BARBENTANE

en Juillet 1915

Par décalage pour son édition c’est l’Écho de septembre 1915 qui relate les événements de juillet et début août...

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Le 12 juillet, le gouvernement allemand fait des excuses au Danemark au sujet du torpillage du vapeur danois Seaborg. Le même jour, 809 cas de choléra sont constatés à Vienne dans la capitale austro-hongroise...

En Italie, on apprend que des officiers allemands et turcs sont en Lybie pour fomenter des révoltes tribales contre l'occupant italien...

Aux États-Unis, la presse laisse entendre que ce sont des germanophiles qui sont derrière les grèves qui secouent régulièrement le pays. Le 3 juillet, une explosion endommage considérablement le Capitole à Washington. Le lendemain, un attentat est commis à New-York contre le banquier Jack Pierpont Morgan junior, grand financier des pays alliés (France, Russie et Grande-Bretagne). Son auteur, Eric Muenter(2), est professeur à l'Université de Cornell. Il est arrêté et se déclare l'auteur de l'attentat du Capitole. Le 14, un attentat est commis contre l'ambassadeur du Royaume-Uni. Le 18, l'aviatrice Katherine Stinson (1891-1977) est la première femme à réaliser un looping. C'est déjà une pilote confirmée, la 4ème à recevoir son brevet aux USA, c'est aussi la première femme étasunienne autorisée à transporter du courrier par voie aérienne. Le 22, une nouvelle note des USA est envoyée à Berlin. Elle invite à nouveau l'Allemagne à respecter, sur mer, les règles internationales. Considérant que la concession de Guillaume II dans sa note du 6 juin est insuffisante, ce 3ème avertissement prend l'allure d’un ultimatum pour que ne se reproduisent plus des "actes semblables" au torpillage du Lusitania. Le président Wilson se prononce pour une "paix maritime" sans compromis. Le 29, pour protéger ses intérêts stratégiques, mais surtout les intérêts de la banque Kuhn, Loeb & Co qui possède une grande partie des infrastructures et de l'économie du pays, les États-Unis décident d'occuper militairement Haïti. Cette partie d'Hispaniola, l'île la plus grande et la plus peuplée des Antilles, est en insurrection permanente. Sa façade maritime contrôle un des passages pour accéder au canal de Panama. Une des craintes des USA est que ce pays pourrait passer sous influence allemande. Dès les premiers jours de l'occupation, le racisme brutal des Marines crée de vives tensions avec la population. Ce qui n'empêche pas l'armée US de superviser l’élection du président par le Congrès et d'imposer un traité leur permettant d’intervenir pour garantir le maintien du gouvernement. Cette occupation ne cessera qu'en 1934...

Le 22 juillet à Halifax au Canada, s'éteint Sir Sandford Fleming. Né en Écosse en 1827, scientifique, franc-maçon, il a, en 1879, l'idée de diviser le globe terrestre en 24 parties imaginaires qui se rejoignent aux pôles. Ce système dit des "fuseaux horaires" sera adopté par le monde entier lors de la tenue de l'International Meridian Conference d'octobre 1884...

Le 8 juillet en Allemagne, 1 347 personnalités, appartenant au monde de la science et de l’économie, exigent une politique d’annexion à l’est comme à l’ouest. Le lendemain, l’historien Hans Delbrück est à l’initiative d’un texte repoussant les thèses des annexionnistes...

Dans les Balkans, les relations se tendent de plus en plus entre la Roumanie et l'Allemagne, comme entre la Turquie et la Grèce, et aussi entre la Turquie et l'Italie. Le 2 juillet, une commission d'officiers serbes se rend à Durazzo (actuellement Durrës) pour s'entendre avec le dictateur albanais Essad-Pacha sur la meilleure manière de pacifier définitivement le pays. Le 16, c'est le refus de la Roumanie de permettre le passage des armes et des munitions de l'Allemagne vers la Turquie. Le 18, après 4 jours de négociations avec les ambassadeurs alliés à Sofia, le ministre français des Affaires étrangères, Théophile Delcassé, et son homologue russe, Sergueï Sazanov, refusent la cession de la Macédoine à la Bulgarie. Le 29, pour des raisons militaires, les Alliés occupent provisoirement la grande île grecque de Lesbos car c'est la plus proche de la Turquie...

En Turquie, la déportation de la population arménienne de Trézibonde est fixée au 1er juillet. Plusieurs milliers de soldats turcs bouclent la ville et, finalement, massacrent la population par petits groupes. Deux jours plus tard, c'est à Mouch, dans le vilayet de Bitlis, que cette population subit le même sort...

Le 11 juillet, en Afrique-Orientale, les monitors(3) Mersey et Severn, avec 4 avions (deux Caudron et deux Farman), attaquent une nouvelle fois le croiseur léger Königsberg dans le delta de fleuve Rufigi en Tanzanie actuelle. Ce dernier, partiellement désarmé pour la défense de Dar-es-Salam, n'a plus que 2 canons utilisables. Il parvient à détruire un avion anglais, mais les obus de 152mm des monitors le ravagent. Le croiseur est en feu, le commandant et une partie de l'équipage sont sévèrement blessés. Finalement l'ordre de saborder le navire est donné et il coule à 14h. Le lendemain, les rescapés enterrent les 38 marins tués lors de l'attaque. L'épopée de ce navire n'est pas finie car une partie de son armement est récupérée et les 188 marins restant sont incorporés aux forces terrestres allemandes(4)...

Le 12 juillet, le Sud-Ouest africain allemand se rend aux troupes sud-africaines commandées par le général Louis Botha...

Le 27 juillet, le Conseil fédéral suisse promulgue une ordonnance très controversée sur la censure...

Le 30 juillet, le pape Benoît XV adresse aux peuples belligérants et à leurs chefs, un appel les conjurant de mettre fin à la guerre...

 

Sur le front en France, en ce début du mois de juillet c'est la routine de la guerre, pas du tout les vacances. Les bombardements et les assauts sur les premières lignes sont quasi quotidiens. On note cependant des poussées allemandes plus importantes en Argonne et sur la Moselle à Bois-le-Prêtre près de Pont-à-Mousson. C'est donc au centre-sud du front que les allemands pèsent plus fortement en ce début d'été. Ces attaques ne sont pas vraiment des offensives, mais elles obligent les armées alliées à être constamment sur le qui-vive...

Toutefois, le 8 juillet, au Ban-de-Sapt dans le centre des Vosges, c'est un succès local pour l'armée française au hameau de la Fontenelle depuis longtemps en ruine. En se saisissant d'un ancien ouvrage perdu le 22 juin, c'est toute une série de blockhaus défensifs allemands sur une largeur de 600 mètres et une profondeur de 700 qui tombe. Environ 800 officiers et soldats se rendent. Ils défileront à Remiremont le 13 juillet devant le généralissime Joffre...

Depuis le début de l'année, Joffre ne cesse de demander une nouvelle offensive dans la Haute-Alsace au général Dubail pour atteindre Munster, puis Colmar, par les hauteurs des Vosges et la vallée de la Fecht. Les hauteurs vosgiennes étant impraticables en hiver, une offensive par la vallée est lancée en juin. Elle remporte un succès relatif à Metzeral, mais sans percer. Munster est encore loin et Colmar encore plus. Joffre presse une nouvelle fois Dubail, qui n'a pas réussi à déboucher au sud, de passer par les crêtes du Linge et du Barrenkopf. Or, depuis des mois, les Allemands, prévoyants, renforcent à cet endroit leurs dispositifs défensifs par des réseaux complets de tranchées, de barbelés et d'abris. Des casemates bétonnées ont été érigées pour protéger l'artillerie et les mitrailleuses. Cet ensemble sera encore renforcé en juin, lorsque l'activité accrue des patrouilles françaises dans le secteur, alerte les Allemands sur l'imminence d'une attaque. L'état-major français du lieu, bien informé de ces travaux, juge qu'une offensive sur ces crêtes serait très hasardeuse et il préconise une fois de plus la poursuite de l'offensive par le fond de la vallée à Metzeral. Joffre n'en tient pas compte, et ordonne au général Louis de Maud'huy qui commande la VIIème armée, d'attaquer avec ses chasseurs alpins. L'attaque initialement prévue le 8 juillet, est reportée au 12, puis au 18, et finalement au 20 de ce mois pour permettre à la 129ème division d'infanterie d'apporter son appui...

Après une préparation d'artillerie relativement courte, les chasseurs alpins se ruent au sud sur le Barrenkopf, au centre sur les carrières de Schratz, et au nord sur le Collet du Linge. Les assaillants se font massacrer, seuls quelques éléments parviennent au Collet du Linge. Au centre, devant le carnage, la deuxième vague d'assaut est décommandée. Au soir du 21, pour quelques mètres de tranchées, plus 1 000 hommes sont morts, des milliers d'autres, blessés. Du coup, la grande offensive prévue sur un front de 12 kilomètres pour atteindre au moins Munster, va se transformer en une série de batailles ne visant plus que trois objectifs limités : le Collet du Linge au nord, les carrières de Schratz au centre, et le sommet du Barrenkopf au sud. Le lendemain, l'offensive reprend. Comme l'avant-veille, des soldats de 19 ans au grand béret bleu et au pantalon blanc, se font décimer par les mitrailleuses des défenseurs bien protégés dans leurs abris ainsi que par l'énergique artillerie allemande. Maud'Huy suspend l'assaut pour amoindrir les défenses avec des bombardements d'artillerie, mais le mauvais temps ne rend pas cette opération efficace. Le 26, l'assaut reprend au seul Collet du Linge. Le sommet est conquis au prix de lourdes pertes. La réaction allemande est très vive, son artillerie de gros calibre écrase sous des milliers d'obus les quelques mètres chèrement gagnés. Impossible d'évacuer les blessés, impossible même de se réapprovisionner. Le 27, les contre-attaques allemandes successives du matin n'arrivent pas à reprendre le terrain perdu la veille. Dans l'après-midi, les Français repartent à l'assaut des carrières du Schratz par le Collet du Linge. Après une brève occupation du lieu, ils sont obligés de se retirer, délogés par une contre-attaque allemande irrésistible. Au Barrenkopf, gagné lui-aussi de haute-lutte dans l'après-midi, les contre-attaques allemandes échouent. Mais, estimant la situation trop fragile, l'état-major ordonne d'abandonner ce sommet pendant la nuit…

Le 28, Joffre, qui vient de comprendre que le débordement des Allemands par les crêtes des Vosges est impossible, bloque l'envoi de nouveaux renforts. Il demande alors à Dubail de renforcer les espaces gagnés en vue de se positionner sur une ligne défensive continue à partir du 20 août. L'état-major décide l'occupation de la ligne de crête Linge-Schratz-Barrenkopf. A partir du 29 juillet et jusqu'au 9 septembre, ce sont par des actions très violentes et très coûteuses en vies humaines, que les Chasseurs-Alpins français vont essayer d'atteindre cette nouvelle ligne de front...

Dans la guerre aérienne, l'état-major allié entreprend le bombardement systématique des nœuds de communications ferroviaires situés derrière le front allemand et hors de portée de l'artillerie. Durant tout le mois, des raids de 20 à 30 avions, rarement plus, vont bombarder les gares de Zarpen, Ypres et Langeniarck en Belgique ; Libercourt dans le Nord ; Chauny et Montfaucon dans l'Aisne ; Challerange et Autry dans les Ardennes ; Chatel et Nancillois en Champagne ; Vigneulles-Lès-Hattonchâtel, Conflans-Jarny, Burthecourt, Arnaville et Bayonville en Lorraine ; Colmar et Dettwiller en Alsace et Fribourg-en-Brisgau en Allemagne. Sont aussi bombardés le camp d'aviation de Dalheim au Luxembourg, les usines d'Aviatick en Allemagne, l'usine de gaz asphyxiants à Dornach en Alsace, des batteries allemandes à longue portée à Vimy dans le Pas-de-Calais, celles de Beaurain dans l'Aisne et celles positionnées près de Reims dans la Marne. Le 30 juillet, c'est par un raid exceptionnel de quarante cinq appareils que 103 bombes sont larguées sur les installations pétrolifères de Pechelbronn en Alsace. Mais ces actions, trop dispersées qui, en plus, manquent de reconduction à intervalles rapprochés, sont loin d'être vraiment concluantes. Les dégâts occasionnés sont, à chaque fois, très vite réparés, ce qui rend au final ces raids peu efficaces…

A l'inverse, les Allemands qui utilisent leur artillerie à longue portée pour les mêmes raisons de désorganisation de l'arrière, sont plus performants. Plutôt que les gares, objectifs réduits, ils s'en prennent aux villes qui sont obligatoirement des nœuds routiers et ferroviaires,  où existent de nombreuses possibilités de cantonnements avec des stocks de munitions. Les localités de Soissons, Reims, Arras, Pont-à-Mousson, Gérardmer, Furnes, Dunkerque, Compiègne et d'autres de moindre importance sont systématiquement bombardées de façon régulière et cela durera pendant tout le conflit. Elles vont vivre un martyre…

Dans la guerre maritime autour des Îles Britanniques, le premier jour du mois(5), l'Armenian, un navire britannique aménagé pour le transport des chevaux, est torpillé par le submersible allemand U-24 au large des Cornouailles. C'est un cargo mixte voyageurs-marchandises de grande capacité. C'est aussi l'un des derniers voiliers en bois à quatre mats construit en Grande-Bretagne, et il possède en plus une chaudière à vapeur. Il est sorti de sa retraite au début de la guerre pour amener des chevaux en France. On compte 9 morts parmi les membres d'équipage et 29 parmi les hommes chargés de veiller sur les 1 400 bêtes transportées. Certains de ces hommes sont des ressortissants étasuniens, ce qui met une nouvelle fois en émoi ce pays. Deux U-Boots sont canonnés dans la Manche par des bâtiments de la flottille française, l'un d'eux est atteint par plusieurs obus. Le 15, un nouvel incident a surgi entre l'Allemagne et les États-Unis, un sous-marin ayant contraint un cargo US à lui servir d'écran pour attaquer un vapeur russe. Le 25, 2 navires de commerce américains sont coulés au large de l’Irlande par des U-boots. Toutefois, les grosses proies pour les submersibles allemands se font plus rares car elles deviennent plus méfiantes, mais on est encore loin d'une véritable chasse organisée contre la plaie que sont devenus les sous-marins…

 

Sur le front italien, depuis le 23 juin la bataille fait rage entre la source du fleuve Isonzo dans les Alpes Juliennes jusqu'à son embouchure dans la mer Adriatique. Les premiers succès sont vite là pour les Italiens. La ville slovène de Caporetto est rapidement prise, les abords du massif du Nero et le mont Colowrat sont rondement occupés, la plaine du bas Isonzo vite conquise. Mais, à partir du 7 juillet, la machine s'enraye. Trop dispersé, l'effort sur la rive gauche de l'Isonzo ne perce nulle part. De plus, les Austro-Hongrois se sont repliés en bon ordre et sur des positions défensives préparées à l'avance. De là, ils prennent les soldats italiens sous des feux croisés de mitrailleuses mortellement efficaces. Pendant deux semaines, le calme est relatif. Le 18, trois avions ennemis bombardent Barri en Italie et tuent trois personnes. Le même jour, les Austro-hongrois lancent une vigoureuse offensive. Comme sur le front en France, ce sont des mêlées furieuses à la grenade et à la baïonnette. L'armée transalpine, avec son artillerie, quelques avions et des dirigeables, arrive à contenir cette furieuse poussée. Les assaillants perdent près de 30 000 hommes, principalement au nord et au sud du mont Nero, dans les régions de Plezzo et Tolmino. Dans le bas Isonzo, les Italiens prennent la ville de Goricia évacuée par les austro-hongrois. Puis, ils résistent à une contre-attaque suicidaire des soldats adverses. Beaucoup plus à l'ouest, dans le Trentin, l'avance italienne menace la voie ferrée reliant Trente à Vienne. En cette fin juillet, tout se stabilise par un manque de moyens matériels et humains. Pendant les mois suivants, comme en France, rien de concret ne se réalisera de part et d'autre malgré des assauts incessants au corps-à-corps sur les premières lignes...

La Situation de la Guerre en Juillet 1915

Sur le plan politique, Raymond Poincaré, le président de la République française, nomme deux nouveaux sous-secrétaires d'État au ministère de la Guerre : Joseph Thierry au ravitaillement et Justin Godart au service de santé militaire. Il 'autorise' les femmes à exercer la puissance parentale en l'absence du mari, et seulement pendant la durée de la guerre. A Biarritz, une dénommée Gabrielle Chanel ouvre une maison de couture. Le 7, une conférence interalliée se déroule à Chantilly sur l’initiative du généralissime Joffre. Elle vise à coordonner les offensives sur les fronts de l’ouest en France et en Italie, mais aussi en Serbie. C'est le premier pas "vers une action concordante". Le 14 juillet ont lieu dans toute la France des cérémonies patriotiques. A Paris, dans une grande manifestation, c'est le transfert des cendres de Rouget de l'Isle, l'auteur/compositeur de la Marseillaise, aux Invalides(1). Le même jour, le conseil national du Parti socialiste français vote une motion en faveur de la poursuite "avec une fermeté inflexible" de l'œuvre de défense nationale. Le 18, arrivent à Paris les premiers permissionnaires à la suite de la décision gouvernementale qui accorde, par roulement, des autorisations d'absence de 6 jours à tous les combattants…

La Grande-Bretagne estime le coût journalier de la guerre à 3 millions de livres, et les crédits de guerre s’élèvent à 600 millions. Le 7 juillet, la Chambre des Communes britannique vote le projet instituant le recensement national. Le 14, le chérif Hussein de La Mecque envoie une lettre au haut-commissaire britannique en Égypte, Sir Henry Mac-Mahon. Il propose de créer un mouvement d’insurrection dans la péninsule arabique en échange de l’indépendance des pays arabes, de la reconnaissance d’un califat arabe et de l’abolition des privilèges étrangers. Le 19, à l’Île Maurice, alors sous domination britannique, c'est l'arrestation et l'internement des sujets d’origine allemande et autrichienne en séjour dans la colonie. Le 25, la presse londonienne affirme que la Grèce a envoyé une flottille dans les eaux turques de Vourla et de Smyrne pour y faire une démonstration en guise de protestation contre les mauvais traitements infligés aux sujets grecs. Le 27, la Turquie, tout en fournissant à la Grèce de vagues explications, continue à molester les Hellènes d'Asie...

Le 13 juillet 1915, à Remiremont, Joffre assiste au défilé des prisonniers allemands

Défilé du 14 juillet 1915 à Paris

Photo aérienne de Paris le 14 juillet 1915, photo exceptionnelle

Soldats britanniques débarquant aux Dardanelles

Capture de Cacos (paysans rebelles) à Haïti par les Marines US en juillet 1915

Uhlans en Pologne

Chasseurs-Alpins français en repos dans les Vosges

Dans les Dardanelles, mitrailleuse britannique équipée d'un périscope

Dans les Dolomites, convoi italien de ravitaillement

Le dépôt de locomotives de Conflans-Jarny après un bombardement allié

Soldats austro-hongrois sur le Monte Sabotino aux sources de l’Isonzo

Quelque part en France, officiers au repos à l’arrière du front le 14 juillet

Cagnas dans les Vosges en juillet 1915 (photo autochrome)

Destruction d’un pont par les Russes sur le front de l’est

En Alsace le 22 juillet, prisonniers français partant en captivité

Soldats italiens sur l’Isonzo

Près de Pont-à-Mousson

Sur la mer Adriatique les bâtiments de guerre s'activent. Le 6 juillet, au large de Venise, le sous-marin U-14 sous pavillon austro-hongrois, coule le croiseur-cuirassé italien Amalfi dont 500 marins sont sauvés sur les 650 hommes d'équipage. Le 19, deux sous-marins austro-hongrois sont portés disparus dans l'Adriatique. Le 20, La flotte italienne bombarde les forts de Cattaro. Au retour, le croiseur Guiseppe Garibaldi, torpillé par un sous-marin austro-hongrois, coule au large de Dubrovnik. Le 22, les contre-torpilleurs austro-hongrois canonnent la côte entre Ortona et Pedaso, puis l'île de Tremiti. La marine italienne occupe l'île de Pelagosa, importante par sa situation stratégique. Le 27, la flotte austro-hongroise est bloquée dans les bouches de Cattaro...

 

Dans les Dardanelles, la blessure du général Henri Gouraud, commandant du corps expéditionnaire français, est sérieuse. Il perd son bras droit, et il est rapatrié en France au début du mois. Le général Maurice Sarrail est désigné pour lui succéder...

On ne l'apprendra qu'en juillet, mais le 28 juin, le général de brigade britannique William Scott-Moncrieff(6) est tué en montant à l'assaut de la forteresse dite du Boomerang à Gully Spur sur la côte de la mer Égée dans "La Bataille du Ravin". Cette bataille fera, et pour ce seul régiment, plus de 1 353 tués dont 72 officiers...

Sur la presqu'île de Gallipoli, les combats terrestres continuent, soutenus très efficacement par les navires alliés. Sur la côte ouest, l'infanterie britannique progresse de 1 500 mètres en direction de Krithia en prenant les collines qui entourent la ville. Sur la côte est, la progression des Français -les zouaves et la Légion étrangère- se fait aussi vers le nord par la vallée du Kereves. Le 8, les Turcs lancent une nouvelle offensive qui n'a pas plus de succès que les précédentes, à part faire grossir le nombre de morts et de blessés. Puis, avec la chaleur, les actions soutenues cessent. Dans des conditions d'hygiène épouvantables, les maladies s'installent. Elles feront presque autant de ravages que les combats...

Dans la mer Noire, un sous-marin et des torpilleurs russes détruisent plus d'une centaine de voiliers transportant du charbon. Des croiseurs bombardent la ville turque de Zunguldak, un camp de la cavalerie, un pont suspendu, et causent l'explosion d'un train de ravitaillement. Le dernier jour du mois, les Turcs entreprennent de fortifier Constantinople, comme si cette ville devait, à bref délai, subir un siège...

Le 4 juillet, au cap Helles, l'U-21 coule le paquebot français Carthage à moitié déchargé de sa cargaison de munitions, 6 victimes sont à déplorer. Sur la côte asiatique, l'aviation alliée bombarde sévèrement le camp d'aviation turc près de Chanak, et une nouvelle fois Smyrne. La marine ajoute l'obus à la bombe pour empêcher toute navigation autour des détroits. Dans la mer de Marmara, deux sous-marins britanniques font de même...

 

En Europe centrale, la Russie se bat toujours sur plusieurs fronts. Au nord, de la mer Baltique jusqu'aux premiers kilomètres du fleuve Vistule, contre les Allemands ; de la Vistule jusqu'à la Roumanie, contre les Austro-hongrois et, dans le Caucase, contre les Turcs. Ce n'est pas un front comme en France, il n'est pas figé, les possibilités de manœuvres sont très réelles. D'ailleurs la cavalerie, les Hulans comme les Cosaques, y joue un très grand rôle. Mais les combats sont, là aussi, très meurtriers...

Début juillet, devant les difficultés croissantes pour approvisionner en combustible les usines de Riga et de Varsovie, les Russes "déménagent" les installations les plus importantes à l'effort de guerre pour les remonter bien au-delà de Moscou, à l'intérieur de la Russie...

Dans la mer Baltique, pour essayer de prendre les Russes à revers, les Allemands tentent un débarquement à Windau, sur le littoral de la Courlande. C'est un échec, et ils y laissent un torpilleur éventré par une mine. Plus tard, des croiseurs russes poursuivent le mouilleur de mines Albatros qui, finalement, s'échoue...

Sur les fronts terrestres, après la conquête rapide de grands espaces pendant l'hiver, l'armée russe recule maintenant de tous côtés. Les Allemands se sont ressaisis, puis réorganisés. Ils font venir du front français, sans le déstabiliser, de nouvelles divisions plus combattantes avec des soldats plus jeunes et mieux entraînés. Dans son repli en bon ordre, l'armée russe utilise une nouvelle tactique avec sa cavalerie faite de contre-attaques rapides qui, bien élaborées, se révèlent très agressives pour les soldats ennemis...

Au centre du front comme par le sud, l'objectif des Allemands et des Austro-Hongrois est d'atteindre Varsovie(7) le plus rapidement possible. De furieuses batailles se déroulent dans la plaine polonaise, mais aussi au nord des Carpates. Le champ de bataille est traversé par un grand fleuve, la Vistule, et de son principal affluent, le Bug. Il y a aussi des milliers de rivières, ce qui demande aux assaillants de grands efforts d'organisation pour les franchir. Les Russes, qui se servent admirablement bien du terrain, réitèrent à chaque fois les destructions matérielles nécessaires pour rendre la progression ennemie lente et très coûteuse en vies humaines. Mais ils reculent !!! Plok au centre, Ivangorod au sud sont atteints. Mais la tentative d'encerclement des forces russes dans la boucle de la Vistule échoue. Le 29, les Russes décident d'évacuer Varsovie, Lublin et Ivangorod pour se replier à l'abri derrière une ligne qui irait des sources du Bug jusqu'à la mer Baltique. Plus au nord, en Courlande, là aussi le front lâche devant la poussée allemande. À la fin juillet, les Allemands sont sur les rives du Niémen...

 

Dans les Balkans, au sud des Carpates, c'est encore l'accalmie. Mais La Serbie est exsangue, lasse de ces guerres qui durent depuis près de 3 ans. Les armées austro-hongroises se positionnent pour l'envahir, et son plus probable allié, le royaume de Grèce, ne répond pas à ses appels à l'aide. Ce contexte peu favorable oblige la Serbie à employer une stratégie de défense passive, malgré ses victoires du printemps...

 

Dans le Caucase, le front est plus ou moins en léthargie. Menacé là aussi d'encerclement, l'état-major russe décide d'évacuer Van et sa région. Le 24, il ordonne à tous les Arméniens de la province de s’enfuir avec l’armée pour se replier sur la frontière nord du pays...

 

Revenons à Barbentane et c'est l'Écho du mois de septembre qui couvre la période de fin juillet et début août. C'est un Écho réduit à 16 pages et c'est la photo de la carmélite, Sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus qui fait la couverture. Un long article à sa gloire est développé sur les 3 pages suivantes...

On apprend que le lieutenant Camille Terray, le fils du maire, commande toujours la 20ème compagnie du 352ème régiment d'infanterie...

La liste des blessés et des malades s'allonge, et c'est par l'intermédiaire de la Croix Rouge suisse que l'on a des nouvelles de deux prisonniers...

Trois nouvelles inscriptions sont portées au martyrologe : Cyprien Couttier, Raymond Autran et Félix Daudet...

Deux barbentanais sont tués en ce mois de juillet 1915 :

· Louis-Léon Héran, 31 ans, né à Agde (Hérault), soldat de 2ème classe au 34ème colonial, meurt le 15 juillet d'une blessure infligée à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle). Malgré la retranscription de son décès à Barbentane, il ne figure sur aucun de nos monuments commémoratifs. Il est enterré au carré militaire de Pont-à Mousson.

· Hubert Michel, 19 ans, né à barbentane, célibataire, employé de commerce, soldat au 115ème chasseurs-alpins C'est un ancien séminariste d'Aix. Il a été tué avec 3 de ses camarades le 27 juillet dans un boyau par un obus de 105 en montant aux premières lignes lors de la bataille du Linge (Alsace). Un service funèbre pour le repos de son âme est célébré le 31 août 1915 en l'église de Barbentane. Il est enterré à la Nécropole nationale "Le Wettstein" à Orbey (Haut-Rhin). Son frère Gervais-Joseph, dit Joseph, mourra le 26 janvier 1918 à l'hôpital de Saint-Didier (Vaucluse) des suites de ses blessures.

Le 21 juillet, c'est la cérémonie funèbre pour Jean Tessier, le 28 c'est celle de Joseph Mouret et le 4 août celle de Cyprien Couttier...

Au livre d'or, Georges Marty est nommé sous-officier à la 4ème compagnie du 115ème territorial...

Sont citées ensuite les nouvelles congréganistes de Sainte-Philomène, suivies de la longue liste des "Participants au Denier du Culte et des Écoles", tout Barbentane, ou presque, est cité...

Le courrier militaire commence par la longue lettre d'un officier, hélas non signée, qui s'inquiète de savoir si à Barbentane, pendant la campagne d'hiver, on se "rend compte de l'effort et de l'endurance dont font preuve les combattants". C'est Paul Creuzet qui écrit de la vallée de la Fecht à quelques mètres des lignes ennemies. C'est Jules Ayme qui, depuis le 1er octobre, se désespère de n'avoir rencontré aucun Barbentanais. C'est Henri Ménard qui, à Gérardmer, est allé porter des fleurs sur la tombe de Pierre Reboul. C'est Gérard Nazon qui, le 7 juillet, reçoit le baptême du feu. C'est Jean Vernet, blessé, qui signale qu'il est évacué à La Côte-Saint-André en Isère. C'est Pierre Ayme qui considère que "les Boches ne sont pas assez malins pour attraper un vieux lapin comme moi". C'est notre habituel épistolier Léopold Michel qui donne son emploi du temps et qui relate que, dans l'émouvante revue passée par le Général Lyautey au son de Sambre-et-Meuse, tous les soldats avaient la larme à l'œil. C'est Jean-Marie Vernet qui, par un temps superbe, déguste dans une "confortable taupinière", son supplément à l'ordinaire le 14 juillet. C'est un gardois d'Aubais qui demande à être abonné à l'Écho. C'est Jean-Marie Ginoux qui, d'Alexandrie, commente la mort de son frère. Ce sont Jaoul et Martin qui, d'une tranchée boche, s'apprêtent à attaquer à la baïonnette. C'est Henri Boyer qui relate les départs au compte-goutte des premiers permissionnaires depuis 11 mois de présence au front. C'est le sergent Paul Mouret qui demande que l'on abonne à l'Écho le sergent Léontin Gilles de Boulbon car il n'arrive pas à contenter tous ses amis des autres compagnies. C'est Anastase qui envoie une longue pièce patriotique en vers que l'Écho ne peut pas publier et qui se termine par "Le sang gaulois coule encor dans nos veines, Et vous saurez bientôt ce que vaut notre haine"...

Dans l'état religieux pour cette fin juillet et début août sont notés 3 baptêmes (dont un ondoiement) et 10 enterrements (dont un garçon d'un an et 2 autres d'à peine 3 mois)...

Guy

(1) En cliquant-ci, vous pouvez toujours écouter le discours du président de la République Raymond Poincaré fait à cette occasion.

(2) Eric Muenter (1871-1915), également connu sous le nom d'Erich Muenter ou Erich Holt ou Frank Holt, a eu une vie passablement mouvementée. Alors qu’il enseignait l’allemand à l’université de Harvard, il empoisonne sa femme enceinte. Il prend la fuite et passe la décennie suivante dans différents lieux d'Amérique du nord sous plusieurs identités. C'est un fervent nationaliste allemand et il est contre la politique d’armement des USA qui vend des armes aux Alliés. Le 2 juillet 1915, il cache un colis qui contient 3 bâtons de dynamite avec un minuteur réglé aux alentours de minuit, sous un tableau téléphonique dans une des salles de réception du Capitole à Washington. Sa cible originale était la chambre du Sénat, mais elle est fermée à clé. La bombe explose à 23h40 sans faire de victime. Il écrit ensuite une lettre au Washington Star sous un pseudo, pour expliquer cette action. La lettre sera publiée après l’explosion. Dans ce courrier, il écrit que cette explosion "ferait assez de bruit pour couvrir les voix qui appelaient à la guerre. C’est un point d’exclamation dans mon appel à la paix"  Après avoir posé la bombe au Capitole, il s’enfuit à New York où il cache une autre bombe sur le cargo Minnehaha rempli de munitions en destination de la Grande-Bretagne. Il se rend ensuite chez le banquier John Pierpont Morgan Junior. Il lui tire deux fois dessus à l’entrejambe, mais ne le tue pas. Il est capturé par son majordome. Il est jugé coupable de ces deux crimes et se suicide peu après en prison. Le 7 juillet, 2 jours après sa mort, sa bombe explose sur le Minnehaha. Toutefois, comme il l’avait placée trop loin des munitions, l’incendie déclenché ne fait que des dégâts mineurs.

(3) Le monitor est un type de petit cuirassé, bas sur l'eau et se déplaçant lentement, mais disposant de canons lourds, disproportionnés par rapport à la taille du navire. Ce type de navire est apparu aux États-Unis durant la guerre de Sécession. Il doit son nom à l'USS Monitor, premier du genre mis en service en 1861 et restera en utilisation, principalement aux États-Unis, jusqu'en 1900. Ce type de bateau de combat réapparaît en 1915 et 1942, lors des deux guerres mondiales, principalement dans la flotte britannique.

(4) Les canons de 105 du Königsberg jouent par la suite un rôle important dans le déroulement de la guerre, car ce sont alors les éléments d'artillerie les plus importants pour défendre les fortifications de Dar-es-Salam, et deux d'entre eux sont même remontés à bord du Graf von Götzen qui navigue sur le lac Tanganyika en Tanzanie. L'épave, quant à elle, demeure sur place et disparaît finalement dans la vase en 1966. L'un de ses canons est aujourd'hui devant le fort Jesus à Mombasa au Kenya, un autre à Pretoria en Afrique-du-Sud, et le troisième à Jinja en Ouganda.

(5) Selon une autre source, il aurait été coulé le 28 juin, ce qui ne change pas grand-chose à son tragique destin.

(6) Le général de brigade William Scott-Moncrieff (1858-1915) est un des 115 généraux à être mort au feu durant tout le conflit (dont 41 français). De plus, une partie de sa brigade, la 156ème territoriale, était dans le train qui dérailla le 22 mai à Quintinshill en Grande-Bretagne. Cet accident est toujours la plus grande catastrophe ferroviaire du pays avec 226 tués et 246 blessés. Sur les 500 soldats transportés dans le train militaire, seuls 53 s'en sortiront indemnes (voir les photos sur mon site de mai 1915).

(7) Se rappeler qu'en août 1914, la Pologne en tant qu'État n'existe plus. Son territoire est partagé entre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et la Russie. Elle ne renaîtra qu'après la fin de la guerre dans un processus de réunification du pays qui durera plusieurs années.

Alpins italiens en bivouac sur Pal Grande

Entraînement des soldats austro-hongrois au lancer de grenades à manche

L’Écho de Barbentane de septembre 1915

Artilleurs allemands sur le front oriental

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

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Guy

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Infanterie britannique dans un village au nord de la France

Artillerie britannique au Cap Helles dans les Dardanelles

Soldats allemands au repos en Ukraine

Le croiseur léger Königsberg en Afrique-Orientale allemande

Tirailleurs nord-africains montant aux premières lignes