BARBENTANE

en avril 1916

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Le 9, un sous-marin français coule un transport austro-hongrois dans la mer Adriatique. Le 14, un sous-marin allemand est coulé par un torpilleur russe dans la mer Noire. Le 20, un sous-marin turc est coulé en mer Égée. Le 23, Le torpilleur russe Gigoutsky heurte une mine devant Sébastopol en Mer Noire, il est grièvement touché. Le 24, l'UB-13 est coulé en mer du Nord. Le 25, dans la mer du Nord au large de Lowestoft, l'UB-18 et l'UB-29 attaquent 4 autres sous-marins britanniques qui circulent en direction du nord à 12 nœuds. L'UB-29 attaque l'E-22 à la torpille et le coule. Il repêche les deux seuls survivants du naufrage. Le lendemain, c'est toute une escadre allemande qui attaque le littoral anglais près de Lowestoft, elle est rapidement chassée par la flotte britannique. Le 27 au matin, le cuirassé britannique Russell, de conception assez moderne, qui navigue au large de Malte, rencontre 2 mines dérivantes posées par le U-73. Un incendie d'importance se déclare immédiatement, faisant exploser la tourelle arrière, 124 marins sont tués. Considérant le navire perdu, l'ordre d'évacuation est donné sans tarder. Toutefois, le navire coule lentement, ce qui permet à l’équipage de regagner les canots sans pertes supplémentaires(7). Le même jour, le sous-marin allemand mouilleur de mines l'UC-5 s'échoue dans l'estuaire de la Tamise. La tentative de l'équipage pour le faire exploser échoue, et les matelots sont vite capturés. Il sera renfloué et servira la propagande antiallemande jusqu'à ce qu'il soit exposé publiquement à Central Park, New York en 1917. Le 29, le patrouilleur auxiliaire français Saint-Corentin explose sur une mine posée par l'UC-6 au large de Dunkerque, 11 matelots sont tués...

Sur le Front Italien. En ce début de printemps, le front italien se ranime, mais très lentement. Dès le début du mois, les Austro-Hongrois lancent de timides offensives sur le Rovereto et près de Mori à l'est du lac de Garde dans le Trentin. Elles sont très facilement contenues. Mais c'est une ruse pour occuper les "esprits" car le général austro-hongrois Franz Conrad von Hötzendorf prépare, pour mai, une offensive de grande ampleur sur le flanc gauche de l'armée italienne. Avec elle, il a le secret espoir de percer et d'arriver jusqu'à Venise afin de prendre à revers l'essentiel de l'armée italienne qui est en position sur le fleuve Isonzo. Les Italiens, lancent eux aussi des attaques mais à l'ouest du lac de Garde ; elles n'ont guère plus de succès malgré l'appui de dirigeables qui bombardent les positions adverses. Le 5, les Italiens détruisent 3 hydravions austro-hongrois après un raid contre le port d'Ancône. Le 11, l'artillerie italienne se réveille et une pluie d'obus tombe sur les tranchées ennemies du front de l'Isonzo. Le 14, les Italiens prennent une série de positions aux Austro-Hongrois à l'ouest du lac de garde. La contre-attaque arrive rapidement mais sans succès. Dans cette "guerre blanche", les Italiens occupent les points culminants du massif de l'Adamello, à 3 500 mètres au-dessus de la Vatteline le 17. Mais c'est une victoire d'alpinistes, pas celle d'une armée conquérante. Toutefois, sur la rive gauche du lac de garde la progression des Italiens est réelle, elle fait des prisonniers. Le 21, ils prennent le col di Lana, dans les Dolomites, bien plus à l'est...

Des hydravions français embarqués participent, avec leurs homologues italiens, aux bombardements de Trieste. Ce port austro-hongrois est aussi régulièrement bombardé par des escadres italiennes, mais complètement isolé, il ne sert plus à grand chose dans la guerre à part récolter à intervalles réguliers des bordées d'obus...

Sur le Front de la Russie Continentale. C'est la débâcle, la Raspoutitsa ou la période de la boue. Celle de printemps, encore plus que celle d'automne, fige tout le front. Il est impossible de circuler, car les routes ne sont pas encore goudronnées et elles disparaissent littéralement dans la boue. Toutefois, à l'extrême nord, dans les alentours de Dwinsk (Daugavpils maintenant) où c'est encore l'hiver, les Allemands lancent de nombreuses attaques pour essayer de reprendre le terrain perdu en mars. Elles n'aboutissent à rien. Le 18, les Russes reprennent leur offensive un peu plus au sud et bousculent les Allemands sur la Dvina et autour du lac Narotch...

Sur le front sud, l'Ukraine et la Biélorussie sont dans la boue et il est impossible de bouger...

Au sud du Caucase, les conditions climatiques sont encore bien meilleures qu'en hiver. Après leur débarquement réussi près de Trabzon en mars, les Russes avancent vers la ville. Ils progressent aussi au sud d'Erzeroum, leur grande conquête de l'hiver, et ils ne rencontrent aucune difficulté majeure dans leurs chevauchées en Perse. Mais la Turquie se ressaisit, de nombreux régiments venus de la frontière grecque commencent à prendre position, la conquête de la Turquie par l'est ne sera pas facile. Le 11, les Turcs attaquent vers Erzeroum. Trop rapidement préparée, l'offensive échoue après 6 jours de combats. Le 18, les Russes dispersent une contre-attaque turque en Arménie, au sud de Bitlis. Le 19, dans une attaque combinée par mer et par terre, rapide et facile, ils prennent le port de Trabzon sur la mer Noire. C'est une conquête majeure, saluée dans le monde entier. Le 21, ils repoussent une nouvelle offensive turque à l'ouest de d'Erzeroum et ils progressent sensiblement vers l'ouest le long de la mer Noire...

Le 19, le maréchal prussien, le baron Colmar von der Goltz, surnommé Goltz Pacha, décède du typhus à Bagdad à l'âge de 72 ans(8). C'est plus qu'un militaire, c'est aussi un stratège et l'un des premiers théoriciens en matière de communication en temps de guerre. En décembre 1866, il écrivait à Bismarck pour se plaindre du fait qu'aucun organe de presse ne soutenait la cause prussienne dans sa guerre contre l'Autriche-Hongrie. Il devient ainsi l'un des idéologues de l'Empire allemand et il estime alors qu'il faut "coûte que coûte donner aux entreprises militaires bonne et belle apparence. Ce n'est pas le tout d'être fort, il faut aussi paraître avoir raison". En 1870, il participe en vainqueur au siège de Metz, à la bataille de Gravelotte et aux batailles de la vallée de la Loire. En 1883, il est nommé commandant de la mission militaire allemande dans l'Empire ottoman. Ses théories, notamment celles sur la "nation armée", ont un impact réel sur la pensée de nombreux Jeunes-Turcs maintenant maîtres du pays. Ses réussites lui valent les titres de Pacha, en 1895, puis Mushir (l'équivalent de maréchal) juste avant son retour pour l'Allemagne. En septembre 1914, il devient gouverneur militaire de la Belgique où il s'illustre dans la répression très violente de la résistance belge, pourtant pacifiste. De nombreux otages sont incarcérés en Allemagne. Il fait lire et afficher des proclamations indiquant que ces otages seront fusillés sans pitié au moindre sabotage. Cela lui vaut d'être admiré par Adolf Hitler, alors soldat près de Lille. En 1915, il se rend une nouvelle fois dans l'Empire ottoman où il est de nouveau promu conseiller militaire. Au début de la campagne de Mésopotamie, il est envoyé à Bagdad pour réorganiser la 5ème armée turque qui, dans la vallée du Tigre et de l'Euphrate, bloque l'avance de la 6ème armée indienne commandée par le Britannique Charles Townshend. Il est le stratège du siège de Kut-el-Amara. Puisant dans ses connaissances historiques, il l'organise comme l'a fait Jules César à Alésia, c'est-à-dire une défense contre les sorties des assiégés et une autre contre les armées de secours...

En Afrique Occidentale Française. L'insurrection des Touaregs du nord se poursuit sur les rives du Niger, dans la région de Filingué (Niger actuel). C'est une situation très complexe qui met en opposition des poignées d'hommes aux religions différentes, souvent sectaires, pour la conquête ou la défense d'une région économiquement prospère car humide. A ce moment-là, l'Italie a presque quitté le désert qu'est le centre de la Lybie, se contentant de quelques ports sur la Méditerranée. Les Turcs ne sont physiquement plus présents sur place, mais les chefs religieux musulmans sont toujours dévoués à l'Empire, et, depuis 1914, ils ont déclaré la guerre sainte, le Djihad, à tous les Européens mécréants : Français, Italiens et Britanniques. Les Français n'ont que de maigres troupes et, guerre européenne oblige, ils ont abandonné eux-aussi les fortins des déserts avec leurs sections de méharistes. Profitant de cette faiblesse, les Touaregs du nord, farouchement indépendants, toujours nomades, de religion sénousite (une dérive sectaire de l'islam), constamment au bord de la famine, veulent reprendre leurs razzias ancestrales vers la "riche" Afrique des fleuves. Après avoir pillé les dépôts d'armes laissés par les Italiens, ils descendent vers le Niger qu'ils pensent facile à prendre. C'est là, grâce à l'appui des Peuls, peuple noir, mais aussi d'autres Touaregs sédentarisés depuis longtemps, les Soudiés qui possèdent une cavalerie puissante, que les soldats du 2ème régiment de tirailleurs sénégalais du capitaine Fourcade se mettent en position pour les arrêter. Aguerrie, disciplinée, cette armée pourtant très cosmopolite arrête les attaques Touareg, puis elle poursuit son avantage pour finalement écraser définitivement la révolte en juin...

En Afrique Orientale. Le 18 avril, sous la direction du général Tombeur, des colonels Olsen, Molitor et Thomas, les troupes du Congo belge répliquent pour la première fois aux agressions des troupes coloniales allemandes. Elles utilisent des hydravions sur le lac Tanganyika...

Dans les Balkans. Changement de stratégie pour les Bulgares qui retirent une partie de leurs troupes près de Salonique pour les masser sur le Danube à la frontière avec la Roumanie. Pressentant le danger, malgré l'accord économique passé avec les Allemands, les Roumains se préparent à la guerre. A Athènes, des manifestations de femmes affamées se tiennent devant le Parlement...

Dans le camp retranché de Salonique, on soigne avant tout la malaria qui fait des ravages. Le 15, le général carcassonnais Maurice Sarrail reçoit du général britannique Bryan Mahon -anticonformiste notoire qui ose se faire photographier en bras de chemise parmi ses soldats- les insignes de l'ordre de Saint-Michel et de Saint-Georges. De temps en temps, l'artillerie dérouille ses culasses en envoyant des obus sur les campements bulgares. Parfois, un avion français fait de même. Le 23, l'un d'entre eux va même jusqu'à bombarder des entrepôts à Sofia...

En Mésopotamie. Le siège de Kut-el-Amara se poursuit de façon féroce. Malgré le remplacement du général Fenton Aylmer, qui est tenu pour responsable des échecs de mars, rien n'est fait depuis trois mois par les Britanniques pour ravitailler les 13 000 soldats de la 6ème division indienne encerclée. Le nouveau général, George Gorringe, prend la tête d'une nouvelle expédition le 5 avril. C'est un nouvel échec, tant les forces turques lui sont supérieures et mieux organisées. Du coup, et c'est une première mondiale, à partir du 15 avril, on parachute des vivres chez les encerclés. Mais la quantité de vivres ainsi larguée reste dérisoire en regard des besoins. Depuis le 15 janvier, les assiégés sont rationnés, et malgré une découverte inespérée d'orge, les rations personnelles, déjà réduites, sont encore divisées par deux début mars. De la place forte, le général Townshend signale que tous les vivres seront épuisés à partir du 19. Le 23, les caisses de rations étant totalement vides, Townshend demande la permission d'entamer des pourparlers de reddition avec les Turcs. A Bassora, le négociateur mandaté par l'armée britannique, Thomas Edward Lawrence, plus connu maintenant sous le nom de Lawrence d'Arabie, offre 2 millions de livres, et s'engage à ne pas continuer la guerre contre la Turquie si le siège est levé. Avec de bonnes raisons, les Turcs n'y croient pas. Le 29, après 147 jours de siège, Townshend admet sa défaite, et signe la reddition sans condition de l'armée du Poona. Après la capitulation, Townshend et la majorité des soldats britanniques, sans qu'ils en soient responsables, sont relativement bien traités. Les officiers vivront même dans un luxe relatif jusqu'à la fin de la guerre à Halki, une île de la mer de Marmara. Les Indiens, déjà très affaiblis par les privations, ont beaucoup moins de chance. Des décennies avant les Japonais puis les Allemands, ils inaugurent les "Marches de la mort"(9). Dix mille Indiens partent de Kut pour marcher dans le désert sous une chaleur torride. Les conditions de la marche conjuguées aux maladies dues à la dénutrition, font 4 800 victimes(10). Cet épisode donne aux Turcs le douteux privilège de s'être livrés au premier génocide du XXème siècle avec le massacre des Arméniens, puis celui des Grecs du Pont dans la région de Trabzon et d'avoir inventé les "Marches de la mort"...

 

Il est temps de revenir à Barbentane. C'est l'Écho de juin qui donne les nouvelles de mars. C'est une photographie du cardinal Mercier, figure incontestée de la résistance passive belge, qui fait sa couverture. Un article à sa gloire tient toute la deuxième page...

Sur la page 3 et une partie de la page suivante, c'est l'éloge du lieutenant Martial Granier qui, avec sa compagnie, s'est vaillamment comporté à Verdun [ndlr : même si ce n'est pas explicitement noté, tout laisse à penser que c'est à cet endroit qu'il était positionné]...

Un prêtre meusien, réfugié au village, nous donne ses impressions sur les fêtes pascales. Suit la liste des confirmés du vendredi 26 mai 1916, avec pour chacun, son lieu de résidence...

Un petit article donne des nouvelles des blessés. Au livre d'or, c'est l'éloge de Jean Tessier tué le 22 juin 1915. Gaston Nazon, blessé, est cité à l'ordre de son régiment...

Dans la liste des 16 disparus, j'ai compté 4 soldats de Rognonas, 1 d'Orgon, 1 d'Aurillac (Cantal), 1 de Saint-Andiol et 9 de Barbentane. Sur ces 9 barbentanais, 7 ont été tués au combat (Pierre-Henri Ayme ; Jean-Baptiste-François Bon ; Jean-marie-Richard Bon ; Jean-Baptiste Fauque ; Henri Laussel ; Pierre Marin et Antonin Vernet).

Trois discours funèbres sont relatés, celui de François Bourdin, de Pierre Brunel et de François Bruzzone...

En avril 1916, deux barbentanais sont tués :

· Pierre Brunel(11), né à Saint-Paul-le-Froid en Lozère, 36 ans, cultivateur, marié, père de 4 enfants, il était 2ème classe au 75ème régiment d'infanterie. Il est légèrement blessé le 27 septembre 1915 lors de l'offensive en Champagne. Il fait plusieurs hôpitaux, le premier à Belfort, puis à Chambéry et enfin celui de Bonbonneau à Allan dans la Drôme où il existe un service pour les malades contagieux. Dans l'Écho de mai 1916, on note qu'il est décédé à 2h du matin le 2 avril 1916, suite à l'opération d'un kyste. Mais dans l'Écho de juin on précise qu'il est mort "des suites d'une maladie cruelle, presque foudroyante, que développèrent sans doute les fatigues du service militaire". Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 13 avril en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Il est enterré au cimetière d'Allan dans la Drôme ;

· Paul Mourret(12), né à Barbentane, 22 ans, mécanicien-électricien, célibataire, sergent au 157ème régiment d'infanterie. Le 29 mars à 21h il est grièvement blessé sur plusieurs parties du corps par des éclats d'obus et de grenades lors de la bataille de Verdun. Il meurt des suites de ses blessures le 9 avril à l'ambulance de Froidos dans la Meuse. Sur l'initiative d'une tante, un service religieux est célébré en sa mémoire le 9 mai en l'église Saint-Louis de Lisbonne au Portugal en présence d'une délégation française. Un service funèbre est célébré en sa mémoire le 16 mai en l'église de Barbentane. Il est inscrit sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe qui est dans l'église. Dans un premier temps, il est enterré sur place à Froidos ; il repose maintenant dans l'ossuaire du vieux cimetière du village.

Comme toujours le courrier militaire est très riche. Jean-Marie Joubert écrit de Salonique ; c'est Jean-Marie Ginoux qui est content d'être vivant ; c'est le Vallabréguant Jean Brémond qui constate que les Allemands "y laissent du poil" ; c'est Louis Petit qui, pour éviter les obus, reste dans son trou avec les rats, comme un renard, mais il a un chat ; c'est le caporal Bonjean qui, malgré les éléments, garde le moral -toutefois si la paix arrivait cela lui ferait plaisir- ; les frères Mouret, Jean-Marie et Paul, sont confiants ; Jean Fontaine espère la paix ; Pierre Ménard relate que tout tremble sous l'éclatement des obus . Léopold Michel est pessimiste pour les permissions avant l'hiver ; Guillaume Marteau pense être proposé pour la réforme ; Joseph Revial est dans un chaland en route pour le Soudan ; Paul Mus monte des hangars pour dirigeables à Bizerte ; Charles Gautier est confiant "ils ne passeront pas" ; Etienne Bernard, qui a quitté Verdun, ne sait pas dans quelle autre partie du front il va ; Jean Fontaine est heureux du bon moral de l'arrière ; Lucien Chancel, qui est on ne sait où, signale de la neige ; François Mouret, qui construit des routes loin du front, n'entend plus le canon ; Auguste Issartel, blessé, donne de ses nouvelles dans un hôpital de Cahors ; le caporal Pierre Ménard, blessé, donne de ses nouvelles de Versailles ; Louis Ayme narre l'atterrissage d'un Aviatik abattu par un Morane ; Louis Bertaud est impressionné, car malgré ses multiples changements de cantonnements, l'Écho le retrouve toujours ; mais c'est J. Audibert qui fait de l'humour noir car, dit-il, "à part les balles, les obus et les gaz, il n'y a rien à craindre"...

Dans l'état religieux, 4 baptêmes et deux enterrements, toujours pas de mariages...

Guy

 

Durant ce mois d'avril 1916, la guerre fait toujours des hécatombes à Verdun. L'armée française pratique maintenant le Tourniquet sur une grande échelle. Par manque de moyens, elle commence à remettre en cause sa participation à la future offensive sur la Somme prévue pour début juillet. Horatio Herbert Kitchener, le nouveau commandant en chef de l'armée britannique, propose son aide. Joffre refuse, il y a déjà beaucoup de monde à Verdun, il préfère laisser cette nouvelle armée se reconstituer après ses 6 divisions perdues depuis 1914. Pour lui, comme elle est trop récente, il faut qu'elle prenne l'expérience du front dans le nord de la France. Conformément à une directive du mois précédent, le plus célèbre des groupes d'aviation de chasse qui stationne près de Reims sous les ordres de Charles de Tricornot de Rose, prend l'appellation d'Escadrille des Cigognes. Elle doit son nom à un de ses groupements qui combat en Alsace où ses avions sont comparés aux Cigognes annonciatrices du printemps dans cette région. A l'autre bout du monde en guerre, en Mésopotamie, dans la chaleur des sables du désert irakien, se déroule aussi une autre tragédie…

 

Dans le Monde Politique, en France. Le 11 avril, c'est le débarquement à Marseille des soldats de la 1ère brigade russe. Elle est partie de Moscou le 13 février par le transsibérien pour rejoindre la Mandchourie où elle s'est embarquée sur des navires français. L'accueil est triomphal et elle défile sous les hourras dans les rues de la ville. Le 27 avril est créé un diplôme d'honneur, portant en titre "Aux morts de la Grande Guerre, la patrie reconnaissante". Il sera décerné à tous les officiers, sous-officiers et soldats des armées de terre -aviation comprise- et de mer, décédés depuis le début des hostilités pour le service et la défense du pays. Ce diplôme sera remis aux familles par les soins des autorités civiles et militaires(1)…

En Allemagne. Le 7 avril au Reichstag, le chancelier déclare que le maintien du statu quo est impossible en Pologne ainsi qu'en Belgique. Il préconise le rattachement direct de ces deux états. A partir du 13, le sucre est recensé dans toutes les maisons du pays. Le 15, un arrangement commercial est trouvé avec la Roumanie. L'Allemagne lui achète ses surplus agricoles et, en retour, elle lui fournit les produits industriels dont la Roumanie ne peut se passer. Le 24, la note courroucée des États-Unis au sujet de la guerre maritime menée par l'Allemagne est publiée dans la presse. Tout laisse à penser que les USA entreront incessamment en guerre. Le 30, sous prétexte d'économie d'énergie, l'Allemagne est le premier pays au monde à instaurer l'heure d'été(2).

En Belgique occupée. Gabrielle Petit, la jeune espionne au service des Alliés, jugée et condamnée le 3 mars, est fusillée le 1er avril au Tir national, un complexe d'entraînement militaire basé à Bruxelles. Au moment fatidique, elle crie "Vive le Roi ! Vive la..." mais elle n'arrive pas à finir sa deuxième phrase(3)...

 

 

 

Ruines de la Poste centrale à Dublin à la fin du mois d’avril 1916

A Verdun, poste de ravitaillement en vin

A Verdun, champ de croix de bois

Poste de premiers secours à Verdun

Soldats US dans leur chevauchée au Mexique

Poilus en tenue bleu horizon lors d’une halte près de la Voie Sacrée en avril 1916 (photo Autochrome)

Le torpilleur français Trombe

Débarquement de l’armée russe à Marseille le 11 avril 1916

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Louis Renault essaye le prototype du char français Mourret-Fouché

Aux États-Unis. Le 8 avril, la Maison Blanche est informée que le paquebot Sussex a bien été torpillé sans sommation par l'U-29 le 26 mars. La note précise aussi que la presque totalité des autres torpillages de paquebots, toutes nationalités confondues, l'ont été sans avertissement. Le 11, un conseil des ministres spécial se réunit pour étudier les suites à donner à cette information. Cela se traduit par une note envoyée à l'Allemagne. En réponse, celle-ci fait parvenir une lettre si alambiquée que le président Wilson, dans un discours prononcé à New York le 16, se déclare très irrité. Le 16 encore, 7 terroristes allemands sont arrêtés. Le 21, Wilson fait une ferme déclaration au congrès au sujet de l'Allemagne. Si le cabinet de Berlin n'abandonne pas la piraterie navale, le cabinet de Washington rompra avec lui, affirme-t-il. Cette déclaration est approuvée par de nombreux pays sud-américains, eux aussi concernés par la guerre maritime à outrance (Chili, Brésil, Argentine)...

Au Mexique. Le 16 avril, le président Carranza demande officiellement aux USA de retirer leurs troupes, entrées illégalement dans son pays pour poursuivre Pancho Villa. C'est une demande de pure forme, les USA ne réagissent même pas...

Aux Pays-Bas. faisant suite à la guerre maritime, la tension ne cesse de monter et le pays se prépare à toutes les éventualités. Le 2 avril, toutes les permissions sont suspendues et les deux chambres sont convoquées d'urgence...

En Suisse. Du 24 au 30 avril se tient à Kiental (ou Kienthal, dans l'Oberland bernois), une nouvelle conférence internationale socialiste. Quarante quatre délégués participent aux débats et ils viennent de nombreux pays européens, y compris de ceux en guerre. La Suisse, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, la Serbie, la Russie (avec Lénine et Zinoviev) et le Portugal sont représentés. Le gouvernement français refuse de donner leurs passeports aux pressentis pour y participer. Toutefois, 3 députés français de la SFIO arrivent tout de même à Kiental : Pierre Brizon(4), Alexandre Blanc et Jean-Pierre Raffin-Dugens, mais ils n'ont qu'un statut d'observateurs non mandatés. Le sujet principal des débats est la guerre en cours, dont l'ensemble des participants dénoncent les méfaits. Pour eux, c'est le peuple laborieux qui se ruine et souffre en silence pour satisfaire les bourgeois capitalistes. Le manifeste de la Conférence déclare d'ailleurs "Cette guerre, peuples travailleurs, n'est pas la vôtre, mais vous en êtes les victimes". Sont aussi dénoncés les coupables de ce désastre humain et financier qu'il faudra payer : gouvernements bourgeois (y compris socialistes), industriels, affairistes, médias aux ordres, Églises et tous les réactionnaires "qui se réjouissent de voir tomber sur les champs de bataille ceux qui menaçaient hier leurs privilèges usurpés, c'est-à-dire les socialistes, les ouvriers syndicalistes et les paysans". Le 27, un biplan allemand survole une nouvelle fois la ville de Porrentruy ; l'indignation gronde dans de nombreux cantons francophones frontaliers de l'Allemagne...

En Irlande. Le Lundi de Pâques, 24 avril, 120 membres de l’Irish Citizen Army et 700 de l’Irish Volunteers Force défilent dans O’Connell Street à Dublin. Soudain, c’est la ruée pour occuper la Poste centrale ainsi que d'autres édifices publics. Les insurgés établissent un gouvernement provisoire, et des armes sont dérobées à l’armée britannique. Des activistes féminines apportent des vivres et des médicaments. Pour la première fois depuis longtemps, une insurrection est dirigée par des catholiques, et non par des protestants opposés au système colonial. L'armée britannique, qui a gardé la maîtrise du téléphone, se ressaisit rapidement et appelle en renfort des régiments stationnés dans d'autres villes irlandaises : Curragh, Belfast, Athlone et Templemore. Le lendemain, alors que les insurgés radiodiffusent la proclamation de la République, la contre-attaque britannique obtient d’indéniables succès militaires. La masse des Irlandais ne bouge pas. Plus encore, certains considèrent cette insurrection comme une traîtrise par rapport aux soldats irlandais qui combattent et meurent en France. Elle est parfois appelée les "Pâques sanglantes". Les révolutionnaires avaient espéré un soutien logistique des Allemands. Roger Casement, était d'ailleurs mandaté pour les solliciter. Il n'a obtenu qu'une petite cargaison d'armes désuètes. Il est arrêté le 26 à son retour dans le comté de Kerry et le croiseur auxiliaire allemand transportant les armes est coulé. Après 5 jours de violents combats, les insurgés sont dans une situation désespérée. Le 29 avril, Patrick Pearse, président du gouvernement provisoire, décrète l’arrêt des combats et parvient à convaincre les quelques irréductibles, emmenés par Tom Clarke, que l’insurrection est un échec. La reddition sans conditions est signée le même jour. On dénombre environ 400 morts (318 civils et de 60 à 80 insurgés) et 2 614 blessés dont 2 217 civils. La répression des Britanniques est implacable : 3 430 hommes et 79 femmes sont arrêtés à Dublin et on arrive au chiffre de 5 000 personnes avec celles poursuivies en Angleterre ainsi qu'au Pays de Galles. Les dirigeants sont jugés par des cours martiales qui prononcent 90 peines de mort. Il y a une quinzaine d’exécutions à la prison de Kilmainham, dont sept membres du gouvernement provisoire. Patrick Pearse est fusillé le 3 mai. James Connolly, plusieurs fois blessé pendant l’insurrection, est arraché de son lit d'hôpital, posé sur une chaise et exécuté le 12 mai. Roger Casement, qui a servi d'intermédiaire entre l’insurrection et le Kaiser, est pendu. Éamon de Valera échappe à la peine capitale, du fait de sa nationalité étasunienne. La brutalité de la répression va entraîner un courant de sympathie envers le Sinn Féin, renversant l'opinion, alors que l'opportunité de l'insurrection avait été fortement contestée...

Dans le Monde des Sciences, du Sport, des Arts et des Lettres. Le 22 avril à New York, c'est la naissance de Yehudi Menuhin, futur violoniste et chef d'orchestre de grand renom († 1999 à Berlin)...

 

Sur le Front des Combats, à Verdun. C'est toujours, et de loin, le front le plus actif au monde. Ce premier mois du printemps peut se découper en deux parties. Les 12 premiers jours, les Allemands poursuivent leur offensive sur les secteurs nord et est. Les jours suivants, c'est l'armée française qui reprend l'offensive, surtout vers Douaumont dans le secteur est...

L'armée française compte maintenant plus de 525 000 soldats dans cette zone relativement restreinte. Certains d'ailleurs n'hésitent pas à dire que le bain de sang de Verdun est aussi dû en partie à cette concentration que l'artillerie ennemie lacère jour et nuit. Depuis le 20 mars, l'offensive allemande se porte avec violence au nord. La cote 304 est un point haut qui empêche les Allemands de prendre le site du Mort-Homme. Au prix d'une lutte féroce, où chaque tranchée est défendue avec l'énergie du désespoir, les Allemands progressent pas à pas. Après des heures de bombardement ininterrompu, l'assaut est donné avec les lance-flammes, puis les fantassins attaquent. C'est à chaque fois un carnage. La vaillance des défenseurs, fidèles à la consigne de Pétain "Ils ne passeront pas" ne peut que retarder l'échéance. Le 9 avril, même si l'extrémité sud du bois de Mort-Homme est encore français, les villages de Haucourt, Vassincourt et Palavas tombent aux mains des Allemands. Le front nord n'a maintenant plus de saillant, et c'est sur une ligne presque droite que les soldats se font face, des forêts de l'Argonne jusqu'à la carrière d'Haudromont sur la rive droite de la Meuse. Pendant ce temps, le secteur est n'est pas inactif, loin s'en faut. Mais là, les forces sont plus équilibrées. Une tranchée prise un jour par les Allemands est reprise au plus tard le lendemain par les Français. D'ailleurs, la progression allemande est nulle, malgré les énormes moyens engagés. Seules les pertes humaines progressent inexorablement. De temps en temps, les Allemands jettent des mines flottantes dans la Meuse à Saint-Mihiel, en aval de Verdun. Elles explosent le plus souvent sur des barrages sans causer de dégâts aux précieux ponts qui permettent de traverser le fleuve et de ravitailler le front...

Autant que sur le terrain, c'est aussi dans les états-majors que la guerre s'installe. Joffre renâcle à fournir les troupes fraîches que Pétain ne cesse de réclamer. Même le président de la République, Raymond Poincaré, s'en mêle. Loin des réalités de Verdun, il ne comprend pas pourquoi les gains de terrain sont si minuscules en regard des moyens déployés. Il lui semble facile, avec une offensive rapide, de reprendre les 400 mètres qui séparent les lignes françaises du fort de Douaumont, ce qui aurait le retentissement mondial dont il rêve "Les Français ont repris Douaumont !!!". Même si Joffre bouillonne d'impatience, même si les politiques grognent, Pétain ne veut pas lancer une contre-offensive dans l'immédiat car il sait bien qu'en l'état, le moindre assaut se chiffrerait par des milliers de morts. Toutefois, il fait venir le général Georges Nivelle en lui donnant l'ordre de préparer un assaut sur Douaumont au moment où il le jugera favorable...

Entre le 9 et le 12, les Allemands reprennent leur offensive vers le fort de Vaux. Chaque assaut est précédé d'un déluge d'obus, puis d'un nettoyage en règle des tranchées au lance-flamme. Au prix de pertes insupportables, les Français ne reculent pas ou si peu. En 3 jours, la progression n'est que de 40 mètres..

Il pleut !!! Si au début du mois le soleil s'est timidement montré, depuis le 5 il pleut. Tout le champ de bataille est un immense cloaque où tout le monde -hommes, bêtes, canons- s'enlise. La glaise meusienne est épaisse, lourde, collante. Des hommes s'y noient, épuisés, ne pouvant s'extraire de ce bourbier...

Le 12, découragés, les Allemands renoncent aux grandes offensives. Ils vont poursuivre leurs attaques par des bombardements incessants et en lançant des coups de main localisés chaque fois que cela est possible. Ils réorganisent leurs arrières en massant des forces prêtes à bondir là où les Français céderont...

Saisissant ce répit, Pétain renouvelle ses demandes de troupes fraîches. Il précise même "que ces unités ne soient pas choisies parmi celles ayant déjà combattu à Verdun" car, écrit-il "Il est à remarquer que les troupes qui reviennent au front pour la seconde fois ont été reconstituées à l'aide de la classe 1916 ; ces recrues n'ont jamais vu le feu et l'on constate qu'elles se laissent impressionner par le bombardement auquel elles sont soumises, plus que les contingents anciens"...

Le 15 avril, après des offensives locales dans le secteur nord pour essayer de reprendre les villages perdus, une offensive française plus puissante démarre devant Douaumont sur le secteur est. "La lutte est sauvage, on grignote des centimètres, pas des mètres, sous un feu impitoyable, dans l'atmosphère méphitique des gaz et sous la menace constante des lance-flammes" comme l'écrit un soldat. Pas plus que les Français, les Allemands ne cèdent de terrain. Les contre-attaques succèdent aux attaques et les tranchées changent parfois d'occupant plusieurs fois dans la même journée. Le 19, avec de nouvelles troupes, un nouvel élan est donné à l'offensive française. Elle conquiert quelques mètres, mais elle doit les rendre quelque temps après. Le fort de Douaumont est encore très loin...

A la fin du mois, le beau temps revenu, attaques et contre-attaques ne cessent de se succéder sur l'ensemble des secteurs. Si les Allemands ont partout progressé, les gains sont très minimes au regard des espoirs de la grande percée espérée...

Du 26 février au 30 avril, les pertes humaines côté français s'élèvent à 58 000 blessés (920 par jour) et à 49 000 morts (777 par jour). On n'a pas les chiffres côté Allemand, mais tout laisse à penser que leurs pertes sont, à peu de chose près, équivalentes...

En ce mois d'avril sur le secteur nord, de paisibles villages meusiens de quelques centaines d'habitants font la une des journaux jusqu'à l'autre bout du monde : Malancourt, Avocourt, Haucourt, Esnes-en-Argonne, Béthincourt, Montzéville, Chattancourt, Cumières-le-Mort-Homme, Marre, Champneuville et Charny-sur-Meuse. Toujours dans ce secteur, il faut ajouter le bois d'Avocourt, le bois des Corbeaux, le bois de Mort-Homme, les bois Bourrus, la Côte de l'Oie, la Côte 304, la Côte 265 et la Côte 287(5). Au secteur nord, en plus des villages de Douaumont et de Vaux, maintenant tristement célèbres, il faut ajouter Vacherauville, Bras, Fleury-devant-Douaumont, Belleville, Moulainville, Dam-Loup, Eix, Forges, Regniéville et la chapelle Sainte-Fine. Les bois sont nombreux sur cette rive : bois de Nawé, bois des Caurettes, bois Chanfour, bois de la Caillette, bois Fumin et le bois de Laufée. Il y a aussi la Côte du Poivre, la carrière d'Haudremont, le ravin de la Mort, la Côte de Froideterre, le ravin du Bazil, l'étang de Vaux et la ferme de Thiaumont. Sans oublier les nombreux forts qui portent le plus souvent le nom des villages auprès desquels ils ont été construits. Tous ces sites vont entrer dans la légende de Verdun…

En France hors Verdun. Sur l'ensemble du front c'est la poursuite des duels d'artillerie. Ils ne cessent jamais. Ils sont quand même plus intenses, souvent suivis d'attaques de faible envergure, aux nord et au sud de Verdun, en Argonne, dans la plaine de la Woëvre jusqu'à la vallée de la Moselle. La Champagne et la Lorraine sont en perpétuelle effervescence, les premières lignes, tant françaises qu'allemandes, ne sont jamais au repos. On poursuit la guerre, chacun dans son coin, avec de faibles moyens, des Vosges à la mer du Nord. Les lancés de grenade, les mines, les coups de main sont si fréquents qu'ils occupent des pages entières dans les quotidiens...

Du 27 au 29 avril se déroule la bataille d'Hulluch. C'est une ville du Pas-de-Calais, à mi-chemin entre Lille et Arras. Dans la nuit du 27, un régiment irlandais subit une très violente attaque au gaz moutarde, gaz encore plus puissant que celui utilisé jusqu'alors. Mais les hommes sont maintenant équipés de masques et surtout formés à ce type de danger supplémentaire. Néanmoins, l'attaque est sérieuse, toute la journée les gazés sont évacués et remplacés par des hommes valides dans l'attente d'une attaque qui ne manquera pas de se produire. Le 29, nouvelle attaque au gaz, mais le vent tourne rapidement et ce sont les troupes allemandes massées pour l'assaut qui subissent les effets mortifères de leur propres engins fumants et funestes. Au final, à part les gaz, aucune attaque terrestre n'a lieu dans le secteur...

 

Dans la guerre aérienne. L'aviation française reconquiert petit à petit la maîtrise du ciel verdunois. Les forces s'équilibrent. Mais la météo, peu favorable -plus de la moitié du mois est noyé sous la pluie- rend cette arme peu efficace en appui des combats terrestres...

Dès que le ciel le permet, des raids de bombardement sont menés sur tous les ensembles ferroviaires du secteur. Conflans, Étain, Audun-le-Roman, Metz, Baroncourt, Novéant-sur-Moselle, Longuyon, Rethel, Maizières-Lès-Metz, Arnaville, Thionville, Grandpré, Challerange, les gares de la vallée de l'Aire sont plusieurs fois visées. Les usines métallurgiques de Longwy, Hayange, Joeuf et Homécourt, le sont tout autant. Sont aussi bombardés les bivouacs allemands à Stenay, Montfaucon-en-Argonne, Pierrepont, Brieulles-sur-Meuse, Sprincourt, Damviller, Azannes, Villers-lès-Mangiennes, ceux de la vallée de l'Orne et de Dun-sur-Meuse. Mais tous ces raids, même s'ils sont gênants, n'entravent guère les violents combats terrestres. D'autant plus que les batteries de défense anti-aérienne se montrent de plus en plus actives et il faut bombarder de toujours plus haut, ce qui rend ces opérations plus hasardeuses...

Le 4, Dunkerque reçoit la visite d'un zeppelin. En représailles, trente et un avions alliés bombardent des cantonnements allemands en Belgique. Profitant du mauvais temps, ce qui les rend presque indétectables car ils circulent au-dessus des nuages, de nombreux raids de Zeppelins, parfois plus de 6 unités en même temps, bombardent les côtes britanniques. Ces bombardements sont effectués le 2, le 3, le 4, le 7 puis le 26 et le 27, ils n'occasionnent que des dégâts mineurs. Fait rare, le 2, un des dirigeables qui bombardent Londres est abattu par un canon, il s'échoue dans la Tamise et il sera récupéré par les Britanniques...

Dans la guerre maritime. Pas de nouveauté technique, mais la guerre sous-marine s'intensifie encore. En 1916, près de 80 U-Boote sont opérationnels en même temps. Sans atteindre les hécatombes terrestres, prendre la mer n'est pas sans risques, même pour de paisibles passagers en voyages d'agrément. Cas unique, un U-Boot allemand, le U-26, est récupéré presque sans dommages par la marine française. Parti le 30 mars de Zeebrugge pour sa première mission de guerre, il est repéré le jour même par un hydravion au large de Dunkerque, mais il parvient à s'échapper. Le 5, à 6h00 du matin, il torpille le vapeur Norvégien Baus en rade du Havre. Les survivants sont récupérés par le patrouilleur français Notre Dame de Lourdes. Peu après, le sous-marin envoie une autre torpille qui rate son but vers le grand cargo britannique Governor chargé d'avoine en provenance d'Amérique du Sud. Du coup, tous les navires armés qui rôdent dans le secteur -ils sont plus de 12- se ruent sur le submersible. A 9h50, le U-26 est immobilisé par un filet et il est immédiatement grenadé. Les deux premières grenades sont presque sans effet, mais la troisième lui ouvre une voie d'eau qui l'oblige à faire surface. Le torpilleur français Trombe le canonne aussitôt avec des obus de 47, et les sous-mariniers manifestent leur volonté de se rendre, non sans avoir au préalable détruit tous les documents secrets du bord. Après avoir été longuement étudié par les marines britannique et française, il est réparé. Il reprendra la mer 15 novembre 1917 sous pavillon français et avec un nouveau nom Le Roland Morillot(6). Le 6 en méditerranée, le Colbert, un navire auxiliaire français, repousse au canon l'attaque du U-39. Touché 8 fois au cours du combat, le Colbert est secouru par des patrouilleurs, et il parvient à rester à flot.

A Verdun, douches et désinfection avant de partir au repos à l’arrière

Chenil pour le dressage de chiens ratiers dans la Marne

A Verdun, boyau dans un triste état

Ambulances à Verdun

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho de juin 1916 qui relate les événements d’avril et début mai...

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres…

Guy

A Verdun, combat d’artillerie de nuit

Femmes boulangères préparant du pain gris

A Verdun, la neige est encore présente au début avril

Le cuirassé britannique Russel qui a sauté sur des mines au large de Malte

L’Écho de Barbentane de juin 1916

(1) Toutes les familles touchées ne recevront pas ce diplôme, du fait que dans certains cas il est impossible de les localiser. Dans certaines villes, la remise de ce diplôme aux familles fait l'objet d'une prise d'armes. La gravure centrale du diplôme reprend le Départ des Volontaires du sculpteur François Rude, appelé aussi La Marseillaise. Or, si sur les premiers diplômes délivrés cette représentation est restée conforme à son créateur, rapidement des esprits pleins de chasteté masqueront plus ou moins artistiquement le sexe nettement apparent du guerrier de droite, au premier plan, avec son sabre encore dans le fourreau.

(2) L'instauration de l'heure d'été sera vite reprise par les Britanniques le 21 mai, puis par la France le 14 juin.

(3) La guerre finie, les restes de Gabrielle Petit sont exhumés. Des funérailles nationales se tiendront le 27 mai 1919 en présence de la reine Élisabeth de Belgique, qui dépose la croix de l'ordre de Léopold sur le cercueil dans un grand moment d'émotion populaire. Elle repose maintenant au cimetière de Schaerbeek.

(4) C'est quand même le Français Pierre Brizon qui écrit le manifeste de cette conférence, et il est accepté à l'unanimité des participants.

(5) Dans le jargon militaire, la désignation de "Cote" est, en l'absence de nom de lieu précis, une donnée d'altitude. Exemple la Cote 304 est un point à l'altitude de 304 mètres.

(6) Le Roland Morillot est sauvé une seconde fois après avoir subi d'importantes avaries causées par une violente tempête au large de Brest en octobre 1922. Il sera rayé des listes de la flotte, pour vieillesse, le 3 avril 1924.

(7) John Henry Dacres Cunningham est officier à bord du cuirassé Russel, il survit au naufrage. En 1943, il est promu amiral et commandant en chef de la Flotte britannique en méditerranée. A ce titre, il est chargé du débarquement allié à Anzio en Italie le 22 janvier 1944 et de celui en Provence le 15 août 1944. En 1946, il est promu First Sea Lord, c’est-à-dire Lord Amiral en Chef de la Royal Navy.

(8) Le baron Colmar von der Goltz est enterré dans les jardins de l'ambassade d'Allemagne à Constantinople.

(9) Le 9 avril 1942, après 3 mois de siège, les soldats US, encerclés dans la péninsule de Bataan dans les Philippines, capitulent. 85 000 étatsuniens sont contraints, par leur vainqueur japonais, de marcher jour et nuit sur près de 100 kilomètres. Battus, parfois les mains liées dans le dos, sans nourriture, sans eau, soumis à de nombreuses autres violences sadiques, près de 20 000 d'entre eux périssent. En 1946, après un procès dans les formes, les Étasuniens fusillent le général Masaharu Homma et son subordonné Tomoyuki Yamashita jugés responsables de cette "Marche de la mort", barbarie inutile et contraire aux lois de la guerre.

(10) Certains survivants indiens sont enrôlés de force dans l'armée des "Volontaires" qui regroupent des ex-prisonniers de tous les front occidentaux. Ils combattent, le plus souvent sous la contrainte, dans les forces ottomanes du général Amba Prasad Sufi.

(11) Pierre Brunel est l'enfant naturel de Marie Brunel. Marie Brunel s'est ensuite mariée à Sète (Hérault) avec Théophile Mallet et ils ont eu un garçon, prénommé lui aussi Théophile, en 1884. Elle divorce, puis se remarie à Barbentane avec Xavier Fage en 1900. Xavier Fage était veuf de Rosine Brun avec laquelle il a eu deux garçons, Xavier (dit Ernest) en 1878 et Jules en 1883. Théophile Malet fils (son nom de famille a perdu un L pour redevenir conforme à celui de son grand-père) est lui aussi mort pour la France le 28 juin 1916 à Chuignes (Somme) quelques jours après son demi-frère. Mais le sort s'est acharné sur cette famille recomposée, car Jules Fage est mort pour la France, lui aussi dans la Somme, le 12 juillet 1918 et son frère Xavier dans l'Aisne le 15 octobre 1918, lui encore quelques jours après son frère. Marie Brunel-Fage n'a pas connu tous ces décès car elle s'était éteinte avant la guerre, le 12 août 1913.

(12) Il est dit "Paul-Frère" car il a un homonyme sans parenté proche, Paul Mouret, plus âgé, fils de Charles Mouret et de Magdeleine Mouret qui sera lui aussi tué à la bataille de Verdun le 2 août 1916. Son frère, Benoît Jean-Marie (dit Jean), est lui aussi mort pour la France le 27 septembre 1918 dans la Marne. Tous deux reposent maintenant côte à côte dans l'ossuaire du vieux cimetière au village.

Étapes successives de la bataille de Verdun du 21 février jusqu’au 12 juillet 1916

A Verdun, la misère des Poilus

Le sous-marin français Papin

Dans une tranchée française de deuxième ligne à Verdun

Canon allemand de 150 mm à Verdun

Artillerie française à Verdun

A Verdun, deux avions se sont heurtés en plein vol

Comment font-ils pour avoir encore des sourires ?

Cuisine roulante française

A Verdun assaut allemand

Grands blessés à l’hôpital de Breuillet en Charente-Maritime