BARBENTANE

en juillet 1916

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En France, à Fromelles (Nord). Malgré les énormes pertes subies lors du premier jour de l’offensive de la Somme, le 9 juillet le grand quartier général britannique se met en tête de reprendre la crête d'Aubers près de Fromelles afin de déstabiliser davantage le front allemand. Comme c'est aussi le lieu d'un grave échec britannique en mai 1915, il y a une revanche à saisir. Le front d'attaque fait 4 kilomètres de large, il fait face à de très puissantes positions allemandes notamment au "Sugar Loaf" (Pain de Sucre), un bastion bétonné truffé de mitrailleuses. Environ 30 000 hommes sont prévus pour l'attaque, à parité entre les Australiens et les autres soldats britanniques. Comme dans la Somme, tous ces hommes sont des novices. De plus les troupes australiennes sont récemment arrivées en France et c'est leur premier engagement sur le front de l'ouest. Elles ont en face d'elles des vétérans, des Bavarois qui depuis un an occupent la place en renforçant constamment leurs positions. L'attaque commence le 19 à 6h00 après une préparation d'artillerie de 11h d'une totale inefficacité. L'espace qui sépare les belligérants est large de 300m, encombré d'une multitude de barbelés que l'artillerie n'a pas réussi à détruire. Les 3 premières vagues d'assaut sont littéralement fauchées par les mitrailleurs allemands. Seuls quelques Australiens parviendront à pénétrer dans la première tranchée adverse, bien incapable de résister à des contre-attaques. Malgré cet échec, un second assaut est lancé à 9h00 c'est pire. Le no man's land est tellement jonché de cadavres que certains témoins parleront de "l'étal d’un boucher à ciel ouvert". Les quelques assaillants survivants finiront par regagner les lignes britanniques dans la nuit du 21 juillet...

Cette nouvelle tragédie coûte la vie à 3 500 Britanniques dont 2 000 Australiens, et plus de 5 000 blessés pour un gain complètement nul(6)...

Sur le reste du Front en France. Malgré les batailles de la Somme et de Verdun, les autres parties du front en France ne sont pas inactives. Sans atteindre les records de froid du mois précédent, la température reste inférieure à un mois juillet normal et les précipitations sont supérieures à la moyenne. Sur le secteur belge, les actions d'artillerie faiblissent rarement. Dans les Vosges, on profite de ce mois d'été pour faire des rectifications sur les premières lignes en essayant de rendre ces tranchées moins vulnérables. En Champagne et en Argonne, les mines ne cessent de bouleverser le paysage. En tout lieu ou presque, quand ce ne sont pas les Allemands, ce sont les Français ou les Belges qui lancent des assauts pour des conquêtes sans aucune importance. Mais il est vital de bouger pour maintenir les troupes sous un perpétuel qui-vive, sinon le moral des soldats baisse, tous les officiers savent cela...

Dans la Guerre Aérienne. Pas de nouveauté technique majeure en ce mois de juillet. A partir du 3, les avions alliés avec le tir à travers l'hélice commencent à entrer en escadres et, chez tous les belligérants, plus aucun avion de chasse ne sera livré avec une mitrailleuse placée sur l'aile haute...

Après avoir conquis de haute lutte la suprématie aérienne au-dessus de Verdun, le grand état-major français théorise l'emploi de l'aviation. Pour lui, elle est devenue indispensable à la guerre, ce qui n'était pas le cas, loin s'en faut, deux ans plus tôt. Il considère que toute attaque d'importance sans une suprématie aérienne sera vouée à l'échec. Les trois types d'aviation : la chasse, la reconnaissance et le bombardement, sont complémentaires et indissociables. La formation en escadrilles et les vols groupés sont une garantie de succès. Le général Ferdinand Foch, un artilleur de formation, qui mène avec succès la bataille de la Somme du côté français, est le premier à réclamer avec insistance que l'aviation de reconnaissance reçoive au plus vite des avions plus modernes, mieux adaptés à cette spécificité technique, mieux armés, avec des pilotes tout aussi chevronnés que ceux de la chasse...

Bien sûr, dans la Somme comme à Verdun, tout ce qui peut être utile aux Allemands est bombardé, comme les ensembles ferroviaires, les dépôts de munitions et de matériel, les casernements, etc... Mais ces raids sont toujours trop tributaires du temps et manquent de régularité pour être performants. De plus, les charges emportées, toujours moins de 150kg par avion, sont trop faibles et ce ne sont toujours que quelques dizaines d'obus qui sont largués à chaque raid, pas encore des tapis de bombes. L'aviation stratégique est encore balbutiante même si son emploi est maintenant bien défini...

En cet été 1916, les aéroplanes britanniques sont loin de correspondre à la qualité des BB Nieuport français. La plupart des escadrons du Royal Flying Corps (RFC) sont encore équipés de BE.2c qui sont toujours des proies faciles pour les chasseurs allemands. Les nouveaux modèles, comme le Sopwith 1½ Strutter, sont encore trop peu nombreux. Pire, du fait d'avions obsolètes, les pilotes britanniques n'arrivent pas à acquérir l'expérience des combats indispensables pour se désengager dans les situations difficiles. Chez les nouveaux pilotes, c'est l'hécatombe...

Les Allemands de leur côté, préfèrent toujours utiliser leur artillerie à très longue portée, même si elle couvre moins de surface car, là où un obus tombe, les dégâts sont autrement plus importants que ceux causés par le largage d'une bombe. Mais ils arrivent aux mêmes conclusions que les Français au sujet de l'emploi de l'aviation. Début juillet, les escadrilles commencent à se regrouper et à s'émanciper de la tutelle de l'infanterie pour devenir une armée spécifique. Les pilotes chevronnés, ceux dont la voix est écoutée, réclament avec insistance de meilleurs avions...

C'est en Italie que l'aviation stratégique est la plus développée. Son concepteur, Giulo Douhet, dispose de bombardiers trimoteurs Fiat puissants. Ses Caproni Ca.40 peuvent emporter jusqu'à 1 300 kg de bombes, et des raids de plus de 50 avions en même temps causent de sérieux dégâts chez les Austro-Hongrois. Ces bombardiers vont bientôt équiper les armées franco-britanniques...

Le 16, le chétif, mais courageux sous-lieutenant Georges Guynemer dont l'armée ne voulait pas, abat son dixième avion au-dessus de la Somme où il combat depuis début juin. Le 21, il reçoit la médaille Militaire avec une citation à l'ordre de la 6ème armée "Pilote plein d'entrain et d'audace, volontaire pour les missions les plus périlleuses. Après une poursuite acharnée, a livré à un avion allemand un combat qui s'est terminé par l'incendie et l'écrasement de ce dernier"...

Dans la Guerre Maritime. Comme dans la guerre aérienne, pas de nouveauté technique. Devant les différents embargos et les champs de mines, la navigation commerciale est quasiment bannie de la mer du Nord jusqu'à la Baltique. Malgré leur statut de "neutres" le Danemark, la Suède et la Hollande sont mis à la diète économique, comme les Allemands. La Norvège s'en tire mieux grâce à ses ports ouverts vers l'Atlantique et sa puissance navale particulièrement dissuasive. D'ailleurs, elle sert temporairement de port de relais pour l'économie suédoise...

Le 4 juillet, le croiseur allemand Goeben bombarde le port russe de Touapse dans la mer noire. Le 5 juillet, le sous-marin côtier mouilleur de mines allemand UC-7(7) disparaît dans la mer du Nord. Le lendemain, l'U-77 disparaît dans la même mer, probablement éperonné par un chalutier. Le 7, un sous-marin de la triple-entente s'emmêle dans un filet du barrage d'Otrante, mais il réussit à s'échapper. Le 8, c'est l'arrivée triomphale à Baltimore, sur la côte est des USA, du Deutschland, le premier sous-marin transocéanique de transport allemand. Parti le 23 juin avec ses cales pleines, naviguant le plus souvent en surface, il a passé la Manche en plongée sans se faire repérer. Après avoir vendu sa cargaison pour 17,5 millions de reichsmarks, soit quatre fois plus que le prix de sa construction, il se réapprovisionne rapidement. Pour son voyage de retour, il embarque du courrier, 348 tonnes de caoutchouc, 341 tonnes de nickel et 93 tonnes d'étain, ce qui va pouvoir alimenter les besoins de l'industrie de guerre allemande pendant plusieurs mois. Les Alliés sont furieux et pressent Robert Cecil de publier le plus rapidement possible les listes noires afin de "punir" les firmes étasuniennes qui commercent ouvertement avec l'Allemagne. Le 9, le croiseur austro-hongrois Novara, avec des torpilleurs coulent au canon les harenguiers Astrum Spei et Clavis sur le barrage d'Otrante. Du coup, ces petits navires sans défense sont mis à l'abri et recommencent leur patrouille plus au sud, sur une ligne qui va de l'île Fano au cap Santa-Marie di Leuca. Le 10, le destroyer italien Impestuoso est torpillé par le sous-marin austro-hongrois U-17 dans le détroit d'Otrante, 37 marins sont tués, 51 seront secourus. Le 10 encore, le Pei-Ho arrive à Marseille. C'est un cargo-vapeur des Messageries-Maritimes qui est parti de Saïgon le 19 avril avec 2 258 passagers (990 tirailleurs tonkinois encadrés par 48 officiers et sous-officiers européens et 1 268 indigènes volontaires pour venir travailler en France métropolitaine). Comme il n'est pas du tout équipé pour transporter autant de monde, les conditions de vie à bord sont déplorables. En plus, plusieurs épidémies se déclarent : le choléra, la malaria, le béribéri et les oreillons. A son arrivée à Marseille, 82 jours après son départ, 129 passagers sont morts et 391 malades ont été laissés sur place en différents endroits (Tor dans le Sinaï et Bizerte en Tunisie). Le 14, ce qui est rare, l'U-51 est torpillé par le sous-marin britannique H-5 près de l'île d'Helgoland dans la mer du Nord, sur les 38 sous-mariniers embarqués, 4 survivent. Le 14, en maraude au nord de l'île de Lissa dans la mer Adriatique, le sous-marin italien Balilla(8) est attaqué puis torpillé par deux navires austro-hongrois, les T65 et T66. Après un combat héroïque, il coule à pic avec ses 37 hommes d’équipage. Le 23, un combat naval sans conséquence entre destroyers britanniques et allemands se déroule à l'embouchure de l'Escaut. Le 25, l'U-35, le plus célèbre des sous-marins allemands, quitte le port de Cattaro pour une patrouille dans la Méditerranée. Il va écumer les côtes espagnoles, françaises, le golfe de Gênes, traverser la mer Tyrrhénienne, contourner la Sicile pour un retour prévu vers la mi-août. Il en reviendra avec un butin fabuleux. Le 29, entre la Tunisie et la Sicile, le vapeur italien Letimbro est torpillé sans sommation par l'U-39. Sur les 178 personnes à bord, il n'y a que 53 survivants qui débarqueront plus tard en Sicile ou à Malte. Le 30, le sous-marin allemand U-44 se fait piéger par les filets du barrage d'Otrante en mer Adriatique. Il est aussitôt grenadé par les harenguiers Quarry Knowe et Garrigill en patrouille et il ne refera jamais surface(7). Le même jour, le sous-marin italien Giacinto Pullino(9) en mission de sabotage à Fiume (maintenant Rijeka en Croatie), s'échoue dans la baie de Kvarner en mer Adriatique. L'équipage est récupéré par le destroyer austro-hongrois Satelllit, puis interné. A son bord se trouve le sous-lieutenant Nazario Sauro, un irrédentiste de la première heure. Malgré sa fausse identité, il est reconnu, jugé pour haute trahison, puis condamné à mort(10)...

Sur le Front Russe. L'offensive Broussilov se poursuit, les Russes progressent toujours mais beaucoup moins qu'en juin. Ils sont énormément handicapés par la largeur du front, plus de 300 kilomètres et ils n'ont ni les hommes, ni le matériel suffisant pour exploiter à fond leur percée. Certes, la moisson de prisonniers est impressionnante, plus de 200 000 soldats, mais les russes payent cher cette victoire par des pertes presque équivalentes aux prisonniers faits. Du coup, les opérations militaires se ralentissent énormément. Partie à la vitesse de l'éclair le 3 juin, cette offensive se traîne comme un escargot en juillet. Profitant de ce répit, les Allemands dégarnissent le front au nord des marais du Pripet et "corsettent" les troupes austro-hongroises avec des unités beaucoup plus combatives. La percée de Broussilov progresse toujours sur son flanc nord. Plus au sud, l'obstacle naturel du contrefort des Carpates permet aux unités austro-hongroises de se rétablir et facilite la défensive. Au centre, les renforts rapatriés du Trentin et l'Isonzo obligent les Russes à des efforts coûteux pour continuer à avancer...

Le 1er, la ville de Koloméa située au sud-est conquise facilement, près 10 000 Austro-Hongrois se rendent. Le 4, ils contiennent une contre-offensive allemande au sud du Pripet en Volhynie. Le 5, dans une attaque locale dont ils ont le secret, les Cosaques russes capturent 50 officiers allemands, 2 700 soldats et 11 canons près de Baranovitchi en Biélorussie. Le 7, ils prennent d'assaut plusieurs tranchées allemandes à Riga sur la Baltique. Dans les Carpates, ils occupent la ville de Delatyn par où passe la voie ferrée qui va en Hongrie. Au nord de la percée Broussilov, ils progressent toujours vers Kovel mais de plus en plus difficilement. A la fin du mois, toute la Galicie du sud est reprise aux forces austro-hongroises en complète débâcle, elles laissent encore près de 200 000 prisonniers aux Russes. La frontière hongroise est dépassée. Au nord de la percée, les résultats sont bien moindres après le corsetage des troupes austro-hongroises par des éléments allemands. Au centre, les résultats sont quand même encourageants. Près de la Baltique, les Russes ont réussi à desserrer un peu l'étau autour des villes de Dvinsk et de Riga encerclées, mais pas encore assez pour les mettre hors de danger. En Biélorussie, poursuivant leurs attaques locales sur les allemands, ils empêchent ces derniers de dégarnir le font au centre de la Russie...

En Turquie. Le 15 juillet, les Russes parviennent à contenir les forces turques qui essayent de reprendre Erzeroum au centre du pays. Le 17, ils reprennent leur offensive vers l'ouest en détruisant un régiment turc. Le 18, ils investissent la ville de Bayburt. Le 24, ils entrent dans la ville de Fol sur la rive nord de la mer Noire. Le lendemain, ils résistent à une contre-attaque turque et s'approchent à 15 kilomètres de la ville d'Erzindjan. Finalement cette ville est prise le 27. Les Turcs sont en pleine déroute au centre même de leur pays...

Sur le Front Italien. Petit à petit, les soldats italiens grignotent les positions perdues depuis l'offensive austro-hongroise du 15 mai dans le Trentin. Devant ces avancées, les officiers de l'empereur François-Joseph Ier font revenir des renforts, qu'ils prennent pour l'essentiel en Albanie. A la fin du mois, les Italiens ont nettement progressé, mais la résistance est vive, dans le Vallarsa et dans la région de Posina-Astico au nord de Schio...

Dans les Balkans. Après les soubresauts de juin, la situation est très calme en ce mois de juillet. Le général en chef de la force expéditionnaire, Maurice Sarrail, prépare toujours la reconquête. Mais Verdun, et maintenant la Somme, sont autrement plus prioritaires que cette force lointaine. Il n'est quand même pas abandonné et ses troupes, depuis l'arrivée des soldats serbes de Corfou, sont conséquentes, près de 300 000 hommes (Français, Britanniques, Serbes, Italiens, Albanais et Russes). Stratégiquement, il est indécis sur la direction à prendre. Si les Roumains entrent dans le conflit, il doit remonter vers Sofia, capitale de la Bulgarie, pour faire sa jonction avec les troupes roumaines venant du nord. Si la Roumaine ne se décide pas, alors il doit se diriger à l'ouest, vers la Serbie, en passant par la Macédoine...

Les heurts entre les troupes de l'expédition et les soldats ennemis au contact ne cessent de se produire tout le mois. Mais ils sont marginaux, aucune bataille n'a lieu...

Au Moyen-Orient. Depuis le 10 juin, La Mecque est encerclée par les 5 000 bédouins du chérif Hussein bin Ali. Ils sont renforcés vers la fin du mois par de l'artillerie et des tirailleurs égyptiens envoyés du Soudan par le général Francis Reginald Wingate. Les assaillants réclament la capitulation, sans condition, des maigres troupes turques restées sur place, après le départ d'une grande partie de la garnison vers Taëf. Le 4 juillet, les encerclés se rendent. Sont capturés : 28 officiers, 1 100 soldats dont 950 blessés et des fonctionnaires civils. Le butin est conséquent : des canons, du matériel et une quantité impressionnante de munitions...

En Afrique Orientale. Les 17 et 18 juillet, les deux hydravions belges bombardent une nouvelle fois Kigoma et détruisent le remorqueur Adjudant en cour d'assemblage ainsi qu'un dépôt de carburant. Le 27, la brigade sud de la Force Publique occupe Kigoma abandonnée par ses défenseurs et, le lendemain, elle s'empare du terminal des chemins de fer allemands sur le lac Tanganyika à Ujiji. Le même jour, la vedette belge La Netta surprend le Graf von Götzen et le remorqueur Wami face à l'embouchure de la rivière Malagarasi. La canonnière allemande, qui n'est plus armée que par une mitrailleuse, refuse le combat et tente de s'échapper avant de se saborder à hauteur de la cale de la chaufferie. L'équipage essaie de s’enfuir grâce au remorqueur, mais ce dernier est coulé par la vedette belge. La "bataille pour le lac Tanganyika" se termine par la victoire de petites unités marines très mobiles sur des bâtiments plus importants et mieux armés, mais évoluant sur un plan d'eau fermé sans échappatoire...

Il est temps de revenir à Barbentane. C'est une vue de Verdun qui est en photo sur la page de garde. En médaillon, une photo de Charles Ginisty, le "vaillant" évêque de la ville. Sur la page suivante, un rapide aperçu historique de la place forte et un article sur l'évêque du lieu...

En page 3, une lettre du curé de Rognonas, brancardier au front dans la Meuse, au curé de Fromeréville qui s'est réfugié à Barbentane, pour l'informer de l'état de son village et de son église...

Au livre d'or, le Dr Bouis reçoit la croix de guerre ; le notaire Paul Alphant est cité à l'ordre de son régiment, et il reçoit la croix de guerre avec étoile de bronze ; le sous-lieutenant Tourniaire est porté à l'ordre du jour de son régiment pour fait de bravoure ainsi que le caporal Jean Fontaine et le soldat Etienne Bernard...

Sont notés aussi, le blessé Martial Granier soigné à Carcassonne ; Jean-Marie Plumeau a été grièvement blessé le 27 juin à la ferme de Thiaumont et probablement prisonnier (en fait il est mort, mais cela ne sera certifié qu'en octobre 1920). Baptistin Vernet, fils de Léon, porté disparu, est en fait prisonnier (on a reçu de ses nouvelles le 5 août) ; Jean-Marie Vernet est blessé à la jambe gauche et Claudius Raoulx, blessé à la cuisse, est évacué à Blois...

Trois nouveaux noms s'ajoutent au Martyrologe : Théophile Mallet (en fait son nom s'écrit Malet, avec un seul L) tué à Chuignes dans la Somme le 28 juin 1917 (là aussi c'est une erreur, c'est le 28 juin 1916) ; Émile Gontier décédé des suites de ses blessures à l'Hôpital rue de Lodi à Marseille le 26 juillet 1916 et Paul Mouret tué par un obus à Bras, dans la Meuse, le 2 août 1916...

Trois discours pour les services funèbres de Claude Cardelin le 24 juillet, Théophile Malet le 31 juillet et Émile Gontier le 5 août, sont relatés...

Un seul Barbentanais décède à la suite de ses blessures de guerre en ce mois de juillet :

· Émile-Henri Gontier, 29 ans, né à Barbentane, cultivateur, célibataire, soldat de 2ème classe au 6ème régiment de hussards. Grièvement blessé au poignet gauche en décembre 1915, il est soigné à l'hôpital de Flers dans l'Orne. Sa blessure le faisant atrocement souffrir, il est déclaré inapte au service actif et il est versé à la caserne Menpenti à Marseille. Dépressif, il meurt à l'hôpital de la rue de Lodi à Marseille le 26 juillet d'un mal implacable (sa fiche militaire précise "embarras gastrique fébrile"). Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 5 août en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane.

La souscription pour le Denier du Culte et des Écoles est rapportée. Sont notés aussi quelques refus de verser l'obole, ce qui révolte l'âme du curé Hance chargé du travail. Les prieures sortantes de Sainte-Marguerite versent 96fr25 de reliquat aux écoles...

Pendant les vacances, une "surveillance" bénévole des enfants a été organisée aux écoles de Canade pour les petites filles et aux écoles du Deyme pour les petits garçons. Une contribution financière est demandée, elle est reversée au profit de la caisse des écoles...

Soixante dix congréganistes ont assisté à la retraite et à la fête de Sainte-Philomène. Elle s'est terminée par une pieuse procession dans les rues du village. Les nouvelles prieures de la Sainte sont toutes citées...

Le Comité de Secours aux œuvres de guerre, qui fonctionne depuis le début des hostilités, se déclare à la sous-préfecture le 17 juin 1916 pour être en conformité avec la loi du 30 mars. Une marraine généreuse leur donne 300frs, ce qui est une somme conséquente. Jean André, élève au lycée d'Avignon, a reçu avec un de ses condisciples, un prix de 30frs en tant que meilleur élève de mathématique. En temps normal, cette récompense sert à offrir un repas aux camarades de classe. Le lauréat choisit d'en faire don au Comité de Secours...

Le courrier Militaire tient 5 pages. Beaucoup de correspondants parlent des batailles à Verdun, mais sans citer la ville, censure oblige. De nombreux blessés écrivent, ils ont le temps, les autres sont au combat. Le caporal Bonjean, qui est sous un terrible bombardement, considère qu'il ne fait que son devoir "Je suis où les cailles ne tombent pas rôties" ; Marius Escalier est dans un bon secteur "on ne se croirait pas en guerre" écrit-il ; le caporal Louis Petit écrit de Montfaucon-d'Argonne [secteur de Verdun] "Il pleut... Nous sommes dans l'eau et la boue jusqu'aux genoux... Les Allemands attaquent souvent, mais nous les attendons et nous les fauchons comme des mouches, sans pitié... on ne se fait toujours pas de bile" ; Léon Jaoul se plaint de la pluie, des crapouillots et espère "délivrer notre chère France de cette horde de barbares" ; Jules Ayme, dans un secteur tranquille, compare les processions pour la Fête-Dieu et considère que celles de Barbentane sont plus belles que celles de là où il est ; Léontin Gilles vient d'être cité à l'ordre de son régiment, mais il ne peut toujours pas se servir de sa main blessée ; notre épistolier Léopold Michel, parti depuis un an et demi, languit de revoir Barbentane et ses amis ; Henri Moucadeau, qui a perdu son pied droit à la bataille d'Assevillers dans la Somme est content car "tout va bien" écrit-il ; le Caporal Jean Fontaine fait le constat que sa blessure à la tête se referme, mais pour son pied ce sera plus long à guérir ; Claudius Raoulx se plaint de la pluie et de la boue ; Martial Granier, qui va aller au contact des "boches", demande des prières, il signale qu'un de ses camarades de combat est le comte de Montesquiou, fils de la marquise d'Aramon ; Jean Marceau fait une admirable description du travail des convoyeurs du ravitaillement que souvent, dit-il "les civils prennent pour des embusqués car ils ne sont pas de l'infanterie" ; le télégraphiste JM Mouret relate une prise de tranchée où tous les "boches" ont été faits prisonniers ; Louis Guyot, malade, est sous une chaleur accablante [à Tunis] et de 9h du matin à 4h du soir il est sous les marabouts [tentes militaires] ; Antoine Rossi est de retour en Champagne après avoir été pendant 12h sous un bombardement à Thiaumont [Verdun] ; Joseph Revial voyage toujours sur le fleuve Sénégal ; le brancardier Jean Fontaine est heureux de s'en être sorti sain et sauf, avec son équipe ils ont porté "3 boches dont un officier" ; mais c'est Antoine Razzanti qui a le mot de la fin "Pendant mes 25 jours de tranchées, ça a été pour moi un amusement de faire la chasse à ces barbares, qui, jusqu'à présent, n'ont reculé devant aucun crime... Nous ne laissons guère tranquille François-Joseph... et je crois qu'il se prépare à encaisser sa dernière défaite..."

Dans l'État religieux, 9 mois après les premières permissions, 5 baptêmes sont notés, la vie reprend. Il y a eu aussi 6 enterrements, dont celui d'un nourrisson de 3 mois, mais toujours pas de mariages...

Guy

Artillerie lourde britannique dans la Somme

Explosion d'une mine en Champagne

Jeunes pêcheurs bretons qui vont au travail pendant les vacances scolaires de l'été 1916 (photo autochrome)

Le 16 juillet, pendaison de Cesare Battisti au château du Bon-Conseil à Trente

Soldats sud-africains dans la Somme

A partir de juin, alors qu'il s'en était accommodé jusqu'alors, Wilson commence à s'émouvoir de ces pratiques que dénonce avec force son concurrent républicain. Mais les Britanniques ne veulent rien changer, bien au contraire, ils sont en train de préparer des "listes noires" sur lesquelles ils comptent bien faire figurer toutes les firmes qui commercent avec les Empires centraux directement ou bien en utilisant les pays neutres. Le nouveau ministre du Blocus, Lord Robert Cecil, supprime toute distinction entre contrebande absolue et intentionnelle, il se moque de mécontenter les USA et de faire subir aux pays neutres européens le même sort qu'à l'Allemagne. Toutefois, malin, il demande à la France qui est totalement d'accord avec ces nouvelles mesures, de se faire la messagère de ces mauvaises manières auprès du gouvernement des États-Unis. Ce nouvel accord fait l'objet d'un mémorandum qui est annexé le 7 juillet 1916 au décret consacrant par la France l'abandon de la Déclaration de Londres de 1909. C'est le diplomate français, Jules Cambon, qui remet la note franco-britannique à William Graves Sharp alors ambassadeur des USA à Paris. Le 18, les Britanniques publient les listes noires, 85 firmes étasuniennes et 350 firmes latino-américaines sont concernées. Wilson hurle d'autant plus fort qu'il ne veut pas que sa "faiblesse" soit récupérée par son rival républicain, mais il ne se trompe pas, il fustige les Britanniques, pas les Français...

En France. Face aux gains excessifs accumulés par certains titulaires de marchés de guerre, le Parlement vote le 1er juillet une loi qui prévoit une contribution extraordinaire sur les bénéfices exceptionnels ou supplémentaires réalisés depuis le 1er août 1914. Le mercredi 5 paraît le véritable premier numéro du Canard Enchaîné après 5 numéros sortis dans des conditions acrobatiques entre le 10 septembre 1914 et le 4 novembre 1915. A partir de cette date, il prend son envol de volatile toujours bien renseigné, ce qu'il continue à faire aujourd'hui encore. Le 16, le constructeur Louis Renault annonce au général Jean Estienne qu'il est revenu sur sa décision et que sa compagnie développe un char léger(1). Le 28, Raphaël Antonetti est nommé gouverneur du Soudan français. Le 30, le ministre de l'Économie, Alexandre Ribot, fait voter "l'instauration du régime économique de l'alcool", c'est-à-dire sa taxation pour essayer d'endiguer l'alcoolisme qui fait des ravages dans notre pays(2)...

En Grande-Bretagne. Le 2 juillet, après un intérim d'un mois assuré par le Premier ministre britannique, le libéral David Lloyd George devient ministre de la Guerre du Royaume-Uni. Cette nomination est accueillie avec enthousiasme dans les milieux militaires et économiques. Le 19 juillet, les ouvriers, pour ne pas suspendre la fabrication des munitions et pour répondre à la demande du général Douglas Haig, renoncent à leurs congés d'été...

En Russie. Le 3 juillet, la Russie et le Japon signent un accord secret dont l'objectif est de lier leurs forces contre toute autre puissance étrangère qui voudrait intervenir en Chine, dont une partie est déjà occupée par les Japonais. Le 8, le tsar publie un oukase (décret) pour la mobilisation de 400 000 hommes en âge de porter les armes dans le Turkestan. C'est un immense territoire de steppes à l'est de la mer Caspienne où se parle toujours la langue turque. Une révolte éclate aussitôt, elle ne se terminera qu'en 1931. Le 24, Sasonoff, le ministre des Affaires étrangères cède son portefeuille à Boris Stürmer, alors Président du Conseil, mais aussi ministre de l'Intérieur. En fait, ce dernier est un faible qui ne fait qu'exécuter les manigances de l'impératrice Alexandra et de Grigori Raspoutine...

En Allemagne. Le 2 juillet, les autorités mettent leurs menaces à exécution envers la Suisse et commencent à restreindre leurs exportations. En fait, plus que la Suisse, c'est l'Italie qui est visée. En réaction, et pour donner encore plus d'efficacité au blocus de l’Allemagne, les Alliés suppriment les dernières libertés commerciales laissées aux pays européens encore neutres (Suède, Norvège, Danemark, Hollande). Suite à l'arrestation de nombreux syndicalistes, des grèves spontanées éclatent dans la métallurgie, elles sont sévèrement réprimées. Le 15, à Gronau en Westphalie, des femmes du peuple assaillent des bourgeoises en réclamant du pain pour leurs enfants. Des statistiques montrent que 25 millions d'Allemands commencent à être sous alimentés. Le 19, toute la presse gouvernementale admet la gravité de la situation militaire de l'Empire sur les fronts de l'est et de l'ouest. Le 20, devant son échec à Verdun, le général en chef de toutes les armées allemandes, Erich von Falkenhayn, entre en disgrâce. Pour l'instant, il n'est remplacé que sur le front de l'est par le général Paul von Hindenburg...

En Belgique. Le 21 juillet, pour la deuxième fois de son histoire, la fête nationale du pays est célébrée à l’étranger. Le 27, à Bruges, les Allemands fusillent Charles Fryatt, le célèbre commandant britannique du navire commercial Brussel qui avait essayé d'éperonner l'U-33 le 3 mars 1915 lors d'un voyage vers la Hollande. Pour cet exploit, le roi George V lui avait offert une montre en or...

En Autriche-Hongrie. Le 12 juillet, après un jugement sommaire qui les condamne pour haute trahison car ils portent l'uniforme italien, les irrédentistes(3) Cesare Battisti et Fabio Filzi(4) sont pendus dans les fosses du château du Bon-Conseil à Trente, alors ville austro-hongroise...

En Italie. Le 16 juillet, considérant que l'Allemagne avec laquelle elle n'est pas en guerre, a par deux fois violé ses traités économiques, le Cabinet délibère. Le 22, une grande manifestation se déroule à Rome en l'honneur des irrédentistes Battisti et Filzi. La foule crie plusieurs fois "A bas l'Allemagne"...

En Grèce. Depuis mai, à cause du changement de gouvernement et de l'approche des prochaines élections, les troubles sont quotidiens. Les royalistes, avec des militaires maintenant désœuvrés, provoquent des émeutes. Le 15, le palais du roi à Tatoï, château situé au sud de la Grèce, brûle avec toute la forêt avoisinante. Les dégâts sont considérables et il y a de très nombreuses victimes. On ignore la cause exacte du sinistre, mais les journaux l'attribue à de la malveillance...

En Roumanie. Le 4 juillet, Ion Bratianu, le Premier ministre roumain rappelle à l’ambassadeur de France que son pays ne pourra intervenir aux côtés des Alliés qu'à la condition qu'il soit approvisionné en munitions. Il demande avec insistance que les Alliés ne se retirent pas des Dardanelles et qu'ils déclenchent au plus tôt une offensive contre les Bulgares à partir de Salonique. Il souhaite aussi que l’offensive russe soit générale de la Baltique à la Bucovine. Le 7, le président du Conseil français, Aristide Briand, assure au gouvernement roumain que les munitions réclamées sont sur le point d’être livrées et qu'il va faire tout l'effort nécessaire auprès de ses Alliés pour qu'ils prennent en compte les diverses demandes roumaines...

En Suède. A partir du 25 juillet, le gouvernement prend des mesures rigoureuses contre les sous-marins russes et britanniques qui viennent dans ses eaux territoriales pour décimer sa flotte de transport...

Au Mexique. Le 31 juillet, suite de la baisse du pouvoir d’achat et du désir des ouvriers d’être payés en partie en or, et non plus en papier-monnaie sans valeur, une grève générale éclate. Elle est menée par le syndicat anarchiste La Casa del Obrero Mundial. Le président opportuniste et sans pitié pour ses adversaires, Venustiano Carranza, réplique en menaçant de condamnation à mort tous ceux qui portent atteinte à l'ordre public. Deux jours après, la grève est terminée, les meneurs arrêtés, puis finalement relâchés. Après cet échec, le syndicat anarchiste disparaît...

En Espagne. Le 10 juillet, les cheminots commencent une grève générale. Devant son succès, le gouvernement décrète l'état de siège dans toutes les villes du royaume et dans toute la province de la Catalogne. Les cheminots espèrent une grève générale de tous les ouvriers espagnols, mais les 20 000 mineurs font savoir aux cheminots qu'ils ne sont pas prêts. Au final, ils obtiendront des compagnies ferroviaires des satisfactions sur les salaires et les conditions de travail. La grève générale sera pour plus tard...

Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Le 22 juillet, à Sidi Bel Abbès (Algérie) le boxeur Marcel Cerdan voit le jour. Il grandit au Maroc et devient célèbre sous le surnom du "bombardier marocain". Il disparaît le 28 octobre 1949 au-dessus de l'archipel des Açores (Portugal) dans un accident d'avion. Le 29, à Ortaköy dans l'Empire ottoman, née Alice Sapric. Elle deviendra célèbre sous le nom d'Alice Sapritch. D'origine arménienne, elle se fait naturaliser française et décède à Paris le 24 mars 1990 après avoir acquis une notoriété incontestée...

Sur le Front des Combats :

En France, à Verdun. Malgré l'offensive dans la Somme déclenchée le 1er jour du mois, c'est toujours à Verdun que les Français meurent en majorité. Pour l'instant, les Allemands ne renoncent pas à prendre la ville. Ils concentrent toujours le maximum de leurs efforts sur la rive droite de la Meuse, en direction du fort de Souville, le dernier obstacle d'importance. D'ailleurs, sur la rive gauche de la Meuse, presque tout le mois, les affrontements se limiteront à des actions locales...

Commencée le 23 juin, l'offensive allemande de "la dernière chance" après avoir conquis l'ouvrage de Thiaumont, progresse en direction d'un fortin appelé le PC 119. Les contre-attaques françaises sont si vives, qu'un moment l'état-major français croit avoir repris l'ouvrage de Thiaumont, mais il n'en est rien. Durant plusieurs jours dans ce minuscule terrain de France maintenant en lambeaux, la lutte est acharnée. Le PC 119 est pris le 3 par les Allemands. Les morts et les blessés se comptent par milliers chez les belligérants pour des gains territoriaux nuls ou presque. Les alentours des ouvrages ne sont que des charniers, et les combattants encore valides essayent de survivre au milieu des cadavres. L'artillerie ne sert plus à grand chose tellement les groupes de soldats sont imbriqués, les positions tenues ne sont même plus repérables sur les cartes d'état-major. Par contre, en prévision de sa future conquête, l'artillerie allemande s'acharne sur la ville même, les tourelles de la cathédrale ne sont pas épargnées. A partir du 5, les Allemands progressent encore vers les bois de Nawé et celui des 3 Cornes. Par contre, vers le fort de Souville, les attaques sont stoppées. Le 7, ce sont les Français qui reprennent un peu de terrain vers l'ouvrage de Thiaumont et le PC 119. Ils parviennent finalement à reprendre ce dernier dans un assaut dantesque. Devant ce recul, l'artillerie allemande fait pleuvoir encore une fois des milliers d'obus sur les nouvelles positions conquises par les Français. L'attaque est aussitôt stoppée. Toute la journée du 8, les Allemands bombardent les ouvrages de Souville, Fleury, Tavannes et Froideterre. Une nouvelle fois l'état-major français s'apprête à faire sauter le tunnel de Tavannes, mais il renonce en fin de journée car aucune attaque n'a vraiment progressé vers son entrée est. Les deux jours suivant, les obus au gaz sont plus nombreux que les obus classiques, laissant présager une très forte attaque. De temps en temps, le bombardement s'arrête pour permettre à des fantassins allemands de vérifier que les fantassins français bougent encore, ce qui est toujours le cas...

Le 11, les Allemands jouent leur va-tout. La bataille de la Somme prend de l'ampleur, et c'est leur dernière chance de descendre sur la ville. Toute la journée les obus, tant au gaz que classiques, pleuvent sur les positions françaises devant Souville, Fleury, Froideterre et Tavannes. Près de 100 000 Allemands sont prêts à s'élancer sur la ville. Dans l'après-midi, devant tant de coups de boutoir, les Français fléchissent, le PC 119 est de nouveau repris. Mais le général Charles Mangin revenu de sa disgrâce fait monter de nouveaux renforts, des troupes coloniales fraîches qui parviennent à contenir les efforts allemands. Le fort de Souville n'est plus qu'un tas de ruines, plus aucune tranchée n'est vraiment visible, ses abords n'ont plus de barbelé, il n'y a plus que des trous d'obus plus ou moins inondés dans lesquels se traquent les combattants des deux armées. A la tombée de la nuit, Mangin lance la contre-attaque. Tout devient tellement confus que les artilleries se taisent, ce qui surprend tous les combattants...

Cette trêve ne dure guère et les bombardements reprennent. Bien décidés à progresser, les Allemands lancent leurs dernières troupes. La situation devient si entremêlée que les troupes françaises qui montent pour la relève n'arrivent même plus à avancer. A 6h00, dans un effort surhumain, les Allemands parviennent à atteindre les superstructures du fort de Souville. Son dernier commandant encore valide, le lieutenant Dupuy, ordonne alors à tous les poilus retranchés à l'intérieur de se munir de grenades et de participer à sa défense. Tous les blessés qui le peuvent se lèvent eux aussi. Alors s'engage sur le monticule de gravats qui reste du fort une lutte violente à la grenade et au couteau dans des corps à corps cruels, plus barbares encore que les tueries moyenâgeuses. Petit à petit, les Français prennent le dessus et les Allemands se rendent ou refluent. A 9h00, le fort est toujours français. Du coup, l'artillerie allemande se remet à pilonner le fort, mais aussi l'artillerie française qui le croit pris par les Allemands. Aussitôt informée par Dupuy que le fort est toujours aux mains des poilus, l'artillerie française allonge son tir et met en déroute les derniers attaquants allemands...

En ce 12 juillet, plus aucune attaque allemande n'est lancée et, le soir, les héroïques défenseurs du fort sont relevés. Au même moment, puisque les objectifs fixés n'ont pu être atteints, le Kronprinz reçoit l'ordre "de se tenir désormais sur une stricte défensive"(5). Par cette simple phrase de bon sens après des milliers de morts pour sa conquête, l'Allemagne vient de perdre la bataille de Verdun à 3 kilomètres à peine de la ville...

Mangin, qui n'a aucune connaissance de ce revirement de situation, fait monter de nouvelles troupes pour dégager complètement le fort par des contre-attaques. Alors, et pour la première fois depuis le début du conflit, les soldats français, mais aussi les compagnies coloniales qui montent en ligne bêlent comme des moutons qu'on mène à l'abattoir quand ils croisent des gendarmes ou des officiers supérieurs. Ils expriment ainsi un "ras-le-bol" qui ne fera que croître dans les mois qui suivront...

A partir du 14 juillet, la reconquête française s'amorce. Trop rapidement lancée, sans véritable préparation, elle se heurte à des Allemands qui dominent toujours les hauteurs. C'est un échec. Pétain, sans vraiment le dire ouvertement, considère que Mangin va trop vite. Pour lui, il vaut mieux se réorganiser avant de pouvoir reprendre le terrain au moins jusqu'aux hauteurs de Douaumont. Il réclame des mortiers de 400 mm pour écraser les forts de Vaux et de Douaumont qu'il faudra bien reconquérir. Il écrit "On me promettait de me donner satisfaction pour le début de l'automne et je décidai d'attendre ce moment pour nos grandes ripostes"...

Jusqu'à la fin du mois, les troupes françaises réorganisent le terrain en essayant au moins de faire une ligne de front continue. Les restes de la chapelle Sainte-Fine sont réinvestis, les poches de résistance allemandes sont reprises les unes après les autres. Le PC 119, puis la poudrière de Fleury se rendent presque sans combats. Les Allemands luttent toujours, mais ils se constituent aussi plus rapidement prisonniers. A partir du 27, la progression ralentit, les Allemands lancent parfois des contre-attaques...

En France, dans la Somme. Le 1er juillet à 6h25 du matin, débute la bataille de la Somme. Vingt-six divisions franco-britanniques, soit 100 000 hommes, passent à l'attaque sur un front de 40 km, Britanniques au nord de la rivière Somme, Français au sud. Pour l'état-major, elles doivent enfoncer les lignes allemandes dans un rush irrésistible. Mais elles vont surtout se heurter à des soldats allemands bien abrités et informés depuis le début de la préparation d'artillerie du 24 juin, du lieu exact de l'offensive...

Le nouveau front tant voulu par le général Joseph Joffre, en combinaison avec une offensive en Russie et une autre en Italie, est ainsi ouvert. C'est la grande offensive sur le front français que le grand quartier général a minutieusement préparée depuis des mois pour le front de l'ouest. Elle se devait de tout emporter, au moins jusqu'à Berlin, selon les dire des officiers supérieurs. Mais les plans initiaux, surtout du côté français, ont été largement revus à la baisse à cause de Verdun. L'Italie n'est plus en mesure de lancer une offensive depuis l'attaque austro-hongroise dans le Trentin qu'elle a eu la plus grande peine à contenir. Seuls les Russes avancent en commençant à rencontrer des résistances de plus en plus vives en Bucovine...

Prévu à l'origine sur une largeur de 70 km, le front d'attaque est réduit à 40. Stratégiquement, il n'est même plus question de percer, mais seulement d'user l'ennemi. Si au sein de l'état-major franco-britannique la collaboration est meilleure que du côté des Germano-Austro-Hongrois, ce n'est quand même pas un modèle d'idéal. Le général Douglas Haig veille d'ailleurs, et de façon tatillonne, à l'indépendance de son contingent expéditionnaire aussi bigarré que mal préparé. L'armée professionnelle britannique ayant été plus ou moins décimée lors des batailles de 1914 et de 1915, ce sont de nouveaux soldats, essentiellement des volontaires regroupés parfois par village ou contrée, hâtivement formés, qui constituent l'essentiel de ses effectifs. Mais plus encore que les hommes de troupe, les officiers sont le plus souvent des novices qui n'ont qu'une expérience livresque de la guerre. Ce sont ces soldats qui devront attaquer le 1er juillet de Maricourt à Beaumont-Hamel au nord du fleuve...

Du fait de Verdun, les soldats français sont malheureusement beaucoup plus aguerris. Leur secteur d'attaque au sud du fleuve est plus réduit, il va de Maricourt à Chilly...

Le 24 juin débute la préparation d'artillerie qui va durer 5 jours. Les Alliés disposent de trois fois plus de canons que les Allemands. Elle atteint d'ailleurs des sommets de puissance avec des pièces de 380 et 400 mm montées sur voies ferrées...

Dans les airs aussi, la supériorité alliée est sans conteste : 300 avions opérationnels contre 129 allemands qui de plus sont inférieurs en qualité. Les Drachen allemands qui guident l'artillerie sont détruits dès les premiers coups de canon. Comme les Allemands en février lors du début de leur offensive sur Verdun, les Alliés ont la totale maîtrise de l'air...

Jamais jusqu'alors une préparation d'artillerie n'avait été plus intense. Les Britanniques, à eux seuls, tirent en une semaine 1 732 873 coups et les Français ne sont pas en reste. On a calculé qu'il est tombé en moyenne 5 obus pour chaque soldat allemand lors de la préparation de l'attaque. Certes, les tranchées allemandes des premières lignes sont réduites en bouillie, mais les solides abris souterrains sont peu impactés. Les soldats allemands sont bien sûr très éprouvés, mais encore en état de combattre et leurs redoutables mitrailleuses toujours intactes...

Initialement prévue pour le 28 juin, l'attaque est repoussée de deux jours pour cause de mauvais temps. Le 1er juillet, après une dernière préparation d'artillerie, à 7h30 précises, les troupes britanniques, baïonnette au canon, s'élancent les premières au coup de sifflet. Les hommes sont lourdement chargés de 30 kilos et comble de tout, ils ont ordre de ne pas courir et de progresser au pas. En fait, persuadé que les défenses ennemies ne peuvent être qu'anéanties après le déluge d'obus, le commandement britannique craint que ses troupes ne se dispersent et ne s'égarent. Les premiers surpris sont les Allemands, ils sortent très rapidement de leurs abris et commencent à faucher les assaillants. Comme les officiers sont facilement repérables, ils sont les premiers visés. Au bout de 6 minutes seulement, 30 000 Britanniques sont abattus, tués ou blessés, c'est un carnage, plus qu'une bataille. Les quelques chanceux qui arrivent entiers dans les tranchées ennemies sont si épuisés qu'ils ne peuvent même pas résister à de rapides contre-attaques. A midi, comprenant sa terrible erreur, le commandement britannique donne de nouveaux ordres. Les soldats doivent se débarrasser de tout ce qui n'est pas important, ils ne doivent garder que l'indispensable pour les prochaines 24h : eau, nourriture, munitions, et courir le plus vite possible vers les tranchées adverses, mais c'est trop tard...

De leur côté, les Français progressent très vite et atteignent rapidement leurs objectifs de la journée. Ils ne peuvent guère faire plus sans se mettre en danger du fait de l'échec des Britanniques sur leur flanc nord…

 

Le 1er juillet 1916 est le jour le plus meurtrier

de toute la Grande Guerre.

Rien que sur le front français, en un jour, les Britanniques ont 57 470 hommes hors de combat, dont 19 240 tués, les survivants sont souvent blessés à mort. Les Allemands comptent près de 20 000 morts, blessés ou portés disparus. Les Français sont moins touchés, 10 000 morts, blessés et portés disparus en comptant Verdun. Des régiments entiers sont rayés des effectifs. A titre d'exemple, sur les 865 Terre-Neuviens engagés, 801 sont morts…

A tous ces chiffres funestes, il faut rajouter les morts et les blessés des autres fronts comme en Russie, en Italie, en Turquie, au Moyen-Orient et dans les Balkans, sans oublier les victimes des naufrages. Mais les précisions manquent pour les dénombrer avec exactitude sur une seule journée...

 

Après cet échec sanglant, Haig veut arrêter l'attaque. Joffre refuse et désigne les nouveaux points à conquérir. Il laisse 3 jours aux troupes britanniques pour reprendre des forces et fait donner encore plus d'artillerie. Le 4, les Britanniques prennent La Boisselle. Le bois de Mametz est pris le 10 juillet, le Bois des Trônes le 14. Ce même jour, débutent les combats pour prendre le bois de Delville (Delville Wood) à Longueval. Ce bois ne cesse de passer de mains en mains pendant près de 20 jours. Pozières tombe aux mains des Australiens le 23. Les objectifs des premiers jours sont quand même atteints... un mois après !!!

De leur côté, en dix jours et sur un front de près de vingt kilomètres, les soldats français progressent sur une profondeur qui atteint en certains points dix kilomètres. Ils sont totalement maîtres du plateau de Flaucourt qui constitue la principale défense de Péronne. 12 000 Allemands se sont rendus, ils ont pris 85 canons, 26 mortiers, 100 mitrailleuses et un matériel considérable, leurs pertes sont minimes. C'est le succès militaire français le plus important depuis la bataille de la Marne...

Devant ces attaques, où ils laissent beaucoup de soldats, les Allemands sont obligés de diviser leurs forces et leurs moyens. A partir de ce moment-là, la majorité des trains qui transportent les hommes, les vivres, les munitions et le matériel, se dirigent vers un autre secteur que celui de Verdun...

Mais le temps devient exécrable, pluie et brouillard gênent considérablement les Français. Du coup, les Allemands moins exposés aux intempéries dans leurs abris bétonnés, se ressaisissent. Leur artillerie, qui domine toujours le champ de bataille, laboure les positions conquises par les assaillants. La progression devient de plus en plus difficile...

Au dernier jour du mois, les Allemands commencent à retirer des troupes à Verdun et à Ypres, et près de 35 divisions arrivent en renfort sur ce secteur du front...

La chasse aux poux

Le 1er juillet, assaut britannique dans la Somme

Dans la Somme, après l'assaut

Soldats britanniques et allemands blessés à Bazentin dans la Somme

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho de septembre 1916 qui relate les événements de juillet et début août...

Artilleurs français en Macédoine grecque

Aux États-Unis, suffragettes en campagne

Le sous-marin cargo allemand Deutschland

Le 19 juillet, des soldats serbes débarquent à Salonique

Soldats britanniques dans la Somme

A Verdun, Français à la toilette après la relève

Cagnas ou abris de tranchée en Argonne

Le général russe Lokhvitski inspecte une tranchée en Champagne (photo autochrome)

A Verdun, une tranchée pleine de cadavres

Soldats des Antilles Britanniques dans la Somme

Soldats français se dirigeant vers Verdun

Au Mexique, convoi de soldats US à la recherche de Pancho Villa

Soldats allemands sur le front russe

Russes à la corvée de lessive quelque part en France

Prisonniers bulgares dans les Balkans

Convoi de ravitaillement dans les Balkans

Le village de Fleury près de Verdun

Soldats russes à l'entraînement pour le défilé du 14 juillet sur les Champs-Élysées à Paris

Le 4 juillet aux États-Unis, commémoration de l'Indépendance à Nomme en Alaska

Officiers italiens au Rovereto dans le Trentin

Sous-marin allemand UC-5 pris par les britanniques

A Verdun, l'ouvrage de Thiaumont

Soldats serbes dansant le Kolo à Salonique

Britanniques au mont Sorrel dans la Somme

Juillet 1916 - Dans le Monde en Guerre

En ce mois de juillet, les Allemands essayent toujours d'atteindre la ville de Verdun, et les Alliés attaquent dans la Somme. C'est l'offensive voulue par le général Joseph Joffre, et que les généraux Ferdinand Foch pour les Français et Douglas Haig pour les Britanniques, préparent depuis des mois. Bien sûr, elle doit tout balayer sur son passage et percer le front allemand, c'est son objectif, elle a été élaborée pour ça. Le front italien est redevenu statique, l'offensive austro-hongroise dans le Trentin est arrêtée depuis la mi-juin. En Russie du sud, l'offensive du général Alexeï Broussilov continue sa progression irrésistible en direction des Carpates. Durant toute la bataille de la Somme, pour la première fois, des cinéastes britanniques accompagnent les soldats au feu et tournent de nombreux films sur les évènements. Le film monté est toujours visible, cliquez-ci

Dans le Monde Politique :

Chez les Alliés. Depuis le début de l'année, pour renforcer le blocus des Empires centraux, la marine britannique a pris l'habitude de forcer les navires neutres à faire escale dans ses ports pour arraisonner et examiner le courrier transporté. Cette pratique est une violation évidente de la Déclaration de Londres du 26 février 1909 quant à la liberté totale du commerce maritime. L'entrée en campagne électorale pour la présidence des USA pousse le président-candidat démocrate, Woodrow Wilson, à faire des propositions de paix, mais aussi à garantir la liberté du commerce, ce qui est essentiel dans la période pour l'économie du pays. Or, non seulement le bloc allié n'a aucunement l'intention d'accepter la proposition de paix du président Wilson, mais la Grande-Bretagne qui vient de subir des pertes colossales dans la Somme, décide de renforcer son blocus...

Dans les Balkans, soldats serbes à Florina

(1) En 1916, deux généraux se disputent la construction des chars français. D'un côté, le général Léon-Augustin Mourret, d'origine barbentanaise, et le général Jean Estienne. Tous deux sont des polytechniciens et artilleurs de formation, mais ils sont en perpétuel conflit d'idée. Mourret est partisan d'un char lourd, capable d'emporter un canon puissant. Estienne est pour un char plus léger, plus véloce, capable d'être produit en masse pour saturer les défenses adverses et pouvant servir de bouclier pour les fantassins dans ses déplacements. Lorsqu'il rencontre Louis Renault le 20 janvier 1916, Estienne lui demande d'étudier un char léger. Ce dernier refuse au motif qu'il consacre tous ses moyens industriels à la production de munitions.

(2) En 1924, Alexandre Ribot écrit "On a fait un effort pendant la guerre pour restreindre la consommation de l'alcool. Mais si élevés que soient aujourd'hui les droits dont il est frappé, l'alcool, par suite de la hausse des salaires, n'a pas perdu sa place dans le budget des ouvriers. Le fléau de l'alcoolisme n'est pas détruit et c'est par d'autres moyens que l'élévation des droits fiscaux qu'il faudra le combattre. Du moins la consommation de l'absinthe a été interdite par une loi que j'ai pu faire voter en 1915".

(3) L'irrédentisme italien (de "irredento", c’est-à-dire non libéré) trouve son origine dans une doctrine politique, énoncée en 1870, revendiquant l'unification politique de l'ensemble des territoires de langue italienne ou ayant fait partie des anciens États italiens. Après la Première Guerre mondiale, c'est au nom de ce mouvement que seront rattachés à l'État italien : Triestre, le Trentin-Tyrol du Sud, puis en 1924 la ville Fiume à l'instigation du poète Gabriele D'Annunzio. Mais en 1914, ils revendiquaient aussi le Comté de Nice et la Corse.

(4) Cesare Battisti est né à Trente, ville autrichienne, mais il est de culture italienne par ses parents. Il fait l'essentiel de ses études à Florence. Ouvertement marxiste, il fonde en 1900 le journal socialiste Le Peuple ainsi que l'hebdomadaire illustré Vita Trentina. Élu député de Trente, le 11 août 1914 il fuit la ville à la déclaration de guerre avec la Serbie pour rejoindre l'Italie où il devient un chaud partisan de l'intervention militaire. En mai 1915 il s'engage dans les chasseurs-alpins. Fabio Filzi est né à Pazin, en Istrie, dans l’actuelle Croatie. Jeune avocat, irrédentiste enthousiaste, il déserte l’armée austro-hongroise et s’engage comme volontaire dans l’armée italienne dès le début de la guerre. Les deux hommes se retrouvent dans le même bataillon de chasseurs alpins, Filzi en tant que sous-lieutenant et Battisti en tant que lieutenant. Le 10 juillet 1916, alors que leur compagnie essaye de reprendre aux austro-hongrois le Monte Corno dont la position est stratégique sur le massif du Pasubio, ils sont faits prisonniers. Ils sont amenés à Trente pour être jugés. Qualifiés de traitres, d'escrocs, de lâches et de déserteurs, ils sont condamnés à mort. Battisti demande qu’ils soient fusillés par un peloton militaire afin de ne pas souiller l’uniforme de l’armée italienne. Sa demande est refusée, mais on leur donne des habits civils. Deux jours après, le 12 juillet, ils sont pendus dans les fossés du château Buonconsiglio (du Bon Conseil) à Trente. Cesare Battisti meurt en criant face au bourreau et aux nombreux spectateurs "Viva Trento italiana ! Viva l'Italia !". Les Autrichiens prennent des photographies de l’exécution et les diffusent dans l’espoir de dissuader les autres irrédentistes. Leur stratégie a l’effet inverse, Battisti et Filzi deviennent des martyrs pour l'Italie tout entière. Lorsque les Austro-Hongrois comprennent leur erreur et veulent reprendre les photographies, il est trop tard. Elles sont devenues un puissant témoignage pour illustrer la barbarie de l’ennemi. Le sol d'une rue de Nice appartient à la famille d’Estienne d’Orves qui en fait don à la ville à condition qu’on la baptise du nom de Battisti. Ce qui est accepté dès le 1er septembre 1916 par l’intermédiaire de Pierre Blancon alors conseiller municipal.

(5) Aujourd'hui, un monument représentant un grand lion couché, comme mortellement atteint, symbolise cette extrême limite atteinte par l'armée Allemande à Verdun en 1916.

(6) Il faut attendre juin 2008 pour que des fosses communes britanniques soient mises au jour par des spécialistes sur le lieu de la bataille de Fromelles. Plus de 400 soldats sont retrouvés et 250 peuvent être nommément identifiés. Ils seront enterrés avec les honneurs militaires dans un cimetière militaire proche, à partir du 30 janvier 2009. Le 19 juillet 2010, à la date d'anniversaire de la bataille, est célébrée la dernière inhumation avec retransmission télévisée en direct en Australie et au Royaume-Uni en présence du prince Charles, de Quentin Bryce, gouverneure générale d'Australie, ainsi que de 74 familles de soldats australiens.

(7) Au mois de juillet 1916, la marine allemande n'a aucune idée des dégâts occasionnés par les grenades sous-marines. Elle ne peut que constater la disparition de ses sous-marins parce qu'ils ne sont pas rentrés à leur port d'attache. Il lui faut attendre le récit du commandant de l'U-49, rescapé d'un grenadage, pour se faire une idée de la puissance destructrice de cette nouvelle arme anti sous-marins que n'importe quel navire peut emporter, même les plus petits.

(8) L'histoire du sous-marin Balilla n'est pas banale. Avant la Grande Guerre, si les Allemands sont de très bons constructeurs de petits sous-marins côtiers, les Italiens savent déjà faire des unités plus transocéaniques comme ceux construits par Cesare Laurenti, ingénieur réputé et copié dans le monde entier. C'est donc en toute logique que les Allemands demandent aux Italiens, alors alliés au sein de la Triple Entente avec l'Autriche-Hongrie, de leur construire un premier sous-marin transocéanique qu'ils comptent baptiser U-42. En 1914, au début de la guerre, l'U-42 est en construction dans les chantiers navals du Muggiano installés dans le port de La Spezia en Ligurie. Terminé le 8 août 1915 -l'Italie s'étant alors rangée aux cotés des Alliés- il est aussitôt réquisitionné par la Marine royale italienne. Il est baptisé Balilla, en référence à un jeune patriote génois, Giovanni Battista Perasso qui, le 5 décembre 1746, avec le jet d’une pierre contre les troupes austro-hongroises, marque le début de la révolte populaire qui aboutit à la libération de la ville de Gênes. A noter qu'en 1926, le régime fasciste italien fonde l’Opera Nazionale Balilla, une organisation pour les jeunes garçons de 8 à 14 ans, tournée vers l’éducation physique et la morale. Ce nom est aussi donné en 1930 à une voiture Fiat, type 508, petite et peu chère qui eut un certain succès. Maintenant, le nom de calcio-balilla désigne les jeux baby-foot en Italie.

Tranchée britannique à Ovillers-La Boisselle dans la Somme

Le vapeur Pei-Ho

Le cargo vapeur Pei Ho à la traversée mémorable

L’Écho de Barbentane de septembre 1916

Quelle folie la guerre !

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

(9) L'histoire du sous-marin italien Giacinto Pullino reste confuse, il est possible qu'il ait été renfloué, puis réparé par les Austro-Hongrois et réutilisé sous le numéro U-18, mais ce n'est pas confirmé.

(10) Déjà officier marin sur un bateau qui navigue près de la côte dalmate, Nazario Sauro capture un navire autrichien qu’il amène à Venise où il se réfugie dès le début de la guerre. En 1915, il se porte volontaire dans la Marine italienne où il est assigné à une unité de torpilles qui accomplit plus de 60 missions en quatorze mois. En juin 1916, il est promu sous-lieutenant sur le sous-marin Giacinto Pullino. Comme ses compatriotes irrédentistes, Damiano Chiesa (22 ans), Fabio Filzi (32 ans) et Cesare Battisti (41 ans), Nazario Sauro (36 ans) est pendu pour haute trahison à la prison de Pula (maintenant en Croatie) le 10 août 1916. A noter qu'en 1966, année du cinquantenaire de la mort de ces 4 irrédentistes, la poste italienne sort un timbre commémoratif avec leur portrait.