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar)…

En Allemagne. A la conférence de Pszczyna, qui s'est tenue en Pologne le 29 juillet, avait été arrêtées les mesures à prendre dans l’éventualité d’une entrée en guerre de la Roumaine. Toutefois, cette possibilité n'était pas attendue avant la fin du mois de septembre. Dès les premiers jours de l'attaque roumaine en Transylvanie, la direction bicéphale de l'armée allemande avec les généraux Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff décide que l'urgence est à l'est. En effet, ils sont très peu confiants sur les capacités guerrières des Austro-Hongrois et un effondrement de leurs armées signifierait à brève échéance la ruine de l’Allemagne elle-même. Il faut donc les aider à tout prix. En conséquence, ils prélèvent rapidement des unités sur le front italien, en Courlande, mais aussi à Verdun et sur la Somme pour les confier au général Erich von Falkenhayn, le limogé du 29 août en France...

Cette campagne de Roumanie accélère le processus de mise sous tutelle allemande de l'armée austro-hongroise. En effet le commandement allemand demande, avec toujours plus d'insistance, la mise en place d'un commandement commun germano-austro-hongrois, revendiquant un renforcement de la prépondérance allemande permise par l'accord du 18 juillet 1916 entre le Reich et l'Autriche-Hongrie…

En Autriche-Hongrie. Pour les militaires austro-hongrois, l'entrée en guerre de la Roumanie aux côtés de l'Entente ne constitue pas une surprise. Cependant, elle déchaîne les passions en Hongrie. En Transylvanie, les populations de souche hongroise et celles de souche roumaine se livrent à des échauffourées. Les Magyares jusque-là largement favorisés, craignent la violence possible de la paysannerie roumaine et fuient en désordre, encombrant les voies de communication. Au parlement de Budapest, le président du conseil István Tisza est violemment apostrophé pour son imprévoyance. A cette crise politique s'ajoute une crise des relations entre une partie de la direction politique de la double-monarchie, essentiellement le gouvernement hongrois, et le haut commandement militaire. Conformément aux consignes reçues du maréchal Franz Conrad von Hötzendorf, le commandement austro-hongrois sur place organise la défense sur une position assez éloignée de la frontière, laissant en Transylvanie les hongrois sans défense. Ce choix stratégique suscite des échanges acrimonieux entre les Hongrois, qui s'estiment "abandonnés à la barbarie valaque" et les militaires. Du coup, les instructions changent et général austro-hongrois Arthur Arz von Straußenburg reçoit comme consigne de bloquer l'offensive roumaine le plus près possible de la frontière, mais il est trop tard et il ne peut que ralentir l'offensive roumaine...

Aux États-Unis. Le 13 septembre, à Kingsport dans le Tennessee, des milliers de personnes assistent à la pendaison d'un pachyderme à l'aide d'une énorme grue ferroviaire capable de soulever 100 tonnes. Mary est une éléphante de 22ans, qui pèse 5 tonnes. Elle a été reconnue coupable d'avoir écrasé son nouveau soigneur qui tentait par la force et en la blessant de l'empêcher d'aller manger des melons d'eau dans un champ. La foule réclame son lynchage aux cris de "Kill the elephant !". L'opération se déroule si mal qu'il faut s'y reprendre à deux fois pour assassiner la pauvre bête dont le président des USA, Woodrow Wilson, a refusé la grâce...

En Bulgarie. Le 1er septembre, les autorités remettent leur passeport aux diplomates roumains et, dans la foulée, déclarent la guerre à la Roumanie...

En Grèce. La situation devient de plus en plus confuse. Le pays est quasiment coupé en trois. Au nord et à l'ouest, c'est le territoire du gouvernement provisoire d'Elefthérios Venizélos (Crète, Égée, Macédoine et Épire), avec pour capitale Salonique. Au sud, c'est la zone dépendant du gouvernement royal (seul reconnu internationalement) avec pour capitale Athènes. Et, entre les deux, c'est une zone neutre plus ou moins contrôlée par les forces alliées pour éviter la guerre civile. Durant tout le mois, les diplomates alliés font pression sur le gouvernement d'Athènes pour que ce dernier leur donne autant de munitions que les Germano-Bulgares ont pu en prendre au fort Rupel. Le 1er septembre, les militaires grecs qui sont à Salonique font sécession et demandent à être incorporés dans les troupes alliées qui combattent les Germano-Turco-Bulgares. Le 10 septembre, des adhérents aux Ligues de réservistes pro-gouvernementales envahissent les jardins de l'ambassade de France à Athènes et occasionnent des dégâts. Le premier ministre officiel, Aléxandros Zaïmis, envoie des excuses à l'ambassadeur de France et demande la dissolution des Ligues de réservistes. Le 13, suite à un désaccord avec le roi Constantin 1er sur la dissolution des Ligues, le premier ministre Zaïmis démissionne. Son successeur pressenti, Dimitracopoulos n'arrive pas à former un nouveau gouvernement et le 17, c'est Nikolaos Kalogeropoulos qui constitue un gouvernement loyaliste provisoire. Le 20, la garnison du port de Volo en Thessalie se révolte et les soldats rejoignent le comité de défense nationale de Salonique. Le 23, avec la complicité des ambassades britannique et française, Elefthérios Venizélos quitte Athènes sur un croiseur allié pour rejoindre la Crète. Le 27, l'amiral Pavlos Kountouriotis, ex-ministre de la marine grecque, quitte Athènes et part lui aussi en Crète rejoindre Venizélos pour former un gouvernement provisoire. Le 30, le comité provisoire venizéliste lance une proclamation au peuple grec pour lui demander de venir rejoindre ses rangs...

En Éthiopie. Le 27 septembre, le négus Iyasou V d'Éthiopie est déposé. Zaoditou, la fille de Ménélik II, est proclamée impératrice d'Éthiopie. C'est son cousin, Ras Tafari, qui exerce la régence...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Auguste Rodin, déjà victime d'une nouvelle attaque cérébrale fin mars suivie d'une congestion cérébrale en juillet, fait en septembre 1916 trois donations à l'État dans la perspective de la création d'un musée Rodin : son hôtel particulier, son atelier et ses collections d'art. La Chambre des députés et le Sénat votent l'établissement d'un musée Rodin à l'Hôtel Biron(2). Il reçoit en échange une commande pour un monument à la mémoire des combattants de Verdun qu'il ne pourra jamais exécuter (il décèdera très affaibli le 17 novembre 1917), mais ce projet sera repris par le "groupe Rodin" en 1920. Le 21, à Lausanne en Suisse, c'est la venue au monde de Léa-France Gourdji, dite Françoise Giroud, journaliste, écrivaine et femme politique († 19 janvier 2003). Elle deviendra une personnalité majeure de la presse française…

 

Sur les Fronts des Combats :

En France, à Verdun. Même si l'Allemagne a décidé de ne plus faire de Verdun son théâtre d'opération principal à l'ouest, l'armée du Kronprinz n'a pas encore perdu l'espoir de conquérir le fort de Souville, situé si près de ses premières lignes. Le 2 septembre, dès 5h00 et durant toute la journée, une pluie d'obus s'abat autour du fort. Ce pilonnage intensif fait encore une fois de nombreux morts et blessés parmi les Français. Le lendemain, les Allemands lancent un assaut d'une rare violence. Les attaquants progressent par le ravin des Fontaines jusqu'au PC du 212ème RI. La bataille est farouche, soldats et officiers sont tous les armes à la main pour résister. A 12h00 le PC est perdu, mais vite repris par une contre-attaque. Entre 12h00 et 17h00, une contre-attaque plus massive s'élance sur le secteur droit de la poussée allemande du matin. Elle reprend une partie du secteur perdu plus tôt et grignote même du terrain chez les Allemands. Du coup, l'artillerie ennemie reprend avec férocité, ce qui arrête l'offensive. Le 4, dès 5h30 les Allemands repartent à l'assaut sur les pentes de Vaux-Chapitres et à Thiaumont. Comme toujours c'est une mêlée confuse et sanguinaire. Une heure après, une contre-attaque française doit avoir lieu, mais elle est déprogrammée au dernier moment. Toutefois, des unités sénégalaises ne reçoivent pas le contre-ordre et, à 7h00, elles s'élancent dans un assaut furieux qui met en déroute les assaillants. Mais ces soldats de couleur n'ont pas l'habitude des combats de tranchées et au lieu de se coucher pour se protéger du tir des mitrailleuses, ils se dressent ; au lieu de se disperser, ils se regroupent. Les Allemands qui étaient pourtant en déroute font un carnage dans leurs rangs. Au final, il aura suffi de deux mitrailleuses pour arrêter la ruée des Sénégalais, et cela laisse un trou béant de 600m dans les lignes françaises. Il est aussitôt comblé par les unités adjacentes. De midi à la nuit, les Allemands essayent de reprendre le terrain perdu, mais sans succès...

L'explosion du Tunnel de Tavannes. C'est un tunnel ferroviaire de 1 400 mètres de long sur 5 de large qui permettait avant la guerre de relier Verdun à l'ensemble ferroviaire de Conflans-Jarny puis à la ville de Metz via Amanvillers. Depuis le début de la guerre, comme les Allemands occupent Conflans et Jarny, il est devenu inutilisable. Dès l'attaque sur Verdun, il sert à tout et, petit à petit, il devient dortoir, dépôt de munitions, poste de commandement, hôpital, mais c'est surtout un des rares lieux à Verdun où les soldats sont réellement à l'abri des obus. Il est éclairé grâce à des groupes électrogènes placés aux extrémités, et les ouvertures d'aération sont plus ou moins masquées pour éviter que les gaz de combat ne pénètrent dans le tunnel. Jusqu'alors, les Allemands s'étaient petit à petit rapprochés de son entrée est, mais sans jamais parvenir à arriver assez près pour le mettre en "danger". Les autorités militaires françaises, conscientes du problème, l'avaient fait miner dans sa totalité. Plusieurs fois, elles avaient failli le faire sauter mais, au dernier moment, elles avaient reculé. Là, le 4 septembre, vers 21h15 un convoi d'ânes chargés de ravitaillement et de munitions venant de Verdun arrive devant l'entrée ouest du tunnel. Pour une raison inconnue, un chargement prend feu. L'âne affolé échappe à son maître et pénètre au galop dans l'entrée du tunnel, là où sont stockés les bidons d'essence qui alimentent les groupes électrogènes. Attisé par un courant d'air, le feu atteint très vite un dépôt de munitions qui explose aussitôt. Il n'y a rien de pire que le feu dans un tunnel, surtout dans un endroit où des quantités importantes d'explosifs et de liquides inflammables sont stockées. Tous ceux qui ne meurent  instantanément, c'est-à-dire les soldats qui sont à l'extrémité est, du côté allemand, se pressent pour s'échapper par la sortie qu'ils aperçoivent. Mais, les Allemands qui ont entendu l'explosion et qui voient les colonnes de fumée s'échapper des trous d'aération, devinent ce qui vient de se passer. Du coup, toute leur l'artillerie bombarde les abords de l'entrée est du tunnel. Les poilus près de la sortie ne veulent pas s'exposer aux bombes, mais ils sont finalement expulsés par ceux qui viennent de l'intérieur du tunnel et qui sont poursuivis par le feu et les gaz mortels. De nombreux soldats survivants seront tués au-dehors. Le feu brûle 2 jours durant et personne ne peut pénétrer dans le tunnel pendant un moment. Quand les secours s'y aventurent tout est carbonisé, les cadavres encore visibles se transforment en poussière dès qu'on les touche. Cinq cent à six cent soldats ont péri dans l'explosion puis le brasier, seuls 30% peuvent être identifiés. Les autorités militaires françaises taisent la catastrophe et portent disparus les soldats qui ne peuvent être reconnus. A l'époque, aucun journal ne parle de cette tragédie. Les Allemands ne peuvent même pas en tirer profit, car ils seront finalement repoussés au loin par les Français en octobre...

A Verdun, la catastrophe du tunnel n'est qu'un épiphénomène. La lutte reprend avec toujours autant de violence. Les Français attaquent dès le 6 sur la Carrière, la Haie-Renard et le Chênois. Après des débuts difficiles, les assaillants parviennent à conquérir jusqu'à 1 500 mètres de terrain, les premières lignes allemandes sont prises les unes après les autres. Malgré de faibles contre-attaques, les Français poursuivent leur progression le lendemain. Il est même noté que de nombreux soldats allemands se rendent à l'approche des poilus. Les jours suivants sont entrecoupés de violents bombardements français suivis d'assauts victorieux. Les Allemands reculent partout. Mais les pertes sont aussi importantes du côté français. Le 10, Paul von Hindenburg et Erich Ludendorff, les nouveaux chefs du grand état-major allemand, rendent visite à Guillaume de Prusse dit le Kronprinz à son PC de campagne. Ils viennent s'enquérir de la situation et en repartent pas très rassurés sur le moral des troupes après les dernières attaques françaises...

Le 13 septembre est une journée mémorable à Verdun. La ville reçoit la croix de la Légion d'honneur et d'autres décorations décernées par les pays alliés. La cérémonie se déroule dans la citadelle en présence du président de la République, Raymond Poincaré, du ministre de la guerre Pierre Roques et de plusieurs représentants des nations alliées : Grande-Bretagne, Russie, Italie, Serbie. Tous les grands généraux français qui se sont illustrés à Verdun sont présents : Joseph Joffre, Philippe Pétain, Georges Nivelle et Charles Mangin...

Le faste reste l'apanage des grands. En effet, du 13 au 15, au prix de la grande souffrance des soldats, les poilus continuent de progresser, mais c'est toujours du grignotage, pas une offensive digne de ce nom. Alors, le 16 septembre, Pétain, Nivelle et Mangin arrêtent les assauts hasardeux, aux résultats insignifiants et mettent en place une véritable offensive pour reprendre les forts de Vaux et de Douaumont, objectif ultime du moment sur le secteur...

Pour ne pas répéter les échecs de juillet, Pétain parvient enfin à récupérer deux énormes obusiers de 400 mm, l'un pour Douaumont, l'autre pour Vaux. Ils sont montés sur rail et ils devront écraser ce qui reste des forts. Mangin fait aménager les gares de Baleycourt et de Landremont où 4 à 5 trains par jour vont décharger 500 000 tonnes de matériel et de projectiles en vue de l'attaque. Mais c'est surtout une organisation méthodique du terrain qui se met en place pour favoriser l'attaque. Déjà, grâce à la suprématie aérienne française, le terrain à l'ouest des forts est minutieusement photographié, tout ce qui peut être détecté est soigneusement répertorié pour rendre l'artillerie très efficace. Mangin fait creuser de nouveaux boyaux et approfondir ceux qui existent déjà. Il fait renforcer les abris et en construire de nouveaux. Les PC sont tous reliés entre eux ainsi qu'au PC central, par plusieurs câbles téléphoniques pour se prémunir des coupures. Il fait remettre en état les chemins disparus, les pistes sont systématiquement réparées. Tous ces travaux de génie militaire se passent dans l'horreur, car chaque coup de pioche ou de pelle remue des quantités importantes de cadavres. Les soldats suffoquent sous l'odeur pestilentielle qui s'en dégage. Certains ne s'en remettront jamais. Aux soldats-travailleurs qui se rebellent, les officiers se montrent intransigeants "travaille et tais-toi, sinon c'est le peloton d'exécution pour refus d'obéissance", et ce ne sont pas des paroles en l'air. Alors, certains se mettent des gousses d'ail dans les narines pour ne plus être importunés par les relents, d'autres cherchent dans l'alcool un moyen pour ne plus rien ressentir d'humain. De plus, il pleut, ce qui rend ces travaux extrêmement pénibles...

Les 100 000 fantassins prévus pour l'assaut sont cantonnés entre Bar-le-Duc et Verdun. Ils sont méthodiquement entrainés aux différentes attaques pour le jour J. D'autres le sont pour des assauts spécifiques contre les forts dont ils étudient minutieusement les plans pour se diriger avec certitude à l'intérieur. La guerre psychologique n'est pas oubliée non plus. Ces soldats  métropolitains, mais aussi ceux des colonies présents en nombre, sont intimement convaincus que la nation entière leur rendra hommage pour avoir repris Vaux et Douaumont, car ces forts sont maintenant devenus les symboles de la France profanée par l'agression allemande...

En France, dans la Somme. Dès le début du mois, les pluies s'installent, elles vont devenir aussi célèbres que les batailles et transformer ce terrain en un immense bourbier. L'artillerie lourde alliée a profité des derniers jours d'août pour venir au plus près des fortifications à détruire, et les travaux préparatoires à l'assaut ont été menés avec efficacité. Profitant de sa supériorité, l'aviation alliée a cartographié le terrain à conquérir avec une minutie d'horloger. Dès le 1er, des bombardements massifs et précis, avec des calibres allant du 270 jusqu'au 400, vont pilonner les systèmes défensifs allemands...

Le 3, sur le secteur nord, celui des Britanniques, l'assaut donné par des régiments irlandais et australiens est un succès. Le village de Guillemont, dit "l'inexpugnable", est pris dès le début de l'attaque. Celui de Ginchy tombe peu après avec la ferme du Mousquet. Toutefois, la forteresse de Thiepval résiste. Le soir, une vigoureuse contre-attaque permet aux Allemands de reprendre Ginchy et la ferme du Mousquet aux Britanniques...

Au sud, sur le secteur français, la préparation a été tout aussi efficace et les positions allemandes entre Deniécourt et Vermandovillers sont enlevées dès le premier assaut qui est donné le 4. Les villages de Sovécourt et Chilly sont conquis sans trop de peine, celui de Chaulnes est directement menacé à partir de Lihons. Le 9, les Britanniques reprennent Ginchy. Le 12, les Français attaquent, ils mettent 5 jours pour conquérir Deniécourt tellement les conditions météo sont défavorables...

Une nouvelle offensive générale des Britanniques sur l'ensemble du front au nord de la Somme est prévue pour le 15, elle sera mémorable dans l'histoire militaire. Ce jour-là, pour la première fois sur un théâtre d'opérations tactiques, des engins blindés et chenillés participent à des combats terrestres. Le char d'assaut britannique, Mark I, dit "tank" (nom de code anglais qui veut dire réservoir, mais qui va lui rester) participe aux assauts. Le Mark I mesure 8 m de long, pèse 30 t, dispose d'une autonomie de 20 km et avance à la vitesse de 6 km/h. Dans sa première version il est équipé de 5 mitrailleuses, mais des canons de 57 mm seront montés sur les engins suivants. A l'origine, il est conçu pour rouler en parallèle des tranchées et tirer sur les soldats ennemis, d'où ses mitrailleuses posées sur ses côtés dans des tourelles pivotantes. Cette utilisation est impossible sur le champ de bataille tel qu'il est en septembre 1916 dans la Somme, il est donc bien obligé de se présenter face à l'ennemi, ce qui ne l'avantage pas. Son avant, finalement peu blindé, résiste mal aux balles de fusil de 13 mm, et sa lenteur en fait une proie facile pour les canons de tranchées. Le 15, dès l'aube à Pozières, sur les trois Mark I prévus, un seul parvient devant la première tranchée ennemie, les deux autres sont déjà tombés en panne. Sa masse et son apparition pétaradante met littéralement en déroute les soldats qui lui font face. Quarante-sept autres chars sont dans la Somme, seuls vingt-deux sont utilisables, tous seront plus ou moins détruits dans la journée par l'artillerie car ils s'embourbent et deviennent des cibles immanquables. On ne peut pas dire que l'emploi des premiers chars soit une réussite, mais il est incontestable que leur présence a un grand effet psychologique sur les soldats allemands. "Les Britanniques ont construit une nouvelle arme terrifiante !!!" Cette affirmation, surfaite pour le moins, se propage comme une traînée de poudre vers les unités qui ne sont même pas au contact des armées britanniques et, comme toujours face à des choses inconnues, cela sème la panique. Les officiers allemands auront bien du mal durant toute la fin du mois de septembre à ramener le calme chez des fantassins allemands apeurés, surtout dans les unités où les hommes sont plus âgés. Mais plus encore que la présence des chars, le véritable tournant de la guerre est invisible sur le terrain. Car c'est aussi ce jour-là que l'emploi combiné de toutes les armes en même temps et sur le même lieu s'effectue. En effet, malgré un large front, puisque les Britanniques lancent leurs assauts sur 10 kilomètres, les attaques d'infanterie sont soutenues par une artillerie lourde qui pilonne les points fortifiés, et les fantassins sont directement soutenus par des avions-chasseurs qui mitraillent systématiquement les tranchées adverses juste devant eux, tandis que des avions-bombardiers laissent tomber leurs projectiles sur les suivantes. C'est donc bien par cette coordination tactique que la date du 15 septembre 1916 marque le tournant de toutes les guerres à venir...

En une heure de temps, les Canadiens prennent le village de Courcellette, les Écossais prennent celui de Martinpuich, les Londonniens s'emparent du bois de Fourcaux, les Néozélandais occupent une position appelée "Switch line" près du Bois des Fourcaux et d'autres Britanniques s'emparent de Flers. C'est un jour mémorable, rempli de succès pour les troupes britanniques...

Le 17, après la conquête de Berny-en-Santerre par les Français, le général Ferdinand Foch suspend l'offensive jusqu'au 25. En effet, il se laisse convaincre par ses subordonnés qui n'arrêtent pas de lui signaler que les conditions deviennent impossibles pour les soldats à cause de la météo...

Le 25, c'est tout le front de la Somme qui se met en branle. Le lendemain, Français et Britanniques rentrent dans le village de Combles évacué par les Allemands. Plus au nord, grâce à l'emploi de mines, les Britanniques prennent la forteresse de Thiepval. Le 28, toutes les attaques de grande envergure cessent, les conditions météo sont encore plus pourries qu'au début du mois. C'est presque l'hiver. Alors, durant tout le mois d'octobre, seules des actions locales seront menées sur le front de la Somme pour rectifier des postions indéfendables par l'un ou l'autre des belligérants...

Ailleurs en France. On note une nette reprise des activités guerrières en Champagne, sur la frontière belge et au sud de l'Alsace. Toutefois, comparées aux offensives données dans la Somme ou à Verdun, c'est marginal. On se bat pour quelques mètres de tranchées, pour reprendre ou occuper un entonnoir de mine. L'artillerie ne cesse jamais de tirer, faisant parfois sauter des dépôts de munitions repérés avec toujours plus de précision par les reconnaissances aériennes...

Dans la Guerre Aérienne. Si depuis juin la suprématie aérienne alliée est incontestable, petit à petit les Allemands comblent leur retard. Pendant toute la bataille de la Somme, ils n'ont jamais voulu dégarnir le front de Verdun pour venir soutenir celui de la Somme. Cela, au bon prétexte que divisée en deux, la force aérienne allemande déjà affaiblie serait encore plus diminuée et surtout les pilotes risquaient de tous périr. La mise en place des Jagdstaffel (nom des nouvelles escadrilles allemandes) permettent à cette dernière de devenir moins vulnérable. Ses nouveaux chefs, comme Oswald Boelcke, savent donner aux nouveaux pilotes germaniques l'impulsion psychologique, les tactiques de combat et les connaissances techniques indispensables pour combler les différences qui les séparent des pilotes alliés. D'ailleurs, le 17 septembre, Boelcke organise une patrouille de cinq Albatros, et chaque pilote abat son avion britannique. Mais ce redressement arrive trop tard pour inverser le sort aérien de la bataille de la Somme...

Pour soustraire leurs avions à une défense anti-aérienne qui commence à devenir très sérieuse, les Alliés testent en juillet, puis généralisent à partir du 8 septembre les bombardements tactiques de nuit. Bien sûr, les Allemands ripostent, et font de même au-dessus de Villers-Bretonneux et sur la gare de Longueau. Du coup, Ferdinand Foch demande une réorganisation de la défense antiaérienne. Le 12 septembre sort une publication à cet effet "L’instruction et l’organisation de la défense contre les aéronefs". C'est un ensemble de documents qui précisent la nouvelle organisation de la défense antiaérienne, maintenant plus couramment appelée DCA. Ce livret donne trois directives principales : le renseignement, la défense passive et la défense active. Pour le renseignement : des postes d'écoute, tous reliés par téléphone ou TSF, sont chargés de repérer le plus tôt possible les vols ennemis et de prévoir leur destination. Pour la défense passive : on organise un service de communication rapide pour faire éteindre toutes les lumières sur le secteur menacé et, dans le même temps, prévenir par sirène les personnes qui y résident (soldats et civils) d'une attaque aérienne imminente pour qu'elles se mettent aux abris. Enfin, pour la défense active : on organise des barrages de ballons pour gêner les avions car ils sont presque invisibles la nuit, et plutôt que d'avoir des batteries antiaériennes dispersées (canons et mitrailleuses) on les regroupe pour avoir des tirs croisés au-dessus des secteurs à défendre. En plus, des réserves mobiles de DCA sont constituées. Elles sont formées de sections d’autocanons et d’unités de projecteurs pour être positionnées sur des endroits particuliers selon les besoins des combats terrestres. De nouvelles inventions permettent à la DCA d'être encore plus efficace grâce aux premiers calculateurs mécaniques accompagnés des premiers téléaffichages des coordonnées d'objectifs. Ce "Correcteur Brocq" est électrique, il est fabriqué par la Compagnie des Compteurs (maintenant Schlumberger) et c'est un exemple d'ingéniosité par la possibilité de ces calculs réalisés en langage binaire. Il est un des "lointains" ancêtres des premiers ordinateurs(3)...

 

 

A Verdun, soldats français quelques secondes avant un assaut

Cavaliers italiens dans Gorizia

Les Français Thomas et Joffre avec les Britanniques Haig et Lloyd George dans la Somme

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho de novembre 1916 qui relate les événements de septembre et début octobre...

Français pataugeant dans une tranchée à Verdun

Officiers allemands en observation dans la Somme

Soldats britanniques près d'un tank Mark I dans la Somme

Soldats allemands dans une tranchée à Verdun

Prisonniers allemands dans la Somme

Légionnaires français à Salonique

Sous-marin français Gay Lussac rentrant à Toulon

Canon français de 155 court près de Florina dans les Balkans

Entrée est du tunnel de Tavannes avant son explosion

Munitionnette au travail dans les usines Citroën

Blessés allemands à la gare de Conflans-Jarny près de Verdun

Rassemblement des troupes françaises à l'ouest de Verdun

Soldats congolais dans le Sud-Est Africain

Porteurs africains près du lac Tanganyika

Cuirassé russe Tsarevitch

Septembre 1916 - Dans le Monde en Guerre

Septembre 1916 est une date charnière dans les évènements guerriers de la Grande Guerre, mais aussi dans toutes les guerres à venir. En effet, c'est ce mois-là que, pour la première fois, des engins chenillés et blindés participent aux combats. Mais aussi, c'est l'emploi combiné de toutes les armes guerrières tactiques : infanterie, artillerie, aviation et armes blindées qui se coordonnent pour un assaut sur un point unique après une étude minutieuse du terrain avant l'attaque. Septembre 1916 est un vrai renouveau dans la tactique militaire...

 

Dans le Monde Politique :

En France. Le 2 septembre, le capitaine Georges Ledoux, chef des services du contre-espionnage français reçoit en audience une belle dame de 40 ans, grande et très sensuelle, dénommée Margaretha Geertruida (dite Grietje) Zelle qui est née en Hollande. Elle vient chercher un laissez-passer pour rejoindre son amant du moment, un aviateur, le capitaine russe Vadim Maslov âgé de 21 ans qui lui rappelle son fils mort empoisonné en bas âge. Mais il est blessé et en convalescence dans un hôpital militaire près de Vittel dans les Vosges alors considérées comme zone de combat, d'où le besoin d'un laissez-passer. Grietje est alors très connue dans le Tout-Paris. Prostituée, courtisane ou demi-mondaine selon ses besoins financiers, elle se fait appeler Mata Hari (ce qui signifie 'soleil levant' en Malais) depuis qu'en 1905 elle a dansé nue dans un spectacle exotique au Musée national des arts asiatiques. Elle est polyglotte et toujours de nationalité hollandaise, c'est à dire neutre, ce qui lui permet de circuler librement dans toute l'Europe. Sur l'instance de Ledoux, elle accepte d'aller espionner le Haut commandement allemand en Belgique et le Kronprinz en particulier puisqu'elle se vante de le connaître. Toutefois, ce ne sera pas gratuit, et elle réclame un million de francs pour faire ce travail. Ce que Ledoux ne sait pas, c'est que, couverte de dettes, elle a déjà rencontré en 1915 à La Haye, en Hollande où elle résidait alors, Carl Cramer, le consul d'Allemagne qui, pour les mêmes raisons que Ledoux, lui a demandé de venir espionner les Alliés sous le nom de code d'Agent H21, en échange de quoi il a épuré ses dettes. Alors, la plus célèbre des espionnes, mais sûrement pas la plus efficace, commence une carrière d'agent double qui l'amènera devant un peloton d'exécution dans guère plus d'un an...

Escouade de territoriaux français lors d'une pause repas en Champagne

Artilleurs allemands dans la Somme

Quelle folie la guerre !

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

Cadavres de soldats français près de la sortie est du tunnel de Tavannes

A Corfou, soldats serbes à l'embarquement pour la Grèce

Sous-mariniers français préparant une torpille avant son embarquement

Tank britannique Mark I équipé de 2 canons dans la Somme

(1) Léon Trotski, de son vrai nom Lev Davidovitch Bronstein, est un militant marxiste du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR). En 1897, Trotski prend part à la création d'un syndicat ouvrier du sud de la Russie (actuelle Ukraine). Pour ce fait, il est arrêté et déporté en Sibérie. Il réussit à s'évader en 1902 avec un passeport falsifié au nom de "Trotski", nom d'un de ses gardiens de la prison d'Odessa pour dissimuler ses origines juives. Sous cette fausse identité, il émigre alors vers la Grande Bretagne. Il rentre clandestinement en Russie mais en 1905 il est repris puis condamné à la déportation à perpétuité en Sibérie et déchu de ses droits civiques. Il s'évade une seconde fois et fonde le journal Pravda (Vérité/Justice) en 1912 à Vienne (Autriche). Exilé en France, il travaille un temps pour le quotidien Nache Slovo (Notre Parole), dont il est un collaborateur à Paris, tout en étant en relation avec l'organisation "Interrayons" de Saint-Pétersbourg. Malgré son parti pris contre la guerre, il publie en mars 1915 l'article "Le septième régiment d'infanterie dans l'épopée belge" dans lequel il prend la défense de la Belgique, victime de l'agression allemande d'août 1914. Alors qu'il demeure au 27 de la rue Oudry à Paris, il est arrêté, puis interné. Il est expulsé de France le 30 octobre et conduit à Irun, en Espagne basque. Là, il est arrêté par la police espagnole et embarqué de force avec sa famille pour les États-Unis. Installé à New York le 13 janvier 1917, il contribue au journal Novy Mir (Nouveau Monde). En février 1917, il profite de la première révolution russe pour rentrer au pays où il deviendra l'un des principaux dirigeants de la révolution d'octobre 1917. Il devient commissaire à la guerre de 1918 à 1925 et il appliquera avec fermeté la terreur rouge. En 1923, alors que Lénine est dans le coma, Staline le fait arrêter, puis bannir de Russie en 1929. Après bien des vicissitudes, Trotski est mortellement blessé le 20 août 1940 à Mexico d'un coup de piolet à l'arrière du crâne par Ramón Mercader, un agent de Staline. Avant de succomber à ses blessures, Trotski confie "Dites à nos amis : je suis sûr de la victoire de la IVème Internationale". Il n'est toujours pas réhabilité en Russie du fait des massacres qu'il a organisés entre 1918 et 1925.

(2) Actuellement, toutes les œuvres qu'Auguste Rodin a léguées à la France sont réparties sur deux sites : l'hôtel Biron situé rue de Varenne à Paris et la villa des Brillants à Meudon (Hauts-de-Seine). Ces établissements conservent une collection composée de 6 600 sculptures, 8 000 dessins, 8 000 photographies anciennes et 7 000 autres objets d’art. Avec 700 000 visiteurs par an, le musée Rodin compte parmi les musées français les plus importants.

(3) Même s'il est électrique, le "correcteur Brocq" de la Compagnie des Compteurs (maintenant Schlumberger), fait partie de la lignée des calculateurs dit mécaniques. C'est en 1943 que l'armée US qui vient de créer un nouveau canon de 155 mm demande aux ingénieurs qui utilisent l'ENIAC, le tout premier ordinateur vraiment électronique créé aux États-Unis, de lui fournir rapidement des abaques afin d'en équiper chaque canon (calculs balistiques précis pour régler la trajectoire d'un obus selon de nombreux paramètres : état du temps, chaleur, angle de tir, charge, etc...).

(4) Cette guenon Fips s'était très bien adaptée à la vie d'un sous-marin. Elle sortait sur le pont chaque fois que le bateau faisait surface mais rejoignait immédiatement le kiosque puis le centre du navire dès que les ballasts commençaient à se remplir, avant même que les signaux acoustiques de plongée ne soient déclenchés. Elle reste un an à bord, mais après une bronchite, Arnaud de la Perière prend conscience que la place d'une guenon n'est pas dans la sous-marinade. Il en fait cadeau au zoo de Berlin où elle finira sa vie en honorable grand-mère.

(5) Finalement, deux de ces trois derniers navires seront aussi coulés pendant la Grande Guerre. Le Sheldrake sera coulé le 8 novembre 1916 par l'U-34 au large de Naples lors de son retour vers la Grande Bretagne, le Dunrobbin le 24 novembre 1917 par l'U-53 au large d'Almeria en Espagne. Le Persic sera lui aussi torpillé le 7 septembre 1918 par l'UB-87, mais il parviendra à s'échouer dans un port sicilien.

(6) Jean Brémond est originaire de Vallabrègues, mais il est aussi amoureux de Barbentane où réside une de ses petites cousines, Marie Grevin, avec laquelle il a gardé des liens familiaux très forts. Il écrit régulièrement dans l'Écho. Après son décès, son épouse viendra habiter au village en 1949.

(7) Un fait peu banal. Début août, dans son rapatriement de Salonique sur le bateau Sontay, Jean-Marie Ayme, dit "Jacques Paille", rencontre le Dr Alfred Pellet qui ne s'est pas encore installé au village. Plus tard, lors d'une visite à la famille Ayme, le docteur remarque une carte postale posée en évidence et qui représente le vapeur Sontay. Après discussion, ils s'aperçoivent qu'ils ont fait en même temps le voyage retour de Salonique. Hélas, tous les deux porteront dans leur chair les séquelles de la Grande Guerre.

L’Écho de Barbentane de novembre 1916

Canon de DCA automoteur français

Carte des Balkans à la fin de 1916

Carte de Verdun

Carte de la Roumanie

Détecteur acoustique pour la DCA

Campement de soldats italiens en Albanie

Convois français en mauvaise posture sur les routes grecques

Artillerie lourde britannique montée sur rail

Zeppelin de type LZ qui bombarde la Grande-Bretagne

Officiers austro-hongrois en observation dans le Trentin