BARBENTANE

en février 1916

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Jamais dans l'humanité, une banale prise de guerre, n'eut un tel retentissement mondial. Les Allemands en font un succès planétaire. Pour beaucoup, qui ne savent même pas où est la France, le fort de Douaumont à Verdun est devenu un nom courant, presque commun, qui fait la manchette de tous les journaux et ce, pendant plusieurs jours. Même maintenant, le fort de Douaumont à Verdun est toujours le symbole fort de la folie guerrière des hommes...

Cinq compagnies allemandes s'installent dans le fort, du moins ses ruines, et décident que la poursuite de la bataille se fera à partir de son emplacement. La ville de Verdun n'est plus qu'à 5 kilomètres...

Dès le lendemain, Pétain qui a installé son état-major à la mairie de Souilly, petit village entre Bar-le-Duc et Verdun, fait monter au front toute la 2ème armée française, soit près de 40 000 hommes. Son souci immédiat est de redonner de la vigueur à l'artillerie lourde, car dit-il, sans elle, nos soldats ne se sentiront pas soutenus et perdront très vite le moral. Il regroupe toutes les unités encore valides sous son commandement, ce qui lui permet de concentrer très rapidement leurs feux sur les points les plus sensibles à défendre au fur et à mesure de la journée. Toutefois, depuis le début de la bataille, l'aviation allemande, forte de ses chasseurs très efficaces, interdit tout survol de la zone, ce qui prive Pétain de reconnaissance aérienne pour savoir où faire tirer avec efficacité ses canons. Il ordonne alors aux aviateurs français "Je suis aveugle, dégagez le ciel et éclairez-moi". Ils vont s'y employer...

 

Dans la guerre maritime, pas de grande nouveauté, si ce n'est que les Allemands commencent à utiliser efficacement leur petits sous-marins côtiers lanceurs de mines nommés UC. Malgré leurs défauts techniques, parfois mortels, ces engins avec seulement 14 hommes d'équipage, 6 tubes lance-mines et 12 mines, peuvent placer de façon très discrète des mines flottantes ou semi-flottantes à l'entrée des ports. Elles font des ravages dans la flotte alliée qui ne sait pas comment s'en protéger. En 1916, la seule méthode connue pour se débarrasser des mines consiste à poster des hommes armés de fusils sur les superstructures des navires afin de leur tirer dessus pour les faire exploser, c'est assez archaïque...

Entre le Finistère et la Gironde, les mines laissées par le Möwe en janvier occasionnent de nombreuses pertes. Le 2, le voilier Chemin de fer explose, le 7 c'est le voilier Duplex, le 11 c'est le voilier Angelus, le 24 c'est le vapeur Maroni et le 29 c'est le vapeur Lakmé. Tous ces navires, des caboteurs, sont français...

Le 2, dans l'Adriatique, c'est le vapeur français Jean-Bart qui saute sur une mine en baie de Durazzo. Le 9, des navires alliés mettent en fuite quatre destroyers ennemis qui s'approchaient trop près de Durazzo devenu, avec Salonique, l'un des ports les plus actifs de la Méditerranée. Le 16, au même endroit, c'est le vapeur français Memphis qui percute une mine posée quelques heures auparavant par l'UC-12. Ce sous-marin opère depuis la nouvelle base austro-hongroise de Cattaro dans le Monténégro occupé, elle est tout à côté. Le Memphis, qui n'a pas coulé, est remorqué jusqu'à Durazzo où il sombre finalement le 19. Peu après, l'UC-12, mène une autre opération de mouillage de mines devant le port de Brindisi en Italie. Un de ces engins fait exploser le vapeur italien Marechiaro le 21. Le 25 c'est le patrouilleur auxiliaire français Maumusson qui va au fond et, le 26, c'est le chalutier armé britannique Lily Reach qui rencontre une autre mine et qui sombre rapidement...

Dans la Méditerranée orientale, le 8, le vieux croiseur-cuirassé Amiral Charner qui a participé à l'évacuation des Arméniens du Musa Dagh est torpillé par le U-21 au large du Liban. Il y a 427 morts et un seul survivant. Près des côtes françaises, le U-38 refait parler de lui. Le 23, il coule au canon le vapeur britannique Diadem près de l'île de Porquerolles sans faire de victimes. Les 28 rescapés qui naviguent dans deux chaloupes sont récupérées puis tractées par la goélette française Roubine. Mais, peu après, celle-ci est à son tour coulée en deux coups au but par les canons du U-38 qui bat alors pavillon austro-hongrois. Les 10 hommes d'équipage rejoignent les chaloupes du Diadem et tous sont finalement remorqués par le vapeur français Natal jusqu'à Marseille où ils débarquent le 28. Le 23 au soir, le Provence II(5) part de Toulon pour Salonique avec 1 700 hommes du 3ème régiment colonial. Le 26, il est torpillé par le U-35 au large de la Grèce. Les soldats indigènes, inexpérimentés, paniquent ou se comportent de façon anachronique. Le navire sombre en 17 minutes, faisant 1 100 victimes, dont le commandant qui avait demandé que l'on débarque 1 100 personnes en raison du manque de brassières de sauvetage...

Dans la mer du Nord, le 11, le croiseur léger britannique Arethusa heurte une mine et coule sans faire de victimes. Le 24, le vapeur français Trignac, parti de Nantes pour rejoindre Newcastle est coupé en trois morceaux par l'explosion de deux mines. Sur les 27 marins, 4 sont sauvés par le vapeur Borgsten qui les dépose à Hartlepool. Le 29, le paquebot britannique Alcantara maintenant armé de 8 canons de 6 pouces (152mm) rencontre le croiseur allemand Greif déguisé en navire norvégien sous le nom de Rena. Après 40 minutes de combat au canon où les deux bateaux sont endommagés, une torpille du Grief explose dans la soute à munitions et coule le bâtiment britannique, faisant 72 morts. Peu après, le Grief coule à son tour en emportant 280 marins. Les quelques survivants des deux navires sont recueillis par les navires britanniques Comus et Munster...

Dans la mer Baltique, le 1er, deux contre-torpilleurs allemands s'échouent sur le haut-fond du Sund, cet étroit chenal sépare le Danemark de la Suède...

En Manche, ce qui est très rare car les U-Boot ne s'y aventurent guère pour cause de trafic trop dense, le vieux bateau à aubes, ex-paquebot Calais, transformé en dragueur de mines et rebaptisé Au Revoir, est torpillé par le U-18 le 27 février au large du Havre. Deux hommes d'équipage périssent et, malgré plusieurs tentatives il ne peut être renfloué. Toutefois son équipement militaire, notamment ses canons de 37mm, sont récupérés...

Le 25 février, le corsaire allemand Möwe qui a passé tout le mois de janvier à écumer l'Atlantique sud au large du Brésil, rentre en Allemagne. Il arrive à passer sans encombre entre l'Islande et l'Écosse. Il longe ensuite la côte norvégienne et rentre au port de Wilhemshaven le 4 mars avec ses cales pleines de ses nombreux butins. Il est accueilli comme un héros et tout son équipage est décoré par le Kaiser...

 

Dans la guerre aérienne, février 2016 est un tournant. Depuis le début de l'été 1915, les premiers véritables avions de chasse intègrent les escadrilles des belligérants. Les Alliés, qui disposent du Nieuport XI, dit "bébé", sont les premiers à tirer avantage de cette nouvelle arme, mais ce sera de courte durée. Dès le mois d'octobre, les Allemands utilisent en nombre le Fokker E3, nettement plus moderne. C'est un monoplan, presque entièrement métallique, à la propulsion améliorée, ce qui lui permet d'atteindre les 140 km/h avec un seul homme à bord, car sa mitrailleuse de capot est maintenant synchronisée pour tirer à travers l'hélice. De plus, si le Nieuport dispose de bandes de 47 cartouches pour sa mitrailleuse où il faut toujours être debout pour tirer, le pilote du Fokker bien assis dans son poste de pilotage en a 1 000 à sa disposition sans devoir réarmer son arme. Mille contre 47, même les meilleurs pilotes alliés deviennent des proies faciles dans les combats aériens. Outre sa mitrailleuse de capot, on peut encore le munir de deux autres mitrailleuses, mais cela l'alourdi et lui fait perdre ses autres avantages. Simple et rapide à construire, facile aussi à piloter, il va équiper toutes les armées des Empires du centre et sur tous les fronts, comme dans les Balkans et en Mésopotamie où les Turcs vont s'en servir pour consolider le siège de Kut-el-Amara...

En Europe, il fait des ravages dans les escadres de bombardiers qui, bientôt, ne peuvent plus s'aventurer au-dessus des positions allemandes. Une première parade est trouvée en faisant accompagner ces derniers par des chasseurs Nieuport, mais les Fokker les surclassent un peu comme l'aigle surclasse l'épervier. Après s'être débarrassé de la menace des bombardiers, l'état-major allemand leur demande de nettoyer le ciel des avions d'observation. Cela va rendre, petit à petit, les Alliés aveugles...

Du coup, les franco-britanniques réagissent rapidement, car l'aviation d'observation avec maintenant des opérateurs radio embarqués, est devenue indispensable tant pour régler l'artillerie que pour informer les postes de commandement des manœuvres ennemies avec certitude et rapidité. En février 1916, constatant qu'un avion isolé était voué à être détruit, les autorités militaires alliées décident de les faire voler en escadrille, même pour l'observation. L'époque des pilotes autonomes et solitaires est maintenant révolue. Si un "quadrille" est un groupe de 4 danseurs ou chevaux, l'armée aérienne décide de faire voler ses appareils par groupe de 8, d'où le nom d'escadrille(6). Ce rapide changement tactique va sauver l'armée aérienne alliée du désastre. A la fin mars, devant la multiplication des avions et des modèles d'appareils, ce qui occasionne parfois des bavures, il est fait obligation à toutes les escadrilles alliées de se doter d'un emblème, peint sur et sous les ailes, facilement reconnaissable pour les soldats au sol. Certaines vont devenir mondialement célèbres, telle l'escadrille des Cigognes, grâce à ce dispositif de repérage simple, rapide et sûr...

Dans la guerre aérienne au jour le jour, les conditions météo ne sont pas favorables pour l'aviation, néanmoins le 2 février un groupe de Zeppelins bombarde le nord-est et le centre de la Grande Bretagne. On relève 54 morts et 67 blessés, tous des civils. Le 3, le sergent Georges Guynemer, de la future escadrille des Cigognes, jugé trop chétif pour être pilote en 1914, abat son cinquième avion dans la Frise au-dessus de l'Allemagne. Cette 5ème victoire homologuée le classe parmi les as et il prend au passage le grade de sous-lieutenant. Le 5, un Zeppelin disparaît sans laisser de traces au-dessus de la mer du nord. Le 7, un avion détruit un "drachen" (cerf-volant) près de Péronne. Les drachen sont des ballons captifs de forme allongée utilisés pour l'observation, les Français les surnomment des "Saucisses". A Zurich en Suisse où ils sont prisonniers après un raid mémorable sur l'Allemagne, les pilotes Gilbert et Pary, arrivent à s'évader le 8, mais ils sont repris avant d'arriver en France. Le 14, des aviateurs belges attaquent avec succès l'aérodrome de Ghistelle près d'Ostende. Le 16, les mêmes bombardent l'aérodrome d'Handzaeme toujours en Belgique occupée. Le 22, l'aviation allemande bombarde Saint-Dié dans les Vosges. Toutefois, les défenses anti-aériennes deviennent de plus en plus efficaces, et les avions volant trop bas sont des cibles relativement faciles à abattre. Un Fokker est descendu près d'Altkirch, un Albatros près d'Épinal, un autre au-dessus de Parroy à l'est de Nancy. A Brabant-le-Roi, village meusien pas encore martyr, un Zeppelin est détruit(7). Ce même jour, un raid de 17 appareils bombardent la gare de Mulhouse et le terrain d'aviation d'Habsheim situé à l'est de la ville. Vingt-huit autres appareils bombardent une usine de munitions à Pagny-sur-Moselle au sud de Metz. Le 23, 26 avions britanniques attaquent des dépôts allemands près de Lille, ce qui occasionne de gros dégâts aux entrepôts et aux voies ferrées. Le 27, l'adjudant Jean Navarre, une vraie tête brûlée, qui sera surnommé plus tard "La sentinelle de Verdun", abat ses deux premiers avions au-dessus de cette ville. Ce même jour, en prenant de gros risques, une de nos escadrilles bombarde la gare de Metz-Sablons, et une autre la gare et le triage de Chambley à l'est de Verdun...

 

En Russie, c'est toujours le plein hiver, et le front nord est totalement frigorifié. Toutefois, un raid aérien russe sur la ville et la gare de Mittau, située au sud de Riga encerclée, fait quelques dégâts...

Plus au sud, les Russes refoulent encore un peu plus les austro-hongrois de la Bessarabie. Le 11, ils délivrent Usieczko en Galicie et refranchissent le Dniester, mais une nouvelle vague de froid fait cesser les opérations. Elles ne reprendront que le 25, essentiellement par des duels d'artillerie...

C'est dans le Caucase que la progression russe est la plus spectaculaire. Le 16, après avoir enlevé relativement facilement la dizaine de forts qui entouraient la ville, l'armée russe du général Nikolaï Ioudenitch pénètre dans Erzurum, la grande ville orientale turque. C'est un coup de tonnerre dans la Turquie, par comparaison pour l'époque, c'est comme si les Allemands étaient entrés dans Verdun. Le butin militaire est énorme, rien ou presque n'a été détruit, et si des soldats turcs ont réussi à s'enfuir vers le sud, la majorité d'entre eux a levé les bras pour se constituer prisonniers. C'étaient des soldats de piètre qualité militaire, plus aptes à massacrer des civils arméniens désarmés qu'à opposer une forte résistance aux troupes impériales russes, les troupes d'élite turques sont toutes massées à l'ouest pour tenter d'envahir la Grèce. Devant le désastre, tous les plans de conquêtes turques sont remisés et on organise le transfert des troupes stationnées à l'ouest pour les repositionner rapidement à l'est. Malgré une distance supérieure, il y a moins d'obstacles naturels entre Erzurum et Ankara qu'entre cette dernière et le détroit des Dardanelles. En outre, la région, relativement plate, est bien équipée en infrastructures routières et ferroviaires. De plus la mer Noire, par où l'armée russe peut être facilement ravitaillée, est toute proche. Le 21, l'armée russe occupe deux nouvelles villes situées au sud d'Erzurum, Mouch et Aklat, se protégeant ainsi d'une probable remontée des troupes cantonnées au sud-est du pays...

Le 26, les russes progressent encore en Perse, dans des régions beaucoup moins froides, refoulant les Turcs vers Kermanchah, la capitale du Kurdistan irakien. Kut-el-Amara, où sont assiégés les Britanniques, n'est plus qu'à 300 kilomètres au sud...

 

Dans les Balkans, la guerre est plus ou moins au point mort. Après des anicroches sur la frontière grecque entre soldats grecs et bulgares, à l'animosité ancestrale, les Bulgares se retirent pour être remplacés par des soldats allemands beaucoup plus disciplinés. Mais, en Macédoine serbe occupée, les tensions entre les forces d'occupation ne cessent de se dégrader, l'alcool aidant, les heurts entre soldats sont fréquents. En Albanie, au nord du port de Durazzo, les Serbes soutenus par des renforts italiens, remportent un beau succès défensif, ce qui permet aux troupes en retraite de s'embarquer sans trop de problèmes sur les navires qui font la navette entre ce port et l'île de Corfou. Le 15, les Bulgares ne sont plus qu'à 30 kilomètres du port de Valona (maintenant Vlorë) occupé depuis le 26 décembre 1914 par les Italiens. Ils n'iront guère plus loin. Le 27, à Durazzo, l'évacuation des troupes est terminée, près de 150 000 soldats serbes ont été évacués avec quelques milliers d'Albanais et de Monténégrins. Les soldats italiens qui occupent la place, considérant que le port est inintéressant et qu'il ne peut en aucun cas servir de base pour une reconquête à cause de sa situation géographique, abandonnent la ville et rentrent en Italie...

Du côté de Salonique, le 3 un zeppelin bombarde la ville. La préfecture et la Banque de Salonique sont touchés, il y a treize morts et quinze blessés. Le lendemain, en représailles, l'aviation française bombarde des villages bulgares où sont stationnées des troupes près de la frontière grecque. Le 11, un Taube de reconnaissance est abattu à l'ouest de la ville, ses deux occupants sont capturés vivants. Il sera 'promené' comme trophée dans les rues de la ville et la parade a un franc succès. Le 19, 16 avions français exécutent un raid sur les troupes bulgares qui campent à Troumitza. Comme la menace d'une attaque sérieuse de la forteresse s'est évaporée après le retrait des troupes turques et celui d'une partie de l'armée allemande, le général Sarrail prépare la reconquête...

 

En Italie, le front n'est guère plus actif. Tout le monde est gelé dans les Alpes, et du côté de l'Isonzo si les Austro-Hongrois essayent parfois de maigres attaques, elles sont facilement repoussées. De temps en temps, se tiennent des duels d'artillerie, ils n'ont aucune conséquence...

Le 15, 3 avions austro-hongrois bombardent Milan, on relève 8 morts et plus de 60 blessés civils. Le lendemain, d'autres avions lancent des bombes sur la ville de Schio, nœud de communication située entre Vicenza et Rovereto, ce raid fait 6 morts. Le 21, ce sont des avions italiens qui bombardent Laybach à l'est de Gorizia, cette attaque est sans résultat. Le 22, c'est la plaine lombarde qui est bombardée par les Austro-Hongrois, là aussi des pertes civiles sont à déplorer...

 

En Afrique, sur la frontière de l'Afrique orientale allemande, au pied du Kilimandjaro, les troupes sud-africaines commandées par le général Jan Smuts arrivent au contact de l'ennemi à Salaita Hill. C'est le grand centre de communication de la région. Mal renseignés, les attaquants croient que la zone n'est que légèrement défendue, ce qui n'est vraiment pas le cas. Les 6 000 assaillants vont se heurter à 2 300 défenseurs bien abrités dans des tranchées dont les Allemands maîtrisent parfaitement la technique. L'assaut débute le 12 février par un bombardement très superficiel qui, en plus, ne tombe que sur des tranchées secondaires. Autre déconvenue, les Allemands bombardent les Sud-Africains alors qu'ils sont encore à 2 kilomètres des premières tranchées. Malgré cela, l'assaut parvient à percer en quelques endroits, mais comme en Europe, les assaillants sont décimés par les mitrailleuses sous casemates. La défaite est reconnue le soir même, et les troupes sud-africaines se retirent sur leurs positions de départ. Les Allemands, pressentant de nouvelles attaques dans la région, déplacent une partie de leurs forces. A la fin du mois, ce sont près de 6 000 soldats, dont 5 200 indigènes, qui défendent Salaita Hill...

En Afrique de l'Ouest, le 7 février, les 15 000 soldats allemands et indigènes du Cameroun qui se sont réfugiés en Guinée espagnole sont désarmés. Le 18, la forteresse de Mora, dernier bastion allemand de l'Afrique de l'Ouest, tenue par 5 officiers et 300 soldats indigènes, à court de munition et en l'absence totale de tout espoir d'assistance, capitule. Le Cameroun allemand est vraiment le premier pays "libéré" de la Grande Guerre. Le pays est partagé en deux, 1/5 pour les Britanniques, le reste pour les Français. La guerre a fait des milliers de morts, encore plus civils que militaires. Les porteurs, forces vives de la nation, sont les plus touchés. Mal nourris, pas soignés, maltraités, tous ces hommes sont utilisés jusqu'à l'épuisement. Le pays mettra des années pour s'en remettre...

 

Au Moyen-Orient, au début du mois, l'armée égyptienne se mobilise en vue d'une nouvelle attaque turque sur le canal de Suez. Elle n'arrivera jamais...

En Mésopotamie, la situation des troupes britanniques enfermées dans Kut-el-Amara commence à devenir préoccupante. Le 13, une maigre colonne de secours britannique essaye à nouveau d'aller délivrer la brigade indienne assiégée. Repérée très vite grâce aux avions Fokker envoyés sur place, elle est facilement mise en déroute par les Turcs...

 

Mais revenons à Barbentane et c’est l’Écho du mois d’avril qui donne des nouvelles de février et début mars. C'est une photo des artistes du Cours d'Adultes de Jeunes Filles qui ont donné une représentation le dimanche 5 mars 1916 au profit de nos soldats qui fait la couverture de cet Écho. Il s'ensuit le compte-rendu très détaillé, et sur 5 pages, de cette représentation très patriotique dans une classe du groupe scolaire. La vente des billets de tombola a rapporté 300 Fr et ces demoiselles ont remis au comité des vêtements qu'elles ont confectionnés...

Comme l'a préconisé le gouvernement, un Comité d'Action Agricole s'est créé au village pour éviter que des terres restent en jachère par manque de bras...

Dans le compte-rendu de la conférence "La Paix qu'il nous faut" du RP Courbé à Grasse, Joseph Brucelle (ex abbé à Barbentane) relate que ce conférencier indique que les buts de guerre de l'Allemagne sont la main mise de ce pays sur l'ensemble des économies des belligérants (y compris les vignobles de Champagne). Je vous laisse le soin de lire la suite, c'est savoureux, encore plus dans l'Europe actuelle de l'Euro allemand...

On apprend que trois directeurs et dix-sept séminaristes du grand séminaire d'Aix-en-Provence sont partis sous les drapeaux. Deux sont morts en combattant...

L'article suivant est une poésie "Qu'est-ce  qu'un Poilu", hélas non signé. Lisez-là ça vaut le coup...

François Bruzzone, époux Courbier, rejoint la longue liste des tués. Henri Rouqueirol est blessé à la nuque le 13 février, il est évacué à Amiens. Marius Poitevin, un temps porté disparu est finalement prisonnier en Allemagne ; Henry et Jean-Marie Rey aussi...

Joseph Meyer nous raconte par le menu comment une section d'auto-canons a abattu un Zeppelin à Brabant-le-Roi dans la Meuse...

Sur le front oriental, la prise d'Erzeroum par les Russes, fait la joie des rédacteurs…

Un seul soldat barbentanais est tué en février 1916 : Gabriel Berlhe, né à Barbentane, 37 ans, il était soldat de 2ème classe au 360ème régiment d'infanterie. Il est tué le 10 février 1916 au Bois-de-la-Folie dans le Pas-de-Calais. Son décès est transcrit à Graveson où, probablement, résident ses parents. Il n'est inscrit qu'un Berlhe Guillaume sur notre Monument aux Morts. Il est aussi inscrit un Berlhe, avec le symbole "Ge" pour son prénom, sur le nécrologe de l'église. Gabriel Berlhe est enterré à la Nécropole nationale "Notre Dame de Lorette" dans le Pas-de-Calais. Toutefois, il y a sur son prénom un invraisemblable imbroglio. Tout d'abord, pourquoi le prénom de Guillaume est-il inscrit partout à Barbentane alors que c'est celui de son frère aîné ? Bien que celui-ci ait aussi fait la guerre, il est mort à l'âge de 90 ans à Paris dans le XIVème. De plus, on retrouve un Guillaume Berlhe sur deux monuments aux Morts, celui de Barbentane et celui de Rognonas(8). Heureusement, sur le Monument aux morts de Graveson, son nom et son prénom sont correctement orthographiés. Or, il se trouve que sur l'Écho de juillet 1916, il est noté le décès de Guillaume Berlhe à Pierrefeu-du-Var, un homonyme Barbentanais, né plus tôt, le 6 septembre 1873 et qui lui, résidait depuis longtemps à Rognonas nous précise l'Écho. Ce dernier n'a jamais été soldat car il n'y a aucune fiche militaire à son nom. Il était employé comme charron à la 15ème Section des Commis Ouvriers de l’Administration (SCOA)(9) et il est bien décédé au quartier Barnenq le 25 mai 1916 à Pierrefeu-du-Var à l'âge de 43 ans. Or, il n'y a jamais eu de caserne de la SCOA dans cette ville, mais il y avait un asile dans ce quartier durant la guerre. De quoi est mort Guillaume Berlhe ? On ne le saura probablement jamais, en tout cas il n'est pas cité comme Mort pour la France dans les archives de la SCOA. Il est encore plus troublant de constater que si un Berlhe Ge est bien inscrit sur le nécrologe de l'église, je n'ai jamais retrouvé un service funèbre fait en sa mémoire, et pourtant, là-dessus, les Écho sont toujours très précis. Tout aussi troublant, dans la liste des Poilus Morts pour la France éditée à la construction du Monument aux Morts en 1921, figure bien pour l'année 1916 un Berlhe Guillaume, avec son prénom en entier. S'il y avait eu une erreur, le temps n'aurait pas manqué pour la rectifier. Dernier point, Gabriel Berlhe, sous son vrai prénom, ne figure nulle part à Barbentane, même pas sur notre livre d'Or...

Dans le courrier militaire, André Augustin est de retour au front après une permission ; Jean Trouche écrit du Sénégal ; Jean Brémond (un Vallabréguant qui écrit régulièrement dans l'Écho) a été très touché de voir la photo son ami Louis Sérignan avec lequel il avançait sur Dieuze et il note "le tombeau du XVème corps" ; Antoine Rossi pleure son ami parisien Auguste Vincent tué le 1er janvier ; JM Mouret, qui a reçu la visite de Mr Poincaré, aurait préféré parler du patelin avec un camarade ; Marius Escalier tient compagnie aux rats dans sa tranchée ; Jean Vernet considère que l'Écho est un rayon de soleil dans "les pays de brouillards et de boue" ; Gaston Nazon a fait 50 kilomètres en deux étapes ; Jacques Marteau entend les boches travailler ; Antonin Mouiren est toujours en Champagne "dans la boue et sous les obus" ; Jean-Marie Joubert est à Mytilène (une ville sur l'île de Lesbos en mer Égée) ; François Bruyère et son régiment ont fait 1 200 prisonniers le 21 décembre au Vieil Armand (Vosges) ; Louis Bon n'est pas malheureux en Serbie ; Jacques Mison, malgré son éloignement de 40 kilomètres du front, entend toujours le canon ; Léon Jaoul à Corfou ne comprend plus rien tellement de langues y sont parlés ; Anastase considère que les boches ont peur "du Coq gaulois qui, ouvrira ses ailes et de la cime des Vosges chantera Victoire" ; Henri Moucadeau se console en constatant que les boches sont aussi fatigués qu'eux et c'est Marius Poitevin qu'il signale qu'il a été bien traité par les soldats allemands qui l'ont fait prisonnier...

Dans l'état religieux, un baptême et 4 enterrements, toujours pas de mariage...

Guy

Ce mois de février 1916 va entrer dans l'histoire comme celui du début de la bataille de Verdun. Cette bataille est la plus longue et l'une des plus meurtrières depuis le début de l'humanité. C'est l'offensive Gericht (tribunal) qui est préparée depuis des mois par l'état-major allemand. Elle débute le 21 février à 7h00 et elle se terminera le 19 décembre à 11h00 avec le terrible bilan humain de 714 231 morts, disparus ou blessés, ce qui fait une moyenne de plus de 70 000 victimes mensuelles pour une conquête totalement nulle…

 

Dans le monde politique, en France, le 1er de l'an, le président du Conseil monténégrin Miouchekevitch arrive à Paris. Le 9, Aristide Briand, Léon Bourgeois, Albert Thomas avec les généraux Pellé, Dumézil et de Margerie partent pour Rome où ils confèrent le 11 avec leurs homologues italiens : Antonio Salandra et Sidney Sonnino. En grand secret, Aristide Briand s'entretient avec le cardinal belge Mercier qui se trouve lui aussi à Rome. En effet, profitant de son autorisation exceptionnelle de quitter la Belgique occupée pour se rendre au Vatican, ce dernier prend le prétexte de se faire faire un portrait par l'artiste français Albert Besnard pour se trouver en même temps que Briand à la Villa Médicis. La rencontre a pour but de rabibocher l'État français avec les autorités religieuses, relations sérieusement compromises depuis la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905. Après une visite du front de l'Isonzo, la délégation française rentre à Paris le 14. Le 17, en réunion au Havre, les principaux ministres de la Quadruple Entente déclarent au gouvernement belge "que leurs pays ne cesseront pas les hostilités tant que la Belgique ne sera pas restaurée dans son indépendance politique et économique et n'aura pas été indemnisée des dommages subis". Ils confirment aussi que "la Belgique sera appelée à siéger à la future conférence de la paix". Les 25 et 26, les chutes de neige sont très abondantes dans l’ouest et le centre (16 cm à Paris, 7 cm à Nantes)...

Chargement d’un véhicule à Bar-le-Duc à destination de Verdun

Attaque allemande sur Verdun

Un Taube allemand fait "prisonnier" à Salonique le 11 février 1916

Chevaux -tractant de l’artillerie- se désaltérant près de Verdun

Artilleurs motorisés français sur La Route entre Bar-le-Duc et Verdun

Le bâtiment du Colony Club à New York

A Salonique, le Taube abattu le 11 février est exposé à la foule

Carte du secteur de Verdun en 1916

Le prince Alexandre de Serbie sur le port à Corfou

Canon de 88 allemand à Verdun

Le croiseur léger britannique Arethusa

La Provence, du temps de sa splendeur transatlantique

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Chasseur biplan français avec le mitrailleur debout

Mortier de tranchée français, dit crapouillot

Le front nord-est de Verdun les 5 premiers jours de l’attaque allemande

Depuis un an, le mouvement anarchiste ne cesse de s'entredéchirer. Les antimilitaristes avec "L’Internationale Anarchiste et la Guerre" refusent le ralliement à l'un des États belligérants. Pierre Kropotkine et Jean Grave signent, avec d'autres personnalités du mouvement, un nouveau document le 28 février, c'est le "Manifeste des Seize", où ils prennent le parti du camp des Alliés contre "l'agression allemande". Ce manifeste sera publié dans le quotidien syndicaliste La Bataille, le 14 avril 1916. A Paris, courant février, au 18 de la rue Bonaparte à Saint-Germain-des-Prés, les Tchèques Tomáš Garrigue Masaryk, Edvard Beneš et le Slovaque Milan Stefánik fondent le Conseil national tchécoslovaque, future constitution de la nation Tchèque...

 

En Grande-Bretagne, le 3 février, le service militaire obligatoire est définitivement adopté. Quatre millions d’hommes sont mobilisés et 1,5 million de personnes sont employées dans les industries de guerre. Le 25, le pays demande au Portugal d’arraisonner et de réquisitionner les 38 navires de commerce allemands présents dans ses ports. Le 23, le gouvernement portugais promulgue le décret de réquisition qui est aussitôt appliqué...

 

En Allemagne, durant tout le mois, des manifestations de femmes contre la guerre et la vie chère se poursuivent dans les grandes villes. Pendant la préparation militaire obligatoire des jeunes de 17 ans, les exigences physiques et mentales demandées aux recrues sont encore renforcées. Le 1er, par voie de presse, le pays se déclare très hostile aux propositions du président des États-Unis concernant les restrictions de la guerre sous-marine. Le lendemain, la même presse se glorifie des raids aériens sur Paris et Liverpool qui ont fait de nombreux morts et blessés. Pire, elle invective les pays neutres qui critiquent ces bombardements qui ne tuent, finalement, que des civils. La tension ne cesse de monter avec les USA à propos des torpillages de navires neutres. Le 11, en Serbie, le tsar de Bulgarie rencontre une nouvelle fois Guillaume II au quartier général allemand. Malgré une note apaisante en ce qui concerne les dédommagements du torpillage du Lusitania, le 12 les états-majors des Empires du centre indiquent qu'ils vont renforcer la guerre sous-marine, et qu'à partir du 1er mars, tout navire armé sera considéré comme ennemi et traité en conséquence. Le 20, la presse allemande, qui suspecte une rencontre entre Briand et Mercier à Rome, hurle au scandale. Elle crie d'autant plus fort que ce prélat est reçu triomphalement partout où il passe, de la frontière suisse jusqu'à Rome. Le même jour, les relations entre la Turquie et l'Allemagne tournent au vinaigre à cause de la chute d'Erzurum, la place forte d'Anatolie Orientale prise par les Russes, où les pertes turques sont conséquentes. Le 21, au Reichstag, le chancelier réclame un vote pour la levée de 500 millions de marks d'impôts nouveaux, ce qui provoque des séances très houleuses. Le 23, après l'annonce de l'offensive sur Verdun, on note un net redressement du moral de la population. Le 24, un article officieux de la Gazette de Cologne menace les USA de rompre les pourparlers en cours. Le 28, la Gazette de l'Allemagne du Nord déclare que la guerre sous-marine, en dépit des protestations du Président des USA, redoublera d'intensité à dater du ler mars. Le 29, le premier Ministre roumain, Take Jonesco, révèle que les Empires du Centre lui offrent la Bessarabie, territoire russe, si le pays les rejoint dans leur combat contre les Alliés...

 

En Italie, le pays se glorifie d'être invité à la conférence de la Quadruple Entente au Havre. Le 14, tout commerce avec l'Allemagne est maintenant interdit par les autorités. Le 21, lors des fêtes franco-italiennes de Nice, l'ambassadeur d'Italie en France, Tommaso Tittoni, prononce un important discours où il loue la communauté de vue entre les deux pays sur les objectifs de la guerre. Le 28, le dictateur albanais, Essad Pacha, arrive à Rome où il est accueilli par le baron Carlo Allioti, ministre plénipotentiaire d'Italie en Albanie. Il n'y fera qu'un bref passage et arrivera peu après en France où il sera installé temporairement à Bordeaux...

 

En Amérique du nord, le 5, le Parlement fédéral canadien à Ottawa a été la proie des flammes, 6 victimes sont à déplorer. Tout laisse à penser qu'il est d'origine criminelle, et l'Allemagne est fortement suspectée. Le 9, les États-Unis signalent au Canada que de nombreux complots sont en préparation sur des ouvrages d'art du pays. Le 12, le ministre de la Guerre des USA démissionne, car il estime insuffisants les projets du Président Wilson en ce qui concerne la défense nationale. Le 17, un incendie dans le port de Brooklyn à New York provoque de graves dégâts, là encore tout laisse à penser qu'il est d'origine criminelle. Le lendemain, c'est le club Américain de Toronto au Canada qui explose. Devant le mépris que les Allemands affichent face aux propositions du Président Wilson sur le commerce maritime, et le peu d'avancées faites par ces derniers au sujet du dédommagement de la perte du Lusitania, la presse des USA se montre très critique envers l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. Le 20, c'est une usine de munitions qui est incendiée. Le 21, devant le nouveau dictat des Empires du centre en ce qui concerne le trafic maritime, le sénat des USA se prononce pour une politique de vigueur vis-à-vis de ces pays-là. Le 22, dans le House-Grey Memorandum, le Président Wilson fait une tentative de médiation dans le conflit européen. Il suggère à la France et à la Grande-Bretagne de proposer, à la fin de la campagne d’été, la tenue d’une conférence qu’il appuierait d’une menace d’intervention. Refus des Premiers ministres britannique et français. Le 26, le président Wilson dénonce les menées pro-germaniques qui s'exercent dans les deux Chambres du Congrès à Washington. A cette occasion, il déclare qu'il mettra l'honneur du pays au-dessus de la paix...

 

En Turquie, le 3, le prince héritier Yussuf-Izzedin est retrouvé mort dans sa ferme impériale de Balmomjiest. Depuis le début de la guerre, il s'opposait aux Jeunes Turcs, leur reprochant le bombardement d'Odessa, leur alliance avec l'Allemagne ainsi que le génocide arménien. Après voir vu les cadavres de milliers de soldats turcs à la bataille des Dardanelles, il a protesté auprès d’Enver Pacha lui signifiant que "les Dardanelles sont la tombe de l’armée turque". Il est grandement probable que ce dernier, ou de l'un ses sbires, l'ait assassiné le 1er février. Le 20, après la chute d'Erzurum, des troubles éclatent à Constantinople, Smyrne mais aussi à Beyrouth. Les relations de travail se tendent entre les généraux allemands et leurs homologues turcs sur la conduite des opérations à venir. Devant l'ampleur de la défaite, et malgré les protestations allemandes, Enver Pacha donne l'ordre de faire revenir au pays une partie des troupes turques qui sont devant Salonique et toutes celles cantonnées temporairement en Bulgarie…

 

 

En Belgique occupée, le cardinal de Malines, Désiré-Joseph Mercier, chantre de la résistance pacifique à l'envahisseur, reçoit une convocation du pape Benoît XV pour une séance extraordinaire de la Congrégation des séminaires et des Universités. "C'est en vue de le blâmer" se gargarise-t-on chez l'occupant, et même un officier, le voyant sortir de la cathédrale Sainte-Gudule à Bruxelles, ose dire "C'est la dernière fois qu'il passe ce seuil". L'opinion publique est troublée, puis angoissée craignant qu'il ne puisse plus rentrer au pays. Mais le Vatican a reçu l'assurance formelle que ni Berlin, ni Bruxelles, ne s'opposerait à son retour en Belgique. Au dernier instant, la diplomatie allemande fait mine de retirer sa promesse, mais le Vatican tient bon et le cardinal peut rentrer dans son pays. Son voyage en train est un triomphe, de la première gare suisse jusqu'à Rome, à l'aller comme au retour, il est ovationné par les gens qui se déplacent en nombre pour venir le voir. Il est reçu au Capitole, mairie de Rome, où les élus lui remettent un billet ainsi écrit "un salut adressé par la municipalité romaine à un peuple martyr, à un roi d'un héroïsme indéfectible". Au pape et aux cardinaux de la Curie, il remet des documents sur les atrocités commises en Belgique occupée et dont il souhaite que les évêques d'Allemagne puissent prendre connaissance. A son portrait rapidement fait par Albert Besnard à la Villa Médicis où il rencontre en grand secret Aristide Briand, le pape écrit ces quelques mots "Nous assurons notre vénéré Frère que nous sommes toujours avec lui, et que nos prenons part à ses douleurs et à ses angoisses, puisque sa cause est aussi notre cause"...

 

En Suisse, Le 6, en sanction des faits d'espionnage reprochés aux colonels Egli et de Wattenwyl, le Conseil fédéral décide de transférer de Berne à Lucerne l'état-major de l'armée. La presse signale que des attentats sont en préparation dans le pays. Le 28, le tribunal fédéral déclare non coupables les colonels Egli et de Wattenwyl en soulignant "qu'ils avaient agi pour le bien du pays", et laisse à l'autorité militaire le soin d'une sanction disciplinaire. Le chef d'état-major Wille refuse une condamnation sévère qui serait nuisible à l'image de l'armée. Il les condamne à vingt jours d'arrêt de rigueur, mais le Conseil fédéral les suspend de leur fonction. La presse francophone va se déchaîner devant ces décisions assez surprenantes pour un pays se revendiquant neutre. En fait, tous les Suisses constatent qu'un énorme fossé s'est creusé entre les communautés du pays, non seulement entre les Alémaniques et les Romands, mais aussi entre les bourgeois et les classes laborieuses, et plus encore entre les intellectuels et les politiques. La division se confirme aussi entre le Conseil fédéral résolument neutre et les dirigeants de l'armée, partisans de l'intervention, surtout devant l'issue incertaine du conflit européen...

 

Dans les Balkans, la Serbie, le Monténégro et l'Albanie sont presque totalement occupés, les autorités officielles de ces trois pays ont tous fui, soit en France soit en Italie, mais aussi à Corfou. Le 11, le Cabinet grec reçoit la confiance des parlementaires, mais de justesse. Avec l'armée italienne qui a débarqué 30 000 hommes à Durazzo en Albanie, et devant le retrait des troupes allemandes et turques, l'armée d'Orient devient la force la plus puissante de la péninsule. Du coup, les autorités grecques s'adoucissent et sont beaucoup moins virulentes à son égard. Pour les impressionner encore plus, le 20, le général Sarrail fait visiter la forteresse de Salonique à deux généraux grecs influents, Konstantinos Moschopoulos et Zimbrabrakis. En retour, le 22, Sarrail est reçu à Athènes par le roi de Grèce plus conciliant que jamais...

 

En Russie, le 2 février, Boris Stürmer, homme ambitieux mais de caractère faible, manquant de bon sens, peu familier avec les rouages complexes de la politique russe, devient président du Conseil. Il n'est qu'un pantin dans les mains de l'impératrice et de Raspoutine. Le 13, Sasonoff, le ministre des Affaires étrangères de Russie, déclare que la guerre ne peut plus durer longtemps. Le 13, la 1ère brigade russe, composée 8 942 soldats, quitte Moscou par le transsibérien. Elle arrive 15 jours plus tard à Dairen (maintenant Dalian) en Mandchourie dans le golfe de Corée pour s'embarquer sur des navires français, dont le Latouche-Tréville et L'Himalaya en direction de Marseille qu'ils atteindront le 16 avril. Le 18, Boris Stürmer et le tsar échangent des télégrammes de félicitations à propos de la prise d'Erzurum par le général Nikolaï Ioudenitch. Le 24, le président du Conseil, Boris Sturmer, parlant à la Douma -où pour la première fois le tsar est présent à la séance- annonce que la Russie ira jusqu'au bout avec ses alliés...

 

Dans le monde des sciences, des arts et des lettres, le 4 février, c'est l'inauguration de l’université hindoue de Bénarès en Inde. Le 5, à Zurich en Suisse, c'est l'ouverture du célèbre café Voltaire qui va devenir le haut lieu du renouveau artistique. Le 8, en ce lieu, l'écrivain-poète Tristan Tzara, le peintre-sculpteur Jean Arp, et l'écrivain-poète Richard Huelsenbeck trouvent le mot "dada"(1) en glissant au hasard un coupe-papier entre les pages d'un dictionnaire Larousse. Ils adoptent le Manifeste littéraire, publié sous forme de tract quelques jours avant à Berlin, avec lequel ils se revendiquent "négationnistes" et affirment "Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire dans le progrès. Nous ne nous occupons, avec amusement, que de l’aujourd’hui. Nous voulons être des mystiques du détail, des taraudeurs et des clairvoyants, des anti-conceptionnistes et des râleurs littéraires. Nous voulons supprimer le désir pour toute forme de beauté, de culture, de poésie, pour tout raffinement intellectuel, toute forme de goût, socialisme, altruisme et synonymisme". Le dadaïsme est né. Ce puissant mouvement artistique va influencer tous les créateurs à venir. A New York, le Colony Club, qui est le plus ancien club féminin de la ville, fondé par et pour les femmes(2), inaugure ses nouveaux locaux au 564 Park Avenue...

 

Sur le front en France, tous les secteurs du front sont abondamment cités pour des actions journalières de peu d'envergure, Sauf celui de Verdun, étrangement léthargique au moins jusqu'au 21 février. Quelques actions d'artillerie françaises contre les installations ferroviaires d'Étain et de Conflans-en-Jarnisy sont signalées, guère plus...

Comme en décembre et janvier, on s'écharpe avec sauvagerie pour quelques mètres de tranchée en Artois, dans la Somme, dans la vallée haute de la Moselle, du nord jusqu'au sud des Vosges enneigées. Les duels d'artillerie sont mentionnés partout, comme d'ailleurs les explosions de mines. Les lieux comme Altkirch, Apremont, Arras, Avre, Ban-de-Sapt, Beaulne, Belfort, Berry-au-Bac, Beuvraignes, Boesinghe, Carspach, Celles, Cernay, Challerange, Cheminet, Cheppey, Condé-sur-Aisne, Courtes-Chausses, Dixmude, Domèvre, Donac, Fecht, Fille-Morte, Fresnières, Givenchy, Guvincourt, Harazée, Hartmannswillerkopf, Haute-Chevauchée, Hetsas, Hirtzbach, La Folie, Largitzen, Lassigny, Lihons, Luneville, Mesnil, Mortmare, Morville, Munster, Nancy, Navarin, Neuville-Saint-Vaast, Nomeny, Orbey, Ourscamps, Pilken, Prosnes, Reillon, Reims, Roye, Saint-Dié, Saint-Hilaire, Saint-Maurice-sous-les-Côtes, Saint-Mihiel, Saint-Souplet, Saint-Thomas, Schoore, Senones, Seppois, Soissons, Souain, Steenstraete, Steenstraete, Stosswhir, Tahure, Thélus, Tracy-le-Val, Varcy, Vauclerc, Vendresse, Venizel, Vigneulles, Ville-au-Bois, Vimy et Ypres sont mentionnés dans les comptes-rendus journaliers du front, c'est dire comme les activités guerrières, même les plus minimes, ne font jamais relâche...

 

Pour Verdun, il est incontestable que la France a joué de chance. Il se trouve qu'à cet endroit, de façon tout à fait involontaire, les officiers au contact de l'ennemi sont des hommes compétents. A 61 ans, le général Frédéric-Georges Herr, polytechnicien, qui commande la place fortifiée avant l'attaque, a entrepris, malgré de faibles moyens, de renforcer la rive droite de la Meuse. Sur le côté nord, là où vont être donnés les premiers assauts allemands, c'est le colonel Émile Driant, un Saint-Cyrien, qui de sa propre initiative fortifie depuis des mois les tranchées de son secteur où le bois ne manque pas. Se rendant compte de la fragilité de la ligne ferroviaire venant de Reims à Verdun à la hauteur d'Aubréville, car en ce lieu, elle passe alors sous le feu de l'artillerie ennemie. Le général Fernand de Langle de Cary a obtenu son doublement. Cette ligne sera même triplée durant l'année 1916, sans toutefois être entièrement à l'abri des canons allemands. Il prend aussi sur lui d'améliorer le faible rendement du Meusien, cette voie métrique qui relie Bar-le-Duc à Verdun et qui serpente en parallèle de la future Voie Sacrée. C'est le capitaine Aimé Doumec, celui qui a mis au point le système de transport dit "de la noria"(3), qui est chargé par Joffre de mettre en place l'organisme chargé de l'approvisionnement de Verdun. Le 19 février, donc avant l'offensive, une réunion de la plus haute importance se tient à Bar-le-Duc, elle crée la Commission régulatrice automobile qui doit acheminer 2 000 tonnes d'approvisionnements par jour à destination de Verdun, en même temps que 15 000 à 20 000 hommes. Cette départementale qui relie Bar-le-Duc à Verdun, appellée simplement "La route" en 1916, a aussi la chance d'avoir à sa direction le commandant Girard, officier énergique et plein de ressources, ainsi que le commandant Richard, un brillant ingénieur des Ponts-et-Chaussées, chargé de son entretien. Il s'est vite rendu compte que cette voie était bordée de champs où il suffisait de creuser quelques centimètres pour trouver tout l'empierrement dont elle a besoin pour son maintien en état. C'est donc près de 8 200 hommes, principalement des territoriaux, pics et pelles à la main, qui pendant les dix mois de la bataille vont inlassablement, jour et nuit, jeter entre 700 000 et 900 000 tonnes de cailloux sous les roues des véhicules. Les camions font office de rouleaux compresseurs pour damer la chaussée au détriment de leurs pneumatiques, mais c'est un moindre mal, surtout à la fin février et en mars au moment du dégel. La route, longue de 75 kilomètres, est sinueuse, pas vraiment en bon état, mais elle fait 7 mètres de large ce qui permet des croisements sans problème. La régulation des convois se fait par "cantonnements", comme pour les trains, avec des endroits pour 'garer' les convois lents qui roulent à 15 km/h. Cela permet au trafic des routes transversales de passer, et aux véhicules plus rapides, ambulances et véhicules d'état-major, de pouvoir doubler (les tracteurs pour l'artillerie lourde sont limités à 4 km/h ou 8 km/h s'ils sont à vide). Seuls les véhicules automobiles ont accès à La route. Pour éviter tout embouteillage, tout véhicule en panne, non remorquable, est aussitôt poussé dans le fossé. Loin du front, l'éclairage nocturne de La route se fait par lanternes, fanaux ou phares blancs. Au plus près de Verdun, on a recours à des feux bleus, moins visibles. Durant 10 mois, chaque semaine, 3 500 camions effectuent l'aller-retour de Bar-le-Duc à Verdun, soit en moyenne un camion toutes les 14 secondes. Certains jours, on constate une fréquence d'un camion toutes les 5 secondes. Toujours à la semaine, tous véhicules confondus, il sera effectué un million de kilomètres sur La Route, soit 25 fois la circonférence de la terre...

A chaque ligne de transport, sa spécialisation : au fragile Meusien le ravitaillement alimentaire dans un sens, l'évacuation des blessés dans l'autre ; à la ligne ferroviaire venant de Reims le transport du ravitaillement lourd (obus, barbelés, etc...) et de l'artillerie ; à La route le transport des hommes, des munitions légères et du matériel léger ; les convois hippomobiles et les soldats à pieds doivent utiliser toutes les autres routes disponibles du secteur, au besoin ils passent à travers champs. C'est donc bien par une grande organisation logistique, mise en place avant la bataille, que la France a pu si bien résister à Verdun...

 

La bataille de Verdun débute le lundi 21 février à 7h00 du matin par l'explosion d'un obus dans la cour du palais épiscopal de la ville. Pour l'attaque, les Allemands ont positionné 1 225 pièces d'artillerie, dont 542 obusiers lourds qui vont de celui à tir rapide de 210 mm, puis des canons plus classiques de 305 mm à 420 mm, en passant par 2 pièces de marine de 380 mm. Dix divisions sont prévues pour l'attaque, mais 10 autres sont en réserve à l'arrière dans des abris enterrés. Les canons ne tirent pas par salves mais font feu à volonté. C'est la technique du roulement de tambour (Trommelfeuer) qui permet un pilonnage continu du terrain à conquérir. En un instant, un déluge de fer et de feu s’abat sur un front de 12 kilomètres au nord du secteur défensif, sur les chasseurs à pied du colonel Driant, au bois de Caures, entre les communes de Brabant et Ornes, en passant par Haumont et Beaumont. Deux millions d'obus, soit un obus lourd toutes les 3 secondes, tombent en 2 jours sur les quelques kilomètres carrés des positions françaises(4). A 16h00, le jour même, 60 000 allemands se jettent à l'assaut du bois de Caures sur un front de 6 kilomètres. Ils marchent en colonnes, précédés par des lance-flammes pour "nettoyer" les tranchées. Mais le terrain, labouré par les obus, rend la progression difficile, et les défenseurs, même s'ils sont hébétés par le bombardement, et plus ou moins décimés, trouvent assez de force et de matériel pour faire front. Progressant en colonnes, les assaillants offrent des cibles faciles pour les défenseurs qui les ont laissé passer. Les fusils Lebel, même à moitié déglingués, sont toujours opérationnels, et les mitrailleuses ne sont pas toutes en menus morceaux. Le quart restant des chasseurs encore en état de combattre se défend si bien que l'ennemi progresse peu. Même mieux, à la nuit qui arrive vite, lorsque la neige se met à tomber, ils contre-attaquent et arrivent à reprendre au moins un poste perdu quelques heures auparavant. Au matin du 22, tous les défenseurs valides ont épuisé leurs munitions de poche et leurs grenades. Les Allemands recommencent le bombardement de la zone, alors Driant brûle ses documents et ordonne la retraite, il sera tué peu après comme 1 120 soldats de son régiment, seuls 110 en reviendront vivants. Dans la matinée, un nouvel assaut est donné, il emporte un à un les postes et les abris. Toutefois, la résistance acharnée des chasseurs à pied permet au général Herr de réagir avec promptitude et, depuis le début du bombardement, sachant maintenant où a lieu l'attaque, il fait monter les réserves vers la zone à défendre. Dans la journée, l'artillerie prussienne ne cesse de labourer le secteur dans le déchaînement d'une extraordinaire intensité, les massifs forestiers de Haumont, de Herbebois et des Caures sont déchiquetés, hachés, nivelés, remplacés par un décor lunaire. Derrière le feu roulant, des milliers de fantassins rhénans, hessois et brandebourgeois avancent lentement en colonnes toujours précédées de porteurs de lance-flammes. La combativité des poilus survivants est acharnée, ce qui surprend désagréablement le commandement allemand qui espérait une défense quasi inexistante après les bombardements d'artillerie...

Toutefois, dans la précipitation, la résistance s'organise. Joffre envoie près de 10 000 hommes vers Verdun dans la journée du 24, avec l'ordre de ne pas reculer. Il donne en même temps les pleins pouvoirs au général Castelnau pour éviter toute débandade. Il faut impérativement contenir les Allemands sur la rive droite de la Meuse, la survie de la France est en jeu. Castelnau parvient à reconstituer un semblant de front et arrive à regrouper près de 300 canons pour tenter de rendre au moins un coup contre dix. Le plus décisif en ces premiers jours c'est que, finalement, le labourage de l'artillerie rend la conquête très difficile. Le sol meusien est fragile, en plus gorgé d'eau. Les cratères d'obus se transforment vite en mares qu'on ne peut pas traverser, il faut les contourner. Ce qui oblige les assaillants à progresser en colonne, lentement, avec parfois le sol qui se dérobe sous leurs pas. Les défenseurs, souvent des poignées d'hommes, sans officiers, se battent comme des lions. Une mitrailleuse parvient parfois à bloquer une colonne entière...

Le 25, Castelnau fait venir le général Philippe Pétain pour le seconder et il lui confie le secteur nord, le plus menacé. Le soir, le fort de Douaumont tombe. Immense château-fort du siècle passé, carcasse vide car dépouillé depuis plus de 6 mois de ses canons, défendu vaillamment par une poignée de territoriaux, il ne pouvait pas résister longtemps aux centaines de soldats du 24ème régiment brandebourgeois...

Le Fokker E3, le premier avion entièrement métallique

Mise en place de canons Bange de 120 dans le secteur de Verdun

Drachen, ballon captif allemand servant aux artilleurs, dit "saucisse" par les Français

Prisonniers allemands avec le colonel Drian en gare de Samogneux avant le 21 février

L’Écho de Barbentane d’avril 1916

(1) Ce mot "dada" est une légende à lui tout seul. Trois antécédents seraient à l'origine de son choix : un roman qu'Hugo Ball est en train d’écrire et où il évoque un "cheval de manège" comme symbole de la pureté de l’enfance ; une devise de Paul Gauguin, célébrée par les expressionnistes, sur le "petit cheval de l’enfance" et l’histoire sensationnelle de Kaspar Hauser, cet enfant qui avait vécu isolé du monde avec un petit cheval de bois, à laquelle Jean Arp a consacrée un poème et Emmy Hennings une chanson. Pour officialiser ce choix, Segal, Arp et Van Rees se font photographier avec un petit cheval de bois. C’est bien plus tard que l’on verra surgir légendes, impostures, controverses et mystifications concernant la prétendue "découverte" du mot dada. Documenté dans la langue française dès 1608, c’est-à-dire depuis le tout début du XVIIème, le mot dada est l’adaptation du cri italien répété "Dai, dai !" (Vas-y, vas-y !) servant à encourager les efforts d'un cheval dans les haras, où par ailleurs les cavaliers débutants montaient d’abord sur un cheval de bois. Imprononçable pour un français (en italien le mot est accentué sur le a, ce qui réduit fortement la sonorité du i en l’assimilant à une semi-consonne : dàï !), il est devenu da-da. Le mot "dadaïsme" est utilisé par Hugo Ball quelques mois plus tard, dans un communiqué de presse envoyé aux journaux de Zurich pour annoncer la soirée "Futurisme, Dadaïsme et Cubisme" du 11 juillet 1916 au Cabaret Voltaire.

(2) Le Colony Club est un club social uniquement réservé aux femmes de la bonne société newyorkaise. Il a été fondé en 1903 par Florence Jaffray Harriman, épouse de Borden Harriman. De nos jours, les hommes peuvent être admis, mais uniquement en tant qu'invités.

(3) Une noria est une roue à godets qui sert à monter l'eau d'un puits ou d'un cours d'eau. En 1916, la technique dite de la "noria" repose sur deux piliers : un grand nombre de véhicules (par similitude aux godets) et des routes correctes. Si l'entretien des routes est du seul ressort de l'État, rarement de l'armée, la production automobile est maintenant entièrement sous le contrôle de l'armée. En France, depuis 1914, la production de camions a fortement augmenté, mais ce n'est pas suffisant et des importations massives de véhicules arrivent d'Italie et des États-Unis. L'avantage d'un véhicule automobile, c'est qu'il peut transporter une cargaison d'un point A vers un point B, sans rupture de charge. L'inconvénient c'est qu'en 1916 il ne transporte guère, à peine 4 tonnes, soit une fois et demi moins qu'un wagon, de plus il a un grand besoin d'hommes bien formés, il s'use vite et il revient, au final, même pour l'armée, très cher. Néanmoins, Doumenc imagine la création d'une réserve automobile stratégique mise à la disposition du commandant en chef. Elle est organisée en sections de 25 véhicules, regroupées par quatre avec un atelier de réparation, eux-mêmes formant des groupements de cinq ou six groupes. Ainsi, un groupement de 600 camions peut enlever, et en une seule fois, une brigade d'infanterie, soit près de 6 000 hommes. Le 1er groupement est créé en avril 1915. Il est vite suivi par d'autres, et à la fin de l'année 1915 il en existe cinq ; ils seront treize en mai 1916. L'Allemagne, pour différentes raisons, notamment le blocus économique du pays, n'aura jamais un tel système de transport, et son armée sera toujours totalement tributaire du transport ferroviaire...

(4) Le bombardement de Verdun est tel qu'il est perçu physiquement, par le bruit et par le tremblement du sol, dans un rayon de 150 km.

(5) A sa mise en service en 1906, La Provence était le plus grand et le plus rapide paquebot français mais, ses dimensions ayant été dictées par les capacités d'accueil maximales du port du Havre, son tonnage était alors très inférieur aux grands paquebots transatlantiques des concurrents étrangers. Il assure alors le service sur la ligne Le Havre-New York en compagnie des paquebots La Lorraine et La Savoie, de dimensions plus réduites. Au retour de son deuxième voyage, il effectue une course mémorable avec le paquebot allemand Deutschland I, qu’il bat finalement de 4 heures, les passagers étasuniens ayant engagé des paris importants à bord des deux rivaux. Il a été le premier paquebot de la Compagnie générale transatlantique équipé de la télégraphie sans fil (TSF) et c’est à son bord que fut imprimé le premier exemplaire de L’Atlantique, le journal destiné aux passagers qui sera ensuite imprimé et diffusé sur tous les paquebots transatlantiques jusqu’à l’arrêt du France en 1974. Le 2 août 1914, il est réquisitionné et converti en croiseur auxiliaire. Pour éviter toute confusion, il est rebaptisé alors Provence II, un cuirassé français portant déjà le même nom.

(6) Le mot escadron est utilisé par les forces militaires depuis très longtemps. Il tire son origine du mot italien squadrone (troupe armée), lui-même dérivé de squadra (brigade).

(7) Les assises de la batterie anti-aérienne qui permit d'abattre ce Zeppelin sont une des rares choses que l'on retrouve encore à l'extérieur de ce village meusien qui n'existe plus depuis décembre 1916.

(8) Dans le village de Rognonas, sur la fiche très peu renseignée d'ailleurs de GenWeb, on voit même la photo d'un soldat à moustache avec un calot.

(9) En fait, à la SCOA ce sont des civils, souvent exemptés du service militaire pour cause de handicaps divers, y compris des débiles légers, qui faisaient des travaux pour le compte de l'armée. Ils étaient logés en casernes et, dans le langage commun, on leur donnait le nom de "soldats" car ils portaient l'uniforme bien qu'ils n'étaient pas des militaires au sens strict. En outre, ils n'avaient pas le droit de porter une arme. La 15ème SCAO, qui est rattachée au 15ème corps, est essentiellement installée sur le port de Marseille, mais elle a aussi des antennes dans les villes de garnison de la région : Avignon, Orange, Fréjus, Nice, etc...

Soldats russes exhibant des drapeaux turcs pris à Erzurum

Convois sur La Route à destination de Verdun

En Suisse, les colonels espions enterrant la Neutralité du pays

Bataille entre l'Alcantara et le Grief le 29 février 1916, où tous deux s’autodétruiront

Par décalage pour son édition, c’est l’Écho d’avril 1916 qui relate les événements de février et début mars...

Djemal Pacha en Syrie en février 1916

Mitrailleuse Vickers britannique sur le front de l’Yser

Stock d’obus de 120mm

Cavaliers kurdes pro-turcs sur le front du Caucase

Sentinelles françaises emmitouflées dans une tranchée de première ligne

Atelier de réparation mécanique à Bar-le-Duc

Attaque allemande vers le fort de Douaumont à Verdun

Le cuirassé Amiral Charner torpillé le 8 février près des côtes syriennes

Camion léger Peugeot type 1525

Batterie de mitrailleuses anti-aériennes françaises

Aviatik C I allemand sur une piste enneigée

Coiffeur dans un cagnas à l’arrière de Verdun (moins de poil = moins de poux)

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres…

Guy