BARBENTANE

en juin 1916

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En France hors Verdun. Juin 1916 est le mois le plus froid sur le nord de la France depuis 1851 et les précipitations sont supérieures à la moyenne. C'est toujours la routine de la guerre. De nombreux coups de main sont signalés tous les jours sur presque toutes les parties du front. Quand une tranchée est conquise sur plus de 100 mètres par les Allemands ou les Alliés, les assaillants considèrent que c'est une victoire importante. Elle fait au moins un article de plusieurs lignes dans les journaux...

Dans la Somme, c'est l'effervescence. Les Grands États-Majors britanniques comme français ne doutent pas une seconde de remporter une victoire éclatante et, au moins pour les Français, de venger la surprise de Verdun. Dans les milieux politiques, surtout français, on crie au scandale. Comment accepter que des milliers d'hommes se reposent au nord, alors qu'à Verdun le front peut craquer du jour au lendemain ? Ces récriminations ne sont pas vaines car, petit à petit, les troupes françaises prévues pour la future bataille de la Somme arrivent dans la Meuse. Celles qui en repartent pour les remplacer, ne sont le plus souvent que des poignées d'hommes harassés autour de quelques officiers épuisés. Heureusement pour la France, ses nombreuses colonies fournissent des milliers de nouveaux soldats, d'ailleurs pas toujours conscients de ce qui les attend. Les conséquences humaines de la première grande guerre industrielle ne sont pas encore mesurées dans toute leur horreur à travers le monde. Il faut noter que la bigarrure d'hommes en ce lieu de France n'a pas d'égal ailleurs sur terre. Même lors de la deuxième guerre mondiale il n'y aura pas une telle profusion de nations différentes en un espace guère supérieur à la valeur d'un département. Les armées britanniques sont déjà à elles seules un foisonnement de soldats distincts, avec des Anglais, des Gallois, des Irlandais, des Écossais, des Indiens, des Canadiens, des Néozélandais, des Australiens et, pour en rajouter un peu plus dans la diversité, chaque pays ou région possède un uniforme différent. Les Français ne font pas mieux avec la chamarrure de leurs territoires métropolitains et de leurs colonies. Il y a des Algériens, des Marocains, des Malgaches, des Sénégalais, avec bien d'autres peuples africains, il y a aussi des Tahitiens, des Tonkinois, des Kanaks, des Guyanais, mais au moins là, tous possèdent le même uniforme bleu horizon, ou gris colonial, mais tous ont le même casque Adrien. A cela il faut ajouter des travailleurs Chinois qui bossent pour les Britanniques, des unités combattantes russes qui commencent à se concentrer après leur débarquement à Marseille, des aviateurs volontaires US et, dans la légion étrangère, de quoi avoir des interprètes pour assurer la traduction de presque toutes les langues parlées dans le monde. Même Sarrail à Salonique, qui est lui aussi admirablement fourni en nations différentes, n'en possède pas autant...

Côté Franco-Bitannique, la région d'Amiens devient un immense entrepôt de munitions. Des terrains d'aviation sont construits. Près du futur front, des lignes ferroviaires à voies étroites sont créées, on met à profit les vacances d'été pour transformer tous les établissements scolaires du lieu en infirmeries de campagne. Tous les endroits propices, surtout ceux pouvant être facilement alimentés par le rail, sont transformés pour y installer de l'artillerie lourde. Depuis 6 mois, le général français Ferdinand Foch et le général britannique Douglas Haig, dans un état-major combiné, se préparent à l'attaque. Mais, petit à petit, les troupes françaises sont aspirées les unes après les autres par Verdun. Du coup, la future bataille va devenir une attaque plus britannique que française. On reparlera de tout cela en juillet...

Du côté allemand, malgré les préparatifs qu'il est très difficile de cacher, on ne sait toujours pas avec certitude quand aura lieu l'attaque et surtout où. Pour le général Falkenhayn, la Somme est une ruse. Il reste persuadé que l'attaque se fera plus au nord, en Artois, ou au sud de l'Alsace. Il faut dire à sa décharge que le secteur de la Somme est devenu une immense place forte. Depuis presque deux ans que les Allemands l'occupent, ils ont tout fait pour le rendre inexpugnable. D'abord, c'est un terrain crayeux propice au creusement de tranchées et aux abris souterrains. De plus, le maillage des villages, distants de seulement deux à quatre kilomètres, permet une défense en profondeur. En deux ans, après 10 années de préparation à des attaques qui devaient être irrésistibles, les Allemands sont passés maîtres dans l'art de constructions défensives en campagne. Leurs tranchées de première ligne, ainsi que celles d'appui et de réserve, sont pourvues d'abris profonds comportant tout le confort moderne (électricité, téléphone et même chauffage). Une deuxième ligne intermédiaire, moins forte, protège les batteries de campagne, enfin, un peu en arrière, une autre ligne de tranchées presque aussi robuste que la première sert de position de repli momentané. A l'arrière immédiat du futur front se trouvent des bois et des villages "fortifiés" reliés par des boyaux, de façon à former une troisième et même une quatrième ligne de défense, le tout largement bétonné et bénéficiant des qualités de la roche crayeuse qui se coupe facilement et durcit en séchant. Pour l'état-major allemand, attaquer sur la Somme est suicidaire...

La Guerre Aérienne. En ce mois de juin, c'est la mise en service des nouveaux bombardiers allemands à long rayon d'action Gotha I. Ils sont fabriqués par l'entreprise Gothaer Waggonfabrik dans la ville de Gotha (province de Thuringe, au centre de l'Allemagne) d'où leur nom. Après bien des déboires, la version G I de ces bombardiers biplans est capable de voler durant près de 6h. Ils sont construits pour remplacer les lents Zeppelins devenus trop vulnérables à la chasse ennemie. Larges de près de 24 mètres, avec un équipage de 3 aviateurs, dont un mitrailleur arrière, ils sont capables d'emporter 300 kg de bombes en 1916. Ils en emporteront le double en 1918 avec l'amélioration de leur moteur. Ils préfigurent la construction des bombardiers lourds à venir...

Toutes les fois que la météo le permet, les bombardiers français, maintenant escortés par des chasseurs, reprennent leurs raids de destruction à l'arrière de Verdun. Tous les ensembles ferroviaires sont visés, ainsi que les concentrations d'artillerie, les dépôts et les campements. La zone qui va de Pont-à-Mousson jusqu'à Sedan est visitée quasi quotidiennement. Metz, Thionville, Audun-le-Roman, Étain, Jarny, Longuyon, Arnaville, Montmédy, Grandpré, Nantillois sont régulièrement bombardées...

A contrario, les avions allemands se manifestent le plus souvent dans le secteur nord et sud des Vosges. Nancy, Toul, Baccarat, Mulhouse, Saint-Dié et Lunéville sont souvent bombardées. La ville de Bar-le-Duc, point de départ de La Route, est aussi régulièrement visée mais sans pouvoir empêcher le trafic vital vers Verdun...

Le 13 juin, pour la première fois, une escadre aérienne composée de 14 avions Gotha I bombarde Londres. Le bilan est très lourd : 162 morts et 426 blessés. Le 18, l'as allemand Max Immelmann, surnommé l'aigle de Lille, meurt au cours d'un combat aérien contre un FE-2b de l'escadron 25 piloté par le lieutenant Mc Cubbin. Le 18 encore, c'est le "Miracle de Pantin". Deux avions français se télescopent au-dessus de Pantin en s'encastrant l'un dans l'autre. Les appareils, désormais liés, descendent en vrille. Ils arrivent à se "poser" entre un arbre et une maison, en restant suspendus, évitant ainsi le crash. Les quatre occupants des deux avions n'ont pas une égratignure ! Le 20, les Britanniques opèrent deux raids heureux, sur la Lys et près de Givenchy. Le lendemain, en prélude à la bataille de la Somme, les avions britanniques commencent une série de bombardements d'interdiction sur les zones où vont avoir lieu les différentes attaques. Le 23, des escadrilles françaises vont bombarder des établissements militaires au-dessus de l'Allemagne, à Trèves, Karlsruhe et Müllheim. Le 28, conformément à la nouvelle tactique aérienne, six Drachen qui renseignent l'artillerie au-dessus de la Somme sont détruits par des avions français équipés de fusées Le Prieur. Le 29, aux USA, c'est le premier vol du Boeing Model 1, aussi connu sous le nom de B&W Seaplane. C'est un hydravion biplan monomoteur aux caractéristiques minimalistes (vitesse 100 k/h, autonomie de 500 kilomètres). Il est le premier Boeing produit et réalisé par ses concepteurs, William Boeing et George Conrad Westervelt à Seattle dans l'État de Washington sur la côte du Pacifique. Il finira sa carrière comme avion postal en Nouvelle-Zélande...

Dans la Guerre Maritime. Depuis que les sous-marins allemands sont mis au repos forcé, la bataille des mines flottantes reprend de plus belle dans la mer du Nord. C'est d'ailleurs un de ces engins qui coule le Hampshire près de l'archipel des Orcades. Même si en coulant il est toujours à la vue des côtes, il n'y a aucun survivant parmi les 643 personnes à bord du navire tellement l'eau est glacée. Il n'est pas le seul à couler de cette façon : 14 autres navires, Britanniques, Norvégiens, Suédois mais aussi un Espagnol sont victimes de mines sur ce terrain de bataille liquide...

C'est toujours en Méditerranée que les activités maritimes à risque sont les plus intenses. A lui seul, pendant le mois de juin, l'U-35 coule 25 petits navires italiens, 7 britanniques, 6 français et un japonais. Il écume toute la Méditerranée, des côtes de la Grèce jusqu'en Espagne où il parvient à se ravitailler à Carthagène le 21 juin(4). Dans la mer Noire, l'U-38 coule ou endommage 5 navires. Le 6, le vapeur norvégien Prosper III saute sur une mine dans le golfe de Gascogne et les survivants sont recueillis par le cargo français Lutèce. Le 8, le cargo italien Principe Umberto, transformé en transport de troupes, est torpillé par l'U-5 devant le cap Linguetta dans la mer Adriatique. Il coule en un clin d'œil en emportant 1 926 victimes dans sa tombe liquide. Ce naufrage constitue le triste record de personnes tuées dans un seul sinistre pour tout le conflit. Le 9, le cargo norvégien Orkedal est coulé par un sous-marin en mer du nord. En mer Baltique, des vapeurs allemands sont convoyés par des chalutiers armés avec le croiseur auxiliaire Hermann et deux destroyers. Ils font route vers la Suède pour ramener du minerai de fer. Le 13, ils sont attaqués par une flottille russe accompagnée d'un sous-marin, le croiseur et la plupart des bâtiments allemands sont coulés. Le 14, un sous-marin allemand est détruit près de Zeebrugge dans la Manche. Le 19, le chalutier français Saint-Jacques saute sur une mine devant le Havre, mine qui avait été déposée là par le sous-marin UC-6. Sur 16 hommes à bord, 10 périssent. Le 21, dans la mer du Nord le vapeur français Françoise d'Amboise est accosté par l'U-22 qui demande aux marins de quitter le navire. Une fois le navire abandonné, il le torpille. Les survivants seront recueillis par le vapeur suédois Inland qui fait route vers la Floride et qui dépose l'équipage sain et sauf à son passage à l'archipel des Orcades. Le même jour, chose rare, un sous-marin britannique mitraille et abat un hydravion allemand. Le 23, le cargo britannique le Brussels est capturé par deux destroyers allemands les G 101 et G 102. Son capitaine, Charles Fryatt, est immédiatement incarcéré à Zeebrugge. Il porte sur lui une montre en or que lui a offert le roi George V pour avoir essayé d'éperonner le U-33 lors d'un voyage vers la Hollande le 5 mars 1915(5). Après un jugement rapide où il lui est reproché des actes de piraterie, Fryatt sera fusillé le 27 juillet 1916 à Bruges. Le même jour sur le barrage d'Otrante, le sous-marin austro-hongrois U-15 rencontre le croiseur italien Citta di Messina accompagné par le contre-torpilleur français Fourche. Il coule le croiseur italien en premier, puis torpille le Fourche qui est coupé en deux. Sur le Citta di Messina, 33 marins sont tués, 302 survivent. Du Fourche, un marin est tué, 17 sont portés disparus, 67 autres survivent. Tous les rescapés de ces deux navires sont recueillis par les nombreux bateaux qui circulent à proximité. Toujours le 23, en Allemagne, c'est le départ du premier sous-marin cargo nommé Deutschland(6). Il est conçu pour s'affranchir du blocus allié et rejoindre les ports étasuniens de la côte est. D'une capacité d'emport de 700 tonnes, il embarque pour son premier voyage 163 tonnes de teintures chimiques recherchées, des médicaments et du courrier. Il passe par la Manche sans être détecté et il arrive à Baltimore, dans l'État du Maryland, le 8 juillet...

Sur le Front Italien. Aux premiers jours du mois, le général austro-hongrois Franz Conrad von Hötzendorf poursuit son offensive dite du Trentin, dans les hauts plateaux alpins. A l'ouest, près du lac de Garde, l'attaque peine à trouver un second souffle pour s'avancer dans la vallée de l'Adige. Au centre, la ville d'Arsiero est conquise, mais la ville de Schio qui est le verrou pour atteindre Padoue, est encore loin. A l'est, le plateau de l'Asiago est presque entièrement sous le contrôle des assaillants. Mais l'offensive progresse lentement, très lentement. Tirant partie de cette lenteur, au Grand Quartier Général italien, le général Luigi Cardona réagit promptement. Sans dégarnir directement le front de l'Isonzo, il puise dans ses réverses pour réaffecter des troupes sur le secteur attaqué. Dans le même temps, il presse le général russe Alexeï Broussilov qu'il sait prêt à attaquer en Galicie, de le faire au plus tôt. Le 4, c'est chose faite et, à partir de cette date, plus aucune attaque austro-hongroise d'envergure n'est possible sur le Trentin. Le 14, des appareils austro-hongrois bombardent Venise, tuant une femme et blessant quatre civils. Le 15, face aux reculs importants de son armée en Galicie, Hötzendorf est obligé de ponctionner une forte partie des troupes du Trentin pour les acheminer au plus tôt sur le front russe...

A cette date, Cardona a considérablement renforcé le centre du front, car un déboulé austro-hongrois dans la plaine après la ville de Schio serait, dans l'état actuel de son armée, impossible à arrêter. Son premier objectif est de reconquérir les villes d'Arsiero et d'Asiago par des attaques locales. A partir du 17, les soldats italiens reprennent les positions perdues dans la vallée de l'Adige, ainsi que vers Arsiero. Les Italiens progressent dans le secteur du Mont-Novegno, au fond de la vallée de l'Astico et sur les pentes occidentales du Mont Cengio. Ils progressent tout autant dans les hautes vallées du Boite et de l'Ansiei. Le 27, par le plateau des Sept-Communes, ils reprennent la ville d'Asiago. Le 29 sur le mont San Michele les Austro-Hongrois lancent environ 6 000 bombes au chlore sur les lignes italiennes et tuent plusieurs centaines de soldats en quelques minutes. C'est la première fois que des gaz toxiques sont utilisés sur le front italien. Malgré cela, la menace austro-hongroise n'est plus, Venise est sauvée. A la fin du mois, les Italiens sont encore loin d'avoir repris tout le terrain perdu en mai...

Sur le Front Russe. Depuis plus d'un an, les armées russes reculent. Après une percée inespérée à l'automne 1914, elles se sont repliées. Au nord des marais du Pipret, les Allemands ont conquis toute la Pologne, la presque totalité des pays baltes (sauf Riga) et la Biélorussie. Au sud de ces marais, qui sont à eux seuls un obstacle presque infranchissable tant les pénétrer relève de l'exploit, les Russes ont cédé toute la Galicie et une partie de l'Ukraine aux armées austro-hongroises. Il est temps pour eux de se ressaisir...

En cette fin de printemps 1916, l'état-major impérial russe est dans l'obligation, comme cela a été décidé à Paris en décembre 1915, de lancer une offensive combinée avec celles des Alliés en France et en Italie. Elle était initialement prévue pour l'été, mais les évènements à l'ouest, surtout en Italie, obligent à l'avancer en juin. Pour assurer leur conquête de Verdun les Allemands ont dégarni le front russe, mais pas assez pour être inférieurs à leur ennemi. D'ailleurs, ils remportent une nette victoire sur les Russes lors de leur offensive autour du lac Narotch et ils encerclent toujours la grande ville de Dwinsk sur la route de Saint-Pétersbourg. Les Russes ne sont donc pas en état de reprendre l'offensive dans cette région. Par contre, au sud des marais du Pipret, les Austro-Hongrois ont ponctionné près de 150 000 soldats dans leurs effectifs à l'est pour mener l'offensive du Trentin dans le nord de l'Italie. Ils sont maintenant en nette infériorité en hommes face aux troupes russes, c'est donc là, que le général Alexeï Broussilov décide d'attaquer...

Depuis 3 mois, ce général, pas tout jeune puisqu'il a 63 ans, masse ses troupes sur un front de 300 kilomètres avec des éléments qui arrivent d'Asie centrale. Au regard des normes occidentales, cette largeur de front d'attaque est démesurée. Par rapport à la Russie, c'est quasi la norme. Mais ce sera aussi une erreur stratégique. Pour progresser sur un tel front, Broussilov n'a que 4 armées sous ses ordres et un surnombre d'à peine 132 000 soldats de plus que les Austro-Hongrois. En comparaison, à Verdun, sur un front de 50 kilomètres, Pétain et Falkenhayn ont chacun l'équivalent de deux grosses armées. En plus, c'est une illusion, car les Austro-Hongrois possèdent une artillerie bien supérieure en qualité et quantité, même si les artilleurs russes sont formés et équipés par les Français(7). Au départ, les ambitions de Broussilov ne sont pas démesurées, il compte tout au plus déborder son ennemi pour l'obliger à se dégager du Trentin pour sauver l'Italie et faire diminuer les attaques sur Verdun...

Le 4 juin, après une préparation d'artillerie de 2 000 canons, nombre dérisoire pour une telle longueur de front, les troupes russes se lancent à l'assaut. En moins de quelques heures, les troupes attaquées s'écroulent partout. Les Russes en sont les premiers surpris. Deux jours plus tard, Broussilov est obligé d'engager ses réserves pour pouvoir alimenter la percée. Au nord de l'attaque, la ville de Lutsk à plus de 50 kilomètres du point de départ est atteinte en moins de 10 jours. Au sud, entre la ville de Tarnopol et la frontière roumaine, l'avancée est encore plus spectaculaire, la ville de Czernowitz est prise le 17, puis largement dépassée et les premiers contreforts des Carpates sont atteints à la fin du mois. En moins de 15 jours, 100 000 Austro-Hongrois sont tués, blessés ou portés disparus. Finalement, c'est au centre du front, là où pourtant devait se situer la "grosse" poussée, que l'attaque progresse le moins...

Chez les Germano-Austro-Hongrois c'est la panique. Dans cette partie du front, les Empires du centre ont un état-major combiné. En théorie, il est placé sous de commandement du général Erich von Falkenhayn ; en pratique c'est le général allemand Alexander von Linsingen qui assure la conduite effective des opérations. Déjà, au sein de cet état-major, les relations empreintes d'animosité, vont vite devenir glaciales. Les Allemands reprochent aux officiers de la double monarchie leur amateurisme, tandis que les Austro-hongrois se plaignent du mépris des Allemands à leur égard. Malgré cela, une contre-attaque est préparée pour essayer de limiter l'avancée russe sur le nord du front. Lancée le 15 par le maréchal allemand Paul von Hindenburg, elle échoue piteusement. Elle sera reprise plus tard par le général allemand August von Mackensen avec guère plus de succès. Mais il parvient au moins à stabiliser, puis à fortifier le front à l'extrême nord de l'attaque. Les Russes n'avanceront plus dans ce secteur, et la grande ville de Kovel ne sera jamais libérée...

A la fin du mois, au sud, toute la Bukovine est prise avec une grande partie de la Galicie. Les Carpates ne sont plus très loin, en plus de Czernowitz les villes de Goura, Goumora, Straja, Kuty, Kimplung et Kolomea sont redevenues russes et la ville de Lemberg n'est plus qu'à 50 kilomètres. Mais déjà, l'attaque s'essouffle, car lancée sur un front trop large et dépassée par l'ampleur du recul austro-hongrois. Les Russes n'ont pas les moyens d'exploiter à fond leur victoire malgré un butin de 212 000 prisonniers en un mois...

Dans le Caucase comme en Turquie. Les Ottomans reçoivent des renforts des Empires-centraux et l'avance du grand-duc Nicolas est arrêtée. Les Russes doivent même évacuer Mamahatoum, sur la route d'Erzeroum à Erzindjean car les Turcs viennent de repasser à l'offensive...

Sur le Front du Moyen-Orient. Alors que les Britanniques ne sont toujours pas en mesure de reprendre l'offensive sur Bagdad à partir de Bassora, c'est sur la côte est de la péninsule que la guerre s'active. Le 1er juin, l'armée turque qui se trouve à la Mecque se déplace à Taëf, une ville située à 65 kilomètres au sud, pour accompagner le gouverneur de la province du Hedjaz. Il ne reste plus qu'un gros millier de soldats pour défendre La Mecque. Le 5, le chérif de La Mecque Hussein bin Ali, avec 5 000 partisans arabes, en profite pour attaquer les troupes turques restantes et leur commandant est sommé de se rendre, ce qu'il refuse. Dans l'attente, il proclame l'indépendance du Hedjaz(8). Le pays est petit, mais il est presque inexpugnable. Le 10, c'est le début de la grande révolte arabe fromentée depuis près d'un an entre les Britanniques, les Français et le shérif de La Mecque. Les quatre fils du chérif, Ali, Abdallah, Fayçal et Zayd dirigent la révolte à la tête de plusieurs troupes de farouches et insaisissables bédouins. Ils sont aidés par l'agent de liaison britannique Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie, mais aussi par le lieutenant-colonel français Édouard Brémond(9). La situation de La Mecque reste bloquée jusqu'à ce que le général Francis Reginald Wingate, commandant des opérations militaires de l'empire britannique au Soudan, envoie des tirailleurs égyptiens et de l'artillerie en traversant la mer Rouge. Finalement la garnison se rend et les principales autres villes du littoral sont rapidement prises, mais Médine, où réside une forte garnison turque, résiste. Lawrence se lie d'amitié avec Fayçal(10) et il lui conseille d'abandonner la prise de Médine où ses troupes ne sont pas équipées pour assurer un long siège. Il lui propose à la place de mener, avec ses Bédouins(11) parfaitement entrainés à cette forme de guerre, des actions de guérillas. Leurs premiers objectifs sont de perturber les approvisionnements turcs en coupant la ligne de chemin de fer à voie unique du Hedjaz qui relie Damas à Médine. Au final, ce sont bien ces multiples opérations qui vont donner les meilleurs résultats pour la gloire guerrière du monde arabe...

En Afrique Occidentale Française. Après avoir échappé au massacre de la mare d'Andéramboukane, le touareg rebelle Firhoun et quelques compagnons d'armes s'installent misérablement dans une région au nord-est de Ménaka. Le 25 juin, des touaregs ennemis du Hoggar tombent sur leur campement et les tuent. C'en en est fini de la révolte des Oullimindens. Sur leur lancée, et pour ne pas perdre la main, les soldats indigènes qui accompagnent les Français en profitent pour régler des comptes avec les autres tribus de touaregs dans les régions de Gao et de Tombouctou. Début juillet, toutes ces régions sont "nettoyées". Une amende d'une année d'impôt est exigée, mais il n'y a plus beaucoup de rescapés pour la payer...

En Afrique Orientale. Le 6 juin, un des régiments de la brigade sud de la Force publique du Congo belge, commandé par le lieutenant-colonel Frédérick Olsen, s'empare d'Usumbura à l'extrême nord du lac Tanganyika. Le 12, un hydravion belge repère l'ancien ferry Graf von Götzen dans le port de Kigoma sur le lac Tanganyika et l'attaque. Ce navire a été transformé en canonnière par le montage à son bord de deux des canons de 105 mm rescapés du Königsberg coulé depuis un an. Le bateau est sérieusement atteint au gaillard d'arrière par une des deux bombes larguées. Il est incapable de manœuvrer car sa gouverne a été endommagée et ses canons cessent immédiatement de tirer. Ce navire sera plus tard dépouillé de ses canons, ces derniers seront considérés comme plus utiles ailleurs...

Dans les Balkans. Pour répondre à l'entente officieuse entre la Grèce et les puissances centrales, les Alliés établissent le blocus des côtes grecques. Plus aucun navire hellénique ne peut sortir des ports ou y entrer. Le capitaine grec du port de Salonique est remplacé par un officier de la marine française. Le 1er juin, les Bulgares occupent la gare de Demir-Hissar en Macédoine grecque. En réplique, des brigades d'infanterie partent de Salonique et vont occuper la gare de Poroj qui est située entre Demir-Isar et le lac Doiran. Le 4, le général Maurice-Paul Sarrail proclame l'état de siège dans la zone de Salonique, ce qui lui permet de s'affranchir des autorités grecques de la ville. La préfecture, le port, les postes et la télégraphie sans fils sont occupés sans incident. Les Bulgares s'avancent vers les forts de Phea-Petra avec celui d'lndgenez. Une brigade bulgare franchit le Nestos puis s'avance lentement dans la direction de Cavala. Le 13, la flotte alliée bombarde la côte bulgare, et les fusiliers-marins du Saint-Louis avec ceux du Gaulois débarquent sur l'île grecque de Thasos. A partir du 14, de nombreuses canonnades et des raids aériens sont signalés autour du camp retranché de Salonique…

Mais il est temps de revenir à Barbentane. Pas de photos sur la première page de l'Écho ce mois-ci, ce sont de brefs comptes-rendus des fêtes de la Saint-Jean et des deux processions de la Fête-Dieu qui font la page de couverture du bulletin...

Sont notés les 4 noms des nouvelles prieures de Sainte-Marguerite. La quête pour la Jeanne d'Arc de Notre-Dame-de-Lumière a produit 75 francs. Le produit de la vente des insignes de la "Journée Serbe" du 25 juin s'élève à 108frs90, auquel il faut ajouter 50 frs du Comité de Secours...

Au martyrologe, sont inscrits Baptistin Broussier et Claude Cardelin, des Barbentanais. Mais aussi Jean-Joseph Cabassol, 28 ans, un Aixois, fils de l'ami du curé Guigues, décédé d'un accident de cheval...

Au livre d'Or, Jean-Auguste Issartel, soldat infirmier, a reçu à Souillac dans Lot, la Croix de Guerre pour avoir secouru un camarade blessé. Lui même meurtrit dans sa chair après cet acte de bravoure, il a continué à se porter au secours d'autres victimes. A Marseille, c'est le sergent Gilles Léontin, blessé au front et évacué dans cette ville, qui est cité à l'ordre de son régiment...

Jean Fontaine, François Veray, Louis Jullien, Louis Bertaud, Paul Chaix, Charles Coulomb et Henri Moucadeau sont cités dans la liste des blessés...

Les quatre discours funèbres pour Pierre Glénat, Louis Ayme, Lucien Chabert et Baptistin Broussier sont retranscrits…

Cinq Barbentanais tombent au champ d'honneur en juin 1916 :

· Pierre Glénat, né à Barbentane, 28 ans, marié, un enfant, employé de commerce, soldat de 2ème classe au 19ème régiment d'artillerie. Il meurt le 2 juin 1916, vers 9h00, à Ville-en-Selve dans la Marne après une chute de cheval où il se casse la colonne vertébrale. Un service funèbre est célébré sur place et il est ensuite enterré au cimetière de ce village. Un autre service funèbre est célébré en sa mémoire le 19 juin en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur le Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane ;

· Jules-Baptistin, dit Baptistin Broussier, né à Barbentane, 29 ans, marié, un enfant, ouvrier, soldat de 2ème classe au 142ème régiment d'infanterie. Il est blessé par 5 éclats d'obus dans la jambe gauche le 21 mai 1916 près de Saint-Dizier dans la Haute-Marne. Évacué, il rejoint le 23 mai l'hôpital Jules Ferry à Chambéry en Savoie. Par suite du tétanos, il meurt dans d'atroces souffrances le 12 juin en présence de sa femme, de sa mère et de son frère Louis. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le lundi 3 juillet en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur le Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane. Il repose maintenant dans l'ossuaire du vieux cimetière de Barbentane ;

· Jean-Marie Plumeau, né à Barbentane, 40 ans, célibataire, viticulteur, soldat de 2ème classe au 261ème régiment d'infanterie. Porté disparu, il a été, par un jugement rendu le 15 octobre 1920 à Tarascon, noté officiellement décédé face à l'ennemi le 27 juin 1916 à la ferme de Thiaumont dans la Meuse pendant la bataille de Verdun. Il est inscrit sur le Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église dans la section des disparus. Une plaque en sa mémoire a été déposé par sa famille à l'ossuaire de Douaumont. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane ;

· Théophile Malet(12), né à Cette (maintenant Sète) dans l'Hérault, 32 ans, soldat de 2ème classe dans le 1er régiment du génie. Il est tué le 25 juin 1916 à Chuignes dans la Somme. Il est transcrit à Barbentane car son père s'est remarié avec Marie Brunel. Il est le demi-frère de Pierre Brunel qui lui est décédé le 2 avril 1916 à Allan dans la Drôme. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le lundi 31 juillet en l'église de Barbentane. A Barbentane, il ne figure que sur le nécrologe de l'église. Il est inscrit sur le monument aux Morts de la Nécropole nationale Albert dans la Somme où il repose :

· Claude Cardelin, né à Barbentane, 19 ans, cultivateur, soldat de 2ème classe au 53ème régiment d'artillerie de campagne. Grièvement blessé à la tête par un éclat d'obus le 29 juin 1916 à Hangest-en-Santerre dans la Somme, il meurt à 6h00 du matin après avoir reçu les derniers sacrements par une sœur dite Leroy. Il est enterré surplace le lendemain. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 24 juillet en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur le Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Sa photo figure sur le Tableau d'Honneur en mairie de Barbentane. Il repose maintenant dans son caveau de famille au vieux cimetière du village.

Dans le courrier militaire, beaucoup de Barbentanais parlent de Verdun, mais la censure veille et la ville n'est pas vraiment citée. Tous parlent de bombardements incessants et de la dureté des combats en ce lieu. Jean-Marie Ginoux est heureux car ils ont abattu un Zeppelin ; Marius Martin a passé une après-midi avec un caporal et ils ont longuement parlé de notre belle Provence ; Marius Escalier a subi un bombardement d'une heure sans pertes ; Louis Fontaine est content d'avoir eu du beau temps, mais ça n'empêche pas les obus de tomber ; Claudius Raoulx va repartir au front après 10 jours de repos ; Claude Bertaud signale qu'il a fait 40 jours de tranchées et qu'il va retourner dans la "fournaise" ; Paul Mouret a subi un bombardement très dur de 20 minutes ; Achille Deurrieu à Meknès a formé, avec 6 autres soldats, un groupe d'études sociales et ils donnent des conférences ; Henri Boyer signale que le village de Froméréville dans la Meuse près de Verdun, où officiait l'abbé Hance alors à Barbentane, n'a pas trop souffert et l'abbé Bard a pu dire la messe dans l'église qui n'a qu'un seul vitrail cassé ; Louis Petit et Pierre Ayme, malgré les bombardements, ne se font pas de bile ; Pierre Mouret signale son arrivée en Belgique et, malgré un long voyage, considère que ça vaut mieux que d'être à Verdun ; Valentin Texier considère que l'Auvergne ressemble un peu à Barbentane, mais en plus froid ; Louis Ayme, un vieux de la Marne et de l'Yser, trouve que ces batailles étaient des "jeux" à côté de Verdun [ce n'est pas écrit, mais tout le laisse à penser, ndlr] ; Martial Rey soigne de "pauvres" Serbes à Corfou ; l'abbé Bard considère qu'il sort du "Trou de la mort" comme Jean Mouret ; Antoine Rossi envoie deux "jolies" [dixit] cartes d'églises dévastées ; dans les Balkans, Jean-Marie Joubert fait des étapes de 25 kilomètres la nuit car le jour il fait trop chaud pour marcher ; mais c'est Louis Ayme qui trouve la meilleure citation du mois car il se sent fier d'être Barbentanais et, à l'adresse des Allemands, il écrit "nous savons leur vendre nos choux en temps de paix(13), en temps de guerre nous savons aussi leur envoyer les 'trognons' sous la forme d'obus et autres choses"...

Suivent deux articles, l'un sur le prix du sacrifice, l'autre sur les Vacances.

Fait exceptionnel, il n'y a pas d'état religieux en ce tirage d'août 1916, donc aucun baptême, mariage et enterrement n'a été célébré...

Guy

Juin 1916 - Dans le Monde en Guerre...

Au 1er juin, les grandes flottes britanniques et allemandes, ni victorieuses, ni vaincues, rentrent dans leur port d'attache respectif pour soigner leurs plaies. Dans la Somme, les Britanniques et les Français se préparent pour l'offensive d'été. A Verdun, les Allemands croient toujours la percée possible, alors ils vont de nouveau engloutir des forces considérables pour prendre le fort de Vaux et s'approcher au plus près du fort de Souville, dernier gros rempart à 3 kilomètres avant la ville. En Italie, l'attaque austro-hongroise du Trentin vers Venise s'essouffle. En Russie, l'offensive russe, dite Broussilov, va bousculer tout le front sud sur 300 kilomètres et, dans l'est de la péninsule arabique, les quatre fils du chérif de la Mecque vont entreprendre une révolte arabe contre les Turcs, avec comme caution britannique le maintenant très célèbre Lawrence d'Arabie...

Dans le Monde Politique :

En France. Face à la situation catastrophique de Verdun, et devant les promesses répétées de victoires qui se traduisent toujours par des échecs, les groupes parlementaires réclament, et finissent par obtenir, par 401 voix pour et 120 contre, la réunion d'un comité secret sur la situation militaire. Jusqu'à cette date, les moyens d'information du gouvernement sur les opérations militaires sont incroyablement faibles. Les parlementaires ne peuvent aller sur le front qu'après avoir reçu l'autorisation des militaires. Tous les officiers supérieurs du Grand Quartier Général se considèrent bien au-dessus de la volonté du gouvernement. Ils se sentent investis d'une mission régalienne, celle donnée dans l'urgence en août 1914 par le gouvernement. Mais l'hécatombe de Verdun amène le peuple et ses représentants à agir. Le premier comité secret se réunit pendant 7 jours, du 16 au 22 juin à l'Assemblée nationale...

Une des entrées du fort de Vaux avant l'attaque

Le cuirassé britannique Hampshire avant qu'il ne saute sur une mine le 5 juin

Carte de l'offensive dite Broussilov qui commence le 4 juin 1916 en Russie du sud

Soldats allemands dans la Somme

Avion bombardier triplan allemand Gotha

Il porte notamment sur les responsabilités de la bataille de Verdun et sur celles de l'armée d'Orient. Tout en demandant le secret absolu aux élus mandatés, si les programmes militaires d'armement en cours sont facilement accessibles, il en est autrement des données stratégiques. Le général Joseph Joffre avec ses principaux adjoints ne veulent surtout pas que l'on juge ce qu'ils décident, et encore moins justifier leurs actions envers des civils, fussent-ils parlementaires. Finalement, ces réunions sont très décevantes car elles n'entament pas la volonté des militaires de faire ce qu'ils veulent (les PV de ces réunions ne seront connus qu'en 1968). A Paris, les Tchèques Tomáš Garrigue Masaryk, Edvard Beneš et le Slovaque Milan Stefánik fondent un Conseil national tchécoslovaque. Le 14, bien après les Allemands et les Britanniques, c'est l'instauration de l'heure d'été pour réaliser des économies d'éclairages...

En Grande-Bretagne. Le 5 juin, au nord-ouest des Orcades, le cuirassé de la Royal Navy Hampshire fait route vers l’Empire russe lorsqu’il heurte une mine allemande posée par le U-75 à deux kilomètres au large du cap de Marwick Head. A son bord, sont présents Horatio Herbert Kitchener, dit lord Kitchener, le ministre de la Guerre britannique, avec une grande partie de son état-major. Lord Kitchener, alors âgé de soixante-six ans, préfère couler avec le navire plutôt que de mourir glacé dans les eaux de la mer du Nord. Son corps ne sera jamais retrouvé. Des rumeurs affirmèrent que le pouvoir politique anglais s'était ainsi débarrassé d'un militaire populaire embarrassant. C'est le Premier ministre, Herbert Henry Asquith qui assure l'intérim. Peu après, Lloyd George le remplace au ministère de la Guerre et, à la fin de l'année, il devient Premier ministre de sa majesté, chose que Kitchener avait interdite jusque-là. Des bruits laissent entendre que Lloyd George aurait, par l'entremise de Scotland Yard, laissé filtrer aux services de renseignements allemands, via les Irlandais du Sinn Féin, le voyage de Lord Kitchener. Un livre blanc paraîtra en 1926 pour faire taire les ragots, mais sans vraiment y mettre fin...

En Allemagne. Le 4 juin, la marine allemande de haut bord est obligée d'admettre que, malgré ses communiqués de victoire, elle est en miettes ou presque. Il lui est difficile d'admettre qu'elle n'est plus en état de reprendre la mer pour une longue période, et la perte de plus de la moitié de ses gros navires donne, à sa victoire largement claironnée dans le pays, un arrière-goût de défaite. Le 8, harcelé par les conservateurs, le chancelier allemand prononce un nouveau discours pour convier les partis à l'union sacrée. Le 18, au Reichstag à Berlin, après avoir prononcé l'éloge funèbre du maréchal Colmar von der Goltz, dit Goltz Pacha, le général Helmut Johannes Ludwig von Moltke meurt d'une crise cardiaque à l'âge de 68 ans. Après le général Alfred von Schlieffen, il était devenu le théoricien de la guerre de 1914 qui prévoyait l'envahissement de la France en passant par la Belgique. Gravement malade depuis 1910, il est quand même à son poste au GQG du Kaiser pour le déclenchement de la Grande Guerre. C'est lui qui ordonne les massacres de civils en Belgique et en France. Rendu responsable de la défaite de la première bataille de la Marne, il est remplacé le 3 novembre 1914 par le général Erich von Falkenhayn. Le 20, toute la presse pangermanique avoue sa déception et son désarroi devant l'offensive foudroyante de Broussilov en Russie. Le 21, des troubles éclatent à Aix-la-Chapelle. Le bourgmestre de Leipzig engage ses concitoyens à subir en silence les privations. La Saxe proteste contre le régime des douanes intérieures qui contribue à l'affamer. Le 30, l'activiste pacifiste Karl Liebknecht, organisateur des manifs du 1er mai contre la guerre, est condamné à 30 mois de servitude pénale...

En Turquie. Le 30 juin, dans son rapport journalier au pays, le comte Franz von Wolff-Metternich, ambassadeur d’Allemagne à Constantinople, révèle la détermination du gouvernement turc à poursuivre la déportation et l’extermination des Arméniens, mais aussi des Grecs qui sont installés sur le pourtour de la mer Noire...

En Grèce. Le 7 juin, le gouvernement grec proteste auprès des Alliés contre la mise en état de siège du secteur de Salonique et du blocus de ses ports. La presse athénienne pro-germanique et de centre-droit se déchaîne contre les Franco-Britanniques. Le 10, pour répondre aux désirs des Alliés, le gouvernement démobilise douze classes de l'armée (classes de 1892 à 1903) et il en envoi neuf autres en congés illimités. Le 14, un simulacre d'attentat sur le roi est commis à Athènes. Il est vrai que les services secrets franco-britanniques ont essayé d'enlever Constantin Ier, mais pas de le tuer. Le 22, le monarque remplace le Premier Ministre pro-germanique Stéphanos Skouloúdis par le pro-allié Aléxandros Zaïmis, ancien président du Conseil. Le même jour, Zaïmis ordonne la démobilisation complète de l’armée pour éviter une guerre, perdue d'avance, sur le sol national. Le 26, le nouveau gouvernement donne l'ordre de surveiller les sous-marins allemands qui essaient de stationner sur le littoral...

En Italie. L'attaque surprise des Austro-Hongrois dans le Trentin sape le gouvernement. Le 11 juin, le Premier ministre Antonio Salandra est mis en minorité à la Chambre, contraignant son cabinet à démissionner. Le 14, le roi d'Italie charge Paolo Boselli, 78 ans et doyen de la Chambre, de former un ministère de "concentration nationale". Le 28, les ambassadeurs alliés présentent leurs félicitations au gouvernement italien pour les succès remportés par le général Luigi Cadorna dans le Trentin...

En Roumanie. Le 14 juin, un incident russo-roumain se produit à la frontière roumaine lors de l'offensive Broussilov. Il est aussitôt réglé. Lors d'une rencontre avec le comte Ottokar Czernin, ministre des affaires Étrangères de l'Autriche-Hongrie, le roi de Roumanie rentre précipitamment à Bucarest. Personne n'en connaît les raisons véritables. Mais l'effondrement de l'armée austro-hongroise à la frontière nord de la Roumanie laisse à penser qu'un accord austro-hongrois-roumain n'a plus de raison d'être...

Aux États-Unis. Le 17 juin, par la convention de Saint-Louis, le président en exercice, Thomas Woodrow Wilson, est proclamé candidat démocrate pour les présidentielles. Thomas Riley Marshall sera son vice-président. Son concurrent républicain est Charles Evans Hughes. Charles Warren Fairbanks est désigné comme son vice-président. Les élections se tiendront le 7 novembre 1916. Le 20, pour faire face aux menaces mexicaines, Wilson appelle 135 000 miliciens aux armes dans les États frontaliers du sud...

Dans la Péninsule Arabique. Le 5 juin, le chérif de la Mecque, Hussein ben Ali, proclame l'indépendance du Hedjaz et, par ce geste, il déclare la guerre aux Turcs. En arabe, Hedjaz signifie "barrière". Ce nom désigne l'ensemble de la zone formée par les montagnes qui sont parallèles au rivage de la mer Rouge et qui s'étendent du golfe d'Aqaba jusqu'à La Mecque...

En Chine. Le 4 juin, alors que la guerre civile générale menace, le président de la République Yuan Shikai meurt d'une hémorragie cérébrale à l'âge de 56 ans. Son vice-président, Li Yuanhong, lui succède et rétablit le régime constitutionnel de 1912. A cette date, la Chine est en proie à la plus totale des confusions. Au nord, le général Zhang Zuolin fait sécession en Mandchourie, et à Pékin c'est le commandant Duan Qirui qui est le maître des lieux. Dans le sud, c'est l'anarchie politique la plus complète...

Dans le Monde des Arts, des Lettres, des Sciences et du Sport. Le 8 juin, à Salo en Lombardie, le futur réalisateur italien Luigi Comencini voit le jour. Avec Alberto Lattuada et Mario Ferrari, ils fonderont la Cineteca Italiana où ils réuniront les premiers fonds d'archives du cinéma italien. Le 30, Gaston Maspero disparaît à l'âge de 70 ans. Ce fut l'un des plus célèbres égyptologues français auquel on doit de nombreuses découvertes capitales dans la vallée du Nil...

Sur le Front des Combats :

A Verdun. Le 1er jour du mois, près de 600 000 Français font toujours face à autant de soldats allemands. L'artillerie balaye jour et nuit, presque sans interruption, tous les champs de bataille. Se tenir debout hors des tranchées est suicidaire ; même pour les assauts, les hommes avancent donc au mieux courbés mais le plus souvent en rampant...

Le front local verdunois se divise maintenant en trois parties. Le front nord part d'Avocourt en Argonne, il englobe toute la rive gauche de la Meuse avec une partie de la rive droite jusqu'à la carrière d'Haudromont. Après les terribles offensives de mai, cette partie du front va rester relativement calme, si tant est que cela veuille encore dire quelque chose à Verdun. La partie de la rive droite qui va de la carrière d'Haudromont jusqu'à l'entrée est du tunnel de Tavannes va connaître l'enfer. Plus au sud, jusqu'aux Éparges, le front est calme et il va le rester...

Pour les Allemands, il est inconcevable qu'après tant d'efforts déployés, d'obus tirés et d'hommes tués, les Français résistent encore. Pour au moins deux excellentes raisons, le général Erich von Falkenhayn veut frapper un grand coup. Il veut en finir définitivement avec Verdun. D'abord, il sait que les Alliés préparent de grandes offensives en France et en Russie. En France, il suspecte une poussée en Artois ou au sud de l'Alsace, là où ses forces sont les plus faibles. En Russie, ses soupçons sont presque une certitude, ce sera dans le sud du pays. Il constate avec dépit que les Austro-Hongrois n'ont pas réussi leur offensive dans le Trentin et qu'il lui faut donc conclure rapidement à Verdun pour être prêt à reporter une partie de ses forces là où cela va devenir indispensable. Son objectif très ambitieux de février : percer et occuper la France, est grandement revu à la baisse. Dans le cas présent, la prise de la ville de Verdun lui suffirait amplement pour claironner victoire. A force d'étudier ses cartes, il constate qu'au nord du front, la ville est loin de ses premières lignes et que les obstacles naturels, forêts et étangs, sont encore très nombreux pour avancer facilement. Au sud, aux Éparges, c'est encore pire. Par contre, à l'ouest de Douaumont, la ville n'est qu'à 5 kilomètres. Mais il lui faudra conquérir de nombreux points de résistance comme le fort de Vaux, l'ouvrage de Thiaumont, l'ouvrage de Froideterre, le PC 119, le village puis la crête de Fleury et enfin le fort de Souville. Toutefois le terrain lui est favorable, puisqu'il domine les hauteurs et, de plus, c'est dans cette zone que ses gros canons capables de percer les plus grosses fortifications sont installés. C'est aussi là que sont stationnées 5 divisions prussiennes aguerries qui connaissent parfaitement le terrain et qui comptent de farouches combattants. C'est donc là qu'il va attaquer...

Les Français ne comprennent toujours pas l'entêtement allemand de vouloir à tout prix passer par Verdun. A ce sujet, le général Philippe Pétain écrit au début du mois "La logique eût alors voulu qu'il [Falkenhayn] desserrât progressivement son étreinte autour de Verdun pour rechercher, comme le faisait le haut commandement des Alliés, une autre zone d'action. Cependant il s'obstinait dans son plan : on tenait l'armée française et on ne la lâcherait pas". Il n'empêche, à l'obstination allemande, l'obstination française n'est pas moindre. Pas question que l'armée allemande prenne la ville, tout sera mis en œuvre pour faire obstacle à cette conquête...

Le fort de Vaux, le premier des écueils, est une grosse coquille vide ou presque. Comme tous les ouvrages du secteur, il est terriblement bombardé depuis février. Il est en piteux état, plus ou moins éventré. Comme pour tous les autres ouvrages, par manque de temps et de moyens, les Français ne l'ont pas vraiment réarmé. Il est situé à 2 600 mètres au sud-est du fort de Douaumont et il culmine sur un talus naturel à 350 mètres. Depuis le 24 mai, il est sous le commandement de Sylvain-Eugène Raynal, fantassin, socialiste de la première heure, ami de Jean Jaurès et fondateur de colonies de vacances. Gravement blessé en 1915, à peine remis, il se porte volontaire pour diriger la défense cette modeste forteresse. Six cent hommes occupent le fort, au lieu des 250 prévus pour l'ouvrage. Ses couloirs sont encombrés de soldats blessés qui se sont mis là, à l'abri. Ses citernes sont éventrées, sans stocks de munitions, sans nourriture, il ne possède même pas de gros canon. Ses ouvertures n'ont jamais été conçues pour résister aux lance-flammes, encore moins pour protéger les défenseurs des gaz. Malgré cela, il va résister pendant 8 jours dans des conditions dantesques...

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, le bombardement préliminaire à l'assaut est si intense devant le fort que les Français chargés de sa protection extérieure succombent tous dans les tranchées. Une compagnie envoyée pour les remplacer se fait, elle aussi, tailler en pièces. Sur le fort lui même, des obus de tous calibres, jusqu'au 420 mm, tombent à la cadence de 6 par minute. En moins de 24h 8 000 obus ont tout ravagé et un obus toxique tombe toutes les 5 secondes. Malgré les murs de sacs de sable posés devant les ouvertures pour empêcher les gaz de rentrer, toutes les embrasures du fort se désagrègent sous la pression du bombardement...

L'assaut lui-même démarre sur un front très réduit, 4 kilomètres tout au plus. De par les effets ravageurs des bombardements, les Allemands progressent facilement face au fort, un peu plus lentement sur les ailes. De Verdun, des renforts montent le plus rapidement possible pour contenir l'assaut. Mais les Allemands avancent vite et le soir les assaillants sont presque sur le versant est du fort. Dans la nuit, les renforts français qui se portent à son secours sont eux aussi laminés par les bombardements. Le 2, l'assaut est donné au village de Damloup, si quatre murs en ruines peuvent encore porter le nom de village. Il est rapidement investi et le fort est maintenant aussi attaqué sur son côté sud. Les premières redoutes extérieures sont rapidement démolies, les défenseurs sont tués jusqu'au dernier. Mais les assaillants, malgré plusieurs tentatives, n'arrivent pas à pénétrer dans le fort par les redoutes. Des pionniers allemands parviennent à investir les superstructures et investissent les toits. La manœuvre, préparée à l'avance, consiste, du toit, à descendre devant les ouvertures où les défenseurs ont positionné des mitrailleuses, des tuyaux coudés par lesquels ils tentent de brûler les servants avec leurs lance-flammes. Pour ingénieux que soit le système, il ne marche pas. Alors, de façon beaucoup plus simple, ils font descendre avec une corde des sacs de grenades qui explosent devant les mitrailleuses. Les armes sont démolies, les servants tués. D'autres, profitant des trous d'obus dans le toit de la forteresse, lancent directement des grenades par ces ouvertures béantes. Toute la journée, les défenseurs tentent vainement de joindre l'artillerie française pour lui demander de canarder le fort afin de faire fuir les assaillants. En début d'après-midi une contre-attaque française essaye de reprendre Damloup, en vain. Dans le fort, l'eau, déjà rationnée, commence à manquer. De plus, toute la poussière soulevée assèche les gorges, et les boîtes de singe, seule nourriture disponible, fait de même. Durant ces deux jours, l'artillerie française a été complètement absente, pire, les rares coups tirés ont souvent été trop courts, tuant plus de Français que d'Allemands. Le 3 au matin, Raynal envoie par pigeon voyageur une nouvelle demande pour que l'on tire sur le fort. Le volatile arrive mourant à Verdun et, comble de malchance, sans son message. Ce n'est que dans l'après-midi, lorsqu'un avion français survole le fort, que l'artillerie comprend la manœuvre à faire. Quelques minutes après, les obus français tombent sur le fort et font fuir les assaillants. La situation dans le fort tourne au carnage. Assaillants et assaillis rivalisent de bravoure, chaque mètre conquis l'est au prix de plusieurs morts. A l'extérieur il en va de même, tous les assauts français pour desserrer l'étreinte se soldent par des échecs. Mais tous les assauts allemands pour cerner complètement le fort aussi. Dès le début de l'après-midi, l'artillerie allemande laboure, et avec précision, l'extérieur du fort. Sont particulièrement visés les bois de Vaux-Chapitre, de la Vaux-Régnier et de la Montagne, les ouvrages de Souville et de Tavannes, la batterie de Damloup et ses abords...

Dans la nuit, une contre-attaque menée par les Français échoue une nouvelle fois. A part une étroite ravine filant vers l'ouest, le fort est maintenant quasi encerclé. Raynal écrit "Tout le monde cherche un peu de fraîcheur contre les dalles ou contre les murs. Hélas ! La pierre est chaude. Les yeux brillent de fièvre, et l'on n'a touché qu'un quart d'eau depuis vingt-quatre heures. L'air est affreusement lourd, j'ai l'impression de me remuer sous une pile d'édredons. Une poignée de braves continue de soutenir le moral aux barrages, mais la masse commence à faiblir. Enfiévrés, les hommes ne demandent qu'à boire et ne peuvent goûter aux aliments. L'air est empoisonné par la fumée des gaz, de la poudre et de la poussière ; la couche est telle, que les lampes s'éteignent et que les lampes électriques n'arrivent pas à percer sa profondeur à plus de 50 centimètres. Les hommes sont si faibles qu'à chaque instant plusieurs tombent en syncope. Les blessés, assez nombreux, ne peuvent être soignés, faute de médicaments". A 11h30, le dernier pigeon, prénommé Vaillant au numéro matricule 787.15, maintenu en vie de façon presque héroïque pour qu'il ne succombe pas avec les gaz, est sorti de sa cage. Raynal rédige son dernier message "Nous tenons toujours, mais nous subissons une attaque par les gaz et les fumées, très dangereuse. Il y a urgence à nous dégager. Faites nous donner de suite communication optique par Souville [le fort], qui ne répond pas à nos appels. C'est notre dernier pigeon". Lorsqu'il prend son envol, l'oiseau est désorienté et vient se reposer sur l'embrasure d'une meurtrière. Il est récupéré puis envoyé à nouveau, mais cette fois, son envol est salué par les mitrailleuses allemandes et il se dirige enfin en direction de Verdun. Quelques dizaines de minutes plus tard, il rejoint le pigeonnier militaire de la citadelle et expire. Il a accompli sa mission. Il recevra une bague d'honneur avec cette citation "Malgré des difficultés énormes résultant d'une intense fumée et d'émissions de gaz, a accompli la mission dont l'avait chargé le commandant Raynal. Unique moyen de communication de l'héroïque défenseur du fort de Vaux, a transmis les derniers renseignements qui aient été reçus de cet officier. Fortement intoxiqué est arrivé mourant au colombier"(1)...

Toute la journée les Allemands essayent de forcer les barrages devant les ouvertures, en vain. A 22h00, Raynal convoque tous les officiers encore valides pour faire le point. La situation est désespérée, la soif est le problème majeur et cela ne va pas s'arranger. Les hommes sont voués à s'affaiblir indéniablement, heure après heure. Raynal décide, à la faveur de l'obscurité, de tenter une sortie. Tous les hommes non indispensables au fort et mourant inutilement de soif, sont regroupés sous les ordres de l'aspirant Buffet...

Le 5 juin, à 1h30, Buffet sort le premier par la ravine ouest, aussitôt une pluie d'obus s'abat sur la troupe ; mais avec l'énergie du désespoir, les survivants, une centaine d'hommes, arrivent jusqu'aux lignes françaises. Buffet est aussitôt amené aux officiers supérieurs pour un rapport. Une contre-attaque est décidée pour le 6 dans la nuit. Après des heures de repos bien mérité, Buffet et le sergent Fretté, ayant lui aussi participé à l'évasion, se portent volontaires pour prévenir le fort de l'attaque à venir...

Durant toute la journée du 5, en l'absence quasi inexcusable de l'artillerie française, les Allemands renforcent leurs positions. Les poilus sont dépités ; quand enfin, les 75 tonnent, ils tirent trop court et fauchent une nouvelle fois les lignes françaises. Dans le fort, la lutte ne faiblit pas, bien au contraire. Les assaillants travaillent sur le côté ouest pour poser une mine qui ferait sauter la voute. A 21h45 puis à 23h00 Raynal envoie des messages par signaux optiques en direction du fort de Souville "Il faut que je sois dégagé ce soir et que du ravitaillement en eau me parvienne immédiatement. Je vais toucher au bout de mes forces. Les troupes, hommes et gradés, en toutes circonstances, ont fait leur devoir jusqu'au bout."...

Le 7 juin, à minuit passé, Buffet et Fretté partent de Tavannes et parviennent à regagner le fort de Vaux. Ils sont accueillis très chaleureusement par Raynal auquel ils transmettent leur message d'espoir. Mais c'est un message illusoire. En fait, rien n'est réellement fait par Nivelles, mais il ne peut pas faire grand-chose dans ces circonstances, pour venir en aide aux assiégés. Quelques centaines d'hommes sont rassemblés pour un assaut, sans préparation d'artillerie conséquente, ce qui les voue à une mort quasi certaine. Raynal le sait, Buffet, Fretté et les officiers assiégés aussi, mais ils se taisent, ils savent que ces soldats valeureux vont faire de leur mieux. Enfin il pleut, aussitôt tous les Poilus enfermés mettent des bâches devant les ouvertures du toit pour récupérer de l'eau bien que salie par la poussière et les gaz leur redonne le moral. A l'extérieur ce n'est guère mieux, le ravitaillement n'arrive plus depuis 48h, les hommes sont exténués par plusieurs jours de combats, ils souffrent aussi de la soif et maintenant ils pataugent dans la boue...

A 1h00, l'attaque qui doit dégager le fort, s'élance. Après un maigre succès initial, comme cela était prévisible, elle se fait tailler en pièces devant des défenses allemandes qui se sont encore renforcées la veille. Cela en est fini des assiégés. A l'intérieur du fort, les hommes assistent impuissants à la défaite. Dans les casemates ou à l'infirmerie, beaucoup commencent à boire leur urine. Dans la journée, Raynal lance son dernier message optique qui se termine par "Vive la France"...

A 3h00 du matin le 7 juin, Raynal décide d'envoyer un émissaire pour négocier la reddition du fort. C'est le sous-lieutenant Farges qui est désigné pour porter la nouvelle aux assaillants. Tâche pas facile, mais à force de gueuler à travers les sacs de sable, les Allemands comprennent le message et le lieutenant allemand Muller-Verner est amené auprès du commandant Raynal. Toutes les conditions étant acceptées et signées, dans un silence de mort les Français déposent les armes avec des larmes aux yeux. Les survivants valides se rangent sur les côtés de la grande allée centrale du fort et les fantassins du 39ème régiment d'infanterie prussienne s'avancent vers Raynal avec un officier à leur tête. L'évacuation se fait par la brèche nord-ouest. Au pied des pentes du fort de Vaux, la plaine marécageuse et les trous d'obus sont pleins d'une eau vaseuse. Qu'importe, tous les prisonniers s'en abreuve(2). A 10h00, tous les défenseurs immédiatement placés autour du fort de Vaux se rendent eux aussi...

Mais Nivelle ne s'avoue pas vaincu et il forme une nouvelle section d'assaut pour reprendre le fort. Tous les officiers qui l'entourent essayent de l'en dissuader au prétexte que ce seront de nouveaux morts, c'est peine perdue. De la rive gauche, on fait venir une brigade de zouaves et un régiment de Marocains. Il pleut à seaux toute la journée, trempées et fatiguées les troupes coloniales parviennent péniblement à se mettre en position pour l'heure de l'assaut. Dans la nuit du 8, dès que les zouaves commencent à avancer, les obus de 210 allemands font un carnage. En moins de 10 minutes, presque tous les officiers sont tués, et c'est sur ordre d'un sous-lieutenant blessé que la poignée d'hommes toujours vivants se replient sur leur base de départ. De leur côté, plus nombreux, les fantassins marocains parviennent à reprendre une tranchée aux Allemands et avancent jusqu'aux fossés du fort. Là, eux aussi se font décimer par les mitrailleuses installées sur les superstructures. En moins de deux heures, 95% des hommes sont morts. Nivelle paye cher dans le sang son envie de venger son "honneur" bafoué...

Maîtres du fort de Vaux, les Allemands reprennent l'offensive en direction du fort de Souville distant de 2,5 kilomètres. Dès 9h00 les obus pleuvent sur les troupes qui tiennent tout l'espace entre les deux bastions. Les ouvrages subalternes sont eux aussi durement pilonnés. Au prix de sacrifices insupportables à long terme, les Français tiennent bon, au moins pendant deux jours. Certains soldats deviennent fous, beaucoup d'hommes parlent de cet officier muni d'un peigne qui cherchait un brin d'herbe pour le coiffer. Les assauts allemands sont toujours repoussés dans un premier temps, mais les attaqués faiblissent et, petit à petit, les Allemands progressent...

Le 12 juin, en prélude à l'assaut devant l'ouvrage de Thiaumont, un violent bombardement dure toute la nuit(3). Jusqu'au 21 juin, tous les abords de l'ouvrage de Thiaumont, le bois Nawé, le bois Fumin, la tranchée d'Ypres, Fleury sont inlassablement bombardés. Pendant ces 9 jours, la confusion est telle que des éléments d'unités françaises, logiquement relevées, sont toujours sur place, dans l'incapacité de se mouvoir...

Le 21 juin à 15h00, l'assaut est donné, il ne peut être totalement contenu et, en de nombreux endroits, le front est percé. Mais l'avancée allemande n'est pas bien importante. Les Français résistent comme ils peuvent, en plusieurs points, ils préfèrent attaquer que de se rendre, ce qui génère des replis allemands. Le lendemain, une contre-attaque française, menée par des hommes épuisés, échoue logiquement. Ce même jour, l'armée française décide d'évacuer le tunnel de Tavannes. C'est un ancien tunnel ferroviaire de la ligne Verdun-Metz, il est à voie unique, long de 1 400 mètres et large de 5 mètres. Il sert à tout, entrepôt, infirmerie, caserne. Il est protégé sur sa partie sud par le fort du même nom. Après l'avoir copieusement miné, l'état-major français se tient prêt à le faire exploser si les Allemands arrivent jusqu'à son entrée est...

Dans la nuit du 22 au 23 juin, de nombreuses relèves françaises doivent se faire. Les Allemands le savent, alors ils arrosent tout le secteur avec des milliers d'obus au gaz. Le nuage est si dense que Verdun même est touché. Beaucoup d'hommes périssent dans d'atroces souffrances parce que leurs masques sont mal ajustés car, à peine trop serrés, ils s'étouffent en marchant et, à l'inverse ils succombent. Pour tous les combattants ce sera une nuit de cauchemar, une de plus…

A 7h30, 50 000 Allemands se ruent à l'assaut sur 6 kilomètres de front. L'ouvrage de Thiaumont, la côte de Froideterre, la poudrière de Fleury sont enlevés dans la matinée. Les Français sont partout débordés, ils résistent comme ils peuvent, mais la confusion est telle que plus personne n'est capable de coordonner une action défensive quelconque. On fait ce que l'on peut, là où l'on est, c'est tout…

Dans l'après-midi, le village de Fleury et l'ouvrage des 4 cheminées qui est à proximité, sont pris. Le front est à la limite de céder. Courageusement, une contre-attaque venue du nord brise l'élan des Allemands. Elle récupère 1 500 mètres de tranchées, surtout elle permet à d'autres éléments plus au sud de reprendre espoir et de repousser les assaillants. Les Allemands ne sont pas des surhommes, ils sont aussi fatigués que les Français, à la nuit tombée tout le secteur s'assoupit...

Nivelle et Pétain, conscients de la gravité de la situation, ne cessent de réclamer des renforts au Grand Quartier Général. Ils arrivent enfin. Et, dès le lendemain, plus de 40 000 hommes frais, transportés par tout ce qui peut rouler, arrivent à Verdun. Ils se portent immédiatement sur la nouvelle ligne de front qui part du fort de Froideterre jusqu'à l'entrée est du tunnel de Tavannes en passant par le fort de Souville. Une nouvelle fois, Verdun est momentanément sauvé. Accessoirement, le tunnel de Tavannes aussi. Plusieurs fois dans la journée, la tentation a été grande le faire sauter, mais à chaque fois l'état-major s'est ravisé...

Alors, jusqu'à la fin du mois, les Français revigorés, vont inlassablement reprendre l'initiative pour essayer de reconquérir au moins le village de Fleury. Malgré des milliers de morts, rien n'y fait. Le 30, l'ouvrage de Thiaumont et le village de Fleury sont toujours allemands…

Sur la rive gauche de la Meuse, les évènements sont beaucoup moins meurtriers. Jusqu'au 15 juin, il ne se passe rien en comparaison des furies guerrières autour du fort de Vaux. Le 15, dès l'aube, l'artillerie française bombarde le Mort-Homme. A 15h00 l'assaut est donné, le sommet rapidement conquis. Les Français essayent de poursuivre leur progression en prenant les deuxièmes lignes ; ils se heurtent à un mur. Pire, là comme sur la rive droite, les artilleurs français mal informés, bombardent les tranchées nouvellement conquises. A 2h, après un terrible bombardement, une contre-attaque violente tombe sur les Français qui ne reculent pas de la journée. Le soir, à 23h, les Allemands reprennent le sommet du Mort-Homme aux Français épuisés. Dans la nuit, une nouvelle attaque française avec des troupes fraîches reprend le sommet...

Comme sur la rive droite, dans la nuit du 22 au 23, un violent bombardement au gaz s'abat sur les positions d'artillerie françaises au bois Bourrus. Il fait de considérables dégâts. Dans la journée, tout en poursuivant le bombardement du bois Bourrus, des attaques sont menées par les Allemands sur la cote 304 et au Mort-Homme, sans résultats significatifs...

Poilu prenant son repas

Brancardiers à Verdun

Soldats allemands dans une tranchée avant l'assaut

Situation des différentes forces au Moyen-Orient en 1916

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho d’août 1916 qui relate les événements de juin et début juillet...

Soldats russes en Galicie

Bédouins du chérif de La Mecque

Ravitaillement du U-35 à Carthagène en Espagne

Carte de Verdun à la fin du mois de juin 1916

Renforts français en partance pour Verdun

Assaut français à Verdun

A Nouméa, soldats kanaks avant leur embarquement sur le Gange

En France, soldats russes à la distribution de casques

Prisonniers allemands à Verdun

Artillerie allemande à Verdun

Fusiliers-marins français sur l'île de Thasos dans la mer Égée

Convoi muletier de ravitaillement dans les Vosges

Dépôt de fils-de-fer barbelés en Argonne

En Champagne, aérostier français mettant en place un cerf-volant d'observation

L’Écho de Barbentane d’août 1916

(1) Une plaque commémorative en hommage aux pigeons Morts pour la France, et en particulier pour le dernier pigeon de Verdun, est maintenant posée au fort de Vaux.

(2) Avant d'être emmené à Mayence comme prisonnier, le commandant Sylvain-Eugène Raynal est conduit devant le Kronprinz, le prince héritier allemand. Celui-ci le reçoit avec une solennité dont l'officier est peu coutumier. Selon Raynal "le prince s'exprime avec facilité, dans un français assez pur", il félicite les Français pour leur "admirable" vaillance, il répète d'ailleurs ce mot plusieurs fois. Il remet à Raynal une copie du message par lequel Nivelle envoie ses félicitations aux défenseurs du fort. Il est désespéré de ne pouvoir rendre à Raynal son sabre de commandement et pour cause, celui-ci n'en a jamais eu, il n'a toujours possédé que son révolver et sa canne de blessé. Finalement, les Allemands parviennent à récupérer un sabre-épée d'officier français, et le prince, le lui remet en précisant "c'est le symbole de la valeur française".

(3) C'est durant le bombardement du matin du 12 juin qu'est situé l'épisode très controversé de la "Tranchée des baïonnettes". Dans l'enfer de Verdun, que des hommes soient ensevelis vivants, arme au poing, est malheureusement chose courante. Toutefois, un obus, comme une mine d'ailleurs, creuse un fossé, ne le comble pas. C'est en "pluie" que la terre retombe sur des centaines de mètres aux alentours, jamais assez drue ni compacte pour, en une seule fois, recouvrir une tranchée entière de plus de 2 mètres de profondeur. Par contre, ce qui était beaucoup plus courant, c'est que des cadavres appartenant aux mêmes unités, souvent en début de décomposition, soient amassés, puis enterrés par les combattants. Ils étaient ensuite repérés avec de vieilles baïonnettes qui traînaient pour guider ceux qui venaient enlever les corps. D'où une possible confusion par des "touristes" qui, deux ans après la guerre, visitent ces lieux de mémoire, car c'est vers 1920 que cette légende commence à naître.

(4) Lors de cette escale pour ravitaillement à Carthagène le 21 juin, le commandant du U-35, Lothar von Arnauld de La Perière (d'ascendance française), remet aux autorités de la ville une lettre du Kaiser Guillaume II pour le roi Alphonse XIII d'Espagne. Avec à son actif 194 navires coulés représentant 453 716 tonneaux, ce commandant est le plus grand destructeur de bateaux de tous les temps. Il remporte la plupart de ses victoires en surface, en Méditerranée. Il meurt à 55 ans dans un accident d'avion le 24 février 1941 au Bourget alors qu'en tant que vice-amiral de la Kriegsmarine il participait à des négociations secrètes avec le gouvernement de Vichy.

(5) Le Brussels sera rebaptisé Brugge par la marine allemande avec Berlin comme port d'attache. Il sert de bateau dépotoir dans le port de Zeebrugge. Il est torpillé par les Britanniques lors d'un raid aérien le 23 avril 1918, mais il ne coule pas. Il sera finalement sabordé par les allemands le 28 octobre 1918 lors de leur évacuation du port.

(6) En 1916, six sous-marins cargos sont en construction en Allemagne. Seuls le Deutschland et le Bremen seront utilisés à cette fin. En 1917, avec l'entrée en guerre des États-Unis, cette possibilité de traverser le blocus n'a plus lieu d'être et les sous-marins cargos, y compris le Deutschland, renommé alors U-155, seront transformés pour être réutilisés en croiseurs sous-marins. L'U-155 participera à trois campagnes et coulera 43 navires. Après la guerre, il sera pris par les Britanniques et, en décembre 1918, il sera exposé comme trophée de guerre. Démoli en 1921, son histoire se terminera tragiquement avec la mort de cinq ouvriers, tués dans une explosion lors de sa démolition. Pendant la deuxième guerre mondiale, l'idée des sous-marins cargos est réactivée, ils seront alors utilisés par les Allemands comme sous-marins ravitailleurs de sous-marins.

(7) S'il est incontestable que les Allemands et, dans une moindre mesure, les Austro-Hongrois sont les maîtres de l'artillerie pendant la première guerre mondiale, les Russes leur seront largement supérieurs, et de loin, durant la seconde guerre mondiale. Rien qu'au siège de Berlin, en avril 1945, les Russes aligneront sur 150 kilomètres de front plus de 42 000 pièces d'artillerie de calibres divers jusqu'aux lance-roquettes Katioucha, sans compter les 6 200 canons de 85 mm de leurs redoutables chars T34.

(8) Le 3 octobre 1924, Hussein ben Ali, le chérif de La Mecque vieillissant, confia le royaume du Hedjaz à l'autorité de son fils, Ali ben Hussein. A partir de cette date, les hommes d'Abdelaziz Ibn Saoud, qui contrôlent le plateau du Nejd au centre de la péninsule arabique, commencent la conquête de cette région. En décembre 1925, vaincu, Ali ben Hussein doit alors s'exiler chez son frère Fayçal en Irak. En 1932, cette annexion par la force permet la création du royaume saoudien, l'Arabie Saoudite, tel qu'on le connaît maintenant.

(9) La gloire de Lawrence n'empêcha pas le lieutenant-colonel Édouard Brémond, chef de la mission française au Hedjaz, de contester ses mérites. Cet officier le qualifie "d'indiscipliné et insolent" constamment en "tenue négligée". Il affirme qu'il "parle un arabe plus qu'approximatif" qu'il "dilapide le trésor de Sa Majesté pour soudoyer les tribus", qu'il "méprise les Arabes" et, qu'au final, il "est viscéralement francophobe et que nombre des exploits qu'il relate sont surestimés". Même si son rôle est maintenant occulté, Édouard Brémond participa lui-aussi et de façon très active aux diverses guérillas menées par les Bédouins dans le nord du Hedjaz. Il permit ainsi à la France d'être présente dans l'émancipation arabe et elle aura un mandat en 1921 de la Société des Nations pour superviser le Liban et la Syrie.

(10) Après la Grande Guerre, afin de respecter leur promesse, les Britanniques donnent le contrôle des territoires situés à l'est du Jourdain, la future Transjordanie qui deviendra en 1950 la Jordanie, à l'émir Abdallah, un des fils d'Hussein. Son autre fils, Fayçal ben Hussein, devient roi d'Irak, nouveau nom de la Mésopotamie, en 1921. Tous deux fondent la dynastie des Hachémites.

(11) Il est très difficile de savoir combien de Bédouins participèrent à la révolte arabe. On sait que le chérif de la Mecque revendique 3 armées en juin 1916, mais elles étaient loin d'être au niveau des effectifs, d'entraînement et d'équipement des armées européennes conventionnelles. Par contre, en juin 1916, il y a au moins 300 000 arabes qui combattent sous l'uniforme turc. D'ailleurs, beaucoup d'entre eux déserteront rapidement après les premiers combats contre les Bédouins, affaiblissant d'autant l'armée turque dans la région. Les Bédouins du chérif de la Mecque étaient extrêmement mobiles. La vraie gloire de Lawrence est d'avoir su utiliser au mieux cette mobilité pour porter des coups fatals à l'armée turque beaucoup plus statique.

(12) Pour Théophile Malet, si le nom de son père s'écrit bien Mallet avec deux "l", c'est le seul. Ses ascendants s'écrivaient avec un seul "l" et son fils aussi. Je n'ai pas retrouvé de famille à Théophile Malet.

(13) Jusqu'en 1959 et l'ouverture du Marché d'Intérêt National de Châteaurenard, le marché aux choux de Barbentane était réputé dans toute la Provence.

Convoi de ravitaillement en Grèce

A Hong-Kong, volontaires chinois en partance pour la Grande-Bretagne

Lawrence d'Arabie sur sa moto

A Paris, quête pour la Journée serbe le 25 juin 1916

A Verdun, tranchée française

Fossé du fort de Vaux avant l'attaque

Près de Florina en Macédoine, manœuvre d'un canon par des légionnaires

Poste de guet français dans les Vosges (Autochrome)

A l'intérieur du fort de Vaux au début juin 1916

Intérieur d'un sous-marin allemand

Pour eux, la guerre est finie

Sous-marin britannique E-5

Quelle folie la guerre !

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Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections, traducteurs et autres…

Guy

A Verdun, près de l'entrée est du souterrain de Tavannes

Le général russe Alexeï Broussilov dans son bureau

A Verdun, l'abri des 4 cheminées

Compagnie de transport sur La Route, au départ de Bar-le-Duc dans la Meuse

Soldats russes à Mailly-le-Camp dans l'Aube

Prisonniers bulgares dans un camp à Nîmes

Dans la Somme, soldats australiens à la corvée d'eau

Soldats russes en Turquie

Soignants et soignés à l'hôpital de Breuillet en Charente-Maritime

La Harazée dans la Marne, cagnas allemands

Par manque de place, j’ai mis en entier l’Écho d'août 1916

sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter

Des chasseurs-alpins quittent Corfou pour rentrer en France