BARBENTANE

en août 1914

Suite aux branle-bas de la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France en août, aucun Echo n’est paru en septembre. C’est en octobre, dans un Echo groupé pour deux mois que nous sont relatés les évènements du mois d’août au village…

Grand émoi au village, depuis le 3 août, l'Allemagne a déclaré la guerre à la France...

A Barbentane, dans l'Echo de septembre-octobre c'est avec "terreur" que les rédacteurs signalent l'événement. Une messe de "départ" pour les mobilisés a eu lieu le lundi 3 août à 3h00 du matin dans une église "bondée". Les prières pour la paix ne sont plus d'actualité, ce sont maintenant des "prières pour le temps de guerre". Un "Comité de Secours aux blessés militaires sous les auspices de la municipalité" est créé le 20 août. 32 jeunes filles, dont tous les noms sont notés, seront munies d'une cocarde tricolore épinglée à leur corsage et iront faire la quête à domicile à partir du lundi 24 août. Dans ces événements dramatiques, la mort naturelle à 78 ans du pape Pie X et l'élection de son remplaçant, le pape Benoît XV, ne tiennent que quelques lignes dans ce bulletin paroissial. 8 blessés dont un gravement atteint sont déjà notés et au dimanche 6 septembre, ce sont 13 nouveaux soldats de la classe 1914 qui sont mobilisés. Les correspondants du Courrier Militaire relatent leur départ au front et, pour certains, ce sont les conditions dans lesquelles ils ont été blessés. Avec "alboches" on y utilise toujours les anciennes insultes envers les Allemands et, déjà, on y parle de tranchées...

Entre le 8 juillet et le 9 septembre, il y a eu 15 baptêmes, il est à croire que les longues soirées de l'automne 1913 ont été agréablement occupées. Par contre les mariages sont rares, juste 3 en juillet, l'été on bosse aux champs, on s'occupera des choses de la vie ordinaire en automne, quand on aura du temps. On meurt encore jeune au village, sur les 8 enterrements, une seule personne a dépassé les 75 ans et une seule autre les 50 ans...

Guy

Quelle folie la guerre !

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Barbentane, le plus beau village de l'Univers

C’est même par un édito relativement optimiste que ces nouvelles sont annoncées...

Résumé rapide de la situation d'août et jusqu'à fin octobre 1914

Comme déjà dit, le 28 juin 1914, à Sarajevo en Bosnie-Herzégovine(1) un terroriste serbe assassine l'archiduc Ferdinand, héritier de la couronne austro-hongroise, et sa femme. En représailles l'empereur autrichien François-Joseph 1er, allié de l'Allemagne, déclare la guerre à la Serbie le 28 juillet. Par solidarité slave, la Russie apporte son soutien à la Serbie. La France, par le jeu de ses alliances, apporte son soutien aux Russes et l'Allemagne, de son côté, se doit de soutenir l'Autriche...

Les militaires prussiens allemands craignent par-dessus tout d'être pris en tenaille par la France et la Russie. Pour éviter cet étau, ils se sont entraînés depuis des années dans une attaque immédiate de la France en espérant une victoire rapide, comme en 1870, et ensuite ils envisagent de se retourner contre la Russie dont ils craignent la capacité à soulever des forces d'infanterie innombrables...

Comme dans un duel entre cow-boys, la victoire, espère-t-on, appartient au premier qui dégaine. Sous la pression de ses généraux, qui craignent d'être pris de court, le tsar mobilise ses armées dès le 29 juillet...

Le 31 juillet 1914 à 21H40 Jean Jaurès dîne au "Café du Croissant" à Paris, au coin de la rue Montmartre et de la rue du Croissant, près des Grands Boulevards. Un homme sort un revolver et tire deux balles sur Jean Jaurès. Touché en plein dos, celui-ci s’écroule, mort. Le tueur, Raoul Villain, est aussitôt appréhendé et emprisonné. C'est un militant nationaliste de 29 ans, membre de la Ligue des Jeunes amis de l’Alsace-Lorraine, un mouvement ultranationaliste. C’est aussi un fou idéaliste qui rêve d’une revanche de la France sur l’Allemagne. Pour lui, Jean Jaurès le pacifiste internationaliste cherchant à empêcher la guerre est un "traître" et il doit être "puni". "J'ai le sentiment du devoir accompli", déclare-t-il lors de l'interrogatoire. Dès lors, plus rien ni personne en France ne peut s'opposer politiquement la guerre...

Le 1er août, Guillaume II, l'empereur d'Allemagne, riposte en lui déclarant la guerre. La France se mobilise en toute hâte. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France. Le lendemain, les Anglais, qui avaient garanti la neutralité la Belgique, déclarent à leur tour la guerre à l'Allemagne...

En quelques jours, 6 millions d'hommes se retrouvent ainsi les armes à la main ! Chacun se résigne à un conflit que l'on espère court et, fait exceptionnel, on compte très peu de désertions dans tous les camps. Ce sont les fameuses photos où l'on voit marqué sur les voitures de chemin de fer chargées de soldats que l'on sera de retour à Noël aussi bien en France qu'en Allemagne...

Sur le front occidental, en application du plan Schlieffen-Moltke(2), les 1ère et 2ème armées allemandes portent leurs efforts principaux sur la Belgique et la France du Nord. Le général en chef français Joffre organise une retraite générale en bon ordre. Les Allemands victorieux lors de la bataille des Frontières(3), laissent les Français remporter des victoires locales en Alsace du Sud et dans les Vosges pour obliquer alors vers le Sud, dans la plaine de la Marne, pour essayer d'encercler le gros de l'armée française stationné en Lorraine. Au prix d'un effort surhumain(4), les Français stoppent net leur avancée par la contre-offensive de la Marne, du 6 au 11 septembre 1914. C'est la 1ère Bataille de la Marne, c'est à cette occasion que furent utilisés les fameux taxis de la Marne qui, s'ils n'ont été d'aucune utilité réelle dans cette bataille, ont donné espoir au peuple français sur les capacités de son organisation militaire et de possibles mouvements dans une bataille pourtant totalement défensive...

Note additive au Courrier Militaire : le Calypso (1907-1914) est un sous-marin français coulé accidentellement le 7 juillet 1914 par un autre sous-marin français le Circé au cours d'un exercice au sud du Cap Lardier (Var, 83), provoquant le décès de trois marins.

Les troupes allemandes et françaises se lancent alors dans une course vers Nieuport (Belgique) pour fermer le front. Pour les alliés il est vital de protéger les ports du Nord de la France par où débarquent les troupes et l'approvisionnement des Anglais installés dans le Nord de la France. Pour les Allemands il est encore possible de déborder les armées alliées en passant par cet étroit goulot non défendu. C'est la bataille de la "Course à la mer". Mais personne n'arrive à percer ce front malgré des engagements très violents de part et d'autre. Les troupes allemandes creusent alors des tranchées défensives et s'y terrent pour éviter de reculer davantage. Les troupes alliées font de même...

Fin octobre 1914, la guerre de mouvement est finie. Le front franco-belge-allemand se stabilise dans la boue et les tranchées de la mer du nord à la frontière Suisse. Cette situation va durer quatre longues et terribles années !

Le bilan de la guerre de mouvement de l’été et de l’automne 1914, par l’ampleur des pertes enregistrées, traduit bien l’industrialisation de la guerre. A elle seule, à la fin de novembre 1914, l’armée française a perdu près d’un million d’hommes, dont 300 000 tués ; 10% de ses officiers sont hors de combat. Les pertes sont tout aussi élevées pour les Allemands, à l’issue d’une offensive qui s’achève pour eux par un échec stratégique complet...

Encore un point qui ne sera pas un détail lors des négociations de l'armistice en 1918, toute la guerre sur le front occidental s'est déroulée en Belgique(5) et en France...

Guy

(1) A l'époque c'était un territoire autrichien annexé depuis 1908 par l'Autriche-Hongrie, annexion mal supportée par les Slaves du pays, notamment les Serbes.

(2) Élaboré dès 1905 par le général von Schlieffen, puis constamment modifié jusqu'en 1914 par le général von Moltke, c'est le nom du plan militaire qui a été appliqué au tout début de la Première Guerre mondiale. Les idées maîtresses de ce plan sont d'abord de concentrer le gros des armées allemandes le long des frontières occidentales du pays en n'assurant qu'une protection minimale à l'Est face au danger russe. Ensuite d'attaquer à travers le Luxembourg et la Belgique pour contourner par le Nord toutes les forces françaises massées le long de la frontière franco-allemande entre Sedan et Mulhouse sur la ligne bleue des Vosges, puis de faire pivoter son armée vers le Sud pour prendre Paris et enfin encercler les troupes françaises. Ce plan implique l'obtention d'un droit de passage par la Belgique ou, à défaut, le passage en force avec violation de la neutralité belge. Sa mise en application au tout début d'août 1914 a permis aux armées allemandes de remporter La bataille des Frontières (du 7 au 23 août), mais elles sont mises en échec lors de la 1ère bataille de la Marne (du 6 au 9 septembre) et lors de La Course à la mer (en octobre 1914).

(3) Par leurs préparatifs offensifs élaborés depuis plusieurs années, de Lille au Nord à Metz au Centre du front, les Allemands sont partout victorieux en août 1914.

(4) Le 22 août 1914 est le jour le plus meurtrier de l'Histoire de France : 27 000 soldats français sont tués pendant cette seule journée dans les Ardennes belges (quatre fois plus qu'à Waterloo), dont près de la moitié à Rossignol. Comme il faut compter 3 blessés pour un mort, ce sont près de 100 000 Français qui seront mis hors de combat ce jour-là.

(5) A part une étroite bande de Nieuport à Lille.

Affiche de propagande allemande du début de la guerre qui se passe de commentaire

Assaut allemand en août 1914

En août 1914, les soldats français ont toujours des pantalons rouge garance et ils n'ont pas de casque

Affiche de propagande très enthousiaste...