BARBENTANE

en décembre 1914

Par décalage pour son édition c’est l’Écho de février 1915 qui relate les évènements de novembre 1914...

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

La situation de la guerre en décembre 1914…

Sur le front occidental, complètement figé ou presque, on s'installe dans les tranchées. Le froid arrive, la température moyenne en Belgique est de 5,2° pour le mois. Dans les Vosges couvertes de neige c'est autrement plus rigoureux. Dans la Marne, il pleut presque sans discontinuer tout le mois. Pour les soldats, c'est le début de l'enfer, car les tranchées sont pleines d'eau et ils sont obligés de se tenir debout sans possibilité de se mettre au sec. D'ailleurs, un Barbentanais, qui patauge dans la boue écrit que le "froid aux pieds est une de ses plus cruelles souffrances"...

Cela n'empêche pas l'artillerie de faire des dégâts sur l'ensemble du front. D'ailleurs il ne se passe pas un jour sans canonnade. Il est à noter que l'Allemagne est bien mieux équipée que la France dans ce domaine ; d'ailleurs elle y excelle et ses obusiers de divers calibres à tirs courbes font des ravages dans les boyaux. Pour la France, si son canon de 75mn est vraiment révolutionnaire pour l'époque, il n'est pas du tout adapté à la guerre des tranchées, mais elle va vite rattraper son retard, nécessité oblige. Les canons Bange de 120 court et long, les obusiers de différents calibres jusqu'aux crapouillots, vont peu à peu se placer à quelques lieux des premières lignes et faire leur œuvre destructrice...

Malgré le temps, les offensives sont quotidiennes, ici ou là, sur ce front de près de 800 kilomètres. Elles n'ont que des résultats insignifiants mais coûtent des milliers de vies. Les états-majors craignent par-dessus tout d'être surpris par une attaque importante qui pourrait déboucher en terrain libre, alors pour la conjurer, on fait donner la troupe dans des assauts aussi inutiles qu'aberrants...

Sur le front oriental, il en va tout autrement. Comme le climat rend la guerre des tranchées impossible, on bouge tout le temps. Sur le front nord-européen pendant tout le mois de décembre 1914, les Russes vont progresser à travers la Pologne jusqu'à pénétrer en Prusse-Orientale. Sur le front sud-européen, ils avancent en Arménie vers la Turquie. Au centre, les Serbes marchent méthodiquement à travers leur pays vers l'Autriche-Hongrie dont l'armée a une très faible valeur militaire...

En Méditerranée, les Italiens s'irritent de plus en plus des menées turques vers les Balkans, et l'Angleterre assoit son emprise sur l'Égypte. Par ses navires, elle fait donner la canonnade du golfe d'Akaba au sud de la Palestine jusqu'à Bassora dans le golfe Persique en vue de futurs débarquements...

Sur mer, le blocus est complet pour l'Allemagne, ce qui n'est pas sans conséquence pour les civils. Le rationnement alimentaire devient encore plus drastique dans tout le centre de l'Europe. Dans les mers australes, sous les aurores boréales, les escadres anglaises et allemandes se cherchent, elles vont finir par se trouver...

Le mardi 8 décembre, dans l'Atlantique-sud près des îles Malouines (bataille des Falklands), l'escadre allemande qui avait défait une escadre anglaise au large du Chili dans la bataille du Coronel subit ce jour-là une écrasante défaite. Les croiseurs Scharnhorst, Gneisenau et Leipzig, sont coulés. Le Dresden (Dresde) et le Nurnberg (Nuremberg) qui ont pris le large sont poursuivis avec rage. Le Dresden arrivera à s'échapper, mais le Nurnberg sera finalement coulé le 15 décembre emportant dans son naufrage Otto von Spee, le fils du vice-amiral de la flotte de haute-mer...

Le jeudi 10, ce sont de nombreux combats d'artillerie dans l'Aisne, l'Argonne et les Hauts-de-Meuse. Dans ces endroits-là, attaques et contre-attaques se succèdent sans autres ambitions que de reprendre un bout de tranchée, au grand maximum une tranchée entière. En Allemagne, où les restrictions sont déjà sévères, on laisse entendre que Guillaume II serait à l'agonie, atteint d'une pneumonie. En Pologne, les Russes progressent toujours au sud-est de Cracovie. Les Serbes chassent les Autrichiens de Valjevo (actuelle Serbie) en faisant au passage 20 000 prisonniers et récupèrent 50 canons en bon état...

Le vendredi 11, sur le front occidental, les attaques de la veille se poursuivent. Les aviateurs français bombardent la gare et les hangars d'aviation de Fribourg-en-Brisgau (juste pour l'histoire, cette ville près de la frontière à la hauteur de Mulhouse en Haute-Alsace a été un temps française et même fortifiée par Vauban sous Louis XIV). Au Moyen-Orient, une armée anglo-indienne occupe maintenant le Chatt-el-Arab, au confluent du Tigre et de l'Euphrate, à l'actuelle frontière Iran-Iraq. Des fusiliers marins anglais occupent aussi Moka sur le littoral arabique de la mer Rouge...

La samedi 12, les Serbes continuent de progresser vers la frontière hongroise, leur pays est presque totalement libéré. Les Turcs commencent à construire des tranchées à la frontière bulgare...

Le dimanche 13, sur le front occidental les attaques se poursuivent, et dans les Vosges quelques petits succès français sont à noter. Sur le front oriental la bataille pour Cracovie fait rage...

Le lundi 14, les serbes pénètrent en Hongrie par le sud-est et les soldats monténégrins par le sud. En Prusse, on affiche dans tous les lieux publics du royaume une proclamation pour engager les habitants à se montrer économes en ce qui concerne le pain, les pommes de terre et tous les aliments. Les Russes occupent maintenant toute la Galicie (actuellement cette région historique de l'Europe de l'Est est partagée entre la Pologne et l'Ukraine). La Belgique estime que les dégâts causés par l'armée allemande dans son pays se montent à 5 312 millions de franc-or, un chiffre colossal...

Le mardi 15, en Haute-Alsace les troupes françaises progressent vers Aspach et Altrich et arrivent à contenir une poussée allemande venant de Cernay. Un sous-marin anglais torpille le cuirassé turc Messoudieh dans les Dardanelles. L'armée serbe rentre dans Belgrade occupée depuis le 30 novembre par les Austro-Hongrois et pénètre en Autriche. Des troubles sont signalés en Turquie, une partie de la population refusant la guerre. Le Portugal manifeste son désir de participer à la guerre aux côtés des Alliés...

Le mercredi 16, l'armée anglaise prend quelques tranchées entre Newport et Ypres dans les Flandres. Dans les Vosges, l'artillerie allemande à longue portée fait des dégâts dans la gare de Saint-Léonard et, plus au sud, elle attaque sans résultat les positions françaises à proximité de Thann. Les Serbes refoulent les Austro-Hongrois à l'ouest du Danube...

Le jeudi 17, en Haute-Alsace les combats se poursuivent, dans les Flandres aussi. Une escadre anglaise bombarde Westende à l'Est de Newport. Dans le même temps une escadre allemande canonne les ports d'Hartlepool, Whitby et Scarborough sur la côte anglaise de la mer du Nord en faisant de sérieux dégâts. Sur le front moyen-oriental, les Russes stoppent les Autrichiens qui essayaient de pénétrer en Galicie par les Carpates ; on signale aussi des mutineries de soldats tchèques enrôlés dans l'armée autrichienne. Sur le front nord-oriental, l'armée allemande recule en bon ordre vers la Prusse. Le total des pertes prussiennes, bavaroises, saxonnes et wurtembergeoises est estimé à 1 200 000 hommes pour les premiers mois de la guerre...

Le vendredi 18, la bataille se poursuit avec encore plus de sauvagerie dans les Flandres et, plus au sud, l'artillerie française fait de sérieux dégâts sur les arrières allemands dans la Meuse et l'Argonne. Une nouvelle attaque aérienne sur Fribourg-en-Brisgau est couronnée de succès. Dans l'Autriche-Hongrie, des désordres éclatent dans les grandes villes comme Vienne, Prague, Budapest. La population souffre du manque, donc forcément de la cherté des denrées alimentaires. Elle gronde aussi contre l'incapacité de ses généraux qui laissent envahir le pays au nord-est et au sud-est...

Le samedi 19, les armées alliées ont quelques résultats offensifs dans les Flandres, mais elles résistent difficilement à une poussée allemande dans l'Argonne et au nord de Verdun. Les Russes pénètrent en Prusse-Orientale et l'armée allemande évacue Lodz pour se concentrer sur la défense de Cracovie (ces deux villes sont maintenant en Pologne). Le général autrichien Potiorek, qui commandait l'armée d'invasion en Serbie, est disgracié. L'Égypte est maintenant un protectorat anglais et les nouveaux protecteurs s'empressent de remplacer le turcophone Abbas II par son oncle, le sultan Hussein Kamel nettement plus anglophone. Elle reconnaît aussi le protectorat français au Maroc, tel que l'a constitué le traité de 1912. Les rois de Suède, de Norvège et du Danemark réunis à Malmö (Suède) déclarent vouloir rester neutres dans ce conflit mondial...

Le dimanche 20, les Allemands fortifient la côte belge jusqu'à la Hollande par crainte d'un débarquement anglais. Les Russes anéantissent un régiment complet de Hussards de la Mort près de Lodz. En Afrique-Centrale, les troupes franco-britanniques refoulent les troupes coloniales allemandes au Cameroun...

Joseph-Jacques-Césaire Joffre, photo de la couverte de l’Écho du mois, est né à Rivesaltes. C'est probablement un des responsables militaires les plus controversés du XXème siècle. C'est le partisan de l'offensive à outrance dans les premiers mois de la guerre, très coûteuse en vies humaines avec des résultats insignifiants, même le succès défensif de la première bataille de la Marne lui est maintenant contesté...

Il est difficile de dire aujourd'hui par quel autre généralissime il aurait pu être remplacé pour de meilleurs résultats...

En tout cas son successeur le Tulliste Robert-Georges Nivelle, nommé le 25 décembre 1916, très bavard et complètement insensible au sort de ses soldats, a été jugé par l'Histoire comme incompétent. La bataille du Chemin des Dames en avril 1917, dite aussi "offensive Nivelle", se soldera par plus de 350 000 morts, blessés ou disparus. Il sera aussi le grand partisan des "fusillés pour l'exemple". D'ailleurs les poilus le surnommeront très vite "le boucher". Deux chansons immortaliseront ces sanglantes batailles vaines : La butte rouge et la maintenant célèbre Chanson de Craonne...

Il sera remplacé dans la fonction de généralissime par le Tarbais Ferdinand Foch le 28 mars 1918. A son sujet, Georges Clémenceau justifiera ce choix en écrivant "Je me suis dit : essayons Foch ! Au moins, nous mourrons le fusil à la main ! J'ai laissé cet homme sensé, plein de raison qu'était Pétain ; j'ai adopté ce fou qu'était Foch. C'est le fou qui nous a tirés de là !". Mais c'est aussi ce général qui est responsable du désastre du 20 août 1914 à Morhange (Moselle) où 10 000 méridionaux du XVème corps périront face au feu ennemi*…

Heureusement que les politiques de l'époque, Clémenceau en tête, étaient des "personnages". D'ailleurs c'est ce même homme qui a déclaré avec de justes raisons : "La guerre est une chose trop grave pour être confiée à des militaires"…

Guy

L’Écho de Barbentane de février 1915

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Écho de Barbentane, aide, corrections et autres…

Guy

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Le lundi 21, la bataille fait toujours rage dans les Flandres et en Argonne sans brillants résultats de part et d'autre. Au Moyen-Orient, les Turcs se retirent du Sinaï et en Méditerranée une escadre russe se montre devant la Syrie toujours occupée par les Turcs. La Hollande annonce qu'elle va rendre le service militaire obligatoire. L'Italie crée de nouveaux régiments. En Méditerranée, le cuirassé français Jean Bart est torpillé par le sous-marin allemand U-12. Il arrive à regagner Malte pour faire les réparations indispensables...

Le mardi 22, hors les Vosges dans la neige où seules des fusillades sont possibles, c'est l'ensemble du front qui bouge. Des sapes ravagent les tranchées, les duels d'artillerie sont permanents. Les Russes progressent en Prusse-Orientale et en Galicie où de nouvelles troupes se mettent en ligne. Ils progressent tout autant en Arménie en refoulant les Turcs vers leurs frontières...

Le mercredi 23, en plus des grandes villes presque quotidiennement bombardées comme Newport, Arras, Dixmude, Ypres, Verdun, Béthune, Nancy, Saint-Dié, des noms comme la Bassée, la Grurie, Consenvoye, le fort de Troyon, Perthes-lez-Hurlus, Vauquois, Mesnil-lez-Hurlus et bien d'autres tout aussi méconnus il y a quelques mois commencent à entrer dans la légende des carnages militaires...

Malgré leur caractère symbolique et bien que l'ensemble des forces en présence soit de confession chrétienne, les jeudi 24 et vendredi 25 décembre les combats se poursuivent avec autant de rage que les jours précédents sur tous les fronts. La trêve n'est pas à l'ordre du jour et les élans de sympathie entre combattants n'existent pas, du moins pas encore...

Le vendredi 25 décembre par une température de 0°, 7 hydravions embarqués sur les 9 prévus par la marine britannique, soutenus par une escadre de plus de 100 navires, vont accomplir le premier raid aéronaval de l’histoire militaire. L'objectif, longuement préparé, était de bombarder la base de Zeppelins à Cuxhaven au débouché du canal de Kiel près de Hambourg. Le brouillard et le froid, conjugué à l'absence d'instruments de navigation efficace, rendront les résultats de ce raid très décevants. Et pourtant l'amirauté britannique a eu de la chance. Repérée très tôt par des Zeppelins, l'escadre aurait pu subir des pertes importantes si la marine allemande avait su interpréter correctement les renseignements que leurs fournissaient les grands dirigeables qui survolaient l'armada. Toutefois, cette attaque historique, ajoutée aux avancées russes en Prusse-Orientale, émeut la population allemande qui sent bien qu'elle n'est plus à l'abri dans ses frontières...

Le samedi 26, des communiqués grandiloquents sont publiés pour quelques mètres de tranchées gagnés. Des troubles éclatent en Albanie entre partisans pro-turcs et pro-italiens. Des soldats italiens débarquent dans la baie Valona (Albanie) considérée comme le Gibraltar de l'Adriatique...

Le dimanche 27, sur le front occidental les Allemands contre-attaquent partout, sans plus de succès que les Alliés. Un Zeppelin bombarde Nancy. Les Russes infligent défaite sur défaite aux Allemands ; les Serbes en font de même envers les Autrichiens...

Le lundi 28, à Valona un régiment de bersagliers remplace les fusiliers marins italiens débarqués le 26 décembre, et des hydravions français embarqués survolent le port militaire de Pola, qui est le grand arsenal de l'Autriche-Hongrie dans l'Adriatique...

Le mardi 29, les batailles dans les Flandres, l'Artois, les Haut-de-Meuse et en Haute-Alsace se poursuivent avec autant d'intensité que les jours précédents pour des résultats insignifiants. En Italie, comme en Turquie d'ailleurs, des polémiques sur l'utilisation des soldats ici plutôt que là font rage...

Le jeudi 31, la seule nouveauté de cette fin d'année est que les USA envoient une note à la Grande-Bretagne lui signifiant en termes très polis que sa marine, en faisant la police des mers, nuit au commerce mondial...

L'Écho de févier 1915 relate dans sa majorité des évènements de novembre et décembre 1914. La photo de la page de garde est celle du généralissime Joseph Joffre, un Catalan né à Rivesaltes en 1852. Le tirage de l'Écho atteint les 800 exemplaires mensuels. La vente des petits drapeaux belges a rapporté 961 francs...

Le décompte du martyrologe de l'Écho passe de 7 à 11 décès, et il en manque beaucoup. Le 17 décembre c'est le célibataire de 26 ans, Antoine-François Dicianni, du 61ème régiment d'infanterie, prisonnier en Allemagne, qui meurt des suites de blessures reçues à la bataille de Dieuze (Moselle) le 20 août 1914. Né à Pizonne (Italie), il était naturalisé français depuis une dizaine d'années. Un service funèbre en sa mémoire sera fait le samedi 20 février en l'église de Barbentane. Son nom figure sur le martyrologe de l'église. C'est le 21ème et dernier soldat barbentanais, dont 16 étaient nés au village, qui meurt à la guerre en 1914...

La liste des blessés est moins fournie, seuls 3 nouveaux cas sont notés. Jean-Marie Raoulx (époux Mouret) est prisonnier en Allemagne avec probablement le sergent Coustabeau...

Les messes d'enterrements se succèdent et les discours faits à cette occasion sont encore très patriotiques...

On y trouve l'affectation de 15 soldats de la classe 1915 et un complément pour 2 autres de la classe 1914...

Il y a 3 pages de remerciements pour l'Ouvroir et, à la Société de Secours Mutuels de Saint-Joseph aux 200 membres, on pleure le décès naturel de son ancien président François Granier. Bien sûr, on le remplace par un nouveau, M. Bruyère, dans une élection faite par acclamation ! Le 28 novembre, la chapelle d'Andigné qui se trouve dans le parc du château du même nom, celle dont on aperçoit la pointe quand on est sur l'esplanade du calvaire, est érigée canoniquement. La messe peut y être alors célébrée sous certaines conditions quand même...

C'est la création d'un fourneau économique dans la rue Droite pour les pauvres du village qui habitent le Centre Ancien. Il est situé dans une salle du château d'Andigné où précisément se trouvait un ancien fourneau inutilisé (il est fort probable que cette pièce existe encore)...

Le mardi 5 janvier 1915, 11 réfugiés alsaciens-lorrains s'installent au "vieux" couvent du Deyme (ex-école des filles, ex-station d'emballage et ex-magasin de meubles Influences)...

Le courrier militaire est toujours très dense avec ses 5 pages. C'est Louis Ayme qui raconte que les "Boches" de leur tranchée ont envoyé un paquet de tabac pour, en contrepartie, avoir un journal, car ils manquent de nouvelles, ce qui laisse supposer qu'au moins une personne chez eux connaît et pratique le français. Les tranchées sont noyées, le mauvais temps et le froid sont terribles. Louis Bruyère est en Alsace "dont la population est en grande partie française et patriote". C'est le nouvel incorporé Léopold Michel qui narre que dans sa caserne à Lyon, ils se prénomment tous Michel, et son sous-off est ahuri en disant son nom "encore un Michel". Raoul Saint-Michel adresse à l'Écho un très joli conte de Noël en provençal baptisé "Lou nouvé de l'Artihur" (Le Noël de l'artilleur) dont Céline Marteau-Imbert se désespère de ne pas retrouver le texte. Georges Marty considère que le froid aux pieds "est une de ses plus cruelles souffrances". C'est le récit d'un combat dramatique à Nieuport (Belgique) fait par Joseph Griot, assaut où il sera blessé à l'avant-bras...

Dans l'état religieux, on note 4 naissances, 1 mariage (remariage plutôt car lui a 54 ans et elle 52 ans) et 3 enterrements...

De là où ils sont, de nombreux poilus souhaitent une bonne année 1915 aux Barbentanais via l'Écho, qui répond par des souhaits de victoire pour qu'elle ramène ses soldats "sains et saufs au foyer qui pleure, qui prie et qui espère."

Guy

* A ce sujet, pour ceux qui s'intéressent au XVème corps et à sa légende noire, nous avons préparé avec ma sœur Monique un petit document au format PDF pour l'expo qui s'est tenue à Barbentane en novembre et décembre 2014. Vous pouvez le lire aux heures d'ouverture de la médiathèque ou le télécharger en cliquant-ici

Soldats français quelque part en Haute-Alsace

A l’Est de Verdun, dans la gare de Conflans-Jarny (Meurthe-et-Moselle)

occupée par l’armée allemande

L'Escadre allemande de l'amiral von Spee

dans un port du Chili en décembre 1914

Croiseur allemand Königsberg

L’état-major du général von Soden à Saint-Dié dans les Vosges

La Marianne, un canon court de 120mm

Photo très rare, un blessé sur une table d’opération

Prisonniers allemands à Barcelonnette en période de Noël

(voir le sapin décoré à gauche)

Soldats vauclusiens du 58ème RI

Mitrailleuse Hotchkiss de 8mm en position

de défense anti-aérienne

L’appareil photo des poilus

En avril 1912 la firme Kodak créé le Vest Pocket. Un appareil photo de  petite taille et de maniement facile. Cependant, ce qui allait en faire un véritable best-seller fut l'apparition du modèle Autographic en janvier 1915. Si tous utilisaient un film souple, ce qui marqua la différence de l'Autographic fut l'utilisation d'une pellicule spéciale, sur laquelle il était possible de griffonner quelques mots au moyen d'un petit stylet métallique, au travers d'une trappe dorsale. Les mots apparaissaient au développement, sans que le film ait été altéré. Les clichés obtenus mesurent 40x65mm. Les bobines étaient de 8 poses avec deux vitesses au choix : 1/25 et 1/50 sec. L'obturateur était un Kodak Ball-Bearing, mais l'objectif pouvait être de divers fabricants. Son prix moyen était de 45 francs et la pellicule 8 poses coûtait 1,25 franc, c’était quand même très cher pour l’époque. Un poilu ordinaire n’avait que 0,25 franc par jour, plus 10 centimes au bout de 4 ans de service, plus 1 franc encore dont la moitié était payée en "monnaie de singe" (c'est-à-dire versée sur le carnet de pécule) quand il était en première ligne. Cet appareil était donc plus celui des officiers, que des soldats...

Grâce à l’influence des journaux de l’époque qui réclament des images de combats pour illustrer leurs articles, la photographie de guerre prend son essor. La Section Photographique et Cinématographique de l’Armée (SPCA) était la source officielle des documents photographiques mais la censure exercée par l’État et l’armée sur les prises de vue réalisées par cette agence officielle ne satisfaisait pas les journaux avides de sensations fortes. La grande diffusion de ce petit appareil auprès des soldats a généré une production parallèle d’images de guerre qui a échappée à cette censure. A partir de 1916, il apparaît évident que la guerre va durer. L’état major commence à voir d’un mauvais œil ces photographies de guerre qui échappaient à son contrôle et qui montraient crûment l’horreur des combats. Décision est alors prise d’interdire aux soldats de posséder un appareil photo dans la zone des combats. Rien n’y fait, ceux-ci continueront à braver l’interdit et vont constituer le plus incroyable fond documentaire jamais réalisé sur une guerre...

Camion du SPCA (Service Photographique et Cinématographique des Armées), photo couleur en Autochrome

Guerre ou pas, l’humour ne perd jamais ses droits

Joseph Joffre (1852-1931) en 1914 il a 62 ans...

Robert Nivelle (1856-1924) en 1914 il a 58 ans...

Ferdinand Foch (1851-1929) en 1914 il a 63 ans...