BARBENTANE

en mars 1915

Par décalage pour son édition c’est l’Écho de mai 1915 qui relate les évènements de février 1915...

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

L’Écho de Barbentane de mai 1915

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres…

Guy

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Sur l'ensemble du front ouest européen ce sont toujours de furieuses mêlées, à peine ralenties par une météo tout aussi exécrable qu'en février. Du lambeau de la Belgique non occupée qui jouxte la mer du Nord jusqu'à la frontière suisse, les batailles font rage. On se trucide sans pitié pour 100 mètres de tranchées, même dans les Vosges encore couvertes de neige. Les duels d'artillerie sont incessants. Les villes en arrière du front, Soisson, Reims, Pont-à-Mousson, Verdun, seront tour à tour régulièrement bombardées pour désorganiser les arrières français. Le vendredi 11 mars, sur le plateau de Nouvron (Picardie) les généraux Maunoury et Villaret, visitant une tranchée à 30 mètres de l'ennemi, sont tous deux grièvement blessés à la tête par la même balle. En Artois, c'est la bataille de Neuve-Chapelle qui va se dérouler du 10 au 13 mars. Le commandant en chef de la Force Expéditionnaire Britannique (BEF), le maréchal John French, pense que la guerre des tranchées influe catastrophiquement sur le moral des troupes et, comme il a reçu des renforts en hommes, en équipements et en munitions, il pense être en mesure de percer en direction du village de Neuve-Chapelle pour en réduire le saillant. Son espoir, en cas de réussite, est de pouvoir déboucher en direction de Lille et d'Armentières qui sont de grands nœuds routiers et ferroviaires allemands assez proches. Initialement, il était aussi prévu une attaque française plus au nord dans le secteur de Notre-Dame-de-Lorette mais, faute de moyens, celle-ci ne peut pas se dérouler en même temps. Près de 40 000 britanniques montent à l'assaut sur un front de 3 kilomètres. L'offensive débute le 10 mars par un puissant bombardement d'artillerie sur les premières lignes avec plus de 340 canons lourds, prolongé progressivement sur les arrières allemands pour les désorganiser(5). Les soldats britanniques et indiens progressent rapidement vers Neuve-Chapelle faiblement défendu. Par contre, la tentative pour prendre la crête d’Aubers se heurte à des lignes de barbelés demeurées intactes. Les pertes sont énormes. Après une grosse journée d'offensive, les Britanniques sont paralysés par un manque de communication et de munitions. De Lille, le prince Rupprecht de Bavière lance ses hommes dans une contre-attaque et, le 13 mars, épuisée, l'offensive s'arrête. La progression britannique est limitée, à peine 6 kilomètres carrés ont été repris, au prix de 11 200 soldats tués, blessés ou portés disparus. Les Allemands auront sensiblement les mêmes pertes et laissent 1 700 prisonniers aux Alliés. Aucune percée n'a eu lieu, l'échec de cette offensive sera imputé au maréchal French à cause d'un manque de préparation et une insuffisance de stocks de munitions. À partir de ce revers, les bombardements préparatoires aux mouvements de troupes s’étendront sur plusieurs jours, au détriment de l'effet de surprise. Plus au sud, le 17 mars, c'est aussi l'arrêt de la première offensive de Champagne, menée par l'armée française (Corps Colonial et 17ème Corps) entre Massiges et Souain avec près de 1 100 000 Français contre les 1 400 000 Allemands. C'est durant cette offensive qu'a été inaugurée la "tactique du feu roulant"(6). Cette offensive se termine avec des gains territoriaux minimes, mais avec un coût humain très important : plus de 21 000 morts, 7 000 portés disparus et plus de 55 000 blessés côté français, plus encore côté allemand. Comme en Artois, ces offensives voulues par Joffre, étaient conçues pour fixer les Allemands afin qu'ils évitent d'envoyer des renforts en Russie. En Argonne, la butte de Vauquois occupée dès septembre 1914 par les forces allemandes de Kronprinz, est reprise par les Français. Dans cette bataille, les Allemands aspergent une de nos tranchées avec un liquide enflammé. Si cette nouvelle arme surprend, elle se révèle peu efficace et sera abandonnée. Toutes les offensives allemandes lancées sur Ypres, en Meuse, à Pont-à-Mousson, dans les Vosges et en Haute-Alsace durant ce mois seront repoussées…

 

Sur le front oriental nord, les combats les plus violents se déroulent entre les Russes et les Allemands entre les fleuves Niémen et Vistule où se trouvent au moins 30 corps d'armée. Plus offensifs, les Russes entrent en Prusse-Orientale et s'emparent de Memel(7). Les deux corps d'armée allemands rescapés de la défaite de Prasnysz(8) se retirent vers Thorn(8) pour s'abriter et se refaire. Un peu plus au nord, les Allemands s'acharnent à conserver leur terrain. Ils reçoivent de nombreux renforts et tentent une diversion vers Rava, au sud-ouest de Varsovie. Au sud de la Pologne, la situation de la forteresse de Przemysl, occupée par l'Autriche-Hongrie et assiégée par les Russes depuis le 24 septembre 1914, s'aggrave. Le 19 mars, la garnison fait une sortie qui se solde par un échec. Elle renouvelle l'opération deux jours plus tard sans plus de succès. Finalement, le lundi 22 mars, le général autrichien Hermann Kusmanek, commandant de la garnison, accepte de se rendre sans condition. Les Russes font prisonniers 9 généraux, 93 officiers supérieurs, 2 500 officiers et 117 000 soldats. Ils récupèrent aussi un nombre important de pièces d'artillerie lourde. C'est la victoire la plus importante remportée par les Russes depuis le commencement de la guerre. Plus au sud, en Biélorussie, ce sont les Allemands qui remportent la victoire à Grodno. Dans les Carpates, les succès russes s'accentuent, et les troupes austro-hongroises leur laissent 6 000 prisonniers. Dans le Caucase, après des offensives russes victorieuses dans la région de Kars, les Turcs évacuent toute la région de Batoum sur les rives de la mer Noire (actuellement c'est une région de la Géorgie)...

 

Mais il est temps de revenir aux nouvelles publiées par l'Écho de Barbentane, et c’est une courte biographie du général Foch, pas encore généralissime, qui fait la "une" du journal. Elle est suivie par les extraits d’un discours de l’abbé Jean Vaudou de l’Académie Française à la gloire des soldats français et à l’ignominie de l’armée allemande qui ne respecte rien, surtout pas les cathédrales. C’est à lire…

 

C’est un bref compte-rendu de la fête de la Saint-Joseph, suivi de celui du pèlerinage à Rochefort-du-Gard, puis de ceux du Carême et de Pâques 1915. Une info, le chef de chœur de l’époque était Honoré Defustel…

 

Le livre d’or s’étoffe de 3 nouveaux officiers et de la montée en grade de 3 sous-officiers, dont Léopold Michel…

 

Les blessés sont salement atteints, Pierre Reboul en mourra, et Joseph Moucadeau aura trois blessures en même temps...

 

De nouveaux départs pour l'armée, dont celui du 1er adjoint au maire...

 

Un service solennel est célébré le lundi 22 mars pour Ange-Pierre Berlandier, soldat au 4ème régiment d'infanterie coloniale, 22 ans, cultivateur, qui a été tué dans la Marne dans une charge nocturne à la baïonnette. Il figure sur notre Monument aux Morts et sur le nécrologe de l’église. Sa photo est aussi dans le tableau d’honneur des Poilus en mairie...

 

C'est aussi Jean-Baptiste Bon, soldat au 23ème bataillon de chasseurs, 20 ans, qui sera tué dans la bataille du ReichaKerkopf (Haut-Rhin), le 6 mars 1915. Il est inscrit sur le Monument aux Morts, et il est porté disparu sur le nécrologe de l'église. Sa photo est aussi dans le tableau d'honneur des Poilus en mairie. Son décès ne sera officialisé que 17 décembre 1920...

 

Il y aussi une longue liste de décès au village, dont ceux de l’épouse du percepteur de Barbentane et de la directrice du chœur paroissial, auquel cet Écho rend hommage...

 

S’ensuit un bel article sur le fonctionnement de la cantine militaire de la gare du Nord à Paris, créée par le comte de Waresquiel. Il se trouve que, par hasard, j’ai trouvé un dessin de cette cantine, paru dans la Vie du Rail du 27 août 2014. J’ai envoyé l'article de l'Écho à cette revue et il est paru en entier dans le numéro du 17 septembre en faisant, en outre, référence à mon site…

 

L’ouvroir barbentanais est encore à l’honneur et le fourneau économique a distribué 8 000 rations de soupe en moins de 3 mois…

 

Comme toujours, le courrier militaire est très riche, souvent émouvant. Henri Lautier imagine une belle fête de retour. Pierre Ayme, qui manie l’ironie, assure que le front est un vrai cinéma, impossible à comprendre pour ceux qui n’y sont pas. Georges Marty est dans une tempête de neige on ne sait pas où. Louis Meyer a ramassé un morceau de la cloche détruite à Maucourt (Somme ou Oise, ce n'est pas précisé). Louis Anastase envoie à l'Écho (hélas non publié) le discours d’un curé assassiné pour n’avoir pas livré assez tôt les clés de son église. Louis Ayme nous raconte une histoire presque amusante pour fêter la victoire des Russes sur les Austro-Hongrois à Przemysl et c’est Martial Granier, maintenant officier, qui pleure ses hommes tombés au combat...

 

Guy

 

(1) Après les guerres balkaniques de 1912-1913, la majorité de la Thrace fait partie de la Bulgarie mais l'Empire ottoman conserve toujours une Thrace orientale élargie.

(2) L'Arménie occidentale était annexée depuis le XIVème siècle par l'Empire Ottoman. Un premier génocide avait déjà eu lieu entre 1894 et 1896 sous le règne du Sultan turc Abdülhamid II, dit Le boucher. Ce premier massacre fit entre 80 000 et 300 000 morts.

(3) Cette colonne, sans cavalerie, a un effectif total de 308 soldats, dont 5 officiers, 1 docteur, 7 sous-officiers, 289 indigènes dont 278 tirailleurs et 260 porteurs.

(4) Ce chapelet d'îles d'origine volcanique, isolé, presque inhabité, est situé dans l'océan Pacifique à environ 670 kilomètres à l'ouest de Valparaiso au Chili. Il est surtout connu pour abriter l'île Robinson Crusoé.

(5) En seulement 30 minutes, ce premier bombardement déversera plus d'obus que l’armée britannique n’en avait tiré durant toute la durée de la Guerre des Boers, quinze ans plus tôt.

(6) Pour suivre l'avancée de l'infanterie, plutôt que d'allonger les tirs d'artillerie, les canons de 75 avancent sur le terrain au même rythme que les fantassins.

(7) Pour mémoire, à la fin de la guerre, ce Territoire de Memel (maintenant situé en Lituanie), est placé sous le contrôle de la conférence des ambassadeurs et sous administration française. Le 3 février 1920, les premiers éléments du 21ème bataillon de Chasseurs débarquent dans le port de Memel, accompagnant les membres de la commission administrative française chargée de gérer le territoire au nom des Alliés.

(8) Ces villes sont maintenant situées au centre de la Pologne.

La situation de la guerre en mars 1915

 

En ce mois de mars, tous les fronts sont actifs autant sur terre que dans les airs, en mer et sur tous les continents. Il faut aussi noter tout ce qui se passe en coulisses, dans les différentes rencontres internationales et diplomatiques...

 

À Petrograd (maintenant Saint-Pétersbourg) en Russie, les représentants britanniques, français et russes s’entendent sur le démantèlement de l’Empire ottoman en cas de victoire. La Russie rejette toute participation de la Grèce à la future expédition des Dardanelles, craignant par la suite les revendications de cette dernière sur Constantinople. Elle réclame la pleine possession de Constantinople, la Thrace orientale(1), le détroit du Bosphore, celui des Dardanelles, les îles de Tenedos et d'Imbros situées en mer Égée au débouché de ce détroit. Elle accepte en retour les visées britanniques sur la Mésopotamie, la Perse et le Golfe Persique ; elle accepte aussi les revendications de la France sur la Cilicie, la Syrie et la Palestine (mais avec des réticences par rapport aux lieux saints). Dans ces discussions hautement stratégiques, on pourrait presque écrire que c'est le Yalta de 1915 avec une nouvelle partition du monde qui se dessine. À la Russie, un débouché maritime sur la Méditerranée avec une visée africaine, aux Britanniques une possession quasi continue qui partirait de l'Afrique du Sud jusqu'à la Birmanie, et aux Français, toute la façade méditerranéenne du Moyen-Orient dont on entrevoit déjà les futures réserves pétrolières. C'est très ambitieux, mais la Turquie n'est pas encore agonisante, loin s'en faut...

 

Les Italiens, moins voraces, présentent à l'Allemagne et à l'Autriche un mémorandum contenant leurs prétentions sur les provinces de l'Est qui jouxtent leur pays (Trentin, Tyrol du Sud, Trieste, l’Istrie, une partie de la Dalmatie avec aussi des visées africaines sur la Lybie et l'Éthiopie) en échange de leur intervention dans le conflit. Cette conférence se terminera par un fiasco...

 

En Grèce, le germanophile roi Constantin Ier se heurte à son premier Ministre l'anglophile Elefthérios Venizélos qui voulait déclarer la guerre à la Turquie. Ce dernier démissionne et il est remplacé par Dimitri Gounaris, qui lance une proclamation de neutralité sans équivoque. Toutefois, le pays se garde bien d'intervenir dans les opérations navales en cours en Méditerranée et il laisse la flotte franco-britannique prendre pleinement possession de la mer Égée...

 

Toujours en mars 1915, une conférence internationale des femmes se tient à Berne (Suisse). C'est la première conférence internationale socialiste depuis le début de la guerre. Le 8 mars, la russe Alexandra Kollontaï organise à Christiana, près d'Oslo, une manifestation des femmes contre la guerre. Ce même jour, un immense défilé de suffragettes étasuniennes se déroule à New-York. Très actives, souvent à la peine dans les champs, les usines, les hôpitaux, dans tous les services administratifs, les femmes sont les grandes combattantes de l'arrière. Toutefois, dans une Grande-Bretagne plus guerrière, un bataillon de femmes est constitué, elles seront essentiellement employées comme pompiers dans les grandes villes...

 

En France, le vendredi 26 mars, c'est la Journée serbe. Dans toutes les écoles, on célèbre, en les racontant, les exploits héroïques des soldats de ce petit pays qui se bat avec courage et abnégation contre l'Empire Austro-Hongrois avec beaucoup de succès...

 

En Allemagne, on commence à produire du salpêtre artificiel (il sert pour la confection de la poudre pour les obus), et des prisonniers de guerre sont contraints de travailler dans les mines plus de 10 heures par jour. Dans les territoires occupés, on déporte des femmes et des hommes pour remplacer les travailleurs partis au front. Le rationnement se fait plus sévère et touche toutes les denrées alimentaires. Au Reichstag, 32 députés sociaux-démocrates refusent de voter les nouveaux crédits militaires. En Autriche, des émeutes éclatent devant les boulangeries...

 

En Turquie, après une préparation minutieusement organisée au cabinet de guerre par Enver Pacha en février, un nouveau génocide des Arméniens se met en place(2). La première mesure est, en mars, le désarmement des soldats de cette origine enrôlés dans l'armée ottomane. Ils sont employés à des travaux de voirie ou dans les transports, puis éliminés par petits groupes...

 

En Afrique, au Niger, et au Soudan français, de nombreuses tribus (Bambaras, Bobo, Minianka et même des nomades) se soulèvent contre la conscription. Il faut tout le mois de mars à la colonne(3) du commandant Caillet pour venir à bout de ces 4 à 5 000 révoltés. Les Turcs se préparent à lancer une nouvelle offensive sur le canal de Suez. Ce sera un échec...

 

Au moins 10 sous-marins allemands "travaillent" en permanence dans les eaux qui bordent les Îles Britanniques et ils torpillent tous les navires, tant militaires que marchands, sans aucune distinction de nationalité. Malgré des pertes occasionnées par la flotte de surface, et partant du principe que ces submersibles sont pour le moment quasi indétectables en mer, l'aviation alliée tente de les contrebattre directement au mouillage, là où ils sont bien plus vulnérables. Les raids aériens sur les ports occupés de la Belgique sont de plus en plus nombreux et souvent avec succès d'ailleurs...

 

Sur mer, le vendredi 12 mars, le croiseur allemand Prinz-Eitel, qui avait coulé un navire américain, se réfugie pour se ravitailler dans un port de Virginie. Il est retenu par les États-Unis pour acte de piraterie. Le dimanche 14 mars, le dernier corsaire allemand, le croiseur léger Dresden, qui avait réussi à s'échapper de la bataille des îles Malouines le 8 décembre, est retrouvé puis coulé par les Britanniques dans les îles Juan-Fernandez(4) et tout son équipage est fait prisonnier. Conçue au départ comme une opération strictement navale, l'opération des Dardanelles se met en place. Miné sur plusieurs lignes, protégé par des filets anti sous-marins, surplombé par de l'artillerie installée dans de nombreux forts, cet étroit couloir maritime d'à peine 1 500m de large est, en l'état, infranchissable. Il faut absolument faire place nette pour que cette opération ait le succès escompté. Trop prudent, le vice-amiral britanique Sackville Hamilton Carden, s'il bombarde méthodiquement tous les forts, met bien trop de temps avant de s'élancer dans les eaux ennemies. Malgré ses forts détruits, le général turc Mustapha Kemal, avantagé par les tempêtes qui gênent les opérations maritimes, a tout le temps de réorganiser son artillerie. Les opérations de déminage du passage en deviennent plus périlleuses. Carden est maintenant convaincu que la flotte ne passera que grâce à une opération combinée, c'est-à-dire un débarquement. Churchill, l'instigateur de l’expédition, refuse d’abandonner le principe du passage de "vive force" avec les escadres seules, et remplace Carden par le contre-amiral de Robeck, homme réputé audacieux jusqu’à la témérité. Celui-ci opte pour une opération unique avec toute sa flotte afin de réduire les défenses de Canakkale et permettre le passage des dragueurs qui traceront un chenal dans les champs de mines. En prélude à l'opération, la flotte franco-britannique bombarde plusieurs fois Smyrne (maintenant Izmir), le grand port turc de la mer Égée. La Marine russe, quant à elle, canonne les ports turcs de la mer Noire. Le 18 mars au matin, 4 puissants cuirassés britanniques et autant de français se lancent dans le détroit. Ils sont suivis par des bâtiments plus anciens chargés de compléter les destructions qu'ils vont occasionner. À midi, les 4 cuirassés français doublent les britanniques pour s'élancer les premiers dans l'étroit chenal en canonnant le rivage de part et d'autre. Le feu turc est aussi violent que précis et tous les navires engagés sont touchés. À 13h30, de Robert ordonne la retraite. Le Bouvet est éventré par une mine dérivante, et chavire en moins d'une minute avec les 600 marins de son équipage. Le Suffren et Le Gaulois sont gravement avariés. Le cuirassé britannique l'Irrésistible, plus récent et mieux protégé, s'en sort mieux mais, gravement endommagé, il va rejoindre Malte avec peine. L'Inflexible et l'Océan coulent en eaux profondes. A 17h10, la bataille est finie et la "tragique folie" du 18 mars se solde par une défaite cuisante. D'autant plus cuisante que l'artillerie turque arrivait au bout de ses munitions et qu'un effort supplémentaire aurait permis à la flotte de passer. Mais ça, les Marines franco-britannique ne le savent pas. Churchill en est très désappointé mais n'abandonne pas son projet. Il envisage maintenant une opération de débarquement avec un corps expéditionnaire...

 

Dans les airs, le 1er mars, c'est la création de la première escadrille de chasse française. Mais on en est toujours aux balbutiements pour l'utilisation de cette nouvelle arme. Les bombardements sont souvent le fait d'avions isolés, les escadres qui bombardent les ports belges pour tenter de freiner la menace sous-marine sont le fait de 4 à 5 aéroplanes tout au plus. Un avion bombarde la gare de Metz et les installations ferroviaires de Frescaty. Un autre bombarde les casernes allemandes à Colmar. En Wurtemberg, un aéroplane français fait sauter l'importante poudrerie de Rottweill. A Gérardmer, l'hôpital est bombardé par un Taube allemand. La chasse aérienne se fait toujours en tirant comme on le peut sur l'avion adverse, car rares sont les aéroplanes qui emportent une mitrailleuse, de plus celle-ci est montée sur les ailes hautes et il faut se mettre debout pour tirer. Les avions chargés du réglage de l'artillerie communiquent toujours en jetant des bouts de papier sur les lignes qu'ils espèrent amies, tant les soldats au sol répugnent à signaler visiblement leur camp, de peur de se faire inutilement bombarder. Dans la soirée du dimanche 21 mars 1915, quatre zeppelins se dirigent sur Paris. Deux s'en retournent rapidement et les deux autres arrivent sur la capitale entre 1 heure et 3 heures. Ils lancent quelques bombes dans la banlieue et dans les quartiers sud-ouest de la ville. Ils causent peu de dégâts matériels, font un mort et quelques blessés. Ils reviennent quelques jours après, mais repérés, ils sont pris en chasse par des avions qui en abattent un, les autres rentrent au pays avec leurs bombes...

Le dessin ci-dessous est paru dans l’hebdomadaire La Vie du Rail du 27 août 2014, mais il n’était accompagné d’aucun article. J’ai donc renseigné ce journal avec l’article complet sur cette cantine que vous trouverez en pages 10 et 11 de l’Écho du mois de mai 1915 reproduit ci-dessous...

Le partage du Moyen-Orient à la conférence de Petrograd en mars 1915

la "tragique folie" du 18 mars dans le détroit des Dardanelles

Fonctionnement d’un gros canon de navire

Soute à poudre

Soute à obus

Femmes au travail des champs

Femmes tourneuses d’obus

Suffragettes sur la 5ème avenue de New-York le 8 mars 1915

Un hôpital militaire en Avignon

A Neuve-Chapelle après la bataille

Soldats allemands dans une tranchée de la Somme

Soldats français de retour des tranchées

Un des nombreux journaux du front

La fin du Le Bouvet le 18 mars 1915 dans les Dardanelles

Le sous-marin allemand U10 qui écume les mers autour des îles britanniques

Le champ de bataille de Champagne