BARBENTANE en août 1916 |
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Sur le front Italien. Profitant de la déroute austro-hongroise en Galicie et d'un retrait des troupes ennemies sur le front de l'Isonzo, le général Luigi Cardona tente une manœuvre audacieuse. Depuis plusieurs jours, il dégarnit le front du Trentin d'une grande partie de ses réserves et les fait acheminer en train près de la ville de Gorizia. Le 6 août, l'attaque est lancée sur deux fronts, le fleuve Isonzo est franchi au nord comme au sud de la ville. En deux jours, la défense de la cité est enfoncée. Ensuite, les Italiens deviennent rapidement maîtres de toute la rive droite du fleuve de Gorizia jusqu'à la mer. Les Austro-Hongrois se replient rapidement vers l'est pour éviter un encerclement. Pendant encore 10 jours, Cardona lance sa cavalerie pour des attaques vers l'est afin de s'approcher de Ljubljana, la grande ville Slovène située à 50 kilomètres. C'est un échec complet. Même sa poussée vers le sud en direction de Trieste à 25 kilomètres ne dépasse pas les faubourgs de Gorizia tellement les Austro-Hongrois ont fortifié le terrain sur la rive gauche du fleuve. Il est à noter que dans ces attaques, pour la première fois des automitrailleuses Lancia 1ZM sont utilisées par les Italiens. Le 17 août, après avoir perdu plus de 50 000 soldats, Cardona arrête l'offensive. Mais cette bataille, la sixième sur l'Isonzo, est cher payée pour un gain de terrain minime. Toutefois, elle galvanise le moral des Italiens, car après tout la ville de Gorizia est brillamment conquise sur l'ennemi. Comparativement, même s'ils ont perdu cette bataille, les Austro-Hongrois ont moins de pertes, 40 000 hommes environ, leurs positions de repli sont intactes et leur artillerie domine toujours le champ de bataille... Dans le Trentin, faute de combattants, les activités guerrières ne se poursuivent que dans des actions ultra-localisées... Sur le Front Russe. Du nord au sud, l'offensive Broussilov marque le pas. Si en deux mois les prisonniers surtout austro-hongrois, sont nombreux, les pertes russes le sont tout autant. La progression vers l'ouest est très lente, malgré cela l'intendance peine à suivre. Une chance pour Broussilov, des régiments entiers composés de nationalistes tchèques et de Ruthènes qui combattent sous le drapeau austro-hongrois désertent et rejoignent l'armée russe(6). Le 10, au centre de l'offensive, le général Letchiski entre dans la ville de Stanislau alors austro-hongroise. le 28, l'armée russe atteint la frontière austro-hongroise au col du mont Panthyr à l'extrême sud de l'offensive. Mais les grandes villes comme Brest-Litovsk, Kowel, Lemberg ou Turka sont encore très loin d'être conquises. Les Germano-Austro-Hongrois se ressaisissent avec quelques difficultés, car le transfert de milliers de soldats d'ouest en est n'est pas chose aisée. Finalement, les renforts arrivent par l'intermédiaire de centaines de trains et les batailles deviennent plus équilibrées... A la fin du mois, Broussilov est obligé d'admettre qu'il a perdu définitivement 550 000 soldats, mais près de 500 000 autres supplémentaires sont mis temporairement hors de combat. Le gain revendiqué est de 38 000 km2 de territoire, ce qui à l'échelle russe, ne représente pas grand chose. On est encore très loin de la percée qui déstabiliserait la totalité du front de l'Est. Autre conséquence, les soldats russes morts ou blessés étaient des militaires professionnels, très fidèles au tsar et à la Sainte Russie. Les nouvelles recrues qui vont les remplacer, prélevées par conscription dans les classes populaires et laborieuses, sont beaucoup plus politisées, moins enclines à se sacrifier pour un Empire russe qui les traite comme du bétail. L'année 1917, avec tous ses bouleversements, commence à pointer son nez... Sur le front à l'extrême nord de la Russie, près de Dnieter encerclé, les Russes desserrent légèrement l'étreinte et prennent la ville de Tysmenitza où ils font quelques centaines de prisonniers... Dans le centre de la Turquie, les forces turques et russes se neutralisent. Là comme ailleurs sur l'Europe continentale, la guerre des tranchées s'installe... Dans le Caucase, une armée turque entreprend une offensive contre les Russes sur le front oriental. Le 2 août, une partie de l'armée de Mustafa Kemal, augmentée d'une armée irrégulière composée de Kurdes, attaque Much et Bitlis. Craignant un encerclement, le général russe Tovmas Nazarbekian quitte Bitlis le 5 et, quelques jours plus tard, il abandonne aussi la vallée de Much pour se repositionner à Ahlat. D'origine arménienne, ce général va tout mettre en œuvre pour essayer de reconquérir ces contrées où tous les Arméniens ont été massacrés en 1915. Finalement, il reprend Bitlis aux Turcs le 23 août... Pour l'instant, toutes les tentatives russes en vue de rejoindre les Britanniques dans la vallée de l'Euphrate sont arrêtées... Sur le Front Roumain. L'état-major roumain s'est décidé pour la guerre. Devant le succès de l'offensive russe qui se déroule sur sa frontière nord, il abandonne l'idée d'aller rejoindre le corps expéditionnaire de Salonique en se dirigeant vers Sofia, la capitale de la Bulgarie. En réunion secrète avec les Russes, il se propose d'attaquer les Austro-Hongrois dans les Carpates transylvaniennes. Dès le 27 août, 620 000 Roumains attaquent les 35 000 Austro-Hongrois qui tiennent la frontière. Mais les généraux roumains sont plus fanfarons que compétents et malgré leur grande infériorité numérique, le système défensif des Empires centraux freine considérablement les attaques roumaines. Les premiers objectifs sont quand même atteints plusieurs jours après, puis les assaillants marquent le pas devant le renforcement rapide des unités de la Triple-Entente... Dans les Balkans. La situation est de plus en plus confuse. Les Grecs, qui n'ont plus d'armée, ne sont plus maîtres des évènements qui se déroulent sur leur sol. Schématiquement, le front des Balkans peut se décomposer ainsi : à l'ouest, le front albanais où sont positionnés des Austro-Hongrois face à des Franco-Italo-Serbes, au centre le front nord ou macédonien, où sont massés des Germano-Bulgares face à des Franco-Britanniques et, à l'est, le front bulgare où sont massés des Turco-Bulgares face à toutes les autres composantes de la force expéditionnaire (Russes, Britanniques, Albanais, troupes coloniales françaises, etc...). Dès le début du mois, la force expéditionnaire s'accroît grâce au débarquement d'une nouvelle division italienne près de Valona, soit 30 000 hommes environ. Après les nombreuses escarmouches de juillet, le général Maurice Sarrail donne l'ordre à une force franco-britannique forte de 45 000 hommes et 450 canons d'attaquer les Germano-Bulgares sur le front macédonien. La bataille pour le lac Doiran débute le 9 août par une préparation d'artillerie. Le lendemain, l'assaut terrestre est donné, sans résultat. Il est renouvelé le 15, puis le 16 et finalement le 18, c'est un échec complet. Les forces franco-britanniques sont obligées de revenir à leur point de départ avec des pertes sévères... Le 18, les Germano-Austro-Hongrois-Bulgares attaquent sur le front albanais. Leur objectif est de reprendre Florina puis de progresser vers Salonique à travers la Grèce désarmée. A l'est, aidé par des éléments turcs et allemands, les Bulgares envahissent la Thrace et se dirigent vers la ville grecque de Kavala. Florina est reprise le 20. Les troupes Serbo-Italiennes, en sous-effectifs et mal équipées, se font bousculer par cette rapide attaque. Mais elle s'arrête vite. Après avoir réglé leurs problèmes de coordination, les Alliés se ressaisissent. L'armée serbo-italienne renforcée conquiert les hauts sommets de Moglena et de Kaymakchalan qui dominent la plaine de Salonique. Puis ils arrêtent définitivement les assaillants à la bataille d'Ostrovo, près du lac Vegoritida le 28 août. La bataille pour la reconquête de la ville de Monastir est lancée. La veille, le dictateur albanais, Essad Pacha pour l'instant exilé en France, fait une visite officielle au général Sarrail et passe en revu toutes les troupes du corps expéditionnaire à Salonique... Le 28, deux monitors et un croiseur britanniques bombardent les troupes germano-turco-bulgares qui s'avancent vers Kavala dans la mer Égée... Au Moyen-Orient. Depuis leur échec du 3 février 1915 pour atteindre le canal de Suez, les Turcs s'étaient repliés au-delà de Katia dans le désert du Sinaï, à mi-chemin entre l'Égypte et la Palestine. Depuis plus d'un an, le général britannique Archibald Murray, conscient de l'enjeu stratégique du canal, n'était pas resté les bras croisés en attendant l'inévitable attaque turque. Comme il était certain que celle-ci ne pourrait venir que du nord, car le manque d'eau dans le désert obligeait les Turcs à rester près de la côte méditerranéenne, il fit construire une ligne de chemin de fer sommaire pour alimenter ses troupes. Partant de de Kantara, passant par Dueidar et elle aboutissait à Romani. Dans cette place forte, sur les 12 000 Britanniques de la garnison, il y a de nombreux cavaliers australiens et néozélandais. Les forces turques, aidées par des éléments germano-austro-hongrois sont supérieures en nombre, 18 000 soldats environ. Les assaillants sont confiants, ils pensent pouvoir atteindre le canal en moins d'une semaine, il n'est plus qu'à 40 kilomètres. L'attaque est dirigée de Damas par Djemal Pacha, mais c'est le général allemand Kress von Kressenstein qui commande en réalité les opérations dans le désert du Sinaï. Depuis 3 semaines, ses troupes avancent de nuit pour éviter de se faire repérer par les reconnaissances aériennes, et aussi pour ne pas subir les très grosses chaleurs diurnes de l'été. Le 3 août l'assaut est lancé. Dès le début, les fantassins turcs se heurtent à une défense élastique menée par des cavaliers britanniques qui se dérobent un temps, mais reviennent plus fort sur les flancs pour briser les attaques. La tactique paie, fortement canalisés, les assaillants se retrouvent sous le feu direct de l'artillerie britannique qui, installée dans le fort de Romani, fait un carnage. Le 5, Kressenstein avec ses 9 200 soldats hors de combat, admet sa défaite et se retire pour la deuxième fois vers la Palestine. Les pontons qu'il avait fait construire pour traverser le canal ne lui ont servi à rien. Les Britanniques ne perdent que 1 130 hommes et récupèrent 2 500 prisonniers. Profitant de cet avantage, ils vont poursuivre la construction de la ligne de chemin de fer jusqu'à la Palestine... En Afrique Orientale. Progressivement les Allemands sont repoussés vers le sud par les forces belgo-britanniques-sud-africaines, mais ils sont toujours maîtres du chemin de fer qui relie Dar-el-Salam à Tabora au centre du pays. Le 3 août, les Britanniques s'emparent des monts Nguru presque à l'extrême est du pays. Le 14, ils occupent la ville de Mwanza sur le lac Victoria. Progressant depuis les monts Nguru, les Britanniques prennent la ville de Morogoro le 26, puis la ville de Dodoma le 29 et finalement la ville de Kilosa. Tout le nord et le centre de l'Afrique orientale allemande sont alors sous la domination des Alliés...
Mais il est temps de revenir à Barbentane. C'est l'Écho d'octobre 1916 qui donne des nouvelles d'août et c'est la photo du nouveau monument à Jeanne d'Arc élevé à Notre-Dame-de-Lumière (Vaucluse, 84) qui orne la première page. Dans les pages suivantes, son inauguration est relatée en détail. Le nom de Barbentane figure sur une des faces du monument. A noter que le sculpteur Henri Endignoux aura la charge de sculpter le Monument aux Morts de Barbentane en 1920... Suit un article sur les économies, il n'est pas très économe de mots. Le compte-rendu de la fête de Saint-Roch, ainsi que la procession sont relatés... Sept Barbentanais des classes 1916 et 1917, un temps écartés du service militaire sont "récupérés", avec mention des lieux d'affectation respectif. Trois prisonniers sont mentionnés, dont un qui bénéficie de la suppression des camps de représailles allemands pour une incarcération plus classique. Au livre d'or, sont cités le capitaine Daudet, le capitaine Ferdinand Bec, le Dr Bouis, le caporal Jean-Marie Mouret, le caporal Jean Fontaine, le sous-lieutenant Pascal Rossi et l'adjudant Jean Brémond... Un service funèbre est prononcé le mardi 22 août pour Paul Mouret tué à Verdun, à la cote du Poivre le 2 août à l'âge de 33 ans... Au mois d'août 1916, 3 barbentanais meurent pour la France : · Paul Mouret, dit Paul Frère (à ne pas confondre avec le sergent Paul Mouret décédé en avril 1916), 33 ans, né à Barbentane, cultivateur, marié deux fois, sans enfant du second mariage (de son premier mariage, il a eu un garçon décédé en bas âge), il est soldat de 2ème classe au 7ème génie. Il a été tué par un éclat d'obus en pleine poitrine à la cote du Poivre dans le secteur de Verdun le 2 août 1916. Un service funèbre à sa mémoire a été célébré le 22 août 1916 en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane. Un temps enterré à Froidos (Meuse) où Jean-Marie Auzépy est allé se recueillir sur sa tombe, il repose maintenant dans la Nécropole nationale de Glorieux à Verdun dans la Meuse ; · Louis Joubert, 31 ans, né à Barbentane, cultivateur, il était soldat de 2ème classe au 363ème régiment d'infanterie. En 1906, il est classé inapte au service militaire pour cause de "faible musculature". Il est finalement incorporé au service auxiliaire le 7 décembre 1914. Puis versé dans l'infanterie le 16 mars 1915. Il est porté disparu en août 1916, il sera déclaré tué au combat le 7 août 1916 au bois de Stem, dans la Somme, par un jugement de Tarascon en date du 18 août 1920. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et dans la section des disparus sur le nécrologe qui est dans l'église ; · Louis Chauvet, 21 ans, né à Barbentane, célibataire, cultivateur, il était soldat de 2ème classe au 201ème régiment d'infanterie. Incorporé le 17 décembre 1914, il est blessé par une balle à la face le 13 juillet 1915. Cruellement blessé une deuxième fois à Maurepas dans la Somme, il meurt de ses blessures le 23 août 1916. Un service funèbre en sa mémoire est célébré en l'église de Barbentane le 4 octobre. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Il repose maintenant dans la Nécropole Nationale d'Albert dans la Somme, dans la tombe numéro 1 247. Un cas particulier : · Jules-Alexandre Coustabeau, 35 ans, né à la Roque-d’Anthéron le 21 mai 1879, militaire puis instituteur, marié depuis le 11 avril 1901, deux garçons, il est sergent au 153ème régiment d'infanterie. Engagé volontaire pour 3 ans le 13 novembre 1899, il est libéré le 10 octobre 1901. Réincorporé le 2 août 1914, il est porté disparu à Saint-Julien près d'Ypres (Belgique) le 11 décembre 1914. Marié à une Barbentanaise, il est noté comme probablement prisonnier dans l'Écho de février 1915. Son corps est finalement retrouvé le 10 août 1916 et il est inhumé sur place. Il sera déclaré mort pour la France le 11 décembre 1914 par un jugement du tribunal de Tarascon le 21 avril 1920. Il n'est inscrit sur aucun de nos monuments commémoratifs à Barbentane. Il repose maintenant dans la tombe numéro 608 du cimetière français de la nécropole de Saint-Charles de Potijze, près d'Ypres. Son nom est inscrit sur le Monument aux Morts de la Roque-d'Anthéron. En cet été de sécheresse, le 15 août à midi, un incendie se déclare dans la Montagnette au plateau des Espidègles et à l'emplacement de l'actuel château de Granrut (MFR), il durera jusqu'à 18h00. On note que cet espace était planté de chênes et de pins avec de superbes allées, un travail de 20 ans de la part du propriétaire, le comte Charles de Bigault de Granrut. Trente soldats du 118ème territorial qui sont à Frigolet viennent en renfort pour l'éteindre(7). Sur une superficie de 40 hectares, des vignes et des oliviers sont détruits ainsi que 60 hectares de bois... Le comte Charles de Waresquiel offre à l'Écho son ouvrage "Essai Historique sur Poligny et ses possesseurs"(8). L'article note plusieurs renseignements intéressants sur le crucifix de Fénelon, un châle et une mule du pape Pie VII... Dans l'article "Une question de Justice", sont rappelés les devoirs de chacun malgré la sévérité des temps. C'est aussi un bref aperçu de la réalité quotidienne en ce temps de guerre... Dans le courrier militaire, Jean-Marie Ginoux regarde débarquer des Russes le 30 juillet [probablement à Marseille] ; JM Deurrieu relate ses premiers jours de militaire ; Joseph Froment est dans la Somme où la lutte fait rage ; François Mouret, un vieux territorial, fait un travail pénible dans une gare ; Jean Marceau, sur la rive gauche de la Meuse, note que les Allemands n'attaquent plus et il parvient à discuter avec des prisonniers allemands en Français, même en patois provençal ; Jean Vernet est au repos après 45 jours de tranchées ; le caporal JM Mouret est à Fromréville dans la Meuse où la chaleur est accablante ; Louis Fontaine s'apprête à partir pour les tranchées ; Marius Escalier constate que les "bleus" font leur apparition dans la Somme où il sera blessé, puis soigné à Maurepas dans les Yvelines ; Henri Rouqueirol est à l'hôpital après une blessure dans la Somme ; Claude Bertaud est dans un village pittoresque des Vosges ; l'abbé Mascle est à Bizerte en Tunisie, il attend une nouvelle affectation ; Claudius Raoulx est alité, blessé, il était sur la rive droite à Verdun, il est soigné à Blois ; Henri Moucadeau, gravement blessé, se promène avec des béquilles, mais il constate que son pied ne repousse pas ; Pierre Ménard est à Caen ; Jean-Marie Joubert pense que son cher beau-frère le protègera du ciel où il est maintenant ; Pierre Ayme est dans un coin où ça barde, après avoir tué un Allemand muni d'un lance-flamme, il mentionne que ces soldats ainsi appareillés ne sont pas des embusqués ; Joseph Froment, blessé à la tête, avoue qu'il vaut mieux ça qu'être mort ; Louis Petit garde le moral malgré les canons qui tonnent ; Joseph Amy et Nazon apprennent à se servir d'une mitrailleuse à Chaumont dans la Haute-Marne ; Léon Rey est au repos après la bataille de la Somme ; Anastase est logé à 7 mètres sous terre dans les Vosges où ça chauffe ; Jacovetti est bottier en Italie ; Paul Bonnet est soigné dans un hôpital à Vallauris après son rapatriement de Serbie, il constate "Ah ! Comme la France est belle ! Il faut l'avoir quittée pour quelque temps pour savoir cela..." Dans l'état religieux, 3 baptêmes et un décès, toujours pas de mariage... Guy |
Cadavres de soldats roumains tués à la frontière hongroise |
Cyclistes français près de La Route entre Bar-le-Duc et Verdun |
Une des entrées du fort de Souville à Verdun (photo autochrome) |
A Salonique, soldats serbes qui passent sous l'Arc de triomphe de Galère (~ 300) |
Soldats britanniques du corps expéditionnaire à Salonique |
En Allemagne. Pour répondre psychologiquement à l'échec de Verdun, les autorités allemandes obligent les prisonniers français à utiliser des enveloppes sur lesquelles est reproduit un obus de 420 entouré de lauriers avec une inscription qui signifie "Nous passerons". Ces enveloppes sont retirées et détruites par la censure avant la distribution du courrier aux familles en France. Le 6 août au Reichstag, Ernst Bassermann, un des leaders du pangermanisme, prononce un discours où il insiste sur l'héroïsme des soldats français pour expliquer l'échec allemand de Verdun. Le 21, pour faire face aux troupes alliées dans les Balkans, le gouvernement annonce que ses troupes vont occuper provisoirement le territoire hellénique. Le 24, l'activiste pacifiste Karl Liebknecht est condamné à 4 ans de prison pour avoir organisé des émeutes antimilitaristes le 1er mai. Le 28, le maréchal Paul Hindenburg remplace le général Erich Von Falkenhayn à la tête de l'Oberste Heeresleitung (en abrégé OHL) le plus haut commandement de l'armée allemande. Il est assisté par le général Erich Ludendorff... En Autriche-Hongrie. Le 2 août, devant le recul important des forces austro-hongroises en Galicie, les Allemands décident unilatéralement de placer l'ensemble des forces du front russe de l'ouest sous la tutelle de son état-major. Vienne n'apprécie guère et une grave crise s'installe... En Italie. Fortement sollicitée par les Alliés et afin de pouvoir participer au futur dépeçage de l'Empire ottoman, l'Italie, par l'intermédiaire de la Suisse, déclare la guerre aux Allemands le 27 août... En Suède. Ce pays neutre se plaint officiellement auprès de Berlin du comportement de ses navires de guerre dans la mer Baltique. Outre la destruction de ses bateaux de commerce comme le Hudiksvall et le Temis, elle reproche aux Germaniques de détruire le courrier sur les navires arraisonnés alors que les Britanniques, eux, ne font que le censurer... En Grèce. Début août, des officiers grecs vénizélistes, avec le concours du général Maurice Sarrail, complotent à Salonique pour organiser un coup d'état militaire qui placerait Elefthérios Venizélos à sa tête. Dans les rues d'Athènes c'est l'effervescence, la campagne électorale fait monter la tension, et les partisans des deux camps s'opposent avec violence. Le 27, les vénizélistes réunissent 50 000 personnes, les royalistes répondent avec une manifestation équivalente deux jours plus tard. Le 24, Venizélos appelle les Grecs à se soulever contre le roi Constantin et à se ranger aux côtés des Alliés. Le 30, les officiers comploteurs créent à Salonique un "Comité de défense nationale" et parviennent à recruter de nombreux officiers grecs enthousiasmés par l'entrée en guerre de la Roumanie. Dans un premier temps, Venizélos refuse de le diriger car il juge qu'il ne bénéficie pas d'un soutien populaire assez fort. Mais, mis devant le fait accompli, l'homme politique finit par accepter. C'est le début du "Schisme national" qui va diviser la Grèce jusqu’en 1917. Toujours le 30, profitant de l'envahissement du pays par les troupes de la triple couronne, les ministres alliés font une nouvelle démarche auprès du Premier Ministre légal, Aléxandros Zaïmis, pour que son pays entre en guerre à leurs cotés... En Chine. Au prétexte que des nationalistes chinois sont excités en sous-mains par des Allemands, le gouvernement japonais envoie trois bataillons d'infanterie à Tchen-chi-Tung dans la Mandchourie... En Roumanie. Depuis la mort de Carol Ier en 1914, et son remplacement par Ferdinand Ier, la Roumanie a choisi le camp des Alliés. En 1916, la Roumanie est un petit état, à peine la moitié de ce qu'il est maintenant, et ses capacités industrielles sont très faibles. Elle est loin d'avoir les équipements et l'armement nécessaires pour sa défense, encore moins pour rêver d'une victoire contre ses puissants voisins. Mais elle est ambitieuse, elle pense qu'avec l'aide des Russes et celle du corps expéditionnaire allié présent en Grèce, elle peut enfin réaliser son rêve en annexant toutes les contrées roumanophones situées hors de ses frontières : Transylvanie, Bucovine et Moldavie orientale dite Bessarabie. Le 17, elle signe un traité d'alliance avec les Alliés. Dans sa convention militaire, il stipule qu'une offensive doit être lancée du front de macédoine le 20 août. Il est aussi mentionné que le pays va recevoir de larges approvisionnements, en armes, en munitions et en matériel de guerre. Après la signature, le Conseil de la couronne ordonne la mobilisation générale, puis déclare la guerre à l'Autriche-Hongrie et à l'Allemagne le 27 août 1916. Le lendemain, l'Allemagne et l'Empire ottoman déclarent la guerre aux Roumains... Au Portugal. Le 7 août, à la suite de l'invitation du gouvernement britannique le parlement portugais accepte la participation du pays à la guerre. L'armée prévoit de recruter 55 000 fantassins et 1 000 artilleurs qui devront venir en France, sous le commandement du général Fernando Tamagnini de Abreu e Silva, pour tenir 12 km de front. Déjà, un petit contingent de soldats est immédiatement envoyé à Salonique et le pays se prépare à attaquer les Allemands dans l'est africain en partant de sa colonie du Mozambique... Au Danemark. Le pays décide de vendre les Îles Vierges qu'il possède depuis 1672 pour 25 millions de dollars. Découvertes par Christophe Colomb en 1493, cette centaine d'îles sont situées au sud-est de l'île de Porto-Rico et font frontières entre l'océan Atlantique au nord et la mer des Caraïbes au sud. Le groupement des îles du nord est vendu aux Britanniques et la grande île du sud aux États-Unis le 4 août. Cette vente ne deviendra effectif que le 17 janvier 1917... Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 3 août, le journal l'Œuvre publie, sous la forme d'un feuilleton, Le Feu (sous-titré Journal d'une escouade), tiré du livre autobiographique d'Henri Barbusse. C'est un écrivain qui s'est engagé dans l'infanterie dès les premiers jours de la guerre. Cette œuvre est d'un réalisme qui soulève les protestations des militaires de l'arrière, mais enthousiasme ses camarades de combat(1). Le 24, à Monaco, Léo Albert Charles Antoine Ferré, dit Léo ferré voit le jour († 14 juillet 1993). Malgré ses origines bourgeoises, il se revendique anarchiste et ce courant de pensée inspire grandement ses créations musicales. C'est aussi un musicien classique qui dirige à plusieurs reprises des orchestres symphoniques, en public ou à l'occasion d'enregistrements discographiques. Le 28 à Philadelphie aux USA, Louis Faurer voit le jour († 2 mars 2001). Il deviendra célèbre après la seconde guerre mondiale par ses photographies de la banalité du quotidien aux États-Unis, mais il travaille aussi pour le magazine de mode Vogue pendant 20 ans...
Sur le Front des Combats : En France, dans la Somme. Commencé le 23 juillet, la lutte des Britanniques pour prendre le village de Pozières se poursuit avec acharnement. Ce village fortifié est à proximité du point culminant du champ de bataille, il est donc indispensable de le conquérir. Sa prise permettra aussi de menacer l'arrière des fortifications allemandes de Thiepval. Cet autre village est indispensable pour les défenses allemandes car il forme un poste avancé pour sa seconde ligne de tranchées défensives surnommée par les Britanniques "la vieille ligne allemande". Essentiellement menée par des soldats australiens, la bataille est d'une violence qui n'a d'égal que celle de Verdun. Il est impossible de mener un assaut frontal, alors durant une semaine les Australiens préparent l'attaque par le creusement de tranchées au plus près du village pour se protéger des tirs allemands qui tuent quand même des milliers d'hommes(2). L'assaut est finalement donné le 4 août et c'est un succès. Le paysage est si bouleversé que les Australiens dépassent leurs objectifs sans s'en rendre compte. Le 7, une contre-attaque allemande est lancée, il s'ensuit un corps-à-corps d'une violence extrême où les soldats de l'autre bout du monde finissent par prendre le dessus et font prisonniers tous les allemands qui ne sont pas morts. Après cette victoire, dont le lourd bilan est de 7 000 morts, blessés ou disparus(3), les Australiens continueront à progresser par petits bonds jusqu'à la colline de Thiepval, l'immense forteresse allemande, avant d'être relevés par des soldats canadiens au début du mois de septembre... Du côté français, la bataille pour la conquête du village de Maurepas débute le 30 juillet. Une lutte tout aussi acharnée qu'à Pozières va se dérouler jusqu'au 12 août où seulement la moitié sud du village est conquise. Après une courte pause, les combats reprennent jusqu'au 24 quand, enfin, le village entier est pris. En vue des batailles suivantes, l'artillerie se déplace pour s'avancer au plus près. La prochaine offensive vers Péronne est programmée pour le début du mois de septembre... Comme à Verdun, les morts se comptent par milliers, chaque mètre de terrain pris aux Allemands coûte très cher en vies humaines... En France, à Verdun. Au mois d'août, aucune bataille d'importance ne se déroule sur la rive gauche de la Meuse. Seules des actions d'artillerie se développent, mais il en de même sur tout le front en France métropolitaine et en Belgique... Sur la rive droite, depuis que les Allemands ont renoncé à prendre la ville de Verdun le 12 juillet, ce sont les Français qui attaquent pour reconquérir les sommets d'où peuvent partir à chaque instant de nouveaux assauts sur la ville. Mais les Allemands ne s'avouent pas vaincus. Le 1er août, ils lancent des attaques sur Vaux-Chapitre et Dicourt. Après avoir conquis de haute lutte les positions françaises, ils s'avancent jusqu'à 100 mètres de l'entrée est du tunnel de Chavannes. Dans la nuit, les Français attaquent à Fleury et dans un élan irrésistible arrivent à reprendre le village. Les Allemands répliquent par de l'artillerie, mais au lieu de se terrer, sentant du flottement chez l'ennemi, les poilus redoublent d'efforts et progressent toujours plus dans les tranchées allemandes, ce qui les met provisoirement à l'abri des obus ennemis. Dans cette progression, ils parviennent à reprendre l'ouvrage de Thiaumont sans trop de difficultés et ils l'investissent aussitôt. Les jours suivants, la situation change radicalement. Les Allemands reprennent le village de Fleury et arrivent jusque devant l'ouvrage de Thiaumont. Jusqu'au 6, la situation devient si confuse, qu'encore une fois, le commandement ne peut que laisser les soldats se débrouiller. Le 8, les Allemands reprennent l'ouvrage de Thiaumont, mais ne peuvent progresser vers le tunnel de Tavannes. Jusqu'au 17, la situation est figée, l'artillerie ne cesse de tirer et plus personne ne peut bouger. Le 18, les Français reprennent une nouvelle fois Fleury et repoussent de nombreuses contre-attaques allemandes. Le 23, après une série d'attaques infructueuses, les Français parviennent à progresser au-delà du village pour reprendre la crête de Fleury. Jusqu'à la fin du mois la situation reste stable malgré les nombreuses contre-attaques allemandes... Sur le reste du Front en France. Le 3 août une reconnaissance russe a chargé à la baïonnette un détachement ennemi à l'est d'Auberive en Champagne. C'est la première fois que des soldats du tsar sont engagés dans des combats sur le front de l'ouest. Le 6, près de Pont-à-Mousson dans la vallée de la Moselle, les Allemands attaquent après une préparation d'artillerie soutenue. Ils sont vite repoussés. Dans les Vosges, comme en Belgique, les combats sont journaliers, mais aucune attaque d'envergure ne se déroule... Dans la Guerre Aérienne. En ce mois d'août 1916, les Allemands ne maîtrisent plus rien dans le ciel. Dans la Somme, comme à Verdun, les avions et les pilotes germaniques sont des proies faciles tant la supériorité aérienne alliée est forte. Durant toute la bataille de la Somme, l'ensemble des reconnaissances aériennes se sont déroulées sans anicroche, donnant aux Franco-Britanniques un net avantage dans les combats terrestres... Conscients que cette situation ne peut pas se poursuivre, les Allemands se ressaisissent et copient les Alliées en créant, eux aussi, une armée aérienne libérée de la tutelle de l'armée de terre. Le processus sera long, il lui faudra près de 6 mois pour être opérationnel. En août, 12 "Jagdstaffel" (nom des escadrilles de chasse allemandes, le plus souvent appelées Jasta) sont créées. Petit à petit, elles sont dotées des nouveaux chasseurs de la firme Albatros, les D-I, puis les D-II, des biplans motorisés par Mercédès et armés de deux mitrailleuses synchronisées. Ils sont supérieurs aux BB Nieuport français et à l'Airco DH-2 britannique. Commandée par l'as et nouveau capitaine Oswald Boelcke, la Jasta 2 est officiellement créée le 10 août. Boelcke est responsable non seulement du choix des pilotes, mais aussi de leur formation et du matériel utilisé. Durant tout le mois, comme il est le seul à pouvoir voler, il décolle au petit matin, le soleil dans le dos, pour pouvoir abattre un avion ennemi en profitant de l'aveuglement des pilotes adverses venant de l'ouest. Lorsqu'il revient le menton noirci par la poudre, on sait qu'il a été victorieux. Il perfectionne la technique d'attaque frontale, volant face à l'adversaire jusqu'à ce que celui-ci effectue un dégagement par une manœuvre d'évitement et se présente à lui sous son côté le plus vulnérable. Il déploie aussi son talent dans la recherche des meilleurs pilotes en formation, c'est ainsi qu'il recrute Erwin Boehme, Hans Reimann et Manfred von Richthofen... Dans la Somme, comme dans la zone de Verdun, tous les jours où cela est possible, les bombardiers alliés, toujours escortés de chasseurs, poursuivent leurs actions d'interdiction sur les arrières immédiats des lignes allemandes. Les actions plus en profondeur sur l'ennemi sont encore impossibles tant les capacités d'emport et le rayon d'action des bombardiers sont faibles. C'est à peine si, au sud de l'Alsace, des bombardements sont effectués au-delà du Rhin. Le problème est bien connu, mais en 1916 il est toujours plus facile de former des pilotes ou des escadrilles que de créer des avions... En août, la technique du mitraillage des tranchées est officialisée dans l'aviation britannique. Jusque là, ce n'était qu'une possibilité laissée au bon vouloir des pilotes français, chacun étant libre de le faire, ou pas. Dans le Royal Flying Corps, le corps expéditionnaire britannique d'aviation (RCF), cette technique est presque une obligation. Une idée commence à germer : pourquoi ne pas soutenir un assaut terrestre avec de l'aviation sur les points "durs" comme les nids de mitrailleuses ou les fortins ? En les mitraillant directement ou en larguant des bombes au plus près, on pourrait les détruire très facilement. Dans la Somme, de timides essais sont effectués pour valider cette nouvelle technique guerrière. Bien qu'elle soit moins précise que l'artillerie, elle a le grand avantage de la soudaineté, ne laissant aux défenseurs presque aucune possibilité de repli organisé. Toutefois, elle n'est valable que pour des actions ponctuelles, très localisées et soigneusement préparées avec une météo favorable. Elle sera mise en œuvre de façon officielle le 15 septembre à Flers-Courcellette dans la Somme avec l'emploi des premiers engins chenillés blindés britanniques... Le 1er août, en plusieurs raids, les Britanniques jettent 7 tonnes de bombes sur les arrières allemands dans la Somme. Des dépôts de munitions explosent et un train est incendié. Le 14, des bombardiers britanniques bombardent pour la première fois des hangars de Zeppelin près de Bruxelles... Sur le front italien, les Austro-Hongrois poursuivent leurs raids sur les villes transalpines. Au final, ils font plus de victimes civiles que de dégâts matériels. Les Italiens font comme les Français, ils se servent de leur aviation comme de l'artillerie à longue portée et s'appliquent à porter des coups sur les ensembles ferroviaires, organes vitaux pour toutes les armées du monde durant la Grande Guerre... Dans la Guerre Maritime. Dans la nuit du 2 août, les Italiens perdent un de leurs plus beaux cuirassés le Léonardo-da-Vinci dans des circonstances suspectes. Bien à l'abri dans le port de Tarente, une brève explosion, puis un incendie douteux se déclarent dans des locaux contigus au dépôt de munitions de l'arrière. Le commandant fait aussitôt noyer cette sainte-barbe pour empêcher l'explosion du navire. Déstabilisé par le poids de l'eau, le navire chavire et se couche au fond du port emportant avec lui 248 marins sur les 1 190 hommes de son équipage(4)... Le 8, sur le barrage d'Otrante, l'UB-44 disparaît avec ses 35 hommes d'équipage. Il est très probable qu'il a été coulé par une grenade sous-marine lancée par le torpilleur britannique numéro 368 en faction ce jour-là... Sur ordre de Guillaume II, la marine impériale est sommée de mener des opérations plus actives contre les côtes britanniques. Le 18, vers 22h, une partie de la flotte allemande sort de la baie de Jade dans la mer du Nord. Des croiseurs ouvrent la route, suivis par des cuirassés ; des torpilleurs ferment la marche. Huit dirigeables et des sous-marins participent à l'opération. L'objectif est de bombarder la ville de Sunderland sur la côte est de la Grande-Bretagne, où se trouvent un nombre important d'usines et de chantiers navals. Mais les Britanniques, qui connaissent le code allemand, se placent en alerte à proximité. L'amiral Reinhard Scheer, informé par un de ses dirigeables, pense n'avoir devant lui qu'un nombre réduit de vaisseaux. Il abandonne le bombardement initial et se rue sur les navires signalés. Mais ce sont les grands navires de la flotte britannique qui sont là, prêts à le recevoir. Heureusement, toujours par un de ses dirigeables, la puissante flotte est correctement repérée et Scheer, prudent, décide de se replier. Dans cette fausse bataille, dite aussi "Le petit Jutland", seuls des navires secondaires se feront face. En recherchant l’ennemi, deux croiseurs légers britanniques, le Nottingham et le Falmouth, sont torpillés par l'U-52. Le Nottingham reçoit deux torpilles, puis 25 minutes plus tard, une troisième qui lui est fatale. Il coule à 7h10 avec 38 hommes de son équipage. Le Falmouth est torpillé successivement par l'U-52 puis finalement coulé par une torpille de l'U-63. Il coule lui aussi avec 11 marins. Malgré une chasse importante avec de nombreux envois de grenades sous-marines, aucun des sous-marins n'est touché. Dans le même temps, le sous-marin britannique E-23 torpille par deux fois le cuirassé allemand Thüringen. De construction solide, le navire blindé reste à flot, mais c'est en piteux état qu'il parvient à rentrer au port, très bien secouru et protégé par une demi-douzaine de torpilleurs... Le 20, après une patrouille très profitable de 26 jours en Méditerranée occidentale, l'U-35 commandé par Lothar von Arnauld de La Perière rentre à Cattaro. Après avoir longé les côtes espagnoles puis le golfe du Lion et celui de Gènes, il traverse la mer Tyrrhénienne et regagne son port d'attache en contournant la Sicile. Le 15, il échappe pour la deuxième fois au tir d'un bateau-piège, mais l'alerte a été chaude. En dehors de cet incident et de celui du tir d'une torpille qui manque le croiseur français Ernest Renan, chaque jour se solde par plusieurs succès. Il signe-là sa patrouille la plus fructueuse dont le record ne sera plus jamais égalé. Pas moins de 54 navires, 29 vapeurs et 25 voiliers(5), sont coulés, ce qui représente plus de 90 000 tonnes de fret. Pour la flotte de transport alliée dans la Méditerranée, la facture est très chère. Le 21, l'UC-10 est torpillé par le sous-marin britannique E-54. Sur ses 18 hommes d'équipage, il n'y a aucun rescapé. Le 25, le sous-marin cargo Deutschland, les cales pleines, rentre triomphalement dans son port d'attache de Bremerhaven après avoir parcouru 15 700 kilomètres, dont moins de 400 en plongée. Il va se préparer pour un second voyage... |
A Verdun, mitrailleurs allemands prêts pour une attaque au gaz |
Soldats bulgares près de Florina dans les Balkans |
Tranchées turques près de Romani dans le désert du Sinaï |
Soldats britanniques dans la Somme |
Par décalage pour son édition, c’est l’Écho d'octobre 1916 qui relate les événements d'août et début septembre... |
Tranchées allemandes à Verdun |
Le croiseur français Ernest-Renan en patrouille dans la Méditerranée |
Carte de la bataille de Romani dans le Sinaï |
Le croiseur léger britannique Falmouth qui est coulé par l'U-63 le 18 août 1916 |
Soldats sénégalais à Verdun |
Fantassins écossais dans la Somme |
Soldat britannique occupé à sa correspondance |
Officiers artilleurs austro-hongrois dans les Alpes |
Construction de la voie de chemin de fer vers Romani dans le désert du Sinaï |
Situation à Verdun en juillet-août 1916 |
Fantassins roumains qui se dirigent vers le front au son du violon |
Cadavres en décomposition à Verdun |
A Salonique le Général Sarrail reçoit le dictateur albanais Essad Pacha le 27 août 1916 |
Aviateurs britanniques au briefing dans la Somme |
Cavaliers australiens et néo-zélandais dans le désert du Sinaï |
Août 1916 - Dans le Monde en Guerre En Allemagne, les nationalistes sont très dépités par l’échec de Verdun qui s’ajoute aux revers de l’armée impériale en Russie. D’où la nécessité d’une reprise en main du commandement militaire. Dans la Somme, après les massacres de juillet, la bataille se ralentit énormément en ce mois d'août, mais le nombre de morts ne baisse pas pour autant. A Verdun, c'est toujours Verdun et même si ce sont les Français qui reprennent l'initiative des combats, ils sont toujours féroces. Sur le front italien, le Trentin passe au second plan et la sixième bataille sur le fleuve Isonzo va se dérouler au début du mois. Sur l'immense front de l'est, la Roumanie va entrer en guerre. Mais au lieu d'apporter un plus pour les Alliés, elle met finalement en danger toute l'offensive de Broussilov. Dans le Sinaï une autre bataille commence, les Turcs, assistés de soldats germano-austro-hongrois, tentent d'atteindre le canal de Suez pour en interdire le trafic...
Dans le Monde Politique : En France. En ce début de mois, c'est la canicule, il fait 33°à Nantes et 37° à Bordeaux ainsi qu'à Toulouse. Au seuil de la troisième année de guerre, Raymond Poincaré, Président de la République, adresse une lettre aux armées dans laquelle il glorifie la bravoure des soldats et de leurs chefs ; il met aussi en lumière la supériorité actuelle des Alliés. A sa suite, le généralissime Joseph Joffre lance un ordre du jour se terminant par ces mots "La Victoire est certaine !". Le 10, le ministère français de la Guerre propose la création d’un corps de réfugiés arméniens à Chypre. Ces soldats seraient encadrés par des officiers français. Le 15, dans son annexe du "Trou d'enfer" en forêt de Marly-le-Roi près de Versailles, le 81ème régiment d'artillerie lourde accueille des volontaires en provenance de toutes les armes. C'est la création du premier centre d'instruction et d'organisation pour les futurs conducteurs des engins chenillés (futurs chars). Le général Jean Estienne, qui travaille en parallèle avec le général Léon-Augustin Mourret à la création des chars français, fait un voyage à Londres. Il est accompagné par Jules-Louis Breton, sous-secrétaire d'État aux inventions intéressant la défense nationale. Ils vont essayer de dissuader les Britanniques de ne pas utiliser leurs chars d'assaut dans la Somme tant que l'engin chenillé Français n'est pas prêt, mais leur mission échoue. Le 23, le conseil municipal de la ville d'Allemagne dans le Calvados décide de changer de nom et de le remplacer par celui de Fleury en hommage à la ville martyr près de Verdun dans la Meuse. Par décret du 12 avril 1917, le nom de Fleury-sur-Orne devient officiel. En fin de mois, une tempête d'automne provoque des dégâts dans l’ouest de la métropole et la neige fait son apparition à partir de 1 500 m sur les Pyrénées... |
Médecin britannique qui vérifie l'état des pieds des fantassins dans une tranchée de la Somme |
(1) Malgré son âge, 41 ans, et son pacifisme antérieur, Henri Barbusse s'engage dès les premiers jours de la guerre. Il est démobilisé en 1916. Il aura le prix Goncourt la même année grâce à son livre autobiographique Le Feu. En 1917, il devient cofondateur et premier président de l'Association Républicaine des Anciens Combattants (ARAC). Il poursuivra ensuite une grande carrière dans le journalisme et dans le monde des pacifistes. Sans être un espérantiste, il soutient l'espéranto pour son coté universaliste, surtout le SAT, sa composante ouvrière. (2) Les abords ouest du village de Pozières reçoivent une telle quantité d'obus, que la route qui y passe est appelée "Road Dead Men's" (La route des hommes morts). (3) L'historien officiel australien, Charles Bean, écrira "Le plateau de Pozières a vu semer plus de vies australiennes que n'importe quel autre endroit sur terre". (4) Le Léonardo-da-Vinci est renfloué le 17 septembre 1919, la coque vers le haut. Une reconstruction est prévue, mais ce projet ne sera jamais mené à terme et le navire est rayé des inventaires puis revendu pour la ferraille le 26 mars 1923. (5) Sur les 54 navires coulés par l'U-35 pendant sa campagne d'été, 31 sont italiens : Dandolo, Emilio, Generale Ameglio, Eugenia, Sienne, Téti, Speme, Sebastiano, Gina, Nereus, Regina Pacis, Balmoral, Eurasie, Francesco Saverio, Emilia, Francesca, Henriette, Ida, Lavinia, Louis, Pausania, Rosario, San Francesco Di Paolo, San Giovanni Battista, San Giuseppe Patriarca, Augusta, Candida Altieri, Vergine di Pompei, Madre et Erix ; 11 sont britanniques : Britannic, Ethelbryhta, Heighington, Favonian, Tottenham, Mount Coniston, Newburn, Trident, Imperial, Antiope et Prince suédois ; 2 sont danois : Katholm et Ivar ; 2 sont norvégiens : Einar et Erling ; 2 sont français : Neptune et Saint-Gaétan ; 2 sont grecs : Tricoupis et Achille ; 2 sont espagnols : Ganekogorta Mendi et Pagasarri ; 1 est tunisien : Giuseppe Marta et le dernier Temmei Maru est japonais. Je n'ai jamais pu savoir si des matelots ont péri dans tous ces naufrages, il est très probable que oui. (6) En août 1916, les déserteurs tchèques et ruthènes sont comptés parmi les prisonniers par les Russes. Mais, en 1917, la Russie va les armer puis incorporer ces patriotes dans ses forces vives. Ils joueront un rôle non négligeable lors de la révolution d'Octobre. (7) Depuis 1914 un camp de prisonniers est installé à l'abbaye de Saint-Michel-de-Frigolet vidé de ses frères prémontrés depuis 1903. Ce camp perdurera jusqu'en 1919. Il servait avant tout au rassemblement des convois de Germano-Austro-Hongrois à destination de la Corse. De 1916 jusqu'en 1919, il abrite le célèbre sculpteur Otto Gutfreund, un nationaliste tchèque. En 1914, Gutfreund s'engage avec d'autres tchèques dans la Légion étrangère. Il est rapidement promu mais, en 1916, protestant contre les conditions de vie inhumaines des légionnaires, il demande son transfert dans l'armée française. Il est alors considéré comme insubordonné par ses supérieurs qui l'envoient dans le camp d'internement de Frigolet (la Bohême fait partie de l'Autriche-Hongrie avec laquelle la France est en guerre et il est hors de question de laisser libre le ressortissant d'une nation ennemie). Il se plaint d'ailleurs de sa mise à l'écart par ses "compatriotes" austro-hongrois. Gutfreund (1889-1927) deviendra l'un des fondateurs de l'art moderne tchèque et c'est aussi un représentant important du cubisme tchécoslovaque. Il sera l'un des rares à avoir atteint une réputation internationale en ce qui concerne l'étape initiale du cubisme, le cubisme analytique. (8) Poligny est un château dans la Mayenne, près de Laval. |
Bataille de la Somme, le bunker dit "Gibraltar" à Pozières, à la fin août. |
Quelle folie la guerre ! |
Barbentane, le plus beau village de l'Univers |
Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres… Guy |
L’Écho de Barbentane d'octobre 1916 |
Canons français détruits dans la Somme |
Pigeon militaire allemand équipé d'un appareil photo |
Automitrailleuses italiennes Lancia 1ZM utilisées en août 1916 sur l'Isonzo |
Artillerie lourde britannique dans la Somme |
Prisonniers germano-austro-hongrois aux travaux des champs à Saint-Michel-de-Frigolet |