BARBENTANE

en octobre 1914

Par décalage pour son édition c’est l’Echo de décembre 1914 qui relate les évènements d’octobre 1914...

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

La situation de la guerre en octobre 1914...

En septembre, la 1ère bataille de la Marne s'est terminée de façon victorieuse pour les Alliés. En ce début octobre 1914, sur le front Occidental la guerre de mouvement n'est pas encore terminée...

Petit retour en arrière. En 1882, l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Italie forment la Triple-Alliance (ou Triplice) dont le but est d'isoler la France. Celle-ci s'allie alors à la Russie et au Royaume-Uni pour former la Triple-Entente. C'est dans ces supra-nations qu'il faut voir les stratégies militaires jusqu'à la révolution russe d'octobre 1917. Les deux fronts, français et russe, sont étroitement liés. On ne peut comprendre certaines décisions prises par les généraux français et russes si on oublie ce fait. Quand la pression allemande devient insupportable sur le front français, on demande aux Russes de lancer des offensives afin d’obliger le Kaiser à alléger son dispositif et de transférer des troupes sur le front oriental. Même chose pour les Russes qui demandent également, à des moments critiques, aux Français, de lancer des offensives dans le même but. C’est ce jeu de bascule entre les deux fronts qui permet, en fin de compte, à l’armée française de ne pas être emportée en 1914...

Économiquement parlant en 1914, l’armée allemande est la plus puissante d’Europe, la mieux équipée et la mieux entraînée. Depuis 1870, les écarts démographiques et industriels avec la France n’ont cessé de s’élargir. Le 4 mars 1913, Raymond Poincaré soutient un projet de loi visant à prolonger de deux à trois ans le service militaire en France; cette mesure semblait la seule façon possible de compenser l’avantage du nombre que possédait l’Allemagne, qui comptait une population de 70 millions d’habitants contre 40 en France. En 1910, les potentiels industriels français et russes réunis équivalent à celui de l’Allemagne, alors la plus grande puissance industrielle du continent européen (l’Allemagne est le seul pays d’Europe en 1914 où le nombre d’ouvriers dépasse celui des paysans). Or, la Russie, malgré son immense réservoir humain mobilisable de 27 millions d'hommes n'est pas vraiment prête pour faire la guerre en 1914. Pour faire simple elle manque de tout : des canons aux minutions, des fusils aux ressources en nourriture. Son complexe militaro-industriel arrive à peine à produire en un mois ce que le front réclame en un jour de conflit. La quasi totalité de ses soldats sont illettrés avec une armée en pleine réorganisation dont les officiers qualifiés manquent, surtout dans l'artillerie et le génie. De 1914 à 1917, c'est par 1 800 transports que les Alliés ont soutenu la guerre sur le front Oriental en débarquant plus de 5 millions de tonnes de matériel dans les ports russes...

Malgré cela, le tsar lance une offensive avec deux armées en Prusse-Orientale dès le 17 août, remportant quelques succès, mais les Allemands se ressaisissent et, en dégarnissant le front Occidental, remportent la victoire à Tannenberg, ville historique où les Chevaliers Teutoniques ont été battus en 1410. A l'inverse, après avoir reculé au sud de la Pologne lors de la bataille de Krasnik fin août, les Russes écrasent les Austro-Hongrois à la bataille de Lemberg qui s'achève le 11 septembre. Les Autrichiens, pourtant supérieurs en nombre et bien entraînés, qui avaient entrepris d’envahir la Serbie subissent une cuisante défaite avec plus de 25 000 morts au mont Cer le 24 août. Cette victoire est la première des Alliés. Le 20 octobre, au cours de la bataille de la Vistule, les unités allemandes battent en retraite en ravageant les campagnes sur leur passage, elles ne se rétabliront que le 31 octobre...

Dans ce méli-mélo de nations en guerre, l'Empire ottoman aux possessions immenses et stratégiques, pourtant largement supervisé et épaulé par l'Allemagne était resté encore neutre. Mais des croiseurs allemands, le Breslau et le Goeben, avaient reçu l'ordre de rentrer dans le Bosphore après avoir quitté la mer Noire. Le 29 octobre la Turquie déclare la guerre aux Alliés en bombardant les côtes russes de la mer Noire. L'immense Empire ottoman rejoint les Allemands et les Autrichiens dans un nouveau front qui s'ouvre du Caucase jusqu'en Afrique du Nord. De la Lybie où les tribus berbères se révoltent contre les Anglais, jusqu'à l'Arménie dans le Caucase avec au centre la Palestine et les pays arabes du Moyen-Orient qui eux se liguent pour repousser l'occupant turc. Certes, les batailles y seront moins retentissantes qu'en Europe, tout en faisant émerger une figure de légende avec sir Thomas Edward Lawrence dit Lawrence d'Arabie, mais les conséquences sont encore lisibles de nos jours, sans parler du génocide arménien. La guerre se mondialise encore plus, car durant leur bref épisode colonial commencé après la réunification du pays en 1871, les Allemands occupent des possessions en Afrique (Namibie, Togo, Cameroun, Tanzanie et Rwanda), en Chine (province du Shandong où elle possède une grande base navale). L'Allemagne possède aussi de nombreuses îles ou parties d'îles dans le Pacifique central (Samoa, Papouasie-Nouvelle-Guinée*, Salomon, Buka, Bougainville, Marshall, Mariannes et Carolines) où sur les grandes îles elle a laissé des marques encore visibles de nos jours (archipel des Bismarck, le mont Wilhelmsberg qui culmine à 4 509m, etc)...

Le dimanche 4 octobre deux croiseurs allemands, le Scharnhorst et le Gneisenau bombardent Papeete, capitale de Tahiti dans le Pacifique et coulent une canonnière désarmée qui se trouvait dans le port. Le 7 octobre, des soldats anglais de l'infanterie de marine prennent la colonie allemande des îles Marshall en Océanie. Le 9 octobre, les Japonais prennent Yap, la principale île des Carolines tout en rassurant les USA, que cette conquête rend susceptibles, qu'ils n'iront pas ailleurs dans cet archipel. En Papouasie-Nouvelle-Guinée où les Allemands font de la splendide et stratégique baie de Rabaul la capitale, la guerre sera de courte durée. Les Australiens et les Anglais bombardent Bitapaka et prennent le port avec seulement 6 morts, contre 31 du côté allemand...

Dans l'Echo de ce mois de décembre on découvre sur la photo de couverture le "monument" érigé dès le début de la guerre au cimetière, il ne comporte pour l'instant que 4 noms, qui seront suivis hélas de beaucoup d'autres. De par sa forme pyramidale, il préfigure le futur Monument aux Morts de Barbentane qui sera érigé sur le haut de Bertherigues. En 1922, il sera remplacé au cimetière par l'ossuaire qui s'y trouve encore. Après quelques péripéties, j'ai enfin pu récupérer en bon état la page de garde de cet Echo et la rendre nettement visible.

Matelots japonais faisant des tranchées près de Tsingtau (Chine)

Infanterie russe en manœuvre

Cavalerie australienne près de Rabaul (Papouasie-Nouvelle-Guinée)

Croiseur Turc Hamidieh

Croiseur allemand Gneisenau

Le Jemtchug, croiseur russe coulé par le Emden le 28 octobre 1914

Mouvements des armées lors de la bataille des Flandres

Le 16 octobre, le Japon donne à l'Allemagne une leçon d'humanité en décidant que le bombardement de Tsing-Tao, ville située dans le Nord-Est de la Chine, ne commencerait que lorsque la population civile aurait évacué la ville. Cette ville se rendra deux jours après...

En Afrique centrale, ce sont par des succès rapides que les Anglais prennent les colonies allemandes du Togo et détruisent les stations radio allemandes situées sur toutes les côtes de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest. En septembre les Français pénètrent au Cameroun par le Sud de l’Oubangui-Chari et parviennent à prendre Kousseri ; puis, de concert avec un contingent belge venu du Congo, les troupes françaises parviennent à s’emparer de Victoria sur la côte, à cinquante kilomètres de Douala, la capitale. Dès le 25 août, les Allemands venant de Tanzanie pénètrent au Mozambique, alors colonie Portugaise. Le 28 octobre, les Allemands attaquent l'Angola et mettent en débâcle des troupes portugaises pourtant supérieures en nombre. Toutefois, ces victoires sont en trompe-œil car, en représailles, l'Allemagne va être totalement coupée de toutes ses sources de ravitaillement dans les colonies africaines par un blocus maritime très efficace. En Afrique Australe, les Allemands arrivent à débaucher un chef Boers légendaire, Christiaan de Wet, mais cette trahison reste isolée, la masse des Néerlandais installés en Afrique-du-Sud restera loyaliste aux Anglais. Ensemble ils finiront en peu de temps à ravir la Tanzanie et Rwanda aux Allemands...

Revenons à présent sur le théâtre des opérations en Europe qui reste, et de loin, le plus sanglant et le plus stratégique. En Belgique, Anvers est encerclé et bombardé par les mêmes obusiers qui ont fait tomber Maubeuge, Liège et Namur. L'Allemagne masse le plus de soldats possible au Nord pour essayer de contourner les défenses françaises et anglaises, de ce fait elle met sur une défensive active ses troupes de Verdun jusqu'à Mulhouse. Une redoutable bataille, dite après-coup "La course à mer" va commencer. Le 8 octobre lors d'un raid aérien sur Düsseldorf un biplan anglais Sopwith Tabloïd détruit le grand Zeppelin-25 qui menait des actions de bombardement dans le Nord de la France. Le 9 octobre Anvers et son formidable camp retranché tombe, mais la bataille est mal conduite laissant au gros des forces de l'armée belge encore valide (plus de 40 000 hommes) la possibilité de se replier vers la France par une étroite bande au Nord du pays. Durant ce même temps, Joffre, bien renseigné, a éventé les intentions ennemies, il fait remonter toutes les troupes disponibles vers la Mer du Nord. Tout ce qui peut bouger des deux côtés du front se déplace alors vers le Nord, que ce soit en train, à pied, à cheval, à bicyclette ou en véhicules hippomobiles. Du côté Alliés et sur une distance de moins de 200 kilomètres, se côtoient maintenant des Sénégalais aux joues tailladées, des Nord-Africains avec burnous, des Titis parisiens goguenards, des Écossais en kilt, des Goumiers Sahariens à la peau cuivrée, des Belges blonds comme les blés, des marins bretons têtus, des Anglais flegmatiques, des Occitans volubiles, des Indiens sikhs avec turban, des soldats de toutes les armes et de toutes les conditions, une extraordinaire bigarrure de couleurs mais dont il sort des blessures toujours le même rouge sang. Et il va beaucoup en couler...

Le 1er octobre, la marine autrichienne mine l'Adriatique, ce qui va occasionner des pertes chez les pêcheurs Italiens pourtant alliés et rend furieux leur gouvernement qui demande des réparations. Le 5 octobre la flotte franco-anglaise bombarde Cattaro, un port du Monténégro. Dans le Nord de la France de très violentes batailles se déroulent autour d'Arras, puis les furieuses mêlées remontent vers Lille, Tourcoing et Armentières avec des actions de cavalerie, les dernières, qui se déroulent alors jusqu'à la Mer du Nord. Le 8 octobre un contre-torpilleur allemand est coulé par un sous-marin anglais près de l'embouchure de l'Ems. Le 12 octobre, le Roi des Belges Albert 1er décide que l'armée belge livrera sa bataille d'arrêt sur l'Yser. Le 13, il adresse à ses soldats une proclamation devenue historique. Le 14 octobre, un corps d'armée allemand pénètre dans Lille pourtant déclarée "Ville ouverte" depuis le 1er août mais qui se défend âprement face aux Allemands avec un maigre bataillon de territoriaux. Dans la mer Baltique le croiseur Russe Pallada saute sur une mine déposée par des sous-marins allemands, ils seront détruits à leur tour le lendemain. Le 15 octobre, les Anglais reprennent Ypres et s'y maintiennent. Au Centre du front occidental, nos soldats grignotent des positions perdues autour de Verdun et dans les Côtes de Woëvre sur les Hauts-de-Meuse. Le 16 octobre, le célèbre U-boot allemand U-9, qui a déjà coulé trois navires de guerre britanniques avec six torpilles le 23 septembre, pénètre dans la grande base navale anglaise de Scapa flow dans la Mer du Nord, mais il est contraint d'abandonner la baie écossaise sans causer de perte. Le 17 octobre, toute la ligne de front jusqu'aux bouches de l'Yser, un fleuve côtier belge, est maintenant occupée par les forces franco-anglo-belges. Mais les poussées allemandes sont de plus en plus furieuses sur les rives de l'Yser avec un retentissant cri de guerre "Nach Calais". Des soldats des deux côtés tombent par milliers tous les jours, fauchés par les mitrailleuses et les obus d'artillerie. Dans la Mer du Nord le croiseur anglais Hawke est coulé par le sous-marin allemand U-9. Le 18 octobre, les escadres franco-anglaises qui opèrent dans l'Adriatique coulent un torpilleur autrichien et bombardent une nouvelle fois Cattaro. Le 21 octobre, l'armée allemande reprend l'offensive sur un front qui va de la mer du Nord jusqu'à Verdun, même si c'est en Belgique que l'effort est le plus violent. Pour alléger le front des Flandres, les Français attaquent avec quelques succès en Meuse et sur la rive droite de la Moselle à Pont-à-Mousson. Le 25 octobre l'amirauté anglaise annonce que 70 croiseurs français, anglais et japonais sont dans les mers du globe à la recherche des sept ou huit croiseurs allemands qui s'y trouvent encore, mais elle reconnaît que son sous-marin E3 est maintenant perdu avec son équipage. Le 26 octobre, le contre-torpilleur anglais Badger coule un sous-marin allemand sur la côte hollandaise. Le même jour le vapeur français Amiral-Ganteaume qui faisait route vers Boulogne avec 2 500 réfugiés belges est torpillé par un sous-marin, mais il peut être remorqué vers son port de destination. Le 27 octobre les Allemands qui avaient franchi l'Yser entre Newport et Dixmude sont violemment repoussés avec des pertes terribles. Le 30 octobre, le roi des Belges trouve les hommes nécessaires pour manœuvrer les écluses et fait inonder toute la plaine basse de Newport à Dixmude. Les Allemands, malgré leur artillerie imposante, sont bien obligés de se réfugier sur la rive droite de l'Yser pour ne pas périr noyés. Le 31 octobre le croiseur allemand Emden, qui fait une guerre de piraterie en Extrême-Orient en se maquillant en unité russe, rentre dans le port anglais de Poulo-Pinang (presqu'île de Malacca) où il coule le croiseur russe Jemtchoug et le torpilleur Français Mousquet. La flotte Ottomane qu'accompagnaient les deux croiseurs allemands Breslau et Goeben sort du Bosphore dans la mer Noire. Elle bombarde les ports russes d'Odessa où deux Français sont tués à bord du paquebot Portugal, puis les ports de Théodosia en Crimée et de Novorossisk sur la côte du Caucase. En ce dernier jour du mois, la Course à la mer est terminée...

Les Allemands viennent de perdre leur deuxième grande offensive occidentale pour lesquelles ils s'étaient préparés depuis des années. Désormais, les armées des deux camps se font face sur 700 kilomètres de front, de la mer du Nord à la frontière suisse. C'est le début de la guerre de position qui durera jusqu'à l'été 1918, laissant le temps aux belligérants de préparer des défenses en profondeur quasi imprenables par des assauts frontaux classiques. L'artillerie, même si elle joue un rôle "de nettoyage" rendant impossible la station debout hors des tranchées ne parviendra jamais à les détruire pour permettre la réussite d'une offensive de grande ampleur. L'aviation de guerre en est à ses balbutiements, seuls les grands dirigeables allemands Zeppelins bombardent le front du Nord, des avions français et anglais mènent parfois des raids aériens de portée négligeable sur les arrières allemands. C'est surtout dans la reconnaissance aérienne que les avions sont utilisés en ces premiers mois de guerre. Ce sont les mitrailleuses qui, par leurs tirs croisés meurtriers, décimeront la majorité des fantassins dans les années à venir. Or, malgré le précédent de la guerre de Sécession aux USA 50 ans plus tôt où elles ont été utilisées pour la première fois, aucun militaire Européen n'a véritablement pris en compte la possibilité de destruction fantastique de cette arme facile à construire et peu coûteuse. Des centaines de milliers de soldats paieront très cher cette négligence...

En cette fin octobre, la Belgique en tant que territoire n'existe plus. Son gouvernement et ses ministères se sont installés à Sainte-Adresse, une station balnéaire chic de l'agglomération havraise et ses journaux sont transférés à Londres. Un million et demi de Belges ont pris la route de l’exode vers la France ou la Hollande. Pour la population restée sur place, des années de cauchemar commencent avec une occupation allemande qui sera brutale, féroce et sans pitié, préfigurant les années noires de la grande guerre suivante. Dès l’automne 1916, 120 000 civils seront en plus déportés en Allemagne ou sur le front de l’ouest pour servir de main-d'œuvre...

Il est très difficile de trouver les chiffres exacts des conséquences des furieuses mêlées d'octobre 1914 dans les Flandres. Néanmoins, pour les français l'estimation est de 125 000 morts, blessés, disparus et prisonniers. Côté anglais, les chiffres sont moindre car les soldats étaient moins nombreux, mais les précisions sont impossibles à trouver. Pour les Allemands, leurs pertes sont à peu près équivalentes à celles des Français avec toutefois beaucoup moins de prisonniers mais plus de morts du fait que c'étaient eux qui menaient l'offensive...

Le 13 octobre 1914, un officier professionnel anglais de 27 ans du nom de Bernard Montgomery charge avec sa compagnie le village de Méteren dans la Flandre française. Après avoir pris des maisons, il est touché par un tir de sniper. Grièvement blessé au poumon droit, il tombe à découvert et s'efforce de ne pas signaler sa survie. Un vaillant soldat anglais de sa section lui porte secours, le panse avant de s'effondrer, touché en pleine tête. Les tirs allemands dévastent le corps et le barda du malheureux qui protège Montgomery. Pris dans des feux croisés, il est à nouveau blessé à un genou. Tout le monde pense que les deux hommes sont morts. A la tombée de la nuit, les brancardiers les ramassent. Montgomery est en très mauvais état, au côté de son premier secouriste raide mort. A l'ambulance de campagne, les médecins débordés estiment qu'il n'en a plus pour longtemps avant d'agoniser. Ordre est donné de creuser les tombes. Lorsque les fossoyeurs viennent le chercher, il manifeste sa présence d'esprit par un râle. Il est dirigé vers un hôpital après un long et douloureux voyage. Pendant quelques mois d'hospitalisation, il comprend que l'organisation, la logistique et l'information ciblée sont cruciales...

Engagé volontaire à 25 ans dans le 16ème régiment d'infanterie bavarois, le soldat Adolf Hitler connaît son baptême du feu le 28 octobre 1914 près d'Ypres. Au 1er novembre, son bataillon est décimé et sur 3 600 hommes, 611 seulement restent opérationnels. Il ne restera que 6 jours au front face à l'ennemi. Immédiatement après, il devient estafette auprès de l'état-major de son régiment, transmettant les ordres des officiers supérieurs aux bataillons. En période de calme relatif, Hitler sillonne la campagne des environs de Fournes-en-Weppes* pour peindre des aquarelles. Durant toute la durée de la guerre, Hitler est resté au grade de caporal en haïssant les gradés supérieurs qu'il trouve ignares et stupides. Il était réputé pour son caractère difficile, et lui proposer de "coucher avec des Françaises" le mettait hors de lui, puisque "contraire à l'honneur allemand". Il ne fume pas, ne boit pas et ne fréquente pas les bordels. Les quelques photographies connues de cette période présentent un homme pâle, moustachu, maigre, souvent à l'écart du groupe. Son véritable compagnon est son chien Foxl, et un jour où il disparaît il déclare "Le salaud qui me l'a enlevé ne sait pas ce qu'il m'a fait". Hitler est un guerrier fanatique, pour lui aucune fraternité, aucun défaitisme ne doit être toléré...

Dans la France intérieure, sous l'impulsion du service de santé et des Femmes Françaises, le gouvernement met en place une fiche sanitaire destinée à être envoyée en franchise chaque semaine aux familles des blessés soignés dans les hôpitaux métropolitains. C'est par l'intermédiaire de cette fiche que l'Echo de Barbentane sera renseigné sur l'état des blessés tout au long du conflit...

Déclaration d’Albert 1er, roi de Belgique, à ses soldats le 13 octobre 1914

Sous-marin allemand U-9

En mars 1915 Adolf Hitler à Fournes-en-Weppes (Nord, 59) tenant son chien Foxl.

Comme la plupart des soldats barbentanais étaient enrégimentés dans le 15ème corps qui n'a pas, ou très peu, participé aux combats du Nord de la France, seuls deux Barbentanais sont tués aux combats en ce mois d'octobre. Le 3 octobre 1914 le sergent de 22 ans Joseph-Xavier Rancelant du 20ème bataillon de chasseurs à pied est tué d'une balle dans la poitrine à Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais, 62). Il était né à Saint-Sauveur (Meurthe-et-Moselle, 54) mais ses parents étaient venus se réfugier à Barbentane. Son nom figure au nécrologue de l'église. Le 31 octobre 1914 le soldat de 39 ans Michel Gabriel, cultivateur, du 159ème régiment d'infanterie décède de ses blessures infligées le 27 octobre à Couin (Pas-de-Calais, 62). C'était le frère du RP Isfrid des Prémontrés de Leffe-Dinant (Belgique) dont on reparlera plus tard. Né à Barbentane, il est inscrit sur le Monument aux morts et sur le nécrologue de l'église…

L'Echo de décembre 1914 publie la liste des premiers prisonniers...

L'Ouvroir barbentanais a une production impressionnante. Le voiturier, Monsieur Winandy, est vivement remercié pour son travail de transporteur bénévole...

Le courrier des militaires est si abondant que le curé ne peut plus répondre à chaque lettre, l'Echo se veut une réponse collective à tous les soldats dont beaucoup le réclament avec force. Ce sont les familles qui sont dorénavant chargées de faire parvenir ce journal aux soldats qui ont droit maintenant à un bulletin gratuit...

Le courrier des soldats est remarquable. Ceux qui se battent le disent assez sobrement. Les autres, loin du front en font aussi mention. Arthur Onis vante la bravoure de "ses noirs" et c'est P Meyer qui dit cette noble phrase "Merci pour l'Echo. Jamais dans le civil, il n'aurait cru la joie qu'il me procure"...

Guy

Bernard Montgomery de la 104ème brigade d'infanterie.

L’Echo de Barbentane de décembre 1914

* Le 20 avril 1942 une plaque commémorative du passage d'Hitler est apposée dans la boucherie qui lui tenait lieu de résidence dans cette commune. Elle porte en Allemand l'inscription suivante "Adolf Hitler, fantassin bavarois" avec un aigle et une croix gammée. Cette plaque est actuellement au musée de Fromelles (Nord, 59).

Tous mes remerciements à toutes celles et ceux qui m’ont aidé dans ces tâches de reconstitution de notre patrimoine barbentanais : prêt de brochures, de photos, des Echo de Barbentane, aide, corrections et autres...

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