BARBENTANE en mai 1916 |
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Pour les sous-marins austro-hongrois et allemands, le passage du barrage est "énervant", mais pas vraiment un gros obstacle. Soit ils passent sans rencontrer de harenguiers, soit ces derniers ne sont pas de taille à les inquiéter. En tout cas, ils sont obligés de naviguer en profondeur, donc à faible vitesse, ce qui épuise leurs batteries. Quant à la flotte de haute-mer austro-hongroise, elle ne viendra jamais défier le barrage pendant toute l'année 1916 et laissera tranquille tous les navires, et ils sont très nombreux, qui passent au large de la Sicile... Le 4, le sous-marin de haute-mer français Bernoulli torpille le contre-torpilleur austro-hongrois Czepel dans l'Adriatique. Ce dernier, son arrière arraché, doit être remorqué à Cattaro pour effectuer des réparations. Le 9, l'Archimède, un autre sous-marin de haute-mer français; torpille le vapeur Dubrovnik près de Lesina dans la mer Adriatique. Le 13, l'U-6 se prend dans un filet au barrage d'Otrante ; obligé de faire surface, il est repéré et coulé au canon par le harenguier de garde. Le 15 à 16h45, le vapeur français Mira qui transporte 3 436 tonnes de charbon et effectue une traversée Bizerte-Corfou, est attaqué par un sous-marin au cap Passaro, au large de la Sicile. L'U-34 applique les nouvelles consignes de Kaiserliche Marine ; il fait surface, se fait reconnaître et somme le cargo de se rendre. Le Mira refuse et riposte vaillamment aux 120 coups des deux canons de 100 mm du submersible qui reste prudemment hors de portée de son minuscule canon de 47 mm installé à l'arrière. La bataille dure plus d'une heure trente cinq, mais aucun des 200 obus du Mira ne fait mouche. Finalement, comme il a épuisé toutes ses munitions, il se rend, et le vapeur sera coulé d'une torpille. Le 20 mai à 4h30 au large de Cette (Sète), l'U-34 applique la même procédure avec le vapeur Languedoc qui, chargé de 114 tonnes de céramique et 30 tonnes de savon, bougies et liqueur, fait route vers Bône en Algérie. Comme le Mira, le Languedoc résiste lui aussi. Il aura moins de chance, car plusieurs obus du sous-marin font mouche, tuant un matelot et en blessant plusieurs. Le Languedoc se rend à 7h00 et l'U-34 cesse aussitôt le feu, ce qui permet à l'équipage de quitter le navire. Des sous-mariniers dans un youyou vont alors accoster le vapeur pour prendre montres, sextants et vivres. Ils placent deux bombes dans la cale. Elles explosent à 8h46 et coulent le navire(10). A l'autre bout du monde, le 26, le cuirassé russe Péresviet s'échoue devant Vladivostok. Le 28, un gros vapeur austro-hongrois est torpillé dans le port de Trieste par la marine italienne... A partir du 30, au large de la presqu'île danoise du Jutland, se déroule une des batailles maritimes les plus complexes de l'histoire. Depuis 1914, à part quelques escarmouches à Heligoland et la destruction par la flotte britannique des raiders de l'escadre Maximilian von Spee dans les mers du sud, les grandes flottes britanniques et allemandes, qui se craignent et se respectent, ne se sont jamais affrontées. La grande flotte britannique (Grand Fleet) a l'avantage du nombre, 33 navires de hauts-bords contre 18 pour la grande flotte allemande (Hochseeflotte). En tonnage c'est du simple au double, 151 000 tonnes britanniques contre 61 000 allemandes. Les navires britanniques sont en moyenne plus anciens, moins blindés, moins modernes, avec des officiers supérieurs de la vieille école, et surtout leurs nouvelles munitions, faites de cordite, les fragilisent(11). Les navires allemands sont plus récents, donc plus modernes, plus blindés tout en étant aussi rapides, et leurs officiers plus capables d'utiliser cette modernité pour combattre. Grave lacune, et malgré la connaissance du problème, les Britanniques n'améliorent pas leurs systèmes de transmission entre les navires lors des combats, ni même avec l'Amirauté, c'est est une faute lourde qui va être cruellement sanctionnée. Par contre, depuis septembre 1914, ils connaissent le code de la marine allemande et peuvent, même si ce n'est pas vraiment simple ni rapide, le déchiffrer, et ça, les Allemands ne le savent pas... Le 28 mai, un ordre, déchiffré par les Britanniques, ordonne à tous les navires allemands d'être prêts à prendre la mer le 30. La flotte britannique se compose de deux escadres impressionnantes, la plus "légère" est celle de l'amiral David Beatty âgé de 45 ans, l'autre plus "lourde" est commandée par l'amiral John Jellicoe de 12 ans son aîné. La flotte allemande est aussi composée de deux escadres, la plus légère est celle de l'amiral Franz von Hipper de 53 ans, la plus lourde celle de l'amiral Reinhard Scheer qui est exactement du même âge... De façon théorique, depuis que des canons sont montés sur les navires, les batailles navales sont toutes les mêmes. L'idéal pour tout capitaine de vaisseau militaire est de pouvoir utiliser tous ses canons en même temps quand l'adversaire ne le peut pas !!! Les marins disent barrer le "T", dans le sens où il faut être en travers de la route de son assaillant pour lui barrer le chemin. Là, on peut utiliser toute son artillerie quand son assaillant ne peut, dans le meilleur des cas, utiliser que ses canons de proue, à l'avant du navire. Mais dans la pratique, depuis 400 ans, les batailles navales sont d'immenses mêlées, toujours confuses, où tout le monde se tire dessus dès que les bateaux sont à portés de canon... En prélude à la bataille du Jutland, une douzaine de sous-marins allemands se postent devant les ports britanniques avec pour mission de couler tout ce qui peut l'être et de renseigner la grande flotte allemande(12). Le 30, Hipper qui doit servir d'appât avec ses croiseurs, sort du grand champ de mines qui protègent les ports allemands de la mer du Nord. Correctement informé, Beatty est déjà parti depuis le matin avec son escadre de croiseurs. Le 31, tous les navires sont à la mer, 250 au total avec plus de 100 000 marins à leur bord. A 14h20, malgré les renseignements que l'Amirauté a fournis à Beatty, les deux escadres de croiseurs se rencontrent un peu par hasard. A ce moment là, Beatty remonte vers le nord à la poursuite d'Hipper. A 15h30, Hipper, dont c'est le rôle assigné, infléchit alors sa route du nord vers le sud pour amener l'escadre de Beatty sur les grands navires de Scheer qui le suit. Beatty se lance à sa poursuite en invitant par signaux tous ses navires pour qu'ils en fassent autant. Près de la moitié de ses navires n'aperçoivent pas les ordres, ils restent en retrait. Les deux flottes naviguent alors en parallèle et commencent à se canarder à 14 kilomètres de distance. L'ordre est simple de part et d'autre, à chacun son navire. Les Allemands, avantagés par leur système de tir qui utilise le système métrique, sont les plus rapides à toucher leurs cibles et les pertes britanniques commencent à compter. Mais des renforts britanniques arrivent sous la forme de quatre super-cuirassés qui mettent à mal les croiseurs de Hipper. Ces derniers ne peuvent même pas répliquer car les cuirassés sont hors de portés de leurs canons. A 16h25, une formidable explosion couvre toute la canonnade et fige le sang de tous les matelots, c'est le croiseur Queen Mary, touché par une salve directe du croiseur Derfflinger qui est victime de l'explosion de son magasin de poudre. A la vue du désastre, Beatty émet ce commentaire maintenant passé à la postérité "On dirait que quelque chose ne va pas aujourd'hui avec nos maudits vaisseaux". A 16h30, Scheer arrive sur le champ de bataille avec tous ses super-cuirassés, la mêlée n'en est que plus confuse. A 16h45, Beatty rompt le combat et, comme Hipper une heure avant, essaye de jouer le rôle d'appât en remontant vers le nord pour que les navires allemands le suivent et se heurtent enfin aux super-cuirassées de Jellicoe qui, pense-t-il, descend vers lui. Une nouvelle fois, les signaux pour la retraite sont mal transmis et une partie des navires engagés restent sur place un moment, subissant une pluie d'obus allemands avant de fuir eux aussi de leur propre initiative. Pire, Jellicoe est bien informé de la grande bataille en cours, mais il ne sait pas vraiment où elle se déroule. A 17h30, enfin les navires de Jellicoe voient venir vers eux les navires de Beatty. A cet instant, le plus surpris de tous est Scheer qui ne savait même pas que les super-cuirassés de Jellicoe avaient pris la mer. Maintenant l'ensemble des navires des deux grandes flottes se font face, et tous, les petits comme les grands, se mettent en ordre de bataille pour la lutte finale. A 18h00, c'est la curée. Les Allemands sont au départ avantagés par la portée supérieure de leurs canons, et une nouvelle fois les Britanniques sont handicapés par leurs mauvaises transmissions et leur système de visée archaïque. A 18h30, après des manœuvres compliquées, Jellicoe arrive enfin à barrer le "T" et ses navires commencent avec méthode leur travail de destruction de la grande flotte allemande. Scheer, se rendant vite compte qu'il n'est pas de taille, ordonne la retraite en profitant de la brume et de la fumée. A 19h17, la nuit arrive à peine et les ennemis poursuivent un chemin parallèle vers le sud. Les Allemands sont à l'ouest, les Britanniques à l'est. Jellicoe, conscient de sa supériorité, s'apprête à reprendre le combat avec toute la puissance de ses super-cuirassés. Alors Scheer tente une des manœuvres les plus audacieuses de toute la guerre. Il demande à ses navires de foncer plein est, droit sur l'ennemi, pour passer à travers et tenter de s'échapper avec le moins de pertes possible. Il note d'ailleurs dans ses mémoires "La manœuvre devait surprendre l'ennemi et bouleverser ses plans et, si les choses allaient vraiment mal, elle faciliterait la fuite la nuit tombée". L'audace paye. En partie masquée par la nuit, la brume, la fumée des navires et celle de la canonnade, la grande flotte allemande traverse la grande flotte britannique figée par la manœuvre. Une fois passé, conscient d'avoir échappé à la destruction complète de ses navires, Scheer fait route vers le sud au maximum de ses chaudières pour aller se mettre à l'abri dans les immenses champs de mines qui protègent les ports allemands. A 20h24, la grande bataille du jour est finie. En filant vers le sud, Jellicoe garde espoir de reprendre la bataille le lendemain, mais il ne sait toujours pas avec précision où sont passés les navires allemands. A partir de 22h, les croiseurs allemands restés en protection de la grande flotte rencontrent les Britanniques lancés à leur poursuite. La lutte est aussi confuse que celle de la journée. A 2h10, ce sont les destroyers qui prennent le relais et de nombreux navires sont coulés ou à moitié détruits. A 4h15 la bataille est définitivement terminée... Incontestables vainqueurs tactiques, les Allemands sont loin d'avoir atteint l'objectif stratégique assigné. Ils devaient détruire, par des engagements successifs, assez de vaisseaux britanniques pour équilibrer leur puissance navale. Effectivement, les pertes britanniques sont supérieures avec 15 vaisseaux d'importance détruits pour seulement 7(13). Malgré cela, la puissance navale britannique lui est encore largement supérieure. En plus, c'est la manœuvre très hardie de Scheer qui l'a sauvée. Elle aurait pu, elle aurait dû, être la grande perdante de la journée. D'ailleurs, les amiraux allemands ne s'y trompent pas. Et même si leur communiqué de victoire lancé au matin du 1er juin fait la joie du peuple allemand, dans les états-majors et sur les ponts des navires on sèche avec de nombreux mouchoirs les sueurs des peurs rétrospectives de la veille... L'Amirauté britannique quant à elle met deux jours pour réagir. D'ailleurs, son communiqué de victoire est si alambiqué, que pour les peuples britanniques et alliés ce sont bien les Allemands les vainqueurs. Pire, une controverse Jellicoe-Beatty s'allume, elle mettra plus de 30 ans avant de s'éteindre. Les partisans de Jellicoe reprochent à Beatty son manque de précision quant à la localisation des bateaux ennemis et son insouciance dans la bataille, les autres répliquent que Jellicoe n'a pas su vraiment exploiter le déchiffrage du code allemand. Pire, comme Jellicoe est le grand patron de la flotte, il est accusé de l'avoir affaiblie en ayant négligé la sécurité des bateaux avec l'emploi de la cordite de façon inconséquente. On lui reproche également la piètre qualité des obus britanniques et l'insuffisance de préparation des artilleurs entraînés à tirer depuis longtemps à 7 kilomètres alors que la grande bataille s'est déroulée à près de 14 kilomètres de distance, soit le double... Sur le fond, personne n'a gagné, les deux marines de haut-bords ont perdu. L'allemande, bien contente de s'en être sortie vivante, soigne ses nombreuses plaies et va rester bien à l'abri dans ses ports militaires tout le reste de la guerre. La britannique se rend compte par les faits qu'elle possède une immense flotte de guerre encore plus fragile qu'une flottille de pêche en contreplaquée... Du coup, les Allemands abandonnent leurs grands bateaux qui commencent à rouiller en tirant sur leurs chaînes et ils mettent en chantier de nouveaux sous-marins, dits transocéaniques, capables d'atteindre les côtes US. Déjà, sont en chantier des sous-marins cargos capables de traverser l'Atlantique, ils seront vite transformés en sous-marins d'attaques et ils seront mortels contre les navires marchands. D'ailleurs, en reprenant la guerre sous-marine à outrance en février 1917, ils vont plonger les USA dans la guerre et par là-même signer une partie de leur défaite. A leur échelle, les 16h00 de la bataille du Jutland sont une petite guerre de tranchée aux conséquences mondiales...
Sur le Front Italien. Pour le mois, à part les inévitables duels d'artillerie, le front de l'Isonzo est devenu très calme. C'est dans les montagnes alpines que vont se dérouler les batailles de mai... Depuis deux mois, le général austro-hongrois Franz Conrad von Hötzendorf prépare une offensive qui, dit-il, va lui permettre de traverser l'Italie de Trente à Venise et d'isoler ainsi l'armée italienne qui campe sur l'Isonzo, du reste du pays. Il nomme cette offensive "Strafexpedition" (expédition punitive) et il amasse des forces non négligeables pour la réussir. Pour lui, ses 250 000 soldats et ses 2 000 pièces d'artillerie ne devraient faire qu'une bouchée des 125 000 Italiens et de leurs 800 pièces d'artillerie. Au matin du 15 mai, après une préparation d'artillerie qui dure 4 heures, l'infanterie austro-hongroise déborde les défenses italiennes prises complètement par surprise. Conjointement, des avions austro-hongrois bombardent Mestre et Venise. En trois jours, les Austro-Hongrois occupent tout le plateau d'Asiago. La route de Venise est ouverte. Mais les Alpes ne sont pas un terrain facile. Une fois le plateau occupé, la progression se ralentit considérablement et les difficultés d'approvisionnement surgissent. Surtout, l'artillerie n'arrive pas à suivre. Réagissant promptement, le général Luigi Cadorna, transfère rapidement des unités en réserves près de l'Isonzo sur le font alpin. Dans le même temps, il supplie le général russe Alexeï Broussilov de lancer préventivement son offensive d'été en Galicie. Ce dernier répondra à sa demande en avançant d'une dizaine de jours son offensive du sud et, le 4 juin, l'armée russe percera sur un front de 300 kilomètres entre les marais du Pripet et la frontière roumaine, dans l'ouest ukrainien... La percée austro-hongroise sur le Trentin est définitivement arrêtée, elle va se transformer, comme partout ailleurs dans l'est européen, par une guerre de tranchées. A noter que c'est la seule offensive de tout le conflit menée exclusivement par les forces austro-hongroises…
Sur le Front de l'Est. En ce mois de mai c'est toujours la débâcle entrecoupée de périodes de froid. De ce fait, le front nord est calme. Comme à Verdun, Dvinsk, la place forte russe sur la route des Allemands pour atteindre Saint-Pétersbourg, est toujours durement assiégée. Après l'offensive russe du lac Narotch, qui est un échec complet, les Allemands, par petites touches, reprennent tout le terrain perdu dans cette zone... Dans le sud, en Ukraine, le général Alexeï Broussilov prépare son offensive d'été. Selon les plans des Alliés, trois offensives d'importance et conjointes doivent avoir lieu en juillet. Sur la Somme en France, sur l'Isonzo en Italie et sur le front russe. Les attaques de printemps des Empires centraux bousculent ce rêve d'idéal. Cela n'empêche pas le général russe de préparer son offensive avec beaucoup de méthode. Pour mener leur attaque sur le Trentin, les forces austro-hongroises ont sérieusement limités leur présence en Galicie. Plus au nord, les Allemands ont fait de même pour attaquer à Verdun. Pour Broussilov, ils ne peuvent pas attaquer pendant l'été. Donc, c'est avec une relative sérénité qu'il choisit d'attaquer en Galicie, au sud des marais du Pipret. D'autant plus que dans ce secteur, il possède une nette supériorité numérique, et que les troupes qui lui font face sont de moindre valeur que les allemandes au nord de l'Empire, près de la Baltique...
En Turquie. Après leurs conquêtes d'avril, les Russes prennent la ville de Tercan au centre du pays et avancent le long de la mer Noire. Ils poursuivent leur progression jusqu'aux abords d'Erzincan, puis ils marquent le pas. Ayant complètement achevé leur transfert d'ouest en est, les forces turques se massifient à Erzincan au contact des forces ennemies et parviennent à contenir l'invasion du pays. Là aussi, on est revenu à la guerre de tranchées...
En Perse. Les Russes progressent toujours vers le sud. Le 12 mai, ils occupent la ville de Kermanshah abandonnée par les Turcs à 160 kilomètres à l'est de Bagdad et ils récupèrent une grosse quantité de munitions. Le 14, ils résistent sans trop de difficultés à une offensive turque lancée pour récupérer la ville. Le 23, un détachement de cosaques et un détachement britannique se rencontrent en Mésopotamie...
Dans les Balkans. Avec le printemps, les escarmouches entre les troupes encerclées et les troupes des Empires centraux qui cernent Salonique se multiplient. Le 3, un fort contingent français quitte le camp retranché et, sans rencontrer de résistance, va établir un nouveau camp près de Florina à l'ouest du pays. A 2h dans la nuit du 5 mai, le Zeppelin LZ 85 arrive de Bulgarie pour réaliser son 3ème raid sur Salonique. Deux pilotes de l'escadrille V90 décollent aussitôt pour l'intercepter. Le ciel, déjà illuminé par les projecteurs à terre, s'éclaircit encore plus, car toute la flotte de guerre dans la rade allume, elle aussi, ses projecteurs. Tous les canons anti-aériens, à terre comme ceux montés sur les navires, commencent à tonner. Les deux avions qui s'approchent du Zeppelin sont complètement aveuglés et l'un d'eux est touché par la DCA. Finalement le Zeppelin est touché par un obus et s'abat en flammes dans les marécages du Vardar. Au petit matin, une expédition est lancée pour récupérer l'équipage avec l'étendard du Zeppelin. Une fois récupéré, ils seront fièrement exhibés comme des trophées et tous les canonniers, fantassins ou marins, revendiqueront bruyamment et avec force libations cette victoire. Le 15, un nouveau raid aérien va bombarder les campements bulgares à Guevgheli et, le lendemain, c'est l'artillerie allemande qui bombarde le camp retranché. Le 17, ce sont des avions britanniques qui bombardent Porto-Lagos, en Bulgarie. Le 27, la canonnade devient générale autour du camp retranché, spécialement entre Doiran et Guevgueli. Le 29, quand les Bulgares occupent le fort Rupel, toutes les forces installées dans le camp retranché de Salonique se mettent en ordre de bataille...
Au Moyen-Orient, le 20 mai les Britanniques bombardent par mer et par air le fort turc d'El Arych, une ville située sur la Méditerranée à mi-chemin entre Le Caire et Jérusalem…
En Afrique Orientale Allemande. Depuis juillet 1915, le général Jan Smuts a l'ordre de coordonner les troupes britanniques avec celles venues du Congo-belge, puis de reprendre l'Afrique orientale aux Allemands. Cette nouvelle force coalisée, appelée "La Force Publique", est divisée en deux colonnes : La Brigade-nord et la Brigade-sud. La Brigade-nord, commandée par le général britannique Charles Tombeur, masse ses forces entre les lac Édouard et Tanganyika. Elle s'ébranle le 8 avril, mais limite ses actions à des patrouilles frontalières. Le 8 mai, elle investit Kigali, maintenant au Rwanda, puis marche en direction de Biharamulo, ville située près de la pointe sud du lac Victoria qu'elle atteindra le 24 juin. La Brigade-sud, commandée par le lieutenant-colonel Frédérick Olsen, est positionnée entre les lacs Tanganyika et Kivu. Le 6, elle libère l'île Idjwi et, le 19, elle atteint la ville de Nyanza. Puis elle se déploie sur toute la frontière le long de la rivière Ruzizi pour se diriger ensuite vers la ville d'Usumbura qu'elle atteindra le 6 juin...
En Afrique Noire Centrale. Ali Dinar, le sultan du Darfour, qui mène une politique panislamique, s'allie en 1915 avec l'Empire ottoman et déclare la guerre aux Britanniques. Les Britanniques considèrent alors cette nouvelle alliance comme une menace pour leurs arrières. C'est d'autant plus dangereux que les Senoussis, soutenus par les Allemands et les Turcs, sont en révolte en Égypte et en Libye. Les Britanniques décident alors d'agir militairement contre Ali Dinar. Le lieutenant-colonel Philip Kelly se voit confier le commandement d'une force anglo-égyptienne de 3 000 hommes pour anéantir cette rébellion. Le 16 mars, son armée pénètre dans le Darfour, bouscule les troupes darfouriennes et marche sur El Fasher la capitale du sultanat. Retranchés à Beringia, les 2 500 soldats d'élite darfouriens avec des troupes disparates, tous très faiblement armés, opposent une résistance farouche. Ils se battent avec "avec la bravoure coutumière des Soudanais" signale Kelly. Finalement, la rébellion est vaincue le 22 mai et l'armée du Darfour laisse la moitié de son effectif sur le champ de bataille. Ali Dinar est contraint de fuir tandis que sa capitale est occupée dès le lendemain par les Anglo-égyptiens. Tout en livrant une guérilla sporadique contre les envahisseurs, il tente à plusieurs reprises de négocier avec eux. Ses exigences, jugées inacceptables, sont rejetées. Il est traqué sans relâche, rattrapé, il sera tué au combat le 6 novembre 1916. La défaite d'Ali Dinar sonne le glas le l'autonomie du Darfour, le sultanat est aussitôt intégré au Soudan anglo-égyptien...
En Afrique Occidentale Française. Au mois de mai, après sa victoire à Filingué dans les boucles du Niger, le capitaine Fourcade à la tête de sa troupe très cosmopolite se lance à la poursuite des Touaregs révoltés en fuite. Le meneur rebelle, l'amenokal (chef élu chez les Touaregs) Firhoun s'unit avec des groupes de méharistes, certains venus du Hoggar, et des goums locaux. Tous se rassemblent près d'Amdéramboukane, dans une forêt inextricable située 100 kilomètres plus au nord, à la limite du Mali et du Niger. Là, Laouey (75 ans, ex-amenokal destitué), essaie de convaincre Firhoun de faire soumission et de ne pas engager le combat, mais il n'est pas écouté. L'attaque a lieu le 9 mai au petit matin. C'est la curée. A 8 heures, tout est terminé. Leur chef Fihroun parvient à s'échapper et va se réfugier dans le Hoggar, mais le bilan est terrible pour les Touaregs. Des centaines de morts dont des femmes et des enfants, le frère de Firhoun, deux de ses fils et trois marabouts. Coté français, un mort, le lieutenant Duperray et des blessés légers. Tout le cheptel des Oullimindens est emmené, puis partagé entre les vainqueurs. Il y avait environ 5 000 chameaux, 15 000 bœufs et plus de 30 000 moutons. Sur les lieux du carnage restent 700 femmes et enfants. Ils sont évacués sur Filingué mais les trois quarts décéderont en cours de route. Les Touaregs survivants se disséminent dans la nature. Des soldats indigènes, en revenant vers Filingué, tombent sur un campement de fuyards. Dix notables touaregs sont immédiatement exécutés...
Il est maintenant temps de revenir à Barbentane. Ce sont deux photographies qui font la page de garde de cet Écho. La première représente le capitaine Jean-Marie Barthélémy dans le cabinet de travail de Guillaume II en son palais de l'Achilleion à Corfou, la suivante montre le débarquement du 6ème bataillon de chasseurs-alpins(14)... Suit un article sur les dernières fêtes au village : le mois de Marie, la communion solennelle, la confirmation, l'Ascension et la fête de Jeanne d'Arc... Puis c'est un hommage à Lucien Beluy, 77 ans, ancien curé de Barbentane, décédé le 2 juin, dont la carrière est retracée... Un court article annonce l'inauguration d'un monument à la gloire de Jeanne d'Arc à Notre-Dame-de-Lumière le dimanche 16 juillet. Il est à noter que le sculpteur qui réalise l'œuvre, Henri Endignoux, professeur à l'école des beaux-arts d'Avignon, sculptera aussi notre monument aux Morts en 1920... Est ensuite publiée une longue lettre du capitaine Jean-Marie Barthélemy, de Corfou. Outre une envolée lyrique à la beauté des lieux, il relate surtout le formidable travail que sa compagnie a accompli pour venir en aide aux blessés et malades serbes. Il narre comment il a réorganisé 1 200 à 1 400 soldats de diverses nationalités sous le drapeau français. C'est à lire... D'ailleurs, au Livre d'Or, lui et d'autres soldats comme François Mourrin, JM Martin, Léon Jaoul, sont remerciés collectivement par les autorités serbes. Alexandre de Serbie remet la médaille du Mérite militaire serbe au sous-lieutenant Provance, déjà titulaire de la Croix de guerre, pour ces mêmes raisons. Gaston Nazon, grièvement blessé, est cité à l'ordre de la brigade ; le caporal Pierre Ménard, grièvement blessé, reçoit la Médaille militaire et une citation pour l'attribution de la Croix de guerre avec palme ; le sergent Paul Mourret, grièvement blessé, est cité à l'ordre du corps d'armée, il est inscrit sur le tableau pour la Médaille militaire avec Croix de guerre ; le caporal Louis de Granrut, tué à Verdun, reçoit la Croix de guerre avec une palme et une étoile... Trois nouveaux noms sont inscrits sur le Martyrologe : Lucien Chabert, tué à Verdun ; Louis Ayme qui décède en captivité des suites de ses blessures et Pierre Glénat qui meurt d'une fracture du crâne suite à une chute de cheval. Est cité, Guillaume Berlhe, né à Barbentane mais qui réside depuis longtemps à Rognonas, comme décédé à Pierrefeu dans le Var(15)… En ce mois de mai, deux barbentanais meurent pour la France : · Lucien Chabert, né à Barbentane, 21 ans, soldat de 2ème classe au 115ème régiment d'infanterie. Il est tué sur le coup, au bois de la Caillette situé près du fort de Douaumont le 17 mai 1916. Il est enterré sur place. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 21 juin en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Il est aussi inscrit sur le Monument aux Morts de Jonquières dans le Vaucluse, là où ses parents sont partis habiter ; · Louis Ayme, né à Barbentane, 28 ans, marié, soldat de 2ème classe au 141ème régiment d'infanterie. Grièvement blessé le 20 août 1914 à Bidersdorff lors de la bataille de Morhange, il se rétablit après 8 mois de soins à l'hôpital allemand du camp de prisonniers de Grafenwohr situé en Bavière. Il meurt après l'opération d'un abcès à la poitrine dans ce même camp le 26 mai 1916. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 21 juin en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Son nom figure sur la plaque commémorative du 14 RI de la caserne du Muy de Marseille. Enterré sur place lors de son décès, il repose maintenant dans l'ossuaire du vieux cimetière du village. Le 16 mai est célébré le service funèbre du Sergent Paul Mouret qui meurt le 9 avril de multiples blessures infligées le 29 mars sur le front à Verdun... Le 26 mai, un conseil de révision a eu lieu à Châteaurenard. 3 Barbentanais sont bons pour le service, 4 sont versés dans le service auxiliaire et 3 autres sont exemptés... Au courrier militaire, Pialot pense que "la fin est proche" ; Jean Martin s'attend à partir de Corfou ; Etienne Bernard nous raconte une histoire providentielle ; Jean Fontaine pense "qu'à Verdun on a eu raison de nos ennemis" ; Guillaume marteau se languit de revenir chez lui, vu que son état ne lui permet plus de retourner au front avec ses camarades ; Fernand Barral constate qu'il pleut ; Pierre Mouret remercie les personnes qui ont assisté à la messe dite pour son frère ; Auguste Issartel se fait soigner à l'hôpital de Souillac ; Louis Marchand narre l’arrivée d'un train de soldats russes en gare de Bordeaux ; le matelot Jean-Marie Peyric est heureux d'avoir accompagné les premières troupes russes qui ont débarqué à Marseille ; JM Joubert écrit de Grèce où il construit des routes à 120 km de Salonique ; Jean Marceau raconte son Verdun ; J. Amy narre une bataille aérienne gagnée par un Français et Antonin Mouiren est confiant "les boches ne rentreront pas à Verdun"... A l'état religieux, un baptême, un ondoiement et 7 enterrements, dont un garçon d'un an, un autre de 22 mois et un dernier de 10 ans. Toujours pas de mariage… Guy |
Mai 1916 dans le Monde en Guerre Depuis novembre 1915, des négociations se déroulent dans le plus grand secret entre le Britannique Mark Sykes et le Français François Georges-Picot pour éviter un nouveau conflit après la guerre en cours. Elles aboutissent à un partage pur et simple du Moyen-Orient entre Français et Britanniques. Un espace central, le plus réduit et désertique possible, est laissé aux tribus arabes pour satisfaire leurs revendications territoriales qui commencent à naître(1). Un statut "neutre" est réservé à la Palestine. Sans participer directement, l'Italie et la Russie sont informées de ces négociations. La Grande-Bretagne, quant à elle, se garde bien d'informer les nations arabes de cet accord dit "Sykes-Picot", au contraire, elle leur promet toujours un grand état pour éviter, au moins dans l'immédiat, de s'en faire des ennemies(2). Le 16 mai l'accord est conclu (voir carte). A noter que les revendications russes sur la région de Constantinople et le détroit du Bosphore ne sont pas incluses dans l'accord, qui en reste à un strict partage théorique de la péninsule arabique. Mais il faut quand même gagner la guerre avant et c'est loin d'être fait. Le 31 mai, dans la mer du Nord, au Jutland, espace maritime situé à l'ouest du Danemark et au sud de la Norvège, les Grandes Flottes de haute mer britanniques et allemandes vont enfin s'affronter dans une bataille encore plus complexe que les mêlées terrestres…
Dans le Monde Politique : En France. Le 1er mai, Pétain qui a contenu la percée allemande à Verdun est jugé par le Grand Quartier Général inapte à mener l'offensive qui vise à reprendre le plus rapidement possible le fort de Douaumont. Il est nommé dans un poste vaguement suprême de commandant des armées du Centre. Il laisse la direction effective de la bataille de Verdun au général de 60 ans, originaire de Tulle, Georges Nivelle. Le 13 mai, à l'autre bout du monde, l’empereur d’Annam, Duy Tân alors âgé de 16 ans(3), soutient les révoltes des paysans contre les impôts et pour l'émancipation du pays, est déposé et exilé à la Réunion. Le 14, les autorités françaises et chinoises concluent un accord pour l'envoi de travailleurs en France. Le dispositif interdit toute tâche militaire. Il prévoit pour chaque travailleur un contrat de cinq ans. Un ouvrier non qualifié doit être payé 1,50 franc par jour, un ouvrier qualifié 5,50 francs, un contrôleur 8,25 francs. Surnommés "Les Célestes", ce sont officiellement des civils volontaires, originaires à 85% de la province de Shandong (nord de la Chine), âgés de 20 à 35 ans. Tous sont sans travail et, dans leur grande majorité, illettrés. Il s’agit de paysans sans terres, de porteurs, d’ouvriers et de serveurs. Les premiers Célestes arriveront à Marseille en août 1916(4). Le 27, le général Gallieni, ancien ministre de la Guerre, décède. Il aura des funérailles nationales gigantesques le 1er juin 1916... |
Une tranchée française à Verdun |
Sous-marin français Bernouilli avec son canon de 47 mm à l’arrière |
Soldats russes dans un campement près de Marseille |
Blessés aux ambulances à Saint-Mihiel dans la Meuse |
Poilus à la pause-repas dans une tranchée à Verdun en mai 1916 (photo Autochrome) |
Un BB Nieuport avec l’emblème de l’escadrille US La Fayette |
La Route entre Bar-le-Duc et Verdun |
Escadre britannique commandée par David Betty |
En Grande-Bretagne. Le 3 mai, Herbert Henry Asquith, Premier Ministre, annonce aux Communes qu'il va déposer un projet de loi organisant le service militaire obligatoire aussi pour les hommes mariés. En effet, face à la loi rendant le service militaire obligatoire pour les célibataires, les mariages se comptent par milliers !!! Le 4, la Chambre des Communes vote en première lecture le bill sur la conscription pour les hommes mariés, et le 6, lors du vote, il est adopté par 328 voix contre 36. Le 18, la conscription pour tous est votée en troisième lecture aux communes...
En Allemagne. Le gouvernement renonce à couler les vaisseaux civils ennemis sans avertissement et il le fait savoir dans une note ouverte envoyée aux USA ainsi qu'aux autres pays neutres. Il se propose de modifier les règles de sa guerre sous-marine, si les USA obtiennent de la Grande-Bretagne l'abandon du blocus maritime. Le 1er, à Berlin, plusieurs milliers d’ouvriers manifestent contre la guerre à l’appel du journal anarcho-syndicaliste Die Internationale. Le député et instigateur de la manifestation, Karl Liebknecht, est arrêté. Étant mobilisable, il est justiciable du conseil de guerre. Comme c'est un élu national, le groupe socialiste au Reichstag demande sa libération immédiate. Le 2, l'enquête faite en Allemagne avec la collaboration des autorités hollandaises, démontre que le cargo Tubantia battant pavillon batave a bien été coulé par le UB-13 le 16 mars 1916. A partir du 7, dans les grandes villes, toujours menées par des femmes, de nouvelles émeutes spontanées contre la vie chère et la rareté de certaines denrées, ont lieu. Le 11, l'Allemagne reconnaît que c'est bien son sous-marin, l'UB-29, qui a torpillé le Sussex le 24 mars et elle se propose d'indemniser les victimes étasuniennes. Le 13, suite aux troubles des derniers jours sur les marchés du pays, le ministre de l'Intérieur M. Delbruck démissionne. Certains journaux disent tout simplement qu'il se retire pour raison de santé. Le même jour, le Reichstag refuse la remise en liberté de Karl Liebknecht. Le 15, la ration quotidienne de viande est encore réduite, les émeutes s'intensifient. Le 24, Karl Theodor Helfferich est nommé au ministère de l'Intérieur. Comme c'est un Prussien, les états du sud se méfient de lui. Ils le soupçonnent de vouloir favoriser l'alimentation de la Prusse au détriment des autres états. Le 30, le chancelier allemand Theobald von Bethmann Hollweg arrive à Munich où la presse locale l'accueille très froidement...
En Russie. Depuis le début de l'année, les troupes russes s'avancent toujours plus profondément vers le sud dans le territoire perse, alors plus ou moins sous protectorat britannique. L'objectif de départ était de délivrer les forces britanniques assiégées à Kut-el-Amara. Le 29 avril, jour de la reddition de la place forte, les Russes n'en sont plus qu'à 90 kilomètres, ce qui est très proche en regard des milliers de kilomètres parcourus, mais bien trop loin pour les sauver. Alors, profitant de l'aubaine, la Russie envisage maintenant un possible accès aux mers du sud par l'établissement d'un comptoir portuaire sur le golfe Persique. Ce projet, les Britanniques le pressentent et sans s'y opposer brutalement, le font plus ou moins échouer en entretenant des troubles mineurs, mais bien réels, envers les soldats russes, autour de la ville de Hamadan. Le 7, les ministres français René Viviani et Albert Thomas arrivent à Moscou pour étudier les besoins en matériel de l'armée russe dans le cadre de l'échange de soldats contre du matériel. Le lendemain ils sont reçus en grande pompe par le tsar Nicolas II...
En Grèce. Le 2 mai, Elefthérios Venizelos, l'ex-premier Ministre pro-Alliés démis de ses fonctions par le roi est confortablement réélu député dans une grande allégresse. Il publie aussitôt dans son journal, Le Kyrix, un long article pour soutenir la revendication des Alliés de pouvoir traverser le pays. Le 4, sans trop se préoccuper des conséquences, le général Maurice Sarrail envoie un fort détachement occuper la ville de Florina située à la frontière nord-ouest de la Grèce en prévision d'une possible invasion du pays par les Bulgares. Sage précaution, car bien informé, il sait qu'à la suite d'accords secrets, l'état-major grec dégarnit militairement sa frontière nord afin de permettre une pénétration rapide des troupes germano-bulgares. Du coup, le 12, une nouvelle crise politique secoue le pays. Le 27, les Bulgares pénètrent en Grèce et, sans combattre, ils occupent le Fort Rupel qui défend les gorges homonymes, situé près de la ville de Sidirókastro, au nord du pays. Le gouvernement grec proteste de façon purement formelle auprès des Puissances centrales. Craignant l’arrestation de Venizélos par les forces de l’ordre grecques, les Français envoient un torpilleur au Pirée pour l’évacuer en Crète. Un embargo est par ailleurs imposé à la marine marchande grecque à partir du 29 mai. Rapidement, la famine va menacer le pays, qui connaît déjà une grave pénurie de charbon...
En Turquie. Le 9 mai, le commandant militaire turc Djemal Pacha, alias Al-Saffah (Le Tueur), condamne à mort des milliers de nationalistes libanais à Beyrouth et syriens à Damas...
En Irlande. Le 2 mai, la révolte irlandaise touche à sa fin. Les insurgés de Dublin invitent ceux des provinces à capituler. Les principaux chefs et 800 rebelles sont capturés. La presse britannique réclame la tête du vice-roi d'Irlande, lord Winborne, qu'elle considère comme un incapable. Dès le lendemain, après des cours martiales rapides et radicales, se déroulent les premières exécutions. La brutalité de la répression entraîne un courant de sympathie envers le Sinn Féin et provoque un renversement d'opinion rendant du coup la rébellion beaucoup plus populaire que ce que l'insurrection armée avait pu l'être. La mécanique pour l'indépendance du pays est enclenchée...
Aux USA. Le 5 mai, à la suite de troubles, Juan Isidro Jiménez, Président de la République dominicaine; demande des troupes aux USA. Le Président Wilson y répond favorablement(5). Le 7, le gouvernement prend "possession" de la note allemande au sujet du trafic maritime. Le 10, le Président Wilson donne sa réponse. Il prend acte des promesses allemandes, mais refuse de traiter la question du blocus britannique avec Berlin. Le 10, le gouvernement renforce ses effectifs militaires le long de sa frontière avec le Mexique...
Au Canada. Robert Borden, le Premier Ministre, annonce que la conscription va être instituée. Immédiatement, de nombreuses manifestations agitent la province du Québec. A l'époque, la langue française était interdite dans les écoles de nombreux états anglophones et, instruits par l'expérience, les francophones ne voulaient pas être intégrés dans les régiments anglophones où ils étaient brimés du fait de leur langue, de leur religion, et où toutes les possibilités d'avancement étaient impossibles. A la fin de l'année, le gouvernement satisfait les revendications des francophones et crée des bataillons spécifiques. Il y aura même, au sein de l'armée canadienne, des bataillons qui adopteront l'identité écossaise et irlandaise...
Dans le Monde des Sciences, des Arts, des Lettres et du Sport. Au mois de mai, après presque 10 ans de travail sur la création de vêtements simples et épurés qui libèrent le mouvement, Gabrielle Bonheur Chanel, dite Coco Chanel, lance sa première collection de mode. Profitant de la pénurie de tissus et de main-d'œuvre domestique suscitée par la guerre, elle conçoit une collection basée sur le Jersey. Acheté à la marque française de prêt-à-porter Rodier, ce tissu étant alors exclusivement utilisé pour la confection de sous-vêtements masculins. Le succès de ses créations dure encore... Le 30, en raison des restrictions, les 500 miles d'Indianapolis ne vont se dérouler que sur 120 tours, soit 300 miles. C'est le pilote britannique Dario Resta sur une Peugeot française qui remporte l'épreuve en 3h35...
Sur le Front des Combats : A Verdun. En France, le front le plus actif est toujours Verdun. Le 1er mai, Pétain, jugé incapable de reprendre l'offensive, est écarté des opérations effectives par une promotion vaguement suprême comme chef du groupe des armées Centre. Il supervise, mais ne commande plus. C'est le général Georges Nivelle qui prend sa place. Polytechnicien, artilleur de formation, il a été promu au grade de général de brigade en même temps que Pétain, en août 1914, dès le début de la guerre. Il s'est d'abord illustré dans la bataille de Dornach (18 août 1914), puis lors de la bataille de l’Ourcq (5-10 septembre 1914), où ses canons ont mis en déroute le 4ème corps de la 1ère armée du général Alexander Von Kluck... Côté rive droite de la Meuse, Nivelle charge le général Charles Mangin de reprendre le fort de Douaumont. Mangin est un saint-cyrien de formation, un ancien des troupes coloniales. Il a fait ses premières armes avec Baptiste Lemarchand lors de la "crise de Fachoda(6)" et il a participé avec Louis Lyautey à la conquête du Maroc. Mangin était soit adoré, soit détesté. Il incarne le type même de l'officier colonial, infatigable, tempétueux, dominant les hommes et forçant les événements. Il garde d'ailleurs une passion toute particulière pour l'Afrique noire. Ancien des batailles de la Marne et de l'Artois de 1914, c'est un homme de terrain à l'esprit réaliste qui s'oppose à la doctrine d'offensive à outrance "à coups d'hommes", et pratique la préparation d'artillerie massive. Pour conquérir l'objectif assigné, il prend son temps. Il envisage, par des actions d'artillerie successives, de détruire avec méthode les défenses allemandes. A partir du 13, il prévoit d'investir les tranchées devant le fort, puis son enveloppement et enfin son investissement. Mais les Allemands ont eu vent du projet et, toujours supérieurs en puissance de feu, ils contrebattent très efficacement les préparatifs français. A titre d'exemple, le fort de Vaux, relativement proche, reçoit journellement entre le 2 et le 17 mai, 8 000 obus. En prélude à l'assaut, une formidable action d'artillerie débute le 21. Elle aurait dû durer 6 jours mais les événements sur la rive gauche ne l'ont pas permis. Écourtée, elle se consacre tout entière à détruire le secteur allemand devant le fort, mais pas le fort lui-même. Efficace sur les faces nord et ouest du fort, elle l'est beaucoup moins sur sa partie est. Le lendemain, l'assaut français est donné. Des milliers d'hommes sortent des tranchées et se ruent sur l'ouvrage en étant relativement bien protégés par le feu roulant bien réglé des 75. Ils investissent les fossés nord et ouest, mais ils sont repoussés sur la face est. De plus, Mangin mal renseigné par ses officiers d'artillerie, avait dit à ses troupes que le fort était en si piteux état qu'ils pourraient s'en approcher l'arme à la bretelle, ce qui est très loin d'être le cas. Côté nord, les assaillants parviennent quand même à franchir l'enceinte extérieure et arrivent à l'intérieur devant la casemate de Bourges. Bloqués devant la muraille, ils construisent à la hâte de nouvelles tranchées pour se protéger de l'artillerie qui déverse une pluie de fer. La nuit, comme les soldats allemands se sont mis à l'abri dans le fort, leur artillerie pilonne directement la casemate de Bourges, ce qui provoque un carnage parmi les assaillants terrés autour. De plus, comme la partie est du fort est toujours accessible, les Allemands envoient de nombreux renforts pour remplacer les hommes épuisés, et du matériel en quantité. Le lendemain, l'artillerie allemande redouble de puissance et les Français à découvert sont massacrés. Dès lors, il paraît évident que le fort ne peut être pris. Dans l'après-midi, les Allemands tentent des sorties sur des Français épuisés après deux jours de combats ininterrompus mais ils résistent vaillamment. Le 24, les attaques allemandes reprennent avec une vigueur accrue. Les soldats français ont épuisé leurs munitions et sans vivres, sans eau, ils n'ont d'autre alternative que se rendre ou reculer. Au soir du 24 mai, 73% des effectifs français qui ont participé à l'attaque sont hors de combat. Dans l'après-midi, Mangin reçoit l'ordre téléphonique du général Lebrun de l'état-major de Nivelle d'attaquer de nouveau. "Avec quoi ?" répond-il. Lebrun insiste, devient nerveux "Il n'est pas admissible de laisser se replier nos troupes, il faut garder le fort. Attaquez !" Mangin réplique "Moi je ne fais pas d'attaque numéro 2, je n'attaque pas sans attaquer, tout en attaquant". Alors Lebrun, exaspéré, lui crie "Ah ! Vous ne voulez pas attaquer, alors passez le commandement au général Lestoquoi". Mangin parti, la situation ne s'arrange pas pour autant et petit à petit les Français reculent jusqu'à revenir à leurs tranchées de départ. Tous les blessés secourus sont acheminés vers le fort de Vaux. Ses caves voûtées deviennent des lieux de démence et d'agonie, aux conditions d'hygiène épouvantables. Les autres blessés, ceux qui ne peuvent pas être secourus, sont laissés sur place et agonisent pendant de longues heures. Les moins gravement atteints s'époumonent à souffler dans leur sifflet individuel pour qu'on vienne les chercher. A la fin du mois, après la perte de plus de 6 000 hommes, soit la moitié des effectifs d'avant l'assaut, le fort de Douaumont est toujours allemand ; c'est à peine s'il a peine été égratigné par les Français... Côté rive gauche, les choses s'inversent. Les Allemands veulent impérativement prendre la côte 304 et la crête du Mort-Homme qui surplombent leurs positions, ce qui leur rend la vie intenable. Après les reculs d'avril, les Français, au prix de pertes humaines colossales, se ressaisissent et établissent des positions solides surtout sur la crête du Mort-Homme. Le 3, un déluge de feu de 600 pièces d'artillerie de gros calibre s'abat sur les positions françaises. L'intensité du feu est telle, que la terre soulevée reste en l'air, formant un nuage opaque constamment en suspension au-dessus des soldats. Le bombardement se poursuit toute la nuit et, au petit matin, les Allemands attaquent. Malgré les pertes, ils sont accueillis par un feu nourri qui les empêche d'avancer. Ils n'insistent pas et le déluge d'artillerie, un temps arrêté, reprend de plus belle. Le 4, dans l'après-midi, les Allemands repartent à l'assaut avec des forces plus conséquentes et débordent les Français survivants par le nord. Le soir, ils sont maîtres de la côte 304. A 22h00 une contre-attaque générale est lancée par des forces françaises fraîches composées de troupes coloniales. Après une lutte qui dure trois jours, les Français parviennent à reprendre une partie de la côte 304 au prix de lourdes pertes. Nivelle, conscient que le front de la rive gauche est en grand danger, fait acheminer tous les renforts disponibles pour consolider la place, au détriment des préparatifs pour attaquer le fort de Douaumont. Pour soulager la côte 304, il fait attaquer sur la crête du Mort-Homme et là, les Français progressent assez pour obliger les Allemands à cesser leurs attaques sur la côte 304. A partir du 11, c'est au bois Camard, entre la côte 304 et la crête du Mort-Homme, que les Allemands lancent leurs attaques. Alors, pendant tout le reste du mois, Français et Allemands vont s'entretuer pour quelques mètres de tranchées. A la fin du mois, ni les uns ni les autres n'auront progressé d'importance. Au 31, l'essentiel de la côte 304 est encore française, mais la presque totalité de la crête du Mort-Homme ainsi que le village de Cumières sont allemands. On estime les pertes humaines, rien que dans ce secteur, à environ 10 000 hommes (morts, blessés et disparus) chez les Français et autant chez les Allemands... Sur la rive gauche, comme sur la rive droite, l’artillerie est la pièce maîtresse du champ de bataille. L'avantage est toujours du côté allemand avec 2 200 pièces pour 1 800 françaises. Le nombre ne fait pas tout ; d'ailleurs dans une lettre au général Joffre, Pétain précise "La lutte d'artillerie devant Verdun devient chaque jour plus difficile... A supposer même qu'il y ait égalité entre le nombre des pièces françaises et le nombre des pièces ennemies, il n'en subsiste pas moins une sensible disproportion des moyens, due à la plus grande rapidité du tir et à la supériorité de calibre et de portée de ces dernières." Verdun agit comme catalyseur. Les belligérants ne semblent plus pouvoir renoncer, et malgré des pertes insupportables, ils sont condamnés à investir de plus en plus de forces sur ce champ de bataille qui a déjà tant coûté...
En France hors Verdun. La totalité du front se réveille avec le printemps. La météo est chaude. On atteint les 26° à Châteauroux au milieu du mois. Mais aussi humide puisqu'il pleut plus de la moitié du temps. Les coups de main sont journaliers, les duels d'artillerie et les explosions de mines aussi. On patauge dans la boue partout. Dans les Vosges, avec le redoux c'est encore pire. Dans la Somme, devant les préparatifs pour la future attaque qui ne peuvent pas passer inaperçus, les Allemands canonnent tous les jours le terrain avec des d'obus de tous les calibres... Le fusil Berthier, l'arme des troupes coloniales, au chargement plus rapide qu'un Lebel, fait son apparition chez les soldats français. Par contre, par la généralisation des coups de main, la baïonnette est presque abandonnée. Trop longue, surtout la Française, elle est plus un handicap qu'une arme efficace. D'ailleurs, même les fusils à 5 cartouches comme le Berthier ne sont plus adaptés. Pour l'assaut, les fantassins emploient d'abord les grenades, faciles à jeter et qui peuvent tuer ou blesser plusieurs ennemis à la fois. Puis, dans les corps à corps, ils préfèrent les couteaux réglementaires ou pas (souvent faits individuellement à partir de baïonnettes). Dans ces mêlées sanglantes et barbares, les soldats remettent en vigueur une arme moyenâgeuse : la masse d'arme ou casse tête, car jamais cette arme ne s'enraye, ni ne manque de munitions. De plus c'est une arme facile à utiliser dans ces espaces réduits que sont les tranchées... Au 31 mai 1916, le bilan des pertes françaises du mois avoisine les 30 000 soldats, morts, blessés ou disparus...
Dans la Guerre Aérienne. Le Nieuport 11 arrive dans les escadrilles françaises et ce chasseur marque un tournant dans l'aviation. C'est un biplan, très moderne de conception, léger (moins de 500 kg), rapide (155 km/h), extrêmement maniable qui décolle court avec une vitesse ascensionnelle ultra véloce. Au départ, il est encore équipé d'une mitrailleuse sur l'aile haute, soit une Hotchkiss avec chargeur de 27 cartouches soit une Lewis avec 47 cartouches, puis 97 cartouches. C'est toujours une arme qu'il faut recharger en tenant le manche entre les genoux (en comparaison la mitrailleuse qui équipe les Fokker a un chargeur de 250 cartouches et elle tire à travers l'hélice). Dès juin, la mitrailleuse supérieure est remplacée par une Vickers-Berthier (modèle 1915 de 7,7 mm à chargeur souple de 250 cartouches) qui tire elle aussi à travers l'hélice. Dans les deux cas, la commande de tir est maintenant montée en cabine. Pour tous les combattants, c'est "BB Nieuport" (premier B pour biplan selon la nomenclature du constructeur, suivi d'un deuxième B pour chasseur d'après la nomenclature du ministère de la Guerre). Il est nettement supérieur au "Fléau Fokker" et, avec les pilotes chevronnés des escadrilles qui sont opérantes à Verdun, il met fin à la suprématie aérienne allemande. Du coup, comme du côté français, les Allemands changent eux aussi de tactique pour sauver leur aviation, ils volent désormais en escadrille. Immédiatement, les Alliés commandent des BB Nieuport en nombre, et ce nouvel avion va équiper toutes les armées alliées(7). Le BB Nieuport sera très vite et constamment amélioré, le modèle 16 sera opérationnel en juin et le 17 en septembre... A partir de ces deux avions, Le Fokker E-III et le BB Nieuport, le rôle principal dévolu aux chasseurs est clairement défini. Ils doivent attaquer en priorité les avions de reconnaissance et ceux qui guident l'artillerie. Puis, au besoin, détruire les ballons d'observation, escorter les bombardiers et servir "d'appuis aériens rapprochés", en plus simple "mitrailler les tranchées". Jusqu'à la fin de la guerre, cela devient une simple routine. Chaque fois qu'il leur reste des cartouches, les pilotes de chasse prennent l'habitude de vider leurs mitrailleuses en prenant les tranchées ennemies en enfilade. Les troupes au sol ne peuvent guère se défendre, coincées dans leurs trous, presque sans visibilité, les fantassins ne peuvent mettre en joue des avions qui arrivent vite et par surprise. La menace devient constante. Pour les Drachen, les saucisses de l'artillerie allemande, le lieutenant Yves Le Prieur met au point des fusées explosives lancées par des avions. Elles sont radicales, mais il faut s'avancer très près de la cible pour les lancer, au grand risque de brûler avec la saucisse. Très vite, l'armurier Vickers-Berthier améliore sa mitrailleuse de 1915 en passant du calibre 7,7 à 11 mm avec des balles explosives et incendiaires. Ainsi équipés, certains pilotes deviennent des spécialistes de la chasse aux ballons : Coiffard (34 victoires dont 28 ballons), Bourjade (28 victoires dont 26 ballons), Boyau (35 victoires dont 20 ballons), Ehrlich (19 victoires dont 18 ballons), Haegelen (22 victoires dont 15 ballons), Sardier (14 victoires dont 11 ballons), Ambrogi (14 victoires dont 11 ballons) et Pinsard (27 victoires dont 8 ballons). Pour que cette chasse aux saucisses soit vraiment efficace, l'effet de surprise est primordial. Alors, le 22 mai, jour de l'attaque contre le fort de Douaumont, leur avion armé de fusées Le Prieur, Charles Nungesser amène sept autres pilotes : Beauchamp, de Gennes, de Boutigny, Chaput, Réservat, Guigue et Barrault pour abattre en moins de 15 minutes les 6 Drachen qui surveillent la rive droite de la Meuse... Sur le front des combats proprement dit, dès que la météo le permet, tout ce qui peut voler au-dessus de Verdun décolle. Les batteries anti-aériennes font mouche assez souvent et les pertes d'appareils sont significatives. Mais c'est très relatif par rapport aux hécatombes dans les rangs des fantassins, pas plus de 40 aviateurs allemands et français périssent dans le mois. C'est surtout dans le ciel de Verdun que les combats sont les plus intenses. C'est aussi là que se mènent les bombardements, essentiellement français, qui poursuivent inlassablement leurs tentatives de détruire les transports ferroviaires. Toutes les gares entre Verdun et Metz sont bombardées. Sont aussi visés les dépôts de munitions pour l'artillerie et vu leur nombre, ils sont faciles à trouver. Mais par rapport aux dégâts que peut faire l'artillerie, ce ne sont que des égratignures... Les Allemands poursuivent leurs raids de bombardement sur la Grande-Bretagne avec des Zeppelins et ils en descendront trois dans le mois. Le 7, pour la première fois, Londres est bombardé de nuit mais on ne déplore pas beaucoup de dégâts. Dieppe et Dunkerque sont souvent bombardés par des Zeppelins mais aussi par des avions. Ce sont les ports de transit dont les Britanniques se servent pour amener les hommes et le matériel pour la future bataille de la Somme... Le 11 mai, en tournée d'inspection sur le terrain de Villemontoire près de Soissons, le commandant Charles de Tricornot de Rose, surnommé Carlo de Rose, décolle avec son BB Nieuport afin de faire une démonstration de vol devant le général Paul François Grossetti. A 50 mètres, de Rose coupe son moteur pour virer sur l'aile. Après le virage, le moteur refuse de repartir. L'avion s'écrase aussitôt, le commandant est tué sur le coup. Ainsi disparaît dans le crash de son avion, l'inspirateur de la chasse française dont les efforts des mois passés commençaient à porter leurs fruits. Le 18, le lieutenant Kiffin Rockwell, un engagé volontaire de l'escadrille La Fayette est le premier pilote US à abattre un avion ennemi(8). Le 20, le sous-lieutenant Jean Navarre, qui n'a pas encore 21 ans, abat son dixième avion près de Bolante en Argonne. C'est la première fois qu'un pilote a un tel nombre de victoires reconnues. Son BB Nieuport est peint en bleu-blanc-rouge, il est au moins facile à repérer. D'ailleurs, il s'est fait une autre spécialité. En rentrant de mission, après avoir vidé ses chargeurs sur les tranchées allemandes, il s'amuse à faire des acrobaties au-dessus des tranchées françaises pour, comme il le dit "réconforter les gars de l'infanterie qui ne doivent pas rire souvent"... Le 28, c'est le premier vol du chasseur britannique Sopwith Triplan. Ce n'est pas vraiment une réussite, car s'il est rapide, il est aussi lourd et sous armé, ce qui le rend au final peu maniable. Il ne rentrera en escadre qu'au mois de novembre et sera très vite remplacé par le Sopwith Camel, un avion de bien meilleure facture, qui s'inspire beaucoup du BB Nieuport 17. Par contre, ses trois ailes vont inspirer l'industrie allemande qui va construire Fokker Dr.I (Dr de l'allemand Dreidecker, ce qui signifie "trois ailes"). Cet avion connaîtra la célébrité quand il sera piloté par le redoutable Baron Rouge, Manfred Von Richthofen, en juillet 1917, puis par son remplaçant à la tête de l'escadrille, Hermann Goering. Mais, qu'il soit britannique ou allemand, de par les contraintes de charge que supporte l'aile la plus haute, elle se brise très facilement. Alors, ce type d'avion sera très vite abandonné après la guerre…
Dans la Guerre sur les Mers. Depuis que les Allemands ont cessé la guerre sous-marine à outrance, les mers européennes connaissent une paix relative. Du coup, au moins dans la Méditerranée, les Alliés en profitent pour intensifier les transports de troupes vers Salonique. Du 8 avril au 30 mai, sous les ordres de l'amiral Paul-Albert de Gueydon, 150 bâtiments de flottille encadrent 50 transports, qui sur un parcours de 1 200 kilomètres, en 57 voyages, transportent de Corfou à Salonique, 100 000 soldats essentiellement serbes, 33 000 chevaux, 5 500 camions et 106 000 mètres cubes de matériel de guerre. La garde est si bien organisée que pas un seul sous-marin ennemi ne se risque à une attaque. En même temps une nuée de patrouilleurs, de chalutiers, de vapeurs, de cargos, de navires hôpitaux, traversent la Méditerranée. Le trafic est si intense, que pendant les 8 premiers mois de 1916, rien que la marine française transporte 900 000 hommes de troupe (sans compter les blessés et les évacués) et 440 000 tonnes de matériel de guerre entre les ports de l'est méditerranéen, qu'ils soient français ou nord-africains, vers Salonique. Durant ce temps, elle ne déplore la perte que de 5 transports d'importance, tous torpillés ou canonnés, et 2 907 soldats et marins. A cela, il faut ajouter quelques navires de flottille perdus pour des causes diverses. Dans une moindre mesure, les Britanniques font de même entre les ports égyptiens ou libyens et la Grèce… Depuis la conférence de mars 1916, confirmée par celle de début mai à Malte, la Méditerranée est divisée en 3 grands secteurs, chacun sous l'autorité d'un pays belligérant. Pour simplifier, aux Français la partie est, aux Italiens la partie centrale et aux Britanniques l'ouest méditerranéen. C'est une division toute théorique qui n'est finalement que peu respectée, au moins en 1916, car Chacun voulant escorter et protéger ses navires. Par contre, pour le blocus de la mer Adriatique, le barrage d'Otrante est une chose bien réelle, même si sa "fermeture" est imparfaite. D'un commun accord, les Alliés décident de neutraliser la flotte de haut-bord austro-hongroise en l'empêchant de sortir de ses ports. Pour cela, ils établissent un "barrage" entre les côtes albanaises et le talon de la péninsule italienne, plus précisément du port d'Otrante en Italie jusqu'au port de Vlorë en Albanie. Sur une longueur de 150 kilomètres et sur une largeur variable, les Alliés disposent des champs de mines, et une centaine d'harenguiers(9) britanniques traînent des filets de 20 mètres de haut et d'un kilomètre de long. Ces anciens bateaux de pêche, par groupes d'une demi-douzaine, espacés de 5 à 6 kilomètres, font des allers-retours en travers du détroit, espérant attraper, ou du moins détecter, des navires ennemis. Ces filets sont équipés de bouées lumineuses et de grenades. Un sous-marin qui se prend dedans dénonce sa présence par l'allumage des bouées et/ou la détonation des grenades. Équipés chacun de TSF, les harenguiers peuvent alors appeler à la rescousse. Seul le bateau du chef de groupe est armé en tout et pur tout d'un unique canon de 57 mm. En cas de rencontre, il doit attaquer mais surtout appeler à l'aide et compter sur la rapidité des torpilleurs ou destroyers qui seront envoyés... |
Soldats allemands à Sainte-Marie-aux-Mines (Alsace) |
Aviateur français capturé par les Allemands |
Entonnoirs faits par des mines à Perthes-lès-Hurlus dans la Marne |
Partage du Moyen-Orient d’après les accords Sykes-Picot du 16 mai 1916 |
Par décalage pour son édition, c’est l’Écho de juillet 1916 qui relate les événements de mai et début juin... |
A Verdun, du côté de la cote 304 |
L'explosion du HMS Queens Mary à la bataille du Jutland |
Nouveaux avions britanniques Sopwith Triplan |
Étapes successives de la bataille de Verdun du 21 février jusqu’au 12 juillet 1916 |
Volontaires chinois à un centre de tri français |
Convoi maritime français entre Corfou et Salonique dans la mer Égée |
Harenguiers britanniques sur le barrage d’Otrante |
Avion Fokker allemand sur le front russe près de Dvinsk |
Service médical au repos à Florina en Macédoine grecque |
Attaque austro-hongroise sur le Trentin dans le nord de l’Italie |
Les batailles dans l’ouest africain |
Soldats annamites à Salonique |
Navire impérial allemand Schleswig-Holstein à la bataille du Jutland |
La grande bataille du Jutland de la fin du mois de mai 1916 |
L’Écho de Barbentane de juillet 1916 |
(1) Dans ce partage du Moyen-Orient, un grand peuple a été "oublié", il s'agit de la nation Kurde, on en voit encore les conséquences aujourd'hui. (2) Après la révolution d'Octobre qui renverse l'État tsariste et installe le pouvoir bolchevik, le nouveau gouverneur de Petrograd découvre dans les archives du ministère des affaires étrangères une copie du texte du traité Sykes-Picot. En janvier 1918, il le porte à la connaissance du gouvernement ottoman, toujours possesseur des territoires concernés. Le pouvoir ottoman transmet alors ces informations au chérif Hussein de La Mecque à qui les Britanniques avaient promis en 1915 un grand royaume arabe. Désagréablement surpris par la teneur du traité, Hussein transmet le texte au gouvernement britannique avec une demande d'explications. En réponse "Le gouvernement de sa Majesté et ses Alliés n'ont pas abandonné leur politique qui consiste à apporter leur concours le plus entier à tous les mouvements qui luttent pour la libération des Nations opprimées. En vertu de ce principe, ils sont plus que jamais résolus à soutenir les peuples arabes dans leur effort pour instaurer un Monde arabe dans lequel la loi remplacera l'arbitraire ottoman et où l'unité prévaudra sur les rivalités artificiellement provoquées par les intrigues des administrations turques". Cette réponse est de la pure langue de bois. Ce n'est qu'en avril 1920, après la conférence de San-Remo et avec l'aval de la Société des Nations, que le partage du Moyen-Orient deviendra effectif. (3) Né en 1900 à Hué, Duy Tân est intronisé empereur le 3 septembre 1907 lorsque son père est déclaré fou et abdique en sa faveur. Exilé à la Réunion en 1916, il reviendra dans son pays en 1940 comme radiotélégraphiste pour rejoindre la résistance française contre les Japonais. En 1945, le général de Gaulle fait appel à lui pour rétablir la situation au Viêt Nam. Il trouvera la mort dans un accident d'avion en République Centrafricaine le 26 décembre 1945. Ses restes seront rapatriés au pays en avril 1987. Détrôné en 1916, il n’a jamais abdiqué et à ce titre, il demeure le dernier Empereur d’Annam. (4) Pour beaucoup de ces travailleurs chinois, qui n'avaient jamais quitté leur village, le voyage de trois mois en bateau est fatal. Certains ne supportent pas le mal de mer, d'autres deviennent fous et se jettent à l'eau, d'autres encore tombent gravement malades. De plus, le trajet en mer Méditerranée est semé d'embuches. Quand l'Athos est torpillé par l'U-65 au large de Malte 17 février 1917, 754 personnes périssent dont 543 Chinois. Cela va obliger les autorités, tant françaises que britanniques, à transporter les Chinois jusqu'à Vancouver au Canada, d'où ils prennent le train jusqu'à Montréal et ensuite traversent l'Atlantique dans des convois maritimes escortés. Au final, près de 140 000 chinois viendront travailler en Europe. A savoir, 40 000 pour les Français et 100 000 pour les Britanniques, dont nombre d'entre eux seront utilisés en France en arrière du front dans divers travaux d'aménagements guerriers. (5) Les troupes US occuperont la République Dominicaine jusqu'en 1924. (6) La "crise de Fachoda" est un incident diplomatique sérieux qui opposa la France au Royaume-Uni en 1898 dans le poste militaire avancé de Fachoda au Soudan (aujourd'hui Kodok dans le Soudan du Sud). (7) Comme les BB Nieuport équipent aussi l'escadrille La Fayette, les Étasuniens ont reconstitué en 1999 une escadrille en souvenir. Ce sont des répliques à l'échelle 7/8 construites à Independence dans l'État de l'Oregon. (8) Le pilote US Kiffin Rockwell sera tué en Alsace aux commandes son avion le 23 septembre 1916 à l'âge de 24 ans. (9) Un harenguier est un petit bateau de pêche britannique ou hollandais. C'est une barque en bois grandement améliorée, conçue pour pêcher les harengs avec un long filet dérivant. Inutilisables pour la pêche en 1914, la marine britannique décide de les envoyer faire la chasse aux sous-marins sur le barrage d'Otrante. Ils se révèlent précieux, et du coup, l'Amirauté britannique commande 362 bateaux du même genre à des chantiers navals canadiens. Ils seront soit en bois, soit à coque métallique. La marine française finira par recourir à ces navires pour effectuer des tâches similaires dans le Pas-de-Calais. Ces bateaux vont donner naissance aux vedettes rapides italiennes équipées de torpilles qui vont s'illustrer en 1917. Puis toutes les marines du monde vont les adopter sous différentes versions. (10) Dans les deux cas, le capitaine Claus Rücker de l’U-34, fait monter les commandants des vapeurs dans son sous-marin et, au braillard, sermonne les équipages qui sont dans les chaloupes de sauvetage. Dans un français presque parfait, il précise "Je devrais tous vous faire fusiller !!! Selon les lois internationales, un navire mercantile [marchand] ne doit pas porter de canon. Non contents de tirer sur mon sous-marin, vous m'avez tenu tête pendant plusieurs heures. J’aurais donc le droit de vous faire fusiller. Dites bien à tous les capitaines français qu’ils stoppent au premier coup de canon et se mettent en travers. Ils n’auront rien à craindre et nous leur donnerons tout le temps voulu pour évacuer le navire. Aucun navire n’est coulé sans avertissement préalable (Il insiste particulièrement sur ce point). Si vous aviez stoppé, je ne vous aurais fait aucun mal. Résistant avec opiniâtreté comme vous l’avez fait, vous vous exposez à toutes les représailles. Mais je vous laisse la vie sauve et j'amène votre commandant comme prisonnier". Les 32 marins du Mira sont recueillis à bord d'un chalutier britannique qui fait route vers Tarente. Ils rejoindront ensuite Marseille par voie de terre. Le 20 à minuit, les marins du Languedoc sont recueillis par le vapeur Hollandais Hellena qui fait route vers Livourne et il dépose les naufragés à son passage à Toulon. Les commandants Pierre Battisti du Languedoc et Gabriel Castaldi du Mira précisent "A bord du sous-marin, tous les officiers parlaient bien le français. Jamais l’anglais ou l’italien n’ont été utilisés. Le commandant du sous-marin s’est excusé de ne pouvoir mieux nous loger, faute de place. Mais on nous a installé des hamacs et donné de chaudes couvertures. La nourriture était abondante et nous avions le même traitement que l’équipage. Dans la journée, on nous laissait monter dans le kiosque lorsqu’il faisait beau. En revanche, la nuit, le sous-marin restait en plongée. On a nous débarqués à Cattaro, puis incarcérés à la forteresse de Castel Nuovo pour ensuite rejoindre un camp de prisonniers de guerre français en Autriche. Dans ce camp, nous étions assez confortablement logés. Les officiers, autorités et population étaient d’une parfaite correction à notre égard". (11) La cordite est un nouvel explosif 3 fois plus puissant que la poudre noire. Qualité très appréciables il est insensible à l'humidité et ne dégage pas de fumée. Après séchage, il se présente de façon solide sous forme de corde ou de spaghetti, d'où son nom. Le paradoxe, c'est que de par sa présentation, la cordite amène plus de sécurité dans son maniement. Mais voilà, on la stocke n'importe où sur les bateaux britanniques, aux mépris évident des règles élémentaires de sécurité. Du coup, la cordite transforme les navires en bombes flottantes, et le moindre obus ennemi qui la touche, fait exploser le bâtiment tout entier. Au Jutland, à l'explosion de sa soute à munition, le vieux croiseur de bataille Invincible ce casse littéralement en deux en emportant dans sa tombe liquide 1 020 de ses marins, dont son commandant l'amiral Horace Hood (6 rescapés). Touché près d'une tourelle où la cordite traîne, le très moderne croiseur de bataille Queen Mary se désintègre littéralement avec l'explosion de sa soute à munitions. On parvient péniblement à recueillir seulement 9 des 1 275 marins présents à bord. (12) Cette "pré-bataille" des sous-marins est un échec complet. Non seulement ils ne coulent pas un seul bateau, mais un des leurs est coulé. Ils n'arrivent même pas à renseigner Scheer sur la sortie de la totalité de l'escadre de Jellicoe. Il faut dire que ce dernier, prudent car renseigné, ne fait sortir ses bateaux que par petites unités de quelques navires à la fois. (13) Au total, les pertes britanniques s'élèvent à 14 grands navires jaugeant 111 000 tonnes et 6 094 marins. Les pertes allemandes sont moindres, 11 grands navires jaugeant 62 000 tonnes et 2 551 marins. Toutefois, à l'issue de la bataille, les Britanniques possèdent encore 24 cuirassés et croiseurs de bataille en état de combattre contre seulement 10, dont beaucoup très abîmés, du côté allemand. |
Soldats serbes en route pour Salonique en Grèce |
Explosion du vapeur Languedoc au large de Sète |
Prisonniers allemands du Zeppelin LZ 85 abattu à Salonique |
Blessés allemands s’embarquant à bord d’un train sanitaire à Chambley (Meurthe-et-Moselle) |
Au nord de Verdun, sur une des berges de la Meuse, mitrailleurs allemands |
Tranchée française près d’Ypres en Belgique |
Soldats sud-africains débarquant à Boulogne-sur-Mer |
A Verdun, départ des permissionnaires |
Convoi de ravitaillement français se dirigeant vers Florina en Macédoine grecque |
Distribution de lait à Reims, le casque n’est pas une fioriture, car la ville est souvent bombardée |
Artillerie dans la nuit de Verdun |
Soldats français montant au front à Verdun |
Soldats allemands au repos à l’arrière de Verdun |
Le général John Pershing au Mexique à la recherche de Pancho Villa |
Grille de départ des 500 miles d’Indianapolis aux USA |
Photo rare, le moment tant redouté de l’assaut |
Soldats serbes à Salonique |
Quelle folie la guerre ! |
Barbentane, le plus beau village de l'Univers |
Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres… Guy |
Par manque de place, j’ai mis en entier l’Écho de juillet 1916 sur une feuille à part : cliquez-ici pour le consulter |
Soldats italiens sur le plateau de l’Asiago |
(14) En fouillant la toile, j'ai trouvé la photo ci-après. Elle montre deux soldats devant la porte du bureau de Guillaume II dans l'Achilleion à Corfou où ils viennent d'apposer des scellés. Elle est en tout point semblable (même uniforme, mêmes personnages) à celle de l'Écho, mais faite après, puisque hors du bureau. Il est donc fortement probable que le soldat de droite, avec une grande barbe, soit le capitaine Jean-Marie Barthélemy. Dommage qu'on ne puisse pas voir son grade pour certifier sa présence sur ce cliché. (15) Au départ, je pensais qu'il y avait une inversion de prénom entre Gabriel Berlhe, mort pour la France au Bois de la Folie dans le Pas-de-Calais le 10 février 1916, et son frère aîné Guillaume, lui aussi soldat à la même époque, mais ce dernier est mort dans son lit à l'âge de 90 ans. C'était une erreur. En fait, il y avait aussi un autre Guillaume Berlhe, né à Barbentane le 6 septembre 1873, qui effectivement habitait depuis longtemps à Rognonas. Ce dernier est bien mort à Pierrefeu-du-Var le 25 mai 1916, au quartier Bournenq précise son certificat de décès. Il était charron et travaillait comme "soldat" à la 15ème Section des Commis Ouvriers de l’Administration (SCOA) qui dépendait du 15ème Corps. L'essentiel des commis travaillaient sur le port à Marseille. Je n'ai pas retrouvé ce nom dans les soldats morts pour la France du 15ème SCOA. Par contre, au quartier Bournenq à Pierrefeu-du-Var il y a maintenant un hôpital qui était en 1916 un asile. Comme je n'ai pas retrouvé non plus de fiche soldat correspondant à cette personne, je soupçonne qu'il était déjà à 19 ans inapte au service militaire. Cela ne l'a pas empêché, vu les circonstances, d'être employé par l'armée pour travailler comme charron. Pourquoi est-il mort à Pierrefeu-du-Var où il n'y a jamais eu de caserne ? Et de quoi est-il mort (mort naturelle ou accident) ? Je pense que ces deux questions n'auront plus jamais de réponse maintenant. Pour conclure sur ce Guillaume Berlhe, il s'était marié le 8 avril 1896 à Pernes-les-Fontaines avec Rosalie Deffinis. Son nom figure sur le Monument aux Morts de Rognonas. |